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Internationale lettriste

L'Internationale lettriste (I.L.), est une organisation littéraire et artistique d'avant-garde fondée initialement à Bruxelles puis constituée à Paris en 1952 en tant que réunion de lettristes dissidents, à savoir Guy-Ernest Debord, Gil J Wolman, Serge Berna et Jean-Louis Brau, en rupture avec le lettrisme « isouïen » estimé comme ayant renié la radicalité originelle du lettrisme « historique », désormais qualifié de « droite lettriste » et de « tendance rétrograde » face à la « tendance extrémiste » du mouvement que représente ce nouveau regroupement[1].

Elle cesse d’exister en 1957 en se fondant dans l’ Internationale situationniste dont elle est communĂ©ment considĂ©rĂ©e comme en ayant Ă©tĂ© la matrice aprĂšs sa fondation en juillet 1957 dans l'arriĂšre-salle d'un bar de Cosio d'Arroscia en Italie dans les Alpes de Ligurie.

Histoire

Préhistoire

Nulle organisation n’étant de gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e, la constitution de l’I.L. trouve certains de ses soubassements dans des Ă©vĂšnements qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ© et dans lesquels elle a su se reconnaĂźtre. Parmi ceux-ci, l’esclandre passĂ© Ă  la postĂ©ritĂ© sous le nom de Scandale de Notre-Dame lors de la messe solennelle de PĂąques 1950 a trĂšs naturellement Ă©tĂ© intĂ©grĂ© Ă  sa lĂ©gende. D’autant qu’y participaient deux de ceux qui seront prĂ©sents Ă  sa constitution effective en 1952, Serge Berna, son instigateur principal et Jean-Louis Brau, l’un des comparses de la jeune garde lettriste avec ses Ă©pigones, venus soutenir l’exĂ©cutant, le jeune Michel Mourre dĂ©guisĂ© en moine dominicain dĂ©clamant en chaire le texte violemment anticlĂ©rical et blasphĂ©mateur rĂ©digĂ© par Serge Berna « en vĂ©ritĂ©, je vous le dis : Dieu est mort »[n. 1]. Le retentissement mĂ©diatique de cette action ainsi que sa haute portĂ©e symbolique l’ont donc logiquement inscrite dans cette prĂ©histoire[n. 2].

Prémices

Comme souvent, la formulation d’une idĂ©e ne s’avĂšre ĂȘtre finalement que la mise en mots d’une rĂ©alitĂ© dĂ©jĂ  Ă©prouvĂ©e. C’est ainsi le cas pour la construction du nouveau regroupement en tant que courant distinct du lettrisme originel dont plusieurs manifestations du premier semestre 1952[n. 3] ont sans doute servies de rĂ©vĂ©lateurs d’une convergence d’idĂ©es et de comportements Ă  ceux qui y participaient. RelĂšvent de ceux-ci, la prĂ©sentation le 11 fĂ©vrier Ă  Paris au cinĂ©-club d’Avant-Garde du musĂ©e de l’Homme du film de Gil J Wolman L’Anticoncept qui dĂ©clenche une bataille entre les jeunes lettristes et le public[n. 4]. Également marquantes, les irruptions agitĂ©es de commandos de lettristes dĂ©barquĂ©s de Paris pour perturber le Ve Festival international du film de Cannes du 23 avril au 10 mai et faire connaĂźtre la sortie de la revue Ion de Marc-Gilbert Guillaumin (Marc'O) entiĂšrement consacrĂ© aux films, en cours ou rĂ©alisĂ©s, du groupe lettriste[n. 5]. Et, dans le mĂȘme ordre d’idĂ©e, le sabotage, Ă  la fin du mois de mai suivant[2], du CongrĂšs de la Jeune PoĂ©sie rĂ©unissant au MusĂ©e pĂ©dagogique de la rue d’Ulm Ă  Paris des nĂ©o-rĂ©alistes et des sous-surrĂ©alistes[3]. LĂ  encore, l’intervention de nombreuses forces de police contre les manifestants lettristes entraine le retrait de nombreux participants et, partant, le succĂšs de l’opĂ©ration. À n’en pas douter Ă©galement, les dĂ©roulements particuliĂšrement animĂ©s des deux premiĂšres sĂ©ances de prĂ©sentation du film Hurlements en faveur de Sade de Guy Debord les 30 juin au cinĂ©-club d’Avant-Garde (projection interrompue par l’assistance au bout de dix minutes) et en intĂ©gralitĂ© le 13 octobre au cinĂ©-club du Quartier latin dans la salle des SociĂ©tĂ©s savantes, 8, rue Danton[n. 6], n’ont pu que conforter les quatre lettristes dissidents Debord, Wolman, Brau et Berna dans leur volontĂ© de constituer le groupe qu’ils projetaient.

Fondation-Constitution

MĂȘme si Guy Debord, et Gil J Wolman indiquent avoir fondĂ© « arbitrairement Ă  Bruxelles »[4] un groupe distinct, comme tendance Ă  l’intĂ©rieur du mouvement lettriste en [5], lors d’un dĂ©placement pour y prĂ©parer la projection du film d'Isidore Isou TraitĂ© de bave et d’éternitĂ©, la premiĂšre expression publique attestant de la constitution d’un groupe autonome manifestant la rupture avec le systĂšme Isou fut le scandale perpĂ©trĂ© le 29 octobre 1952 Ă  l'encontre de Charlie Chaplin, vedette unanimement aimĂ©e du public, lors de la confĂ©rence de presse organisĂ©e pour la sortie de son dernier film, scandale dont Isidore Isou se dĂ©solidarisera publiquement[n. 7]. Ce dĂ©saveu officiel acheva de marquer la sĂ©paration idĂ©ologique des lettriste historiques avec la nouvelle gĂ©nĂ©ration radicale.

Cette rupture dĂ»ment Ă©tablie, l’existence de cette nouvelle avant-garde est formalisĂ©e par l’organisation de la premiĂšre confĂ©rence de l’Internationale lettriste qui se tient Ă  Aubervilliers, ville dont le pĂšre de Jean-Louis Brau est maire-adjoint, le en prĂ©sence des quatre fondateurs ayant participĂ© Ă  l’action rĂ©cente contre Charlie Chaplin. Le protocole final de la confĂ©rence fut dĂ©chirĂ© et introduit dans une bouteille jetĂ©e dans le canal Saint-Denis, Jean-Louis Brau la repĂȘchant le lendemain. Ces statuts trĂšs radicaux, « pour solde de tout compte », (notamment le point 4 prĂ©voyant l’exclusion ipso facto pour collaboration Ă  des activitĂ©s isouĂŻennes ou publication sous son nom d’Ɠuvres commerciales), entĂ©rinent le point de non-retour vis-Ă -vis des anciennes pratiques lettristes[6].

Une fois ce travail d’émancipation achevĂ©, le groupe au dĂ©part constituĂ© des seuls quatre fondateurs historiques va se donner plus de consistance. Naturellement, c’est parmi ceux qu’ils frĂ©quentent habituellement que se constitue ce rassemblement informel, c’est-Ă -dire dans les nombreux cafĂ©s de Saint-Germain-des-PrĂ©s Ă  Paris et notamment le bistrot Chez Moineau, situĂ© 22, rue du Four oĂč se croisaient ces annĂ©es lĂ , outre les jeunes lettristes, un ensemble hĂ©tĂ©roclite d’artistes plus ou moins connus, peintres, cinĂ©astes, poĂštes expĂ©rimentaux, asociaux divers, ivrognes, toxicomanes, petits dĂ©linquants, filles mineures et ratĂ©s autoproclamĂ©s[n. 8]. On retrouve alors bon nombre de ces habituĂ©s parmi les signataires des nombreux textes collectifs du groupe, dont notamment, le Manifeste ouvrant le no 2 d’Internationale Lettriste[n. 9]. Et, comme parmi ceux-ci figurent quelques Ă©trangers en rupture de ban et des nord-africains, dont par exemple Mohamed (Midhou) Dahou, qui adhĂšre dĂšs le dĂ©but de l’annĂ©e 1953[4], le qualificatif d’internationale est d’autant plus justifiĂ© pour ce regroupement naissant qui se caractĂ©rise par son extrĂȘme jeunesse. À l’étĂ© de 1953, la moyenne d’ñge de la bande des lettristes – internationalistes s’établissait lĂ©gĂšrement au-dessous de 21 ans[7] et elle se trouvait en capacitĂ©, une fois la rupture avec le lettrisme d’Isou dĂ»ment consommĂ©e, de pouvoir, tout en prolongeant les thĂ©ories du SoulĂšvement de la Jeunesse et de la destruction des arts prĂŽnĂ©s par Isou, radicaliser ses positions thĂ©oriques et pratiques issues du lettrisme en se rapprochant tout Ă  la fois du marxisme rĂ©volutionnaire que du dadaĂŻsme berlinois et des pensĂ©es nihilistes et anarchistes.

Le groupe officiellement constituĂ© va principalement se manifester par ses publications et des actions d’agitation visant, avec une ironie souvent mordante, le petit monde culturel et intellectuel de l’époque, essentiellement parisien. Les quatre numĂ©ros d’Internationale Lettriste Ă  la parution alĂ©atoire et dans des formats fluctuants et hasardeux ( - ) correspondent Ă  la pĂ©riode d’affermissement du groupe nouvellement constituĂ© dans son rejet des pratiques passĂ©es. Potlatch, bulletin d’information du groupe français de l’Internationale Lettriste[n. 10], simplement ronĂ©otĂ© et Ă  la pagination variable est d’une parution plus rĂ©guliĂšre, hebdomadaire durant l’étĂ© 1954 (no 1 Ă  9-11), puis plutĂŽt mensuelle jusqu’au no 25 de janvier 1956. Les 3 suivants 26, 27 et 28 s’échelonnent de mai 1956 Ă  mai 1957, le numĂ©ro 29 du 5 novembre 1957 s’annonçant quant Ă  lui Bulletin d’information de l’internationale situationniste, seul et unique du genre[n. 11]. À de partir de septembre 1955, ce corpus Ă©ditorial s’enrichira d’une collaboration suivie de Debord, Wolman et Ă©galement MichĂšle Bernstein et Jacques Fillon Ă  la revue surrĂ©aliste belge Les LĂšvres nues[n. 12].

C’est sur cet ensemble de supports, oĂč s’expriment de fĂ©roces charges contre les divers modernistes dominants du moment et des informations rĂ©guliĂšres sur la vie marginale et mouvementĂ©e du groupe qui alterne exclusions et apports successifs, que vont apparaitre et se dĂ©velopper, au fil des semaines et des mois, les thĂšmes qui vont contribuer Ă  l’élaboration et Ă  la pratique des concepts expĂ©rimentaux grĂące auxquels l’I.L. restera dans l’histoire des avant-gardes du XXe siĂšcle (dĂ©rive, psychogĂ©ographie, constructions de situations, dĂ©tournement, urbanisme unitaire
). DĂšs lors, la nouvelle Internationale Lettriste ainsi constituĂ©e et qui, en ordre de bataille, n'a plus de lettriste que le nom, possĂšde alors en germes tous les Ă©lĂ©ments thĂ©oriques de ce qui constituera le socle de l'Internationale situationniste cinq ans plus tard.

En guise de prĂ©ambule Ă  l'activitĂ© future du groupe, dĂ©but 1953, accompagnĂ© d’une quinzaine de ses comparses, Guy Debord trace sur un mur de l’Institut, rue de Seine Ă  Paris, ce qu’il considĂ©rait comme la plus belle de ses Ɠuvres de jeunesse, comme l’affirmation alors du programme minimum de l’I.L. : “Ne travaillez jamais”[8]. À ce moment, le groupe s’identifie simplement Ă  l’ensemble des signataires du Manifeste[n. 13] ouvrant le numĂ©ro 2 d’Internationale Lettriste ronĂ©otĂ© sur une unique feuille recto-verso[9], l’essentiel de ces noms n’y figurant sans doute que pour faire nombre.

En avril 1953, se constitue Ă  Alger autour de Mohamed Dahou, ancien habituĂ© de Chez Moineau, le Groupe AlgĂ©rien de l’Internationale lettriste, centrĂ© sur OrlĂ©ansville (actuelle Chlef) qui connaĂźt en septembre 1954 un important sĂ©isme dont rendra compte le bulletin Potlatch et des consĂ©quences sur la vie des membres dudit groupe[10]. À l’automne 1954, sera signalĂ©e la formation d’un Ă©phĂ©mĂšre Groupe Suisse (20 octobre – 7 dĂ©cembre) Ă  la vie brĂšve autant qu’agitĂ©e[n. 14]. Entre-temps, le groupe français commence Ă  connaĂźtre des remaniements d’importances variables. En avril 1953, GaĂ«tan M. Langlais alias Double Wagon, est incorporĂ© au groupe. Serge Berna, aprĂšs avoir fait quelques mois de prison est Ă©cartĂ© peu aprĂšs avec comme motif d'exclusion « Ă©lasticitĂ© de conscience »[n. 15]. Suivront la mĂȘme annĂ©e, les exclusions de ce qui est qualifiĂ© de tendance nihiliste (J-M. Mension, P-J BerlĂ©)[n. 16]. Jean-Louis Brau n'Ă©chappe pas Ă  ce mode de traitement, son engagement dans le corps expĂ©ditionnaire d’Indochine fournissant le motif tout trouvĂ© de sa mise Ă  l’écart pour « dĂ©viation militariste », en dĂ©pit du fait qu'il ait assumĂ© le poste de Directeur-GĂ©rant du numĂ©ro 3 d’Internationale Lettriste paru Ă  l’étĂ© sous forme d’affichette vendue sur les trottoirs du Quartier Latin.

Dérives, psychogéographie, construction des situations : constitution du futur socle théorique situationniste

Mais, au dĂ©lĂ  de ces mouvements de troupes, le vĂ©ritable fait marquant pour l’histoire de l’I.L. durant cette pĂ©riode 1953-1954, est l’arrivĂ©e dans ses rangs d’Ivan Chtcheglov (alias Gilles Ivain) Ă  l’étĂ© 1953[n. 17]. Deux amis d’Ivan, Henry de BĂ©arn et Patrick Straram vont s’adjoindre Ă  cette arrivĂ©e majeure qui va permettre en quelques mois une Ă©volution marquante de l'I.L., avec le dĂ©veloppement des thĂšmes essentiels que sont notamment la dĂ©rive et la psychogĂ©ographie. Accessoirement, Ă  cette occasion, le centre de gravitĂ© de l’organisation va se dĂ©placer du 6e arrondissement vers la rue de la Montagne Sainte-GeneviĂšve[n. 18], la troupe quittant son fief de Chez Moineau pour une nouvelle permanence : Le Tonneau d’Or au numĂ©ro 32.

À partir du mois d’aoĂ»t 1953, les lettristes prĂ©sents sur Paris, entament des dĂ©ambulations, fortement alcoolisĂ©es, dans les rues (et les cafĂ©s) de quartiers choisis de Paris, qu’ils vont d’abord baptiser puis thĂ©oriser aprĂšs les avoir intensĂ©ment pratiquĂ©es, sous le nom de dĂ©rives. La multiplication de celles-ci va donner lieu Ă  la dĂ©couverte/invention de la psychogĂ©ographie que l’Internationale situationniste dĂ©finira dans le premier numĂ©ro de sa revue Ă©ponyme en juin 1958 comme l'« Ă©tude des effets prĂ©cis du milieu gĂ©ographique
 sur le comportement affectif des individus ». De ce concept original, naĂźt Ă©galement celui d’urbanisme unitaire, largement dĂ©veloppĂ© par les premiers situationnistes. De ces premiĂšres expĂ©riences estivales sortent deux textes fondateurs : En septembre par Guy Debord Manifeste pour une construction de situations[11] et en octobre par Gilles Ivain Formulaire pour un urbanisme nouveau[n. 19]. Au mĂȘme moment, Patrick Straram se trouve internĂ© Ă  l’hĂŽpital psychiatrique de Ville-Evrard pour lui Ă©viter la prison Ă  la suite d'un scandale sur la voie publique, en Ă©tat d’ivresse[n. 20]. Si les deux textes de Debord et Ivain restent confidentiels et Ă  usage interne au groupe, les rĂ©ponses Ă  deux enquĂȘtes de la revue surrĂ©aliste belge de RenĂ© Magritte La Carte d’aprĂšs nature publiĂ©es en janvier et juin 1954[12] vont permettre pour la premiĂšre fois la formulation publique des thĂšmes prĂ©-situationnistes de construction des situations, dĂ©rive, psychogĂ©ographie, en cours d’élaboration au sein de l'Internationale lettriste. On les retrouvera sous des formes plus dĂ©veloppĂ©es dans la sĂ©rie d’articles donnĂ©s par Guy Debord entre septembre 1955 et novembre 1956 Ă  la revue belge Les LĂšvres nues, dont notamment Introduction Ă  une critique de la gĂ©ographie urbaine, Position du Continent Contrescarpe et, prĂ©cĂ©dant deux comptes rendus de dĂ©rive de dĂ©cembre 1953 et mars 1956, ThĂ©orie de la dĂ©rive.

Au printemps 1954, alors que le groupe vient de se sĂ©parer de GaĂ«tan Langlais[n. 21], les arrivĂ©es d’AndrĂ©-Frank Conord, qui assume la rĂ©daction en chef de Potlatch du numĂ©ro 1 au numĂ©ro 8 et de Jacques Fillon, ancien condisciple de lycĂ©e de Guy Debord Ă  Cannes ainsi que le retour de Gil J Wolman, un temps Ă©loignĂ©, viennent certes compenser l'Ă©loignement Ă  l'Ă©tranger d’Henry de BĂ©arn, l’ami d’Ivan, pour le Venezuela[n. 22] ou de Patrick Straram vers le Canada, mais, plus gravement, les circonstances de l’exposition Avant la guerre, 66 MĂ©tagraphies influentielles[n. 23], organisĂ©e par Gil J Wolman Ă  la galerie du Passage dite du Double Doute, passage MoliĂšre[n. 24], Ă  Paris du 11 juin au 7 juillet 1954, vont offrir Ă  Ivan Chtcheglov/Gilles Ivain dont des Ɠuvres sont exposĂ©es, un motif majeur pour se dĂ©solidariser de l’affiche conçue par Guy Debord, et le conduire ainsi Ă  rompre avec le groupe quelques jours aprĂšs[n. 25]. Cette rupture est naturellement suivie, en soutien Ă  leur ami, de celles de Patrick Straram et d’Henry de BĂ©arn. Á l’occasion de cette mĂȘme exposition, Guy Debord renoue avec MichĂšle Bernstein, une ancienne de Chez Moineau qu’il Ă©pouse le 17 aoĂ»t suivant. Les tĂ©moins de cette union sont Mohamed Dahou et AndrĂ©-Frank Conord, lequel sera pourtant exclu dĂ©finitivement le 29 sous l’accusation de « nĂ©obouddhisme, Ă©vangĂ©lisme, spiritisme »[13]. La petite Ă©quipe chargĂ©e du bulletin Potlatch se trouve donc rĂ©duite, moins de deux ans aprĂšs la crĂ©ation de l’Internationale lettriste, Ă  Mohamed Dahou, rĂ©dacteur en chef, Gil J Wolman, Jacques Fillon et son Ă©pouse VĂ©ra, et Guy Debord et MichĂšle Bernstein, Ă  l’entame de cette nouvelle pĂ©riode qui va les amener trois ans plus tard Ă  la fondation de l’Internationale situationniste.

La deuxiĂšme I.L. : l'Ă©largissement international

AprĂšs ces nombreux soubresauts, l’objectif est, dans l’optique de se consolider, de nouer des contacts avec divers reprĂ©sentants avant-gardistes europĂ©ens afin de donner une assise vĂ©ritablement internationale au petit groupe parisien originel[n. 26]. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le rapprochement, dĂšs octobre 1954, avec le groupe surrĂ©aliste bruxellois aboutissant aux publications d’articles de Guy Debord, Gil J Wolman, Jacques Fillon et MichĂšle Bernstein dans les numĂ©ros 6 Ă  9 de la revue Les LĂšvres nues de Marcel MariĂ«n[n. 27]. À la mĂȘme Ă©poque, l’équipe rĂ©dactionnelle de Potlatch se renforce de l’apport de LĂ©onard Rankine, pseudonyme du militant marxiste liĂ©geois AndrĂ© Frankin. Futur membre Hors section de l’Internationale situationniste il offrira dans les articles qu’il signe un niveau d’analyse politique nouveau qui prĂ©figure ce que deviendra ultĂ©rieurement l’organisation situationniste Ă  partir de 1962[n. 28].

Par contre, une dĂ©marche commune avec les surrĂ©alistes français envisagĂ©e Ă  l’occasion du centenaire de la mort d’Arthur Rimbaud (tract Ça commence bien ! signĂ© des deux groupes) tourne rapidement court (tract Et ça finit mal, faussaires de l’I.L.) suivi d’un troisiĂšme tract des surrĂ©alistes, Familiers du Grand Truc (Potlatch no 13 du 23 octobre 1954) qui met un point final Ă  ces Ă©changes dĂ©finitivement rompus pour l'I.L.. Toujours fin 1954, des contacts sont pris avec le plasticien danois Asger Jorn[n. 29] se disant intĂ©ressĂ© par les thĂšmes dĂ©fendus par Potlatch qui publie d’ailleurs dans son numĂ©ro 15 des extraits du livre Image et Forme sur l’architecture et son avenir. Progressivement affiliĂ© au groupe lettriste, il est intĂ©grĂ© au comitĂ© directeur de l'I.L. Ă  l'issue du CongrĂšs d'Alba dĂ©but septembre 1956[14] et participe en dĂ©cembre Ă  l’enregistrement de la confĂ©rence Histoire de l’Internationale lettriste en prĂ©sence de tous les lettristes[n. 30]. Durant l’annĂ©e 1955, l’I.L. enregistre Ă©galement l’adhĂ©sion Ă  son programme de l’écrivain Ă©cossais Alexander Trocchi, rĂ©dacteur en chef dĂ©missionnaire de la revue d’avant-garde anglo-amĂ©ricaine Merlin[15] et futur situationniste, ainsi que le passage plus Ă©phĂ©mĂšre de l’écrivain espagnol Juan Goytisolo qui cosigne en octobre 1955 sous le pseudonyme de Juan Fernandez, avec le reste du groupe, une lettre d’insulte Ă  la rĂ©daction du quotidien Le Monde. Le dernier apport notable, est celui d’Abdelhafid Khatib, ami de Mohamed Dahou et futur membre de la section algĂ©rienne de l’IS, qui signe un article dans le no 27 de Potlatch du 2 novembre 1956 avant de participer Ă  l’enregistrement de la confĂ©rence Histoire de l’Internationale lettriste.

Au-delĂ  de ces questions d’effectifs qui ne sont pas l'essentiel, mĂȘme si, dans le numĂ©ro 24 de Potlatch du 24 novembre 1955 une annonce proclame ironiquement « AdhĂ©rez en masse Ă  l'Internationale lettriste. On en gardera quelques-uns. », la pĂ©riode 55-56 se signale surtout par la poursuite de productions Ă©ditoriales telles celles de Debord et Fillon dans la revue Les LĂšvres nues[n. 31] ou l’important article bilan de Debord et Wolman dans le “numĂ©ro 22 des vacances” du 9 septembre 1955 de Potlatch, Pourquoi le lettrisme ? Á celles-ci, s’ajoutent des interventions de plus en plus marquĂ©es dans les milieux culturels avancĂ©s visant Ă  installer une notoriĂ©tĂ© au groupe au-delĂ  des seuls cercles d’avant-garde parisiens. Ainsi faut-il comprendre le courrier adressĂ© (en anglais) en octobre 1955 Ă  la rĂ©daction du Times de Londres pour protester contre le projet de dĂ©molition du quartier chinois de la capitale britannique[16]. Et plus encore, en juillet 1956, l’Ordre de boycott lancĂ© contre un Festival de l’Art d’Avant-Garde devant rĂ©unir Ă  la CitĂ© Radieuse Ă  Marseille la fine fleur de la modernitĂ© d’alors. DĂ©nonçant ce rassemblement artistique d’une avant-garde selon eux dĂ©jĂ  dĂ©passĂ©e, voire en faillite, G.-E. Debord, Asger Jorn et Gil J Wolman, pour l'Internationale lettriste, appelaient les artistes sollicitĂ©s Ă  s’en dĂ©solidariser ou sinon prendre le risque de voir le nom des participants rendus publics. Dans son compte-rendu publiĂ© dans Potlatch no 27, l’I.L. estimera avoir largement contribuĂ© Ă  l’échec de la manifestation[17].

Vers l'Internationale situationniste

Mais le fait essentiel de l’annĂ©e 1956, est la participation du groupe au 1er CongrĂšs mondial des artistes libres organisĂ© Ă  Alba en Italie du 2 au 9 septembre par le Laboratoire expĂ©rimental du M.I.B.I. (Mouvement international pour un Bauhaus imaginiste) fondĂ© par Asger Jorn en 1953. Cette participation avait Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e par la multiplication des contacts avec cette organisation et Jorn depuis fin 1954. RĂ©unissant les reprĂ©sentants de fractions avant-gardistes de huit nations, les travaux avaient pour fin de jeter les bases d’une organisation unie. Guy Debord Ă©tant retenu Ă  Paris par les autoritĂ©s militaires, c’est Gil J Wolman qui reprĂ©sentait l’Internationale lettriste. Il y Ă©tait porteur d’une dĂ©claration programmatique qui y fut lue. La rĂ©solution finale, prĂ©parĂ©e et signĂ©e par Debord Ă  Paris, fut adoptĂ©e avec quelques modifications par les participants du CongrĂšs d’Alba, pas dĂ©cisif vers ce qui deviendra un an plus tard l’Internationale situationniste ainsi que le relate le no 27 du 2 novembre 1956 de la revue Potlatch [18]. Á la fin de l’annĂ©e, l’ensemble des membres[n. 32] enregistre au Tonneau d’Or Ă  Paris, un peu comme un testament[n. 33], une « bande sonore obtenue par un dĂ©tournement collectif » intitulĂ©e Histoire de l’Internationale lettriste.

L’annĂ©e 1957 s’ouvre par les deux exclusions, le 13 janvier, de Jacques Fillon et Gil J Wolman pour le motif officiel de « mode de vie ridicule »[n. 34]. Il ne sera pas procĂ©dĂ© Ă  d’autres mouvements d’effectif jusqu’à la fondation de l’Internationale situationniste les 27-28 juillet Ă  la confĂ©rence de Cosio di Arroscia dans les Alpes italiennes de Ligurie qui voit l’unification, approuvĂ©e « par 5 voix contre 1, et 2 abstentions », du Mouvement international pour un Bauhaus imaginiste d'Asger Jorn, du ComitĂ© psychogĂ©ographique de Londres[n. 35] et de l’Internationale lettriste, ouvrant la page d’un autre chapitre de l’histoire des idĂ©es contemporaines.

Concepts, théorie

Conçue comme acte de rupture avec le lettrisme officiel d’Isou et ses principaux lieutenants accusĂ© d’avoir abandonnĂ© l’esprit de rĂ©volte originel du mouvement et qualifiĂ© pour cela de « tendance rĂ©trograde », la nouvelle Internationale Lettriste, se proclamant par opposition « tendance extrĂ©miste », s’est vite lancĂ©e dans le monde Ă  la fin de 1952 sans grand appareil programmatique ou thĂ©orique autre que la rĂ©affirmation des principes initiaux de mĂ©pris ou de refus du monde ancien portĂ©s par Isou lorsqu’il arrivait Ă  Paris au lendemain de la guerre Ă  peine achevĂ©e. Et de fait, c’est par sa pratique de groupe, pourtant particuliĂšrement informel, et non par des rĂ©unions, confĂ©rences, conseils[n. 36]
, qu’elle va se forger, au fil du temps un corpus de pensĂ©e qui va graduellement faire apparaĂźtre des concepts, nouveaux ou rĂ©activĂ©s, qui vont constituer le socle thĂ©orique de la pensĂ©e de l’I.L. pour servir ensuite de base Ă  celle de la future I.S. lors de sa fondation et ses premiĂšres annĂ©es.

D’ailleurs, comme l’observera plus tard Guy Debord, « La formule pour renverser le monde, nous ne l’avons pas cherchĂ©e dans les livres, mais en errant. »[19], Ă©voquant ce qu’était la vie des lettristes de cette Ă©poque. En vĂ©ritĂ©, l’essentiel de leur temps Ă©tait passĂ© autant Ă  boire dans la plupart des nombreux bars et bistrots de Saint-Germain-des-PrĂ©s, principalement Chez Moineau, rue du Four, qu’à simplement flĂąner dans les rues du quartier.

Il y avait cependant un dessein rĂ©flĂ©chi derriĂšre ces dĂ©ambulations. Par celles-ci, les lettristes entendaient expĂ©rimenter ce qu’ils appelĂšrent la « dĂ©rive » au cours de laquelle ils divaguaient dans l’environnement urbain comme des nuages dans le ciel, pendant des heures et quelquefois mĂȘme plusieurs jours d’affilĂ©e, ce mode de comportement expĂ©rimental pouvant se dĂ©finir comme une « technique du passage hĂątif Ă  travers des ambiances variĂ©es »[20]. Au cours de leurs vagabondages de l’étĂ© 53, un Kabyle illettrĂ© leur suggĂ©ra le terme de “psychogĂ©ographie” pour dĂ©signer l’ensemble des phĂ©nomĂšnes qui les occupaient alors[21] et qu’on peut rĂ©sumer comme l’étude des effets prĂ©cis du milieu gĂ©ographique et de ses forces influentielles sur le comportement affectif des individus permettant de concourir Ă  une transformation de la ville. La dĂ©rive pouvait dĂ©boucher ainsi sur l'Ă©tablissement de cartes figurant ces forces afin d'ĂȘtre ensuite utilisĂ©es comme support d’un urbanisme unitaire Ă  Ă©laborer et dĂ©velopper ultĂ©rieurement par la future Internationale Situationniste. Parmi les textes les plus importants sur ces sujets, figurent notamment la “ThĂ©orie de la dĂ©rive” publiĂ©e par Debord dans le no 9 de la revue surrĂ©aliste bruxelloise «Les LĂšvres nues » en novembre 1956 et le “Formulaire pour un urbanisme nouveau” d’Ivan Chtcheglov (Gilles Ivain), rĂ©digĂ© en octobre 1953 mais dont une version Ă©tablie par Debord ne sera publiĂ©e qu’en juin 1958 dans le premier numĂ©ro de la revue Internationale situationniste. Dans ce texte, Chtcheglov plaide pour une ville nouvelle oĂč, comme il l’écrit, « chacun habitera sa « cathĂ©drale » personnelle. Il y aura des piĂšces qui feront rĂȘver mieux que des drogues et des maisons oĂč l’on ne pourra qu’aimer ». AprĂšs avoir proclamĂ© « il faut construire l’hacienda »[n. 37], il indique que l’activitĂ© principale des habitants de la ville qu’il appelle de ses vƓux sera la DĂ©rive continue. Au mĂȘme moment, Guy Debord rĂ©dige un « Manifeste pour une construction de situations »[22], dans lequel, tout en faisant le point sur les avancĂ©es apportĂ©es Ă  la pensĂ©e de l’avant-garde par l’I.L. depuis sa crĂ©ation, il renvoie aux principaux apports du texte de Gilles Ivain. Dans un texte ultĂ©rieur publiĂ© dans le no 6 de la revue « Les LĂšvres nues » en septembre 1955, « Introduction Ă  une critique de la gĂ©ographie urbaine » consacrĂ© Ă  la psychogĂ©ographie[23], il illustre la notion de cartes psychogĂ©ographiques futures par l’exemple d’un ami ayant rĂ©cemment parcouru la rĂ©gion du Hartz en Allemagne en suivant aveuglement les indications d’un plan de la ville de Londres, mĂ©thode favorite chez les psychogĂ©ographes. Le groupe lettriste prĂ©sente par ailleurs un large ensemble de propositions : Abolition des musĂ©es avec rĂ©partition des Ɠuvres d’art dans les bars, ouvrir le mĂ©tro la nuit ainsi que les squares en les Ă©clairant faiblement par intermittence, ouverture des toits de Paris Ă  la promenade au moyen d’échelles de secours et de passerelles, libre accĂšs illimitĂ© de tous aux prisons, etc, etc[24].

Une autre notion importante dĂ©veloppĂ©e par l’I.L. fut le « dĂ©tournement », technique s’inspirant du plagiat consistant Ă  rĂ©utiliser des matĂ©riaux esthĂ©tiques prĂ©existants (littĂ©raires, artistiques, cinĂ©matographiques
) pour parvenir Ă  une construction du milieu radicalement nouvelle et supĂ©rieure. Le texte qui en formule les contours et les enjeux, Mode d’emploi du dĂ©tournement, signĂ© Debord et Wolman, paraĂźt dans le numĂ©ro 8 des LĂšvres nues de mai 1956. Ils y soutiennent, se rĂ©fĂ©rant notamment au prĂ©cĂ©dent illustre d’Isidore Ducasse, comte de LautrĂ©amont, qu' « Á vrai dire, il faut en finir avec toute notion de propriĂ©tĂ© personnelle en cette matiĂšre. Le surgissement d'autres nĂ©cessitĂ©s rend caduques les rĂ©alisations gĂ©niales prĂ©cĂ©dentes. Elles deviennent des obstacles, de redoutables habitudes. La question n'est pas de savoir si nous sommes ou non portĂ©s Ă  les aimer. Nous devons passer outre »[25]. Ces techniques seront par la suite amplement utilisĂ©es par les situationnistes.

Par ailleurs, les concepts situationnistes aussi reprĂ©sentatifs que la Construction de Situations et le DĂ©passement de l’Art ont Ă©tĂ© Ă©galement abordĂ©s, sinon complĂštement dĂ©finis et thĂ©orisĂ©s, du temps de l’I.L.

Principaux membres

S’agissant d’un groupe particuliĂšrement informel tenant plus de la bande de comparses que de l’association de militants adhĂ©rents Ă  une cause commune, la notion d’appartenance est difficile Ă  cerner dans le cas de l’I.L. au long de sa courte mais nĂ©anmoins animĂ©e existence oĂč les recrutements rapides succĂšdent aux exclusions soudaines. Ici, la communautĂ© de vie apparaĂźt tout aussi importante[n. 38] que l’adhĂ©sion Ă  un programme par ailleurs peu dĂ©fini et en constante Ă©volution. IndĂ©pendamment des principaux animateurs et membres fondateurs, l’agrĂ©gation de noms en vue de dresser une telle liste est nĂ©cessairement alĂ©atoire en l’absence de critĂšres d’adhĂ©sion incontestables. La prĂ©sence d’un nom au bas d’un des quelques textes, articles, tracts ou manifestes signĂ©s collectivement ou individuellement paraĂźt ĂȘtre un rĂ©fĂ©rent utile, mĂȘme si le mode de sĂ©lection de ces participations peut s’avĂ©rer relativement hasardeux[n. 39]. Quant au nombre de ces participants ainsi dĂ©finis, on pourrait reprendre sans trop se tromper la rĂ©ponse faite par l’I.S. dans le numĂ©ro 9 de sa revue en aoĂ»t 1964 (p. 27) : « Un peu plus que le noyau initial de guĂ©rilla dans la Sierra Maestra, mais avec moins d’armes. Un peu moins que les dĂ©lĂ©guĂ©s qui Ă©taient Ă  Londres en 1864, pour fonder l’Association internationale des travailleurs, mais avec un programme plus cohĂ©rent ». En tout Ă©tat de cause, la question du nombre de participants plutĂŽt que leurs qualitĂ©s n’a jamais Ă©tĂ© prĂ©pondĂ©rante, en dĂ©pit du slogan affichĂ© dans le numĂ©ro 24 de novembre 1955 de Potlatch proclamant « AdhĂ©rez en masse Ă  l’Internationale lettriste. On en gardera quelques-uns ».

1952

  • Guy-Ernest Debord. Fonde l'I.L. comme tendance Ă  Bruxelles en juin, est de l'attaque contre Chaplin fin octobre et participe Ă  la ConfĂ©rence d'Aubervilliers le 7 dĂ©cembre.
  • Gil J Wolman. Est avec Debord Ă  Bruxelles, au Ritz contre Chaplin et parmi les quatre signataires du document final d'Aubervilliers[n. 40].
  • Jean-Louis Brau (dit Bull Dog ou Bull D.). TrĂšs actif Ă  la manifestation contre Chaplin[n. 41], il rĂ©cupĂšre le lendemain de la ConfĂ©rence fondatrice d'Aubervilliers la bouteille contenant le document final dĂ©chirĂ© qui avait Ă©tĂ© jetĂ©e dans le canal Saint-Denis. Exclu pour s'ĂȘtre engagĂ© dans la LĂ©gion Ă©trangĂšre.
  • Serge Berna. PrĂ©sent Ă  la manifestation contre Chaplin et Ă  Aubervilliers, il sera incarcĂ©rĂ© peu de temps aprĂšs au fort de Cormeilles-en-Parisis et en ressortira en mai pour devenir le premier exclu de l'I.L. pour avoir fait publier des inĂ©dits d'Antonin Artaud.
  • Jean-Michel Mension. Fait la connaissance de Guy Debord le jour de ses 18 ans le 24 septembre 1952 et se revendique premier adhĂ©rant de l'I.L[n. 42]. N'a pu ĂȘtre prĂ©sent Ă  la ConfĂ©rence d'Aubervilliers pour cause d'Ă©briĂ©tĂ© profonde[26], mais signe l'article GrĂšve gĂ©nĂ©rale dans le no 2 d'Internationale Lettriste et bien sĂ»r le Manifeste qui en fait l'ouverture. Il Ă©pouse Éliane PĂĄpaĂŻ le 12 dĂ©cembre 1953 pour lui Ă©viter le retour en maison de correction[27] et est exclu peu de temps aprĂšs[28].

1953

  • Mohamed Dahou, mentionnĂ© parfois sous son surnom de Midhou ou Hadj Mohamed Dahou (en)), dont l'adhĂ©sion est signalĂ©e dĂšs dĂ©but le dĂ©but 1953[4], mĂȘme s’il est considĂ©rĂ© par certains biographes comme un personnage secondaire, est le seul, avec Debord, Ă  avoir Ă©tĂ© membre de l’I.L. jusqu’à la fin puis de l’I.S Ă  ses dĂ©buts [n. 43], en faisant ainsi une figure incontournable de cette histoire[n. 44]. NĂ© le 8 novembre 1926 Ă  OrlĂ©ansville[n. 45] d'un pĂšre imam ayant Ă  ce titre effectuĂ© le pĂšlerinage Ă  la Mekke[n. 46], Mohamed Dahou aprĂšs avoir Ă©tĂ© scolarisĂ© dans une Ă©cole rĂ©servĂ©e Ă  une minoritĂ© de garçons indigĂšnes (Ă©cole gourbi) sans obtention toutefois de certificat d'Ă©tudes, passe son adolescence dans l'AlgĂ©rie de la pĂ©riode de guerre Ă  employer sa vitalitĂ© dans la pratique de divers sports tels que la boxe ou le football[n. 47] . La guerre finie, comme tant d'autres, il tente l'aventure de la migration en rejoignant des parents installĂ©s en rĂ©gion parisienne. Il y alterne les petits boulots avant de rĂ©ussir Ă  ĂȘtre embauchĂ© comme ouvrier dans l'automobile. Cependant, Ă©pris d'une vie plus passionnante , il profite de ses loisirs pour se mĂȘler Ă  la vie nocturne de Saint-Germain-des-PrĂ©s et notamment ses cafĂ©s dont Chez Moineau dont il agrĂ©mentera les soirĂ©es de cet Ă©tablissement avec sa guitare en compagnie d'un de ses cousins[29]. Il fait alors connaissance de Guy Debord arrivĂ© Ă  Paris Ă  l'automne 1951 en provenance de Cannes et devient l’un de ses tout proches amis durant toute la pĂ©riode de l’Internationale Lettriste, qualifiĂ© par certains biographes de "garde du corps" voire d’“homme de main”[n. 48]. Il sera d'ailleurs son tĂ©moin Ă  son mariage avec MichĂšle Bernstein le 17 aoĂ»t 1954[30] . Il participe ensuite pleinement Ă  la vie du groupe avant-gardiste fondĂ© "arbitrairement Ă  Bruxelles" par Guy Debord en juin 1952 avec Gil J Wolman : Signataire du Manifeste qui ouvre le n° 2 d'Internationale Lettriste et de celui du Groupe AlgĂ©rien de l'I.L. dans le n° 3[31], signataire de la proclamation collective : « La Guerre de la LibertĂ© doit ĂȘtre faite avec ColĂšre » qui constitue l'unique contenu de ce qui sera le dernier numĂ©ro d’Internationale Lettriste dont il est alors rĂ©dacteur en chef[n. 49], rĂ©dacteur en chef de Potlatch du n° 9 au n° 18 et du n° 20 au n° 22. Son nom apparaĂźt Ă  de multiples reprises sous divers textes collectifs ou personnels parus notamment dans le bulletin Potlatch[n. 50] desquels il faut principalement distinguer ses Notes pour un appel Ă  l'Orient rĂ©digĂ©es et publiĂ©es quelques mois avant le dĂ©clenchement de la guerre d'AlgĂ©rie. Se prĂ©sentant comme une Ă©bauche d'un manifeste futur pour un Ă©veil des consciences arabes, leur acuitĂ© politique se rĂ©vĂšle non dĂ©mentie aprĂšs des dĂ©cennies passĂ©es et la dĂ©colonisation accomplie. Comme plasticien, il participera Ă  quelques manifestations du groupe en y prĂ©sentant des MĂ©tagraphies ou des photos. Bien qu’ayant Ă©tĂ© intĂ©grĂ© Ă  l’équipe de l’I.S. Ă  sa formation, il rentre en AlgĂ©rie avec son Ă©pouse Marcelle pour s’occuper de sa famille au dĂ©cĂšs de son pĂšre fin 1957. ChassĂ© du pays vingt ans plus tard avec femme et enfants, il termine ses jours Ă  Nice oĂč il dĂ©cĂšde le 7 novembre 2010, la veille de ses 84 ans.
  • Sarah Abouaf. Cosignataire du manifeste de l’I.L. de fĂ©vrier 1953, elle fait sans doute partie des 2 filles mineures recherchĂ©es par la police Ă©voquĂ©es par Guy Debord dans sa lettre Ă  HervĂ© Falcou du 24 fĂ©vrier[32]. En effet, elle semble s’ĂȘtre enfuie du foyer de jeunes filles juives dont les parents Ă©taient morts en dĂ©portation oĂč elle se trouvait placĂ©e avec sa sƓur cadette Sylvie, pour rejoindre la bande des “Moineau”. Elle sera un temps la petite amie de Jean-Michel Mension selon son tĂ©moignage[33]. Lorsqu’elle passera en jugement avant d’ĂȘtre placĂ©e en maison de correction, sa jeune sƓur viendra prendra sa suite au sein du groupe.
  • Pierre-JoĂ«l BerlĂ©[n. 51]. Cosignataire du manifeste de l’I.L. de fĂ©vrier 1953, c’est le second, avec Serge Berna, des signataires en prison Ă  ce moment-lĂ . NĂ© en 1934 Ă  Paris[34], c'est dans la rĂ©gion de La Ciotat oĂč son pĂšre est directeur des chantiers navals qu'il passe son enfance. Ses parents Ă©tant sĂ©parĂ©s, il commence trĂšs tĂŽt Ă  mener une existence dĂ©linquante et marginale. Il devient un grand ami de Jean-Michel Mension qu'il a rencontrĂ© lors d’un sĂ©jour estival de ce dernier sur la CĂŽte d’Azur, puis monte en 1949, Ă  15 ans, Ă  Paris oĂč il rejoint la faune du Saint-Germain-des-PrĂ©s lettriste. Sa pratique intensive des vols en tous genres pour boire et manger l'amĂšne Ă  de frĂ©quents sĂ©jours en dĂ©tention. En avril 1953, il est arrĂȘtĂ© pour vol de plomb Ă  la sortie des catacombes de Paris rue Notre-Dame-des-Champs (cf. le tract Touchez pas aux lettristes[35] signĂ© de tous les garçons dĂ©jĂ  signataires du manifeste de l’I.L. sauf lui-mĂȘme et Berna, emprisonnĂ©s, plus GaĂ«tan M. Langlais, fraichement intĂ©grĂ© au groupe). En septembre 1953, il fait partie de la sĂ©rie d’exclusions visant Ă  Ă©liminer notamment les Ă©lĂ©ments Ă  tendances crapuleuses[36]. Ayant un temps pour compagne Eliane DĂ©rumez (“la grande Eliane”), grande consommatrice d’éther avec notamment J.-M. Mension, il aura Ă©galement, entre autres, une brĂšve idylle avec MichĂšle Bernstein et une autre plus sĂ©rieuse avec Françoise Brau jusqu'Ă  ce qu'il soit amenĂ© Ă  s’engager dans la LĂ©gion Ă©trangĂšre pour fuir la justice Ă  la suite d'une rixe ayant mal tournĂ©. Il partira alors combattre en AlgĂ©rie oĂč il sera sĂ©rieusement blessĂ© et quittera la LĂ©gion en 1964. On le retrouvera plus tard mercenaire au Katanga[37]. Il termine sa vie dans la rĂ©gion lyonnaise oĂč il meurt en 2019.
  • RenĂ© LeibĂ©. Cosignataire du manifeste de l’I.L. de fĂ©vrier 1953 et ami de Toutoune la sƓur de GaĂ«tan Langlais. PrĂ©sentait la particularitĂ© d’avoir des ongles de 10 cm de long peu propices Ă  l’exercice de quelque travail que ce soit[38]. Cosignataire du tract Touchez pas aux lettristes[35] d'avril 1953 signĂ© de tous les garçons dĂ©jĂ  signataires du manifeste sauf ceux emprisonnĂ©s, plus GaĂ«tan M. Langlais, rĂ©cemment intĂ©grĂ© au groupe.
  • Linda Fryde[n. 52]. Cosignataire sous son seul prĂ©nom du manifeste de l’I.L. de fĂ©vrier 1953. Copine d’Éliane PĂĄpaĂŻ, elle est en attente d’un jugement selon une lettre de Gil J Wolman Ă  J.-L Brau du printemps (ou juillet) 1953[39]. Selon Jean-Michel Mension[40] et Christophe Bourseiller[41], elle aurait participĂ© aux premiĂšres dĂ©rives pratiquĂ©es en stop Ă  l’occasion des grĂšves de transports en commun Ă  Paris pendant l’étĂ© 1953. Une lettre de Debord Ă  Gil J Wolman du dĂ©but 1954 mentionne qu'elle est en Corse, s'apprĂȘtant Ă  passer en Afrique du Nord[42].
  • Françoise Lejare. Cosignataire du manifeste de l’I.L. de fĂ©vrier 1953 alors qu'au moment de la sortie du numĂ©ro 2 d’Internationale lettriste qui s'ouvre sur lui, elle se trouve en AlgĂ©rie avec son mari Jean-Louis Brau et Gil J Wolman[43].
  • Éliane PĂĄpaĂŻ. Cosignataire du manifeste de l’I.L. de fĂ©vrier 1953. NĂ©e le 12 mai 1935 Ă  Paris 12e, elle fait partie avec Sarah Abouaf des deux filles mineures recherchĂ©es par la police Ă©voquĂ©es par Guy Debord dans sa lettre Ă  HervĂ© Falcou du 24 fĂ©vrier 1953 sur les signataires du manifeste de l’I.L[32]. Fille d’un Ă©migrĂ© hongrois et d’une mĂšre espagnole morte assez jeune d’un cancer et ne supportant pas la nouvelle femme de son pĂšre, elle s’enfuit de chez elle. RattrapĂ©e par la police, elle est placĂ©e en maison de correction Ă  Chevilly-Larue dont elle s’échappe. Reprise, elle est placĂ©e dans un foyer du Bon-Pasteur Ă  Auteuil pour y suivre des cours de secrĂ©tariat qu’elle frĂ©quente irrĂ©guliĂšrement. Elle commence Ă  frĂ©quenter encore mineure les bars de Saint-Germain-des-PrĂ©s et particuliĂšrement Chez Moineau oĂč elle retrouve certains des jeunes lettristes qui ont prĂ©cisĂ©ment attaquĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1950 l’orphelinat catholique d’Auteuil. Le photographe hollandais Ed Van der Elsken en fera une des Ă©gĂ©ries sauvages de l’album Ă©voquant cette pĂ©riode qu’il publiera en 1956[44]. Encore mineure, elle connaĂźt une brĂšve idylle avec Guy Debord qui conservera d’elle l’image de l’incarnation la plus pure et la plus poĂ©tique de la rĂ©volte contre tous les ordres Ă©tablis, vĂ©ritable symbole de cette pĂ©riode vers laquelle il reviendra Ă  plusieurs reprises, notamment dans son album MĂ©moires publiĂ© en 1958, dans son film In girum imus nocte et consumimur igni en 1978 et dans PanĂ©gyrique, tome second, publiĂ© en 1997. AprĂšs sa rupture avec Guy Debord, Jean-Michel Mension s’éprend d’elle ainsi qu’Ivan Chtcheglov qui a passĂ© l’étĂ© Ă  vendre en sa compagnie le no 3 d’Internationale Lettriste aux terrasses des cafĂ©s de Saint-Germain-des-PrĂ©s. Dans un lettre qu’il adresse Ă  ce dernier en novembre, Guy Debord lui donne son aval pour « dĂ©tourner toute compagne de Mension qu’il (lui) plaira », mais finalement c’est Jean-Michel Mension qui l’épouse le 12 dĂ©cembre 1953 Ă  la mairie du XIXe alors qu’elle vient d’avoir 18 ans pour lui Ă©viter un nouveau sĂ©jour en maison de correction Ă  la suite d'une nouvelle Ă©vasion de l’institution oĂč elle Ă©tait placĂ©e. Elle deviendra plus tard, l’épouse de Jean-Louis Brau. De mƓurs trĂšs libres pour l’époque et son jeune Ăąge, le surnom de Gigolette lui est quelquefois attribuĂ© par Guy Debord ou Gilles Ivain. Elle publiera Ă  l’automne 68 sous le nom d’Éliane Brau, un ouvrage, Le Situationnisme ou la nouvelle internationale aux Nouvelles Éditions Debresse dont il sera donnĂ© un compte-rendu critique dans le dernier numĂ©ro d’Internationale Situationniste, septembre 1969, page 103. Elle y propose une lecture revisitĂ©e et distanciĂ©e de la pĂ©riode de l’I.L. Elle dĂ©cĂšde le 27 dĂ©cembre 1992 Ă  Paris 12e.
  • Groupe AlgĂ©rien. Sa crĂ©ation est attestĂ©e en avril 1953 par la publication de son Manifeste signĂ© Ă  Alger par Hadj Mohamed Dahou, Cheik Ben Dhine, Ait Djafer[45]. On possĂšde peu d’information sur ses activitĂ©s, Ă©tant rappelĂ© qu’à l’époque les troubles de ce qui deviendra la guerre d’AlgĂ©rie ont dĂ©jĂ  dĂ©butĂ© rendant toute manifestation dans cette rĂ©gion hautement problĂ©matique. Le projet de tract Faire-part du 10 mars 1954[46] nous apprend que Mohamed Dahou envoyĂ© sur place pour dissoudre ce Groupe algĂ©rien est finalement rentrĂ© aprĂšs l’avoir rĂ©organisĂ©. Une brĂšve dans le numĂ©ro 1 de Potlatch (nouvelle affectation), juin 1954, indique que le groupe est centrĂ© sur OrlĂ©ansville (actuelle Chlef) « la ville la plus lettriste du monde » selon Potlatch no 12, tandis que le no 8 du 10 aoĂ»t 954, informe d’un projet d’affiche du groupe pour les murs d’AlgĂ©rie : « Allez passer vos vacances au Maroc ». Le 9 septembre 1954 la ville d’OrlĂ©ansville est victime d’un puissant sĂ©isme faisant des milliers de victimes ; le no 12 de Potlatch (28 septembre 1954) qui en rend compte craint des pertes lourdes parmi les membres locaux de l’I.L., mais le suivant (23 octobre) se montre cependant rassurant sur ce bilan et le maintien des possibilitĂ©s d’agitations sur place. MĂȘme si Mohamed Dahou reste ensuite trĂšs prĂ©sent au sein du groupe français, dans le bulletin Potlatch dont il est rĂ©dacteur en chef du no 9 au no 18 et du no 20 au 22, puis dans les dĂ©buts de l’I.S., le Groupe algĂ©rien ne fait plus parler de lui aprĂšs 1954.
  • GaĂ«tan M. Langlais. Marcel Henri Langlais (dit GaĂ«tan M., 1935-1982). TrĂšs tĂŽt intĂ©grĂ© au groupe lettriste au printemps 53 (ainsi que son jeune frĂšre Pierre qui se suicidera de maniĂšre inexpliquĂ©e), il n’apparaĂźt pas dans le manifeste de fĂ©vrier 53, mais est des signataires du tract Touchez pas aux lettristes (avril 1953) diffusĂ© aprĂšs l’arrestation, pour vol de plomb la nuit dans les catacombes, de Pierre-JoĂ«l BerlĂ©. Auteur de Jolie Cousette, texte par dĂ©tournement (1952-1953) prĂ©sentĂ© dans le numĂ©ro 3 d'Internationale Lettriste (aoĂ»t 1953) oĂč il retranscrit le slogan qu’il laisse partout sur son passage sous forme de graffiti :« Les Chinoises pour GaĂ«tan ». Dans ce mĂȘme numĂ©ro, il est mentionnĂ© encore comme l’assistant d'un projet de film avec Guy-Ernest Debord, La Belle Jeunesse ; il fait partie Ă©galement, avec Bull D. (Jean-Louis) Brau, Guy-Ernest Debord et Gil J Wolman, des signataires de l'« Acte additionnel Ă  la constitution d'une Internationale Lettriste » (« Les rapports humains doivent avoir la passion pour fondement, sinon la terreur ») et du texte « Il faut recommencer la guerre en Espagne ». Au titre de ses activitĂ©s de groupe, l’une des dĂ©rives qu’il effectue Ă  la fin de l’annĂ©e 1953 en compagnie de Debord et Chtcheglov fera l’objet d’un compte-rendu dĂ©taillĂ© publiĂ© dans le no 9 de la revue belge Les LĂšvres nues (pages 10 Ă  12). Rare lettriste Ă  avoir un emploi, il exerçait son activitĂ© dans une entreprise d’import-export d’oĂč son surnom de Double Wagon. PrĂ©sentĂ© comme dĂ©missionnaire de l’Internationale Lettriste en fĂ©vrier ou mars 1954, un projet de tract du ComitĂ© directeur de l’I.L[46] le cite cependant comme le dernier des Ă©liminĂ©s pour dĂ©viations doctrinales ou mĂ©diocritĂ© personnelle, Potlatch numĂ©ro 2 du 29 juin 1954 prĂ©cisant sous la signature de Gil J Wolman, « exclu » pour « sottise ». Il restera cependant en rapport avec Ivan Chtcheglov, malgrĂ© le jugement dĂ©favorable que porte Guy Debord sur cette relation[47]. Il collabore ensuite rĂ©guliĂšrement, en y apportant des dessins et poĂšmes, Ă  Front noir (1963-1967), revue opposĂ©e aux thĂ©ories situationnistes sans toutefois s’y rĂ©fĂ©rer explicitement, dirigĂ©e par Louis Janover dont sa sƓur Monique est la compagne et future Ă©pouse. Il avait pour frĂšre cadet Roger Langlais (1941-2018) essayiste et peintre français, cofondateur de la revue L’Assommoir (1978-1895) et directeur de la collection Table rase aux Ă©ditions Plasma qui rĂ©Ă©diteront en 1978 la revue bruxelloise Les lĂšvres nues avec de nombreux textes de Debord de l’époque lettriste, mais sans la prĂ©face souhaitĂ©e par Marcel MariĂ«n.
  • Gilles Ivain (Ivan Chtcheglov). Bien que n'ayant Ă©tĂ© prĂ©sent au sein du groupe que tout juste une annĂ©e (juin 53 - juin 54) son apport y aura Ă©tĂ© fondamental. Guy Debord lui rend ainsi un vibrant hommage dans son film de 1978 In girum imus nocte...: « (...) personne d'autre ne le valait cette annĂ©e lĂ  (...) On eĂ»t dit qu'en regardant seulement la ville et la vie, il les changeait. Il dĂ©couvrit en un an des sujets de revendications pour un siĂšcle ; les profondeurs et les mystĂšres de l'espace urbain furent sa conquĂȘte »[48].
  • Patrick Straram. Ancien habituĂ© des caves et cafĂ©s de Saint-Germain-des-PrĂ©s dĂšs 1950, il ne rejoint toutefois le groupe de l'I.L. qu'en septembre 1953 aprĂšs que son ami Ivan Chtcheglov s'y soit intĂ©grĂ© en juin 1953. Mais, peu de temps aprĂšs, Ă  la suite d'un esclandre sur la voie publique il sera mis en dĂ©tention deux mois Ă  l'automne Ă  l'asile d'aliĂ©nĂ©s de Ville-Évrard. Une fois relĂąchĂ© grĂące Ă  l'intervention de ses amis, il ne reste Ă  Paris que quelques semaines avant de repartir vers le Canada en avril 1954 fuyant la conscription militaire. Entretemps, il avait essayĂ© de soumettre Ă  quelques Ă©diteurs son roman, maintes fois remaniĂ©, Les bouteilles se couchent oĂč il Ă©voque, dans un style mouvementĂ© et cru, l'atmosphĂšre des bistrots frĂ©quentĂ©s par les lettristes dont on reconnaĂźt le portrait de certains au dĂ©tour de quelques pages. Ce court roman, longtemps considĂ©rĂ© comme perdu a fait l'objet en 2006 aux Ă©ditions Allia d'une heureuse Ă©dition, car il constitue un tĂ©moignage unique sur cette pĂ©riode et ce milieu des avant-gardes marginales.
  • Henry de BĂ©arn. Bien que n’ayant sans doute jamais rencontrĂ© Guy Debord, et en toute hypothĂšse absent de France durant toute la pĂ©riode 53-54 de dĂ©veloppement de la premiĂšre I.L., il s’est trouvĂ© enrĂŽlĂ© Ă  distance dans celle-ci du seul fait de ses liens d’amitiĂ© avec Ivan Chtcheglov, comme figure lĂ©gendaire, ainsi que le sera Ivan dans l’Internationale situationniste quelques annĂ©es plus tard. Henri Jean de Galard de BĂ©arn, nĂ© le 28 juin 1931 Ă  ArgelĂšs-Gazost (Hautes-PryrĂ©nĂ©es) et bachelier Ă  16 ans, arrive Ă  Paris en 1948 pour des Ă©tudes de lettres (licence en 2 ans). Épris de voyages et d'horizons nouveaux, en 1949 il effectue avec deux amis un voyage de plus de six mois (janvier-juillet) en Allemagne, Suisse, AlgĂ©rie et Tunisie. Il rencontre fin 49 - dĂ©but 50 au cafĂ© Le Dupont-Latin Ivan Chtcheglov dont il devient trĂšs proche et vit alors hĂ©bergĂ© chez les Chtchegloff[49], 12 rue de Civry Ă  Paris XVIe. Grand admirateur de Serge Berna, Henry participe au Grand Meeting des RatĂ©s du 16 mars 1950 oĂč se prĂ©pare sans doute le Scandale de Notre-Dame du dimanche de PĂąques suivant le 9 avril. Il est mĂȘme vraisemblable qu'il ait fait partie des quelques lettristes venus soutenir leurs compagnons Michel Mourre, Serge Berna, Ghislain Desnoyers de Marbaix et Jean Rullier. TrĂšs impressionnĂ© par ce fait d'arme, quarante jours plus tard, le 19 mai 1950, Henri de Galard de BĂ©arn, (19 ans) selon les journaux qui le relatent, est arrĂȘtĂ© alors qu'il s'apprĂȘtait Ă  se procurer 25 kilos d'explosifs pour faire sauter la Tour Eiffel. Il dĂ©clare Ă  la police que c'Ă©tait “pour faire mieux que Michel Mourre”[50]. Á l’étĂ© 50, lui et Ivan voyagent en France et en Europe ; le 15 juin, ils sont Ă  Bruxelles oĂč Henry donne une confĂ©rence « Vers un nomadisme nouveau » ; en aoĂ»t, ils sont Ă  Carcassonne. Le 5 octobre, ils Ă©crivent Ă  Blaise Cendrars une lettre d'admiration. DĂ©but 1951, les deux amis sont en Espagne. Henry rentre seul Ă  Paris en fĂ©vrier, mais dĂšs fin juillet, il sĂ©journe en IsraĂ«l d’oĂč il rentre via la GrĂšce et la Yougoslavie. D’un voyage effectuĂ© cette mĂȘme annĂ©e au Canada, il a rapportĂ© un roman de 700 pages qu’il soumet au romancier Georges Arnaud qui lui donnera son avis sincĂšre le 13 novembre. Bien que sa nouvelle petite amie Marguerite « Guitou » Harispe, sƓur ainĂ©e de Kaki, comme elle de la bande de Chez Moineau, attende un enfant de lui qui va naĂźtre le 7 novembre, il s’embarque pour un sĂ©jour Ă  MontrĂ©al, d’octobre Ă  dĂ©cembre 1951. En janvier suivant, il est aux Bermudes, puis Ă  Cuba de fĂ©vrier Ă  juin et arrive Ă  Caracas (Venezuela) Ă  l’ambassade de France en juillet 1952 pour plus de 2 ans. Dans le projet de tract Faire-part[46] du 10 mars 1954, oĂč le « ComitĂ© directeur de l’I.L. » fait le point sur les projets du groupe et la situation de ses effectifs aprĂšs les exclusions des derniers mois, il est laissĂ© entendre qu’Henry dirige un groupe vĂ©nĂ©zuĂ©lien et s’apprĂȘterait Ă  quitter son poste d’attachĂ© d’ambassade pour nouer des contacts dans d’autres pays voisins. Il est ensuite mentionnĂ© signataire de la dĂ©claration du no 4 d'Internationale Lettriste en juin 1954 avant de dĂ©missionner de l'I.L. en solidaritĂ© avec la dĂ©mission/exclusion de son ami Ivan Chtcheglov. Quelques semaines plus tard, fin septembre 1954, il rentre Ă  Paris et Ă©pouse le 9 avril 1955 la mĂšre de son fils Gilles Henri. Au dĂ©but des annĂ©es 60, il dirige Ă  Buenos-Aires le bureau d’Air France, compagnie dans laquelle il exercera ensuite des responsabilitĂ©s. Selon Vincent Kaufmann[51], il deviendra un notable du mouvement gaulliste avant de dĂ©cĂ©der Ă  Agen le 13 janvier 1995.

1954

  • AndrĂ©-Franck Conord. AndrĂ© Conord dit AndrĂ©-Frank, nĂ© 11 novembre 1929 Ă  Viroflay et dĂ©cĂ©dĂ© le 3 novembre 2008 Ă  Saint-Jean-de-Verges (AriĂšge), faisait partie des habituĂ©s de Chez Moineau[n. 53]. Comme proche d’Ivan Chtcheglov et Henry de BĂ©arn, il est intĂ©grĂ© au groupe au printemps 54[n. 54]. Dans ce cadre, il est mentionnĂ© comme participant Ă  l’exposition Avant la Guerre – 66 mĂ©tagraphies influentielles organisĂ©e Ă  la galerie du Double Doute, passage MoliĂšre Ă  Paris du 11 juin au 7 juillet 1954 et se trouve cosignataire pour l’I.L. de la dĂ©claration du no 4 d’Internationale lettriste (juin 1954) ainsi que de tous les articles collectifs parus dans les 8 premiers numĂ©ros de Potlatch (28 juin-10 aoĂ»t 1954) dont il assure la rĂ©daction en chef. Á titre personnel, on lui doit les articles Un nouveau mythe (no 1), Construction de taudis (no 3) et DĂ©limitation du mythe (no 6). Le 17 aoĂ»t, il est un des deux tĂ©moins avec Mohamed Dahou du mariage de Guy Debord avec MichĂšle Bernstein. Mais il est nĂ©anmoins exclu le 29 aoĂ»t suivant Ă  la suite d'une rencontre avec Isou qui occasionne sa dĂ©mission immĂ©diate, transformĂ©e[52] en exclusion pour “ nĂ©oboudhisme [sic], Ă©vangĂ©lisme, spiritisme ” . Il publie dans le no 12 de Potlatch une “autocritique” qui servira de motif aux membres du groupe surrĂ©aliste parisien pour se retirer d’un projet d’action commune envisagĂ© Ă  l’occasion du centenaire d’Arthur Rimbaud, le caractĂšre humoristique de ce texte leur ayant, semble-t-il, Ă©chappĂ©. Dans une lettre Ă  Asger Jorn rĂ©digĂ©e peu aprĂšs, il lui indique vouloir arrĂȘter l’écriture et se lancer dans l’architecture (sans avoir toutefois de notion technique).
  • Jacques Fillon. Jacques Guy Fillon, nĂ© Ă  Nice le 10 mars 1933 oĂč il dĂ©cĂšde le 5 novembre 2011, est un ancien proche condisciple au lycĂ©e Carnot de Cannes de Guy Debord qu'il frĂ©quente jusqu'Ă  l'automne 1951 oĂč ils rĂ©alisent de premiers essais de “MĂ©tagraphie libĂ©rĂ©e”[53] . S'Ă©tant perdus de vue pendant prĂšs de trois ans, ils renouent au printemps 54[54] et Fillon intĂšgre alors le groupe Ă  la faveur des dĂ©parts de fin 53-dĂ©but 54 (Berna, Mension, Brau, BerlĂ©, Langlais, Straram). PremiĂšre signature attestĂ©e, la rĂ©ponse du 5 mai 1954 pour l’I.L. Ă  l‘enquĂȘte de la revue La Carte d’aprĂšs nature[55]. Á partir de lĂ , il est couramment associĂ© aux manifestations et expressions collectives du groupe lettriste, notamment la dĂ©claration du no 4 d’Internationale Lettriste (juin 1954), l’exposition Avant la Guerre – 66 mĂ©tagraphies influentielles organisĂ©e Ă  la galerie du Double Doute, passage MoliĂšre Ă  Paris du 11 juin au 7 juillet 1954, les nombreux articles collectifs dans chaque numĂ©ro (sauf le 16) du bulletin Potlatch dont il sera mĂȘme rĂ©dacteur en chef des numĂ©ros 23 et 24 (octobre et novembre 1955), ainsi que la polĂ©mique de l’automne 54 avec le groupe surrĂ©aliste. Il sera Ă©galement signataire de trois articles personnels dans les numĂ©ros 15, 17 et 21 de Potlatch et d’une Description raisonnĂ©e de Paris dans le no 7 de la revue bruxelloise Les LĂšvres nues (dĂ©cembre 1955). Comme Mohamed Dahou, il seconde Guy Debord pour l’organisation d’expositions auxquelles participe l’I.L. et dans les contacts nouĂ©s avec Jorn et Frankin. En avril 1955, sur la route de Cannes[56], il participe avec son Ă©pouse VĂ©ra et Guy Debord Ă  l’exploration psychogĂ©ographiue du Palais idĂ©al du facteur Cheval Ă  Hauterives (DrĂŽme) et Ă  l’automne (Potlatch 23), les couples Fillon et Debord/Bernstein accompagnĂ©s de l’écrivain espagnol Juan Goytisolo participent Ă  une visite du DĂ©sert de Retz Ă  Croissy-sur-Seine, lieu d’errance des surrĂ©alistes naguĂšre. Du 10 au 15 dĂ©cembre 1956, il participe Ă  l’exposition « Manifester en faveur de l’urbanisme unitaire » Ă  Turin en compagnie des futurs situationnistes italiens. En dĂ©pit de cette proximitĂ©, il n’en est pas moins exclu le 13 janvier 1957 en mĂȘme temps que Wolman[57] pour « mode de vie ridicule » (les deux exclus venant d’ĂȘtre pĂšres de famille[58], Fillon Ă©tant gratifiĂ© du commentaire complĂ©mentaire sur son rĂŽle dans l’I.L. : « n’avait rien fait ».
  • MichĂšle Bernstein. Bien qu’ancienne habituĂ©e de Chez Moineau ayant notamment assistĂ© Ă  la projection mouvementĂ©e du premier film de Guy Debord ’Hurlements en faveur de Sade le 13 octobre 1952, elle reprend contact avec lui Ă  l’occasion de l’exposition Avant la Guerre – 66 mĂ©tagraphies influentielles organisĂ©e Ă  la galerie du Double Doute, passage MoliĂšre Ă  Paris du 11 juin au 7 juillet 1954 et n’intĂšgre le groupe lettriste qu’en juillet 1954 Ă  partir du no 3 de Potlatch oĂč elle signe au dĂ©but MichĂšle-Ivich Bernstein.
  • VĂ©ra (Fillon). Jeune fille d’origine russe cĂŽtoyant Ă  Cannes Guy Debord et Jacques Fillon qu’elle Ă©pousera plus tard[59], elle intĂšgre le groupe (seule fille alors avec MichĂšle Ivich Bernstein) Ă  la fondation de Potlatch dans les bulletins duquel son nom apparaĂźt de multiples fois, uniquement comme cosignataire, du no 6 au no 22 (octobre 1955), Ă  l'exception d'un court article sur les “quelques formes que prendra la dĂ©rive” dans le n° 17 de Potlatch du 24 fĂ©vrier 1955. Elle est prĂ©sente Ă©galement lors des excursions psychogĂ©ographiques Ă  Hauterives et au DĂ©sert de Retz en 1955.
  • Groupe Suisse. Le numĂ©ro 13 de Potlatch du 23 octobre 1954 sous le titre Education europĂ©enne fait Ă©tat, aprĂšs deux lettres ″sympathisantes″ d'un certain F. Ganz[60], de conversations engagĂ©es avec un Groupe Suisse de l’I.L. formĂ© le 20 octobre 1954 dont l’adresse est Ă  Lausanne. Le numĂ©ro 15 (L’hiver en suisse) informe de la rupture en date du 7 dĂ©cembre avec ce groupe dont les membres « doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme de purs et simples provocateurs ». Entre-temps, une confĂ©rence du Groupe organisĂ©e le 5 novembre Ă  NeuchĂątel suivie d'une rixe puis de reprĂ©sailles des lettristes d’une part et des autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales de l’autre avait dĂ» donnĂ© lieu Ă  un tract de soutien du Groupe Français de l’I.L. dĂ©taillant l’ensemble des faits[61]. Cet Ă©phĂ©mĂšre et particuliĂšrement agitĂ© groupe helvĂ©tique refera surface Ă©pisodiquement en juillet 1955 Ă  l’occasion d’un vif accrochage entre l’un de ses anciens membres et Mohamed Dahou[62]. Les membres identifiĂ©s de ce groupe sont : F. Ganz, Charles-Émile MĂ©rinat, Marcel Zbinden (par ailleurs militaire), Maurice Crausaz, Gida CroĂšti, Jean-Pierre Lecoultre, Pierre-Henri Liardon, Claude Recordon et Juliette Zeller. Le bulletin du Groupe, interdit Ă  la suite des incidents de novembre 1954, s’intitulait Phosphore.
  • AndrĂ© Frankin (alias LĂ©onard Rankine). Militant marxiste nĂ© Ă  LiĂšge le 16 juin 1925 oĂč il dĂ©cĂšde le 28 mars 1990[63]. EntrĂ© en contact avec Guy Debord en juin 1954, il commence Ă  publier, sous le pseudonyme de LĂ©onard Rankine, des articles dans Potlatch (no 15, 17, 20 et 22) Ă  teneur plus concrĂštement politique que ceux qui y paraissaient d’habitude. AprĂšs une interruption d’octobre 1955 Ă  mai 1957 liĂ©e Ă  une brouille passagĂšre, il fait paraĂźtre un nouvel article dans le no 28, cette fois sous son vrai nom, avant d’intĂ©grer l’Internationale Situationniste (hors section) jusqu’à sa dĂ©mission en mars 1961.

1955

  • Asger Jorn. Entre en contact avec l’I.L. par l’intermĂ©diaire d’AndrĂ©-Frank Conord au moment oĂč il quitte le groupe et la rĂ©daction en chef de Potlatch aprĂšs la parution du no 8. La correspondance avec Guy Debord permet un rapprochement de leurs positions respectives en matiĂšre de conception des avant-gardes et l’intĂ©gration au Groupe se fera ensuite naturellement. Un extrait traduit de l’italien d’Image et forme d’Asger Jorn est publiĂ© dans le no 15 de Potlatch (dĂ©cembre 1954) et en juillet 1956, il cosigne pour l’I.L. avec Guy Debord et Gil J Wolman l’Ordre de boycott contre le Festival de l’Art d’Avant-Garde organisĂ© Ă  la CitĂ© Radieuse Ă  Marseille Ă  partir du 4 aoĂ»t 1956. Á l’issue des travaux du CongrĂšs d’Alba, rĂ©union de groupes progessistes de huit nations tenu du 2 au 8 septembre, il est placĂ© au comitĂ© directeur de l’I.L.[64]. Il participe Ă©galement en dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e Ă  l’enregistrement au Tonneau d’Or d’Histoire de l’Internationale lettriste[65].
  • Alexander Trocchi. Son adhĂ©sion est signalĂ©e (vite fait) dans le no 23 de Potlatch du 13 octobre 1955. On le trouve dĂšs lors cosignataires pour l’Internationale Lettriste du tract Toutes ces dames au salon visant et dĂ©nonçant les participants ou soutiens Ă  l’exposition tenue du 2 au 14 juin 1956 au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles sous l’égide de la sociĂ©tĂ© pĂ©troliĂšre Royal Dutch-Shell, puis il est intĂ©grĂ© aux dĂ©buts de l’aventure situationniste jusqu’à sa dĂ©mission Ă  l’automne 1964.
  • Juan Goytisolo (alias Juan Fernandez). Jeune Ă©crivain arrivant de Barcelone, il fait la connaissance de Guy Debord qui l’emmĂšne avec MichĂšle Bernstein dans les cafĂ©s arabes du quartier Maubert-MutualitĂ© et les bistrots d’exilĂ©s rĂ©publicains espagnols d’Aubervilliers. Ils participent Ă©galement ensemble Ă  l’automne 1955 avec le couple Fillon Ă  l’exploration psychogĂ©ographique du DĂ©sert de Retz Ă  Croissy-sur-Seine et le numĂ©ro 23 de Potlatch du 13 octobre 1955 publie une lettre provocatrice Ă  la direction du Monde qu’il cosigne sous le pseudonyme de Juan Fernandez avec Debord, MichĂšle Bernstein et Jacques Fillon. Mais lorsqu’il commencera Ă  trop cĂŽtoyer les grandes figures de la gauche littĂ©raire parisienne, son arrivisme dĂ©plaira vite Ă  Debord qui s’en dĂ©tourne, l’affublant dĂšs lors de l’infamant sobriquet de « Goyti-salaud ».

1956

  • Abdelhafid Khatib. Ami de Mohamed Dahou, il intĂšgre le groupe en 1956 et publie un premier article dans le no 27 de Potlatch du 2 novembre 56 :« L’expression de la rĂ©volution algĂ©rienne et l’imposteur Kateb Yacine » puis participe le 6 dĂ©cembre suivant au Tonneau d’Or, Ă  l’enregistrement d’Histoire de l’Internationale lettriste[65] en compagnie de l’ensemble du groupe. Pour l’I.S., il fournira, outre de gros travaux de traduction, un important article dans le no 2 de la revue (Essai de description psychogĂ©ographique des Halles), prĂ©cĂ©dant la republication de ThĂ©orie de la dĂ©rive de Debord qui figurait au sommaire du no 9 de la revue Les LĂšvres nues en novembre 1956. Avant de dĂ©missionner de l’I.S. en 1960, il occupera un temps, aprĂšs Mohamed Dahou, l’appartement laissĂ© vacant rue Campagne-PremiĂšre Ă  Paris 14e par Alexander Trocchi Ă  la suite de sa longue absence aux Etats-Unis.

Membres de loin

L’expression « membre de loin » a Ă©tĂ© employĂ©e par l’Internationale Situationniste pour dĂ©signer Ivan Chtcheglov, alias Gilles Ivain[66], en considĂ©ration du dĂ©cisif travail de recherche qu’il avait apportĂ© Ă  la thĂ©orie situationniste en gestation du temps de l’I.L. N’étant plus alors, en raison des contraintes psychiatriques qu’il affrontait, capable de s’associer Ă  l’activitĂ© du groupe situationniste nouvellement formĂ©, il lui Ă©tait ainsi reconnu une communautĂ© de pensĂ©e qui en faisait ainsi un membre sinon actif du moins inspirant du groupe rĂ©uni autour de Debord, Jorn et consorts. Ce faisant, l’I.S. se plaçait dans le droit fil d’un des critĂšres qu’édictait Debord en fĂ©vrier 1953 pour justifier de certains signataires du Manifeste ouvrant le no 2 d’Internationale lettriste, Ă  savoir une “participation gĂ©nĂ©rale Ă  l’esprit moderne”[67]. En se prĂ©valant de ce principe large mais exigeant, l’appellation peut s’appliquer Ă  bon nombre des compagnons de cette Ă©poque qu’on croise au hasard des tĂ©moignages de quelques-uns des participants majeurs de cette histoire ou sur l’un ou l’autre des clichĂ©s les illustrant et qui viennent logiquement s’intĂ©grer dans ce “passage de quelques personnes Ă  travers une assez courte unitĂ© de temps” qu’évoquera plus tard Debord dans un de ses films. Sans prĂ©tendre Ă  ĂȘtre exhaustif, mĂ©ritent d’ĂȘtre citĂ©s, sans ordre ni prioritĂ©, Pierre Feuillette, grand pourvoyeur de haschich et substances diverses, Edith Abadie, Paulette Vielhomme et Eliane Derumez, Sacha et Claude Strelkoff, Jacques Herbutte dit Baratin[n. 55], Claude Clavel, Fuchs, Youra, le photographe Garans, Vali Meyers, Fred (Auguste Hommel), le peintre Robert Fonta, Jacques Moreau dit le MarĂ©chal, Mel Sabre, les sƓurs Harispe et notamment Kaki dont l’histoire est un peu entrĂ©e dans la lĂ©gende de l’I.L. Et puis un traitement spĂ©cifique est Ă  rĂ©server Ă  deux garçons qui, bien que n’ayant pas Ă©tĂ© de l’aventure lettriste Ă  partir de 1953, ont Ă©tĂ© inclus par Guy Debord dans un carton manuscrit, façon fichier de l’I.L.[68], intĂ©grant avec les noms de Serge Berna, Jean-L. Brau, G.E. Debord, JM. Mension et Gil J Wolman, ceux de HervĂ© Falcou et CP. Matricon.

  • HervĂ© Falcou. Á peine Ă©voquĂ© par les premiers biographes de Guy Debord comme condisciple de lycĂ©e, nĂ© Ă  Cannes le 27 aoĂ»t 34 et dĂ©cĂ©dĂ© dans l’Aube le 7 dĂ©cembre 2000[69], il serait demeurĂ© ignorĂ© du public sans la publication en fac-similĂ© en 2004 des lettres reçues de Guy Debord entre l’automne 49 et le dĂ©but 1953[70]. Fruits d’une amitiĂ© nĂ©e au printemps 1949, alors que pour raison de santĂ©, il Ă©tait venu terminer Ă  Cannes son annĂ©e scolaire, elles sont un tĂ©moignage irremplaçable de la formation de la pensĂ©e du futur fondateur de l’I.L, puis de l’I.S. ou tout du moins d’un embryon de systĂšme de reprĂ©sentation du monde et comment le bouleverser, voire si possible davantage. D’abord empruntes de rĂ©fĂ©rences aux grands poĂštes de la rupture (Baudelaire, Rimbaud, Apollinaire) puis au surrĂ©alisme et ses figures tutĂ©laires (LautrĂ©amont, Cravan, Dada) et aux premiĂšres manifestations lettristes autour d’Isidore Isou, ces correspondances intenses et exigeantes permettent Ă  ces jeunes interlocuteurs de se dĂ©gager un chemin de vie. HervĂ© Falcou, parisien d’origine, retourne chez lui Ă  la rentrĂ©e 1950 pour effectuer sa terminale Ă  Paris mais les Ă©changes se poursuivent et s’entretiennent lors de quelques sĂ©jours Ă  Cannes. Ainsi, Ă  l’étĂ© 51, les deux comparses adressent une lettre commune Ă  Picasso pour lui exprimer leur admiration. Mais Debord, devenu parisien Ă  l’automne 51, est Ă  prĂ©sent engagĂ© dans l’aventure collective du lettrisme qui l’accapare fortement. Il essaye un temps d’y inviter son ancien compagnon notamment dans une derniĂšre lettre fin fĂ©vrier 53 lui proposant de l’inclure parmi les signataires du manifeste de l’Internationale Lettriste Ă  paraĂźtre dans le numĂ©ro 2 de la feuille ronĂ©otypĂ©e au titre Ă©ponyme. Silence ou refus explicite de celui-ci, le lien sera de toute façon dĂ©finitivement rompu. HervĂ© Falcou deviendra professeur de philosophie Ă  l’École normale de Versailles puis Ă  Saint-RaphaĂ«l. Par fidĂ©litĂ© Ă  ce passĂ© commun, en mars 1963 alors que son ancien ami publie un article critique dans l’Express sur les revues en marge oĂč l’Internationale situationniste se trouve citĂ©e, Debord refuse qu’il y soit rĂ©pliquĂ© publiquement.
  • Claude-Pierre Matricon. De Claude-Pierre Matricon (19 septembre 1929-10 mars 2013)[71], les bibliographies du lettrisme font Ă©tat, dans le numĂ©ro 1 de Ur, Cahiers pour un dictat culturel, s.d. [dĂ©cembre 1950], de plusieurs articles signĂ©s CP-Matricon (La MĂ©nopause des Dieux (fragment), PrĂ©lude Ă  un autre, ainsi que Pour une mort synthĂ©tique avec Gil J Wolman, et, cosignĂ©s avec ***, alias Jean-Louis Brau, Vingt questions sur le lettrisme et De la narration signifiĂ©e Ă  la pĂ©riode haeccitatique). AprĂšs cette abondante production, il n’existe aucun autre texte antĂ©rieur ou postĂ©rieur Ă  la crĂ©ation en juin 52 Ă  Bruxelles de l’I.L., d’abord comme tendance puis comme groupe autonome Ă  l’automne, signĂ© de ce mĂȘme Matricon. Mais, son nom figure sur cette fiche, estimĂ©e de 1953, Ă©tablie par Guy Debord intitulĂ©e “Internationale Lettriste, les pages de l’I.L. mises bout Ă  bout
”[n. 56] oĂč sont rĂ©pertoriĂ©s par ordre alphabĂ©tique les noms des quatre fondateurs historiques, plus JM. Mension, HervĂ© Falcou et donc CP. Matricon. MĂȘme si l’on ne connaĂźt guĂšre plus sur ce personnage, au moins Ă  ce titre, sa prĂ©sence comme membre secondaire de l’I.L. parait justifiĂ©e, d’autant qu’il convient de noter que le terme « Internationale Lettriste » avait Ă©tĂ© employĂ© pour la premiĂšre fois dans l’article prĂ©citĂ© de dĂ©cembre 1950 Vingt questions sur le lettrisme[n. 57]. Et il faut Ă©galement rappeler que Claude-Pierre Matricon faisait partie des troupes de soutien Ă  Berna et Mourre lors du Scandale de Notre-Dame[72].
  • Jacqueline Harispe (dite Kaki). SƓur cadette de Guitou, future femme d’Henry de BĂ©arn. Leur pĂšre, Michel Harispe, nĂ© en 1905, ingĂ©nieur Ă©lectricien de profession, cagoulard avant guerre et membre aprĂšs l’armistice de 1940 du groupe collaborationniste M.S.R., sera condamnĂ© Ă  mort en 1948 pour trahison et mourra en prison, leur mĂšre Ă©tant elle dĂ©cĂ©dĂ©e avant 1950. Les deux sƓurs sont Ă©levĂ©es par leur grand-mĂšre puis seules 7, rue Le Goff dans le 5e. Patrick Straram est un des meilleurs amis de la cadette, Kaki, d’une beautĂ© fascinante et qui fut un temps mannequin chez Dior. Mais sa vie de bohĂšme oĂč la drogue prend une place de plus en plus importante la conduit le 28 novembre 1953, Ă  demi nue, Ă  enjamber la fenĂȘtre de sa chambre d’hĂŽtel pour se jeter du troisiĂšme Ă©tage dans le vide[73] - [n. 58]. Elle avait juste 20 ans et sa mort attriste tous ses proches et notamment Guy Debord qui rĂ©alisera Ă  sa mĂ©moire une trĂšs belle MĂ©tagraphie qu’il intitule Mort de J.H. ou Fragiles Tissus (en souvenir de Kaki)[74], l’inscrivant Ă  jamais dans la lĂ©gende de l'Internationale lettriste. Avant cette fin tragique, elle avait eu une fille, MichĂšle, que sa sƓur aĂźnĂ©e Marguerite (dite Guitou) adoptera[75]. Elle figure, sous le pseudonyme Ă  peine dĂ©formĂ© de Louki, comme personnage du roman de Patrick Modiano, Dans le cafĂ© de la jeunesse perdue[76] dont le titre provient d'une phrase placĂ©e en exergue tirĂ©e du film de Guy Debord, In Girum Imus Nocte et Consumimur Igni[77].
  • Ghislain Desnoyers de Marbaix (Rouen, 1929 - Saint-Denis, 29 aoĂ»t 1974), prĂ©sent Chez Moineau aux cĂŽtĂ©s de Debord, assistant sur son film Sur le passage de quelques personnes Ă  travers une assez courte unitĂ© de temps (1959), dĂ©crit comme cultivĂ©, il s'inscrivit Ă  l'École pratique des hautes Ă©tudes durant l'annĂ©e universitaire 1951-1952 dans la classe de Lilias Homburger[78]. Dans les annĂ©es 1960, il ouvre un bar de nuit, L'Homme de main, au 31 rue Jussieu, dont l'affichette publicitaire serait l'Ɠuvre de Debord. Il meurt assassinĂ© en aoĂ»t 1974[n. 59] - [79] - [80].

Historiographie

Alors que l’Internationale lettriste (I.L.) est dorĂ©navant communĂ©ment considĂ©rĂ©e comme l’une des sources essentielles, notamment au plan des concepts dĂ©veloppĂ©s qui en constituent les prĂ©misses, de ce que va ĂȘtre Ă  partir de juillet 1957 l’Internationale situationniste, il faut constater que cette reconnaissance a mis longtemps Ă  Ă©merger, bien aprĂšs que l’I.S., elle-mĂȘme Ă©galement victime depuis sa fondation d’une certaine omerta des diffĂ©rents secteurs du monde intellectuel, ne soit devenue un sujet incontournable, une fois admise, souvent Ă  contre cƓur, son influence majeure sur la pensĂ©e contemporaine. Notamment aprĂšs le Scandale de Strasbourg[n. 60] en 1966 et surtout aprĂšs le mouvement de mai 1968, il est vite devenu impossible de taire son existence, et l’on a vu fleurir alors de nombreux commentaires, pas toujours avisĂ©s ou pertinents et plus rarement encore favorables. Mais l’essentiel du travail stratĂ©gique Ă©tait fait.

Par contre, s’agissant de l’I.L. qui n’a pourtant pas Ă©tĂ©, de 1952 Ă  1957, une entitĂ© Ă©phĂ©mĂšre et s’est largement dĂ©ployĂ©e publiquement, tant dans ses nombreux Ă©crits (Internationale lettriste, Potlatch, Les LĂšvres Nues) que dans les diverses manifestations, scandales ou expositions qui ont jalonnĂ© son parcours, la sortie de l’ombre sera bien plus longue. Et il faut d’emblĂ©e reconnaĂźtre qu’à cette relative occultation, l’I.S., tout au long de sa propre existence, et singuliĂšrement Debord alors, ont largement contribuĂ©, comme si ce dernier avait voulu se servir de l’histoire du premier mouvement qu’il avait fondĂ© Ă  Bruxelles en 1952 et ensuite dirigĂ© comme d’un palimpseste sur lequel devait s’écrire celle du nouveau regroupement qu’il avait initiĂ© en juillet 1957 Ă  Cosio di Arroscia. Et de fait, Ă  l'exception de quelques courtes Ă©vocations en passant dans les trois premiers numĂ©ros d’Internationale situationniste parus avant 1960[n. 61] (si ce n'est l'importante publication dans le n°1 de l'I.S. du Formulaire pour un urbanisme nouveau oĂč il est prĂ©cisĂ© en postface de ce texte que « l'Internationale lettriste avait adoptĂ© en octobre 1953 ce rapport de Gilles Ivain sur l'urbanisme, qui constitua un Ă©lĂ©ment dĂ©cisif de la nouvelle orientation prise alors par l'avant-garde expĂ©rimentale »[81]), le terme lettriste n’apparaĂźtra plus jamais ensuite.

Certes, son ouvrage “autobiographique” MĂ©moires composĂ© dans l’hiver 57-58 et imprimĂ© vers l’automne 1958 Ă  Copenhague dont la division en trois chapitres (juin 1952, dĂ©cembre 1952 et septembre 1953) qui se rĂ©fĂšrent Ă  la premiĂšre pĂ©riode de l’I.L., pourrait faire dire que Guy Debord s’est engagĂ© dans une premiĂšre esquisse d’histoire du mouvement de sa jeunesse. Cependant, Ă©tant donnĂ© son caractĂšre relativement Ă©sotĂ©rique pour qui n’a pas vĂ©cu cette aventure et le fait qu’il n’a jamais Ă©tĂ© offert qu’à ses amis, il est difficile de considĂ©rer ce que Debord appelle lui-mĂȘme un "anti-livre", dont il affirme en outre qu’il n’en a pas dit le moindre bien[82], comme un premier tĂ©moignage pour servir Ă  l’histoire de cette pĂ©riode. Et on peut en dire largement autant de son court-mĂ©trage de 1959 Sur le passage de quelques personnes Ă  travers une assez courte unitĂ© de temps.

Aussi bien, faut-il attendre l’automne 1968 et certains des ouvrages faisant suite au printemps insurrectionnel pour trouver enfin trace, Ă  l’occasion de rĂ©fĂ©rences faites Ă  l’I.S., son rĂŽle, son influence mais aussi un peu ses origines, d’un dĂ©but d’exhumation de l’Internationale lettriste. Ce sera principalement le cas, et ce n’est pas un hasard, dans deux ouvrages signĂ©s d’anciens membres historiques, Éliane PapĂĄĂŻ, Ă©gĂ©rie de l’époque Moineau, devenue entre-temps Éliane Brau[n. 62] et de son mari Jean-Louis Brau, un des quatre membres fondateurs prĂ©sent Ă  la manifestation contre Chaplin au Ritz et Ă  la 1re (et unique) ConfĂ©rence de l’I.L. Ă  Aubervilliers le 7 dĂ©cembre 1952[n. 63]. Encore faut-il observer que ces rĂ©cits, bien qu’issus de tĂ©moins privilĂ©giĂ©s, n’apportent pas d’élĂ©ments forts sur l’importance de l’I.L. par rapport Ă  l’I.S., dans la mesure oĂč la participation d’É. PapĂĄĂŻ et de J.-L. Brau Ă  l’histoire de l’I.L. aura Ă©tĂ© relativement Ă©phĂ©mĂšre puisqu’ils Ă©taient dĂ©jĂ  mis Ă  l’écart quand, avec la participation fondamentale d’Ivan Chtcheglov, ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s les principaux thĂšmes qui constitueront le socle thĂ©orique de la premiĂšre pĂ©riode de l’I.S. Certains des ouvrages parus dans le prolongement de 1968 et traitant du rĂŽle des avant-gardes, politiques pour Richard Gombin[83], culturelles pour Michel Lancelot[84], mĂȘme s’ils citent l’I.L., demeurent soit allusif (Gombin), soit confus, approximatif voire incorrect (Lancelot), leur mĂ©rite demeurant toutefois de commencer Ă  lever le voile sur cette pĂ©riode et, pour Lancelot surtout, d’avoir donnĂ© Ă  percevoir qu’il s’était passĂ© quelque chose d’original et influent du cĂŽtĂ© de Saint-Germain-des-PrĂ©s au dĂ©but des annĂ©es 1950. A contrario, la revue Le nouveau PlanĂšte (rĂ©dacteur en chef Jean-Claude Guilbert) faisant suite au PlanĂšte de Louis Pauwels et Jacques Bergier qui consacre un dossier d'une vingtaine de pages aux situationnistes dans son numĂ©ro 22 de mai-juin 1971[85] ne mentionne l'Internationale lettriste que comme l'une des composantes fondatrices de l'I.S., la rĂ©duisant par ailleurs paradoxalement Ă  une seule et Ă©phĂ©mĂšre pĂ©riode 1952-1954 (!).

Jusqu’à l’autodissolution de l’I.S. en 1972 et un peu au-delĂ , rien de neuf ne sera produit de nature Ă  faire Ă©merger de l’oubli l’existence et l’histoire de l’I.L. Mais, lentement, le travail de la mĂ©moire va commencer Ă  faire son Ɠuvre. Et notamment du cĂŽtĂ© de Guy Debord, son cofondateur et principal animateur, Ă  prĂ©sent dĂ©gagĂ© de toute responsabilitĂ© organisationnelle aprĂšs vingt ans Ă  la tĂȘte de l’I.L. puis de l’I.S., qui, dans le film autobiographique In girum imus nocte et consumimur igni qu’il rĂ©alise en mars 1978 et dont le scĂ©nario sera publiĂ© Ă  la fin de cette mĂȘme annĂ©e[86] le film n’étant distribuĂ© qu’en mai 1981, le parsĂšme, au milieu des siens Ă  diverses Ă©poques, de portraits de quelques compagnons de cette gĂ©nĂ©ration lĂ [n. 64] assortis d'un commentaire qui, pour ĂȘtre superbe, n’en apprend guĂšre sur ce qui a prĂ©cisĂ©ment Ă©tĂ© fait ensemble ni Ă  quel titre. Pour cela, la rĂ©Ă©dition de l’intĂ©grale des numĂ©ros de la revue Les LĂšvres Nues[n. 65] en 1978 avec des articles fondateurs de Debord et Wolman comme Introduction Ă  une critique de la gĂ©ographie urbaine, ThĂ©orie de la dĂ©rive, Position du Continent Contrescarpe, Mode d’emploi du dĂ©tournement et quelques contributions mineures signĂ©es Jacques Fillon, MichĂšle Bernstein et Mohamed Dahou, permet, malgrĂ© l’absence regrettĂ©e d’appareil critique d’accompagnement, de commencer d’apprĂ©cier l’importance du travail thĂ©orique qui a pu ĂȘtre menĂ© par cette Internationale Lettriste tellement mĂ©connue. Guy Debord le confirme d’ailleurs de maniĂšre plus explicite que dans son rĂ©cent film Ă  l’occasion d’une prĂ©face qu’il donne pour la quatriĂšme Ă©dition italienne de La SociĂ©tĂ© du Spectacle[87] en janvier 1979, malheureusement encore une fois sans nommer ces « quatre ou cinq personnes peu recommandables » qui, en 1952, se sont engagĂ©es dans l’offensive qui, Ă  partir de la recherche du dĂ©passement de l’art, devait conduire aux idĂ©es exposĂ©es dans son ouvrage de 1967.

Mais, fin 1985, c’est surtout la rĂ©Ă©dition presque simultanĂ©e de la collection complĂšte des bulletins Potlatch 1954-57 aux toutes nouvelles Ă©ditions Allia[n. 66] en septembre et par les Éditions GĂ©rard Lebovici[88] en novembre qui va reprĂ©senter un pas important dans ce que Debord qualifie, dans une lettre Ă  son Ă©ditrice Floriana Lebovici[n. 67], de « retour sur l’avant-garde du passĂ©, ignorĂ©e de tout le monde ». Quelque temps plus tard, en 1989, il appartiendra Ă  Jean-François Martos, fortement encouragĂ© par Guy Debord, d’aider plus encore au travail de dĂ©frichage de ce passĂ©, avec de nombreuses citations tirĂ©es de ces sources maintenant disponibles, dans son Histoire de l’Internationale situationniste[89].

Cependant, le vĂ©ritable Ă©vĂ©nement Ă©ditorial en 1989 marquant le dĂ©but d’une effective reconnaissance de l’Internationale lettriste dans l’histoire des avant-gardes de la fin du XXe siĂšcle, c’est la parution aux États-Unis, aux presses de l’UniversitĂ© d’Harvard, de Lipstick Traces[90], le curieux livre de Greil Marcus, essayiste et critique rock amĂ©ricain jusque lĂ  connu comme spĂ©cialiste de la pop culture amĂ©ricaine. Curieux et inattendu, l’ouvrage, sous-titrĂ© Une histoire secrĂšte du vingtiĂšme siĂšcle, l’est assurĂ©ment en ce que, dĂ©butant sur une rĂ©habilitation du mouvement punk Ă  partir de l’exemple des Sex Pistols, il Ă©tablit des filiations surprenantes mais stimulantes avec des mouvements artistiques d’avant-garde du XXe siĂšcle comme le dadaĂŻsme, le surrĂ©alisme, l’I.L. et l’I.S., voire des courants millĂ©naristes comme les Anabaptistes de Jean de Leyde. MalgrĂ© tout et bien que, ainsi que l’affirma Marcus, le livre ne se prĂ©tende pas ĂȘtre une histoire d'aucun des mouvements abordĂ©s, Ă©normĂ©ment documentĂ©, il n’en constitue pas moins, Ă  partir de nombreux entretiens avec certains des participants de l’époque encore vivants, le premier vĂ©ritable travail d’historien sur la pĂ©riode lettriste. Malheureusement pour le public français, sa traduction ne sera accessible qu’en 1998[91], mais Guy Debord aura accĂšs Ă  la version originale dont il qualifiera la recherche d’honnĂȘte, quoique d’interprĂ©tation restrictive, assurant nĂ©anmoins Ă  son auteur ĂȘtre en sympathie de conception[92].

En tout Ă©tat de cause, le travail de Marcus paraĂźt avoir agi comme un dĂ©clencheur. Ainsi, en mai 1996, dans le cadre des Nuits magnĂ©tiques de France Culture, Jean Daive consacre une sĂ©rie de quatre Ă©missions Ă  l'histoire de l'Internationale Situationniste dont le premier Ă©pisode est tout entier consacrĂ© Ă  l'I.L. Ă  partir principalement d'un long entretien accordĂ© par Jean-Michel Mension qui a Ă©tĂ© de cette aventure intellectuelle entre 1952 et l’hiver 53-54[93]. En 1998, au moment oĂč est publiĂ©e la traduction française du livre de Marcus, paraĂźt chez le mĂȘme Ă©diteur sous le titre La Tribu, le premier volume d’une collection intitulĂ©e Contributions Ă  l’histoire de l’Internationale situationniste, qui reprĂ©sente la version Ă©ditoriale dĂ©veloppĂ©e de ces entretiens avec Jean-Michel Mension, l'un des participants Ă  l’aventure situationniste et ses prodromes[n. 68]. TrĂšs richement documentĂ©s et illustrĂ©s grĂące notamment au fond iconographique d’Ed van der Elsken, comme les productions ultĂ©rieures du mĂȘme Ă©diteur, ces deux ouvrages vont fortement contribuer Ă  sortir de l’anonymat bon nombre des compagnons de ce groupe informel, ‘’oubliĂ©s de l’histoire’’, dont la “participation gĂ©nĂ©rale Ă  l’esprit moderne” comme l’a appelĂ©e Guy Debord[n. 69] a tenu lieu en ces temps d’art de vivre. Participe Ă©galement Ă  cette redĂ©couverte, Ă  la suite du tĂ©moignage Ă©logieux qu'en avait fait Jean-michel Mension dans La Tribu[94], la publication du rĂ©cit romancĂ© de Patrick Straram Les bouteilles se couchent , fortement inspirĂ© par Malcolm Lowry, et qu'on croyait dĂ©finitivement perdu mais dont les pages, dispersĂ©es au sein de son ouvrage Bass and Co's Imperial Stout, seront finalement exhumĂ©es par les Ă©ditions Allia en 2006.

AprĂšs cela, le temps des historiens classiques semble vĂ©ritablement venu. DĂšs 1998 avec le petit livre de Shigenobu Gonzalvez Guy Debord ou la beautĂ© du nĂ©gatif[95] et surtout Ă  partir de 1999 avec la parution de la biographie de Christophe Bourseiller Vie et mort de Guy Debord, 1931-1994[96], la pĂ©riode lettriste a, pour une large part, droit de citĂ©. À partir des annĂ©es 2000, cette rĂ©fĂ©rence Ă  l’I.L. est systĂ©matiquement et progressivement de plus en plus documentĂ©e Ă  l’occasion de chaque ouvrage consacrĂ© Ă  l’I.S. et/ou Ă  Guy Debord[n. 70].

ƒuvres cinĂ©matographiques

  • Gil J Wolman, L'Anticoncept (1951).
  • Guy-Ernest Debord, Hurlements en faveur de Sade (1952).
  • Jean-Louis Brau, La Barque de la vie courante, projet non abouti annoncĂ© sur le tract La Nuit du CinĂ©ma.
  • Serge Berna, Du lĂ©ger rire qu'il y a autour de la mort, projet non abouti annoncĂ© sur le tract La Nuit du CinĂ©ma.
  • Guy-Ernest Debord, assistĂ© de GaĂ«tan M. Langlais, La Belle Jeunesse, projet non abouti annoncĂ© en cours de tournage[97].
  • Gil J Wolman, Faut m'avoir ce mec, annoncĂ© en cours de tournage[97].
  • Gil J Wolman, Oraison funĂšbre, annoncĂ© en cours de tournage[97].
  • Bull D. Brau alias Jean-Louis Brau, La Citadelle, annoncĂ© en cours de tournage[97].
  • Gil J Wolman, La nuit n'est pas un endroit pour mourir, projet de film interdit[98].

RepĂšres bibliographiques

  • Collectif, Internationale lettriste, 4 numĂ©ros (Paris, novembre 1952 - juin 1954), in Documents relatifs Ă  la fondation de l'Internationale situationniste, 1948-1957, Ă©ditions Allia, Paris, 1985, (ISBN 2-904235-05-1)
  • Collectif, Visages de l'avant-garde, 1953, inĂ©dit. Jean-Paul Rocher Ă©diteur, Paris, 2010 ; nouvelle Ă©dition revue et augmentĂ©e, La Nerthe, Toulon, 2020, (ISBN 978-2-490774-05-0).
  • Collectif, Potlatch, "bulletin d'information de groupe français de l'Internationale lettriste" puis "bulletin d'information de l'Internationale lettriste", 29 numĂ©ros (Paris, 1954-1957) ; rĂ©Ă©d. augmentĂ©e avec une prĂ©sentation de Guy Debord, Éditions GĂ©rard Lebovici, Paris, 1985, (ISBN 2-85184-163-7) ; Édition Folio-Gallimard, Paris, 1996.
  • Collectif, Les LĂšvres nues, 12 numĂ©ros (Bruxelles, 1954-1958) ; rĂ©Ă©d. en fac-similĂ© des douze numĂ©ros, Paris, Éditions Plasma, 1978, (ISBN 2-901376-22-3) ; rĂ©Ă©dition Ă©ditions Allia, Paris, 1999.
  • Guy Debord, Le marquis de Sade a des yeux de fille, Librairie ArthĂšme Fayard, Paris, 2004 : fac-similĂ©s de lettres adressĂ©es au dĂ©but des annĂ©es cinquante par Guy Debord Ă  HervĂ© Falcou et Ivan Chtcheglov, responsable d'Ă©dition : Patrck Mosconi, (ISBN 2 213 62121 7)
  • Guy Debord, Les Environs de Fresnes, 1952-1953, in Guy Debord, Enregistrements magnĂ©tiques (1952-1961), Gallimard, Paris, 2010 (ISBN 978-2-07-012787-0)
  • Guy Debord, Histoire de l'Internationale lettriste, dĂ©cembre 1956, in Guy Debord, Enregistrements magnĂ©tiques (1952-1961), Gallimard, Paris, 2010, (ISBN 978-2-07-012787-0)
  • Guy Debord, Correspondance, vol. “0”, septembre 1951 - juillet 1957, Librairie ArthĂšme Fayard, Paris, 2010, (ISBN 978-2-213-65580-2)
  • Guy Debord, Lettres Ă  Gil J Wolman, Ă©dition privĂ©e hors commerce, 2017; nouvelle Ă©dition, 2020 (edition-privee-hors-commerce@mail.com).
  • Guy Debord/Patrick Straram, D'une rĂ©volution Ă  l'autre, Correspondance, suivi de Cahier pour un paysage Ă  inventer et autres textes, prĂ©sentation et Ă©dition critique par Sylvano Santini, les Presses de l'UniversitĂ© de MontrĂ©al, 2023.
  • Guy Debord, Lettres Ă  Marcel MariĂ«n, La Nerthe, Toulon, 2015, (ISBN 978-2-916862-60-6)
  • Guy Debord, MĂ©moires, ouvrage "entiĂšrement composĂ© d'Ă©lĂ©ments prĂ©fabriquĂ©s sur des structures portantes d'Asger Jorn", comprenant trois parties (juin 1952, dĂ©cembre 1952 et septembre 1953) qui se rĂ©fĂšrent Ă  la genĂšse et au dĂ©but de l'I.L., ; 1re Ă©dition par l'Internationale situationniste, Copenhague 1958 (indiquĂ© par erreur 1959) ; rĂ©Ă©dition Paris 1993, Jean-Jacques Pauvert, Aux Belles Lettres, prĂ©cĂ©dĂ© d'Attestations de Guy Debord d'octobre 1993 ; Ă©d. Allia, 2004, suivi de Origine des dĂ©tournements, (ISBN 2-84485-143-6)
  • Guy Debord, ƒuvres, Ă©dition Ă©tablie et annotĂ©e par Jean-Louis Rançon en collaboration avec Alice Debord, prĂ©face et introductions de Vincent Kaufmann, 1902 pages, Quarto Gallimard, Paris, 2006, (ISBN 2-07-077374-4)
  • Éliane Brau (Eliane PapaĂŻ, puis Eliane Mension), Le Situationnisme ou la Nouvelle Internationale, Nouvelles Ă©ditions Debresse, collection RĂ©volte no 3, Paris, 1968.
  • Jean-Louis Brau, Cours, camarade, le vieux monde est derriĂšre toi ! - Histoire du mouvement rĂ©volutionnaire Ă©tudiant en Europe, Albin Michel, Paris, 1968.
  • Jean-Louis Brau, Le Singe appliquĂ©, Grasset, Paris, 1972, rĂ©Ă©dition Le Dilettante, Paris, 2012, (ISBN 978-2-84263-706-4).
  • Ivan Chtcheglov, Écrits retrouvĂ©s, Ă©tablis et prĂ©sentĂ©s par Jean-Marie ApostolidĂšs & Boris DonnĂ©, Ă©d. Allia, Paris, 2006, (ISBN 2-84485-213-0)
  • Jean-Marie ApostolidĂšs & Boris DonnĂ©, Ivan Chtcheglov, profil perdu, Ă©d. Allia, Paris, 2006, (ISBN 2-84485-215-7)
  • Ed Van der Elsken, Love on the Left Bank, coĂ©dition 1956 par Bezige Bij, Amsterdam, Rowohlt Verlag, Hambourg et AndrĂ© Deutsch, Londres ; Ă©ditions fac-similĂ© par Dewi Lewis Publishing, Grand-Bretagne, 1999 et en français sous le titre Une histoire d'amour Ă  Saint-Germain-des-PrĂ©s par Aman Iman Publishing, Paris 2013, (ISBN 978-2-9533910-8-4)
  • Jean-Michel Mension, La Tribu, Ă©ditions Allia, Paris, 1998, 144 pages, (ISBN 2-911188-71-3), nouvelle Ă©dition, 2018, revue et augmentĂ©e, suivi de “De lettriste Ă  lĂ©gionnaire”, entretien avec Pierre-JoĂ«l BerlĂ© et de “Le Scandale de Notre-Dame”, 208 pages, (ISBN 979-10-304-0812-6)
  • Jean-Michel Mension (Alexis Violet), Le Temps gage, Ă©ditions NoĂ©sis, collection Moisson rouge, Paris, 2001, 416 pages, (ISBN 2-911606-72-8)
  • Patrick Straram, Les Bouteilles se couchent, Ă©d. Allia, Paris, 2006, (ISBN 2-84485-214-9)
  • Gil Joseph Wolman, DĂ©fense de mourir, Ă©dition Ă©tablie par GĂ©rard BerrĂ©by et Danielle Ohran, Ă©d. Allia, Paris, 2001, (ISBN 2-84485-063-4)
  • Collectif, Figures de la nĂ©gation - Avant-Gardes du dĂ©passement de l'art. Catalogue de l'exposition AprĂšs l'avant-garde (1945-2003), MusĂ©e d'Art Moderne Saint-Étienne MĂ©tropole. Dir. Yan Ciret, entretiens et articles : Anselm Jappe, Vincent Kaufmann, Boris DonnĂ©, Jacqueline de Jong, Raymond Hains, Jacques VilleglĂ©, Olivier Assayas, Marc Dachy, Ralph Rumney, FrĂ©dĂ©ric Acquaviva, Henri Lefebvre, Raoul Hausmann, Mirella Bandini, Nicole Brenez. Ed. Paris-MusĂ©es, Art-Of-This Century, MusĂ©e d'Art Moderne Saint-Étienne MĂ©tropole, Limites LTD. DĂ©pĂŽt lĂ©gal : second semestre 2004.
  • Collectif, Lettrisme et situationnisme, textes bilingues (français/italien) Sandro Ricaldone, Carlo Romano, Mirella Bandini, Yan Ciret, Bruno CorĂ . Edizioni Peccolo Livorno, 2006.
  • Frank Perrin, Debord, printemps, Louison Ă©ditions, collection Dissidents, octobre 2022, 203 p.

Notes et références

Notes

  1. Parmi les autres participants notables : Claude-Pierre Matricon, Ghislain Desnoyers de Marbaix, Jean Rullier, Marc-Gilbert Guillaumin alias Marc, O, Gabriel Pomerand, cf. Christophe Bourseiller, Vie et Mort de Guy Debord 1931-1994, Plon, 1999, pages 35-36 ; Jean-Michel Mension, La Tribu, Ă©ditions Allia, Paris, 1998, page 33
  2. Dans une lettre du 6 avril 1989 au biographe de F. Truffaut, Guy Debord indique que ce scandale, comme la tentative Ă  la mĂȘme Ă©poque (par l'ami d'Ivan Chtcheglov Henry de BĂ©arn) de dynamiter la tour Eiffel, a comptĂ© parmi les actes ayant amenĂ© Ă  la formation de l’IL (Guy Debord, Correspondance volume 7, Librairie ArthĂšme Fayard, Paris, 2008, page 79).
  3. DĂ©taillĂ©es au dĂ©but de la confĂ©rence Histoire de l’Internationale lettriste enregistrĂ©e le 6 dĂ©cembre 1956 in Guy Debord, Enregistrements magnĂ©tiques (1952-1961), Nrf Gallimard, Paris, 2010, page 41.
  4. Ce film consistant en une projection en alternance de ronds blancs et noirs rythmĂ©s sur ballon-sonde fera l’objet d’une dĂ©cision d’interdiction par la Commission de censure le 2 avril 1952. ScĂ©nario intĂ©gral et documents annexes, L'Anticoncept, Editions Allia, Paris, 1995 (ISBN 2-904235-86-8). Existe Ă©galement en VHS chez ce mĂȘme Ă©diteur.
  5. Á l’occasion de cette agitation d’opposition Ă  la tenue du Festival qui a donnĂ© lieu Ă  une dizaine d’arrestations, un tract Fini le cinĂ©ma français est diffusĂ© et de nombreuses affiches du festival placardĂ©es dans la ville sont recouvertes de slogans (« Le cinĂ©ma est mort »). Cf. Christophe Bourseiller, Vie et mort de Guy Debord, 1931-1994, Paris, Plon, 1999, page 51-52 ; Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, Paris, 2006, pages 44 et 59 ; Andrew Hussey, Guy Debord, 2001, traduction 2014, Paris, Globe, l’école des loisirs, pages 80-81.
  6. On en trouve le rĂ©cit dĂ©taillĂ© fait par Maurice Rajsfus dans Une enfance laĂŻque et rĂ©publicaine, Manya, 1992, repris dans Jean-Michel Mension, La Tribu, Éditions Allia, Paris, 1998, pages 97 Ă  100 (notes).
  7. C'est effectivement Ă  cette occasion que l’Internationale lettriste manifeste spectaculairement son existence pour la premiĂšre fois Ă  Paris le 29 octobre 1952, en attaquant au Ritz la confĂ©rence de presse tenue par Charlie Chaplin pour la promotion de son film Les Feux de la rampe (Limelight). Berna, Brau, Debord et Wolman y lancent un tract d'insulte (Finis les pieds plats !) traitant notamment Chaplin d'« escroc aux sentiments » et de « fasciste larvĂ© ». Seuls Jean-Louis Brau et Gil J Wolman purent pĂ©nĂ©trer dans la salle de la confĂ©rence de presse et y jeter les tracts. Guy Debord et Serge Berna furent arrĂȘtĂ©s par la police (qui les prenait pour des admirateurs) en essayant de s’introduire frauduleusement par les cuisines du Ritz. Isou, Pomerand et LemaĂźtre, refusant de cautionner cette action, publiĂšrent aussitĂŽt un dĂ©menti dans le journal Combat du 1er novembre 1952. L’ensemble de ces Ă©changes est relatĂ© dans la premiĂšre publication du groupe Internationale lettriste no 1 publiĂ©e dans le courant du mois de novembre avec le texte de Guy-Ernest Debord, Mort d’un commis voyageur.
  8. Selon le témoignage de Vali Meyers parmi cette faune se trouvaient « (...) des enfants déracinés venus de tous les coins d'Europe. Beaucoup n'avaient ni toit, ni parents, ni papiers. Pour les flics, leur statut légal, c'était celui de "vagabonds". C'est pourquoi ils finissaient tous par se retrouver à la Santé. On vivait dans la rue, les cafés, comme une bande de chiens bùtards. On avait notre hiérarchie, nos codes bien à nous. » cité dans Jean-Michel Mension, La Tribu, éditions Allia, Paris, 1998, page 29.
  9. RĂ©digĂ© le 19 fĂ©vrier 1953, il est signĂ© Sarah Abouaf, Serge Berna, P.-J. BerlĂ©, Jean-L. Brau, [RenĂ©] LeibĂ©, Mohamed Dahou (ou |Midhou Dahou), Guy-Ernest Debord, Linda [Fryde], Françoise Lejare, Jean-Michel Mension, Éliane PĂĄpaĂŻ, Gil J Wolman in Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, Paris 2006, page 95.
  10. La mention « groupe français » disparaĂźt au no 22 pour cause de cessation d’activitĂ© lettriste hors de France : cf. Potlatch 1954-57, rĂ©Ă©dition de l’ensemble des numĂ©ros, prĂ©cĂ©dĂ©e d’une prĂ©sentation de Guy Debord, novembre 1985, Ă©ditions GĂ©rard Lebovici, Paris, 1985
  11. Un numĂ©ro 30, nouvelle sĂ©rie no 1 se prĂ©sentant comme Informations intĂ©rieures de l’Internationale situationniste se trouve reproduit in Documents relatifs Ă  la fondation de l'Internationale situationniste, 1948-1957, Ă©ditions Allia, Paris, juillet 1985, mais pas dans la rĂ©Ă©dition Lebovici/Debord de novembre de la mĂȘme annĂ©e.
  12. Une douzaine d’articles des numĂ©ros 6 Ă  9 (septembre 1955-novembre 1956 dont ThĂ©orie de la dĂ©rive, Position du Continent Contrescarpe, Mode d’emploi du dĂ©tournement, in Les LĂšvres nues, 12 numĂ©ros (Bruxelles, 1954-1958) ; rĂ©-Ă©dition. en fac-similĂ© des douze numĂ©ros, Paris, Éditions Plasma, collection Table Rase, 1978, rĂ©Ă©dition Ă©ditions Allia, Paris, 1999.
  13. Outre les quatre membres fondateurs Berna, en prison Ă  l’époque, Brau, Debord et Wolman, sont signataires Sarah Abouaf, mineure recherchĂ©e par la police, P.J. BerlĂ©, (RenĂ©) LeibĂ©, Midhou (Mohamed) Dahou, Linda (Fryde), Françoise Lejare, Ă©pouse de J-L Brau et Eliane PapaĂŻ, petite amie de Debord Ă  l’époque (fĂ©vrier 1953).
  14. Potlatch no 13 et 15. Un tract de soutien du groupe français de l’IL du 26 novembre 1954 relate les suites mouvementĂ©es d’une confĂ©rence de ce groupe suisse le 5 novembre Ă  NeuchĂątel. Il n’en sera pas moins exclu le 7 dĂ©cembre suivant.
  15. Il est par ailleurs qualifié de « suspect de déviation vers la littérature » à la suite de sa participation à l'édition d'un manuscrit d'Antonin Artaud qu'il avait retrouvé dans un grenier (Potlatch no 2 , Á la porte et Histoire de l'Internationale lettriste in Guy Debord, Enregistrements magnétiques (1952-1961), nrf Gallimard, 2010, p. 42.).
  16. Pour « mĂ©diocritĂ© personnelle » (cf. le tract Faire-part, mars 1954 in Guy Debord, ƒuvres, page 123), Mension Ă©tant par ailleurs gratifiĂ© par Gil J. Wolman de « simplement dĂ©coratif » dans le numĂ©ro 2 de Potlatch, juin 1954, Á la porte.
  17. De son vrai nom Ivan Vladimirovitch Chtchegloff (1933-1998) qu’il orthographie Chtcheglov Ă  son adolescence. MĂȘme s’ils frĂ©quentaient dĂ©jĂ  ensemble le bistrot Chez Moineau, la vĂ©ritable rencontre entre Debord et Chtcheglov est attestĂ©e Ă  la mi-juin (13 ou 16 selon les sources) oĂč ils se dĂ©couvrent alors de nombreux points de convergence qu’ils vont dĂ©velopper durant l’étĂ©. Il invente alors le Continent Contrescarpe. Peintre par ailleurs, il a rĂ©alisĂ©, seul ou en compagnie de GaĂ«tan M. Langlais, de nombreuses MĂ©tagraphies influentielles, dont quelques-unes ont Ă©tĂ© montrĂ©es Ă  Paris, lors d'une exposition organisĂ©e par Gil J Wolman Ă  la galerie dite du Double Doute, passage MoliĂšre, du 11 juin au 7 juillet 1954.
  18. Rebaptisée par anticléricalisme radical Montagne GeneviÚve chez les lettristes-internationaux.
  19. DemeurĂ© inĂ©dit, une version du texte Ă©tablie par Guy-Ernest Debord parait en juin 1958 dans le premier numĂ©ro de la revue Internationale situationniste (pages 15 Ă  20). Une version complĂšte Ă  partir de plusieurs Ă©tats du texte est proposĂ©e dans l’ouvrage Ivan Chtcheglov, Écrits retrouvĂ©s Ă©tablis par Jean-Marie ApostolidĂšs & Boris DonnĂ©, Ă©ditions Allia, Paris, 2006. En complĂ©ment, en janvier 1954, Gilles Ivain Ă©crit une Introduction au Continent Contrescarpe (mĂȘme ouvrage pages 32-33).
  20. Durant son sĂ©jour, il publie dans Le Tremplin, bulletin des malades de Ville-Evrard, un Ă©loge de la construction des situations (inĂ©dit Ă  ce jour) que Guy Debord estimera avoir Ă©tĂ© la premiĂšre dĂ©claration « situationniste » imprimĂ©e (lettre Ă  Patrick Straram du 23 aoĂ»t 1960, Correspondance volume 1, Paris, Librairie ArthĂšme Fayard, 1999, page 377). P. Straram sera libĂ©rĂ© le 21 novembre 1953 (cf. projet de tract Faire-part, in Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, Paris 2006, page 122).
  21. Cf. le projet de tract Faire-part de mars 1954 reprenant par ordre successif les exclusions depuis le printemps de Berna, Mension, BerlĂ©, Brau, Langlais, in Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, 2006, page 123, projet de tract confirmant les termes de la lettre de Guy Debord Ă  Gil J Wolman du 8 fĂ©vrier 1954 « L'affaire Double Wagon totalement rĂ©glĂ©e .... - Mort. » in Lettres de Guy Debord Ă  Gil J Wolman" Ă©dition privĂ©e hors commerce, 2020, p. 38.
  22. Cf. projet de tract Faire-part de mars 1954 mentionnant qu’il y dirigerait un groupe de l’I.L. et qu’il prendra des contacts dans d’autres pays voisins avant de rentrer en France !, in Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, 2006, page 123
  23. Ces Métagraphies influentielles consistent en quelques collages réalisés en 1953-1954. La métagraphie est, à la base, un art créé par Isidore Isou en 1950 qui se base sur l'exploitation de tous les signes (alphabets, codes, idéogrammes
) de la communication. Les membres de l'I.L. ont repris ce terme à leur compte pour désigner les collages qu'ils réalisÚrent à partir d'éléments issus de journaux ou de magazines, revenant à une attitude proche de celle des dadaïstes Raoul Hausmann, Kurt Schwitters ou John Heartfield.
  24. Cette galerie, située entre le 83, rue Quincampoix et le 157, rue Saint-Martin, était en fait l'atelier de couture de la mÚre de Wolman, nous apprend l'édition privée hors commerce des Lettres à Gil J Wolman de Guy Debord, nouvelle édition 2020, page 62.
  25. Sans doute par dĂ©pit, cette rupture sera transformĂ©e en exclusion pour « mythomanie, dĂ©lire d’interprĂ©tation, manque de conscience rĂ©volutionnaire » dans le numĂ©ro 2 de Potlatch du 29 juin 1954 dans l’article de Gil J Wolman “Á la porte” reprenant les principales mises Ă  l’écart et leurs motifs depuis la crĂ©ation de l’I.L. en concluant “il est inutile de revenir sur les morts, le bloom s’en chargera”.
  26. cf. l'article « Le choix des moyens » signé de la rédaction dans le numéro 16 de Potlatch daté du 26 janvier 1955.
  27. Entre octobre 1954 et juillet 1957, Guy Debord adresse 59 lettres à Marcel Mariën reprises en intégralité dans Guy Debord, Lettres à Marcel Mariën, Editions de la Nerthe, Toulon, 2015.
  28. AndrĂ© Frankin est nĂ© le 16 juin 1925 Ă  LiĂšge oĂč il est mort le 28 mars 1990. J.-M. ApostolidĂšs en dresse un portrait dĂ©taillĂ© dans son Debord, Le Naufrageur, Paris, Flammarion, 2015, p. 153-155. Les articles signĂ©s Rankine sont parus dans les numĂ©ro 15, 17, 20 et 22 de Potlatch ; le dernier paru dans le numĂ©ro 28, comme ceux qui seront publiĂ©s par la revue de l’I.S., est signĂ© de son vrai nom.
  29. Asger Jorn, né Asger Oluf JÞrgensen (1914-1973), peintre danois cofondateur du mouvement CoBrA (1948) et de l'Internationale Situationniste (1957). En 1953, il avait créé le M.I.B.I. Mouvement international pour un Bauhaus imaginiste.
  30. Il contresigne Ă©galement pour l’Internationale lettriste, avec G.-E. Debord et Gil J Wolman, l’Ordre de boycott lancĂ© le 31 juillet 1956 contre le Festival de la CitĂ© Radieuse Ă  Marseille. Cf. Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris 2006, page 239.
  31. Guy Debord, Introduction Ă  une critique de la gĂ©ographie urbaine, Les LĂšvres nues no 6, septembre 1955, pages 11 Ă  15 ; ThĂ©orie de la dĂ©rive, Les LĂšvres nues no 9, novembre 1956, page 39 ; Mode d’emploi du dĂ©tournement (cosignĂ© Gil J Wolman), Les LĂšvres nues no 8, septembre 1955, pages 2 Ă  9 ; Jacques Fillon, Description raisonnĂ©e de Paris, Les LĂšvres nues no 7, dĂ©cembre 1955, page 39, ainsi que, dans ce mĂȘme numĂ©ro, pages 18 Ă  23, une version dĂ©finitive du scĂ©nario du film de Debord Hurlements en faveur de Sade, dont une premiĂšre version, provisoire, avait Ă©tĂ© donnĂ©e dans l’unique numĂ©ro de la revue Ion de Marc-Gilbert Guillaumin (Marc,O) en avril 1952.
  32. Ă  l'exception de Mohamed Dahou
  33. En fait, destinĂ© Ă  ĂȘtre diffusĂ© Ă  l’occasion d’une exposition du M.I.B.I. organisĂ©e Ă  Turin du 10 au 15 dĂ©cembre 1956 et dont Debord a rĂ©digĂ© le tract d’annonce, l’enregistrement du 6 dĂ©cembre ne sera pas exploitĂ©. Y participaient : MichĂšle Bernstein, Guy Debord, Jacques Fillon, Abdelhafid Khatib et Gil J Wolman ; la voix d’Asger Jorn s’y entend Ă  la toute fin. Cf. Guy Debord, Enregistrements magnĂ©tiques, Gallimard, Paris, 2010, pages 33 Ă  69, Cd 1 piste 2
  34. Potlatch no 28, 22 mai 1957, La retraite. En réponse à l'annonce de cette exclusion, Wolman répondra à Debord : « L'un n'exclut pas l'autre ».
  35. ReprĂ©sentĂ© par Ralph Rumney, ancien habituĂ© de Chez Moineau, qui en est l’unique membre, cette appellation ayant Ă©tĂ© crĂ©Ă©e dĂ©but 1957, « pour donner une apparence internationale au mouvement » Ă  l'occasion de la PremiĂšre exposition de psychogĂ©ographie Ă  la galerie Taptoe de Bruxelles : cf. Ralph Rumney, Le Consul, Allia, Paris, 1999, p. 43 et Piet de Groof, Le GĂ©nĂ©ral situationniste, Allia, Paris, 2007, P. 212-223.
  36. Ainsi, la premiĂšre confĂ©rence fondatrice d’Aubervilliers le 7 dĂ©cembre 1952 ne sera suivie d’aucune autre dont il aurait Ă©tĂ© rendu compte dans les expressions publiques de l’I.L. Tout au plus est-il fait Ă©tat, en mars 1954 dans le projet de tract Faire-part, d’un ComitĂ© directeur de l’I.L. qui semble ne s’ĂȘtre rĂ©uni que pour traiter de questions organisationnelles (cf. Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, 2006).
  37. Ce mot d’ordre inspirera des annĂ©es plus tard le nom du fameux night-club mancunien The Haçienda
  38. Debord parle “d’une participation gĂ©nĂ©rale Ă  l’esprit moderne”, lettre Ă  HervĂ© Falcou du 24 fĂ©vrier 1956, in Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, page 96.
  39. Dans sa derniĂšre lettre du 24 fĂ©vrier 1953 Ă  son ami HervĂ© Falcou, Guy Debord parle ainsi des signataires du Manifeste ouvrant le no 2 d’Internationale lettriste : “ Sur 12 (
), 2 sont en prison, 2 filles mineures sont recherchĂ©es, une autre en libertĂ© provisoire pour trafic de stupĂ©fiants, Brau et sa femme sont en voyage du cĂŽtĂ© d’Alger (
) tout le monde peut renier sa signature qui a Ă©tĂ© mise sans consultation prĂ©alable ». Cf. Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, page 96.
  40. il sera en outre rédacteur en chef du no 19 de Potlatch 32, rue de la Montagne-GeneviÚve (sic).
  41. Jean-Louis Brau sera le seul avec Wolman Ă  pĂ©nĂ©trer Ă  l'intĂ©rieur de l'hĂŽtel pour y jeter le tract de l'I.L. Fini les pieds plats, Debord et Berna qui tentaient de pĂ©nĂ©trer par les cuisines ayant Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s par la police.
  42. Il sera un temps détenteur du cachet de l'organisation qu'il égarera lors d'une intervention policiÚre agitée.
  43. Gil J Wolman, dernier survivant des trois autres membres fondateurs sera exclu au dĂ©but 1957, quelques mois avant la fondation de l’I.S..
  44. Si une preuve devait ĂȘtre fournie de cette importance, il suffit de se rĂ©fĂ©rer Ă  la proclamation, certes non exempte de cet humour distanciĂ© dont Ă©taient emprunts maints Ă©crits ou manifestations de l'I.L., figurant au paragraphe Philosophie du Panorama intelligent de l'avant-garde Ă  la fin de 1955 qui occupe l'intĂ©gralitĂ© du numĂ©ro 24 de Potlatch du 24 novembre 1955 : « ImbĂ©ciles, vous pouvez cesser de l'ĂȘtre Lisez Marx, lisez Dahou. » in Potlatch 1954-57, rĂ©Ă©dition de l’ensemble des numĂ©ros, prĂ©cĂ©dĂ©e d’une prĂ©sentation de Guy Debord, novembre 1985, Ă©ditions GĂ©rard Lebovici, Paris, 1985 (ISBN 2-85184-163-7).
  45. Anciennement El Asnam, rebaptisée sous l'occupation coloniale française et devenue Chlef depuis 1981
  46. D’oĂč le titre de Hadj dont hĂ©ritera son fils Mohamed en tant que fils ainĂ©
  47. Ce qui, pour la boxe, lui permettra d'asseoir sa rĂ©putation ultĂ©rieure d'homme de main de l'Internationale Lettriste, et pour le football, d’obtenir, grĂące Ă  ses rĂ©fĂ©rences au sein de ce qui deviendra l'emblĂ©matique club de l'ASO (Association Sportive d'OrlĂ©ansville), Ă  s’employer plus facilement dans les usines parisiennes Ă  la recherche de talents pour leurs Ă©quipes corporatives.
  48. cf. lettre Ă  Marcel MariĂ«n du 18 juillet 1956 (oĂč il apparaĂźt d’ailleurs sous le nom d’Ibrahim Dahou), in Guy Debord, Correspondance volume « 0 », Librairie ArthĂšme Fayard, Paris, 2010, page 110, ou l'Ă©pisode trĂšs animĂ© du 13 juillet 1955 au cafĂ© Bonaparte Ă  Saint-Germain-des-PrĂ©s avec Pierre Liardon (de l'Ă©phĂ©mĂšre Groupe suisse de l'I.L.) relatĂ© dans le numĂ©ro 22 des vacances de Potlatch du 9 septembre 1955 : Le rouleur et le commissaire.
  49. cf. Potlatch n° 4, 13 juillet 1954, une enquĂȘte de l'internationale Lettriste. Le cinquiĂšme numĂ©ro de la revue annoncĂ© pour janvier 1955 dans le n° 12 de Potlatch ne verra, semble-t-il, jamais le jour.
  50. notamment, signĂ©s de son seul nom : Nouvelle affectation, Potlatch n° 1, 22 juin 1954 ; Notes pour un appel Ă  l’Orient, Potlatch n° 6, 27 juillet 1954; La premiĂšre pierre qui s’en va? Potlatch n° 26, 7 mai 1956.
  51. Á l'occasion de la réédition anniversaire en 2018 de l'ouvrage de Jean-Michel Mension La Tribu, paru initialement en 1998, les éditions Allia y intÚgrent un complément d'une trentaine de pages, De lettriste à légionnaire reprenant des entretiens menés en décembre 2014 avec Pierre-Joël Berlé. Il y retrace maints témoignages et anecdotes, pas toujours précisément datés, qui permettent de compléter le récit de Jean-Michel Mension en offrant une représentation vivante de cette époque. Une grande partie des éléments de la présente notule est tirée de la retranscription de ces propos.
  52. Orthographe du nom attestée par deux courriers des 19 février 53 et 22 mars 1954 in Guy Debord, Lettres à Gil J Wolman, édition privée hors commerce, nouvelle édition 2020, p. 19 et 44.
  53. Jean-Michel Mension, La Tribu, Ă©d. Allia, Paris, 1998, p. 111 qui le qualifie en outre de « crĂ©tin » page 52 du mĂȘme ouvrage.
  54. Adhésion attestée par courrier de Debord à Wolman du 6 mai 1954 : « Conord a fait sa soumission et semble devoir faire un bon lettriste ? », Lettres de Guy Debord à Gil J Wolman, édition privée hors commerce, 2020, p. 49.
  55. CitĂ© par Debord parmi les « belles tĂȘtes de voyous qui l'ont continuellement entourĂ© » dans le film tĂ©lĂ©visĂ© rĂ©alisĂ© avec Brigitte Cornand Guy Debord, son Art et son temps. Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, Paris 2006, pages 1871 & 1876.
  56. Guy Debord, Le marquis de Sade a des yeux de fille
, Paris, Ă©d. Fayard, 2004, p. 126 et Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, page 97 ; texte complet de la fiche : « les pages de l'I.L. mises bout Ă  bout couvriraient une avenue de 1.080 millimĂštres de large et 17.840.000 millimĂštres de long, c'est-Ă -dire la distance (sic) du quai de Conti au PanthĂ©on ».
  57. « Le poĂšte cesse d'Ă©crire pour des hommes et s'adresse aujourd'hui Ă  l'humanitĂ© entiĂšre (le mĂ©tĂšque ISOU, plus grand poĂšte français...) et pose la premiĂšre pierre de l'INTERNATIONALE LETTRISTE. », in Ur, Cahiers pour un dictat culturel, 1950, p. 8, citĂ© dans Éric Brun, Les Situationnistes, une avant-garde totale, CNRS Éditions, Paris, 2014, p. 84. (ISBN 978-2-271-07511-6)
  58. cf. le rĂ©cit dĂ©taillĂ© dans l'article de La Bourgogne RĂ©publicaine du 30 novembre 1953, p. 3 : « Sous les yeux de son amant, Un ancien mannequin de chez Dior se suicide en se jetant par la fenĂȘtre » consultable sur Retronews, le site de presse de la BnF : https://www.retronews.fr/journal/la-bourgogne-republicaine/30-novembre-1953/1681/4038553/3.
  59. CitĂ© par Debord dans PanĂ©gyrique Tome second et dans le film tĂ©lĂ©visĂ© rĂ©alisĂ© avec Brigitte Cornand Guy Debord, son Art et son temps, Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, Paris 2006, pages 1711, 1871 & 1876.
  60. Au printemps 1966, quelques Ă©tudiants strasbourgeois, proches des situationnistes locaux alors regroupĂ©s autour de Mustapha Khayati, s’emparent, au dĂ©triment de l’UNEF locale en pleine dĂ©liquescence, de l’Association fĂ©dĂ©rative gĂ©nĂ©rale des Ă©tudiants strasbourgeois (AFGES) et dĂ©clarent mettre les moyens dont ils disposent au service de l’I.S dont ils se disent solidaires des analyses et perspectives. Celle-ci en profite pour faire Ă©diter par le bureau de l’AFGES une brochure scandaleuse, rĂ©digĂ©e principalement par Khayati, dont le titre rĂ©sume Ă  lui seul le sujet : De la misĂšre en milieu Ă©tudiant considĂ©rĂ©e sous ses aspects Ă©conomique, psychologique, politique, sexuel et notamment intellectuel, et de quelques moyens pour y remĂ©dier. DiffusĂ©e lors de la rentrĂ©e universitaire et vite traduite dans plusieurs langues, son retentissement planĂ©taire va largement contribuer Ă  faire sortir l’I.S. de son relatif anonymat. (Cf. notamment Christophe Bourseiller, Vie et Mort de Guy Debord 1931-1994, Plon, 1999, pages 219 Ă  230 et Pascal Dumontier, Les situationnistes et mai 68 - ThĂ©orie et pratique de la rĂ©volution 1966-1972, Paris, Editions GĂ©rard Lebovici, pages 80-97, (ISBN 2-85184-226-9).
  61. Moins d'une dizaine de citations au total, dont celles qui reconnaissent le plus explicitement le rÎle historique de l'I.L. sont dues à la section hollandaise et son membre le plus éminent Constant : cf. Internationale Situationniste n°1, juin 1958, pages 20 et 27, n°2, décembre 1958, pages 12, 26 et 24 et n° 3, décembre 1959, pages 17, 25-26 et 29 in Internationale Situationniste 1958-69, réimpression des douze numéros dans le format original de la revue par Van Gennep, Amsterdam, en 1970 puis Champ-Libre, Paris en 1975 et ArthÚme Fayard en 1997.
  62. Éliane Brau, Le situationnisme ou la nouvelle Internationale, collection RĂ©volte n° 3, Nouvelles Ă©ditions Debresse, Paris, dĂ©cembre 1968. Si le chapitre III, Les origines de l’I.S. fait bien rĂ©fĂ©rence au lettrisme en gĂ©nĂ©ral, l’I.L. n’est elle Ă©voquĂ©e que sur six pages (73-78) dont l’essentiel consiste en la reproduction d’extraits d’un article d’Internationale Lettriste n° 3 et de celui de MichĂšle Bernstein dans le n° 1 d’Internationale Situationniste. La principale nouveautĂ© de l’ouvrage rĂ©side de fait dans son petit portfolio central qui permet, grĂące Ă  une demi-douzaine de clichĂ©s assez mal reproduits provenant du fond d’Ed van der Elsken, de dĂ©couvrir quelques-uns des protagonistes de l’époque de chez Moineau.
  63. Jean-Louis Brau, Cours, camarade, le vieux monde est derriĂšre toi ! – Histoire du mouvement rĂ©volutionnaire Ă©tudiant en Europe, Éditions Albin Michel, Paris, octobre 1968. Dans le chapitre consacrĂ© au rĂŽle des avant-gardes, quatre pages (63 Ă  67) se rĂ©fĂšrent Ă  l’I.L. et citent des Ă©lĂ©ments et noms jusqu’ici inconnus du grand public dont le scandale du Ritz contre Chaplin, la ConfĂ©rence d’Aubervilliers, le Formulaire pour un urbanisme nouveau de Gilles Ivain, la revue Potlatch, 

  64. Gil J Wolman, Robert Fonta, Ghislain de Marbaix, Éliane PapĂĄĂŻ, Ivan Chtcheglov dont les noms sont rĂ©vĂ©lĂ©s par la lecture du scĂ©nario.
  65. Les LÚvres Nues, collection complÚte (1954-1958), Editions Plasma, Paris, 1978, collection Table Rase dirigée par Roger Langlais, frÚre cadet de Gaétan M., qui malheureusement refuse à Marcel Mariën la préface dont il souhaitait accompagner cette réédition vingt ans aprÚs.
  66. in Documents relatifs Ă  la fondation de l’Internationale situationniste 1948-1957, Paris, septembre 1985. L’ouvrage intĂšgre Ă©galement la reproduction de la revue de la premiĂšre pĂ©riode de l’I.L., Internationale lettriste dont les quatre publications sont parues de novembre 1952 Ă  juin 1954 sous des prĂ©sentations et formats chaque fois diffĂ©rents des autres.
  67. Guy Debord, Correspondance – volume VI – janvier 1979-dĂ©cembre 1987, Librairie ArthĂšme Fayard, 2006, p. 325-328. Conscient que cette ignorance du passĂ© peut nuire Ă  la comprĂ©hension d’un lecteur actuel, Debord propose que soient exceptionnellement mentionnĂ©s sur le rabat de couverture de cette rĂ©Ă©dition de Potlatch les diffĂ©rents ouvrages de l’I.S. ou de lui-mĂȘme disponibles chez le mĂȘme Ă©diteur Champ Libre/Éditions GĂ©rard Lebovici, pour bien signifier la filiation avec l’I.L.
  68. Jean-Michel Mension, La Tribu, entretiens avec GĂ©rard BerrĂ©by & Francesco Milo, Éditions Allia, Paris, 1998. Suivra dans cette mĂȘme collection : Ralph Rumney, Le Consul, 1999. Les ouvrages avec Piet de Groof, Le gĂ©nĂ©ral situationniste, 2007 et Raoul Vaneigem, Rien n’est fini, tout commence, 2014, bien qu’établis selon le mĂȘme principe et le mĂȘme type de prĂ©sentation, ne font toutefois plus rĂ©fĂ©rence Ă  cette collection.
  69. cf. derniĂšre lettre Ă  HervĂ© Falcou du 24 fĂ©vrier 1953, reproduite en fac-similĂ© dans Le marquis de Sade a des yeux de fille, Librairie ArthĂšme Fayard, Paris, 2004, repris dans Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, Paris, 2006, p. 96.
  70. Parmi eux : Laurent Chollet (avec Armelle Leroy), L’insurrection situationniste, Éditions Dagorno, Paris, 2000, (ISBN 2-910019-59-4) ; Vincent Kaufmann, Guy Debord, La rĂ©volution au service de la poĂ©sie, Librairie ArthĂšme Fayard, Paris, 2001, (ISBN 2-213-61059-2) ; Laurent Chollet, Les situationnistes, l’Utopie incarnĂ©e, DĂ©couvertes Gallimard, Paris, 2004, (ISBN 2-07-030153-2) ; Éric Brun, Les situationnistes, une avant-garde totale (1950-1972), CNRS Éditions, Paris, 2014, (ISBN 978-2-271-07511-6) ; Jean-Marie ApostolidĂšs, Debord, Le naufrageur, Flammarion, collection Grandes Biographies, Paris, 2015, (ISBN 978-2-0813-1394-1) ; et le premier ouvrage mentionnant Internationale Lettriste sur sa couverture : Visages de l’Avant-garde, publiĂ© initialement en 2010 chez Jean-Paul Rocher et ressorti en 2020 dans une nouvelle Ă©dition revue et augmentĂ©e par Jean-Louis Rançon chez La Nerthe, Toulon, (ISBN 978-2-490774-05-0). À cette liste d’ouvrages, il faut ajouter une publication qui, en dĂ©pit de l’absence regrettĂ©e de travail Ă©ditorial a beaucoup contribuĂ© Ă  la comprĂ©hension de la formation des premiers concepts situationnistes en 1953-54 grĂące Ă  l’apport dĂ©terminant de d’Ivan Chtcheglov : Guy Debord, Le marquis de Sade a des yeux de fille, reprise en fac-similĂ© de lettres Ă  HervĂ© Falcou 1950-1953 suivi de lettres Ă  Ivan Chtcheglov dit Gilles Ivain, 2e semestre 1953, Librairie ArthĂšme Fayard, Paris, 2004, (ISBN 2-213-62121-7)

Références

  1. Potlatch no 6, juillet 1954, Le Bruit et la Fureur
  2. cf. Guy Debord, Enregistrements magnétiques (1952-1961) , Nrf Gallimard, Paris, 2010, p. 16 et Potlatch n° 21, page 150 de l'édition Gérard Lebovici.
  3. cf. Jean-Paul Curtay, La poĂ©sie lettriste, Éditions SĂ©ghers, Paris, 1974, page 104.
  4. Guy Debord, Enregistrements magnétiques, Histoire de l'Internationale lettriste (1956), Nrf Gallimard, Paris, 2010, page 42.
  5. Guy Debord, Correspondance volume « 0 », Librairie ArthÚme Fayard, Paris 2010, page 17.
  6. Jean-Michel Mension, La Tribu, Ă©ditions Allia, Paris, 1998, pages 62-63
  7. Internationale Situationniste no 2, page 12 et Éliane Brau, Le situationnisme ou le Nouvelle Internationale, Nouvelles Ă©ditions Debresse, Paris, 1968, p. 118.
  8. Internationale Situationniste no 8, page 42
  9. Documents relatifs Ă  la fondation de l'Internationale situationniste, 1948-1957, Ă©ditions Allia, Paris, 1985, page 154.
  10. Internationale lettriste no 3 in Documents relatifs Ă  la fondation de l'Internationale situationniste, 1948-1957, Ă©ditions Allia, Paris, 1985, pages 156-157 ; Potlatch no 12 et 13, idem pages 184 et 186.
  11. Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, Paris 2006, pages 103-112.
  12. Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, Paris 2006, pages 119-121.
  13. Potlatch no 9-10-11, Nos lecteurs auront rectifiĂ© d’eux-mĂȘmes

  14. Potlatch no 27 du 2 novembre 1956, La plate-forme d'Alba
  15. Potlatch no 23 du 13 octobre 1955, vite fait
  16. Potlatch no 23, Intervention lettriste.
  17. Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris 2006, pages 239 à 241.
  18. Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris 2006, pages 242 à 250.
  19. in In girum imus nocte et consumimur igni, long mĂ©trage 1978, scenario publiĂ© dans Guy Debord, ƒuvres cinĂ©matographiques complĂštes, 1952 – 1978, Éditions Champ Libre, Paris, 1978, p. 247, repris dans Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, 2006, p.1378.
  20. Internationale situationniste no 1, juin 1958, p. 13.
  21. cf. Guy Debord, Introduction à une critique de la géographie urbaine in Les LÚvres nues, no 6, septembre 1955, p. 11-15 de la réédition complÚte de la collection chez Plasma, Paris, 1978.
  22. Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, Paris, 2006, p. 105-112.
  23. Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, Paris, 2006, p. 204-208.
  24. Potlatch, no 23, octobre 1955, Projet d’embellissements rationnels de la Ville de Paris.
  25. Guy Debord, ƒuvres, Quarto Gallimard, Paris, 2006, p. 221-229.
  26. Jean-Michel Mension, La Tribu, Ă©d. Allia, Paris, 1998, p. 61-62.
  27. Christophe Bourseiller, Vie et mort de Guy Debord, 1931-1994, Ă©d. Plon, Paris, 1999
  28. Cf; projet de tract Faire-Part du 10 mars 1954 in Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, page 123
  29. cf. Jean-Michel Mension, La Tribu, éditions Allia, Paris, réédition 2018, page 38 (ISBN 979-10-304-0812-6).
  30. Christophe Bourseiller, Vie et Mort de Guy Debord 1931-1994, Plon, 1999, pages 72, 82 (ISBN 2-259-18797-8).
  31. in Documents relatifs Ă  la fondation de l'Internationale situationniste, 1948-1957, Ă©ditions Allia, Paris, 1985, pages 156-157
  32. Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, page 96
  33. Jean-Michel Mension, La Tribu, Ă©d. Allia, Paris, 1998, p. 116.
  34. cf. fiche Insse des décÚs depuis 1970 : https://arbre.app/insee#s=BERLE&n=Pierre&e=b&y=1934&o=a
  35. Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, page 98
  36. Potlatch no 12, La jeunesses pourrie
  37. Jean-Michel Mension, La Tribu, Ă©d. Allia, Paris, 1998, p. 227-228
  38. Jean-Michel Mension, La Tribu, Ă©d. Allia, Paris, 1998, p. 134
  39. Jean-Michel Mension, La Tribu, Ă©d. Allia, Paris, 1998, p. 72
  40. Jean-Michel Mension, La Tribu, Ă©d. Allia, Paris, 1998, p. 111
  41. Christophe Bourseiller, Vie et Mort de Guy Debord 1931-1994, Plon, 1999, page 68
  42. Guy Debord, Lettres à Gil J Wolman, édition privée hors commerce, nouvelle édition 2020, p. 35
  43. Jean-Marie ApostolidĂšs, Debord, Le naufrageur, Flammarion, 2015, page 107
  44. Love on the Left Bank publiĂ© en français en 2013 sous le titre Une histoire d’amour Ă  Saint-Germain-des-PrĂ©s
  45. cf. Internationale Lettriste n° 3 in Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, page 99.
  46. cf Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, page 122-123.
  47. Guy Debord, Correspondance vol 1, ArthĂšme Fayard 1999, page 219 et 379 et Correspondance vol 2, 2001, page 248
  48. Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, pages 1376-1377 et 1778-1779.
  49. Orthographe officielle du nom de famille, Chtcheglov Ă©tant la graphie russe adoptĂ©e par Ivan adulte. Cf. Jean-Marie ApostolidĂšs & Boris DonnĂ©, Ivan Chtcheglov, Profil perdu, Éditions Allia, 2006, p. 13
  50. cf. L'Humanité du 20 mai 1950 et pour l'ensemble de l'affaire, la nouvelle édition revue et augmentée par Jean-Louis Rançon de Visages de l'avant-garde, La Nerthe, Toulon, 2020, p.48-51.
  51. Vincent Kaufmann, Guy Debord, la révolution au service de la poésie, Librairie ArthÚme Fayard, collection Histoire de la pensée, Paris, 2001, p. 77, (ISBN 2-213-61059-2)
  52. Guy Debord, Correspondance, vol. «0», p. 43
  53. Cf. l'article de Jacques Fillon Tout ordre neuf ouvrant le n° 17 de Potlatch du 24 février 1955.
  54. Lettres de Guy Debord à Gil J Wolman, édition privée hors commerce, 2020, p. 49
  55. Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, pages 120-121
  56. cf. cliché p. 19 du catalogue Guy Debord, un Art de la guerre, coédition BnF/Gallimard, 2013
  57. Potlatch no 28 du 22 mai 1957, article la retraite
  58. Jean-Maris ApostolidĂšs, Debord, le naufrageur, Ă©d. Flammarion, Paris, 2015, p. 520 - note 35
  59. Jean-Maris ApostolidĂšs, Debord, le naufrageur, Ă©d. Flammarion, Paris, 2015, p. 75
  60. Guy Debord, Lettres à Gil J Wolman 1952-1956, édition privée hors commerce, 2020, p. 53 - edition-privee-hors-commerce@mail.com
  61. Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, page 170
  62. cf. Potlatch no 22, le rouleur et le commissaire
  63. cf. J.-M. ApostolidĂšs, Debord. Le Naufrageur, Paris, Flammarion, 2015, p. 152-155.
  64. cf. la plate-forme d’Alba reprise dans le numĂ©ro 27 de Potlatch, in Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, 2006, p. 250.
  65. in Enregistrements magnétiques (1952-1961), nrf Gallimard, Paris, 2010, p. 33 à 69, Cd no 1, plage 2 45'51"
  66. Cf. Internationale situationniste no 9, août 1964, p. 38-40
  67. cf. la lettre Ă  HervĂ© Falcou du 24 fĂ©vrier 1953, in Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, page 96-97.
  68. cf. Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, page 97
  69. « Fichier des décÚs de l'INSEE », sur arbre.app (consulté le ).
  70. Guy Debord, Le marquis de Sade a des yeux de fille, Librairie ArthĂšme Fayard,
  71. « Fichier des décÚs de l'INSEE », sur arbre.app (consulté le ).
  72. Christophe Bourseiller, Vie et mort de Guy Debord, 1931-1994, Paris, Ă©d. Plon, 1999, p. 36
  73. Jean-Maris ApostolidĂšs, Debord, le Naufrageur, Paris, Flammarion, 2015, p. 110
  74. cf. Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, page 127
  75. J-M. ApostolidÚs & B. Donné, Ivan Chtcheglov, profil perdu, Allia, 2006, p. 79
  76. Nrf Gallimard, 2007.
  77. Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, 2006, p. 1370.
  78. Listes des auditeurs inscrits pendant l'année scolaire 1951-1952, sur Persée.
  79. Avis de décÚs, sur Libramemoria.com.
  80. Jean-Michel Mension, La Tribu, Allia, 2018, pp. 101-104, 114.
  81. Internationale situationniste n° 1, juin 1958, page 20.
  82. cf. les attestations d’octobre 1993 jointes par lui Ă  la premiĂšre Ă©dition publique rĂ©alisĂ©e par Jean-Jacques Pauvert pour les Ă©ditions des Belles Lettres sortie fin 1993, rĂ©Ă©dition Allia, 2004, suivi de Origine des dĂ©tournements (ISBN 2-84485-143-6) .
  83. Richard Gombin, Les origines du gauchisme, Éditions du Seuil, collection Politique, Paris, 1971, chapitre 3. La critique de la vie quotidienne.
  84. Michel Lancelot, Le Jeune Lion dort avec ses dents
 - GĂ©nies et faussaires de la Contre-Culture, Albin Michel, Paris, 1974, chapitre 9. Du lettrisme aux situationnistes (1946-1974).
  85. Pierre Hahn, Les situationnistes, le nouveau PlanÚte, numéro 22, mai-juin 1971, p. 80 à 99.
  86. Guy Debord, ƒuvres cinĂ©matographiques complĂštes – 1952-1978, Éditions Champ Libre, Paris, 1978, (ISBN 2-85-184-098-3).
  87. Guy Debord, PrĂ©face Ă  la quatriĂšme Ă©dition italienne de La SociĂ©tĂ© du Spectacle, Éditions Champ Libre, Paris, 1979, p. 19-20, repris dans ƒuvres, Quarto Gallimard, Paris, 2006, p. 1464-1465.
  88. Potlatch 1954-57, Éditions GĂ©rard Lebovici, Paris, 1985, prĂ©cĂ©dĂ© d’une note de prĂ©sentation de Guy Debord de novembre 1985.
  89. Jean-François Martos, Histoire de l’Internationale situationniste, Éditions GĂ©rard Lebovici, Paris, 1989, chapitre 1 Ab origine 1952-1957 (ISBN 2-85184-217X).
  90. Greil Marcus, Lipstick Traces, A Secret History of the 20th Century, Harvard University Press, 1989, 496 pages, (ISBN 0-674-53580-4).
  91. Greil Marcus, Lipstick traces : Une histoire secrĂšte du vingtiĂšme siĂšcle, Éditions Allia, Paris, 1998 et 2018 (Ă©dition anniversaire revue et augmentĂ©e), 560 pages, (ISBN 979-10-304-0860-7) ; Ă©dition de poche : Folio Actuel Gallimard n°80, aoĂ»t 2000, 680 pages, (ISBN 9782070410774).
  92. Guy Debord, Correspondance – volume VII – janvier 1988-novembre 1994, Librairie Arthùme Fayard, 2008, p. 99, 457 et 107.
  93. France Culture, Nuits Magnétiques (1996) 1/4 : https://www.youtube.com/watch?v=k1nVJDqEF4Q
  94. Jean-Michel Mension, La Tribu, Ă©ditions Allia, Paris, 1998, page 61.
  95. Shigenobu Gonzalvez, Guy Debord ou la beautĂ© du nĂ©gatif, Éditions Mille et une nuits, collection Les Petits Libres n° 22, Paris, 1998, (ISBN 2-84205-319-2)
  96. Christophe Bourseiller, Vie et mort de Guy Debord, 1931-1994, Plon, Paris, 1999, (ISBN 2-259-18797-8)
  97. cf. Internationale lettriste, no 3, , allez-y voir vous-mĂȘmes
  98. Guy Debord, ƒuvres, Gallimard Quarto, Paris, 2006, p. 122, projet de tract Faire-part du 10 mars 1954

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