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ForĂȘt de Brix

La forĂȘt de Brix, s'Ă©tendait Ă  l'est du bourg de Brix (prononcer /bʁi:/), dans le dĂ©partement de la Manche, en Normandie, dans la pĂ©ninsule du Cotentin, entre Cherbourg et Valognes. Avant sa disparition quasi complĂšte, son territoire couvrait principalement les actuelles communes, Saussemesnil-Ruffosses, Saint-Joseph, NĂ©greville et Brix, ainsi que l'ancienne commune de La Glacerie.

D'une superficie d'environ 7 000 hectares vers 1665, elle s'Ă©tendait sur dix kilomĂštres de long et six kilomĂštres de large. Les feuillus reprĂ©sentaient 100 % de la forĂȘt.

Elle se distinguait dĂ©jĂ , depuis l'an mil, des forĂȘts de Bricquebec, et de Saint-Sauveur, qui se trouvent encore plus au sud, et qui subsistent encore, bien que diminuĂ©es depuis cette Ă©poque.

Histoire

La forĂȘt de Brix Ă©tait Ă  l'origine le cƓur d'une immense forĂȘt du Clos du Cotentin, qui formait un triangle allant depuis Quettehou Ă  Cherbourg et vers Saint-Sauveur-le-Vicomte.

Dans la seconde moitiĂ© du XIIe siĂšcle d'importants dĂ©frichements sont Ă  l'origine des paroisses de Martinvast, Hardinvast, Tollevast, Sottevast, Ă  l'ouest, et Brillevast, le Vast, Chiffrevast et Barnavast Ă  l'est. On note Ă  chaque fois l'emploi de l'appellatif toponymique -vast (anciennement -wast) « vide laissĂ© par un dĂ©frichement »[1], auquel se combine un anthroponyme, souvent d'origine germanique ou scandinave. Il Ă©tait synonyme d'essart ou de novale. La forme « francienne » est gast (ex.: Saint-Denis-le-Gast), que l'on retrouve au sud du dĂ©partement de la Manche car la ligne du « V / G(u) » est Ă  peu prĂšs parallĂšle Ă  la ligne Joret. En français, dĂ©vaster et gĂąter ont en commun un radical de mĂȘme Ă©tymologie[2].

Cette premiĂšre pĂ©riode a Ă©tĂ© suivie par une exploitation rĂ©guliĂšre de la forĂȘt.

La partie proche de Valognes (forĂȘt de Valognes) appartenait aux ducs de Normandie, puis aux rois de France depuis 1204 (d'oĂč son nom de « forĂȘt du Roi » dans certains actes). Les seigneurs des baronnies de NĂ©hou, la LuthumiĂšre (Ă  Brix), Saint-Sauveur-le-Vicomte et Bricquebec en Ă©taient les autres propriĂ©taires. Chaque partie fut alors rĂ©duite par essartage rĂ©gulier du XIIe jusqu'au XVIIIe siĂšcle. Elle Ă©tait alors affermĂ©e en fiefferme du roi, Ă  un important seigneur, qui la gĂ©rait au nom du roi.

En 1770, Louis XV dĂ©cida de vendre par lot les derniers morceaux importants de la forĂȘt de Brix, au profit de particuliers et des nouvelles industries de la rĂ©gion, en particulier les verreries, ateliers de poterie et la manufacture de glaces de la Glacerie. Cependant, les trois quarts de la forĂȘt royale furent adjugĂ©s Ă  Louis PhĂ©lypeaux de Saint-Florentin, duc de La VrilliĂšre, pour 15 000 livres tournois et le fief de Tornay (Ă  Versailles), ce dernier Ă©change de fief permettant au roi de contourner le principe d'inaliĂ©nabilitĂ© du domaine royal. Ce dernier la rĂ©trocĂ©da aussitĂŽt Ă  sa maĂźtresse Marie-Madeleine de Cusacque, comtesse de Langeac. De mauvaises affaires l'obligĂšrent Ă  vendre en 177] une forĂȘt de Brix dĂ©jĂ  bien entamĂ©e, Ă  Louis-Stanislas-Xavier de France, comte de Provence, frĂšre de Louis XVI. Le comte de Provence acheva si bien les derniers arpents de la forĂȘt, notamment en la sous-infĂ©odant Ă  des dĂ©fricheurs, pour en tirer de trĂšs importants profits, qu'elle finit par perdre sa consistance ancienne.

Rampe de lancement de V1 inspectée par trois GI's le . Sur les lieux du chùteau du Pannelier, au nord de Brix et à l'est de la N13.

La vente de plusieurs lots importants fut à l'origine de domaines privés qui subsistent encore pour la plupart, situés sur les communes de Brix et de Saussemesnil. Parmi eux, on compte notamment :

Un grand nombre de troncs d'arbres centenaires furent par la suite revendus à l'État royal, à l'occasion des travaux de construction de la rade de Cherbourg, notamment pour la fabrication des cînes.

Il ne reste aujourd'hui de cette forĂȘt, hormis les forĂȘts de Bricquebec et de Saint-Sauveur-le-Vicomte, qu'un ensemble de bois Ă©pars, dont les noms suivent :

  • bois de Boutron ;
  • bois de Blanqueville ;
  • bois de PĂ©pinvast[3] ;
  • bois du Rabey ;
  • bois du Coudray ;
  • bois du Mont-du-Roc (pron. /mondurĂŽ/) ;
  • bois de Barnavast (pron. /barnava/) ;
  • bois de Montebourg.

Le combat de la forĂȘt de Brix

Pendant la guerre de Cent Ans, en 1379, la place de Montebourg est tenue par Guillaume des Bordes, lieutenant du roi de France en Basse-Normandie. Froissart raconte que ce dernier, cette annĂ©e lĂ , Ă  la Saint-Martin d'Ă©tĂ© (Saint-Martin le bouillant), le , part avec ses principaux lieutenant pour marcher sur Cherbourg, dont le commandant Anglais, John Harliston, par hasard sort lui aussi le mĂȘme jour. Les deux troupes se rencontrent dans la forĂȘt de Brix en un lieu qui prĂȘte Ă  controverse : soit au Pont-Ă -la-Vieille, au Pastoy Ă©s bois[note 1], ou encore au PĂątis-des-bƓufs. Deux chevaliers, un français, Lancelot de Lorris, et un anglais, John Copeland s'affrontent en combat singulier au cours duquel le jeune Lancelot est tuĂ©, avant qu'une mĂȘlĂ©e gĂ©nĂ©rale entraĂźne la mort de cent-vingt français, jetant la consternation dans le Cotentin[4].

Gilles de Gouberville

Au travers de son Journal, Gilles Picot (1521-1578), seigneur de Gouberville, Russy et le Mesnil-au-Val dĂ©crit par endroits l'immense forĂȘt telle qu'elle existait au XVIe siĂšcle, puisqu'il la parcourait de temps Ă  autre pour ses affaires. Une partie de ces descriptions a notamment Ă©tĂ© analysĂ©e par Pierre Le Conte, Les Chemins de Normandie au temps du sire de Gouberville, Bricqueboscq, Les Éditions des champs, 2001.

Gouberville possĂšde alors, Ă  partir de 1543, la charge de lieutenant particulier en la vicomtĂ© de Valognes du grand-maĂźtre des eaux et forĂȘts de Normandie, et il a ainsi quelque 17 000 arpents de bois sous sa juridiction, dont au moins 13 000 pour la seule forĂȘt de Brix, aujourd'hui disparue[5]. Il s'occupait notamment de la vente de bois provenant des coupes dans la forĂȘt, au profit des caisses royales. Il accomplit des tournĂ©es de surveillance du domaine forestier, curage des cours d'eau, livrĂ©es de bois de chauffage pour les clercs, etc., et quelques procĂšs liĂ©s Ă  la gestion de la forĂȘt et au voisinage[6].

Lieux remarquables

  • La chapelle Saint-Jouvin, prĂšs la LuthumiĂšre, Ă  Brix.
  • Le Mont-Ă -la-Quesne,

Voir aussi

Bibliographie

  • GĂ©rard Ermisse, Le dĂ©boisement et le dĂ©frichement de la forĂȘt de Brix en Cotentin au XVIIIe siĂšcle, thĂšse de l'École des Chartes, 1969, 2 vol.
  • Pierre Brunet, M.-C. Dionnet, G. Houzard, « L'Ă©volution du paysage rural dans le sud-ouest de l'ancienne forĂȘt de Brix de 1770 Ă  1830 », Annuaire de Normandie, Caen, 1974, p. 157-171.
  • G. Houzard, L'Ă©volution du paysage rural de l'ancienne forĂȘt de Brix de 1778 Ă  1830. Cah. DĂ©p. GĂ©ogr. Univ. Caen, 7, 1973, p. 43-60.
  • Claude Pithois, Brix, berceau des rois d'Écosse, CondĂ©-sur-Noireau : Charles Corlet, 1980, 588 p. (notamment p. 432-444).
  • Petit-Berghem Y., 2008. La contribution Ă  la biogĂ©ographie. In : P. Brunet (Coord.), « Le massif forestier de Brix. Essai de biogĂ©ographie et d’histoire », Publication ThĂšse d’Etat de G. Houzard, SociĂ©tĂ© d’archĂ©ologie et d’histoire de la Manche, Etudes et Documents n° 30, Saint-LĂŽ, 7-11.

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. Pour Claude Pithois, une altération de Brestot, en limite de Brix et de Sauxemesnil.

Références

  1. Il s'agit d'un terme gallo-roman VASTU refait en *WASTU sans doute sous l'influence du vieux bas francique *wĂŽstj- (cf. vieux haut allemand wuosti, allemand WĂŒste « dĂ©sert »).
  2. Site du cnrtl : Ă©tymologie de "gĂąter".
  3. Edmond Thin, Le Val de Saire : TrĂ©sors d'un jardin du Cotentin sur la mer, Éditions OREP, , 165 p. (ISBN 978-2-915762-82-2), p. 83.
  4. Maurice LecƓur, Le Moyen Âge dans le Cotentin : Histoire & Vestiges, Isoùte, , 141 p. (ISBN 978-2-9139-2072-9), p. 15.
  5. Michel DevĂšze, La Vie de la forĂȘt française au XVIe siĂšcle, 2 vol., Paris, SEVPEN, 1961, t. I, p. 234.
  6. Philippe Hamon, « Gilles de Gouberville officier. Activités professionnelles et relations sociales », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, no 23, 1999 (texte en ligne).
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