Guide alimentaire canadien
Le guide alimentaire canadien est un outil fourni par SantĂ© Canada une des branches du Gouvernement fĂ©dĂ©ral canadien[1]. Ce document a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1942 durant la Seconde Guerre mondiale[2]. Ă sa crĂ©ation, le Guide visait Ă aider la population canadienne, plus particuliĂšrement les soldats, les travailleurs de lâindustrie de la guerre et les mĂšres de famille, Ă se nourrir au mieux possible en temps de guerre et de carences alimentaire[1].
Au fil du temps, la fonction du Guide a changĂ©. Depuis 1961, le Guide se veut un document Ă©ducatif et facile de comprĂ©hension permettant Ă lâensemble de la population canadienne de faire les bons choix pour sâalimenter[1]. Ă ce jour, câest le Guide alimentaire canadien qui Ă©rige les lignes directrices officielles en ce qui concerne les normes nutritionnelles au Canada. Toutes les institutions relevant du gouvernement tel que les Ă©coles ou les Ă©tablissements de santĂ© suivent ces rĂšgles[3]. Les nutritionnistes et autres professionnels de la santĂ© canadiens ainsi que les responsables des politiques publiques au Canada sont appelĂ©s Ă prendre connaissance du Guide dans le cadre de leurs fonctions[4].
Avec le temps, les normes alimentaires changent, dâoĂč le fait que le Guide a subi diverses modifications avec le temps. Entre sa crĂ©ation en 1942 et aujourdâhui, il y eut 9 versions du Guide alimentaire canadien, dont la plus rĂ©cente est celle de [1].
Histoire
Le guide alimentaire canadien existe depuis 1942[2]. Depuis sa création il y a eu 9 versions du Guide Alimentaires canadien[1]. Au fil du temps le nom du Guide et le mandat du Guide ont subi des modifications.
La version de 1942 s'appelait RĂšgles alimentaires officielles au Canada[1].
En 1944, le Guide est rebaptisĂ© « RĂšgles alimentaires au Canada » et obtient le mandat dâĂ©tablir des normes alimentaires optimales pour la santĂ© de la population canadienne[5].
En 1961, le Guide change Ă nouveau de nom pour « Guide alimentaire canadien ». Câest avec cette Ă©dition de 1961 que le gouvernement fĂ©dĂ©ral canadien attribue officiellement au Guide alimentaire la mission dâĂȘtre un document Ă©ducatif et accessible Ă lâensemble de la population canadienne Ă©tablissant la meilleure façon de sâalimenter[4].
En 1992, il s'appelait Guide alimentaire canadien pour manger sainement et il est renommé en 2007 Bien manger avec le guide alimentaire canadien[1].
Le guide alimentaire canadien a été mis à jour et mis à la disposition du public en . Il recommande aux Canadiens de manger des fruits et des légumes en abondance, des aliments à grains entiers, des aliments protéinés ainsi que de boire de l'eau[6]. D'autres recommandations telles que la prise de conscience des habitudes alimentaires, l'utilisation des étiquettes des aliments ainsi que de prendre le temps de manger en bonne compagnie font aussi partie du guide alimentaire canadien[6]. C'est avec cette version que l'on voit disparaßtre la notion de portions et de groupes alimentaires, présents dans le guide alimentaire canadien depuis 1961[1] - [7].
Date | Nom du Guide | Ăvolution du mandat (Une case vide signifie que le mandat reste le mĂȘme que lâĂ©dition prĂ©cĂ©dente) |
1942 | RĂšgles alimentaires officielles au Canada | Le Guide a pour mandat officiel dâaider la population Ă faire de bon choix alimentaire en temps de guerre. |
1944 | RĂšgles alimentaires au Canada | Le Guide reçoit le mandat dâĂ©tablir des normes alimentaires optimales pour la santĂ©. |
1949 | RĂšgles alimentaires au Canada | |
1961 | Guide alimentaire canadien | Le Guide obtient le mandat de devenir un document dâĂ©ducation alimentaire accessible pour lâensemble de la population |
1977 | Guide alimentaire canadien | |
1982 | Guide alimentaire canadien | |
1992 | Guide alimentaire canadien pour manger sainement | |
2007 | Bien manger avec le Guide alimentaire canadien | |
2019 | Guide Alimentaire canadien |
Le Guide Alimentaire Canadien nâest pas une source scientifique, car câest un document produit par un gouvernement et il a parfois Ă©tĂ© influencĂ© par des groupes de pression[8]. Par consĂ©quent câest un outil et une source de communication politique. Il est donc important de lâutiliser de façon critique.
MalgrĂ© tout, le Guide reste un outil fiable selon les nutritionnistes et autres spĂ©cialistes de la santĂ© publique[9], surtout depuis sa derniĂšre mouture de 2019 qui a Ă©tĂ© conçu sans lâimplication de reprĂ©sentants de lobby de lâagroalimentaire[10].
Un Outil pour soutenir lâeffort de guerre lors de la Seconde Guerre mondiale
Lors de sa crĂ©ation en 1942, le Canada est en guerre dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale. Câest un contexte de rationnement alimentaire pour la population canadienne ce qui engendre une situation de carence nutritionnelle. Le Gouvernement canadien est en plein effort de guerre et ces problĂšmes alimentaires risquent de nuire Ă ses efforts. DâoĂč lâidĂ©e en 1942 dâĂ©laborer un document gouvernemental officiel qui aurait pour but de conseiller la population canadienne sur la maniĂšre la plus efficace pour sâalimenter dans cette situation[5]. Le Guide a donc Ă©tĂ© un outil de communication politique pour favoriser lâeffort de guerre.
Le Guide alimentaire se prĂ©sente Ă lâĂ©poque comme un document destinĂ© Ă lâensemble de la population pour prĂ©venir des carences nutritionnelles et favoriser la santĂ© de tous les Canadiens et Canadiennes en temps de guerre. Le gouvernement craint particuliĂšrement lâimpact de la malnutrition sur la santĂ© de certains groupes spĂ©cifiques, dont les soldats canadiens et les travailleurs dans lâindustrie de la guerre. Dans le Guide de 1942, le gouvernement avantage donc ces tranches de la population[5].
Ă cause de lâinflation des produits alimentaires et les politiques de rationnement dĂ» Ă lâeffort de guerre, lâalimentation idĂ©ale est impossible. Le Gouvernement fĂ©dĂ©ral canadien utilise le Guide afin dâĂ©tablir des standards nutritionnels Ă 70% de leur standard optimal[1]. Le lait est un des aliments qui fut le plus problĂ©matique en termes de pĂ©nurie câest pourquoi le Guide recommandera une consommation minimale de ce produit, du beurre et du fromage[5].
Ces standards seront rĂ©tablis dans lâĂ©dition suivante de 1944 Ă la suite des protestations du ComitĂ© consultatif d'experts sur les aliments chargĂ© de la crĂ©ation du Guide auprĂšs du gouvernement. Ces derniers souhaitant fournir des conseils pour une alimentation dite optimale[11].
Une Source de Lobbying
Les groupes de pression issus de lâagroalimentaire ont pu influencer le contenu de certaines Ă©ditions Guide[12]. Le Guide a ainsi Ă©tĂ© une source de communication politique.
Un des mandats du Gouvernement canadien est de favoriser lâĂ©conomie canadienne. Il se voit ouĂŻ Ă crĂ©er des politiques favorisant lâindustrie agroalimentaire, car elle reprĂ©sente plus de 100 milliards de dollars chaque annĂ©e, ce qui fait dâelle une des plus importantes industries canadiennes[8]. Parmi ces politiques on retrouve le Guide alimentaire canadien dont les conseils alimentaires favorisent cette industrie[13].
Il y a deux maniĂšres qui ont permis aux groupes de pression de sâimmiscer dans ce document gouvernemental.
La premiĂšre est en prenant part au comitĂ© consultatif dâexperts sur les aliments qui est derriĂšre la crĂ©ation de ce document[10]. Câest ce ComitĂ© qui est chargĂ© au nom de SantĂ© Canada dâĂ©laborer le Guide.
La structure du comitĂ© consultatif d'experts sur les aliments change Ă chaque Ă©dition du Guide et elle nâa pas toujours Ă©tĂ© constituĂ© que de spĂ©cialistes de la santĂ©[8]. Ainsi, certains reprĂ©sentants de groupe de pression agroalimentaires ont pu se voir dĂ©cerner une place dans ce comitĂ©. Cela leur a donnĂ© une position de choix pour manipuler le Guide alimentaire canadien Ă leurs avantages[8]. Le ComitĂ© du Guide alimentaire canadien de 2007 comportait des reprĂ©sentants du groupe de pression pour les produits laitiers de la Colombie-Britannique, de lâindustrie de lâhuile vĂ©gĂ©tale canadienne et des producteurs de produits agroalimentaires du Canada[13].
Par consĂ©quent, il est arrivĂ© que les groupes de pression agroalimentaires aient parfois pu mettre leurs intĂ©rĂȘts Ă©conomiques avant ceux de la population canadienne dans le Guide. Câest le cas du lait qui est devenu un groupe alimentaire complet et dont les portions recommandĂ©es ont Ă©tĂ© augmentĂ©es dans le Guide de 1992 Ă la suite de pressions des groupes de pression laitiers[12].
La deuxiÚme méthode est par la consultation du milieu agroalimentaire juste avant la publication du Guide afin de recevoir leurs rétroactions[8].
Le lobbying aurait eu un impact sur la crĂ©dibilitĂ© du Guide[14]. Ainsi, pour la mouture de 2019, le nouveau ComitĂ© consultatif dâexperts sur les aliments nâa embauchĂ© aucun reprĂ©sentant des diffĂ©rents groupes de pression agroalimentaires[10] contrairement Ă lâĂ©dition de 1992 par exemple oĂč 4 membres du conseil sur 12 Ă©taient issus de lâindustrie alimentaire[15]. De plus le gouvernement fĂ©dĂ©ral canadien est trĂšs ouvert sur les intĂ©rĂȘts que pourraient avoir les diffĂ©rents membres qui siĂšgent sur le ComitĂ© consultatif dâexperts sur les aliments qui ont travaillĂ© sur lâĂ©dition de 2019 du Guide[16].
Un outil politique pour faire avancer un agenda de cohésion nationale
Les plus récentes moutures du Guide alimentaire canadien ont été un outil de communication politique utilisé par le Gouvernement canadien afin de transmettre des messages politiques de cohésions nationales par le Gouvernement fédéral canadien.
Par exemple, lâĂ©dition de 2007 du Guide appelĂ© âBien manger avec le Guide alimentaire canadienâ a promu le multiculturalisme. Le Guide a illustrĂ© ses diffĂ©rentes normes nutritionnelles en crĂ©ant un outil web « Mon guide alimentaire » prĂ©sentant des aliments typiques de diffĂ©rentes cultures[17].
La plus récente mouture du Guide publié en 2019, promouvoir tout comme son prédécesseur le multiculturalisme en étant accessible en 26 langues en plus des deux langues officielles. Il est disponible en 9 langues des PremiÚres Nations et 17 langues issues du multiculturalisme canadien[18].
Ce Guide tente aussi de favoriser la rĂ©conciliation avec les PremiĂšres Nations canadiennes en mettant de lâavant leurs spĂ©cialitĂ©s culinaires, en crĂ©ant des outils adaptĂ©s Ă cette tranche de la population canadienne[19] et en rendant le document accessible Ă 9 langues des PremiĂšres Nations[18].
Groupes d'aliments et portion
Bien manger avec le Guide ; Le guide alimentaire canadien (2007) publié par Santé Canada recommandait les portions suivantes selon l'ùge et le sexe des consommateurs.
LĂ©gumes et fruits
Une portion de ce groupe correspond à 125 mL de légumes frais, surgelés ou en conserve, 125 mL de légumes feuillus cuits ou 250 mL crus, un fruit moyen ou 125 mL de fruits frais, surgelés ou en conserve ou encore 125 mL de jus à 100 % pur.
Produits céréaliers
Une portion de ce groupe correspond à une tranche de pain, un demi-bagel, un demi-pain plat (pita ou tortilla), 125 mL de riz, boulghour ou quinoa cuit, 40 g de céréales froides ou 175 mL chaudes ou encore 125 mL de pùtes alimentaires ou couscous cuits.
Lait et substituts
Dans le nouveau guide alimentaire canadien de 2019, le groupe Lait et substituts a été retiré[20].
Viandes et substituts
Une portion de ce groupe correspond Ă 75 g de poissons, fruits de mer, volailles et viandes maigres cuites, 3/4 tasse de lĂ©gumineuses cuites, 3/4 tasse de tofu, deux Ćufs, 30 mL de beurre d'arachide ou de noix ou encore 60 mL de noix et graines Ă©calĂ©es.
Autres recommandations
Santé Canada a émis plusieurs autres recommandations, telles que :
- consommer de 30 à 45 mL de lipides insaturés chaque jour (huiles végétales à cuisson, vinaigrette, margarine et mayonnaise). Par exemple, les huiles mentionnées dans le Guide sont l'huile de canola[21], d'olive et de soya. On conseille de choisir des margarines molles faibles en lipides saturés et trans ;
- consommer au moins un légume vert foncé et un légume orangé chaque jour ;
- consommer des légumes et fruits préparés avec peu ou pas de matiÚres grasses, sucre ou sel ;
- consommer au moins la moitié des portions de produits céréaliers sous forme de grains entiers ;
- consommer souvent des substituts de la viande (légumineuses, tofu...) ;
- consommer au moins deux portions de poisson chaque semaine ;
- boire du lait écrémé ou renfermant moins de 2 % de matiÚres grasses plutÎt que du lait entier (3,25 % m.g.) ;
- boire de l'eau selon la soif.
Les quatre groupes alimentaires sont complémentaires et non interchangeables, i.e. on ne doit pas évacuer un groupe alimentaire de son alimentation sous peine de s'exposer à une possibilité de carence(s) en vitamines, minéraux ou nutriments essentiels. à titre d'exemple, le groupe Légumes et fruits est le seul groupe alimentaire à procurer en quantité suffisante la vitamine C. Une carence en cette vitamine cause le scorbut. Le groupe Lait et substituts est le seul groupe à procurer de la vitamine D et du calcium (les produits laitiers canadiens et leurs substituts sont obligatoirement enrichis en vitamine D pour prévenir des carences).
Bien manger avec le Guide alimentaire canadien est un outil pĂ©dagogique simple trĂšs utilisĂ© par les professionnels de la santĂ©. Il est basĂ© sur des Ă©tudes scientifiques dont les Apports Nutritionnels de RĂ©fĂ©rence (ANREF). Ses objectifs sont, entre autres, de combler les besoins nutritionnels en vitamines, minĂ©raux et autres Ă©lĂ©ments nutritifs ainsi que de rĂ©duire le risque d'obĂ©sitĂ©, de diabĂšte de type 2, de maladies du cĆur, de certains types de cancer et d'ostĂ©oporose.
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- Bien manger avec le Guide alimentaire canadien
- Historique des Guides alimentaires canadiens, de 1942 Ă 2007 Document du fĂ©dĂ©ral canadien racontant lâhistoire du Guide alimentaire canadien et donnant accĂšs Ă certaines pages des diffĂ©rentes Ă©ditions du Guide Ă travers le temps.
- ComitĂ© consultatif dâexperts sur les aliments. Gouvernement du Canada Document du gouvernement fĂ©dĂ©ral canadien expliquant lâintĂ©rĂȘt et la composition du « comitĂ© consultatif dâexperts sur les aliments » de lâĂ©dition 2019 du Guide alimentaire canadien.
Notes et références
- Santé Canada, « Historique des Guides alimentaires canadiens, de 1942 à 2007 », sur www.canada.ca/fr, (consulté le )
- Patricia G. Bailey, « Guide alimentaire canadien », sur thecanadianencyclopedia.ca, L'Encyclopédie Canadienne, (consulté le )
- Santé Canada, « Ressources du Guide alimentaire canadien », sur canada.ca/fr, (consulté le )
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- Santé Canada, « Guide alimentaire en bref », sur guide-alimentaire.canada.ca, (consulté le )
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- « La catégorie « lait et substituts » retirée du nouveau Guide alimentaire canadien 2019 », sur www.narcity.com, (consulté le )
- Au Canada, le canola est une variété de colza de printemps à basse teneur en acide érucique.