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Histoire du Mississippi

L'Histoire du Mississippi, État regroupant les terres sur la partie sud de la rive est du fleuve Mississippi est dans un premier temps trĂšs dĂ©pendante de celle de Louisiane et des terres de l'actuel État de l'Alabama sur lesquelles a Ă©tĂ© implantĂ©e la capitale de cet ensemble appartenant alors Ă  la France, Fort Louis de la Mobile, de 1701 Ă  1723.

Les premiers habitants amérindiens

Carte des rĂ©gions amĂ©rindiennes explorĂ©es un peu avant 1700 par LeMoyne d'Iberville. Les tirets rouges reprĂ©sentent les limites des États actuels. Biloxi est sur la face maritime de l'actuel, Mississippi, Ă  l'est de la Louisiane et Ă  l'ouest de l'Alabama.

L'est du fleuve Mississippi Ă©tait le pays des indiens Tunica-Biloxi, qui formaient une Nation constituĂ©e de deux principales tribus, les Tunica et les Biloxi. Nombre d'entre eux descendent des tribus Yazoo (Tunica), Ofogoulas, Sioux, Avoyelles (Natchez) et Muskogean (Choctaw). La langue biloxi fait partie des langues siouanes. La majoritĂ© d'entre eux sont toujours bilingues et parlent l'anglais et encore le français. C'est aussi la rĂ©gion des Chickasaws. Les Chactas de langues Muskogees deviendront cĂ©lĂšbres par leur chef Pushmataha, lors de la guerre de 1812, au cours de laquelle il s'allie, avec son ami d’origine française Louis LeFleur, aux États-Unis.

La civilisation du Mississippi s'Ă©panouit au VIIIe siĂšcle avec d’importantes populations rurales dans des villages permanents (environ 200 habitants au kilomĂštre carrĂ©). Elle rĂ©ussit l’introduction de plants de maĂŻs plus productifs (pouvant mĂ»rir en 120 jours hors-gel au lieu de 200), et cultive aussi le noisetier, le tournesol, les haricots et les courges. Cette sociĂ©tĂ© comportait aussi des villes entourĂ©es de palissades, oĂč s’alignaient des maisons longues aux murs en rondins enduits de torchis et aux toits de chaume, dominĂ©es par de grands tertres rectangulaires Ă  sommet plat, surmontĂ©s de temples et de mausolĂ©es pour les hautes classes.

Les explorateurs venus d'Europe

Parcours de l'expédition de 1539-1543.

L'explorateur espagnol Hernando de Soto passe dans la partie nord-est de l'État en 1540, lors de sa seconde expĂ©dition au Nouveau-Monde. Au cours de l'annĂ©e 1541, en repartant vers le nord, l’expĂ©dition rencontre la tribu Chickasaw. De Soto leur demande 200 hommes comme porteurs. Ils refusent et, le [1], ils attaquent le camp espagnol pendant la nuit. Les Espagnols y perdent onze hommes, quinze chevaux[1] et la plus grande partie de leur Ă©quipement.

Le , de Soto dĂ©couvre une riviĂšre large d’une demi-lieue[2], boueuse, dont le courant violent entraĂźne continuellement des troncs d’arbres, mais aussi trĂšs poissonneuse, pleine d’espĂšces inconnues en Espagne: c'est le Mississippi. Ses berges sont peuplĂ©es d’indigĂšnes hostiles et il consacre un mois Ă  la fabrication de quatre barges pour traverser le Mississippi et continuer sa route en direction de l’ouest vers l'actuel État de l’Arkansas

En 1682, le Français Cavelier de La Salle et l'Italien Henri de Tonti, dans leur exploration commune du Mississippi, scellent des alliances avec les Amérindiens Quapaws. Ils découvrent une société amérindienne matriarcale régie par un chef qui contrÎle quatre classes sociales bien définies.

L'arrivée des Français au début du XVIIIe siÚcle

Parti de France en , Pierre Le Moyne d'Iberville cherche Ă  trouver l'embouchure du Mississippi. Son expĂ©dition dĂ©barque dans la baie sablonneuse de la future colonie de Biloxi en , oĂč il laisse une garnison de 81 hommes, sur un site portuaire jugĂ© mĂ©diocre. Lors d'un second voyage en 1700, il fait bĂątir un Fort Maurepas en remontant de 60 kilomĂštres sur le fleuve Mississippi, mais lĂ  encore de nombreux bancs de sable empĂȘchent d'en faire un vĂ©ritable port. Insatisfait de ces deux sites, il lance une expĂ©dition canadienne conduite par Charles Levasseur explorer en 1701 la rĂ©gion de la baie de Mobile, Ă  120 kilomĂštres Ă  l'Est de Biloxi.

Le , Louis XIV crĂ©e la Compagnie de la Louisiane, par lettres patentes, accordant pour 15 ans le monopole de son exploitation au financier Antoine Crozat, mais le dĂ©cĂšs de Louis XIV trois ans plus tard le prive d'un soutien majeur. Il doit verser en 1716 une taxe de 6 600 000 livres, selon le Journal de l'avocat Barbier ()[3]. Pour payer, il revend la Louisiane au banquier Ă©cossais John Law, qui obtient le la rĂ©trocession des privilĂšges de la Compagnie de la Louisiane.

L'immigration organisée par John Law

Image du camp de John Law Ă  Biloxi en .

À partir de 1717, John Law cherche Ă  recruter des agriculteurs et artisans. Il fait imprimer des brochures publicitaires[4] en Alsace, dans le Wurtemberg, dans le Palatinat, en Franconie, dans le Brandebourg, en BaviĂšre, mĂȘme dans les pays baltes. Il fait venir aussi des colons d'Italie, de SuĂšde et d'Espagne, et recrute dans les rĂ©giments suisses, irlandais et Ă©cossais[4]. Entre 1718 et 1721, prĂšs de 4 000 Français sont exilĂ©s en Louisiane, aprĂšs des publicitĂ©s dans le Mercure de France. Parmi ces 4 000 colons, un millier sont bloquĂ©s prĂšs d'un an au camp de Biloxi et 2 000 pĂ©rissent de maladie[5]. AprĂšs l'expĂ©dition Villasur, dirigĂ©e par le lieutenant-gĂ©nĂ©ral espagnol Pedro de Villasur contre les Français en 1720, la capitale de la Louisiane française est transfĂ©rĂ©e, de Mobile Ă  Biloxi, sur le littoral de l'actuel État du Mississippi. Ce port Ă©tant mĂ©diocre, la capitale de la Louisiane française est finalement installĂ©e en 1722 Ă  la Nouvelle-OrlĂ©ans.

Fort Rosalie, fondé en 1716 et ravagé par les Indiens en 1729

Natchez (Mississippi) est la ville la plus au sud et la plus ancienne de l'État du Mississippi et doit son nom aux fĂ©roces indiens Natchez. Ce fut tout d'abord, avec le camp de la Pointe CoupĂ©e, un poste français, Ă©rigĂ© en 1716 par Bienville sous le nom de fort Rosalie chez les Natchez en l'honneur de la femme du ministre Pontchartrain. C'est une rĂ©gion de petites collines entourant le Mississippi Ă  400 kilomĂštres au nord de La Nouvelle-OrlĂ©ans et un peu au nord du bayou Sara, actuellement comtĂ© de Saint-Francisville, mais sur l'autre rive du Mississippi. Le fort potentiel agricole vient de la fertilitĂ© des sols, qui ont aussi l'avantage d'ĂȘtre lĂ©gĂšrement plus hauts que le fleuve, ce qui protĂšge les plantations des crues. Il attira trĂšs tĂŽt de nombreux colons, qui s'installent sur de petits lots situĂ©s loin du fort, tandis que deux grandes concessions s'Ă©tendaient Ă  l'Ă©cart l'une de l'autre. C'Ă©tait le meilleur Ă©tablissement français de la colonie pour la culture du tabac, alors la plus lucrative. Le paysagiste Frederick Law Olmsted l'a dĂ©crit comme le plus fertile qu'il ait jamais vu.

En 1728, le nouveau commandant du "fort Rosalie chez les Natchez" souhaite lancer une nouvelle plantation de tabac. Il réquisitionne un terrain déjà occupé par un village natchez. Offensés, les indiens font mine d'accepter, puis attaquent les colons le , massacrant 145 hommes, 56 enfants et 35 femmes, et faisant prisonniers cinquante femmes et enfants français, et prÚs de trois cents esclaves noirs. La répression des Français, alliés aux indiens Chactas fut implacable et les Natchez vendus comme esclaves à Saint-Domingue.

La révolution du coton, dans le Natchez District

En 1764, lorsque les Français doivent abandonner la Louisiane aux Espagnols, quelques colons anglais occupent dĂ©jĂ  la rive les riches terres de Fort Rosalie, rebaptisĂ© Natchez District, sur la rive est du Mississippi, et en 1779, les Espagnols s'emparent des deux rives[6]. Comme ils ont du mal Ă  peupler cet espace, les Espagnols accordent des terres aux AmĂ©ricains, avec un traitement privilĂ©giĂ©. Le district est alors placĂ© au cƓur des premiĂšres spĂ©culations immobiliĂšres de la conquĂȘte de l'Ouest des annĂ©es 1793 et 1794, appelĂ©es scandale de Yazoo Land. En 1795, la population du Natchez District est dix fois plus Ă©levĂ©e qu'en 1775. L'annĂ©e 1795 donne en particulier lieu Ă  une "ruĂ©e sur le coton" des AmĂ©ricains : la production passe de 36 000 Ă  1,2 million de livres entre 1794 et 1796, la balle de coton valant 20 dollars[6]. Parmi les premiers planteurs de coton du district, le gouverneur de fort Rosalie depuis 1781, Stephen Minor et John Bisland[7].

En 1796, la plantation de Selsertown accĂ©lĂšre l'histoire de la culture du coton dans le Natchez District: le mĂ©canicien John Barclay met en service une copie pirate de l'Ă©greneuse Ă  coton inventĂ©e trois ans plus tĂŽt en GĂ©orgie par Éli Whitney[8]. Son meilleur ami, Daniel Clark, nĂ©gociant avec Saint-Domingue, en fait la promotion auprĂšs des planteurs de coton du Natchez District. Leur production quadruple en deux ans. Les planteurs de la rĂ©gion vont aussi dĂ©velopper des espĂšces parmi les plus productives de l'histoire de la culture du coton : Belle Creole, Jethro, Parker et Petit Gulf. Selon les recensements des Espagnols, le Natchez District Ă©tait peuplĂ© de 6 587 en personnes en 1800 soit 50 % de plus que les 5 400 habitants de 1798. Parmi eux, 2 987 esclaves, une personne sur deux. En 1810, le district compte 28 787 habitants, soit un quadruplement de sa population en une dĂ©cennie[7]. Selon l'historien Thomas Dionysius Clark, le district de Nachez est alors la partie rurale du Sud profond la plus peuplĂ©e. Le district devient le Territoire du Mississippi en 1798 puis l'État du mĂȘme nom en 1812.

La RĂ©publique de Floride occidentale reprend BĂąton Rouge aux Espagnols

La crĂ©ation de la RĂ©publique de Floride-Occidentale a Ă©tĂ© influencĂ©e par les nĂ©gociants et planteurs de coton du Natchez District, qui bĂ©nĂ©ficient de solides appuis politiques Ă  Washington et d'une influence internationale. DĂšs la fin du siĂšcle prĂ©cĂ©dent, le marchand et planteur Daniel Clark avait rĂ©ussi Ă  nĂ©gocier avec les Espagnols les modalitĂ©s d'application de la Zone franche de la Nouvelle-OrlĂ©ans[9], se plaçant comme leader des planteurs, nĂ©gociants et spĂ©culateurs du Natchez District. Il est le premier Ă  l'utiliser en 1798 et opĂšre ensuite 15 des 52 premiers dĂ©pĂŽts[10]. L'associĂ© de Daniel Clark est Daniel Coxe, frĂšre du politicien Tench Coxe, ralliĂ© au futur prĂ©sident Thomas Jefferson, lors de la campagne pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle amĂ©ricaine de 1800prĂ©sidentielle de 1800. Des rumeurs prĂ©lectorales Ă©voquent le TraitĂ© de San Ildefonso (1800), imposĂ© Ă  l'Espagne par la France, sous la pression de NapolĂ©on Bonaparte. Le Mississippi devient secrĂštement français le , un mois avant l'Ă©lection prĂ©sidentielle amĂ©ricaine de 1800, sapant la popularitĂ© du fĂ©dĂ©raliste Thomas Pinckney, qui avait nĂ©gociĂ© avec les Espagnols un traitĂ© de 1795 sur la circulation fluviale sur le Mississippi. Que va devenir ce traitĂ© si les Français s'emparent Ă  nouveau de la Louisiane ? Le , Juan Ventura Morales, l'intendant espagnol de La Nouvelle-OrlĂ©ans fait monter un peu plus la tension en parlant de suspendre la zone franche. L'ambassadeur de France Ă  Washington Louis-AndrĂ© Pichon a beau Ă©crire au gouvernement amĂ©ricain pour se montrer rassurant, la posture de Juan Ventura Morales dĂ©clenche la colĂšre des colons et des campagnes de presse enflammĂ©es, donnant des arguments au gouvernement amĂ©ricain pour accepter la proposition inattendue des Ă©missaires de Bonaparte : la vente de la Louisiane tout entiĂšre. Jusque-lĂ , il Ă©tait seulement question pour les États-Unis d'acheter La Nouvelle-OrlĂ©ans.

Les spĂ©culateurs fonciers en espĂšrent une consĂ©quence immĂ©diate : que les Espagnols cĂšdent aussi l'est du Mississippi, ce qui ne se produit pas. Les trois "FrĂšres Kemper", Reuben, Samuel et Nathan Kemper, des agents immobiliers venus de Virginie[11], se placent au service de John Smith (sĂ©nateur), qui a achetĂ© 750 acres dans la Paroisse de Feliciana Ouest, en 1800 Ă  St. Francisville (Louisiane). Les frĂšres Kemper pillent leurs voisins espagnols, le , en compagnie d'un trentaine de « ruffians » arborant un drapeau avec deux Ă©toiles et sept bandes. À leurs dĂ©buts, ils sont soutenus par Edward Livingston et Daniel Clark et l'intendant espagnol Juan Ventura Morales. L'armĂ©e espagnole les arrĂȘte. Daniel Clark nĂ©gocie une amnistie auprĂšs du nouveau gouverneur espagnol Carlos de Grand prĂ©, qui refuse.

En 1809, aprĂšs des Ă©meutes anti-françaises Ă  Cuba, les rĂ©fugiĂ©s français de Saint-Domingue en AmĂ©rique sont nombreux Ă  coloniser cette RĂ©publique de Floride-Occidentale et participent Ă  une nouvelle rĂ©bellion contre les espagnols en 1810. Le , les rebelles submergent la garnison espagnole de BĂąton-Rouge. Le , une partie de la Floride-Occidentale est annexĂ©e par une proclamation du prĂ©sident des États-Unis James Madison. Les AmĂ©ricains prennent ensuite possession de St. Francisville le et de BĂąton-Rouge le , pour les incorporer dans le tout rĂ©cent Territoire d'OrlĂ©ans.

Le Mississippi au centre de la bulle spéculative des années 1830

Lorsque le prĂ©sident amĂ©ricain Andrew Jackson est triomphalement rĂ©Ă©lu en , il se lance dans bras de fer risquĂ© avec la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine, fragilisant le socle d'un systĂšme bancaire lui-mĂȘme fragile mais en pleine expansion. Au mĂȘme moment, la Nouvelle-OrlĂ©ans voit se crĂ©er en quelques mois les deux banques les mieux capitalisĂ©es d'AmĂ©rique, l'Union Bank of Louisiana et la Banque des citoyens de la Louisiane], qui ont pour objet de financer l'activitĂ© et le foncier en Louisiane mais aussi et surtout dans le nouvel État du Mississippi. Ces deux banques sont financĂ©es par la Barings anglaise, fascinĂ©e par la fertilitĂ© des terres vierges de l'État du Mississippi, d'oĂč les amĂ©rindiens ont Ă©tĂ© chassĂ©s. En 1834, la rĂ©colte de coton y a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© multipliĂ©e par huit en quinze ans. Entre 1832 et 1837, sa population double, 170 000 Blancs s'y installant, et les crĂ©dits bancaires sont multipliĂ©s par quinze[12]. L'argent vient d'Europeː en 1837, la moitiĂ© des 39 millions de dollars capitalisĂ©s par les seize banques de Louisiane y a Ă©tĂ© Ă©mis, principalement aux Pays-Bas[13].La Louisiane devient l'État le plus bancarisĂ© du pays, avec 25 dollars de billets par habitant, trois fois plus que ses voisins.

La République du Texas (en jaune) est un refuge pour les planteurs du Mississippi, accablés par l'effondrement des cours du coton et poursuivis par les créanciers.

Les Ă©ditoriaux du Jackson Mississippian, le journal de cette ville un peu Ă  l'Ă©cart de l'axe fluvial, fustignet la corruption qui accompagne ce boom Ă  crĂ©dit[14]. Mais ce point de vue n'est pas entendue Ă  Liverpool, capitale mondiale du cotonoĂč les prix de "l'or blanc" doublent, poussĂ©s par la spĂ©culation. Le port anglais voit se former 39 banques par actions entre janvier et avril 1836, qui lĂšvent plus de 5 millions de sterling. Lors des six semaines suivantes, c'est l'emballementː 60 nouveaux projets de banques Ă  Liverpool, pour 15 millions de sterling, trois fois plus[15] ! DĂšs le , un discours au CongrĂšs de Churchill C. Cambreleng Ă©voque la fragilitĂ© de ce boom bancaire, mais ses statistiques sont mal comprises par le correspondant du Journal of Commerce[16]. À la mi-juin, le Times de Londres s'en inquiĂšte cependant. Et en , la place financiĂšre d'Amsterdam commence Ă  se mĂ©fier. Ses banquiers exigent qu'une grosse Ă©mission d'obligations de la Citizens Bank of Louisiana soit partagĂ©e avec Paris et Londres. Le , la Banque d'Angleterre cesse de refinancer les banques, y compris amĂ©ricaines[17]. Le systĂšme bancaire mondial est en effet Ă  court de mĂ©taux prĂ©cieux pour garantir l'Ă©norme crĂ©ation monĂ©taire en cours, qui repose de plus sur la bulle spĂ©culative du Mississippi. Mais la nouvelle n'arrive Ă  la Nouvelle-OrlĂ©ans que le , soit 43 jours aprĂšsː 25 pour traverser l'Atlantique et 18 pour descendre vers le Sud[18]. Les planteurs ne comprennent pas la crise et tarderont Ă  s'y adapterː en 1839, la production du Mississippi dĂ©passera de 60Ì„% celle de 1836. Les cours vont alors s'effondrer durablement. Pour les cotons de qualitĂ© mĂ©diocre, ils passeront de 14 cents en 1839 Ă  3 cents en 1843. Sur les 25 banques du Mississippi existant en 1837, seules deux survivent en 1841. Les planteurs les moins riches souhaitent avant tout Ă©viter la saisie de leurs esclaves, qu'ils avaient placĂ©s en garantie auprĂšs des crĂ©anciers au moment de la bulle spĂ©culative. Ils fuient en RĂ©publique du Texas[19], territoire lui-mĂȘme illĂ©gal car encore officiellement mexicain. Trente ans aprĂšs la crise, un Ă©ditorial du Harper's Weekly rappelle que la Panique de 1837 a aussi gĂ©nĂ©rĂ© la premiĂšre fortune de Wall Street. GrĂące Ă  ses "informations en avance", au "recours Ă  des Pony Express et des bateaux Ă  courriers", le spĂ©culateur Jacob Little a gagnĂ© des "millions de dollars au dĂ©triment des nĂ©gociants (en coton) du sud"[20], en vendant Ă  dĂ©couvert l'action de la Vicksburg Bank, qui passe de 89 dollars en 1837 Ă  seulement 5 dollars en 1841[21].

En 1835, le comtĂ© de Madison et ses environs sont ensanglantĂ©s par les actions des vigilantes. Une dizaine de Blancs (suspectĂ©s d'anti-esclavagisme) et des dizaines de Noirs sont exĂ©cutĂ©s[22]. Cette hystĂ©rie a pour origine la crainte d'une rĂ©volte en raison du nombre des esclaves, devenu nettement supĂ©rieur Ă  celui des hommes libres. D'aprĂšs le Mississipian organe jacksonnien, « la population blanche est si peu nombreuse et dispersĂ©e qu'il n'y a mĂȘme plus un semblant de vie mondaine. Nombre de propriĂ©taires des grandes exploitations rĂ©sident ailleurs, parfois mĂȘme dans un autre État, ne laissant dans la plantation d'autre Blanc que le contremaitre[22]. »

AprĂšs la guerre de SĂ©cession, la situation des Noirs du Mississippi ne s'amĂ©liore que trĂšs peu en dĂ©pit de l'abolition de l'esclavage. Des patrouilles continuent de harceler voire d'assassiner des Noirs ; ceux-ci sont Ă©galement privĂ©s de facto de leurs droits civiques pourtant thĂ©oriquement reconnus et n'ont pas mĂȘme le droit de possĂ©der des terres[22].

Références

  1. Hakluyt 1609.
  2. La legua castellana ou « lieue de Castille » mesurait 4,19 km.
  3. « Livre Commode Des Adresses De Paris Tome l" », sur Archive (consulté le )
  4. "La colonie française de la Louisiane (1682-1762)"
  5. Philip P. Boucher, Les nouvelles-Frances.
  6. (en) « The reshaping of plantation society: the Natchez District, 1860-80, Par Michael Wayne », sur books.google.fr (consulté le )
  7. (en) D. Clayton James, « Antebellum Natchez », sur books.google.fr (consulté le )
  8. Inventing the Cotton Gin: Machine and Myth in Antebellum America Par Angela Lakwete, page 60
  9. The Louisiana Purchase: a historical and geographical encyclopedia Par Junius P. Rodriguez, page 71
  10. Notorious Woman: The Celebrated Case of Myra Clark Gaines Par Elizabeth Urban Alexander, page 73
  11. The Old Southwest, 1795-1830: frontiers in conflict Par Thomas Dionysius Clark, John D. W. Guice, page 146
  12. "The Slave Bubble Reckless cotton speculation in 1830s Mississippi revealed the cracks in the slave economy", par Joshua D. Rothman, le 9 juillet 2015, sur Slate
  13. "State Banking in Early America : A New Economic History: A New Economic History", par Howard Bodenhorn, page 254
  14. SĂ©rie d'Ă©ditoriaux du 24 juin au 2 septembre 1836, selon "The Slave Bubble Reckless cotton speculation in 1830s Mississippi revealed the cracks in the slave economy", par Joshua D. Rothman, le 9 juillet 2015, sur Slate
  15. "Provincial Stock Exchange", par William Arthur Thomas, page 13
  16. "The Many Panics of 1837: People, Politics, and the Creation of a Transatlantic Financial Crisis", par Jessica M. Lepler, Cambridge University Press 2013, page 48
  17. "A Study in Trade-Cycle History: Economic Fluctuations in Great Britain 1833-1842" par R. C. O. Matthews, page 58
  18. "The Many Panics of 1837: People, Politics, and the Creation of a Transatlantic Financial Crisis", par Jessica M. Lepler, Cambridge University Press 2013, page 58
  19. "The Emergence of the Cotton Kingdom in the Old Southwest: Mississippi, 1770-1860", par John Hebron Moore, page 20
  20. éditorial du Harper's Weekly du 11 août 1866 publié juste aprÚs l'ouverture du cùble transatlantique
  21. Sobel, 2000, p. 50
  22. Frank Browning, John Gerassi, Histoire criminelle des États-Unis, Nouveau monde, , p. 224, 268

Bibliographie

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