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IonosphĂšre

L'ionosphĂšre d'une planĂšte est une couche de son atmosphĂšre caractĂ©risĂ©e par une ionisation partielle des gaz. Dans le cas de la Terre, elle se situe entre environ 60 et 1 000 km d'altitude et recouvre donc une partie de la mĂ©sosphĂšre, toute la thermosphĂšre et une partie de l'exosphĂšre.

Généralités

Le rayonnement ultraviolet solaire qui est Ă  l’origine de l’ionosphĂšre rĂ©agit sur une partie des molĂ©cules atmosphĂ©riques en les amputant d’un Ă©lectron. Un plasma, qui contient des nombres Ă©gaux d’électrons et d’ions positifs, est ainsi crĂ©Ă©. L’électron, qui est lĂ©ger, reçoit une vitesse considĂ©rable de façon que le gaz Ă©lectronique obtient une tempĂ©rature Ă©levĂ©e (de l’ordre de mille kelvins) bien au-dessus de celle des ions et des neutres. Il faut donc distinguer, en dehors de la tempĂ©rature neutre, ces deux tempĂ©ratures plasmatiques. Comme il y a plusieurs espĂšces d’ions, la composition ionique est un autre paramĂštre intĂ©ressant. Avec la densitĂ© Ă©lectronique, qui est de premiĂšre importance pour la propagation des ondes radio, on a donc quatre paramĂštres caractĂ©risant le plasma ionosphĂ©rique.

En 1968, le COSPAR a chargĂ© Karl Rawer (1968 - 1984) de former un comitĂ© responsable d’un nouveau projet International Reference Ionosphere (IRI), comparable Ă  la CIRA (COSPAR international rĂ©fĂ©rence atmosphere), et qui serait poursuivi ensemble avec l’Union radio-scientifique internationale (URSI). Au cours de ce projet, on a crĂ©Ă© un modĂšle fondĂ© en premiĂšre ligne sur des expĂ©riences effectuĂ©es du sol et de l’espace[1]. Ce modĂšle montre des valeurs mĂ©dianes mensuelles des quatre paramĂštres indiquĂ©s ci-dessus en fonction de l’altitude, l’heure, la saison et l’activitĂ© solaire pour les diffĂ©rentes rĂ©gions du globe terrestre[2]. En 1999, l’URSI a reconnu l'IRI comme standard international pour l’ionosphĂšre. Au comitĂ©, les reprĂ©sentants de tous les continents poursuivent l’évaluation de donnĂ©es nouvelles en vue de l’amĂ©lioration du modĂšle.

Historique

  • 1901 : Marconi Ă©tablit une liaison transatlantique par radio.
  • 1902 : Les ondes Ă©lectromagnĂ©tiques ne se propagent qu'en ligne droite, du moins dans un milieu homogĂšne. Pour expliquer comment les signaux radiotĂ©lĂ©graphiques Ă©mis par Marconi ont pu contourner la rotonditĂ© de la Terre, Heaviside en Angleterre et Kennelly en AmĂ©rique imaginent l'existence Ă  trĂšs haute altitude de couches rĂ©flĂ©chissantes pour les ondes radio : les couches de Kennelly-Heaviside.
  • 1925 : Le physicien anglais Appleton met en Ă©vidence par l'expĂ©rience la prĂ©sence des couches imaginĂ©es par Heaviside et Kennelly. Ces couches prennent le nom de couche d'Appleton.
  • 1925 : Peu aprĂšs Appleton, les physiciens amĂ©ricains Gregory Breit et Merle Antony Tuve mesurent la hauteur des couches de l'ionosphĂšre Ă  l'aide d'un Ă©metteur d'impulsions radioĂ©lectriques.
  • 1929 : Le mot ionosphĂšre, proposĂ© par Robert Watson-Watt, remplace celui de couche d'Appleton.
  • 1931 : Sydney Chapman Ă©labore sa thĂ©orie de formation des couches de l'ionosphĂšre par l'action du rayonnement UV solaire.
  • 1999 : L'International Reference Ionosphere, un modĂšle de l'ionosphĂšre terrestre, est introduit en 1969 par lÂŽUnion radio-scientifique internationale (URSI) en accord avec le Committee on Space Research (COSpAR)[3], puis est rediscutĂ© et corrigĂ© chaque seconde annĂ©e par une commission spĂ©ciale internationale. Ce modĂšle est un standard international depuis 1999.

Description

La densitĂ© de l'air qui constitue l'atmosphĂšre diminue Ă  mesure que l'on s'Ă©loigne de la surface du sol. À 60 km d'altitude, la pression de l'air n'est plus que de 2 Pa. L’atmosphĂšre au-delĂ  de 60 km agit comme filtre absorbant du rayonnement solaire, des rayons ultraviolets et X dont l’énergie est complĂštement absorbĂ©e dans la thermosphĂšre. Ainsi, la surface terrestre est protĂ©gĂ©e de ces rayons agressifs dont l’énergie se perd dans des rĂ©actions dĂ©chirant des molĂ©cules (dissociation) ou leur arrachant un Ă©lectron (ionisation). La dissociation des molĂ©cules fait apparaĂźtre des atomes O (provenant de dioxygĂšne O2) d’une part, et N (de diazote N2) d’autre part. La plupart de ces derniers disparaissent par formation de molĂ©cules NO. Une partie non nĂ©gligeable de tous ces composants neutres est ionisĂ©e de façon qu’il y a au milieu des neutres une population de diffĂ©rents ions et une autre d’électrons libres au mĂȘme nombre total.

Une ionisation trĂšs localisĂ©e et pendant une trĂšs courte durĂ©e peut ĂȘtre provoquĂ©e par les chutes de mĂ©tĂ©orites.

Dans la partie basse de l'ionosphÚre, la densité de molécules d'air est encore élevée, les collisions entre électrons et ions sont fréquentes ; un électron peut retrouver rapidement un ion positif : la recombinaison est rapide. Dans les couches les plus hautes, la recombinaison est plus lente et l'ionisation ne diminue que lentement aprÚs que le rayonnement solaire s'interrompt avec le coucher du Soleil.

Étude

Le sondeur vertical (ou ionosonde) est une sorte de radar dont la frĂ©quence est variable entre 1 et 30 MHz. L'Ă©metteur envoie des impulsions trĂšs brĂšves qui sont rĂ©flĂ©chies Ă  une altitude dĂ©pendant de la frĂ©quence et de la densitĂ© Ă©lectronique dans l'ionosphĂšre. La mesure du temps sĂ©parant l'impulsion Ă©mise et la rĂ©ception de l'Ă©cho permet de calculer l'altitude Ă  laquelle s'est effectuĂ©e la rĂ©flexion. Le tracĂ© de cette altitude (virtuelle) en fonction de la frĂ©quence est un ionogramme. L’Union radio-scientifique internationale (URSI) a produit une instruction pour le dĂ©pouillement de tels enregistrements[4], traduite en chinois, français, japonais et russe et qui est suivie mondialement.

Depuis les années 1960, les satellites artificiels et sondes spatiales ont permis une meilleure compréhension in situ des phénomÚnes ionosphériques et de leurs interactions avec la magnétosphÚre.

De plus, durant ces mĂȘmes annĂ©es, s'est dĂ©veloppĂ©e une nouvelle technique d'Ă©tude de l'ionosphĂšre depuis le sol : la diffusion incohĂ©rente. Dans cette technique, une onde UHF (400 MHz Ă  GHz suivant les installations) de trĂšs forte puissance (plusieurs centaines de kW) est Ă©mise vers l'ionosphĂšre oĂč elle est diffusĂ©e dans toutes les directions par les Ă©lectrons ionosphĂ©riques. La puissance reçue au sol en retour est trĂšs faible et nĂ©cessite de grandes antennes et un traitement du signal pour extraire les informations. Cette technique permet d'avoir accĂšs Ă  la composition de l'ionosphĂšre, la tempĂ©rature des ions, ainsi qu'aux vitesses de dĂ©placement de ces ions (« vents ionosphĂ©riques »). Des sondeurs furent installĂ©s en France Ă  Saint-Santin-de-Maurs avec trois rĂ©cepteurs dont le radiotĂ©lescope de Nançay, en Grande-Bretagne Ă  Malvern, aux États-Unis Ă  Millstone Hill et Arecibo (Porto Rico), au PĂ©rou Ă  Jicamarca, ainsi qu'en Russie. Les trois derniers ainsi qu'Eiscat, le sondeur europĂ©en implantĂ© dans le Grand nord scandinave, sont toujours en activitĂ©.

Le , dans la journĂ©e, un rĂ©cepteur Ă  bord d’une fusĂ©e française VĂ©ronique a enregistrĂ© des Ă©missions ondes moyennes de deux Ă©metteurs distants (au sol) et a pu dĂ©terminer deux limites infĂ©rieures nettement marquĂ©es de la densitĂ© Ă©lectronique Ă  72 et 81 km d’altitude[5].

Un instrument[6] emportĂ© par une fusĂ©e de la NASA a dĂ©terminĂ© la frontiĂšre entre l'atmosphĂšre et l'ionosphĂšre durant des conditions aurorales Ă  118 km d'altitude[7] (sur le trajet de cette fusĂ©e). Cette information pourrait ĂȘtre importante pour la comprĂ©hension du climat. Trois micro-satellites ont Ă©tĂ© lancĂ©s le 22 novembre 2013 dans le cadre de la mission SWARM de l'Agence spatiale europĂ©enne afin de rĂ©aliser d'autres mesures.

Stratification

On distingue généralement trois couches aux propriétés propres vis-à-vis de la propagation des ondes.

Couches de l'ionosphĂšre
  • Couche D : altitude de 60 Ă  90 km, pression 2 Pa, tempĂ©rature −76 °C, densitĂ© Ă©lectronique 104 cm−3. ConstituĂ©e d'ions polyatomiques. Absorbante pour les ondes de frĂ©quence infĂ©rieure Ă  quelques MHz, elle apparaĂźt avec le lever du Soleil et disparaĂźt immĂ©diatement aprĂšs le coucher de celui-ci.
  • Couche E, ou couche de Kennelly–Heaviside : altitude de 90 Ă  120 km, pression 0,01 Pa, tempĂ©rature −50 °C, densitĂ© Ă©lectronique 105 cm−3. ConstituĂ©e d'oxygĂšne et monoxyde d'azote molĂ©culaires ionisĂ©s et d'ions mĂ©tĂ©oritiques. Diurne et prĂ©sente tout au long du cycle solaire. Elle rĂ©flĂ©chit les ondes de quelques MHz jusqu'Ă  une frĂ©quence limite qui dĂ©pend de l'angle d'incidence de l'onde sur la couche et de la densitĂ© de celle-ci. Au cours de l'Ă©tĂ©, en moyennes latitudes, apparaissent parfois pendant quelques dizaines de minutes, voire quelques heures, des « nuages » fortement ionisĂ©s dans la couche E (on parle de sporadique E ou Es)
  • Couche F : altitude de 120 Ă  800 km, pression 10−4 Pa, tempĂ©rature 1 000 °C, densitĂ© Ă©lectronique 106 cm−3. ConstituĂ©e d'atomes d'oxygĂšne, d'azote et d'hydrogĂšne. TrĂšs dĂ©pendante de l'activitĂ© solaire, elle prĂ©sente un niveau d'ionisation trĂšs important pendant les maxima du cycle solaire. Son altitude fluctue en fonction du rayonnement solaire ; la couche F se dĂ©compose pendant la journĂ©e en deux sous-couches F1 et F2. Ces deux sous-couches se recombinent la nuit plusieurs heures aprĂšs le coucher du Soleil mais il arrive qu'elles persistent toute la nuit lors des maxima d'activitĂ© solaire. Comme pour la couche E, le rĂŽle de la couche F est essentiel pour la propagation des ondes courtes.

Rayonnements solaires et mécanisme de création des couches

L’atmosphĂšre supĂ©rieure d’une planĂšte est soumise Ă  une forte influence venant de l’extĂ©rieur, Ă  savoir le rayonnement de l’astre central. ConsĂ©quence de cela : l'atmosphĂšre n’est pas dans un Ă©tat d’équilibre. Le rayonnement, de l’ultraviolet jusqu’aux rayons X modifie sĂ©rieusement les conditions d'Ă©quilibre de l'atmosphĂšre en dĂ©chirant des molĂ©cules (dissociation) ou en leur arrachant un Ă©lectron (ionisation). Il existe Ă©galement des processus inverses, comme la recombinaison grĂące Ă  la rencontre de particules sĂ©parĂ©es (collision). La probabilitĂ© de ces processus diminue avec l'augmentation de l’altitude. Toutefois, sans rayonnement solaire, la composition de l’atmosphĂšre terrestre est partout identique Ă  celle de la troposphĂšre. En fait, au-dessous d’environ 150 km, la coupure nocturne du rayonnement produit une dĂ©croissance rapide de l’ionisation, tandis qu’au-dessus, elle a des consĂ©quences moins graves. Notons encore que le pourcentage d'ions par rapport aux neutres reste partout faible.

De jour, par le jeu complexe de dissociation, ionisation et recombinaison, se forment deux larges rĂ©gions plus ou moins fortement ionisĂ©es ; l’infĂ©rieure entre environ 60 km et 150 km (couches D et E), l’autre dans la thermosphĂšre. Dans le profil de l’ionisation, on retrouve finalement de nuit un seul maximum. De jour, on en trouve deux ou trois, Ă  savoir : parfois un dans la couche D (peu marquĂ©), un autre toujours en E, et le plus important en F2. (La couche dite F1 n’est qu’une dĂ©formation du profil, trĂšs rarement un maximum sĂ©parĂ©.) Pour la Propagation des ondes radio la valeur du F2-maximum a la plus grande importance[8].

Gaz de l'ionosphĂšre

Pour expliquer la formation des couches ionisĂ©es, il est important de connaĂźtre la composition de l’atmosphĂšre neutre qui varie en fonction de l’altitude. Dans des conditions idĂ©ales, chaque composant se distribuerait indĂ©pendamment des autres. C'est-Ă -dire que la partie des gaz lĂ©gers augmenterait en fonction de l’altitude. Ceci est vrai pour des altitudes Ă©levĂ©es de la thermosphĂšre. Mais, au-dessous d’environ 100 km, des mouvements remontants Ă  des origines diffĂ©rentes (par exemple les marĂ©es) mĂ©langent les composants de façon que la composition reste la mĂȘme partout, les composants prĂ©pondĂ©rants sont diazote et dioxygĂšne. Un autre phĂ©nomĂšne change considĂ©rablement la composition dans la thermosphĂšre, Ă  savoir la dissociation des molĂ©cules. Le dioxygĂšne en particulier est transformĂ© en oxygĂšne atomique, dont l’ionisation est provoquĂ©e par une autre partie du spectre ultraviolet. Avec ces atomes, la dissociation de diazote mĂšne Ă  la formation de la molĂ©cule NO. Enfin, dans la trĂšs haute thermosphĂšre, il y a prĂ©pondĂ©rance des gaz lĂ©gers, Ă  savoir HĂ©lium et HydrogĂšne.

IonosphĂšre et ondes radio

L'existence de l'ionosphĂšre fut mise en Ă©vidence avec les premiĂšres expĂ©riences de transmission radio intercontinentales. La propagation des ondes radio de frĂ©quences comprises entre quelques centaines de kilohertz et quelques dizaines de mĂ©gahertz est intimement liĂ©e Ă  l'Ă©tat de l'ionosphĂšre. Elle peut ĂȘtre favorisĂ©e ou perturbĂ©e selon la frĂ©quence de l'onde radio, la position gĂ©ographique de l'Ă©metteur et du rĂ©cepteur ainsi que le moment oĂč la communication est tentĂ©e. Le moment de la journĂ©e, la saison et le cycle solaire sont des paramĂštres trĂšs importants dans certains cas. Par leur projet permanent "International Reference Ionosphere" (IRI), lÂŽUnion radio-scientifique internationale (URSI) et le Committee on Space Research (COSPAR) ont ouvert un modĂšle mondial [9] assez gĂ©nĂ©ral et qui est "International Standard" depuis 1999.

Ainsi, les ondes dĂ©camĂ©triques (aussi appelĂ©es « ondes courtes ») permettent-elles d'Ă©tablir des liaisons Ă  trĂšs longues distances en se rĂ©flĂ©chissant sur certaines couches de l'ionosphĂšre. Pour d'autres frĂ©quences, comme les ondes hectomĂ©triques (encore appelĂ©es « ondes moyennes »), la propagation dĂ©pend fortement de l'absorption provoquĂ©e par la couche D (voir plus haut) qui empĂȘche, dans la journĂ©e, ces ondes de se rĂ©flĂ©chir sur les couches E et F situĂ©es plus haut en altitude. Les ondes de frĂ©quences trĂšs Ă©levĂ©es (VHF, UHF et hyperfrĂ©quences) utilisĂ©es pour les communications via satellites peuvent ĂȘtre Ă©galement dĂ©viĂ©es ou absorbĂ©es par l'ionosphĂšre, mais cela ne constitue gĂ©nĂ©ralement pas une grande perturbation. Voir : Propagation des ondes radio

Relation entre le temps et la distance, MUF et LUF

fréquence maximale utilisable et fréquence minimum utilisable

Du fait qu'en incidence oblique, la gamme de frĂ©quences rĂ©flĂ©chies par l'ionosphĂšre est dĂ©calĂ©e vers des frĂ©quences supĂ©rieures, on applique des frĂ©quences de plus en plus Ă©levĂ©es pour des distances plus Ă©levĂ©es. Ceci est valable jusqu'Ă  une limite due Ă  la courbure de la terre et qui est de l'ordre d'environ 3 500 km. Des distances au-delĂ  de cette limite ne peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©es avec un seul bond soit une seule rĂ©flexion sur l'ionosphĂšre. Pour les plus grandes distances, il y a les parcours Ă  rĂ©flexions multiples. Temps et parcours - nombre de rĂ©flexions - Ă©tant donnĂ© qu'il existe une gamme de frĂ©quences Ă  l'aide desquelles une liaison convenable peut ĂȘtre obtenue. Elle est limitĂ©e vers le haut par la "Maximum Usable Frequency" - MUF et vers le bas par la "Lowest Usable Frequency" - LUF. Or la MUF se dĂ©termine exclusivement par la densitĂ© Ă©lectronique d'un seul des points de rĂ©flexion, Ă  savoir celui avec la plus faible valeur. Par contre, la LUF dĂ©pend, elle, de l'attĂ©nuation totale le long du parcours qui croit avec le nombre de passages Ă  travers les couches absorbantes E et surtout D. La LUF dĂ©pend donc de la puissance de l'Ă©metteur et de la sensibilitĂ© du rĂ©cepteur, la MUF en est indĂ©pendante.

IonosphĂšre et GPS/GNSS

Les systĂšmes de positionnement par satellites travaillent dans les micro-ondes avec des frĂ©quences entre 1 et 2 GHz (bande L). Les ondes Ă  ces frĂ©quences traversent l'ionosphĂšre, mais leur propagation est tout de mĂȘme perturbĂ©e par plusieurs effets :

  • Dans un milieu chargĂ© Ă©lectriquement, les ondes sont ralenties (par rapport Ă  la vitesse de la lumiĂšre dans le vide). Ce retard de propagation peut provoquer une erreur sur la mesure des pseudo-distances entre les satellites et le rĂ©cepteur GPS, de l'ordre de 10 Ă  20 mĂštres dans le cas gĂ©nĂ©ral et jusqu'Ă  100 mĂštres pour des conditions ionosphĂ©riques exceptionnelles[10].
  • L'ionosphĂšre provoque une rotation de la polarisation des ondes linĂ©aires, la valeur de cette rotation est variable selon la charge Ă©lectrique traversĂ©e. Dans le cas oĂč la polarisation de l'onde arrivĂ©e au sol est tournĂ©e de 90° par rapport Ă  la polarisation de l'antenne du rĂ©cepteur, aucun signal GPS ne serait reçu par l'antenne. C'est pourquoi les satellites Ă©mettent une onde en polarisation circulaire droite (rotation Faraday)[11].
  • La rĂ©fraction dans l'ionosphĂšre dĂ©vie le trajet des ondes, qui s'Ă©carte de la ligne droite gĂ©omĂ©trique entre le satellite et le sol[11].

L'effet de la réfraction est négligeable dans la plupart des applications. Mais le retard de propagation est un problÚme important pour la précision du positionnement par satellite[11]. Plusieurs techniques de corrections ont été développées :

RĂ©actions de l'ionosphĂšre aux tempĂȘtes gĂ©omagnĂ©tiques

En 2014, pour Ă©valuer les effets (et leur Ă©tendue gĂ©ographique tridimensionnelle) des tempĂȘtes gĂ©omagnĂ©tiques sur les trois couches de l'ionosphĂšre Ă©quatoriale, Olawepo & al. ont utilisĂ© des donnĂ©es issues de deux stations ionosondes Ă©quatoriales africaines. Ces donnĂ©es ont permis de retrouver, et d'Ă©tudier, les effets et signatures de quatre fortes tempĂȘtes gĂ©omagnĂ©tiques[12].

Ce type de tempĂȘtes gĂ©omagnĂ©tiques a des effets plus ou moins marquĂ©s, mais retrouvĂ©s sur les trois couches de l'ionosphĂšre. Dans les couches infĂ©rieures de l'ionosphĂšre Ă©quatoriale les effets ne sont significatifs que jaugĂ©s par rapport Ă  l'effet au niveau de la couche F2. Dans la couche E, la hauteur d'ionisation a variĂ© de 0% Ă  + 20,7% (contre -12,5% Ă  + 8,3% pour la couche F2)[12].

ModĂšles

Il est possible d'utiliser les donnĂ©es transmises par des stations au sol pour corriger en partie les effets de l'ionosphĂšre. Ces stations peuvent calculer la dĂ©viation entre la position obtenue par un GNSS et la position exacte connue de la station. Le DGPS considĂšre que la dĂ©viation de la gĂ©o-localisation est suffisamment proche dans une mĂȘme rĂ©gion pour appliquer la mĂȘme correction Ă  son positionnement que celle calculĂ©e par la station au sol la plus proche. Ces corrections peuvent ĂȘtre transmises par des satellites, c'est le cas de nombreux systĂšmes SBAS.

Lors de l'Ă©tude Ă©voquĂ©e plus haut, sur les rĂ©actions des couches de l'ionosphĂšre aux grandes tempĂȘtes gĂ©omagnĂ©tiques, la version 2007 du modĂšle de temps de tempĂȘte IRI-07, qui est la rĂ©fĂ©rence internationale pour la modĂ©lisation de ce type de variations de l'ionosphĂšre a bien reproduit les rĂ©ponses de tempĂȘtes rĂ©elles au niveau de la couche E, mais elle surestimait les profils rĂ©els de tempĂȘte pour les couches F1 et F2[12].

Impacts anthropiques sur l'ionosphĂšre

L'Ă©tĂ© 2017, une fusĂ©e Falcon 9 de SpaceX a fait un trou de 900 km dans l'ionosphĂšre. Ceci a provoquĂ© une erreur des GPS de l'ordre de m[13].

Sources

  • J. Lilensten et P.-L. Blelly, Du Soleil Ă  la Terre, AĂ©ronomie et mĂ©tĂ©orologie de l'espace, Collection Grenoble Sciences, UniversitĂ© Joseph Fourier Grenoble I, 2000 (ISBN 9782868834676).
  • P.-L. Blelly et D. AlcaydĂ©, Ionosphere, in: Y. Kamide/A. Chian, Handbook of the Solar-Terrestrial Environment, Springer-Verlag Berlin Heidelberg, pp. 189-220, 2007. DOI: 10.1007/11367758_8.
  • K. Rawer, Waves in the Ionosphere, Kluwer Acad.Publ., Dordrecht, 1993 (ISBN 0-7923-0775-5).

Notes et références

  1. (en) « International Reference Ionosphere », sur ccmc.gsfc.nasa.gov (consulté le )
  2. D.Bilitza: 35 years of International Reference ionosphere - Karl Rawer’s legacy. Adv. Radio Sci. 2 pp. 283-287, 2004
  3. W.R.Piggott, K.Rawer (eds.): URSI Handbook of Ionogram Interpretation and Reduction. Elsevier Publ. Comp., Amsterdam 1961
  4. H. Mende, K. Rawer, E. Vassy, Absorption radioĂ©lectrique par l’ionosphĂšre mesurĂ©e Ă  bord d’une fusĂ©e, comptes rendus, (Paris) 13, p.231-233 1957
  5. SII (Suprathermal Ion Imager) a été lancé en janvier 2007 par la fusée JOULE II
  6. L. Sangalli, D. J. Knudsen, M. F. Larsen, T. Zhan, R. F. Pfaff et D. Rowland, Rocket‐based measurements of ion velocity, neutral wind, and electric field in the collisional transition region of the auroral ionosphere, 2009, J. Geophys. Res., 114, A04306, doi:10.1029/2008JA013757
  7. Karl Rawer: The Ionosphere. Ungar, New York 1956
  8. ccmc.gsfc.nasa.gov/modelweb/ionos/iri.html
  9. (en) GPS SPS Performance Standard, page A-16
  10. (en) J.A. Klobuchar, Ionospheric effects on satellite navigation and air traffic control system, AGARD lecture series n°93, 1978
  11. (en) A.O. Olawepo et J.O. Adeniyi, « Signatures of strong geomagnetic storms in the equatorial latitude », Advances in Space Research, vol. 53, no 7,‎ , p. 1047–1057 (DOI 10.1016/j.asr.2014.01.012, lire en ligne, consultĂ© le )
  12. Gigantic Circular Shock Acoustic Waves in the Ionosphere Triggered by the Launch of FORMOSAT‐5 Satellite DOI: 10.1002/2017SW001738.
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