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Expédition antarctique japonaise

L’expĂ©dition antarctique japonaise (en japonais : æ—„æœŹăźć—æ„”èŠłæžŹ) ou expĂ©dition Shirase est la premiĂšre expĂ©dition japonaise en Antarctique. RĂ©alisĂ©e Ă  bord du navire Kainan Maru entre le et le , c'est aussi la premiĂšre expĂ©dition de ce type par une nation non europĂ©enne. Elle est concomitante avec deux grandes expĂ©ditions antarctiques de l'Ăąge hĂ©roĂŻque de l'exploration en Antarctique menĂ©es respectivement par Roald Amundsen (expĂ©dition Amundsen) et Robert Falcon Scott (expĂ©dition Terra Nova), et est donc relativement « oubliĂ©e » dans l'histoire polaire. AprĂšs l'Ă©chec d'un accostage sur le continent antarctique lors de sa premiĂšre saison, l'objectif initial de l'expĂ©dition japonaise d'atteindre le pĂŽle Sud est remplacĂ© par des objectifs moins ambitieux, et aprĂšs une deuxiĂšme saison plus rĂ©ussie, elle revient au Japon, sans aucune perte de vie.

Expédition antarctique japonaise
Quatre étoiles blanches reliées entre elles par des traits rouges, sur un fond bleu.
Le drapeau de l'expédition antarctique japonaise.
Présentation
Nom dans la langue originale æ—„æœŹăźć—æ„”èŠłæžŹ
Date de début
Date de fin
Lieux Antarctique

Caractéristiques

Responsable Shirase Nobu

ImaginĂ©e par un lieutenant de rĂ©serve de l'armĂ©e impĂ©riale, Shirase Nobu, l'expĂ©dition est financĂ©e sur fonds privĂ©s. Le navire quitte le Japon en et, aprĂšs l'Ă©chec de sa premiĂšre saison, est contraint de passer l'hiver 1911 en Australie. Au cours de la deuxiĂšme saison en Antarctique, aucune dĂ©couverte scientifique ou gĂ©ographique majeure n'est faite, mais des rĂ©alisations importantes peuvent ĂȘtre revendiquĂ©es. Celles-ci comprennent le premier dĂ©barquement sur la cĂŽte de la terre du Roi-Édouard-VII, le voyage en traĂźneau le plus rapide enregistrĂ© Ă  l'Ă©poque et un point le plus Ă  l'est le long de la cĂŽte antarctique atteint Ă  cette date par un navire. Lors de l'expĂ©dition, un groupe d'hommes est le quatriĂšme Ă  franchir la barre symbolique du 80e parallĂšle sud.

À leur retour, Shirase et son Ă©quipe sont accueillis en hĂ©ros, mais l'intĂ©rĂȘt s'Ă©teint rapidement et Shirase est accablĂ© par les dettes d'expĂ©dition qu'il mettra des annĂ©es Ă  effacer. En dehors du Japon, l'expĂ©dition est gĂ©nĂ©ralement ignorĂ©e. Ce n'est que plusieurs annĂ©es aprĂšs la mort de Shirase, en 1946, que les Japonais commencent Ă  l'honorer ainsi que ses rĂ©alisations. À partir de 2011, la traduction d'une traduction en anglais du rĂ©cit de Shirase rĂ©vĂšle l'histoire de l'expĂ©dition Ă  un public plus large.

Cette premiÚre expédition japonaise est commémorée dans les noms de plusieurs caractéristiques géographiques de l'Antarctique.

Contexte

Photographie en noir et blanc d'un homme assis portant un habit en fourrure.
Shirase Nobu, commandant de l'expédition, habillé pour le froid polaire.

La lente sortie de l'isolement du Japon, aprĂšs la chute du shogunat Tokugawa en 1868, tient le pays largement Ă  l'Ă©cart de l'intĂ©rĂȘt international croissant pour l'exploration polaire qui s'intensifie Ă  la fin du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle[1] - [2] - [3]. Cependant, l'idĂ©e intrigue et devient une obsession pour un officier de rĂ©serve de l'armĂ©e impĂ©riale, le lieutenant[4] Shirase Nobu[3] - [Note 1], qui, inspirĂ© par les rĂ©cits qui lui sont parvenus d'explorateurs europĂ©ens tels que John Franklin, nourrit le dĂ©sir d'imiter ses hĂ©ros et d'explorer l'Arctique[1] - [5] - [6].

En 1893, en guise de prĂ©paration, Shirase rejoint une Ă©quipe d'exploration des Ăźles Chishima (Ăźles Kouriles)[7], dirigĂ©e par Meiji Gohji[8]. Cette expĂ©dition est un dĂ©sastre dont Shirase est en 1895 est l'un des rares survivants, car la plupart des hommes succombent Ă  la famine ou au scorbut[6] - [9]. La duretĂ© de cette expĂ©rience ne diminue toutefois pas les ambitions arctiques de Shirase. Il rĂȘve de conquĂ©rir le pĂŽle Nord[4] jusqu'Ă  ce qu'en 1909, il apprenne que deux rivaux amĂ©ricains, Frederick Cook et Robert Peary, prĂ©tendent chacun, sĂ©parĂ©ment, avoir atteint cette marque[10]. Shirase change alors ses plans pour viser le pĂŽle Sud qui lui reste encore « invaincu »[1] - [11].

Préparations

Shirase sait que d'autres nations développent des plans similaires. S'il veut avoir le moindre espoir de succÚs, il doit donc agir rapidement[12]. Au début de l'année 1910, il présente ses plans au gouvernement, déclarant que, dans les trois ans, il hisserait le drapeau japonais au pÎle Sud[1]. Il ajoute que son expédition ferait également avancer la cause de la science[1] : « les puissances du monde ridiculisent l'empire du Japon, disant que nous, les Japonais, sommes des barbares qui sont forts et courageux dans la guerre, mais lùches quand il s'agit du domaine de science. Pour le bushido (l'honneur), nous devons corriger cette situation regrettable »[13].

La rĂ©ponse du gouvernement est mitigĂ©e[1] : ce dernier accepte une contribution financiĂšre et l'Ă©ventuel prĂȘt d'un navire, mais le parlement ne dĂ©bloque finalement pas les fonds[14] - [6]. Les sociĂ©tĂ©s savantes se dĂ©sintĂ©ressent du sujet car Shirase n'est ni un Ă©rudit ni un scientifique, et ses plans, malgrĂ© ses dĂ©clarations contraires, sont davantage axĂ©s sur l'aventure que sur la science[15]. MĂȘme la SociĂ©tĂ© gĂ©ographique de Tokyo lui refuse son soutien[16]. Au milieu de l'indiffĂ©rence du public et de la dĂ©rision de la presse[3] - [1] - [16], Shirase obtient toutefois le soutien d'ƌkuma Shigenobu, l'ancien Premier ministre, une figure de grand prestige et d'influence[1] - [7] et l'appui d'une partie de l'establishment japonais[4]. Okuma forme et prĂ©side une association de soutien[16] et le public, sensibilisĂ©, commence Ă  contribuer, principalement en petites quantitĂ©s[17]. Shirase obtient Ă©galement un soutien important de l'un des principaux journaux japonais, l'Asahi shinbun[15]. L'expĂ©dition Shirase[18], sans soutien financier de l'État nippon, se retrouve donc financĂ©e sur fonds privĂ©s[19]. MalgrĂ© cela, la communautĂ© scientifique nationale reste Ă  l'Ă©cart et le journal de la SociĂ©tĂ© gĂ©ographique de Tokyo, tout en rendant compte des expĂ©ditions d'autres pays, ignore complĂštement l'entreprise japonaise[20].

Des centaines de personnes candidatent pour rejoindre l'expĂ©dition, mais aucune n'a d'expĂ©rience polaire et un seul, Terutaro Takeda, a les prĂ©tentions d'une formation scientifique : c'est un ancien instituteur qui a Ă©galement Ă©tĂ© assistant d'un professeur[20]. En l'absence d'une Ă©quipe scientifique appropriĂ©e, Shirase doit rĂ©duire son programme scientifique et se concentrer sur la conquĂȘte du pĂŽle[16].

Parmi le personnel sĂ©lectionnĂ© figurent deux AĂŻnous[19] des Ăźles de l'extrĂȘme nord du Japon, choisis pour leurs compĂ©tences avec les chiens et les traĂźneaux[1]. Les chiens seraient le principal moyen de transport dans l'Antarctique et la prĂ©fĂ©rence initiale de Shirase pour les poneys de Mandchourie n'est pas pratique car le navire de l'expĂ©dition, acquis avec l'aide d'Okuna, est trop petit pour transporter des chevaux[12]. Ce navire est le Hoko Maru, un ancien bateau de l'industrie de la pĂȘche[6]. Avec 30,48 mĂštres de longueur et enregistrant 204 tonneaux[21], il est beaucoup plus petit que les autres navires polaires de l'Ă©poque et par exemple fait moins d'un tiers de la taille du Terra Nova de Robert Falcon Scott[1] - [22]. Toutefois, il est solidement construit, avec une coque Ă  double couche gainĂ©e d'un placage de fer et une protection supplĂ©mentaire Ă  l'Ă©trave. Il est grĂ©Ă© comme un trois-mĂąts goĂ©lette[21] et sa puissance de navigation est augmentĂ©e par un petit moteur auxiliaire de 18 chevaux[12]. À la suggestion de l'amiral Tƍgƍ Heihachirƍ, il est rebaptisĂ© Kainan Maru, ce qui signifie « Ouverture du Sud »[3] ou « Pionnier du Sud »[12]. Le navire est placĂ© sous le commandement d'un marin expĂ©rimentĂ©, le capitaine Naokichi Nomura[3] - [7] - [23].

Expédition

Photographie en noir et blanc d'un voilier.
Le Kainan Maru, navire de l'expédition antarctique japonaise.

Vers la Nouvelle-ZĂ©lande

Shirase fixe au sa date de dĂ©part[24] et annonce les dĂ©tails du calendrier qu'il prĂ©voit de suivre. L'expĂ©dition se rĂ©approvisionnerait Ă  Wellington, en Nouvelle-ZĂ©lande, avant de se rendre en Antarctique, oĂč elle Ă©tablirait ses quartiers d'hiver. Puis, « le , Ă  la fin de l'hiver, le groupe se rendra au pĂŽle [Sud] », avant de regagner la base Ă  la fin fĂ©vrier 1912[1]. En rĂ©alitĂ©, cette date est bien trop tardive dans la saison australe pour que ce programme soit viable, mais cela n'est pas encore Ă©vident pour Shirase ou ses soutiens[24].

Le jour du dĂ©part, une grande foule est rassemblĂ©e pour voir l'expĂ©dition partir. Dans son rĂ©cit au Geographical Journal, Ivar Hamre dĂ©crit une occasion de gala, avec notamment des drapeaux[3], tandis que d'autres parlent de fanfares, de discours et d'environ 50 000 personnes prĂ©sentes[22] - [4]. L'Ă©vĂ©nement s'avĂšre dĂ©cevant car le Kainan Maru n'est pas prĂȘt Ă  naviguer ce jour-lĂ . Lorsqu'il quitte Tokyo, le lendemain, seuls quelques personnes sont prĂ©sentes pour le voir vraiment partir[7]. C'est « [l']adieu [le] plus lamentable jamais accordĂ© Ă  un explorateur polaire » selon Shirase[24]. AprĂšs la finalisation de l'arrimage de la cargaison Ă  Tateyama, le navire quitte finalement le Japon le [3], transportant 27 hommes et 28 chiens de SibĂ©rie, tout en laissant derriĂšre lui une dette qui augmentera considĂ©rablement au cours de l'expĂ©dition et accablera Shirase pendant de nombreuses annĂ©es[6]. Par un temps gĂ©nĂ©ralement mauvais, le Kainan Maru lutte dans sa navigation vers le sud[1] - [3], traversant l'Ă©quateur le [3], et arrivant Ă  Wellington le sous la tempĂȘte et Ă  l'improviste. Beaucoup de chiens sont morts en cours de route[1] - [24] - [19]. Les deux autres expĂ©ditions europĂ©ennes contemporaines au pĂŽle Sud, dirigĂ©es respectivement par Scott et Amundsen, sont Ă  cette Ă©poque dĂ©jĂ  bien Ă©tablies dans leurs bases antarctiques[25] - [26].

Les premiÚres réactions à Wellington à cette arrivée tardive inattendue vont de l'amusement à la méfiance[27]. De nombreux Néo-Zélandais ont du mal à accepter qu'il s'agisse d'une véritable expédition polaire, compte tenu du retard de la saison, de l'apparence atypique du navire, de l'équipement et de la nourriture jugés inadaptés[Note 2], et du manque apparent de cartes de navigation[1]. Tandis que certains les soupçonnent de faire partie d'un plan japonais visant à étendre son influence vers le sud[27], le New Zealand Times se moque de l'équipage comme « des gorilles naviguant dans un misérable baleinier »[28], une remarque qui offense profondément Shirase[27].

Carte montrant l'Antarctique et une partie des autres continents proches.
Carte de l'Antarctique avec encadré en rouge la zone d'action de l'expédition. Wellington (Nouvelle-Zélande) et Sydney (Australie) sont également visibles.

Pendant les quelques jours passĂ©s dans le port, l'Ă©quipage parcourt la ville Ă  la recherche d'informations sur l'Ă©tat des glaces plus au sud[27]. Plus particuliĂšrement, ils recherchent des cartes Ă  jour, car tout ce qu'ils possĂšdent pour la navigation au-delĂ  du 60e parallĂšle sud est une photocopie Ă  petite Ă©chelle d'une carte de l'AmirautĂ© britannique marquant la route de l'explorateur Ernest Shackleton en 1907 Ă  bord du Nimrod lors de l'expĂ©dition du mĂȘme nom[1]. Au moment oĂč ils sont prĂȘts Ă  partir, ils avaient gagnĂ© le respect du public nĂ©o-zĂ©landais : le Lyttelton Times (en) (Lyttelton) offrant avec sympathie « le dernier [au revoir] au petit groupe courageux d'explorateurs d'ExtrĂȘme-Orient »[27]. The Press (Christchurch) estime elle qu'ils « fonctionnaient bien [
] avec [
] dĂ©termination et [
] audace »[1].

PremiĂšre saison en Antarctique

En quittant Wellington le , le Kainan Maru se heurte rapidement Ă  une mer agitĂ©e, avec des vagues parmi les plus grosses que le capitaine Namora ait jamais rencontrĂ©es[1]. Le , par temps plus calme, l'Ă©quipage capture son premier manchot, lequel fait objet d'une grande curiositĂ© : « il marchait debout [
] comme un gentleman en pardessus »[29]. Le , le premier iceberg est aperçu[29], aprĂšs quoi le navire est entourĂ© de glace de toutes sortes, d'un pack lĂ©ger Ă  d'Ă©normes blocs. Le , le ciel produit une aurore brillante[3] - [29].

Le , l'Ă©quipage aperçoit des terres lointaines, Ă  environ 65 kilomĂštres au sud-est : les sommets de la chaĂźne de l'AmirautĂ© en terre Victoria[29] - [3]. Au fur et Ă  mesure qu'ils se rapprochent, les espoirs d'un dĂ©barquement Ă  terre augmentent[29] mais les conditions de glace rendent impossible l'approche du rivage[3] - [7]. Le navire navigue, passant les Ăźles Possession et vers l'Ăźle Coulman oĂč les conditions de glace sont encore pires[3] - [7]. Pour leur plus grand inconfort, la proximitĂ© avec le pĂŽle Sud magnĂ©tique provoque de violentes perturbations de l'aiguille de la boussole[3] - [29].

Les consĂ©quences de leur dĂ©part tardif deviennent maintenant Ă©videntes, et avec le dĂ©but de l'hiver, la mer commence Ă  geler autour des Japonais. La glace « a pris la forme de petites feuilles de lotus, qui [
] se sont progressivement Ă©tendues sur la mer pour couvrir toute la surface »[29]. Les petites feuilles se transforment en grands disques de quatre mĂštres de diamĂštre, Ă  travers lesquels le Kainan Maru tente de se frayer un passage : « [les craquements] [
] Ă  chaque fois que nous brisions une banquise n'Ă©taient pas du tout agrĂ©ables » note Shirase[30]. Le , lorsque la position du navire est de 74°16'S, 172°7'E, il est arrĂȘtĂ© par de la glace Ă©paisse[3]. Aller plus au sud n'est plus possible et le navire risque d'ĂȘtre piĂ©gĂ©[3], alors que la survie du navire lors d'un hivernage et d'une dĂ©rive subsĂ©quente est peu probable[1] - [29] - [3]. Dans des conditions difficiles et dangereuses, le matelotage habile de Nomura permet de mettre cap vers le nord, et les Japonais parviennent Ă©chapper au danger[3] - [31]. Le Kainan Maru se rend ensuite Ă  Sydney, en Australie, pour passer l'hiver austral et se prĂ©parer pour une seconde saison[3] - [31] - [1]. Sur 28 chiens qui ont quittĂ© le Japon, seuls douze atteignent la Nouvelle-ZĂ©lande vivants, et alors qu'ils partent pour Sydney, il ne reste qu'un seul d'entre eux. En effet, de mauvaises conditions, combinĂ©es Ă  une infection par le tĂ©nia, se sont avĂ©rĂ©es fatales pour les autres[6]. AprĂšs avoir endurĂ© un autre passage climatique trĂšs difficile, le navire atteint le port australien le [31] - [28].

Hivernage Ă  Sydney

L'accueil initial à Sydney est froid, voire hostile[3] - [31], avec des railleries de la presse locale[7]. La tension augmente à la suite des récentes victoires militaires du Japon en Russie et en Chine, et comme en Nouvelle-Zélande, il y a une suspicion considérable quant au véritable objectif de l'expédition[32] - [1] - [33]. Un journal exige leur expulsion immédiate et fustige la « lenteur » du gouvernement à ne pas prendre de mesures immédiates[33]. Cependant, Shirase et son équipe trouvent le soutien d'un riche résident de la banlieue huppée de Vaucluse, qui leur permet d'installer leur camp dans un coin de ses terres à Parsley Bay[7] - [34] - [19]. Pendant ce temps, le Kainan Maru est emmené au Jubilee Dock, pour des réparations et un réaménagement intérieur[35]. Nomura et un autre membre de l'expédition, Keiichi Tada, retournent au Japon pour rendre compte de la situation et chercher un financement supplémentaire pour une nouvelle tentative la saison suivante[3] - [34] - [7].

Photographie en noir et blanc d'un groupe d'hommes posant pour le photographe.
Photographie Ă  Sydney en 1911. Au premier rang se trouvent Douglas Mawson, Shirase Nobu et Edgeworth David.

L'expédition trouve un autre soutien influent, en la personne d'Edgeworth David, professeur de géologie à l'université de Sydney[36] - [18]. David est un vétéran de l'Antarctique, étant allé avec Shackleton lors de l'expédition Nimrod et faisant partie des trois personnes qui avaient découvert l'emplacement du pÎle Sud magnétique[1] - [18]. Il considÚre l'expédition japonaise comme « authentique » et seul leur départ tardif, d'aprÚs lui, les avait forcés à chercher refuge en Australie. David noue une amitié étroite avec Shirase, avec qui il partage ses connaissances et son expérience des conditions antarctiques. Il agi comme agent de liaison entre l'expédition et les autorités locales et les entreprises, et grùce à son plaidoyer, l'attitude des Australiens envers leurs visiteurs s'améliore[7] - [32].

À Parsley Bay, les premiers soupçons Ă©vaporĂ©s[32], un grand nombre de visiteurs viennent voir le camp et se faire prendre en photographie avec Shirase et les autres membres de l'Ă©quipe[37]. Un membre de l'expĂ©dition dĂ©crit le camp en termes idylliques : « entourĂ© de vieux arbres denses et envahis par la vĂ©gĂ©tation [
] goyave, rince-bouteille, chĂȘne vert et pin [
] debout sur le terrain qui s'Ă©lĂšve derriĂšre le campement, vous pouvez contempler la colline ou tourner regarder la mer en contrebas [
] comme un paysage qui prend vie »[32]. Le , le camp est dĂ©corĂ© de drapeaux pour marquer le couronnement du roi George V et les visiteurs sont divertis par des dĂ©monstrations d'arts martiaux traditionnels[32]. NĂ©anmoins, la vie pendant les longs mois d'hiver est gĂ©nĂ©ralement frugale et monotone[3], c'est « presque une vie de mendiant », Ă©crit Shirase[34].

AprĂšs un plaidoyer rĂ©ussi pour un financement supplĂ©mentaire, Nomura et Tada retournent Ă  Sydney en octobre avec de l'argent, des provisions et un nouveau groupe de chiens. Ils amĂšnent Ă©galement deux nouveaux membres de l'expĂ©dition, un scientifique et un cadreur, remplaçant des membres originaux qui se sont retirĂ©s pour cause de maladie[38] - [3] - [35]. Shirase rĂ©vise maintenant les objectifs de son expĂ©dition car Scott et Amundsen, il n'a pas encore de nouvelles directes, sont selon lui trop loin devant pour que son objectif de conquĂ©rir le pĂŽle Sud soit tenable[7]. Au lieu de cela, dĂ©cide-t-il, l'expĂ©dition japonaise se concentrerait sur des objectifs plus modestes en matiĂšre de science, d'arpentage et d'exploration dans la terre du Roi-Édouard-VII[39] - [3] - [40].

Une fois la rĂ©novation du navire terminĂ©e et l'expĂ©dition prĂȘte Ă  partir, Shirase et ses officiers Ă©crivent Ă  David pour le remercier de toute l'aide qu'il a apportĂ©e : « vous avez eu la bontĂ© d'apposer le sceau de votre magnifique rĂ©putation sur notre bonne foi, et de traitez nous comme des frĂšres dans le domaine de la science [
] quel que soit le sort de notre entreprise, nous ne vous oublierons jamais »[41]. Juste avant leur dĂ©part, en signe supplĂ©mentaire de sa considĂ©ration, Shirase prĂ©sente Ă  David un sabre (katana) de samouraĂŻ du XVIIe siĂšcle, un cadeau rare pour un non Japonais[32] - [42]. Le , le Kainan Maru quitte le port, oĂč contrairement Ă  l'ambiance Ă  leur arrivĂ©e, une foule de sympathisants est prĂ©sente, ces derniers « acclamant et agitant leurs mouchoirs blancs et leurs chapeaux noirs en l'air »[33]. Edgeworth David et d'autres soutiens les accompagnent sur la courte distance jusqu'Ă  Shark Island[3].

Seconde saison en Antarctique

Carte montrant les trajets de deux expéditions contemporaines de celle de Shirase.
Comparatif des deux autres grandes expéditions contemporaines de l'époque qui iront toutes deux au pÎle Sud :

Le Kainan Maru quitte Sydney par un beau temps et progresse bien vers le sud. AprĂšs avoir cĂ©lĂ©brĂ© le jour de l'an Ă  la maniĂšre traditionnelle japonaise[3], le , l'expĂ©dition atteint l'Ăźle Coulman, le point le plus avancĂ© de la saison prĂ©cĂ©dente. La mer de Ross est ouverte et le Kainan Maru se dirige rapidement vers le sud[43], de sorte que le , les hommes voit pour la premiĂšre fois de la Grande barriĂšre de glace[Note 3]. Apparaissant d'abord comme une petite ligne Ă  l'horizon[45] - [46], Ă  mesure qu'ils se rapprochent, elle prend, Ă©crit plus tard Shirase, l'apparence d'un « gigantesque serpent blanc au repos »[45]. Le lendemain, prĂšs du bord de la barriĂšre, le navire met cap vers l'est pour chercher un lieu d'accostage probable Ă  proximitĂ© de la terre du Roi-Édouard-VII[45]. Alors qu'ils naviguent au-delĂ  de la baie des Baleines, le navire est attaquĂ© par un groupe d'orques, qui se retire rapidement lorsqu'elles rĂ©alisent la nature de leur proie, mais pas avant d'avoir alarmĂ© considĂ©rablement un des membres de l'Ă©quipage profondĂ©ment religieux, qui prie avec ferveur tout au long de l'attaque[3].

Le , à 78°17'S, 161°50'O, le Kainan Maru tombe sur une petite crique dans le bord de la barriÚre, qui semble offrir un lieu d'accostage convenable[45]. Une équipe avancée escalade la barriÚre pour examiner la surface et juger de son aptitude au voyage. Ils rapportent que le terrain est plein de crevasses, certaines légÚrement recouvertes de glace et de neige, et que les déplacements en surface sur n'importe quelle distance sont pratiquement impossibles[45] - [3] - [47]. AprÚs avoir nommé l'entrée « baie de Kainan », ils naviguent plus au loin[45].

Shirase dĂ©cide alors de diviser l'expĂ©dition en deux parties. Une Ă©quipe accosterait dans la baie des Baleines pour un voyage en traĂźneau vers le sud Ă  travers la barriĂšre, pendant ce temps, le Kainan Maru emmĂšnerait une deuxiĂšme Ă©quipe sur la terre du Roi-Édouard-VII pour une exploration[45]. Ceci dĂ©cidĂ©, le navire fait demi-tour vers l'ouest, vers la baie des baleines. En s'approchant, ils dĂ©couvrent avec Ă©tonnement qu'un autre navire s'y trouve. AprĂšs une premiĂšre spĂ©culation sur des pirates, ils dĂ©couvrent en s'approchant que le navire bat pavillon norvĂ©gien et se rendent compte qu'il s'agit du navire de Roald Amundsen, le Fram[45] - [3] - [19]. Une Ă©paisse glace de mer se formant dans la partie intĂ©rieure de la baie, le Kainan Maru ne peut pas s'approcher du bord de la barriĂšre et doit donc s'amarrer Ă  la glace Ă  une certaine distance[45].

Le , en l'absence de Roald Amundsen alors Ă  la conquĂȘte du pĂŽle, deux officiers du Fram, Thorvald Nilsen et Kristian Prestrud, rendent une brĂšve visite au navire japonais. La communication s'avĂšre difficile, bien que les NorvĂ©giens soient reçus avec hospitalitĂ© avec du vin et des cigares, Shirase est apparemment allĂ© se coucher en Ă©vitant de rencontrer ces visiteurs[48].

Voyage en traĂźneau

Le , les conditions de la glace de mer ayant changé, le Kainan Maru est amené prÚs du bord de la barriÚre et le processus de débarquement de l'équipe à terre commence[3]. Cela s'avÚre toutefois difficile et dangereux, impliquant la découpe d'un chemin de glace à travers la falaise escarpée jusqu'au sommet de la barriÚre pour permettre le transfert des hommes, de chiens, des provisions et des équipements[49] - [3]. Pendant le débarquement, Nomura rend visite au Fram et est trÚs impressionné par ce qu'il y voit[6] - [3]. Les Norvégiens sont moins flatteurs dans leurs observations de l'expédition japonaise, notant en particulier la maniÚre « barbare » dont la faune est capturée et tuée[6] - [50].

Le dĂ©chargement terminĂ©, le Kainan Maru part pour la terre du Roi-Édouard-VII, laissant sept hommes sur la barriĂšre[49]. Deux restent dans un camp de base pour effectuer des observations mĂ©tĂ©orologiques, tandis qu'un groupe de cinq hommes marcherait vers le sud. Ces cinq hommes sont Shirase, Takeda, Miisho et les deux AĂŻnous, des mushers[3]. L'objectif de ce voyage en traĂźneau est de voyager le plus au sud possible dans le temps limitĂ© disponible, sur un terrain inexplorĂ©. Par consĂ©quent, plutĂŽt que de se diriger plein sud, ce qui les aurait placĂ©s sur les traces d'Amundsen, ils choisissent une route sud-est[51].

Photographie en noir et blanc de trois hommes saluant tĂȘte baissĂ©e un drapeau du Japon.
Les hommes Ă  Yamato Yukihara le .

VĂȘtu de vĂȘtements et de chaussures inadĂ©quats et sans expĂ©rience des voyages polaires[52], l'Ă©quipe part Ă  midi le . Les hommes doivent faire face Ă  des conditions mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes et sont arrĂȘtĂ©s aprĂšs seulement 13 kilomĂštres[3] - [51]. Le lendemain, ils sont confinĂ©s par le temps dans leurs tentes[3]. Reprenant le , au cours des jours suivants, ils se battent contre des vents violents et des blizzards, tandis que la tempĂ©rature tombe Ă  -25°C. Certains des chiens ne peuvent continuer, boitant ou Ă©tant gelĂ©s[3].

Le , ils calculent qu'ils ont parcouru 250 kilomĂštres et que leur position est de 80°5'S, 156°37'O. LĂ , ils enterrent une boĂźte contenant les noms des membres du groupe et y hisse le drapeau du Japon. La zone environnante est nommĂ©e par Shirase comme Yamato Yukihara (« plaine de neige japonaise »)[Note 4]. AprĂšs une brĂšve cĂ©rĂ©monie et un salut Ă  l'Empereur du Japon, le groupe commence son voyage de retour Ă  la base[3] - [6] - [53]. Les conditions mĂ©tĂ©orologiques sont beaucoup plus favorables et ils parcourent la distance en trois jours, soit ce qui est peut-ĂȘtre le voyage polaire en traĂźneau le plus rapide de l'Ă©poque[6]. ArrivĂ©s Ă  leur camp de base le , ils se remettent de leurs efforts en dormant pendant 36 heures[3] - [53].

Terre du Roi-Édouard-VII

AprĂšs avoir quittĂ© le groupe de Shirase, le Kainan Maru navigue vers l'est, arrivant au large de la cĂŽte de la terre du Roi-Édouard-VII le Ă  76°56'S, 155°55'O[52] - [3] - [Note 5]. Deux groupes dĂ©barquent Ă  terre pour explorer ce qu'ils pensent ĂȘtre un territoire vierge, ignorant qu'une Ă©quipe de l'expĂ©dition d'Amundsen, dirigĂ©e par Prestrud, est entrĂ©e dans cette zone depuis la barriĂšre l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente[1] - [6]. Les Japonais sont cependant les premiers Ă  dĂ©barquer avec succĂšs sur la terre du Roi-Édouard-VII depuis la mer[53].

Les deux groupes traversent la banquise et escaladent le mur de glace qui entoure la cĂŽte. Un groupe, dirigĂ© par Tomoji Tsuchiya, se dirige vers le sud mais est rapidement arrĂȘtĂ© par des glaces infranchissables[3]. L'autre groupe de trois (Nishikawa, Watanabe et Taizumi), fait de meilleurs progrĂšs vers la chaĂźne Alexandra[3] - [6], que Scott avait observĂ©es depuis la mer en 1902 lors de l'expĂ©dition Discovery, et nommĂ©es d'aprĂšs la reine britannique[55] - [56]. Les trois hommes atteignent les contreforts de cette chaĂźne, mais sont ensuite arrĂȘtĂ©s par une crevasse infranchissable[53] - [3] - [35]. Ils Ă©rigent un signe enregistrant leur prĂ©sence[53] - [3] et, aprĂšs une exploration plus poussĂ©e de la rĂ©gion et la collecte d'Ă©chantillons de roches[57] — Ă©tudiĂ©s par la suite par l'universitĂ© de Tokyo[19] —, retournent au navire[3].

Le Kainan Maru navigue ensuite plus Ă  l'est, dans une tentative de passer la longitude la plus Ă  l'est — 152e mĂ©ridien ouest —[3] enregistrĂ©e par l'expĂ©dition Discovery de Scott. Ils atteignent 151°20'O, dĂ©passant ainsi la marque de Scott d'une distance calculĂ©e Ă  17,3 kilomĂštres[35]. Sur le chemin du retour vers la baie des baleines, ils s'arrĂȘtent dans une petite baie qu'ils nomment baie d'Okuma en l'honneur du principal soutien de l'expĂ©dition[3]. Le , ils arrivent dans la baie des baleines, mais les conditions de glace les empĂȘchent pendant deux jours de commencer l'embarquement du groupe de Shirase. La dĂ©tĂ©rioration du temps fait de cette opĂ©ration un processus lourd et prĂ©cipitĂ©, et les hommes laissent donc beaucoup de choses derriĂšre, y compris, au grand dĂ©sarroi des hommes, tous les chiens[3] - [35]. Shirase restera marquĂ© par le sort de ces chiens abandonnĂ©s et il y fera rĂ©fĂ©rences dans ses priĂšres quotidiennes pour le reste de sa vie[58]. Le Kainan Maru quitte la baie le [3] - [6].

Retour au Japon

Shirase a l'intention de dĂ©barquer sur l'Ăźle Coulman sur le chemin du retour, mais le temps est trop mauvais et cette idĂ©e est abandonnĂ©e. Le Kainan Maru arrive Ă  Wellington le , oĂč Shirase et un petit groupe quittent le navire pour prendre un bateau Ă  vapeur plus rapide pour rejoindre le Japon, afin de prĂ©parer le retour de l'expĂ©dition sur place[35]. AprĂšs avoir pris du charbon et des provisions, le Kainan Maru quitte Wellington le et arrive Ă  Yokohama le . Le lendemain, le , aprĂšs un voyage de prĂšs de 50 000 kilomĂštres[52], il entre dans le port de Tokyo pour un accueil chaleureux[3] - [58] - [6].

Postérité

Photographie couleur d'une stÚle en pierre avec une plaque commémorative et une petite sculpture de manchot.
Monument en pierre consacrĂ© Ă  l'expĂ©dition antarctique japonaise — prĂšs de la tombe de Shirase Nobu —, au sanctuaire de Semon (ja), Ă  Nishio, dans la prĂ©fecture d'Aichi.

RĂ©alisations

Malgré le manque d'expérience et l'inadéquation du navire avec l'objectif[52], l'expédition démontre de maniÚre concluante que les Japonais peuvent monter une expédition en Antarctique[6]. Il n'y a aucun mort ni blessé grave parmi le personnel et tous rentrent sains et saufs[1] - [22]. Hamre loue le sens marin de Nomura comme digne de comparaison avec celui des grands navigateurs[1].

Bien que souvent traitĂ© comme mineure par comparaison aux expĂ©ditions simultanĂ©es d'Amundsen et de Scott[52] et avec des rĂ©sultats modestes, l'expĂ©dition japonaise rĂ©alise plusieurs distinctions notables. Les hommes sont les premiers non europĂ©ens Ă  explorer l'Antarctique[1], ils effectuent le premier dĂ©barquement depuis la mer sur la terre du Roi-Édouard-VII, oĂč Scott (expĂ©dition Discovery en 1902) et Shackleton (expĂ©dition Nimrod en 1908) avaient Ă©chouĂ©. Le Kainan Maru est emmenĂ© plus Ă  l'est le long de la cĂŽte que n'importe quel navire prĂ©cĂ©dent, tandis que le voyage en traĂźneau marque un record de rapiditĂ© tout en devenant le quatriĂšme groupe jusqu'Ă  ce moment-lĂ  Ă  voyager au-delĂ  du 80e parallĂšle sud[22]. Les donnĂ©es scientifiques rapportĂ©es par l'expĂ©dition comprennent des informations importantes sur la gĂ©ologie de la terre du Roi-Édouard-VII et sur les conditions de glace et mĂ©tĂ©orologiques dans la baie des baleines[59].

RĂ©actions

À son retour, l'expĂ©dition a droit Ă  une parade Ă  travers Tokyo. Shirase est reçu par la famille impĂ©riale[19] et largement cĂ©lĂ©brĂ©[58]. Mais cette renommĂ©e s'avĂšre de courte durĂ©e car six semaines aprĂšs le retour triomphal, l'empereur Meiji meurt et Ă©clipse la portĂ©e de l'expĂ©dition et diminue l'intĂ©rĂȘt du public pour celle-ci[19]. Shirase se retrouve accablĂ© par de considĂ©rables dettes d'expĂ©dition, sans intervention du gouvernement[60]. Il espĂšre lever des fonds substantiels grĂące Ă  la vente de son compte rendu d'expĂ©dition, mais constate que, dans un Japon en Ă©volution rapide, le goĂ»t pour ce type d'histoire d'aventure n'est plus aussi fort qu'auparavant. Il est devenu, comme le dit Stephanie Pain dans son rĂ©cit du New Scientist « le mauvais type de hĂ©ros »[1]. Un film documentaire, construit Ă  partir des images de Taizumi, est un succĂšs commercial, mais cela ne profite pas Ă  Shirase, qui avait vendu les droits Ă  une sociĂ©tĂ© cinĂ©matographique[61].

Dans le monde entier, l'expĂ©dition attire peu d'attention, Ă©clipsĂ©e par les drames entourant la rivalitĂ© entre Amundsen et Scott et aussi parce que les seuls rapports disponibles sont en japonais, une langue peu comprise en dehors du Japon. En Grande-Bretagne, le secrĂ©taire de la Royal Geographical Society (RGS), John Scott Keltie, hĂ©site mĂȘme Ă  reconnaĂźtre l'expĂ©dition japonaise, et aucun rapport n'en paraĂźt dans le journal de la sociĂ©tĂ© savante pendant de nombreuses annĂ©es. L'ancien prĂ©sident de la RGS, Clements Markham, a lui complĂštement ignorĂ© l'expĂ©dition dans son histoire de l'exploration polaire, The Lands of Silence[62]. Le premier rĂ©cit substantiel en anglais, par Ivar Hamre dans The Geographical Journal, ne paraĂźt qu'en 1933[6].

Bilan

Photographie couleur d'un bĂątiment moderne avec des drapeaux flottants au vent.
Le mémorial et musée de l'expédition antarctique japonaise, à Nikaho, dans la préfecture d'Akita.

Shirase consacre la majeure partie du reste de sa vie Ă  rĂ©gler les dettes de l'expĂ©dition. Il vend sa maison Ă  Tokyo et dĂ©mĂ©nage aux Ăźles Chishima (Ăźles Kouriles) oĂč il collecte des fonds grĂące au commerce de la fourrure de renard. En 1935, les derniers impayĂ©s sont remboursĂ©s[60]. Shirase reçoit une reconnaissance publique tardive : en 1933, il devient prĂ©sident honoraire du nouvellement formĂ© Institut japonais de recherche polaire[60]. Il meurt toutefois dans un relatif anonymat en 1946[1].

L'intĂ©rĂȘt du Japon pour la recherche antarctique est ravivĂ© en 1956, avec la premiĂšre Japanese Antarctic Research Expedition (JARE)[63], premiĂšre expĂ©dition d'une sĂ©rie qui est toujours active depuis et dont le navire de recherche actuel s'appelle le Shirase (しらせ). En 1981, la ville natale de Shirase, Nikaho, Ă©rige une statue Ă  sa mĂ©moire et en 1990 ouvre un musĂ©e consacrĂ© Ă  son expĂ©dition[64]. En 2011, pour marquer le centenaire de l'expĂ©dition, une association ad hoc publie une traduction complĂšte en anglais, par Lara Dagnell et Hilary Shibata, du rapport d'expĂ©dition original (Nankyokuki Tanken) de 1913[6] - [22] - [35].

Plusieurs lieux en Antarctique font rĂ©fĂ©rence Ă  Shirase ou Ă  l'expĂ©dition : la cĂŽte de Shirase[65], le glacier Shirase[66], ainsi que la baie d'Okuma et la baie de Kainan. Le navire Kainan Maru, revendu Ă  ses anciens propriĂ©taires, a repris ses fonctions de pĂȘche mais son destin ultĂ©rieur est inconnu[60] - [52].

En 1979, Mary Edgeworth David fait don du sabre de samouraĂŻ de son pĂšre Ă  l'Australian Museum oĂč elle est une des curiositĂ©s[32]. En 2002, une plaque commĂ©morative est placĂ©e Ă  Parsley Bay pour commĂ©morer le 90e anniversaire du sĂ©jour de l'expĂ©dition japonaise lĂ -bas. L'inscription dĂ©crit la plaque comme « un symbole d'amitiĂ© Ă©ternelle entre les deux pays »[67].

Bibliographie

Photographie couleur d'une partie d'une exposition sur l'expédition de Shirase.
Scénographie intérieure du musée consacré à l'expédition antarctique japonaise.
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Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Par convention, dans ce nom japonais, le nom de famille, Shirase, précÚde le nom personnel, Nobu.
  2. Les traßneaux des Japonais ont été décrits comme des « jouets », faits de bambou et de bois. Leurs rations, principalement du riz, des prunes, des haricots secs et des seiches séchées, ne ressemblaient en rien aux plats antarctiques habituels à haute énergie tels que le pemmican[1].
  3. La Grande barriÚre de glace (en anglais : Great Ice Barrier) a été découverte en 1841 par James Clark Ross lors de l'expédition Erebus et Terror. Ce nom a été utilisé jusqu'en 1953, date à laquelle elle a été rebaptisé barriÚre de Ross (Ross Ice Shelf). Dans cet article, le nom en usage en 1911-1912 a été conservé[44].
  4. Le nom Yamato Yukihara a été officiellement accepté par le Comité japonais des noms de lieux antarctiques en 2012[6].
  5. L'endroit est nommé « baie de Biscoe » mais cela n'apparaßt pas sur les cartes modernes. La zone semble avoir été englobée dans la baie Sulzberger, nommée par l'explorateur américain Richard Byrd lors de son expédition antarctique de 1928-1930[54].

Références

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