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Islamo-nationalisme

L'islamonationalisme, le nationalisme islamique ou brun-vert, est une forme de nationalisme dans les pays façonnés par l'Islam qui, pour des raisons religieuses, sépare un État-nation existant des autres États ou, en tant que mouvement, aspire à son propre État-nation. Il convient toutefois de noter que le concept de nation dans le monde islamique a peu à voir avec la tradition occidentale, puisqu'il s'agit d'États très différents et donc aussi de nationalismes très différents.

Concept

Le Nationalisme Musulman est un concept idéologique qui consiste à prôner un État islamique ou une nation basée sur l'Islam et la défense de l'Islam à des fins culturelles, identitaires et civilisationnelles.

Contrairement au Panislamisme internationaliste, l'islamo-nationalisme ne cherche pas à étendre son projet au-delà des frontières du pays respectif, et s'appuie également sur des spécificités locales.

Historiquement, le nationalisme musulman a joué un rôle parmi d'autres dans l'Empire russe jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale chez les Tatars et les Bachkirs. Les kémalistes en Turquie avaient une forte orientation nationaliste.

On parle aujourd'hui de nationalisme musulman, notamment à l'égard des États du Pakistan, de l'Iran et de la Libye. Il existe un mouvement nationaliste musulman prononcé en Palestine, en Bosnie et dans le sud des Philippines, entre autres.

Par pays

Irak

En Irak, en 1931 est fondé le Parti de la fraternité nationale, un parti de droite nationaliste panarabe[1] - [2], ce parti était également profondément antimonarchiste car le roi d'Irak est considéré par les nationalistes comme servile aux britanniques. Le parti prend les pleins pouvoirs en 1941 après le coup d'état de Rachid Ali al-Gillani mais sera dissous après la guerre anglo-irakienne où les insurgés irakiens (soutenus et armés par le Régime de Vichy) et les forces de l'Axe allemandes et italiennes soient vaincus par les britanniques. L'"hymne des bayonnettes", musique des insurgés irakiens lors de la guerre anglo-irakienne fait mention du djihad.

A Bagdad, après al-Gillani, la population arabe organisa des farhouds, des pogroms contre les juifs.

Iran

La Révolution iranienne marque le début du Nationalisme irano-islamique chiite et perse. L'idéologie anti-américaine, anticommuniste et antisioniste de Khomeini attire la sympathie de plusieurs mouvements d'extrême droite européenne (notamment les nationalistes révolutionnaires) mais inquiète la communauté internationale. La révolution étant une conséquence du renversement de Mossadegh[3].

L'Association du clergé militant est le principal mouvement islamo-nationaliste iranien et l'un des mouvements principlistes les plus influents.

Le régime iranien reçoit des membres de l'extrême droite radicale européenne[4] - [5].


Il existe un mouvement d'extrême droite islamo-nationaliste radical en Iran, le Front de la Stabilité de la Révolution Islamique, un parti d'extrême droite fondamentaliste composé d'anciens partisans d'Ahmadinejad[6].

Italie

En Italie, certains membres de l'extrême droite se sont convertis à l'islam au contact des nationalistes arabes, c'est le cas de Claudio Mutti, écrivain eurasiste[7] qui, après sa conversion, est resté néofasciste. Il qualifia Mouammar Kadhafi de "templier d'Allah"[7].

Palestine

Le Grand Mufti de Jérusalem Amin al-Husseini était une personnalité islamo-nationaliste de Palestine. Il collabora avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et aida à la création de la Division SS Handschar, une unité musulmane de la Waffen-SS[8]. Il admirait les Allemands et considérait qu'ils avaient trouvé la solution au problème juif[9].

Le Jihad islamique palestinien prône à la fois nationalisme et islamisme[10].

Syrie

Les groupes islamo-nationalistes sunnites syriens s'opposent au régime nationaliste arabe laïc du Baas de Hafez el-Assad puis celui de Bachar el-Assad. Les islamo-nationalistes syriens ont participé à la guerre civile syrienne au côté de l'Armée syrienne libre et des Loups gris turcs et de l'Armée turque[11]. En revanche, les islamo-nationalistes chiites sont alliés au régime baathiste de la famille el-Assad.

Tchétchénie

Les mouvements d'indépendance tchétchène lors de première guerre de Tchétchénie étaient islamo-nationalistes. L'Islamo-nationalisme fait partie intégrante du Nationalisme tchétchène. Parmi ces islamo-nationalistes, on y trouve Djokhar Doudaïev, Aslan Maskhadov, Rouslan Guelaïev, Salman Radouïev, Chamil Bassaïev et même Akhmad Kadyrov (qui rejoindra les russes lors de la seconde guerre de Tchétchénie).

Turquie

Signe de ralliement du MHP et des Loups gris

Le Parti d'action nationaliste, un parti d'extrême droite[12] et les Loups gris sont des mouvements islamo-nationalistes turcs, opposés à la Laïcité, ultranationalistes[12] - [13] et pan-turc. Le Parti de la grande unité, né d'une scission avec le Parti d'action nationaliste est également un parti islamo-nationaliste.

Le président Recep Tayyip Erdoğan et son Parti de la justice et du développement nettement plus modérés que le Parti d'action nationaliste sont également islamo-nationalistes[14] - [15].

Yémen

Le mouvement Ansar Allah dénommé péjorativement Houthis est décrit comme un mouvement nationaliste yéménite[16] - [17], islamiste chiite zaïdite[18] et proche de l'Iran.

Il s'oppose à l'influence saoudienne et au rapprochement avec les États-Unis et mène un insurrection depuis 2004 contre le gouvernement central depuis le nord du Yémen, bastion du Zaïdisme, qui mènera à la Guerre du Saada puis à une guerre civile yéménite en 2014.

Notes et références

  1. Eric Davis, Memories of State : Politics, History, and Collective Identity in Modern Iraq, University of California Press, , p. 14
  2. Kanan Makiya, Republic of Fear : The Politics of Modern Iraq, University of California Press, , p. 176
  3. Firouzeh Nahavandi, Aux sources de la révolution iranienne, L'Harmattan, , p. 50-54
  4. « L'Iran, Dieudonné et l'extrême droite française », sur huffingtonpost.fr, .
  5. « L’ambassadeur d’Iran à la rencontre de l’extrême droite radicale », sur huffingtonpost.fr, .
  6. « Élection iranienne: Même les extrémistes veulent des réformes : un retour de bâton prend place contre le conservatisme », The Economist, (https: //www.economist.com/news/middle-east-and-africa/21693637-backlash-taking-place-against-conservatism-even-hardliners-want-reform, consulté le )/
  7. (en) Giovanni Savino, From Evola to Dugin: The Neo-Eurasianist Connection in Italy, pp. 97-124, en particulier le chapitre « Claudio Mutti, The Prophet », in Eurasianism and the European Far Right: Reshaping the Europe–Russia Relationship, ss la dir. de Marlene Laruelle, Lexington Books, 2015, 292 p., p. 13 : « the figure of fascist thinker Claudio Mutti ».
  8. Léon Poliakov, De Moscou à Beyrouth : essai sur la désinformation, Paris, Calmann-Lévy, , 194 p. (ISBN 2-7021-1240-4), p. 54.
  9. (en) « Amin al-Husaini and the Holocaust. What Did the Grand Mufti Know? », World politic review, .
  10. https://www.religion.info/2007/10/20/jihad-islamique-entre-islamisme-et-nationalisme-entretien-avec-anouar-abu-taha/
  11. Marie Jégo, Benjamin Barthe et Laure Stephan, « Au nord-ouest de la Syrie, un bras de fer entre Russie et Turquie », Le Monde, (lire en ligne).
  12. (en) Wolfram Nordsieck, « Turkey », sur parties-and-elections.eu (consulté le ).
  13. (en) Russell F. Farnen, Nationalism, Ethnicity, and Identity : Cross National and Comparative Perspectives, Transaction Publishers, , 538 p. (ISBN 978-1-4128-2936-6, lire en ligne), p. 252.
  14. (en) « Turkish Islamism and Nationalism Before and after the Failed Coup Attempt », Institut Asie centrale-Caucase, (lire en ligne) « But the form of Islamism as it has been advocated by the AKP in Turkey during the last decade in fact represents a powerful synthesis of two highly influential discourses observable in the Islamic Middle East and the Ottoman Empire since the beginning of the nineteenth century, namely Islamic-conservatism and nationalism. ».
  15. (en) « AKP pushes its own brand of Turkish neonationalism », Al-Monitor, (lire en ligne) « Turkish neonationalism, traditionally a product of authoritarian state power, is being pushed by proponents of the Justice and Development Party (AKP) and nurtured by Prime Minister Recep Tayyip Erdogan. ».
  16. Cameron Glenn, « Who are Yemen's Houthis? » [archive du ], sur Wilson Center, (consulté le )
  17. Asher Orkaby, « Houthi Who? A History of Unlikely Alliances in an Uncertain Yemen », Foreign Affairs, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  18. « What is the Houthi Movement? » [archive du ], (consulté le )

Articles connexes

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