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Expéditions des Rus' en mer Caspienne

On entend par expĂ©ditions des Rus’ en mer Caspienne une sĂ©rie de raids entrepris par les Rus’ entre 864 et 1041 le long des rives de la mer Caspienne. Au cours du IXe siĂšcle, les Rus’ se rendirent au Serkland (« pays des Sarrasins Â») comme commerçants alors qu’ils descendaient la route commerciale de la Volga pour y vendre fourrures, miel et esclaves. Ces voyages commerciaux se transformĂšrent en mini-raids Ă  la fin du IXe et au dĂ©but du Xe siĂšcle. La premiĂšre expĂ©dition d’envergure eut lieu en 913. ArrivĂ©s sur 500 bateaux, les Rus’ pillĂšrent Gorgan, dans l’Iran d’aujourd’hui, ainsi que les rĂ©gions avoisinantes, s’emparant de butin et d’esclaves. À leur retour, les pillards furent surpris par les musulmans khazars du delta de la Volga et massacrĂ©s. Ceux qui survĂ©curent furent tuĂ©s par des tribus locales .

Portage effectuĂ© par les Rus’ Ă  Gardariki, par Nicholas Roerich (1874-1947).

Au cours de l’expĂ©dition suivante, en 943, les Rus’ capturĂšrent Bardha’a, la capitale d’Arran de nos jours en rĂ©publique d’AzerbaĂŻdjan. Ils y demeurĂšrent plusieurs mois, massacrant les habitants de la ville et se livrant Ă  un pillage systĂ©matique. Seule l’apparition d’une Ă©pidĂ©mie de dysenterie parmi eux les força Ă  partir avec leur butin. Vingt ans plus tard, une expĂ©dition commandĂ©e par Sviatoslav, prince de Kiev, devait marquer la destruction de l’empire khazar en 965, Ă©tablir la suprĂ©matie Rus’ sur les voies commerciales nord-sud et, Ă  terme, modifier l’équilibre dĂ©mographique de la rĂ©gion. Les expĂ©ditions continuĂšrent de façon sporadique ; la derniĂšre eut lieu en 1041 sous le commandement d’Ingvar-le-grand-voyageur, dans le but de rĂ©tablir la route commerciale vers la mer Caspienne.

Les premiers raids

Carte montrant les principales routes commerciales varÚgues: la route de la Volga (en rouge) et la « route des VarÚgues aux Grecs » (en violet). Les autres routes utilisées du VIIIe au XIe siÚcle sont en orange.

Les premiers contacts entre les Rus’ et les habitants des rives de la mer Caspienne furent pacifiques et de nature commerciale. Au dĂ©but du IXe siĂšcle, des VarĂšgues s’établirent dans le nord-ouest de la Russie oĂč ils fondĂšrent un poste de traite appelĂ© Aldeigja (en slavon : Ladoga), environ 9,7 km au sud de l’endroit oĂč la riviĂšre Volkhov se jette dans le lac Ladoga. De lĂ  ils Ă©tablirent des relations commerciales avec l’empire byzantin par la route du Dniepr et avec les rĂ©gions musulmanes entourant la mer Caspienne le long de la route commerciale de la Volga[1]. Vers la fin du IXe siĂšcle, ibn Khordadbeh dĂ©crivit les Rus’ achetant des marchandises des Khazars dans les marchĂ©s de la haute Volga et les revendant aux marchĂ©s des villes de la mer Caspienne[2]. Ils apportaient aussi avec eux des fourrures, du miel et des esclaves[1]. De petits groupes de Rus’ se rendirent mĂȘme Ă  Bagdad Ă  dos de chameaux pour y vendre leurs biens en utilisant des esclaves europĂ©ens comme interprĂštes[2].

Thomas Schaub Noonan a avancĂ© que les Rus’ atteignirent Bagdad dĂšs 800 ; cette hypothĂšse s’appuie sur le fait que l’on a trouvĂ© nombre de dirham sassanides, arabes et arabo-sassanides datant au plus de 804-805 Ă  Peterhof, prĂšs de Saint-PĂ©tersbourg[3]. Dans le rĂ©cit d’ibn Kordadbeh, les Rus’ sont dĂ©crits comme appartenant Ă  « une sorte de Saqaliba », terme gĂ©nĂ©ralement utilisĂ© pour dĂ©crire les Slaves. Les chercheurs anti-normanistes[N 1] ont interprĂ©tĂ© ce passage comme signifiant que les Rus’ Ă©taient des Slaves plutĂŽt que des Scandinaves. Selon les tenants de l’école normanistes, le mot Saqaliba Ă©tait frĂ©quemment utilisĂ© pour dĂ©crire toutes les populations blondes au teint pĂąle d’Europe centrale, orientale et du nord-est de l’Europe de telle sorte que l’expression employĂ©e par ibn Khordadbeh serait pour le moins ambiguĂ«[4].

La premiĂšre expĂ©dition des Rus’ en mer Caspienne eut lieu sous le rĂšgne de Hasan ibn Zaid, souverain du Tabaristan entre 864 et 884. S’aventurant en mer Caspienne, les Rus’ attaquĂšrent sans succĂšs Abaskun[N 2]. Ce fut probablement une expĂ©dition de peu d’ampleur[2]. La deuxiĂšme eut lieu en 909 ou 910[N 3] et visait encore une fois Abaskun[4]. Tout comme la premiĂšre fois, il s’agissait d’une expĂ©dition mineure Ă  laquelle participĂšrent seulement seize navires[2]. La troisiĂšme expĂ©dition de ce genre eut lieu en 911 ou 912[4].

L’expĂ©dition de 913

Carte montrant l’emplacement des principales expĂ©ditions le long des rives de la mer Caspienne, du milieu du IXe siĂšcle au milieu du XIe siĂšcle. Les dates en bleu indiquent les raids les plus importants ; le trait en violet, la route suivie par l’expĂ©dition de 913. Le nom des emplacements reflĂšte la situation vers 950.

La premiĂšre expĂ©dition d’envergure eut lieu en 913. Voyageant Ă  travers le pays des Khazars, une flotte de 500 navires atteignit les rives mĂ©ridionales de la mer Caspienne. Pour s’assurer d’un passage sans encombre, les Rus’ avaient promis la moitiĂ© de leur butin aux Khazars. Ils descendirent le Dniepr jusqu’à la mer Noire, puis ayant traversĂ© la mer d’Azov, ils remontĂšrent le Don. PassĂ©e la citĂ© de Sarkel, une sĂ©rie de portages leur permirent d’atteindre la Volga qui les conduisit Ă  la mer Caspienne[2].

Les Rus’ passĂšrent Ă  l'attaque dans la rĂ©gion de Gorgan aux environs d’Abaskun, pillant la rĂ©gion cĂŽtiĂšre sur leur passage. Les habitants tentĂšrent, mais sans succĂšs de les repousser alors qu’ils mouillaient prĂšs d’iles du sud-ouest de la mer Caspienne. AprĂšs quoi, les Rus’ se livrĂšrent sans vergogne au pillage sur une distance de trois jours de marche au-delĂ  de la mer[2] dans les rĂ©gions d’Arran, de Beylagan et de Chirvan[4]. Partout, ils s’emparĂšrent d’autant de butin qu’ils le purent, prenant au passage femmes et enfants en captivitĂ© pour les revendre comme esclaves. Les rumeurs de leur rapacitĂ© les prĂ©cĂ©da alors qu’ils retournaient Ă  la maison[2] si bien qu’ils furent attaquĂ©s dans le delta de la Volga par des musulmans khazars aussi bien que par divers chrĂ©tiens avec, semble-t-il, l’approbation du souverain khazar. Selon al-Masudi, ceux qui en rĂ©chappĂšrent furent tuĂ©s par les Burtas et les Bulgares de la Volga[4].

L’expĂ©dition de 943

La deuxiĂšme grande expĂ©dition, rapportĂ©e dans la Chronique des temps passĂ©s eut lieu en 943 alors que Igor Ă©tait le souverain de la Rus’. Au cours de cette expĂ©dition, les Rus’ remontĂšrent le fleuve Koura et s’aventurĂšrent au cƓur du Caucase oĂč ils dĂ©firent les forces de Marzuban bin Muhammad et capturĂšrent Bardha’a, la capitale de l’Aran[5]. Les Rus’ permirent Ă  la population locale de conserver leur religion pourvu qu’elle reconnaisse leur autoritĂ© ; il est possible que les Rus’ aient songĂ© Ă  s’y Ă©tablir en permanence[6] - [7]. Selon ibn Miskawaih, la population brisa la paix en lançant des pierres et en criant des injures aux Rus’ qui exigĂšrent alors que celle-ci quittĂąt la ville. Cet ultimatum fut rejetĂ©e et les Rus’ commencĂšrent Ă  tuer des gens et Ă  en dĂ©tenir d’autres pour obtenir une rançon. Le massacre fut briĂšvement interrompu pour des nĂ©gociations qui s’avĂ©rĂšrent vaines[6]. Les Rus’ demeurĂšrent Ă  Bardha’a plusieurs mois[8], utilisant l’endroit comme base pour piller les rĂ©gions avoisinantes et amasser du butin[9].

La ville ne fut sauvĂ©e que par une Ă©pidĂ©mie de dysenterie qui se dĂ©clara parmi les Rus’[10]. Ibn Miskawaih Ă©crit que « les Rus’ se goinfrĂšrent de fruits dont il existait de nombreuses variĂ©tĂ©s Ă  cet endroit. Ceci dĂ©gĂ©nĂ©ra en Ă©pidĂ©mie... et leur nombre commença alors Ă  diminuer ». EncouragĂ©s, les Musulmans s’approchĂšrent de la ville. Le chef des Rus’, montĂ© sur un Ăąne, tenta une sortie pendant laquelle il perdit 700 guerriers, mais Ă©vita toutefois d’ĂȘtre encerclĂ© et put regagner la forteresse qui fut dĂšs lors assiĂ©gĂ©e par les musulmans. ExtĂ©nuĂ©s par le siĂšge et la maladie, les Rus’ quittĂšrent de nuit la forteresse oĂč ils avaient Ă©tabli leurs quartiers, transportant sur leur dos tout ce qu’ils pouvaient en termes de trĂ©sors, de joyaux et de vĂȘtements, de jeunes garçons et filles, et s’enfuirent vers le fleuve Koura oĂč les attendaient leurs bateaux et Ă©quipages de mĂȘme que 300 Russes qu’ils s’étaient attachĂ©s en leur donnant une portion du butin[9]. Les musulmans ouvrirent alors les tombes des Rus’ dĂ©cĂ©dĂ©s pour s’emparer des armes qui avaient Ă©tĂ© enterrĂ©es avec eux[10].

Selon George Vernadsky, ce chef qui s’enfuit Ă  dos d’ñne ne serait autre qu’Oleg de Novgorod qui prit Bardha’a d’assaut. Il identifie Oleg avec Helgu, un personnage mentionnĂ© dans la Lettre de Schechter. Selon ce document, Helgu se serait rendu en Perse en bateau et y serait mort aprĂšs une attaque manquĂ©e sur Constantinople en 941[11] - [12] - [13]. Lev Gumilev pour sa part, sur la base du nom du chef des Rus’ tel que rapportĂ© par les sources arabes, croit plutĂŽt que ce chef serait Sveneld, un chef varĂšgue dont la fortune Ă©tait dĂ©jĂ  mentionnĂ©e dans la Chronique des temps passĂ©s sous l’annĂ©e 945[N 4].

Anéantissement de la Khazarie

Site de la forteresse khazar de Sarkel, détruite par Sviatoslav vers 965. Photo aérienne des excavations conduites par Mikhail Artamonov dans les années 1930.

Devant l’imprĂ©cision des sources, il est difficile d’expliquer les dĂ©buts du conflit entre Rus’ et Khazars. Il Ă©tait dans l’intĂ©rĂȘt des Rus’ de mettre fin Ă  la tutelle khazare sur la rĂ©gion de la route commerciale de la Volga, les Khazars prĂ©levant des taxes sur les biens qui y Ă©taient transportĂ©s. Byzance aurait Ă©galement pu y jouer un rĂŽle puisque les deux pays Ă©taient alliĂ©s jusqu’à ce que Romain LĂ©capĂšne se mette Ă  persĂ©cuter les Juifs dans son empire. D’aprĂšs la Lettre de Schechter[N 5] le souverain khazar Joseph rĂ©pondit Ă  la persĂ©cution des Juifs Ă  Byzance en « se dĂ©barrassant de nombreux chrĂ©tiens » et Romain incita Oleg de Novgorod Ă  attaquer la Khazarie en guise de reprĂ©sailles[4].

Le conflit peut aussi avoir Ă©tĂ© provoquĂ© par la dĂ©cision khazare de fermer la navigation sur la Volga en rĂ©ponse Ă  l’expĂ©dition de 943. Dans la Correspondance khazare Ă©crite vers 950-960, le souverain khazar, Joseph, souligne qu’il lui incombe de protĂ©ger les communautĂ©s musulmanes de la mer Caspienne contre les attaques des Rus’ : « Je me dois de leur (Rus’) faire la guerre, car si on leur en donnait la possibilitĂ© ils ravageraient le pays des musulmans en entier jusqu’à Bagdad »[14]. Des escarmouches antĂ©rieures entre divers Ă©lĂ©ments de l’armĂ©e khazare et des maraudeurs Rus’ vers 912 pourraient avoir contribuĂ© Ă  l’entente entre Khazars et musulmans ainsi qu’expliquer l’hostilitĂ© des Rus’ envers les Khazars[15].

En 965, Sviatoslav Ier de Kiev partit en guerre contre la Khazarie. Il avait Ă  son service des mercenaires oghouz et petchenĂšgues, peut-ĂȘtre pour contrer la supĂ©rioritĂ© khazare en termes de cavalerie[16] - [17]. Il dĂ©truisit la citĂ© de Sarkel probablement la mĂȘme annĂ©e de mĂȘme que la citĂ© de Kertch en CrimĂ©e qu’il n’occupa cependant pas[16]. Enfin, en 968 ou 969, il dĂ©truisit la capitale khazare d’Atil[18] - [19]. Quelqu’un qui visita Atil par la suite Ă©crivit : « AprĂšs l’attaque russe, ni grappes de raisin, ni feuilles ne demeurĂšrent sur les branches »[10]. Ibn Hawqal est le seul auteur Ă  rapporter le sac de Semender, aprĂšs quoi les Rus’ partirent pour « RĂ»m et al-Andaluz ». Ibn Hawkal Ă©crit Ă©galement que les Rus’ « sont ceux qui, anciennement, se rendirent en Andalousie et ensuite Ă  Barda ». L’attaque prĂ©cĂ©dente sur l’Espagne maure par « une nation de Majus (le nom musulman pour les Zoroastriens et, occasionnellement pour d’autres paĂŻens) est mentionnĂ©e par al-Masudi[20].

La campagne menĂ©e par Sviatoslav mit abruptement fin Ă  la prospĂ©ritĂ© et Ă  l’indĂ©pendance du royaume khazar. Elle permit Ă©galement Ă  la Rus’ kiĂ©vienne d’exercer son contrĂŽle sur les routes commerciales nord-sud se dirigeant vers la mer Noire Ă  travers la steppe, jusque-lĂ  dominĂ©es par les Khazars. En outre, ces campagnes favorisĂšrent l’installation de nombreux Slaves dans la rĂ©gion de culture Saltovo-Mayaki, modifiant ainsi profondĂ©ment la dĂ©mographie et la culture de cette zone de transition gĂ©ographique entre forĂȘt et steppe[16].

Expéditions ultérieures

La pierre runique de Gripsholm commĂ©more les Vikings qui moururent au cours de l’expĂ©dition d’Ingvar-le-grand-voyageur.

En 987, Maymun, Ă©mir de Derbent, demanda l’aide des Rus’ contre des chefs locaux. Les Rus’, dont bon nombre semble avoir Ă©tĂ© des soldats professionnels, arrivĂšrent Ă  bord de dix-huit navires. Incertains de la rĂ©ception qui les attendait, ils envoyĂšrent un premier navire reconnaitre les lieux. Et lorsque l’équipe fut massacrĂ©e par la population locale, les Rus’ mirent la ville de Maskat Ă  feu et Ă  sang. Deux ans plus tard, le mĂȘme Maymun aurait refusĂ© de cĂ©der aux injonctions d’un prĂ©dicateur local Ă  l’effet de lui remettre ses mercenaires Rus’ pour que ceux-ci se convertissent Ă  l’islam ou soient tuĂ©s. Dans la lutte qui s’ensuivit, Maymun fut forcĂ© de quitter la ville et de remettre les mercenaires Rus’, mais il revint en 992[4].

En 1030, les Rus’ pillĂšrent la rĂ©gion de Chirvan ; le souverain de Gandja leur versa ensuite une somme considĂ©rable pour qu’ils l’aident Ă  rĂ©primer une rĂ©volte au Beylagan. AprĂšs quoi, les Rus’ retournĂšrent chez eux. Selon une source, ils revinrent en , mais furent dĂ©faits prĂšs de Bakou et durent se retirer. L’annĂ©e suivante, les Rus’ conduisirent une autre expĂ©dition contre Chirvan, aidĂ©s cette fois-ci d’Alains et de Sarirs. Les musulmans locaux vainquirent les Rus’ en 1033. Il n’est pas certain Ă  quels groupes de Rus’ appartenaient ces maraudeurs. Le professeur Omeljan Pritsak croit qu’ils opĂ©raient Ă  partir d’une base proche de l’estuaire du Terek et que leur quartier gĂ©nĂ©ral Ă©tait situĂ© au Tmutarakan. Il avance Ă©galement que les Rus’ qui opĂ©raient Ă  partir du bassin de la mer Caspienne apportĂšrent peu aprĂšs leur appui aux Oghouz dans une lutte de pouvoir au Khwarezm[4].

La saga Yngvars saga vÎŻĂ°förla raconte ce qui fut sans doute la derniĂšre expĂ©dition des Vikings en mer Caspienne en 1041, laquelle se rattachait peut-ĂȘtre Ă  la bataille entre GĂ©orgiens et Byzantins de Sasireti Ă  laquelle une force varĂšgue participa Ă  peu prĂšs au mĂȘme moment. Il est difficile toutefois de faire la part de la lĂ©gende et de la vĂ©ritĂ© historique dans cette saga. Cette expĂ©dition fut lancĂ©e Ă  partir de la SuĂšde par Ingvar-le-grand-voyageur qui descendit la Volga jusqu’au pays des Sarrasins (en norrois : Serkland). On ne compte pas moins de vingt-six pierres runiques dont vingt-trois se trouvent au Lac MĂ€laren, dans la rĂ©gion d’Uppland en SuĂšde, qui font rĂ©fĂ©rence Ă  des guerriers suĂ©dois qui accompagnĂšrent Ingvar dans cette expĂ©dition au pays des Sarrasins dont le but Ă©tait probablement de rouvrir de vieilles routes commerciales aprĂšs que Bulgares et Khazars aient cessĂ© d’ĂȘtre des obstacles. Une pierre consacrĂ©e au frĂšre d’Ingvar indique qu’il alla vers l’Orient Ă  la recherche d’or mais qu’il mourut au pays des Sarrasins. Par la suite, les Vikings ne firent plus d’expĂ©ditions pour rouvrir les routes entre la Baltique et la mer Caspienne[10].

Le poĂšte perse Khaqani Shirvani se rĂ©fĂšre dans ses odes Ă  l’invasion du Chirvan de 1173 ou 1174. Il mentionne les noms des Rus’ et des Khazars, des Rus’ et des Alains, des Rus’ et des Sarirs parmi les envahisseurs. Selon Peter Golden il s’agirait de pirates de la Volga qui arrivĂšrent sur 73 navires. Selon Yevgeni Pakhomov et Vladimir Minorsky, l’invasion aurait Ă©tĂ© planifiĂ©e par le souverain de Darbent, Bek-Bars b. Muzaffar. Minorsky affirme que « l’initiative de Bek-Bars Ă©tait indĂ©pendante de Kiev et il utilisait des bandes d’irrĂ©guliers (Đ±Ń€ĐŸĐŽĐœĐžĐșĐž) qui agissaient Ă  leur guise dans le sud et qui furent les prĂ©dĂ©cesseurs des Cosaques[21]. Le Chirvanshah Ahsitan Ier se tourna alors vers le souverain de GĂ©orgie, Georges III, et une armĂ©e commune qui comptait dans ses rangs le futur empereur Andronic ComnĂšne, rĂ©ussit Ă  mettre les envahisseurs en dĂ©route et Ă  reprendre la forteresse de Shabaranh[21]. Des sources gĂ©orgiennes mentionnent les Khazars en relation avec cet Ă©vĂšnement, mais ne mentionnent pas les Rus’[4].

Notes et références

Notes

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Caspian expeditions of the Rus' » (voir la liste des auteurs).
  1. Les historiens normanistes affirment la prĂ©pondĂ©rance de l’élĂ©ment scandinave (ou normand) dans les dĂ©buts de la Rus’ kiĂ©vienne. Cette thĂšse a Ă©tĂ© avancĂ©e par des savants allemands du XVIIIe siĂšcle et soutenue par certains historiens russes du XIXe siĂšcle. Les historiens anti-normanistes affirment la prĂ©pondĂ©rance de l’élĂ©ment slave. Elle fut soutenue en particulier par les historiens soviĂ©tiques. La querelle se poursuit ; toutefois, les recherches les plus rĂ©centes tendent Ă  rĂ©concilier les deux thĂšses. Voir Kondratieva (1996), p. 22-24 et Heller (1997) p. 21-22.
  2. MentionnĂ©e pour la premiĂšre fois par PtolĂ©mĂ©e sous le nom de Socanaa, Abaskun Ă©tait considĂ©rĂ©e dans les sources arabes comme « le port le plus cĂ©lĂšbre de la mer khazare ». Elle Ă©tait situĂ©e Ă  trois jours de navigation de Gorgan. La partie mĂ©ridionale de la mer Caspienne Ă©tait connue sous le nom de « Mer d’Abaskun ». Voir B.N. Zakhoder (1898-1960). The Caspian Compilation of Records about Eastern Europe [on line] http://gumilevica.kulichki.net/Rest/index.html.
  3. Nos informations sur ces expéditions viennent pour la plupart de sources musulmanes qui utilisent le calendrier islamique. Les années du calendrier islamique ne recouvrant pas exactement celles du calendrier grégorien, toute date avancée dans le calendrier islamique peut correspondre aux deux années consécutives du calendrier grégorien.
  4. La Chronique de Kiev mentionne que la richesse fabuleuse des troupes de Sveneld’s souleva une telle jalousie parmi les guerriers d’Igor qu’ils tentĂšrent de lever un deuxiĂšme tribut sur les Drevliens en un seul mois. Les Drevliens se rĂ©voltĂšrent et tuĂšrent Igor en 944 ou 945. Gumilev croit que, Ă©tant engagĂ© dans l’expĂ©dition sur la mer Caspienne, Sveneld ne prit pas part au raid malencontreux d’Igor contre Constantinople qui se termina ignominieusement. Ceci permettrait aussi d’expliquer pourquoi le nom de Sveneld ne figure pas aux cĂŽtĂ©s de celui d’Igor dans le traitĂ© avec Byzance de 944, rapportĂ© en son entier par la Chronique des temps passĂ©s.
  5. Aussi appelĂ© « document de Cambridge », cette « lettre » est en fait un rapport d’un auteur khazar non identifiĂ© Ă  un dignitaire juif. Le texte, en assez mauvais Ă©tat, contient une relation de la conversion du pays khazar au judaĂŻsme ainsi que le rĂ©cit de « l’invasion rĂ©cente » d’un prince Rus’ contre la Khazarie. Ces deux textes ont remis en question certaines thĂ©ories sur ces sujets. La lettre faisait partie d’une collection donnĂ©e par Salomon Schechter Ă  l’universitĂ© de Cambridge en 1898.

Références

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  2. Logan 1992, p. 200.
  3. Noonan 1992.
  4. « Rus » in Encyclopaedia of Islam
  5. « Bardha’a », Encyclopaedia of Islam.
  6. Logan 1992, p. 201-202.
  7. « Rus’ », Encyclopaedia of Islam.
  8. Selon Yaqut, ils y seraient restĂ©s toute une annĂ©e ; « Bardha’a », Encyclopaedia of Islam.
  9. Vernadsky 1959, p. 269.
  10. Logan 1992, p. 202.
  11. Vernadsky 1959, p. 270.
  12. Zuckerman 1995, p. 257-268.
  13. Christian 1999, p. 341-345.
  14. « Khazar », dans Encyclopaedia of Islam.
  15. Christian 1999, p. 296.
  16. Christian 1999, p. 298.
  17. Pletneva 1990, p. 18.
  18. Christian 1999, p. 297-298.
  19. Toutefois Artamonov suggùre que la prise de Sarkel vint aprùs la destruction d’Atil. Artamonov (1962), p. 428.
  20. Voir « Rus » dans Encyclopaedia of Islam.
  21. Minorsky 1945, p. 557-558.

Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

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