ForĂȘt des Colettes
La forĂȘt des Colettes est une forĂȘt domaniale française situĂ©e au sud du dĂ©partement de l'Allier[2].
ForĂȘt des Colettes | |
Localisation | |
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CoordonnĂ©es | 46° 10âČ 37âł nord, 2° 57âČ 48âł est[1] |
Pays | France |
RĂ©gion | Auvergne |
DĂ©partement | Allier |
GĂ©ographie | |
Superficie | 2 040 ha |
Altitude · Maximale · Minimale |
730 m 350 m |
Compléments | |
Protection | RĂ©seau Natura 2000 |
Statut | ForĂȘt domaniale |
Administration | Office national des forĂȘts |
Essences | ChĂȘne rouvre, hĂȘtre europĂ©en, pin sylvestre, douglas |
Situation géographique
La forĂȘt des Colettes se situe Ă l'extrĂȘme sud du dĂ©partement de l'Allier, trĂšs prĂšs de la limite avec le dĂ©partement du Puy-de-DĂŽme sur lequel elle dĂ©borde, sur les hauteurs situĂ©es entre la vallĂ©e de la Sioule et celle de la Bouble. Elle couvre une superficie d'un peu plus de 2000 hectares.
Elle s'Ă©tend principalement sur les communes de Coutansouze, ĂchassiĂšres, Lalizolle et Bellenaves, mais aussi, Ă un moindre degrĂ©, de Veauce, Sussat, Nades et Servant. Toutes ces communes se trouvent dans l'Allier â sauf Servant, Ă l'extrĂ©mitĂ© sud-ouest de la forĂȘt, qui est dans le Puy-de-DĂŽme â et font partie du canton d'Ăbreuil et de la CommunautĂ© de communes Sioule, Colettes et Bouble.
La forĂȘt est traversĂ©e du sud-ouest au nord-est par la RD 987 (de Saint-Gervais-d'Auvergne Ă Saint-Pourçain-sur-Sioule par Bellenaves et Chantelle) et du sud-est au nord-ouest par la RD 998 (de Gannat Ă Commentry et Montluçon par Ăbreuil). Les deux routes se croisent au carrefour de La Bosse, prĂšs du point culminant de la forĂȘt. La voie ferrĂ©e Gannat-Montluçon pĂ©nĂštre aussi dans la forĂȘt en deux endroits, au nord, prĂšs de Bellenaves et de Coutansouze.
GĂ©ologie
La zone granitique proche du point culminant de La Bosse est particuliÚrement riche du point de vue minéralogique. On y trouve notamment des minerais rares contenant du béryllium, du lithium, du tantale, du niobium, de l'étain.
Seuls ont donné lieu à une exploitation industrielle le wolfram et le kaolin.
Le wolfram (ou wolframite), repĂ©rĂ© en 1911, a Ă©tĂ© extrait jusqu'en 1962 Ă la mine des Montmins sur la commune d'ĂchassiĂšres. Il permet de produire du tungstĂšne.
Le kaolin, qui sert Ă la fabrication de la porcelaine, mais aussi de carrelages et de produits sanitaires en cĂ©ramique, a Ă©tĂ© exploitĂ© depuis le XIXe siĂšcle, Ă l'initiative de la famille Jouhet-Duranthon. Cette exploitation se poursuit par les soins de la SociĂ©tĂ© des Kaolins de Beauvoir (Ă ĂchassiĂšres) qui appartient au groupe Imerys. Le kaolin extrait sur le site de Beauvoir est d'une grande qualitĂ©. La production est d'environ 20 000 tonnes par an[3].
Dans les annĂ©es 2020, la situation gĂ©opolitique et Ă©conomique et la recherche de la souverainetĂ© industrielle ont entraĂźnĂ© un renouveau d'intĂ©rĂȘt pour des mĂ©taux comme le lithium et le wolfram prĂ©sents dans le sous-sol de la partie haute de la forĂȘt. Par arrĂȘtĂ© en date du 11 mai 2021, publiĂ© au Journal officiel le 2 juin 2021, la ministre dĂ©lĂ©guĂ©e auprĂšs du ministre de lâĂ©conomie, des finances et de la relance a accordĂ© jusquâau 23 mai 2025 la premiĂšre prolongation du permis exclusif de recherches de mines de lithium, Ă©tain, tantale, niobium, tungstĂšne, bĂ©ryllium et substances connexes dit "Permis de Beauvoir" Ă la sociĂ©tĂ© Imerys Ceramics France. En octobre 2022, Imerys annonce sa dĂ©cision d'ouvrir une mine de lithium dont l'exploitation dĂ©butera en 2027 et qui pourrait produire environ 30 000 tonnes d'hydroxyde de lithium par an ; le dĂ©bouchĂ© prĂ©vu est la production d'accumulateurs lithium-ion pour la filiĂšre des vĂ©hicules Ă©lectriques[4].
Histoire
Enclave du nord-ouest de la Basse-Auvergne, la forĂȘt faisait partie au Moyen Ăge de la Terre d'Auvergne puis du duchĂ© d'Auvergne. L'ensemble forestier est Ă proximitĂ© du chĂąteau de Chantelle qui appartient Ă©galement aux Bourbons, ducs Ă la fois de Bourbon et d'Auvergne. Lorsque les biens du connĂ©table de Bourbon furent confisquĂ©s par François Ier, elle passa dans le domaine royal.
Aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles, la forĂȘt des Colettes et la forĂȘt voisine de Boismal sont peuplĂ©es d'ouvriers qui travaillent le bois, bĂ»cherons et fendeurs, mais aussi sabotiers ; ils logent sur place dans des cabanes. Mais c'est aussi le refuge de dĂ©serteurs, vagabonds, voleurs et surtout des faux-sauniers ; en effet, cette zone se trouve Ă la frontiĂšre entre l'Auvergne, pays rĂ©dimĂ© de gabelle oĂč le sel n'Ă©tait soumis Ă aucune taxe, et le Bourbonnais, pays de grande gabelle, ce qui en fait une zone favorite de contrebande. Au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle, les autoritĂ©s s'inquiĂštent de ces dĂ©sordres ; le , l'intendant de Moulins, Gilles IV de Maupeou d'Ableiges, envoie un mĂ©moire au roi pour l'alerter :
« Le plus grand faux saunage qui se fait dans le Bourbonnais provient des bois du Roy de Coulette [= Colettes] et Nade scituĂ©s Ă 2 lieĂŒes et demy de Gannat, tirant du costĂ© de Bellenave et Montmarault, lesquels bois contiennent 8 ou 9 lieĂŒes de circuit, oĂč se rĂ©fugient tous les faux sauniers parce qu'ils sont soutenus par plus de six Ă sept cens ouvriers qu'on appelle fendeurs qui se sont cabanĂ©s dans lesdits bois oĂč ils ont plusieurs cabarets, font une espĂšce de rĂ©publique et sont en possession de ne payer aucun sel, taille ny subside, sans qu'on ose y aller faire aucune recherche, ny demande, se prestant main forte les uns aux autres et sont tous armĂ©s de fusils[5]. »
Le roi autorise alors l'intendant Ă prendre une ordonnance interdisant Ă quiconque « de s'Ă©tablir et avoir des loges dans les bois des Coulettes, Naddes, Boismal, sans en avoir de nous pris la permission par Ă©crit, Ă peine d'ĂȘtre rĂ©putez vagabonds et comme tels condamnez aux gallĂšres perpĂ©tuelles et attachez Ă la chaĂźne sans aucune procĂ©dure[5]. »
En 1879, la forĂȘt est sĂ©vĂšrement touchĂ©e par une tempĂȘte.
En 1944, la forĂȘt hĂ©bergea des camps de maquisards, dont le camp FTP Gabriel Dionnet. Le , 1 500 SS lancĂšrent une opĂ©ration contre les maquis de toute la zone Ă l'entour. Ă la fin de l'opĂ©ration, le gĂ©nĂ©ral qui commandait l'opĂ©ration estimait Ă 25 le nombre de maquisards tuĂ©s. La plupart auraient Ă©tĂ© tuĂ©s dans leur fuite sur les routes, d'autres ont Ă©tĂ© fusillĂ©s aprĂšs leur capture (ex. : massacre du Champ des vignes Ă Gannat). Une plaque dans les bois sur la commune de Veauce commĂ©more le souvenir de 11 FTP tuĂ©s.
Un projet d'implantation d'Ă©oliennes au cĆur de la forĂȘt rencontre une importante opposition[6]. AprĂšs le rejet du projet par le nouveau conseil municipal Ă©lu en 2020, le projet semble dĂ©finitivement abandonnĂ©.
Végétation
La forĂȘt des Colettes est une forĂȘt de moyenne altitude, qui s'Ă©tage de 350 Ă 730 mĂštres ; des espĂšces diffĂ©rentes dominent selon l'altitude.
Le chĂȘne (chĂȘne rouvre) l'emporte jusqu'Ă 550 m ; on trouve au nord, dans le secteur de Villard-les-Bois, une belle chĂȘnaie avec des arbres ĂągĂ©s de 100 Ă 200 ans.
Au-dessus de 550 m, le hĂȘtre domine. La forĂȘt des Colettes est connue comme l'une des plus belles hĂȘtraies naturelles d'Europe.
Dans la partie la plus haute, et notamment sur les terrains libérés par la fin de l'exploitation des carriÚres, on a planté des résineux (pin sylvestre, douglas) .
Tourisme
- Wolframines est un espace musĂ©ographique qui prĂ©sente de maniĂšre Ă la fois didactique et ludique le monde de la minĂ©ralogie et les richesses minĂ©rales de la zone de la Bosse (exposition, prĂ©sentation audiovisuelle, animations pour les enfants, visite des anciennes carriĂšres)[7]. Cet espace a dĂ» fermer vers 2014-2016 ; il a rouvert en 2017 sur de nouvelles bases ; son dĂ©veloppement a Ă©tĂ© gĂȘnĂ© par les restrictions liĂ©es Ă la pandĂ©mie de Covid 19, mais il bĂ©nĂ©ficie dĂ©sormais d'un soutien important des collectivitĂ©s territoriales.
- Sentiers balisés : randonnée pédestre, à cheval ou à VTT.
- Parc accrobranches (route de la Bosse Ă Louroux-de-Bouble).
Notes et références
- Coordonnées relevées au carrefour de La Bosse à l'aide de Google Maps
- L'ensemble forestier comprend, Ă cĂŽtĂ© de la forĂȘt domaniale, des parcelles privĂ©es.
- La Montagne, 18 août 2008.
- L'Express, 24 octobre 2022.
- Cité par Léon Bideau, Bellenaves, t. I, 1909, pp. 136-141.
- Sandrine MontĂ©ro, « Allier : un projet dâĂ©oliennes contestĂ© dans la forĂȘt des Colettes », France 3 Auvergne-RhĂŽne-Alpes, 22 mai 2018 ; « Un projet de cinq Ă dix Ă©oliennes dans la forĂȘt des Collettes Ă Bellenaves », La Montagne, 30 juin 2018.
- Site de la commune d'ĂchassiĂšres.