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Pioneer Venus

Pioneer Venus (ou Pioneer Venus Project) est un programme spatial de la NASA comprenant deux missions lancées en 1978 chargées d'explorer la planète Vénus. Pioneer Venus Orbiter a étudié Vénus durant 14 ans depuis son orbite tandis que Pioneer Venus Multiprobe a lancé quatre sondes atmosphériques dans l'atmosphère de la planète pour effectuer des mesures in situ. Les deux missions ont été des succès et ont permis de compléter les données collectées par les sondes spatiales du programme spatial soviétique Venera.

Pioneer Venus
Description de cette image, également commentée ci-après
Pioneer Venus Orbiter (vue d'artiste).
Données générales
Organisation NASA - Ames
Domaine Étude de Vénus
Statut Missions achevées
Lancement et
Site
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 517 kg et 875 kg

VĂ©nus : Ă©tat des connaissances en 1978

Au moment du lancement des sondes du programme Pioneer Venus en 1978, 22 engins spatiaux de tout type (survol, orbiteur, atterrisseur, sonde atmosphĂ©rique) ont Ă©tĂ© lancĂ©s vers VĂ©nus dont 10 ont atteint leur objectif. Les missions soviĂ©tiques du programme Venera en particulier ont collectĂ© suffisamment de donnĂ©es pour permettre de dresser une image relativement complète de VĂ©nus. L'atmosphère est constituĂ©e de 96,5 % de dioxyde de carbone et de 3,5 % d'azote. Ă€ la surface, la pression atteint 92 fois celle de la Terre au niveau des ocĂ©ans. Entre les altitudes de 50 et 70 km on trouve des nuages d'acide sulfurique. Il n'existe que des traces infimes d'eau : 100 parties par million dans l'atmosphère et aucune Ă©tendue d'eau libre Ă  la surface. La tempĂ©rature en surface est très Ă©levĂ©e atteignant 735 kelvins (462 °C). L'ionosphère est comparable Ă  celle de la Terre mais la planète est dĂ©pourvue de champ magnĂ©tique significatif. Les plateaux et montagnes de VĂ©nus atteignent des altitudes supĂ©rieures Ă  ce qu'on trouve sur Terre mais les parties basses n'atteignent qu'un cinquième de la profondeur des abysses terriennes[1].

Contexte

Le programme Pioneer Venus marque le retour de la NASA à l'étude de Vénus. Après le survol réussi de cette planète réalisé par Mariner 2 (1962) et Mariner 5 (1967), l'agence spatiale américaine concentre ses efforts sur l'exploration de la planète Mars (programme Viking) et des planètes externes du système solaire (programme Voyager). Au début des années 1970, le centre de recherche Ames de l'agence spatiale américaine tente de développer des compétences dans le domaine de l'exploration du système solaire. En 1971, le centre développe et lance un prototype de sonde atmosphérique (PAET Planetary Atmosphere Experiment Test) pour tester le recueil de données scientifiques au cours d'une rentrée atmosphérique. Il étudie la réalisation d'un ensemble de missions à destination de Vénus comprenant au moins un orbiteur et des sondes atmosphériques. Une coopération avec l'agence spatiale européenne de l'époque, l'ESRO, est étudiée en 1972 puis abandonnée. Finalement, la NASA décide en de développer toute seule deux sondes spatiales pour la fenêtre de lancement de 1978. L'appel d'offres pour la réalisation des deux sondes spatiales est remporté par la société Hughes Aircraft. Le coût des missions est relativement modique (200 millions de dollars de l'époque) notamment grâce à l'utilisation d'une plateforme développée pour les satellites de télécommunications de ce constructeur en maintenant 78 % des éléments communs entre les deux sondes spatiales. Pioneer Venus Multiprobe doit analyser l'atmosphère de la planète grâce à quatre sondes atmosphériques qui seront larguées dans l'atmosphère de Vénus tandis que Pioneer Venus Orbiter est chargée de se placer en orbite autour de Vénus et de recueillir des données grâce à une batterie de 12 instruments dont un radar rudimentaire[2].

Chronologie
Date Jalon
1968Publication d'un rapport de l'Académie Nationale des Sciences recommandant une mission d'étude de Vénus
1974La NASA décide de développer deux missions
1975SĂ©lection des instruments scientifiques
Lancement de Pioneer Venus Orbiter
Lancement de Pioneer Venus Multiprobe
Pioneer Venus Orbiter se met en orbite autour de VĂ©nus
Les sondes atmosphériques de Pioneer Venus Multiprobe pénètrent dans l'atmosphère de Vénus. Fin de la mission
Fin de la mission Pioneer Venus Orbiter qui, devenu incontrôlable, est détruit en plongeant dans l'atmosphère de Vénus

Objectifs

Les objectifs des deux missions du programme Pioneer Venus sont[3] :

  • rĂ©aliser une cartographie gĂ©nĂ©rale de l'atmosphère Ă  l'aide des instruments de tĂ©lĂ©dĂ©tection dans les spectres ultraviolet, infrarouge, lumière visible, radio, gamma et en utilisant les occultations radio (orbiter) ;
  • effectuer des mesures in situ de l'atmosphère neutre, de l'ionosphère, et des rĂ©gions oĂą l'atmosphère vĂ©nusienne interagit avec le vent solaire (orbiter) ;
  • cartographier la surface de la planète Ă  l'aide d'un radar (orbiter) ;
  • la structure et la composition des nuages depuis la surface jusqu'Ă  la couche la plus haute (multiprobe) ;
  • la composition et la structure de l'atmosphère depuis la surface jusqu'aux altitudes hautes (multiprobe) ;
  • les principales caractĂ©ristiques de la circulation gĂ©nĂ©rale de l'atmosphère (multiprobe) ;
  • les interactions entre le vent solaire et l'environnement de la planète (multiprobe).

Pioneer Venus Orbiter

Pioneer Venus Orbiter peu avant son lancement.

LancĂ©e le , la sonde Pioneer Venus Orbiter (ou Pioneer 12) se place en sur une orbite fortement elliptique de 24 heures qui variera au cours de la mission entre 142 Ă— 66 900 km et 2 290 Ă— 66 900 km. D'une masse de 517 kg, Pioneer Venus Orbiter a la forme d'un cylindre de 2,5 mètres de diamètre pour 1,2 mètre de haut. La plate-forme de la sonde a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e Ă  partir de celle du satellite de tĂ©lĂ©communications Intelsat 4 et certains autres composants viennent du programme OSO. Cette plate-forme a Ă©tĂ© Ă©galement utilisĂ©e pour Pioneer Venus Multiprobe. La sonde dispose d'un moteur d'une poussĂ©e de 18,3 kN avec environ 200 kg d'ergols qui lui permet, en la freinant de 1 060 m/s de se placer sur orbite. La sonde est stabilisĂ©e par rotation autour de son axe principal Ă  raison de 15 tours par minute[4]. Des cellules solaires placĂ©es Ă  la surface du cylindre lui fournissent 312 W d'Ă©nergie.

La charge utile comporte 17 instruments d'une masse totale de 45 kg, tous concentrĂ©s Ă  une des 2 extrĂ©mitĂ©s du cylindre sauf le magnĂ©tomètre placĂ© au bout d'une perche de 4,7 mètres. Une antenne parabolique de 1,09 m de diamètre permet de communiquer avec la Terre en frĂ©quence S et X. La sonde embarque un radar qui est utilisĂ© pour Ă©tudier la topographie et les caractĂ©ristiques du sol vĂ©nusien, des spectromètres de masse, ainsi que des instruments permettant d'Ă©tudier la composition et l'Ă©tagement des nuages, le rayonnement infrarouge et X, la densitĂ© atmosphĂ©rique, la gravitĂ© locale, le vent solaire, la composition de l'atmosphère[5] …

Pioneer Venus Multiprobe

Pioneer Venus 2 avec ses sondes atmosphériques reconnaissables à leur bouclier thermique de forme conique.

LancĂ©e le , la sonde Pioneer Venus Multiprobe (ou Pioneer 13), d'une masse totale de 875 kg emporte 4 modules de descente. Le plus important est larguĂ© par la sonde le tandis que 3 modules plus petits sont larguĂ©s le . Les 4 modules pĂ©nètrent dans l'atmosphère de VĂ©nus le , suivis de peu par la sonde elle-mĂŞme. Les sondes atmosphĂ©riques sont pressurisĂ©es et conçues pour survivre suffisamment longtemps aux conditions particulièrement hostiles de l'atmosphère vĂ©nusienne : vents extrĂŞmement violents, pression atmosphĂ©rique au sol 93 fois supĂ©rieure Ă  celle de la Terre, tempĂ©rature atteignant plus de 400 °C au sol, composĂ©s chimiques très agressifs dans l'atmosphère, luminositĂ© faible dans les basses couches atmosphĂ©riques.

Le module de descente le plus important, d'une masse de 315 kg emporte 7 instruments dans une sphère scellĂ©e de 73 cm protĂ©gĂ©e par un bouclier. Après avoir Ă©tĂ© freinĂ©e jusqu'Ă  la vitesse de 11,5 km/s par sa rentrĂ©e dans l'atmosphère au niveau de l'Ă©quateur, la sonde largue le bouclier et dĂ©ploie un parachute Ă  une altitude de 47 km. Les instruments, qui fonctionnent grâce Ă  des batteries embarquĂ©es, sont un spectromètre de masse et un chromatographe en phase gazeuse pour mesurer la composition de l'atmosphère, des capteurs de pression et de tempĂ©rature ainsi que des accĂ©lĂ©romètres, un radiomètre Ă  infrarouge pour mesurer le rayonnement infrarouge, un spectromètre pour Ă©tudier la composition des nuages, un radiomètre pour Ă©tudier la pĂ©nĂ©tration du rayonnement solaire, un nĂ©phĂ©lomètre pour analyser les particules dans les nuages. Les observations sont effectuĂ©es durant la descente d'une durĂ©e d'une heure et demie. La capsule pressurisĂ©e comporte neuf fenĂŞtres d'observation pour les instruments et trois entrĂ©es pour recueillir des Ă©chantillons de l'atmosphère[6] - [5].

Les trois petits modules de descente, d'une masse de 90 kg chacun, sont dĂ©pourvus de parachutes. Les 3 modules entrent dans l'atmosphère en des points distants. Ils disposent de 3 instruments pour Ă©tudier l'atmosphère : un nĂ©phĂ©lomètre, des capteurs de tempĂ©rature, pression et accĂ©lĂ©ration ainsi qu'un radiomètre pour mesurer la distribution de l'Ă©nergie radiative[5].

Carte radar Ă©tablie par Pioneer Venus Orbiter.

La sonde elle-mĂŞme dĂ©pourvue de protection effectue des mesures en entrant dans l'atmosphère grâce Ă  deux spectromètres de masse avant d'interrompre ses Ă©missions Ă  l'altitude de 110 km.

RĂ©sultats

Les objectifs du projet Pioneer-Venus ont Ă©tĂ© atteints. La carte obtenue grâce au radar, mĂŞme si sa rĂ©solution Ă©tait limitĂ©e Ă  1 pixel pour 20 km, est la première carte presque complète de VĂ©nus (93 % de la surface cartographiĂ©e). Pioneer Venus Orbiter, dont la durĂ©e de vie prĂ©vue Ă©tait de 8 mois, survit jusqu'en 1992[7]. La sonde permet d'observer les vents changeants de l'atmosphère vĂ©nusienne sur une longue pĂ©riode. Les sondes atmosphĂ©riques de Pioneer Venus Multiprobe permettent de connaĂ®tre avec beaucoup plus de prĂ©cision la composition de l'atmosphère. Une des trois petites sondes atmosphĂ©riques survit Ă  l'atterrissage sur le sol vĂ©nusien qu'elle heurte Ă  une vitesse de 35 km/h et continue Ă  Ă©mettre durant 67 minutes[6]. C'est la première sonde amĂ©ricaine Ă  rĂ©ussir un atterrissage sur VĂ©nus. Cette première, non prĂ©vue par les responsables de la mission, est Ă©clipsĂ©e 16 jours plus tard par l'atterrissage de la sonde soviĂ©tique Venera 11 qui continue Ă  fonctionner durant 95 minutes après l'atterrissage.

Pioneer Venus Orbiter a pour successeur la sonde Magellan.

Notes et références

Notes

    Références

    Bibliographie

    • (en) Paolo Ulivi et David M Harland, Robotic Exploration of the Solar System Part 1 The Golden Age 1957-1982, Chichester, Springer Praxis, , 534 p. (ISBN 978-0-387-49326-8)
    • (en) Pioneer Venus Press kit, NASA, (lire en ligne)
    • (en) W.T. Kasprzak, The Pioneer Venus Orbiter : 11 years of data, NASA, (lire en ligne)
      Syntse des résultats obtenus par l'orbiteur

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

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