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Hibakusha

Hibakusha (èą«çˆ†è€…, personne affectĂ©e par la bombe ou, plus rĂ©cemment èą«æ›è€…, personne affectĂ©e par l'exposition) est un terme qui dĂ©signe gĂ©nĂ©ralement les victimes des bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki les 6 et sur l'ordre de Harry S. Truman.

Toyoko Kugata, hibakusha de 22 ans, recevant des traitements Ă  l'hĂŽpital de la Croix-Rouge de Hiroshima le .

DĂ©finition

Le terme hibakusha est un mot japonais Ă©crit en kanji signifiant « personne affectĂ©e par la bombe ». S'il a pu ĂȘtre utilisĂ© en japonais pour toute victime de bombe dans sa forme èą«çˆ†è€… : hi (èą«, « affectĂ© ») + baku (爆, « bombe ») + sha (者, « personne »), sa dĂ©mocratisation au niveau mondial a conduit Ă  une dĂ©finition concernant les victimes des bombes nuclĂ©aires larguĂ©es au Japon par l'armĂ©e amĂ©ricaine les et [1].

Les victimes des bombes nuclĂ©aires Ă  Hiroshima et Nagasaki ayant Ă©tĂ© les premiĂšres victimes de telles armes, le terme en japonais a Ă©tĂ© repris pour les dĂ©signer spĂ©cifiquement mais est aussi utilisĂ© pour d'autres victimes de bombes nuclĂ©aires, telles que celles des essais nuclĂ©aires de Bikini, d'AlgĂ©rie, des États-Unis (particuliĂšrement dans l'État du Nevada), des Iles Marshall, du Tibet, au Kazakhstan et dans le Xinjiang et celles d'armes Ă  uranium appauvri, dont celle probable de Fallujah en 2004[2].

Les mouvements et associations anti-nuclĂ©aires, notamment les associations de hibakusha, ont Ă©largi le terme pour dĂ©signer toute victime directe de dĂ©sastre nuclĂ©aire, et notamment celles de la centrale nuclĂ©aire de Fukushima[3]. Il leur est donc prĂ©fĂ©rĂ© l'Ă©criture èą«æ›è€… : hi (èą«, « affectĂ© ») + baku (曝, « exposition ») + sha (者, « personne »), soit « personne affectĂ©e par l'exposition », sous-entendu « personne affectĂ©e par l'exposition nuclĂ©aire »[4]. Cette dĂ©finition tend depuis 2011 Ă  ĂȘtre reprise[4] - [5].

Le statut juridique de hibakusha est reconnu Ă  certaines personnes, principalement par le gouvernement japonais.

On note que le mot hibakushi a pu Ă©galement ĂȘtre empruntĂ©, notamment par Svetlana Aleksievitch dans son essai La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde aprĂšs l'apocalypse (1997)[6].

Chiffres

Le gouvernement japonais a reconnu le statut de hibakusha Ă  environ 650 000 personnes.

En , il y avait 372 264 hibakusha en vie reconnus par le gouvernement japonais[7]. En , ils Ă©taient 266 598[8]. Au , 154 859 Ă©taient encore en vie, principalement au Japon[9]. Selon le recensement de 2020, 136 682 seraient en vie au 75e anniversaire de la bombe[10].

Les mĂ©moriaux Ă  Hiroshima et Nagasaki contiennent les noms des hibakusha reconnus et dĂ©cĂ©dĂ©s depuis les bombardements. Les listes sont mises Ă  jour annuellement Ă  l'anniversaire des bombardements. En , les mĂ©moriaux contenaient les noms de 495 000 hibakusha ; 314 118 Ă  Hiroshima[11] et 179 226 Ă  Nagasaki[12].

Le nombre de personnes tuĂ©es par l'explosion, la chaleur et la tempĂȘte de feu, est difficile Ă  dĂ©terminer et seules des estimations sont disponibles. Le dĂ©partement de l'Énergie des États-Unis (DOE) reprend les donnĂ©es de l'enquĂȘte de bombardements stratĂ©giques des États-Unis (en) (ou USSBS) et avance les nombres de 70 000 personnes pour Hiroshima et de 40 000 personnes pour Nagasaki. Pour sa part, le musĂ©e du mĂ©morial pour la paix d'Hiroshima avance le nombre de 140 000 morts, pour la seule ville d'Hiroshima. Selon l'historien Howard Zinn, le nombre de victimes atteint 250 000. À celles-ci s'ajoutent les morts causĂ©es ultĂ©rieurement par divers types de cancers (334 cancers et 231 leucĂ©mies sur la population suivie recensĂ©s par l'ABCC, moins de 2 000 au total selon une source amĂ©ricaine) et de pathologies, alors que selon d'autres estimations, le nombre de victimes dues au syndrome d'irradiation aiguĂ« est largement supĂ©rieur.

Hiroshima - Little Boy

ÉcoliĂšre hibakusha non identifiĂ©e, hĂŽpital de la Croix-Rouge de Hiroshima, le .

Le nombre des victimes ne sera sans doute jamais connu car les circonstances (ville en partie Ă©vacuĂ©e, prĂ©sence de rĂ©fugiĂ©s venant d'autres villes, destruction des archives d'Ă©tat civil, disparition simultanĂ©e de tous les membres d’une mĂȘme famille, crĂ©mations de masse, censure suivie) rendent toute comptabilitĂ© exacte impossible, en particulier des morts survenues dans les premiĂšres heures :

  • d’aprĂšs une estimation de l'enquĂȘte de bombardements stratĂ©giques des États-Unis (en) en 1946 (durant l'occupation), la population au moment de l’attaque aurait Ă©tĂ© de 245 000 habitants, de 70 000 Ă  80 000 d’entre eux auraient Ă©tĂ© tuĂ©s et autant blessĂ©s ;
  • d’aprĂšs une estimation du DĂ©partement de l'Énergie des États-Unis en 1956, sur une population de 256 300 personnes, 68 000 d’entre elles furent tuĂ©es et 76 000 blessĂ©es ;
  • d’aprĂšs une estimation de la Fondation de recherche sur les effets de la radiation (en) (ou RERF, succĂ©dant Ă  l'ABCC), sur une population de 310 000 personnes, de 90 000 Ă  140 000 d’entre elles furent tuĂ©es ;
  • d'aprĂšs le maire d'Hiroshima, Tadatoshi Akiba, lors d'un discours en 2005, le nombre total des morts le jour-mĂȘme s’élĂšverait Ă  237 062.

D'aprĂšs une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par Ă©chantillonnage en (durant l'occupation alliĂ©e) par la facultĂ© de mĂ©decine de l'universitĂ© impĂ©riale de Tokyo, 73,5 % des victimes seraient dĂ©cĂ©dĂ©es dĂšs le bombardement ou le jour mĂȘme. 11,3 % des victimes seraient dĂ©cĂ©dĂ©es avant la fin de la premiĂšre semaine, et 3,4 % au cours de la deuxiĂšme semaine ; dans l'ensemble, prĂšs des neuf dixiĂšmes des victimes (88,3 %) seraient dĂ©cĂ©dĂ©es dans cette premiĂšre pĂ©riode de deux semaines. Le reste serait dĂ©cĂ©dĂ© majoritairement (9,9 % des victimes) aprĂšs trois Ă  huit semaines, et quelques-uns encore (1,4 % des victimes) aprĂšs trois Ă  quatre mois.

D'aprĂšs la mĂȘme Ă©tude, mais sur un Ă©chantillon diffĂ©rent, 26,2 % des victimes moururent le premier jour de causes inconnues, 45,5 % moururent de causes « mĂ©caniques » consĂ©cutives au souffle de l'explosion et aux incendies (Ă©crasements, traumatismes, brĂ»lures) ; 16,3 % de brĂ»lures dues au « flash thermique » de l'explosion nuclĂ©aire ; et 12,0 % des suites de l'irradiation. Si l'on considĂšre que les causes inconnues sont essentiellement des causes « mĂ©caniques », cette catĂ©gorie serait donc Ă  l'origine de plus de 70 % des dĂ©cĂšs.

Depuis 2015, 88 personnes estimant avoir Ă©tĂ© touchĂ©es par les retombĂ©es radioactives de la pluie noire mais n'ayant pas le statut de hibakusha ont lancĂ© un recours collectif devant le tribunal d'Hiroshima. En , le procĂšs s'est conclus par la dĂ©cision de les inclure officiellement comme hibakusha et de les faire bĂ©nĂ©ficier des mĂȘmes soins de santĂ© que les survivants de la bombe dĂ©jĂ  reconnus[13]. Le gouvernement a fait appel de cette dĂ©cision[14].

Mémorial de la paix d'Hiroshima. Au 1er plan, flamme de la Paix à l'emplacement de l'hypocentre de Litlle boy, au 2e plan cénotaphe des hibakusha, au 3e plan musée de la Paix.

Nagasaki - Fat Man

Brûlures thermiques profondes d'un hibakusha.

De mĂȘme qu'Ă  Hiroshima, le nombre des victimes Ă  Nagasaki a fait l'objet de plusieurs estimations. Selon les mĂȘmes sources :

  • d’aprĂšs l’estimation de 1946 : 35 000 personnes auraient Ă©tĂ© tuĂ©es et un peu plus blessĂ©es ;
  • d’aprĂšs celle de 1956 : sur une population de 173 800 habitants, 38 000 furent tuĂ©s et 21 000 blessĂ©s ;
  • d’aprĂšs la plus rĂ©cente : sur une population de 250 000 habitants, 60 000 Ă  80 000 d’entre eux furent tuĂ©s.

Il existe à Nagasaki quelques particularités par rapport à Hiroshima :

  • l’arme utilisĂ©e Ă©tant plus puissante (une puissance Ă©quivalente Ă  environ 20 000 tonnes de TNT) les dommages proches de l’hypocentre semblent avoir Ă©tĂ© plus importants ;
  • grĂące aux collines, les destructions ont Ă©tĂ© moins Ă©tendues, car le relief a protĂ©gĂ© certains quartiers ;
  • l’habitat Ă©tant plus diffus, la violence des incendies fut plus limitĂ©e, ils mirent deux heures pour prendre des proportions importantes, avec une durĂ©e de quelques heures et il n'y eut pas de conflagration gĂ©nĂ©ralisĂ©e ;
  • l’arme Ă©tant d’un modĂšle diffĂ©rent (bombe Ă  plutonium au lieu d’une bombe Ă  uranium) la rĂ©partition du rayonnement Îł et neutrons a Ă©tĂ© diffĂ©rente, ce qui semble avoir modifiĂ© la frĂ©quence des types de leucĂ©mies observĂ©es.
MĂ©morial de l'hypocentre de l'explosion de Fat Man, Nagasaki.

Classification

BrĂ»lure de hibakusha symptomatique du rayonnement thermique. Les motifs foncĂ©s du vĂȘtement portĂ© au moment du « flash ».

Certains hÎpitaux japonais et le centre de recherches, d'études et d'expérimentations militaires américain (l'Atomic Bomb Casualty Commission (en) ou ABCC[15]) ont classé et analysé les répercussions des bombes nucléaires sur le corps et pour les hÎpitaux éventuellement traiter les séquelles des hibakusha, dans des situations encore inconnues jusqu'alors. Leurs traitements se perfectionnÚrent dans un contexte expérimental[15].

Le rapport par le comité japonais donna des données détaillées et décrit différents stades des effets sur les survivants peu aprÚs la bombe :

  • stade 1 : « blessures causĂ©es par commotion, blessures externes, brĂ»lures causĂ©es par la chaleur
 » avec un taux de mortalitĂ© atteignant 80 % dans un cercle d'km en dessous de l'hypocentre, ainsi que des symptĂŽmes variĂ©s dus aux blessures radioactives : hĂ©morragie des muqueuses, fiĂšvre douloureuse, nausĂ©es, hĂ©morragies du systĂšme respiratoire et du systĂšme digestif ;
  • stade 2 : « pĂ©riode environ 1 mois et demi aprĂšs la bombe durant de la 3e Ă  la 8e semaine, [
] symptĂŽmes tels que la perte de cheveux, hĂ©morragies sous une diffĂ©rente forme comme une lĂ©gĂšre hĂ©morragie de la peau »[16] ;
  • stade 3 : les survivants commençaient Ă  rĂ©cupĂ©rer dans le 3e ou 4e mois aprĂšs le bombardement, variant selon le nombre de globules blancs prĂ©sents ;
  • stade 4, futur : les scientifiques avaient notĂ© des diffĂ©rences de capacitĂ©s reproductives mais demandaient plus d'investigation. Cette partie dĂ©crivait ce qui sera plus tard appelĂ© le syndrome d'irradiation aiguĂ«[17].

L'ABCC a créé une typologie en quatre types de victimes de la bombe :

  • ceux qui Ă©taient prĂ©sents Ă  quelques kilomĂštres de l'Ă©picentre des explosions quand elles ont eu lieu ;
  • ceux qui ont Ă©tĂ© Ă  moins de km d'un Ă©picentre pendant les deux semaines qui ont suivi une des explosions ;
  • ceux qui ont Ă©tĂ© exposĂ©s aux radiations des retombĂ©es ;
  • Les bĂ©bĂ©s qui Ă©taient dans le ventre de leur mĂšre Ă  la dĂ©flagration entrent Ă©galement dans l'une trois catĂ©gories prĂ©cĂ©dentes tout en constituant une catĂ©gorie propre.

Affections médicales spécifiques à long terme

Si l'immense majorité des victimes des bombes nucléaires est décédée dans l'année qui a suivi les déflagrations, les hibakusha ayant survécu à long terme sont principalement sensibles à certaines maladies :

  • les leucĂ©mies : selon les analyses de l'ABCC Ă  partir de 1947, une augmentation de l’incidence des leucĂ©mies a Ă©tĂ© observĂ©e parmi les survivants irradiĂ©s. Un maximum serait atteint en 1951, ensuite cette incidence aurait dĂ©clinĂ©[18] pour « disparaĂźtre » en 1985. Sur 49 204 survivants irradiĂ©s suivis de 1950 Ă  2000, il a Ă©tĂ© reconnu 94 cas de leucĂ©mies mortelles attribuables aux radiations[19] ;
  • les cancers « solides » : l'Ă©tude des survivants irradiĂ©s a montrĂ©, Ă  partir de la fin des annĂ©es 1950, une augmentation progressive de l’incidence des cancers, en particulier ceux du poumon, du tube digestif et du sein. Sur 44 635 survivants irradiĂ©s suivis de 1958 Ă  1998, il a Ă©tĂ© observĂ© 848 cas de cancers mortels attribuables aux radiations[20] ;
  • effets mĂ©dicaux autres que les cancers chez les survivants irradiĂ©s : survenue de cataractes, de stĂ©rilitĂ© (souvent rĂ©versible chez l'homme), d’une augmentation de la frĂ©quence des maladies (non cancĂ©reuses) pulmonaires, cardiaques ou digestives avec une possible diminution de la durĂ©e de vie. Le nombre de ces dĂ©cĂšs semble Ă©gal au nombre ou Ă  la moitiĂ© du nombre de ceux dus aux cancers et leucĂ©mies (soit environ de 0,5 % Ă  1 %)[21].

Acquis sociaux

Scùne de rue le lendemain de Fat Man (), km de l'hypocentre, Nagasaki. Yƍsuke Yamahata

Les bombes nuclĂ©aires ayant presque entiĂšrement rasĂ© les deux villes d'Hiroshima et Nagasaki, le personnel mĂ©dical ayant aussi subi de nombreuses pertes et le gouvernement n'Ă©tant pas prĂ©parĂ© Ă  une telle catastrophe humanitaire ajoutĂ©e Ă  la peur des radiations, les survivants aux consĂ©quences directes de la bombe ont pour la majoritĂ© souffert d'extrĂȘme prĂ©caritĂ©, de famine, de manque d'accĂšs aux soins mĂ©dicaux et de sans-abrisme[22] - [23]. Le manque de connaissances sur les radiations a aggravĂ© leur situation.

Mis Ă  part le groupe de hibakusha japonaises, connu sous l'appellation Hiroshima Maidens (en), qui a obtenu gain de cause en 1955 pour bĂ©nĂ©ficier de chirurgie esthĂ©tique afin de limiter les dĂ©figurations qu'elles avaient subies Ă  la suite de la bombe, aucune aide ni allocation n'a jamais Ă©tĂ© allouĂ©e par les États-Unis. L'aide mĂ©dicale ainsi que les allocations sont uniquement dispensĂ©es par le gouvernement japonais.

La plupart des droits sociaux acquis pour les hibakusha a Ă©tĂ© poussĂ©e par l'organisation de hibakusha Nihon Hidankyo, formĂ©e en 1956 et regroupant les victimes des bombes A et H Ă  la suite de « Castle Bravo ». À la suite de leur pression, le premier hĂŽpital spĂ©cialement destinĂ© aux hibakusha a ouvert Ă  Hiroshima en 1956, date Ă  laquelle a commencĂ© leur recensement, soit 11 ans aprĂšs les bombardements[24]. L'immense majoritĂ© des hibakusha est donc dĂ©cĂ©dĂ©e sans aucun recensement, aucune reconnaissance lĂ©gale, juridique ni aide mĂ©dicale spĂ©cialisĂ©e.

Avant midi, . Une mĂšre et son fils reçoivent des boules de riz (onigiri) d'une Ă©quipe de secours d'urgence. 1,5 km au sud-est de l'hypocentre, Nagasaki. Yosuke Yamahata

Fin 1956, le parlement japonais passa la loi sur l'assistance mĂ©dicale des victimes de la bombe A, donnant accĂšs Ă  une prise en charge mĂ©dicale gratuite pour les hibakusha dans les centres spĂ©cialisĂ©s. Pour obtenir le statut de hibakusha, il faut une preuve certifiĂ©e de son emplacement exact au moment de la dĂ©flagration, deux tĂ©moins (ce qui est difficile Ă  trouver Ă©tant donnĂ© le nombre de pertes) et Ă©ventuellement un rapport clinique et des tests sanguins, ce qui fut difficile Ă  produire (voir discriminations). Cependant, dĂšs la premiĂšre annĂ©e du programme, 200 984 personnes ont demandĂ© le statut de hibakusha[25].

En 1967 fut adoptĂ©e une loi assurant une prise en charge complĂšte pour les hibakusha affectĂ©s de maladies graves ou handicaps physiques Ă  la suite de la bombe A ou H[3]. Durant les annĂ©es 1970, les hibakusha non-japonais ayant souffert des attaques atomiques demandĂšrent Ă  pouvoir Ă©galement avoir accĂšs Ă  ces soins et la possibilitĂ© de rester au Japon pour raisons mĂ©dicales. Cette loi a Ă©tĂ© votĂ©e et appliquĂ©e par la cour suprĂȘme japonaise en 1978 . Cependant, si les hibakusha Sud-CorĂ©ens ont pu tardivement recevoir une compensation par le gouvernement japonais, ceux Nord-CorĂ©ens n'en ont jamais reçu, le Japon n'entretenant aucune relation diplomatique avec la CorĂ©e du Nord[26].

L'État japonais garantit depuis 1995 Ă  tous les hibakusha reconnus une allocation Ă  hauteur de 100 000 yens (environ 700 euros)[27]. Parmi eux, ceux reconnus comme Ă©tant atteints de maladies liĂ©es aux radiations reçoivent une allocation de santĂ© spĂ©ciale depuis .

La Haute Cour d'Hiroshima a ordonnĂ© en 2005 Ă  l'État japonais de verser 48 millions de yens (380 000 euros) de compensations Ă  quarante survivants Sud-CorĂ©ens amenĂ©s Ă  Hiroshima avant 1945 comme travailleurs forcĂ©s[27].

Le , Tsutomu Yamaguchi fut le premier hibakusha reconnu comme victime des deux bombardements atomiques[28]. Il succomba Ă  un cancer de l'estomac le lundi [29].

Discrimination

Outre la grande précarité physique, médicale et financiÚre, les hibakusha ont été victimes de fortes discriminations.

Rejet par la population japonaise

Les hibakusha ont Ă©tĂ© et seraient encore victimes de fortes discriminations dues au manque de connaissances et Ă  la peur des maladies liĂ©es Ă  l'irradiation. Certaines personnes pensaient qu'il pouvait s'agir de maladies congĂ©nitales, que les radiations Ă©taient contagieuses ou, selon certaines sources, Ă  cause de leur association avec la dĂ©faite du Japon Ă  la guerre. Existait Ă©galement la peur que l'aide apportĂ©e puisse ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme de l'antiamĂ©ricanisme durant l'occupation post-guerre[30] - [31] - [32] - [15]. 80 % des hibakusha ayant survĂ©cu Ă  long terme auraient cachĂ© leur statut de hibakusha[4].

On notera que les descendants de hibakusha ont tendance Ă  ĂȘtre Ă©galement victimes de discrimination si connus comme tel, alors mĂȘme que la recherche n'a pas permis d'observer une augmentation des malformations ou des troubles gĂ©nĂ©tiques de ces derniers sauf chez ceux ayant Ă©tĂ© dans le ventre de leur mĂšre durant ou peu aprĂšs la bombe (et considĂ©rĂ©s alors eux-mĂȘmes comme hibakusha)[33] - [3].

Les hibakusha ont notamment souvent eu de grandes difficultés ou impossibilité à obtenir un emploi, à se marier et avoir une famille, à avoir droit à un logement et une assurance ou simplement à entrer dans un onsen[27]. En 1975, le taux de chÎmage des hibakusha était 70 % plus élevé que le reste de la population[34]. Les femmes ont particuliÚrement été discriminées et ont eu des difficultés à se marier, la belle-famille pensant souvent qu'elles allaient donner naissance à des enfants difformes. Ce rejet a causé outre les morts prématurées dues aux radiations un fort taux de suicide des hibakusha, leur stress post-traumatique n'ayant pas été pris suffisamment en compte, restant sans ressources, souvent en situation de handicap, devant cacher leur statut de victime, endeuillés du décÚs de nombreux proches et face au désespoir d'une mort souvent proche.

Si une loi a Ă©tĂ© adoptĂ©e en leur faveur en 1968, ce n'est qu'en 1995 que le Japon a fini par octroyer une compensation Ă  ces victimes, Ă  hauteur de 100 000 yens (700 euros), et leur assurance de prise en charge mĂ©dicale complĂšte n'est entrĂ©e en vigueur qu'en [27].

Censure de l'occupation, CCD 1945-1952

Le dĂ©tachement de censure civile (ou CCD) Ă©tait une branche de la section d'intelligence civile (Civil Intelligence Section, CIS). Il fut installĂ© comme organisme de censure Ă  la fin de la Seconde Guerre mondiale par l'occupation alliĂ©e, essentiellement amĂ©ricaine. Son but Ă©tait de « supprimer la circulation de quelconque matĂ©riel portant atteinte aux objectifs de l'occupation » et collecter des informations personnelles, lettres, appels, Ă©crits, censurer les journaux et les rapports mĂ©dicaux [35]. Si les bombes atomiques n'Ă©taient pas un sujet censurĂ© en soi, les travaux littĂ©raires, journalistiques ou les donnĂ©es personnelles Ă  ce sujet le furent, ceci dans le but de ne pas « alarmer la population », ne pas laisser la possibilitĂ© aux Japonais de demander un statut de victime ou d'impliquer les États-Unis dans un jugement pour crimes de guerre ou crime contre l'humanitĂ©, durant la guerre ou l'occupation.

Une censure mĂ©dicale fut aussi mise en place pour deux raisons : que l'armĂ©e amĂ©ricaine fĂ»t en contrĂŽle des informations existantes et collecter des informations sur les effets des bombes atomiques (par l'ABCC) pour aprĂšs pouvoir supprimer le systĂšme de collecte d'informations. « Rien ne devrait ĂȘtre imprimĂ© qui pourrait, directement ou indirectement, dĂ©ranger la tranquillitĂ© du public » Ă©tait la ligne d'interprĂ©tation de censure, ce qui laissait carte blanche au CDD[36].

Dans la censure liĂ©e aux bombes atomiques, les États-Unis ont justifiĂ© leur usage de la bombe atomique, notamment dans le systĂšme scolaire. Les enfants hibakusha, certains ayant perdu leur famille entiĂšre ainsi que leur foyer, dont ceux qui dĂ©cĂ©deront les mois et annĂ©es suivants des radiations, Ă©tudiĂšrent les bienfaits ou le « mal nĂ©cessaire » de la bombe nuclĂ©aire. L'occupation a Ă©galement empĂȘchĂ© les citoyens japonais de parler de leurs expĂ©riences de hibakusha. Cela a menĂ© Ă  limiter la possibilitĂ© de tĂ©moigner et digĂ©rer l'expĂ©rience et pour les hibakusha a limitĂ© leur possibilitĂ© d'organisation et d'aide pour les problĂšmes qu'ils rencontraient dĂ» aux bombes[37] - [38]. Les hibakusha se sont Ă©galement vu confisquer toute donnĂ©e personnelle liĂ©e Ă  la bombe (photographies, carnets intimes et autres), et ne pouvaient que difficilement communiquer avec l'extĂ©rieur, leurs communications Ă©tant trĂšs largement censurĂ©es.

La politique en place était d'« éliminer toute critique flagrante des pouvoirs alliés », exceptée celle de l'URSS en regard de l'avancée de la guerre froide[35] - [39]. Les ouvrages sur Hiroshima et Nagasaki nécessitaient plusieurs validations par différentes agences, notamment pour ne pas divulguer d'informations sur les bombes à des forces étrangÚres et « ne pas alarmer le public », mais également pour ne pas ternir l'image de l'utilisation de la bombe atomique[40]. Plusieurs passages des Cloches de Nagasaki ont par exemple été censurés, et des dialogues ont été ajoutés afin de ne pas remettre en cause l'utilisation de la bombe nucléaire par l'armée américaine et donc la justifier en discutant des crimes de l'armée japonaise[41] - [42].

Ce n'est que sept ans aprĂšs la guerre que la situation Ă  Hiroshima et Nagasaki put ĂȘtre communiquĂ©e et que les publications purent ĂȘtre Ă  nouveau libres, sans que les confiscations soient rendues. Certains Japonais n'apprirent la situation qu'Ă  ce moment-lĂ . Jusque-lĂ , les hibakusha et leur situation Ă©taient murĂ©s dans le silence[43].

L'ABCC et les examens médicaux

Logo de l'ABCC.

L'Atomic Bomb Casualty Commission (ABCC, 1946-1975) rĂ©coltait des informations sur les effets mĂ©dicaux de la bombe nuclĂ©aire sur les hibakusha sans donner quelque soin ou soulagement mĂ©dical ou compensation financiĂšre pour les Ă©tudes qui pouvaient durer la journĂ©e entiĂšre pour une population dĂ©jĂ  largement paupĂ©risĂ©e. MĂȘme s'il ne s'agissait pas d'un organisme mĂȘme de l'occupation, c'Ă©tait un appareil de collection d'informations pour les États-Unis. Si des mĂ©decins japonais et amĂ©ricains travaillaient pour le projet, les États-Unis prirent finalement possession de toutes les donnĂ©es de recherche, Ă©tudes, photographies et spĂ©cimens (dont des parties du corps, prĂ©levĂ©es parfois sans le consentement de la famille) collectĂ©s et sont encore aujourd'hui pour beaucoup aux États-Unis. Les informations rĂ©coltĂ©es par les mĂ©decins n'avaient pas le droit d'ĂȘtre publiĂ©es ou partagĂ©es au Japon durant l'occupation. Celles-ci comportent des rapports mĂ©dicaux et des autopsies de hibakusha[44]. La majoritĂ© des rapports sur les consĂ©quences humanitaires de la bombe fut suspendue, aux États-Unis comme au Japon. Une propagande a Ă©galement Ă©tĂ© mise en place pour contredire les rĂ©sultats mĂ©dicaux, et notamment les effets de la radiation, dans la presse amĂ©ricaine[45]. Si les mĂ©decins japonais ont soignĂ© et collectĂ© des informations sur les patients en crĂ©ant des dossiers, les rapports ont par la suite Ă©tĂ© collectĂ©s par les États-Unis et non autorisĂ©s Ă  la publication et restent encore difficiles d'accĂšs aux archives nationales du Maryland[46]. Certains spĂ©cimens humains et des Ă©tudes cliniques prĂ©levĂ©s furent gardĂ©s aux États-Unis jusqu'en , au dĂ©triment des familles hibakusha[47].

Beaucoup de hibakusha ont tĂ©moignĂ© de l'humiliation de devoir se montrer nus des heures durant et ĂȘtre photographiĂ©s, filmĂ©s et examinĂ©s comme cobayes par l'ABCC, montrer sa calvitie trĂšs gĂȘnante, faire des prises de sang et des prĂ©lĂšvements sans aucun soutien quel qu'il soit[48] - [26]. Les victimes ont dĂ©crit un harcĂšlement de la part de l'ABCC, qui rappelait rĂ©guliĂšrement pour des examens, voire allait chercher les enfants devant l'Ă©cole sans le consentement (ou mĂȘme malgrĂ© la protestation) des parents[49] - [50]. Les nombreuses heures passĂ©es Ă  ĂȘtre Ă©tudiĂ©s Ă©taient une difficultĂ© supplĂ©mentaire pour les hibakusha, qui leur rendait difficile l'accĂšs Ă  un emploi, sans aucune compensation ni pĂ©cuniaire ni en collation, alors qu'une majoritĂ© de hibakusha fut rĂ©duite Ă  l'extrĂȘme prĂ©caritĂ©. L'ABCC a Ă©galement pratiquĂ© de nombreuses autopsies, Ă  hauteur de 500 par an, avec des prĂ©lĂšvements de tissus et parties du corps, souvent sans l'accord des familles, pour ĂȘtre envoyĂ©s aux États-Unis[51]. Ces autopsies Ă©taient souvent pratiquĂ©es sur les corps juste aprĂšs la mort, ce qui Ă©tait difficile pour la famille. Les survivants ont donc eu droit Ă  un harcĂšlement sans aucune contrepartie. Les morts, mĂȘme enfants, avaient droit Ă  la dissection.

Locaux de l'ABCC, 1955.

Si la plupart des femmes survivantes enceintes au moment de la bombe ont fait des fausses-couches, les bébés ayant survécu ont présenté des microcéphalies, maladies cardiaques, de sévÚres retards mentaux et de développement, résultat des fortes expositions aux radiations in utero. Les femmes furent informées que c'était à cause du stress et de la malnutrition, ce qui les culpabilisait de leur propre situation. Les résultats médicaux sur les radiations ne leur étant pas divulgués par censure, les survivantes n'ont découvert que plus tard les vraies causes des anomalies[52] - [53].

Sans donnĂ©e disponible, aucune conclusion ne pouvait ĂȘtre atteinte et empĂȘchait quelconque publication sur les hibakusha. Avec la censure des rapports, aucun japonais ne pouvait sÂŽinformer sur les consĂ©quences des radiations, provoquant la mort de ceux qui restaient exposĂ©s Ă  la radioactivitĂ©. Pour les hibakusha dĂ©cĂ©dĂ©s, le prĂ©lĂšvement de leurs organes sans consentement Ă©tait une violation des souhaits de la famille, mais pour les survivants ce sont leurs dossiers mĂ©dicaux, dont les survivants Ă  long terme ont eu besoin pour prouver leur statut de hibakusha et obtenir une aide mĂ©dicale adĂ©quate, qui disparaissaient[54]. Quand les rapports mĂ©dicaux furent finalement accessibles, il Ă©tait trop tard pour beaucoup de hibakusha[55]. Quand les hibakusha eurent droit Ă  une aide mĂ©dicale de l'État japonais, ils durent fournir de la documentation pour prouver leur statut. Étant donnĂ© que plus de 23 000 donnĂ©es, incluant des rapports cliniques, des restes humains et autres Ă©taient conservĂ©s en secret dĂ©fense aux États-Unis jusqu'en , beaucoup de hibakusha ont eu des difficultĂ©s Ă  prouver leur statut[56] - [57].

Hibakusha de Nagasaki durant la cérémonie de commémoration de la bombe atomique chantant Never Again, en 2012.

Commémoration

Les mémoriaux de Hiroshima et Nagasaki[58] comportent plusieurs cénotaphes, tombes, tertres funéraires et monuments aux morts à la mémoire des hibakusha, dont ceux dédiés aux populations étrangÚres hibakusha condamnées aux travaux forcés. Chacun des mémoriaux appelle à la paix.

Tƍrƍ nagashi dĂ©filant sur la riviĂšre ƌta proche de l'hypocentre de la bombe nuclĂ©aire, tous les , en commĂ©moration aux hibakusha dĂ©cĂ©dĂ©s ce jour en 1945. Chaque tƍrƍ reprĂ©sente une vie. Hiroshima, 2012.

À l'anniversaire de chacun des bombardements, une cĂ©rĂ©monie est organisĂ©e aux mĂ©moriaux en hommage aux victimes et pour la paix, souvent associĂ© Ă  un discours anti-nuclĂ©aire. Une minute de silence est observĂ©e Ă  l'heure exacte du largage de la Bombe (8 h 15 Ă  Hiroshima, 11 h 2 Ă  Nagasaki).

Les hibakusha sont depuis des dizaines d'années invités d'honneur aux cérémonies annuelles de commémoration de la bombe nucléaire les à Hiroshima et à Nagasaki, qui laissent généralement la place à au moins un témoignage ou discours de l'un d'entre eux, à des chants et autres performances.

La ville d'Hiroshima organise Ă  l'anniversaire de la bombe une cĂ©rĂ©monie de tƍrƍ nagashi retransmise Ă  la tĂ©lĂ©vision Ă  partir du crĂ©puscule, oĂč, aprĂšs un discours, les civils peuvent mettre Ă  l'eau un tƍrƍ sur la riviĂšre passant Ă  cĂŽtĂ© de l'hypocentre de la bombe, oĂč beaucoup de hibakusha sont dĂ©cĂ©dĂ©s le jour-mĂȘme. Chaque tƍrƍ reprĂ©sente une personne Ă©tant dĂ©cĂ©dĂ©e des causes de Little Boy.

Terumi Tanaka (en), secrétaire général de Hidankyo et hibakusha, témoignant de son expérience de la bombe nucléaire en conférence à Vienne à l'AIEA dans le cadre de la sensibilisation pour le TNPN, 2007.

Militantisme et engagement politique

Le fut formĂ© Nihon Hidankyo, la confĂ©dĂ©ration des victimes des bombes A et H[59]. Tous ses membres, hibakusha, ont poussĂ© le gouvernement japonais et rĂ©ussi Ă  obtenir les lois sur la prise en charge mĂ©dicale des victimes de la bombe A (1956) et celle sur les mesures spĂ©ciales des souffrants (1967)[3]. L'association est depuis sa crĂ©ation trĂšs active contre toute forme d'utilisation nuclĂ©aire, plaide rĂ©guliĂšrement Ă  l'ONU, organise des manifestations et marche en tĂȘte des mouvements pacifistes[59].

Plusieurs hibakusha (Setsuko Thurlow, Sunao Tsuboi (en), Terumi Tanaka (en), Shuntaro Hida, Sumiteru Taniguchi, Kiyoshi Tanimoto parmi d'autres) se sont engagés et sont ou ont été souvent amenés à témoigner de leur expérience de l'utilisation nucléaire à des fins militaires afin de sensibiliser à l'aspect unique de ces armes et leur dangerosité, notamment à l'ONU. Ils sont souvent invités et ont une place prépondérante dans les discours et organisations anti-nucléaires, anti-militaristes et pacifistes[60] - [61] - [62] - [63] - [64].

L'association Gensuikin, le congrÚs japonais contre les bombes A et H formé en 1965, comporte de nombreux membres hibakusha et travaille en collaboration avec leurs associations [65].

En 1969, Sadako Kurihara, hibakusha, poétesse et militante anti-nucléaire, fonda la Gensuikin Hiroshima Haha no Kai (« MÚres de Hiroshima », groupe contre les bombes A et H et de soutien aux mÚres hibakusha).

Certains hibakusha ont Ă©tĂ© particuliĂšrement critiques Ă  la suite de la catastrophe nuclĂ©aire de Fukushima et au discours du 44e prĂ©sident des États-Unis Barack Obama au mĂ©morial de Hiroshima en 2016[66] - [67].

Makoto Takahara, hibakusha, rencontrant le secrétaire exécutif de OTICE Lassina Zerbo avec Takemi Chiku, coordinatrice des relations légales et externes.

Setsuko Thurlow, militante hibakusha anti-nucléaire, ambassadrice et membre fondateur de la campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires ICAN, délivra le discours de réception du prix Nobel de la paix décerné à ce mouvement en 2017[68] - [69]. Rare hibakusha anglophone, elle a permis, par le biais de nombreuses associations et conférences, à sensibiliser au traumatisme nucléaire.

Lors de la venue du pape François à Hiroshima et Nagasaki le , plusieurs hibakusha sont venus à sa rencontre afin de témoigner de leurs souffrances[70]. Dans son discours, le pape dénonça la possession dŽarmes nucléaires en leur honneur: « Au nom de toutes les victimes des bombardements et des expérimentations atomiques, ainsi que de tous les conflits, élevons ensemble un cri : plus jamais la guerre, plus jamais le grondement des armes. »[71].

Hibakusha célÚbres

Setsuko Thurlow, hibakusha de Hiroshima, ambassadrice d'ICAN ayant délivré le discours de réception du prix Nobel de la Paix de ICAN en 2017.

Hiroshima

  • Hashizume Bun, hibakusha de Hiroshima Ă  14 ans, auteure de Le jour oĂč le soleil est tombĂ© — J'avais 14 ans Ă  Hiroshima, 2007.
  • Ikuo Hirayama, hibakusha Ă  15 ans, peintre.
  • Isao Harimoto (en), hibakusha de Hiroshima Ă  5 ans, joueur professionnel de Baseball.
  • Issey Miyake, hibakusha de Hiroshima Ă  7 ans, designer.
  • Keiji Nakazawa, hibakusha de Hiroshima Ă  6 ans, mangaka et auteur de Gen d'Hiroshima (はだしぼă‚Čン, Hadashi no Gen).
  • Ken Naganuma, hibakusha de Hiroshima Ă  14 ans, joueur professionnel de football.
  • Kiyoshi Tanimoto, hibakusha Ă  36 ans, pasteur mĂ©thodiste, militant anti-nuclĂ©aire, ayant aidĂ© les Hiroshima Maidens et Ă  l'acquisition de droits pour les hibakusha. Prix de la Paix Ă  son nom.
  • Koko Kondo (en), hibakusha de Hiroshima Ă  1 an, activiste pacifiste.
  • Masaru Kawasaki (en), hibakusha de Hiroshima Ă  19 ans, compositeur et chef d'orchestre, a composĂ© la marche funĂšbre jouĂ©e Ă  l'anniversaire de la bombe nuclĂ©aire Ă  Hiroshima depuis 1975.
  • Michihiko Hachiya, hibakusha de Hiroshima Ă  42 ans, mĂ©decin et soignant des hibakusha , auteur de Journal d'Hiroshima : -.
  • Mitoyo Kawate, hibakusha de Hiroshima Ă  56 ans, doyenne de l'HumanitĂ© du au .
  • Sadako Kurihara, hibakusha de Hiroshima Ă  32 ans, poĂ©tesse, militante anti-nuclĂ©aire et fondatrice de Gensuikin Hiroshima Haha no Kai (« MĂšres de Hiroshima », groupe contre les bombes A et H).


  • Sadako Sasaki, hibakusha de Hiroshima Ă  2 ans, atteinte Ă  11 ans d'une leucĂ©mie aiguĂ« due aux radiations, a essayĂ© de faire 1 000 origamis de grue selon la lĂ©gende que cela lui permettrait de rĂ©aliser un vƓu et donc, pour elle, de survivre. Elle meurt Ă  12 ans aprĂšs avoir rĂ©alisĂ© 644 grues. Les origamis de grue et elle sont devenus des symboles de la Paix et de la bombe nuclĂ©aire.
  • Sankichi Toge, hibakusha Ă  28 ans, poĂšte et militant.
  • Setsuko Thurlow, hibakusha de Hiroshima Ă  13 ans, travailleuse sociale, militante anti-nuclĂ©aire, ambassadrice porte-parole Ă  la rĂ©ception du prix Nobel de la paix de la campagne internationale pour l'abolition des armes nuclĂ©aires ICAN [72] - [73].
  • Shigeaki Mori (en), hibakusha de Hiroshima Ă  8 ans, historien militant des prisonniers de guerre.
  • Shigeko Sasamori, membre des Hiroshima Maidens (en), militante anti-nuclĂ©aire
  • Shinoe Shƍda, hibakusha Ă  34 ans, Ă©crivaine et poĂ©tesse.
  • Shuntaro Hida, mĂ©decin directeur du centre d'Orientation des hibakusha Ă  Hiroshima.
  • Sunao Tsuboi (en), hibakusha de Hiroshima Ă  20 ans, militant anti-nuclĂ©aire et anti-militariste, et co-prĂ©sident de Nihon Hidankyo[74].
  • Tamiki Hara, hibakusha de Hiroshima Ă  39 ans, poĂšte, romancier et maĂźtre de confĂ©rence.
  • Tomotaka Tasaka, hibakusha de Hiroshima Ă  43 ans, rĂ©alisateur et scĂ©nariste.
  • Yoko Hosokawa, hibakusha de Hiroshima Ă  13 ans, auteure de Yoko’s Diary: The Life of a Young Girl in Hiroshima During World War II[75].
  • YĂŽko Ôta, hibakusha de Hiroshima Ă  38 ans, Ă©crivaine et romanciĂšre.
  • Yoshito Matsushige, hibakusha Ă  32 ans, ayant pris les seuls 5 clichĂ©s connus le jour-mĂȘme de la bombe atomique.
Origamis de grue, symbole pacifiste et anti-nucléaire en référence à Sadako

Nagasaki

Photo célÚbre de Sumiteru Taniguchi aprÚs la déflagration de Nagasaki prise par un marine de l'armée américaine, janvier 1946.
  • KyĂŽko Hayashi, hibakusha de Nagasaki Ă  14 ans, Ă©crivaine.
  • Osamu Shimomura, hibakusha Ă  16 ans, chimiste et biologiste, Prix Nobel de chimie en 2008.
  • Sumiteru Taniguchi, hibakusha de Nagasaki Ă  16 ans, connu pour une photo de lui le dos dĂ©pecĂ© prise par un G.I., militant pacifiste anti-nuclĂ©aire, prĂ©sident du conseil de la bombe A de Nagasaki, coprĂ©sident de Nihon Hidankyo en 2010.
  • Takashi Nagai, hibakusha de Nagasaki Ă  38 ans, mĂ©decin et auteur de Les cloches de Nagasaki (é•·ćŽŽăźé˜ Nagasaki no Kane), .
  • Terumi Tanaka (en), hibakusha de Nagasaki Ă  13 ans, ingĂ©nieur et professeur associĂ© Ă  l'universitĂ© de Tohoku, activiste pacifiste et anti-nuclĂ©aire, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral depuis 2000 de la confĂ©dĂ©ration d'organisation japonaise des souffrants de la bombe A et H.
  • Yƍsuke Yamahata, photographe militaire, non-directement victime de la Bombe mais ayant rĂ©alisĂ© des clichĂ©s de Nagasaki le lendemain. DĂ©cĂ©dĂ© d'un cancer probablement dĂ» Ă  l'irradiation. Peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme hibakusha selon la classification de l'ABCC.
  • Joe Kieyoomia, prisonnier de guerre navajo qui survit Ă  l'explosion dans sa cellule.
Barack Obama, 44e président des Etats-Unis d'Amérique en visite à la cérémonie de commémoration de la Bombe à Hiroshima. Assis à gauche, Sunao Tsuboi (en), 27 mai 2016.

Hiroshima et Nagasaki

  • Tsutomu Yamaguchi, le seul hibakusha reconnu officiellement comme ayant subi les bombardements de Hiroshima et de Nagasaki.

Représentations artistiques et documentaires

Littérature

La littérature de la bombe est considérée comme un genre littéraire à part entiÚre au Japon.

Littérature hibakusha

Si beaucoup d’Ɠuvres de hibakusha sont considĂ©rĂ©es comme des Ɠuvres majeures au Japon, beaucoup n'ont pas Ă©tĂ© traduites en français. La majoritĂ© des Ɠuvres Ă©crites entre 1945 et 1952 ont d'abord Ă©tĂ© publiĂ©es sur le marchĂ© noir.

Tamiki Hara, poÚte, romancier et professeur universitaire de littérature
  • Hashizume Bun, Le jour oĂč le soleil est tombĂ© — J'avais 14 ans Ă  Hiroshima, Ed. CĂ©nacle de France, , 219 p.
  • Michihiko Hachiya, Journal d'Hiroshima : 6 aoĂ»t – 30 septembre 1945.
  • (ja) Tamiki Hara, Natsu no hana (ć€ăźèŠ± ) [« Hiroshima, fleurs d'Ă©tĂ© »],‎ .
  • (ja) Kyƍko Hayashi, Matsuri no ba [« Rituel de mort »], .
  • (ja) Tamiki Hara, Haikyou kara [« Des Ruines »], .
  • (ja) Tamiki Hara, Kaimetsu no joukyoku [« PrĂ©lude Ă  l'annihilation »], .
  • Shuntaro Hida, Little boy: RĂ©cit des jours d'Hiroshima, Quintette, .
  • (en) Yoko Hosokawa, Yoko’s Diary: The Life of a Young Girl in Hiroshima During World War II.
  • (ja) Sadako Kurihara, Umashimenkana [« ArrivĂ©e d’une nouvelle vie »], .
  • (ja) Sadako Kurihara, Watashi wa Hiroshima wo shogen suru [« TĂ©moin de Hiroshima »], .
  • (ja) Sadako Kurihara, Dokyumento Hiroshima 24 nen [« Documents sur Hiroshima 24 ans plus tard »], .
  • (ja) Takashi Nagai, Nagasaki no Kane (é•·ćŽŽăźé˜) [« Les Cloches de Nagasaki »], Kƍdansha,‎ .
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Littérature non-hibakusha

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Mangas

  • (ja) Fumiko Kono, YĆ«nagi no Machi, Sakura no Kuni (怕ć‡ȘăźèĄ— æĄœăźć›œ) [« Le Pays des cerisiers »],‎ 2003-2004 (adaptĂ© en roman et en film en 2007).
  • (ja) Keiji Nakazawa, Hadashi no Gen(はだしぼă‚Čン) [« Gen d'Hiroshima »],‎ 1973-1974, 10 vol. (adaptĂ© en film en 1976, 1983 et en drama en 2007).

Animés

  • 2008 : Bƍshi (ćžœć­) de Hiroshi Kurosaki, NHK
  • 2012 : Hibakusha de Steve Nguyen et Choz Belen

Films

Musique

Arts plastiques

LÂŽun des quinze polyptyques de la bombe atomique des Maruki, V Boys and Girls, 1957, Joop van Bilsen.

Beaucoup d’Ɠuvres plastiques ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es par des hibakusha sur la bombe et ses effets, souvent anonymes. Le mĂ©morial de la Paix de Hiroshima possĂšde plusieurs travaux plastiques[79].

  • Exposition « Hibakusha – Dessins des survivants d’Hiroshima et de Nagasaki » accueillie par le Centre JoĂ« Bousquet et son temps Ă  la Maison des MĂ©moires, au [80].
  • Carl Randall (artiste britannique ayant peint des portraits de hibakusha Ă  Hiroshima, 2006/09).

Arts de la scĂšne

MĂȘme s'il n'est pas directement liĂ© aux Ă©vĂ©nements, les origines du Butƍ sont souvent liĂ©es aux bombes nuclĂ©aires et aux hibakusha.

Documentaires

  • 1984 : Plus jamais d'Hiroshima (No more Hiroshima (en)) de Martin Duckworth
  • 1986 : Hellfire: A Journey from Hiroshima de John Junkerman
  • 1986 : TĂ©moins d'Hiroshima (en) (ou Voix des Hibakusha) du Centre culturel de la paix d'Hiroshima
  • 2005 : Hiroshima (en) de Paul Wilmshurst, BBC
  • 2007 : LumiĂšre blanche/pluie noire (White Light/Black Rain: The Destruction of Hiroshima and Nagasaki (en)) de Steven Okazaki (en), HBO
  • 2014 : Hiroshima, la vĂ©ritable histoire de Lucy van Beek, Brook Lapping Productions
  • 2015 : Als die Sonne vom Himmel fiel (en) de Aya Domenig
  • Voices of the survivors from Hiroshima and Nagasaki (VOSHN), neuf disques[81]

Notes et références

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