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Mariner 5

Mariner 5 est la cinquième sonde spatiale du programme Mariner développé par l'agence spatiale américaine de la NASA pour explorer les planètes inférieures du Système solaire. En , la NASA approuve la modification de la sonde de réserve de Mariner 4, la sonde Mariner 5 afin de réaliser un survol plus rapproché de la planète Vénus que la sonde Mariner 2 qui a effectué le premier survol de la planète Vénus en .

Description de cette image, également commentée ci-après
La sonde spatiale Mariner 5 dans l'espace.
Données générales
Organisation Drapeau des États-Unis NASA
Constructeur Drapeau des États-Unis Jet Propulsion Laboratory
Programme Mariner
Domaine Observation de la planète Vénus
Type de mission Sonde spatiale
Statut Mission terminée
Autres noms Mariner-E
Base de lancement Cape Kennedy, LC-12
Lancement 14 juin 1967 Ă  06 h 01 TU
Lanceur Atlas-Agena D # 23
(Atlas-D # 5401 - Agena D # 6933)
Survol de VĂ©nus le 19 octobre 1967
Ă  13 h 34 min 56 s TU
Fin de mission 25 octobre 1967
Durée 4 mois
Identifiant COSPAR 1967-060A
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 244,9 kg
Ergols Hydrazine
Contrôle d'attitude Stabilisé sur 3 axes
Source d'Ă©nergie Panneaux solaires
Puissance Ă©lectrique 555 watts
Orbite
Orbite HĂ©liocentrique
PĂ©riapside 0,579 UA
Apoapside 0,735 UA
PĂ©riode ??? jours
Principaux instruments
Ultraviolet Photometer Détecter la présence d'hydrogène et d'oxygène
Triaxial Low Field Helium Magnetometer Mesure du champ magnétique de Vénus et interplanétaire
Two-Frequency Beacon Receiver Mesure du vent solaire
Trapped Radiation Detector DĂ©tecteur de radiations corpusculaires
S-Band Occultation Occultation en bande S
Celestial Mechanics Experiment Expérience de mécanique céleste
Interplanetary Ion Plasma Probe Sonde plasma ionique interplanétaire

Le principal objectif de la mission est de mener une expérience de radio-occultation (comme Mariner 4 avec la planète Mars) afin de déterminer les propriétés atmosphériques de la planète de Vénus. Contrairement à Mariner 4, cependant, Mariner 5 ne porte pas d'instrument d'imagerie. Au départ, la NASA a prévu d'envoyer Mariner 5 en survol à une distance manquante de 8 165 kilomètres, mais la NASA modifie son plan en faveur d'un survol plus modeste de 75 000 kilomètres afin d'empêcher le véhicule non stérilisé de s'écraser sur la planète Vénus.

Description de la sonde spatiale

La sonde spatiale Mariner 5 est la cinquième d’une série de véhicules spatiaux utilisés pour l'exploration des planètes en mode survol. La sonde spatiale Mariner 5 est la sonde spatiale de réserve de Mariner 4 remise à neuf pour la mission Mariner 5. Conçue pour une mission vers la planète Mars, elle est reconfigurée pour une mission vers la planète Vénus. Les objectifs du projet sont de passer à 2 000 km de Vénus pour fournir des données sur la structure de l'atmosphère de la planète et son environnement de rayonnement et de champ magnétique. Mariner 5 a également été conçue pour renvoyer des données sur l'environnement interplanétaire avant et après la rencontre avec la planète Vénus.

Elle conserve sa plate-forme octogonale en magnésium, de 127 cm de diagonale et de 45,7 cm de hauteur, son système de propulsion et de communication. Les modifications majeures consistent en l'inversion de l'orientation de la sonde (la Terre se trouvant du côté opposé au Soleil, contrairement au vol vers la planète Mars) et l'amélioration de son isolation thermique.

Le schéma de le la sonde spatiale Mariner 5.

Les quatre panneaux solaires sont donc inversĂ©s et leur taille est rĂ©duite (la proximitĂ© du Soleil permettant d'obtenir la mĂŞme puissance Ă©lectrique avec une surface moindre), la nouvelle envergure de la sonde est de 5,5 mètres. L'isolation thermique est renforcĂ©e notamment par l'adjonction d'un parasol dĂ©ployable sur la face Ă©clairĂ©e de la plate-forme de la sonde. Pour amĂ©liorer l'expĂ©rience d'occultation, l'antenne parabolique, fixe sur Mariner 4, est dotĂ©e de deux positions afin de la repositionner exactement vers la Terre lors du survol. Les instruments scientifiques sont amĂ©liorĂ©s et Ă©ventuellement relocalisĂ©s en fonction des nouvelles contraintes thermiques ou gĂ©omĂ©triques.

Quatre panneaux solaires et une antenne parabolique à gain élevé de 116,8 cm de diamètre sont fixés au sommet de la plate-forme. Une antenne omnidirectionnelle à faible gain et le magnétomètre sont montés sur un mât de 223,5 cm de hauteur à côté de l'antenne à gain élevé. La hauteur totale de la sonde spatiale est de 289 cm.

La plate-forme abrite l'équipement électronique, le câblage, le système de propulsion de mi-parcours, les sources de gaz pour le contrôle d'attitude et les régulateurs. La plupart des expériences scientifiques sont montées à l'extérieur de la plate-forme. Les instruments scientifiques sont un magnétomètre, une télémétrie par occultation en bande S, un photomètre ultraviolet, un détecteur de rayonnement, une balise de propagation à deux fréquences, une cage de Faraday et une expérience de mécanique céleste.

L'alimentation est fournie par 17 640 cellules photovoltaïques contenues dans les quatre panneaux solaires d'une portée de 550 cm, ce qui fournit 555 watts. Un accumulateur rechargeable argent-zinc de 1 200 W-h est également utilisé pour les manœuvres et les opérations de secours. De l'hydrazine monergol est utilisée pour la propulsion au moyen d’un moteur 222 N installé sur l'un des côtés de la plate-forme. Le contrôle d'attitude est assuré par douze jets de diazote gazeux froids montés aux extrémités des panneaux solaires et par trois gyroscopes. Les informations de position sont fournies par deux capteurs solaires primaires, des capteurs solaires secondaires, un capteur terrestre, un capteur de la planète Vénus, un capteur de terminaison de Vénus et le traqueur d'étoiles Canopus.

L’équipement de télécommunications se compose d'un émetteur (TWTA - Traveling-Wave Tube Amplifier) double bande 6,5 W/10,5 W et d'un récepteur pouvant émettre et recevoir des données via des antennes à gain faible ou élevé à 8,33 ou 33,33 bits par seconde. Les données peuvent également être emmagasinées sur un magnétophone pour une transmission ultérieure. Toutes les opérations sont contrôlées par un sous-système de commande. L'ordinateur central et le séquenceur utilisent des commandes séquentielles mémorisées. Le contrôle de la température est maintenu grâce à l'utilisation de persiennes ajustables, d'un pare-soleil déployable, de couvertures isolantes multicouches, de boucliers en aluminium poli, de traitements de surface et de systèmes de référence montés sur trois des quatre panneaux solaires.

Description des instruments

La sonde spatiale a 7 instruments :

  • ExpĂ©rience de mĂ©canique cĂ©leste (Celestial Mechanics Experiment), les donnĂ©es de suivi du rĂ©seau de communications avec l'espace lointain (Deep Space Network) de Mariner 5 sont utilisĂ©es pour obtenir des dĂ©terminations amĂ©liorĂ©es des masses de VĂ©nus et de la Lune, de l'unitĂ© astronomique, ainsi que des Ă©phĂ©mĂ©rides amĂ©liorĂ©es de la Terre et de VĂ©nus. L’expĂ©rience utilise l’équipement rĂ©cepteur et Ă©metteur embarquĂ© conjointement avec l'Ă©quipement du Deep Space Station pour obtenir des mesures Doppler. Le système fonctionne bien Ă  des distances de 48,6 km, le .
  • Sonde plasma ionique interplanĂ©taire pour eV/Q de 40 Ă  9 400 volts (Interplanetary Ion Plasma Probe for eV/Q of 40 to 9 400 Volts), cette cage de Faraday Ă  grille modulĂ©e Ă  collecteur Ă  trois sections mesure des ions positifs de 40 Ă  9 400 eV/Q dans huit fenĂŞtres d'Ă©nergie approximativement Ă©quidistantes logarithmiquement. L'instrument Ă©tant toujours dirigĂ© vers le Soleil, les donnĂ©es vectorielles sont obtenues en comparant les signaux relatifs des trois sections de collecteur Ă  120°. Lors de chaque sĂ©quence de tĂ©lĂ©mĂ©trie, l'instrument avance et recule Ă  travers les 8 fenĂŞtres pour mesurer la somme des courants des 3 plaques. Ensuite, il avance et recule pour mesurer, pour chaque rĂ©glage de tension, les courants aux trois plaques successives. Les 32 Ă©tapes complètes de la fenĂŞtre de tension par sĂ©quence de tĂ©lĂ©mĂ©trie produisent 64 mesures de courant. Ces mesures sont rĂ©pĂ©tĂ©es toutes les 5 minutes. L'instrument fonctionne normalement tout au long de sa mission.
  • Occultation en bande S (S-Band Occultation), est un rĂ©cepteur bi-frĂ©quence. Les objectifs de cette expĂ©rience sont de dĂ©terminer la rĂ©fractivitĂ© atmosphĂ©rique et ionosphĂ©rique de la planète VĂ©nus en mesurant l'amplitude de l'augmentation du trajet de phase, du dĂ©calage Doppler et de l'attĂ©nuation de la dĂ©focalisation de la rĂ©fraction du signal porteur de la sonde en bande S (2 300 MHz).
  • DĂ©tecteur de radiations corpusculaires (Trapped Radiation Detector), les objectifs de cette expĂ©rience sont de dĂ©terminer l'occurrence et mesurer l'intensitĂ© et les spectres d'Ă©nergie de particules Ă©nergĂ©tiques dans l'espace interplanĂ©taire. Et de rechercher une ceinture de radiation autour de la planète VĂ©nus et de l'effet des particules chargĂ©es dans le sillage magnĂ©tohydrodynamique de VĂ©nus. L'expĂ©rience utilise 3 tubes Geiger-MĂĽeller de type 213 et un dĂ©tecteur Ă©lectronique Ă  barrière de surface P-N avec les seuils uniques suivants : Ă©lectrons (E> 40 keV) et protons (E> 500 keV) Ă  70 ° et Ă  135 ° de la ligne sonde-soleil, Ă©lectrons (E> 80 keV) et protons (E> 900 keV) Ă  70 ° de la ligne sonde-soleil et les protons (500 keV Ă  8 MeV et 900 keV Ă  3,5 MeV).
  • MagnĂ©tomètre triaxial Ă  hĂ©lium Ă  faible champ (Triaxial Low Field Helium Magnetometer), un magnĂ©tomètre Ă  l'hĂ©lium Ă  faible champ est utilisĂ© pour obtenir des mesures triaxiales des champs magnĂ©tiques interplanĂ©taire et de la planète VĂ©nus. Son fonctionnement dĂ©pend de la variation du pouvoir absorbant de l'hĂ©lium excitĂ© en lumière infrarouge polarisĂ©e de manière circulaire avec le champ appliquĂ©. Les bobines de Helmholtz balayĂ©es annulent le champ ambiant en utilisant des circuits de retour. MontĂ©e sur une perche de 1,5 mètre, la plage dynamique de l'instrument est de ± 204 nT par axe, avec une prĂ©cision de mesure dĂ©terminĂ©e par des contraintes de tĂ©lĂ©mĂ©trie de ± 0,2 nT. Les champs de dĂ©calage peuvent ĂŞtre corrigĂ©s Ă  0,25 nT par composant. L'expĂ©rience fonctionne dans un mode Ă  dĂ©bit binaire Ă©levĂ© (faible) de 3 Ă©chantillons vectoriels espacĂ©s de 1/7, 2/7 et 4/7 de la sĂ©quence toutes les 12,6 Ă  50,4 secondes ; ainsi, les frĂ©quences de Nyquist sont d'environ 0,12 et 0,03 Hz respectivement. Les donnĂ©es Ă  dĂ©bit Ă©levĂ© sont obtenues du au et pendant 4 heures le . Des donnĂ©es Ă  faible dĂ©bit binaire sont obtenues pour le reste de la durĂ©e de vie de l'expĂ©rience. La qualitĂ© des donnĂ©es est Ă©levĂ©e sauf du au , lorsque les donnĂ©es tĂ©lĂ©mĂ©triques sont de qualitĂ© incertaine.
  • RĂ©cepteur-Ă©metteur Ă  deux frĂ©quences (Two-Frequency Beacon Receiver), les deux signaux de 423,3 MHz et de 49,8-MHz sont transmis d'une antenne parabolique de 4,6 m Ă  l'universitĂ© Stanford vers le rĂ©cepteur radio Ă  deux frĂ©quences de Mariner-5. Le signal haute frĂ©quence sert de signal de rĂ©fĂ©rence car son temps de propagation est peu retardĂ©. Le signal basse frĂ©quence est retardĂ© en proportion du nombre d'Ă©lectron total sur la trajectoire de propagation. Sur la sonde spatiale, un rĂ©cepteur Ă  verrouillage de phase compte les signaux reçus pour obtenir des mesures des diffĂ©rences de trajet de phase. Un retard diffĂ©rentiel de la vitesse est Ă©galement observĂ© et ces valeurs sont envoyĂ©es Ă  la station au sol. Ă€ partir des valeurs calculĂ©es du contenu en Ă©lectron total, il est possible de soustraire l'effet ionosphĂ©rique (jusqu’à une altitude choisie Ă  partir de d'autres techniques expĂ©rimentales) afin de produire des donnĂ©es dĂ©crivant le contenu interplanĂ©taire en Ă©lectrons du vent solaire et ses variations. L'expĂ©rience fonctionne normalement du lancement Ă  .
  • Photomètre ultraviolet (Ultraviolet Photometer), l'objectif de cette expĂ©rience est d'Ă©tudier les propriĂ©tĂ©s de la haute atmosphère de VĂ©nus en obtenant des mesures des Ă©missions ultraviolettes provenant de la diffusion par rĂ©sonance du rayonnement solaire par des atomes dans l'atmosphère de VĂ©nus. Les densitĂ©s des espèces atmosphĂ©riques et la tempĂ©rature de la haute atmosphère peuvent ĂŞtre dĂ©terminĂ©es Ă  partir des mesures et de la variation des densitĂ©s mesurĂ©es avec la hauteur au-dessus de la surface de VĂ©nus. Le photomètre Ă  ultraviolets est composĂ© de trois tubes photomultiplicateurs avec diffĂ©rentes rĂ©ponses spectrales. Les trois tubes photomultiplicateurs ont des photocathodes Ă  l'iodure de cĂ©sium et des fenĂŞtres au fluorure de lithium et rĂ©agissent au rayonnement dans l'intervalle de longueurs d'onde compris entre 1 050 et 2 200 ampères, avec une sensibilitĂ© grandement rĂ©duite Ă  la longueur d'onde la plus longue. Des filtres de fluorure de calcium et de fluorure de baryum sont ajoutĂ©s aux deuxième et troisième tubes, respectivement. Le tube sans filtre mesure dans l'intervalle la longueur d'onde de 1 050 Ă  2 200 A, le tube avec le filtre au fluorure de calcium mesure de 1 250 Ă  2 200 A et le tube avec le filtre Ă  baryum mesure de 1 350 Ă  2 200 A. La diffĂ©rence de signal entre les canaux de fluorure de lithium et de fluorure de calcium reprĂ©sente une mesure du rayonnement d'hydrogène Lyman-alpha Ă  1 216 A. Une mesure de l'Ă©mission d'oxygène atomique Ă  1 304 A peut ĂŞtre obtenue Ă  partir de la diffĂ©rence de signal entre les canaux de fluorure de calcium et de fluorure de baryum. Le champ de vision du canal au fluorure de lithium est de 3,0 °C, tandis que les deux autres canaux prĂ©sentent un champ de vision d’environ 1,2°. Les trois canaux du photomètre sont alignĂ©s et regardent dans la mĂŞme direction.

DĂ©roulement de la mission

Le lancement de la sonde spatiale Mariner 5.

La sonde spatiale Mariner 5 quitte l'aire de lancement LC-12 de la base de lancement de Cap Kennedy Ă  bord d'un lanceur Atlas-Agena D le Ă  06 h 01 TU, deux jours après le lancement de la sonde soviĂ©tique Venera 4. Lors de l'injection sur sa trajectoire interplanĂ©taire depuis son orbite d'attente, la sonde vise largement Ă  cĂ´tĂ© de la planète VĂ©nus afin d'Ă©viter tout risque d’écrasement au sol et de contamination Ă©ventuelle de la planète. La tĂ©lĂ©mĂ©trie confirme ensuite que la sonde passera Ă  environ 67 000 km de sa cible. Le Ă  01 h 00 TU se fait l'acquisition de l'Ă©toile Canopus et le verrouillage de l'altitude de la sonde. Une correction de trajectoire Ă  mi-parcours (allumage de 17,66 secondes) est effectuĂ©e le . Profitant Ă  cette occasion de l'orientation non standard de la sonde, trois rotations sont commandĂ©es pour scruter le milieu interplanĂ©taire en ultraviolet. La sonde a la possibilitĂ© de faire une seconde correction de trajectoire, mais cela n'est pas nĂ©cessaire. Le , il y a commutation du dĂ©bit des tĂ©lĂ©communications de 33,33 Ă  8,33 bit/seconde. Le 1er octobre, la commutation des tĂ©lĂ©communications se fait de l'antenne omnidirectionnelle Ă  l'antenne parabolique.

Mariner 5 atteint la planète VĂ©nus le et enregistre des donnĂ©es durant son survol de 15 h 42 minutes. L'altitude de 4 094 km (beaucoup plus basse que prĂ©vu) est atteinte Ă  17 h 34 min 56 s TU, Ă  la vitesse de 30 000 km/h. La planète VĂ©nus se trouve alors Ă  environ 79,5 millions de km de la Terre. Mariner 5 commence Ă  transmettre des donnĂ©es, le , le lendemain de la descente de l'atterrisseur soviĂ©tique Venera 4, et cela durant 34 heures.

Mariner 5 passe devant l'orbite de Vénus et est occultée par la Terre durant environ 26 minutes. Les transmissions de données vers la Terre ont lieu après le survol de Vénus. Le , Mariner 5 étant trop éloignée pour transmettre des données scientifiques, les télécommunications avec la sonde sont commutées sur l'antenne omnidirectionnelle. L'orientation de l'antenne parabolique et l'éloignement grandissant font perdre le contact radio le . La masse de la planète Vénus incurve la trajectoire de la sonde Mariner 5 encore plus vers l'intérieur du Système solaire, et après le survol, elle devient l'artefact ayant le plus faible périhélie[1], s'approchant le à 87 millions de kilomètres du Soleil.

La rencontre avec Vénus a dévié la sonde vers le Soleil et Mariner 5 est entrée sur l'orbite solaire avec des paramètres compris entre 0,579 UA et 0,735 AU. La sonde est maintenant en orbite héliocentrique. Les instruments du véhicule spatial mesurent à la fois les champs magnétiques interplanétaires et de Vénus, les particules chargées et les plasmas, ainsi que la réfringence radio et les émissions ultraviolettes de l'atmosphère de Vénus. La sonde n'a subi aucune avarie, sa mission est étendue afin d'enrichir les connaissances de l'époque en matière de mécanique céleste et de conception de la sonde spatiale. On décide donc de renouer le contact avec elle à partir de , mais le signal de la sonde n'est acquis que trois mois plus tard, instable et inexploitable, le . Après trois semaines d'efforts infructueux, les opérations sont arrêtées par la NASA, le . La mission est déclarée un succès.

RĂ©sultats scientifiques

Survol de VĂ©nus

Le survol de Vénus à la vitesse relative assez faible de 3,05 km/s provoque une déviation importante de sa trajectoire. La mesure de cette perturbation permet d'affiner plusieurs grandeurs de mécanique céleste et ainsi d'améliorer la précision de l'unité astronomique, de la masse de Vénus et de son aplatissement (100 fois moindre que celui de la Terre). Les données télémétriques sont obtenues par mesure de l'effet Doppler du signal de la sonde, mais aussi du délai d'un aller-retour de signal entre la Terre et la sonde[2], cette dernière méthode n'a pas été possible avec la sonde Mariner 4.

Lors du passage derrière VĂ©nus, le signal de la sonde est reçu par l'antenne de 64 m du Goldstone Deep Space Communications Complex tandis que la sonde traverse progressivement les couches plus profondes de l'atmosphère, et inversement alors que la sonde Ă©merge de l'autre cĂ´tĂ©. La mesure de l'attĂ©nuation, la rĂ©fraction et la dispersion du signal permet de modĂ©liser pression, densitĂ© et tempĂ©rature de l'atmosphère selon l'altitude. Mais cette expĂ©rience d'occultation ne permet pas de connaĂ®tre la taille de la planète, le signal ayant Ă©tĂ© « captĂ© » Ă  6 090 km avant d'ĂŞtre interceptĂ© par la surface solide (qui d'après les observations ultĂ©rieures se trouve alors environ 32 km plus bas).

Ce phénomène, dit de réfraction critique, se produit à l'altitude où l'indice de réfraction devient suffisamment élevé pour dévier systématiquement un rayon horizontal vers la surface de la planète. La réfraction est telle qu'un observateur à la surface a par illusion d'optique l'impression d'être toujours au fond d'une dépression. De même, les rayons solaires captés sur la face diurne sont propagés loin au-delà du terminateur et produisent une nuit illuminée en permanence, ce qui explique la faible lueur observée depuis longtemps sur la face nocturne de la planète Vénus. Cette expérience d'occultation complète les observations faites par la sonde soviétique Venera 4 et permet de conclure à une composition atmosphérique de 85 à 99 % de dioxyde de carbone (CO2).

Les instruments de Mariner 5 indiquent que la température et la pression à la surface de la planète sont respectivement de 527 °C et de 75 à 100 atmosphères - ce qui contredit l'affirmation soviétique selon laquelle sa sonde Venera 4 a réussi à transmettre depuis la surface de la planète.

Un autre signal, cette fois de la Terre vers la sonde, Ă©mis par l'antenne de 45 m du centre de radioastronomie de l'universitĂ© Stanford Ă  Palo Alto sur deux frĂ©quences diffĂ©rentes, est mesurĂ© par le rĂ©cepteur bi-frĂ©quence de la sonde. L'analyse de l'altĂ©ration diffĂ©rentielle des deux signaux reçus renseigne sur le milieu ionisĂ© qu'ils traversent. Avec le magnĂ©tomètre et la sonde Ă  plasma, ces instruments observent l'ionosphère, le champ magnĂ©tique de la planète VĂ©nus et leur interaction avec le vent solaire. Comme l'a rĂ©vĂ©lĂ© la sonde Mariner 2, la planète VĂ©nus ne possède pas de magnĂ©tosphère (le champ magnĂ©tique de VĂ©nus est plus de 1 000 fois infĂ©rieur Ă  celui de la Terre), mais la sonde repère tout de mĂŞme une onde de choc dans la propagation du plasma solaire, cette dĂ©flexion est attribuĂ©e aux courants induits par le plasma dans l'ionosphère de VĂ©nus. Mariner 5 constate que l'ionosphère produit une onde de choc qui dĂ©vie le vent solaire autour de la planète VĂ©nus.

L'étude précise de l'exosphère de Vénus aurait requis un spectromètre ultraviolet, mais les contraintes de délai, budget et masse de la mission ne permettent d'embarquer qu'un simple photomètre à rayonnement ultraviolet à trois canaux dévolu à la détection de l'hydrogène et de l'oxygène atomiques. La sonde spatiale Mariner 5 décèle dans la couronne de Vénus une teneur en hydrogène comparable à celle de la Terre, et l'absence d'oxygène. Mais l'inexistence de modèle atmosphérique évolué, l'absence de télémétrie propre à cette expérience et les défauts d'alignement des capteurs ne permettent pas de comprendre les propriétés complexes de cette zone.

Lancement et transit

L'alignement des sondes Mariner 4 et Mariner 5 d'août à septembre 1967.

Après la manœuvre d'injection, la sonde réalise les observations de la géocouronne les plus lointaines pour l'époque, elle transmet des données sur son passage à travers la ceinture de Van Allen, sur la magnétopause, les fluctuations de la magnétogaine et la traversée de la surface de choc.

Il s'avère que la sonde est lancée durant une période d'intense activité solaire, on ne retrouve donc pas la régularité des caractéristiques du milieu interplanétaire relevée par la sonde Mariner 2 et Explorer-18 (IMP-A). Cette agitation permet de faire les premières observations directes des ondes d'Alfvén et d'étudier les éruptions solaires en coordination avec des satellites terrestres.

L'expérience de mesures coordonnées la plus étendue et la plus spectaculaire est celle entre la sonde Mariner 5, la Terre et la sonde Mariner 4, toujours opérationnelle presque deux ans après son lancement et située entre les orbites terrestre et de Mars. Les positions des sondes et de la Terre évoluent alors entre deux configurations idéales pour l'étude de la propagation des vagues de particules : d'un alignement radial le jusqu'à un alignement suivant la spirale du champ magnétique solaire le . Malgré l'état défaillant de la sonde à plasma de Mariner 4, les résultats sont enrichissants et permettent la première mesure du gradient du vent solaire.

Les scientifiques planétaires examinent les données de Mariner 5 et de Venera 4 lors d'une conférence à l'observatoire de Kitt Peak en , l'une des premières grandes réunions internationales consacrée aux résultats de l'exploration spatiale. Les scientifiques concluent que ni Mariner 5 ni Venera 4 n'ont totalement réussi à communiquer des données sur les conditions de la surface de la planète Vénus.

Notes et références

  1. (en) « Past Missions - Mariner 5 », JPL (consulté le )
  2. (en) « The Mariner V Flight Path and its Determination from Tracking Data » [PDF], JPL, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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