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Histoire Ă©volutive des insectes

L’histoire évolutive des insectes est mal connue faute de fossiles en nombre suffisant : en 2010 plusieurs théories sont proposées. Bien que traditionnellement, les insectes et les Myriapodes, dont les mille-pattes et les centipèdes, soient regroupés, certains éléments suggèrent que les insectes seraient plus proches des Crustacés : c'est la théorie dite des Pancrustacés, aujourd'hui bien acceptée.

Insectes

Thysanura (LĂ©pismes, "poissons d'argent")




Odonata ("Demoiselles", libellules)






Orthoptera (Sauterelles, criquets)



Phasmatodea (Phasmes)





Blattaria (Blattes, cafards)



Isoptera (Termites)






Hemiptera (Cigales, "gendarmes", punaises)




Coleoptera (Coccinelles, hannetons, "scarabées")




Hymenoptera (Abeilles, guĂŞpes, fourmis)




Lepidoptera (Papillons)



Diptera (Mouches et moustiques)









Liens phylogénétiques entre quelques ordres d'insectes les plus communs : Thysanura, Odonata, Orthoptera, Phasmatodea, Blattodea, Isoptera, Hemiptera, Coleoptera, Hymenoptera, Lepidoptera, Diptera.
Hypothétique anatomie d'un insecte hexaptère dévonien antérieur aux Paléodictyoptères, à thorax formé de trois métamères séparés et égaux, portant chacun une paire de pattes et une paire d'ailes, et dont les segments abdominaux portent des sclérites latérales.
Quelques-uns des premiers insectes volants.
Reconstitution du paléodictyoptère Mazothairos du Carbonifère de l'Illinois (États-Unis) par le paléoartiste Dimitri Bogdanov.
Fossile de Lethe corbieri, papillon de l'Oligocène de Provence (France).
Fossile d'un Bupreste de l'Éocène du site fossilifère de Messel (Allemagne).

Théorie historique

Les insectes et les Myriapodes partageant la présence d'appendices uniramés, la présence de trachées, de tubes de Malpighi, de mandibules formées d'un appendice complet (et non pas de la base d'un appendice comme chez les Crustacés) : on a par conséquent longtemps pensé qu'ils avaient un ancêtre commun présentant ces caractères, mais on pense au XXIe siècle qu'il s'agit d'évolution convergente[1].

Théorie des pancrustacés

La théorie dite des Pancrustacés doit beaucoup à la phylogénie moléculaire[2] - [3], à l'arrangement des gènes mitochondriaux[4] et à l'analyse cladistique des caractères, qui ont conduit à considérer les insectes comme issus de la même lignée que les Crustacés : le clade des pancrustacés est établi à la suite de ces découvertes. Il contient les lignées de crustacés marins qui sont probablement paraphylétiques et les insectes proprement dits, qui sont monophylétiques. Les caractères rapprochant les insectes et les Myriapodes sont donc probablement des convergences évolutives associées à l'adaptation au milieu terrestre (encore inféodés aux milieux humides, les insectes font en effet partie des premiers arthropodes à progressivement sortir des eaux pour devenir réellement terrestres au cours du Dévonien, cette « terrestrialisation » concernant plusieurs lignées de manière indépendante)[5]. Le développement du système nerveux des insectes et des Crustacés possède en revanche des similitudes extrêmement frappantes[6].

Histoire

Le plus ancien fossile provenant indubitablement d'un insecte, une mandibule, est daté de 400 Ma, c'est-à-dire de l'Emsien, période du Dévonien[7]. C'est déjà une mandibule dicondylique que l'on retrouve aujourd'hui chez les insectes volants. Cela suggère que l'ancêtre commun à tous les insectes, volants ou non, est encore plus ancien et pourrait remonter au Silurien[7] : il a été désigné par l'acronyme « Lucia » pour l'anglais Last Universal Common Insect Ancestor soit « Plus ancien ancêtre commun universel des Insectes »[8].

Le plus ancien insecte fossile complet, trouvé à Strud en Belgique en 2012, est daté de 375 Ma (Dévonien, plus précisément Famennien)[9].

La sous-classe des Aptérygotes, désignant les insectes aptères, est aujourd'hui considérée comme un regroupement polyphylétique, et les Thysanoures, un des sous-groupes qui la compose, sont considérés plus proches des Ptérygotes (insectes volants) que des Archéognathes, un autre des sous-groupes, en dépit de leur apparence commune. Par exemple, les Thysanoures partagent avec les insectes volants ces mandibules dicondyliques alors que les Archéognathes ont des mandibules monocondyliques. L'aspect similaire des deux groupes d'insectes aptères est vraisemblablement celui des insectes ancestraux, alors que les insectes ailés ont acquis des apparences très différentes.

On pense que les ancêtres communs des insectes volants, dont aucun fossile n'a encore été trouvé, avaient des pièces buccales dicondyliques broyeuses non différenciées et un thorax à métamères encore visibles et égaux, portant sur chaque métamère une paire de pattes et une paire de sclérites chitineuses latérales à fonctions initialement thermorégulatrices, sensorielles (détection des vibrations) ou reproductives (émission de vibrations pour la pariade) ; ces fonctions ont pu favoriser l'allongement de ces sclérites qui, à partir d'une certaine envergure, ont aussi pu permettre le vol plané et, ultérieurement, le vol ramé : les ailes sont ainsi apparues et, durant plusieurs centaines de millions d'années par la suite, les insectes furent les seuls animaux volants[10].

Le plus ancien fossile d'insecte volant est déjà un Éphéméroptère identifiable, groupe qui est considéré comme le plus ancien parmi les insectes volants. Certaines nymphes de ce groupe hémimétabole (naïades) ressemblent d'ailleurs à des Thysanoures. Les métamorphoses des insectes pourraient être une adaptation à des saisons très contrastées, alternant de courtes périodes humides d'abondance alimentaire (phase larvaire, croissance) avec de longues périodes sèches de disette (phase imago, migrations, reproduction). À partir du Trias (il y a environ 200 millions d'années), l'apparition de plantes à fleurs a mené à une coévolution entre ces lignées végétales et celles des insectes phytophages devenus pollinisateurs[11].

Références

  1. (en) Omar Rota-Stabelli et al., « Ecdysozoan Mitogenomics: Evidence for a Common Origin of the Legged Invertebrates, the Panarthropoda », Genome Biology and Evolution, vol. 2,‎ , p. 425-440 (e-ISSN 1759-6653, PMID 20624745, PMCID PMC2998192, DOI 10.1093/gbe/evq030, S2CID 16050516).
  2. (en) Markus Friedrich et Diethard Tautz, « Ribosomal DNA phylogeny of the major extant arthropod classes and the evolution of myriapods », Nature, vol. 376, no 6536,‎ , p. 165-167 (ISSN 0028-0836, e-ISSN 1476-4687, PMID 7603566, DOI 10.1038/376165a0 Accès payant, Bibcode 1995Natur.376..165F, S2CID 4270910).
  3. (en) Gonzalo Giribet et al., « Arthropod phylogeny based on eight molecular loci and morphology », Nature, vol. 413, no 6852,‎ , p. 157-161 (ISSN 0028-0836, e-ISSN 1476-4687, PMID 11557979, DOI 10.1038/35093097 Accès payant, Bibcode 2001Natur.413..157G, S2CID 4431635, lire en ligne [PDF]).
  4. (en) Jeffrey L. Boore et al., « Deducing the pattern of arthropod phytogeny from mitochondrial DNA rearrangements », Nature, vol. 376, no 6536,‎ , p. 163-165 (ISSN 0028-0836, e-ISSN 1476-4687, PMID 7603565, DOI 10.1038/376163a0 Accès payant, S2CID 23473861, lire en ligne [PDF]).
  5. (en) Jesus Lozano-Fernandez et al., « A molecular palaeobiological exploration of arthropod terrestrialization », Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, vol. 371, no 1699,‎ (ISSN 0962-8436, e-ISSN 1471-2970, PMID 27325830, PMCID PMC4920334, DOI 10.1098/rstb.2015.0133, S2CID 6448246).
  6. (en) Paul M. Whitington et al., « Evolutionary change in neural development within the arthropods: axonogenesis in the embryos of two crustaceans », Development, vol. 118, no 2,‎ , p. 449-461 (ISSN 0950-1991, e-ISSN 1477-9129, PMID 8223272, DOI 10.1242/dev.118.2.449, S2CID 7146587).
  7. (en) Michael S. Engel et David A. Grimaldi, « New light shed on the oldest insect », Nature, vol. 427, no 6975,‎ , p. 627-630 (ISSN 0028-0836, e-ISSN 1476-4687, PMID 14961119, DOI 10.1038/nature02291 Accès payant, Bibcode 2004Natur.427..627E, S2CID 4431205).
  8. Rachel Mulot, « Mystérieux insectes, sur la piste des origines : un film sur France 5 à ne pas manquer », sur sciencesetavenir.fr, .
  9. (en) Romain Garrouste et al., « A complete insect from the Late Devonian period », Nature, vol. 488, no 7409,‎ , p. 82-85 (ISSN 0028-0836, e-ISSN 1476-4687, PMID 22859205, DOI 10.1038/nature11281 Accès payant, Bibcode 2012Natur.488...82G, HAL hal-01552865, S2CID 205229663, lire en ligne [PDF]).
  10. Romain Garrouste dans Mystérieux insectes, sur la piste des origines, réalisé par Jean-Sébastien Steyer, diffusé sur France 5 dans la série « Science grand format ».
  11. René Jeannel, La genèse des faunes terrestres : éléments de biogéographie, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Bibliothèque de l'Institut maritime et colonial », , 513 p. (OCLC 299861164, BNF 45885846, SUDOC 009046305, présentation en ligne).
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