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Flèche de Notre-Dame de Paris

La flèche de Notre-Dame de Paris est la flèche qui surmonte la croisée du transept de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Flèche de Notre-Dame de Paris
La flèche de Viollet-le-Duc en 2011.
Présentation
Type
Partie de
Style
Architectes
Matériau
bois de chĂŞne (d) et plomb
Inauguration
Destruction
Hauteur
96 m
Localisation
Localisation
Coordonnées
48° 51′ 11″ N, 2° 21′ 00″ E
Carte

Au cours de son histoire, la cathédrale connaît deux flèches : la flèche médiévale construite au XIIIe siècle[alpha 1] est fragilisée par les intempéries et démontée à la fin du XVIIIe siècle[alpha 2] ; la seconde, construite par Eugène Viollet-le-Duc et inaugurée en , s'effondre en au cours d’un important incendie qui ravage les combles de la cathédrale.

La question de la construction éventuelle d'une troisième flèche fait débat dans les mois suivant l'incendie. Une reconstruction à l'identique est finalement préférée en .

Flèche d’origine

Une première flèche mĂ©diĂ©vale est Ă©difiĂ©e au-dessus de la croisĂ©e du transept au XIIIe siècle Ă  une date discutĂ©e[alpha 1]. Elle repose sur un système de charpentes « fort ingĂ©nieux et bien conçu », selon les constatations faites en examinant la souche subsistant Ă  son emplacement en 1858, juste avant la reconstruction[1] - [2] : toutes les pressions reposent sur les quatre piliers du transept. Ornement d'importance, cette flèche exerce aussi la fonction d'un clocher dotĂ©, au dĂ©but du XVIIe siècle, de « six petites cloches, non comprise la cloche de bois »[3]. La flèche est recouverte de plomb. Sa hauteur de la flèche au-dessus du comble jusqu'Ă  la tĂŞte du coq est de 104 pieds[4]. Elle s'Ă©lève Ă  83 mètres au-dessus du sol de la cathĂ©drale d'après Dany Sandron.

En , en raison du vent et du pourrissement de la charpente, la grande croix qui la surmontait tombe avec les reliques placées dans la pointe de la flèche[5]. Celle-ci commence à s'affaisser dès le milieu du XVIIIe siècle sous l'action du vent. Elle est démontée après 1792 d'après Ferdinand de Guilhermy et Eugène Viollet-le-Duc. Dubu précise que le démontage de la flèche est décidée par le gouvernement révolutionnaire en 1793 pour récupérer les plaques de plomb[6]. La flèche n'apparaît plus dans aucune représentation de la cathédrale à partir de 1797[7]. Viollet-le-Duc attribue le démontage de la flèche à l'architecte Étienne-Hippolyte Godde.

Flèche de Viollet-le-Duc

Un concours est lancĂ© en 1842 pour la restauration de la cathĂ©drale de Paris et de construction d'une nouvelle sacristie. Dans le projet de restauration prĂ©sentĂ© au ministre de la justice et des cultes, en 1843, par Jean-Baptiste Antoine Lassus et Eugène Viollet-le-Duc, ils proposent de reconstruire la flèche qui se situait au-dessus de la croisĂ©e du transept et dĂ©molie entre 1793 et 1797[8] - [9]. Lassus et Viollet-le-Duc ont utilisĂ© les dessins rĂ©unis par Antoine-Pierre-Marie Gilbert (1785-1858)[10], dont la copie d'un dessin de l'ancienne flèche rĂ©alisĂ© par Garneray père (1755-1837) faite par l'architecte Émile Boeswillwald qui a Ă©difiĂ© celle de la cathĂ©drale d'OrlĂ©ans. Ce projet, avec ceux des architectes diocĂ©sains Arveuf et Danjoy, est prĂ©sentĂ© Ă  la Conseil des bâtiments civils le . Il est choisi le . La commission des lois chargĂ©e de rĂ©diger un rapport sur la rĂ©paration de la cathĂ©drale donne son accord au projet de loi tout en regrettant qu'il ne prĂ©voit pas la reconstruction de la flèche[11] - [alpha 3] - [12]. Le 19 juillet 1845, une loi est votĂ©e affectant un crĂ©dit de 2 650 000 francs pour la restauration de la cathĂ©drale et la construction d'une sacristie[13].

La flèche de la cathédrale d'Orléans en 2017.

La cathĂ©drale reste sans flèche jusqu’à sa restauration, commencĂ©e par Lassus et poursuivie, après sa mort en 1857, par Viollet-le-Duc. Le projet est approuvĂ© par le ministre de l'instruction publique et des cultes en mars 1858[14]. Sa conception est inspirĂ©e par la flèche de la cathĂ©drale Sainte-Croix d'OrlĂ©ans (elle-mĂŞme inspirĂ©e par celle de la cathĂ©drale Notre-Dame d’Amiens)[15]Les travaux commencent par la dĂ©molition de l'ancienne charpente de la souche de la flèche, entre le et le , puis pose du plancher provisoire au-dessus de la voĂ»te centrale, dĂ©but du montage de l'Ă©chafaudage de la flèche le , fin le , fin du montage de l'Ă©chafaudage de la flèche le [16]. La nouvelle flèche est rĂ©alisĂ©e entre fĂ©vrier et aoĂ»t 1859 par l'entreprise de charpente Auguste Bellu (1796-1862)[17] — qui a dĂ©jĂ  travaillĂ© Ă  OrlĂ©ans — pour la structure en bois et par les ateliers Monduit pour la couverture mĂ©tallique. Elle est inaugurĂ©e le . La hauteur de la flèche est alors de 96 mètres.

  • Avant, pendant et après la construction de la flèche de Viollet-le-Duc
  • Notre-Dame sans flèche dans les annĂ©es 1850 (Édouard Baldus).
    Notre-Dame sans flèche dans les années 1850 (Édouard Baldus).
  • Construction de la flèche en 1859.
    Construction de la flèche en 1859.
  • La toiture et la flèche photographiĂ©es vers 1860, après l'installation de la nouvelle flèche (Charles Marville).
    La toiture et la flèche photographiées vers 1860, après l'installation de la nouvelle flèche (Charles Marville).
  • La flèche en 2018, surplombant la cathĂ©drale et l'Ă®le de la CitĂ©.
    La flèche en 2018, surplombant la cathédrale et l'île de la Cité.
  • Maquette rĂ©alisĂ©e en 1859 par l'entrepreneur en charpente Bellu.
    Maquette réalisée en 1859 par l'entrepreneur en charpente Bellu.

Architecture

De style nĂ©o-gothique, la flèche culmine Ă  93 mètres, soit 21 mètres de moins que celle de la cathĂ©drale d'OrlĂ©ans. Son manteau de plomb pèse quelque 250 tonnes. Il recouvre une structure d'environ 500 tonnes, composĂ©e entièrement de chĂŞne de Champagne[18] - [19] - [20].

La flèche est entourĂ©e de quatre couronnes de crĂ©atures lĂ©gendaires en tant que figures de gardien mythologiques. La galerie infĂ©rieure est constituĂ©e de fenĂŞtres gothiques Ă  deux voies avec un quatre-feuilles couronnant. Les arches sont chacune recouvertes de 21 bourgeons de rose (IsaĂŻe 11,1), qui dĂ©signent la patronne de la cathĂ©drale comme un symbole de la rosa mystica (rose mystique), invoquĂ©e dans les litanies de Lorette[21] - [22] - [23]. La galerie supĂ©rieure s'ouvre dans des fenĂŞtres Ă  une voie avec des traceries en forme de nez. Entre les deux galeries, une guirlande d'Ă©pines de fer complexes pend autour de la tour, symbolisant la Sainte Couronne conservĂ©e dans la cathĂ©drale[24] - [25]. Les pignons s'Ă©levant au-dessus de la galerie supĂ©rieure sont chacun dĂ©corĂ©s de trois-feuilles, d'une fenĂŞtre Ă  quatre-feuilles et d'une dernière fenĂŞtre Ă  lancette. Entre les pignons, deux couronnes de pinacle s'Ă©lève sur deux Ă©tages. Le sommet de la tour octogonale est ornĂ© de douze couronnes de fleurs rampantes. Une couronne de roses (Siracide 24,18) et de lis (Cantique des Cantiques 2,2) de la vierge Marie forme la conclusion de la tour, au-dessus, une croix de six mètres de haut surmontĂ©e d'un coq de cuivre. La guirlande de roses peut ĂŞtre interprĂ©tĂ©e comme une indication de la prière du rosaire, la guirlande de lis est gĂ©nĂ©ralement un symbole de la virginitĂ© perpĂ©tuelle de Marie[26] - [25] - [27].

Statues des douze apĂ´tres

La flèche est encadrée à sa base, entre chaque portion de toiture, de statues monumentales des douze apôtres en cuivre repoussé. Deirdre Westgate et Charanne Clarke placent la date de la décision d'orner la flèche de statues des apôtres, en 1858, après la découverte de seize petits piliers sur les restes de la charpente de la flèche[28]. Celles-ci sont placées les unes en dessous des autres, par quatre rangées de trois. Orienté vers les points cardinaux, chaque groupe surmonte une figure du tétramorphe symbolisant les évangélistes : le taureau pour Luc, le lion pour Marc, l'aigle pour Jean et l'ange pour Matthieu. Œuvre d'Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume, les statues s'inspirent de l'esthétique du XIIIe siècle. Tous les apôtres regardent Paris à l'exception de saint Thomas, patron des architectes. Il présente les traits de Viollet-le-Duc[29] et se tourne vers la flèche, comme pour la contempler. À la base du poinçon central (un pilier de bois qui soutient la flèche), une plaque en fer, vissée à l'achèvement des travaux, comporte le dessin d'une équerre et d'un compas se croisant, symbole compagnonnique comme maçonnique, ainsi qu’un acronyme à la gloire du Grand Architecte de l’Univers[alpha 4]. Certains en déduisent que Viollet-le-Duc et Bellu, tous deux mentionnés sur la plaque, étaient francs-maçons[30]. Mais la plaque comporte aussi le nom de Georges, un compagnon charpentier (dit « indien ») du « Devoir de liberté », l'une des branches du compagnonnage[31].

  • Statues des douze apĂ´tres Ă  la base de la flèche
  • L'aigle de saint Jean au premier plan.
    L'aigle de saint Jean au premier plan.
  • Le taureau de saint Luc au premier plan.
    Le taureau de saint Luc au premier plan.
  • L'ange de Matthieu au premier plan.
    L'ange de Matthieu au premier plan.
  • DĂ©tail de la statue de saint Thomas, sous les traits de Viollet-le-Duc.
    DĂ©tail de la statue de saint Thomas, sous les traits de Viollet-le-Duc.

Coq

Le coq en cuivre repoussĂ© situĂ© au sommet de la flèche, d'un poids d'environ 30 kg, Ă©galement Ĺ“uvre d'Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume[32], contient trois reliques : une petite parcelle de la Sainte Couronne, une relique de saint Denis et une de sainte Geneviève[33]. Le morceau de la Sainte Couronne est installĂ© par Viollet-le-Duc en 1860. Après la restauration du coq en 1935, il y est replacĂ© par le cardinal Verdier, archevĂŞque de Paris[34]. Le coq agirait donc comme un « paratonnerre spirituel » protĂ©geant les fidèles.

  • Coq de la flèche de Notre-Dame
  • Le coq, surmontant une croix de direction.
    Le coq, surmontant une croix de direction.
  • DĂ©tail du coq.
    DĂ©tail du coq.
  • Le coq exposĂ© au ministère de la Culture après l’incendie.
    Le coq exposé au ministère de la Culture après l’incendie.

Usages

En 1999, des militants escaladent la flèche pour commémorer le soulèvement tibétain de 1959, comme l'avait fait l'alpiniste Chantal Mauduit en 1997[35]. Sylvain Tesson en fait l'ascension une centaine de fois dans les années 1990[36].

Jusqu'à sa chute, la flèche est un point du réseau géodésique français[37].

Travaux de restauration

Dans le cadre d'un programme global de restauration de la cathĂ©drale d'une durĂ©e de dix ans et dont le coĂ»t Ă©tait estimĂ© Ă  60 millions d'euros, une opĂ©ration de travaux de restauration de la flèche dĂ©bute le par la dĂ©pose, Ă  l'aide d'une grue de 80 mètres, des seize statues transportĂ©es dans l'entreprise pĂ©rigourdine Socra, Ă  laquelle a Ă©tĂ© confiĂ©e la restauration financĂ©e par le mĂ©cĂ©nat[38] - [39]. Elles doivent ĂŞtre restaurĂ©es deux Ă  deux en atelier, alors que les quatorze autres devaient trouver place dans le chĹ“ur de la cathĂ©drale pour y ĂŞtre exposĂ©es pendant les travaux de restauration de la flèche, dont la durĂ©e prĂ©vue Ă©tait de trois ans pour un coĂ»t de 11 millions d'euros[40].

La restauration de la cathĂ©drale dans les annĂ©es 1990 n'avait concernĂ© que la façade occidentale. La flèche n'avait pas fait l'objet de travaux depuis 1935-1937[41]. Or, plus de 160 altĂ©rations repĂ©rĂ©es sur l'Ă©difice ont rendu sa restauration indispensable. Des cassures, dĂ©chirures, soulèvement de plaques, fissures sur les soudures ont altĂ©rĂ© l'Ă©tanchĂ©itĂ© de sa couverture de plomb, mettant en pĂ©ril l'intĂ©gritĂ© de sa charpente[42].

En outre, la couverture de plomb devait, comme les statues, faire l'objet de prĂ©lèvements et d'analyses pour dĂ©terminer la nature de la pellicule qui les recouvre, aucune information n'ayant Ă©tĂ© retrouvĂ©e dans les documents relatifs aux travaux de restauration prĂ©cĂ©dents. La maĂ®trise d'ouvrage de l'opĂ©ration a Ă©tĂ© confiĂ©e au service de la Conservation rĂ©gionale des monuments historiques au sein de la direction rĂ©gionale des Affaires culturelles d'ĂŽle-de-France et la maĂ®trise d'Ĺ“uvre Ă  l'architecte en chef des monuments historiques, Philippe Villeneuve[40]. Des travaux de mĂŞme ampleur sur la flèche devaient ĂŞtre ensuite programmĂ©s tous les 80 ans[43].

Destruction par incendie

Le , vers 18 h 50, un incendie se déclare dans la charpente de la cathédrale. Rapidement, le feu se propage à l'ensemble du toit. La chaleur, estimée à plus de 800 °C[44], fait fondre le plomb enveloppant l'armature en bois de la flèche, qui ne tarde pas à s'enflammer à son tour. Puis l'incendie émet des fumées toxiques et de nombreuses particules[45]. Pour prévenir tout risque d’intoxication, les habitations voisines sont évacuées[45].

La partie haute de la flèche s'effondre vers 19 h 45[46]. Sa chute provoque la destruction d'une partie des voûtes de la nef[47], notamment celle de la quatrième travée. L'effondrement de la partie basse sur elle-même entraîne la destruction de la croisée du transept.

Les seize statues entourant la flèche avaient été déposées quatre jours auparavant, le , et envoyées à la Socra pour restauration[38] - [39]. Elles ne sont donc pas affectées par l'incendie. Le coq situé au sommet de la flèche s'en détache lors de la chute. D'abord cru perdu, il est retrouvé le lendemain de l'incendie[48]. Abîmé, il est confié lui aussi à la Socra. La dépose du reliquaire était programmée pour [49].

  • La flèche lors de l’incendie du
  • La flèche en feu, entourĂ©e d’un fort dĂ©gagement de fumĂ©e.
    La flèche en feu, entourée d’un fort dégagement de fumée.
  • La flèche juste avant et juste après son effondrement.
    La flèche juste avant et juste après son effondrement.

Chronologie

Incendie de Notre-Dame de Paris


Projet de reconstruction

Le , le Premier ministre, Édouard Philippe, annonce le lancement d'un concours international d'architecture pour décider s'il faut réédifier la flèche[50]. Dans l'affirmative, il conviendra de définir la nature de cette reconstruction : à l'identique de celle de Viollet-le-Duc ou d'une structure inédite[51].

L’architecte Jean Nouvel appelle à ce que la flèche de Viollet-le-Duc soit reconstruite à l’identique, estimant que celle-ci « fait partie des choses intangibles de la cathédrale »[52]. À l’inverse, Roland Castro déclare dans un premier temps ne pas être contre une flèche nouvelle, puis opte également pour une reconstruction à l'identique[53] - [54]. Dans les semaines qui suivent l’incendie, plusieurs agences d’architecture émettent des propositions novatrices pour reconstruire la flèche[55] - [56]. Le chantier de reconstruction de la flèche de la basilique Saint-Denis pourrait servir de modèle à celui de Notre-Dame[57].

Le , il est annoncé que le président Emmanuel Macron a acquis « la conviction » qu'il faut restaurer la flèche à l'identique de son état avant l'incendie[58] - [59]. Le concours d'architecture est alors abandonné, suscitant les critiques d'architectes qui dénoncent une décision « conservatrice » et « populiste » du chef de l'État[60].

Dans la culture populaire

Peinture

Entre 1909 et 1910, le peintre Robert Delaunay réalise une série de tableaux et d’aquarelles autour de la flèche de la cathédrale, qu’il associe à l’idée de la locomotion aérienne[61]. Il signe plusieurs œuvres représentant la flèche vue d’en haut, derrière laquelle on aperçoit les ponts de Paris[62].

  • La flèche dans la peinture de Robert Delaunay
  • La Flèche de Notre-Dame (1909), musĂ©e de Grenoble.
    La Flèche de Notre-Dame (1909), musée de Grenoble.
  • La Flèche de Notre-Dame (1909), collection particulière.
    La Flèche de Notre-Dame (1909), collection particulière.
  • La Flèche de Notre-Dame (vers 1909-1910), collection particulière.
    La Flèche de Notre-Dame (vers 1909-1910), collection particulière.

Chanson

La flèche est mentionnée dans les paroles de la chanson de 1952 Notre-Dame de Paris, écrite par Eddy Marnay, composée par Marc Heyral et créée et interprétée par Édith Piaf : « […] Henri Quatre / Verdâtre / Aime sous son verre de gris[alpha 5] / La vieille flèche / Qui lèche / Le plafond gris de Paris […] »[63].

Jeu vidéo

La flèche de Viollet-le-Duc apparaît dans le jeu vidéo d'action-aventure et d'infiltration Assassin's Creed Unity[64], développé par Ubisoft Montréal et sorti en 2014[65]. L'édifice y est représenté de manière assez détaillée et il est possible pour les joueurs de le faire gravir par l'extérieur par un personnage. L'intrigue et l'action se déroulant durant la Révolution française, la présence de cette flèche du XIXe siècle dans le jeu est cependant un anachronisme, assumé par la créatrice principale du décor du jeu, car, selon elle, aurait été décevante pour les joueurs une représentation de la flèche d'origine, qui à cette époque était endommagée et sur le point d'être démantelée[66].

Cinéma et télévision

Dans Le Bossu de Notre-Dame, sorti en 1996, Quasimodo escalade la flèche en chantant Rien qu’un jour[67]. La représentation de la flèche de Viollet-le-Duc dans le film d’animation des studios Disney constitue également un anachronisme, l’intrigue se déroulant en 1482[68].

Notes et références

Notes

  1. Remarque 1 : Aucun texte ne permet de prĂ©ciser la date de construction de la flèche. Dans leur livre, Description de Notre-Dame, cathĂ©drale de Paris, p. 8, Ferdinand de Guilhermy et Eugène Viollet-le-Duc indiquent qu'un incendie a eu lieu entre 1235 et 1240 dĂ©truisant les charpentes supĂ©rieures des galeries ainsi que la seconde volĂ©e des arcs-boutants. Dany Sandron Ă©crit que la cathĂ©drale a Ă©tĂ© profondĂ©ment remaniĂ©e en 1220-1230 avec l'agrandissement des fenĂŞtres hautes de la nef centrale qui a nĂ©cessitĂ© le surhaussement des murs gouttereaux afin de mettre en place des chĂ©neaux pour recueillir les eaux de pluie du toit et Ă©vacuer les eaux par les volĂ©es des des arcs-boutants, qui ont Ă©tĂ© reconstruits après un incendie d'après Viollet-le-Duc, creusĂ©es en gouttières vers les gargouilles. Cette transformation peut expliquer l'achèvement tardif des tours de la cathĂ©drale, vers 1240. En mĂŞme temps ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es des chapelles entre les culĂ©es des contreforts de la nef centrale, qui ont entraĂ®nĂ© l'ajout de nouvelles façades des croisillons nord et sud du transept pour les aligner sur les chapelles, par Jean de Chelles, puis Pierre de Montreuil, Ă  partir de 1258 avec les grandes roses. Il propose d'associer la construction de la flèche de la croisĂ©e du transept avec une charpente couverte de plomb Ă  la construction des nouvelles façades du transept, avant la continuation des travaux dans le chĹ“ur et le chevet. Viollet-le-Duc date la construction de la flèche du dĂ©but du XIIIe siècle d'après le dĂ©cor de crochets d'un chapiteau de poinçon. L'analyse dendrochronologique de bois pouvant provenir de la souche de la flèche mĂ©diĂ©vale donne une date plus tardive pour la mise en Ĺ“uvre : les annĂ©es 1290. Dany Sandron Ă©met l'hypothèse que la construction de la flèche avait pour but de rĂ©affirmer la prĂ©Ă©minence de la cathĂ©drale par rapport Ă  toutes les Ă©glises de Paris, et en particulier de la Sainte-Chapelle consacrĂ©e en 1248 dont la flèche avait une hauteur supĂ©rieure aux tours de Notre-Dame. Avec ses 83 mètres de hauteur, la flèche de la croisĂ©e de Notre-Dame n'Ă©tait dĂ©passĂ©e que par les 86 mètres de la flèche en pierre de la basilique Saint-Denis.
  2. Remarque 2 : Dans son article de 1860 sur la reconstruction de la flèche de la cathédrale, Eugène Viollet-le-Duc fait remarquer que la flèche médiévale existe encore en 1789 et n'est plus représentée à partir de 1797. Il attribue le démontage de la flèche pour des raisons de sécurité à l'architecte Étienne-Hippolyte Godde, inspecteur des travaux publics du département de la Seine à partir de 1801, responsable de Notre-Dame de Paris jusqu'en 1842. La souche de la flèche, en mauvais état, existait encore sous la toiture de la cathédrale en 1858.
  3. Remarque 3 : Le Conseil des bâtiments civils est constitué alors d'architectes néo classiques et « l'impéritie des architectes, favorisée par un système de mesquine économie, considérait les flèches de nos églises comme des superfétations dangereuses, ne 'servant quà accélérer la ruine des édifices, soit par les mouvemens qu'ils leur communiquent, soit par la chute de la foudre, à laquelle leur forme aigüe, ou les métaux qui entrent dans leur construction servent d'excitateurs et de conducteurs. C'était alors un parti pris de les raser, dès qu'une dégradation un peu importante s'y manifestait. » (voir : Jean Philippe Schmitt, Les églises gothiques, Paris, J. Angé et Cie libraires-éditeurs, 1837, 91 p. [lire en ligne].
  4. C'est-à-dire Dieu, bâtisseur de l'univers dans la tradition compagnonnique incluse dans un phylactère.
  5. Conformément aux versions du texte selon les sources présentes sur l'Internet, qui toutes orthographient « verre de gris » (de vin gris), alors qu'on s'attendrait plutôt à trouver l'orthographe « vert-de-gris ».

Références

  1. Ch. Friès, « Notre-Dame de Paris (Travaux de restauration) », Encyclopédie d'architecture, 1re série, vol. 9,‎ , p. 109–110 (lire en ligne).
  2. Viollet-le-Duc 1860, p. 35-39
  3. Jacques du Breul, Le théatre des antiquitez de Paris, Paris, Claude de La Tour, , p. 11 [lire en ligne].
  4. Abbé de Montjoye et Claude-Pierre Gueffier, Description historique des curiosités de l'Eglise de Paris, contenant le detail de l'Edifice, tant extérieur qu'intérieur, le trésor, les chapelles, tombeaux, épitaphes, & l'explication des tableaux, avec les noms des peintres, Paris, Chez C. P. Gueffier père, (lire en ligne), p. 41
  5. Dubu 1854, p. 24-25.
  6. Dubu 1854, p. 24
  7. Viollet-le-Duc 1860, p. 36
  8. Jean-Baptiste Antoine Lassus et Eugène Viollet-le-Duc, Projet de restauration de Notre-Dame de Paris : rapport adressé à M. le Ministre de la Justice et des Cultes, Paris, Imprimerie de Mme de Lacombe, (lire en ligne)
  9. Images d'art : Eugène-Emmanuel Viollet-Le-Duc, Jean-Baptiste Lassus, Projet de restauration de la façade occidentale de Notre-Dame de Paris,
  10. Antoine Pierre Marie Gilbert, « Ancien clocher », dans Description historique de la basilique métropolitaine de Paris, Paris, Adrien Le Clere, (lire en ligne), p. 141-144
  11. Comte de Montalembret et Didron aîné, « Réparation de la cathédrale de Paris », Annales archéologiques, t. 3,‎ , p. 113-127 (lire en ligne)
  12. Jean-Michel Leniaud, « Le cas des flèches », dans Les cathédrales au XIXe siècle, Paris, Economica, (ISBN 978-2-7178-2478-0), p. 270-271
  13. J.-B. Duvergier, « 19-21 juillet 1845 Loi qui ouvre un crédit pour la restauration de cathédrale de Paris », dans Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlemens avis du conseil d'État - Année 1845, t. 45, Paris, (lire en ligne)
  14. Vilollet-le-Duc 1860, p. 35
  15. Cindy Roudier-Valaud, « La flèche de Notre-Dame de Paris était inspirée de celle de la cathédrale d'Orléans, et bâtie par le même charpentier », La République du Centre, .
  16. Journal des travaux, 1858 Médiathèque du patrimoine, Journal des travaux, 1858 (lire en ligne)
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Voir aussi

Bibliographie

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  • Raoul Vergez, Les illuminĂ©s de l'art royal : 8 siècles de compagnonnage, Julliard, coll. « Presses Pocket », , 319 p. (ISBN 2-266-01325-4), p. 253-265.
  • [Sandron 2021] Dany Sandron, Notre-Dame de Paris : Histoire et archĂ©ologie d'une cathĂ©drale (XIIe et XIVe siècles), Paris, CNRS Éditions, (ISBN 978-2-271-12918-5)

Articles connexes

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