FĂ©minisme autochtone
Le féminisme autochtone est un mouvement féministe qui se préoccupe des droits des femmes amérindiennes ou autochtones d'Amérique, de la souveraineté autochtone et de la décolonisation. Sa théorie et sa pratique sont proches de celles du féminisme intersectionnel. Il se sépare du féminisme dominant, souvent réticent à l'idée de donner la priorité à des problÚmes comme le racisme et les méfaits de la colonisation. Les femmes autochtones, quant à elles, se mobilisent pour des questions telles que les meurtres et disparitions de femmes autochtones (MMIW)[1], la stérilisation forcée des femmes autochtones, la lutte pour les droits fonciers et la victimation sexuelle disproportionnée des femmes natives d'Amérique, en particulier en tant que cibles des hommes blancs[2] - [3].
Le mouvement peut ĂȘtre comparĂ© par exemple au Black feminism, mouvement fĂ©ministe dans les communautĂ©s afro-amĂ©ricaines.
Les communautés autochtones sont diverses, certaines femmes détenant un pouvoir considérable au sein de leurs nations tribales et de nombreuses autres vivant dans des communautés patriarcales. Les femmes en position dominante ont des objectifs différents de celles qui luttent encore pour leurs droits fondamentaux au sein de leur communauté.
Le féminisme autochtone est lié au féminisme postcolonial car il reconnaßt les conséquences dévastatrices de la colonisation sur les peuples autochtones et les terres qu'ils habitent, et l'importance d'un démantÚlement des systÚmes oppressifs introduits à la suite de la colonisation[2]. La priorité donnée au territoire ancestral, aux droits fonciers et aux luttes environnementales relient le féminisme autochtone à certains aspects de l'écoféminisme. La distinction entre le féminisme autochtone et le féminisme blanc dominant s'explique par le fait que « les femmes autochtones ont des expériences concrÚtes qui façonnent leurs relation aux thÚmes centraux », expériences différentes de celles des femmes non autochtones[4] - [5].
Le fĂ©minisme autochtone est Ă©galement connu sous d'autres noms gĂ©ographiquement spĂ©cifiques, en AmĂ©rique ou en dehors, tels que fĂ©minisme des natifs d'AmĂ©rique aux Ătats-Unis, fĂ©minisme des PremiĂšres Nations au Canada, fĂ©minisme aborigĂšne ou indigĂšne australien en Australie[6]. MalgrĂ© l'utilisation du mot « autochtone », applicable Ă divers lieux, la majoritĂ© des textes faisant rĂ©fĂ©rence au fĂ©minisme autochtone ont tendance Ă se concentrer en rĂ©alitĂ© sur les populations autochtones d'AmĂ©rique du Nord (AmĂ©rindiens des Ătats-Unis, PremiĂšres Nations du Canada, Inuits et MĂ©tis).
Effets de la colonisation
Dans la plupart des communautés autochtones, ce sont la colonisation et le christianisme qui ont entraßné les changements les plus profonds et les plus néfastes dans la situation et le traitement des femmes[3].
Les peuples autochtones sont devenus soumis, en effet, à un systÚme patriarcal raciste qui a considérablement modifié les pratiques sociales, économiques et culturelles des sociétés autochtones antérieures au contact avec les Européens. Le pouvoir économique, politique et spirituel accordé aux femmes dans les communautés autochtones menaçait les arrivants européens qui utilisaient « la xénophobie et une peur profonde des pratiques spirituelles autochtones » pour justifier les actes de génocide comme moyen de domination[7]. De plus, « alors que les rÎles traditionnels des femmes dans les communautés autochtones varient considérablement, la colonisation a réorganisé les relations de genre en assujettissant les femmes, quel que soit leur statut antérieur au contact avec les Européens » [8]. La colonisation a restructuré les systÚmes sociaux autochtones pour les adapter à l'idéal des colons blancs.
Les colons blancs ont souvent apporté un nouveau type de systÚme économique de leur nation européenne qui impliquait les idées de propriété privée de travail genré, systÚme qui a été imposé aux communautés autochtones[6] . Dans A Recognition of Being: Reconstructing Native Womanhood, Anderson note que « la scission entre le travail public et privé et l'introduction des économies capitalistes ont perturbé les autorités économiques traditionnelles des femmes autochtones »[9].
Afin de priver les femmes du pouvoir politique, les colonisateurs ont imposĂ© des systĂšmes de rĂ©glementation aux peuples autochtones, dont la Loi sur les Indiens du Canada fournit un exemple. Cette loi dĂ©finit le statut des femmes comme infĂ©rieur Ă celui des hommes. L'identitĂ© et le statut autochtones Ă©taient dĂ©sormais dĂ©terminĂ©s sur la base d'une lignĂ©e patrilinĂ©aire, ce qui enlevait aux femmes une grande partie de leur pouvoir social et politique[10]. Le pouvoir politique et spirituel des femmes sont souvent liĂ©s. En consĂ©quence, « les traditions religieuses hĂ©tĂ©ropatriarcales, oĂč dominent le genre masculin et l'hĂ©tĂ©rosexualitĂ©, ont exclu les femmes et les peuples bispirituels des rĂŽles de leadership »[9]. La combinaison de la perte de pouvoir du leadership Ă©conomique, politique et spirituel place les peuples autochtones en position de grande vulnĂ©rabilitĂ©.
Les femmes autochtones continuent de remettre en question le patriarcat qui a largement colonisĂ© les institutions politiques autochtones et ses effets sur les femmes qui ont davantage Ă©tĂ© affectĂ©es que les hommes[11]. Le colonialisme et le patriarcat ont transformĂ© des sociĂ©tĂ©s autochtones qui, avant la colonisation, Ă©taient basĂ©e sur un systĂšme Ă©galitaire en y imposant leurs idĂ©ologies sexistes[12]. Câest par la dĂ©nonciation de la Loi sur les Indiens que le mouvement fĂ©minisme des femmes autochtones a commencĂ©. La Loi sur les Indiens retirait le statut autochtone Ă celles qui Ă©pousaient des hommes non-autochtones. Inversement, si un homme Ă©pousait une femme non-autochtones, alors celle-ci se faisait transmettre sont statu. Cette disposition patriarcale sâinspire directement du systĂšme chrĂ©tien occidental, oĂč la femme devenait la propriĂ©tĂ© de lâhomme et ne possĂ©dait pas dâidentitĂ© individuelle. Puisque traditionnellement, ce sont les femmes qui sont responsables de lâenseignement de la langue et de la culture aux enfants, le gouvernement sâest ainsi assurĂ© dâen Ă©touffer la transmission au sein des communautĂ©s autochtones et dâencourager la valorisation de la culture occidentale.
Bien que les consĂ©quences du colonialisme soient nĂ©fastes aussi bien pour les hommes que pour les femmes, il reste quâelles comportent une dimension genrĂ©e non-nĂ©gligeable. Le modĂšle patriarcal des cultures colonisatrices a eu un impact majeur sur les sociĂ©tĂ©s autochtones qui a menĂ© Ă la Loi sur les Indiens, ayant pour effet de contrer la participation politique des femmes autochtones et leur droit de vote[13].
Théorie et recherches
Le féminisme autochtone veut s'appuyer sur des modÚles traditionnels tout en incorporant des idées féministes modernes et intersectionnelles[14]. Le féminisme autochtone diverge du féminisme postcolonial, car certains ont soutenu que la théorie postcoloniale en général a largement ignoré le colonialisme tel qu'il s'est manifesté en Amérique, à l'égard les populations autochtones[15]. Certains chercheurs autochtones (tels que Robert Allen Warrior (en), Elizabeth Cook-Lynn (en), Craig Womack (en)) ont ainsi exprimé leur inquiétude quant aux limites de la théorie postcoloniale, qui risque de marginaliser les perspectives autochtones. Dans "Qui a volé les études amérindiennes ?" Elizabeth Cook-Lynn discute du débat important sur ce qui constitue le post- colonial, et qui a le privilÚge de décréter qu'une une société est devenur post-coloniale[16] (appellation qui sous-entend le colonialisme appartient au passé). En conséquence, des femmes se sont ralliées au féminisme autochtone comme moyen de remédier à ces limites du féminisme postcolonial.
Le développement du féminisme autochtone moderne est né d'une contre-insurrection contre la tentative d'appliquer le féminisme occidental de maniÚre égale et efficace à toutes les femmes, indépendamment de leurs expériences. De telles tentatives sont considérées comme infructueuses car elles homogénéisent les expériences trÚs diverses des femmes et des peuples autochtones. S'appuyant sur la théorie de l' intersectionnalité de Kimberle Crenshaw, la théorie féministe autochtone cherche à inverser les façons dont le féminisme blanc « confond ou ignore les différences intragroupes » [17]
Cheryl Suzack et Shari M. Huhndorf soutiennent dans Indigenous Women and Feminism: Politics, Activism and Culture que : « Bien que le féminisme autochtone soit un domaine naissant de recherche universitaire, il est né d'histoires d'activisme et de culture des femmes qui ont visé à combattre la discrimination fondée sur le sexe., assurer la justice sociale pour les femmes autochtones et lutter contre leur effacement social et leur marginalisation - des efforts qui relÚvent sans doute du féminisme, malgré la relation tendue des femmes autochtones avec le terme et avec les mouvements féministes traditionnels. »[8].
Le féminisme autochtone se distingue par ailleurs des autres mouvements de défense des droits autochtones, tels que la théorie de la libération autochtone, parce que ces théories « n'ont pas été attentives aux maniÚres genrées par lesquelles l'oppression coloniale et le racisme fonctionnent pour les hommes et les femmes, ou aux sexismes inhérents et adoptés que certaines communautés manifestent"[18].
De nombreux universitaires et militants identifient le féminisme autochtone comme étant lié au féminisme radical, car il prÎne souvent un bouleversement de tous les systÚmes de pouvoir qui organisent l'assujettissement des femmes autochtones sur la base à la fois de la suprématie masculine et de la différence raciale[19]. Le féminisme autochtone encourage la participation aussi bien des hommes que des femmes à la décolonisation . Myrna Cunningham ( Miskita ) a déclaré que « la lutte des peuples autochtones n'est pas une menace pour nos luttes en tant que femmes autochtones. Au contraire, nous voyons ces luttes comme réciproques." [20] La décolonisation est considérée comme l'outil ultime pour lutter contre la subordination des peuples autochtones[2]
Critique du féminisme blanc
Les fĂ©ministes traditionnelles supposent gĂ©nĂ©ralement que la lutte contre l'oppression fondĂ©e sur le sexe ou le genre est la prioritĂ© absolue (voire unique), tandis que l'indigĂ©nĂ©itĂ© est d'une importance secondaire[5]. Moreton-Robinson a Ă©crit que les fĂ©ministes blanches « sont extrĂȘmement rĂ©ticentes Ă l'idĂ©e de se voir dans la position d'oppresseurs, et donnent la prioritĂ© Ă la lutte contre l'oppression dont elles sont victimes »[21]. Or les femmes autochtones refusent l' homogĂ©nĂ©isation des « femmes »[22] - [14].
Pour les femmes autochtones, toutes les fĂ©ministes blanches ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de la colonisation, de la dĂ©possession des peuples autochtones et continuent d'en rĂ©colter les bĂ©nĂ©fices ; les femmes blanches, et non les femmes autochtones, accĂšdent Ă des rĂŽles clĂ©s et constituent la norme de la fĂ©minitĂ© en Australie et dans d'autres pays coloniaux. Selon Carrie Bourassa, le problĂšme en abordant les questions fĂ©ministes autochtones Ă travers cette lentille est que le fĂ©minisme blanc dominant Ă©tait lui-mĂȘme imprĂ©gnĂ© d'un rĂ©cit de colonialisme. Il a utilisĂ© l'indigĂ©nĂ©itĂ©, le racisme, l'hĂ©tĂ©ronormativitĂ© et le christianisme comme outils pour reprĂ©senter les peuples autochtones comme des « autres » et justifie le fait les « civiliser » ; en consĂ©quence, il y a eu un manque d'inclusion du travail des femmes autochtones dans les discours dominants[10].
Ainsi des fĂ©ministes autochtones comme Celeste Liddle (Arrernte), « croient fermement qu'en tant que femmes autochtones, alors que nos combats sont liĂ©s aux luttes fĂ©ministes en cours au sein d'autres groupes racialement marginalisĂ©s, ils ne sont pas les mĂȘmes[19]».
La question de l'égalité des salaires entre hommes et femmes est un exemple de préoccupations différentes entre féminisme dominant et féminisme autochtone. Celeste Liddle rappelle que « les Autochtones n'ont historiquement pas été payés du tout pour leur travail »[19] Par conséquent, la lutte du féminisme blanc pour l'égalité salariale (entre autres enjeux) était perçue comme repoussant les droits des femmes autochtones à la périphérie.
Un autre exemple de ce type est le temps nécessaire pour obtenir certains droits. Par exemple, alors que les femmes blanches considérées comme citoyennes du Canada ont obtenu le droit de vote en 1918, toutes les autres femmes n'ont obtenu le droit de vote que bien plus tard. Les femmes autochtones du Canada n'avaient pas le droit de voter avant les années 1960, époque à laquelle la deuxiÚme vague du féminisme s'était éloignée de ces questions[9]. Le 10 mars 1969, sous le gouvernement de John Diefenbaker, les hommes et les femmes autochtones obtiennent le droit de vote[11]. Le Québec est la derniÚre province du Canada à reconnaßtre ce droit aux hommes et aux femmes autochtones avec la Loi donnant le droit de vote aux Autochtones le 2 mai 1969[12] - [13].
Rauna Kuokkanen (Sami) a plaidé en faveur d'un paradigme spécifiquement autochtone, par opposition à un paradigme féministe, car « les approches des féminismes dominants excluent souvent les notions de collectivité ainsi que les droits fonciers qui sont des éléments centraux pour les peuples autochtones[23]».
Une autre critique contre le féminisme dominant est présentée par Cunningham[20]:
Le modĂšle du fĂ©minise hĂ©gĂ©monique dominant tente d'homogĂ©nĂ©iser le mouvement des femmes, affirmant que toutes les femmes ont les mĂȘmes revendications et le mĂȘme accĂšs Ă la jouissance de leurs droits. Cette hypothĂšse erronĂ©e nie les divers besoins et visions culturels, linguistiques et sociaux de groupes distincts de femmes.
Critique du féminisme autochtone
Une critique du féminisme autochtone parmi certains universitaires occidentaux est que les populations autochtones « choisissent de se distancier du féminisme[24]».
Activisme
La résistance et l'activisme contre les puissances coloniales dominantes peuvent prendre plusieurs formes, y compris, mais sans s'y limiter : les protestations juridiques ou politiques, les pratiques de guérison, la narration ou l'activisme artistique[25]. Le mouvement est représenté par des autrices telles que Leanne Betasamosake Simpson et Leslie Marmon Silko.
Femmes autochtones disparues et assassinées (MMIW)
"Sisters In Spirit" est un groupe qui organise les veillĂ©es, en l'honneur de la vie des femmes et filles autochtones disparues et assassinĂ©es (MMIWG). Ces veilles ont amenĂ© le gouvernement du Canada Ă lancer une enquĂȘte nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinĂ©es en septembre 2016. Cette enquĂȘte rendu compte des causes systĂ©miques de la violence[26]. elle est finalement parvenue Ă la conclusion qu'il y a un gĂ©nocide en cours contre les femmes autochtones en AmĂ©rique du Nord[27] - [28].
Aux Ătats-Unis, le Centre national de ressources pour amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© des femmes autochtones et de leurs enfants (NIWRC) a Ă©tĂ© crĂ©Ă© « pour renforcer la capacitĂ© des tribus amĂ©rindiennes et autochtones de l'Alaska, des autochtones hawaĂŻens et des organisations tribales et autochtones hawaĂŻennes Ă rĂ©pondre Ă la violence domestique[29]». Cette organisation partage Ă©galement des thĂšmes fĂ©ministes autochtones
Fini l'apathie
Le mouvement Idle No More (Fini l'apathie) est un mouvement autochtone fondé par trois femmes autochtones et un allié non autochtone, dans le but de « modifier les discours contemporains sur les droits, la souveraineté et la nationalité en affirmant que ce sont les femmes autochtones qui devraient détenir le pouvoir politique des nations autochtones, ou à tout le moins qu'elles devraient avoir un siÚge égal à la table des débats. »[30]. Ce travail se fait en apportant des modifications à la Loi sur les Indiens du Canada, une loi qui restreint la souveraineté autochtone, ainsi qu'en préconisant la protection de l'environnement. L'Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) est une autre organisation canadienne qui élabore et modifie des lois qui affectent les peuples autochtones. dans le but d'autonomiser les femmes autochtones [31]
Journée des peuples autochtones
Travailler pour changer le nom de « Christopher Columbus Day » en « Indigenous People's Day » est un exemple de changement du rĂ©cit de l'indigĂ©nĂ©itĂ© aux Ătats-Unis[32] Les partisans de ce changement croient que Colomb a Ă©tĂ© soumis Ă "l'adoration", malgrĂ© de nombreux aspects nĂ©gatifs Ă son Ă©gard, y compris "son arrogance, sa mauvaise administration de ses entreprises coloniales et sa conscience aveugle, qui n'a pas Ă©tĂ© troublĂ©e par l'esclavage des peuples autochtones, mĂȘme ce faisant, cela allait Ă l'encontre des souhaits de ses soutiens royaux[33].»
Traumatisme intergénérationnel et pratiques de guérison autochtones
En raison du traumatisme intergĂ©nĂ©rationnel qui se transmet de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration en raison de la colonisation violente, la guĂ©rison est un aspect important de la rĂ©sistance[34]. Les pratiques de guĂ©rison comprennent le travail qui revient au travail culturel traditionnel autochtone prĂ©colonisĂ©, comme le tissage, la couture, la musique ou mĂȘme la participation active Ă la communautĂ© autochtone[9]. ParallĂšlement Ă cela, la revendication de la souverainetĂ© Ă travers la narration et l'Ă©criture sont Ă©galement des formes d'activisme autochtone[35]. L'Ă©criture est un outil particuliĂšrement utile dans la guĂ©rison et l'activisme. Il sert Ă la fois de « moyen de survivre Ă l'oppression et de moyen de s'engager dans le processus de guĂ©rison[9]». Le livre This Bridge Called My Back, Writings by Radical Women of Color fait de cette idĂ©e une rĂ©alitĂ©, en publiant des rĂ©cits sur le fĂ©minisme autochtone, et en contextualisant ces Ćuvres [36].
Articles connexes
Références
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