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Maison longue amérindienne

Une maison longue amérindienne est une habitation traditionnelle des peuples des Premières Nations d'Amérique du Nord (ou Nord-Amérindiens).

Reconstitution d'une maison longue sur l'île Grosbois.
Maison longue sur le site traditionnel huron de OnhoĂĽa chetek8e, Wendake.

Description

Louis Nicolas a répertorié divers types de cabanes amérindiennes dans son Codex canadensis où l'on reconnaîtra le wigwam huron. Fig. 28 : cabane à la huronne ; fig. 29 : cabane à la Kilistinonne, elle est faite de peaux ; fig. 30 : cabane à l'iroquoise, où l'on voit deux scalpations d'ennemis ; fig. 31 : deux sortes de bois pour faire du feu en les frottant l'un contre l'autre ; fig. 32 : sauvage qui revient de la chasse chargé de peaux de castors ; cabane à la Tissaraouata

Peu après l’an 1000, les groupes iroquoiens se sont mis Ă  vivre de la culture du maĂŻs, de la courge, du haricot et du tabac. Ils passent ainsi de la vie de nomades Ă  une vie de sĂ©dentaires, c’est-Ă -dire qu’ils construisent des villages et dĂ©veloppent une organisation sociale sophistiquĂ©e[1]. Constatant des rendements agricoles qui s’amenuisent au fil des ans, les Iroquoiens dĂ©mĂ©nagent leurs villages tous les 10 Ă  30 ans. Le nouvel emplacement est choisi en fonction de la fertilitĂ© du sol et de la proximitĂ© de cours d’eau et de forĂŞts. Ainsi, la fertilitĂ© du sol leur permet de pratiquer l’horticulture, les cours d’eau leur fournissent l’eau potable et des poissons, et les forĂŞts fournissent les ressources nĂ©cessaires pour construire et chauffer leur maison. Les villages iroquoiens sont constituĂ©s de maisons longues, leur type d’habitation spĂ©cifique qui sert de lieu de rĂ©sidence, de lieu de rencontre collectif et d’entrepĂ´t. Les villages peuvent compter jusqu’à 2 000 habitants et sont entourĂ©s de palissades construites avec des pieux plantĂ©s en terre pour protĂ©ger les Iroquoiens contre des animaux sauvages, des ennemis possibles et des grands vents[2].

Structure

Maison longue huronne reconstituée.

La longueur des maisons longues variait beaucoup selon le nombre de familles qui y habitaient. Certaines maisons longues mesuraient de 25 à 30 mètres, mais des vestiges de maisons longues de 100 mètres ont déjà été retrouvés[3]. En moyenne, elles mesuraient 6-7 mètres de largeur et 5-6 mètres de hauteur. Les recherches archéologiques révèlent que leur longueur variait de 18 à 41 mètres, en fonction du nombre de familles qui y habitaient et de l’utilité du bâtiment[4]. En effet, plusieurs membres d’une même famille nucléaire pouvaient cohabiter dans une maison longue. Pour la construction d’une maison longue, les Iroquoiens plantent des pieux au sol et recourbent la partie du haut en attachant les bouts deux par deux pour former le toit[5]. Plus de 650 pieux peuvent être utilisés lors de la construction d’une maison longue[6]. Pour solidifier la structure, des perches sont installées horizontalement[7]. Ensuite, des sections d’écorce de cèdre ou d’orme sont cousues ensemble pour recouvrir le toit ainsi que pour tapisser les murs. Puisque les maisons longues n’ont pas de fenêtre, des ouvertures sont percées dans le toit pour que la fumée des foyers puisse s’échapper[5].

Intérieur

Intérieur d'une maison longue (reconstitution).

Une maison longue pouvait couvrir un espace intĂ©rieur d’environ 146 mètres carrĂ©s[8]. Le niveau infĂ©rieur Ă©tait composĂ© d’un plancher traversĂ© d’une allĂ©e centrale d’environ 3 mètres de large oĂą s’alignent des feux de cuisson. Le plancher cache parfois des fosses qui servent de lieux d’entreposage ou de rejet des dĂ©chets. La partie supĂ©rieure de la maison longue servait Ă©galement d’espace d’entreposage et de rangement. Des banquettes sont installĂ©es Ă  une hauteur variable de 40 Ă  150 cm. L’espace sous les banquettes sert Ă  entreposer le bois pour le foyer et des objets d’usage quotidien. Chaque foyer est utilisĂ© par deux familles installĂ©es face-Ă -face dans la maison longue. Ces deux familles rĂ©unies par leur cohabitation forment un compartiment. Les compartiments sont gĂ©nĂ©ralement sĂ©parĂ©s par des cloisons, ce qui assure Ă  chaque membre des familles une intimitĂ© relative[9]. Les lits sont faits avec des branches, et sont superposĂ©s pour accueillir plus de membres[10].

Site de Lanoraie

Le site archĂ©ologique de Lanoraie, qui se situe près de MontrĂ©al au QuĂ©bec, possède encore des traces de maisons longues d’Iroquoiens du Saint-Laurent. Ce site se dĂ©ploie dans un champ de montagne de sable, formĂ© par le vent, Ă  environ 1,5 km Ă  l’ouest du village de Lanoraie et Ă  un kilomètre au nord des rives actuelles du fleuve Saint-Laurent[11]. L’environnement sablonneux de la rĂ©gion Ă©tait avantageux pour l’horticulture telle que pratiquĂ©e par les groupes autochtones sĂ©dentaires qui habitaient la rĂ©gion entre les annĂ©es 1200 et 1600. Le site de Lanoraie a Ă©tĂ© dĂ©couvert en 1927 par l'archĂ©ologue ontarien William Wintemberg. Une fouille intensive y a Ă©tĂ© faite durant trois ans Ă  partir de 1970[11]. Cette fouille a permis de trouver des traces d’une maison longue mesurant 29 mètres de long sur environ six mètres de large. 233 traces de piquets dĂ©montrent l’ampleur de la structure d’habitation. Ă€ l’intĂ©rieur, il y a sept foyers disposĂ©s Ă  intervalle rĂ©gulier ainsi que 140 fosses qui gravitent autour des zones de foyers. On retrouve des fosses contenant des concentrations de cendre et de charbon servant Ă  la vidange des foyers, des fosses recelant des rĂ©sidus culinaires, maĂŻs ou restes osseux, des fosses renfermant des fragments de cĂ©ramiques. De plus, certaines fosses Ă©taient complètement vides, ce qui laisse prĂ©sager que ces fosses Ă©taient utilisĂ©es comme garde-mangers provisoires[8].

Notes et références

  1. Wright, 1980, p.77.
  2. Martel, BĂ©langer, 2004, p. 22.
  3. Tremblay, 2006, p.26.
  4. Tremblay, 2006, p. 27.
  5. Martel, BĂ©langer, 2004, p. 23.
  6. Clermont, Chapdelaine, Barré, 1984, p.28.
  7. Thibeault, Charland et Ouellet, 2007, p. 37.
  8. Clermont, Chapdelaine et Barré, 1984, p.28.
  9. Tremblay, 2006, p.27.
  10. Thibeault, Charlan et, Ouellet, 2007, p. 37.
  11. Clermont, Chapdelaine et Barré, 1984, p.10.

Annexes

Bibliographie

  • Clermont, Norman, Claude Chapdelaine et Georges BarrĂ© (1984). Le site Iroquoiens de Lanoraie : tĂ©moignage d’une maison-longue, MontrĂ©al, Recherches amĂ©rindiennes au QuĂ©bec, 203 p.
  • Martel, Virginie et Sophie, BĂ©langer (2004). Voyages, Anjou, CEC inc., 144 p.
  • Thibeault, AndrĂ©e, Jean-Pierre, Charland et Nicolas Ouellet (2007). Repères : Histoire et Ă©ducation Ă  la citoyennetĂ©, Canada, Éditions du renouveau pĂ©dagogique inc. 216 p.
  • Tremblay, Roland (2006). Les Iroquoiens du Saint-Laurent, peuple du maĂŻs, MontrĂ©al, Les Éditions de L’Homme/ Pointe-Ă -callière MusĂ©e d’archĂ©ologie et d’histoire de MontrĂ©al, 139 p.
  • Wright J.V. (1980). La prĂ©histoire du QuĂ©bec, MontrĂ©al, Éditions Fides, 138 p.

Articles connexes

Liens externes

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