Barrière de Ross | |
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Pays | Antarctique |
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Dépendance de Ross | |
Type | Barrière de glace |
Coordonnées | 81° 30′ S, 175° 00′ O |
Géolocalisation sur la carte : Antarctique
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La barrière de Ross ou plate-forme de Ross est la plus grande barrière de glace de l’Antarctique[1].
Sommaire
Toponymie
La terminologie concernant la barrière de Ross est floue : parfois le terme « barrière » est utilisé pour désigner la bordure nord ressemblant à des falaises et le terme « plate-forme » pour désigner sa partie plane, parfois les deux termes désignent le même ensemble.
Elle porte le nom de James Clark Ross, son découvreur.
Géographie
Cette barrière de glace est un glacier plat flottant sur la mer et rattaché à la côte[1]. Elle est alimentée par l'accumulation annuelle de neige et l'apport de plusieurs glaciers[1].
D'une largeur d’environ 800 km, sa superficie est d'environ 487 000 km2, soit environ celle de la France[2],[3].
Sa plus grande partie se trouve dans la dépendance de Ross, territoire revendiqué par la Nouvelle-Zélande et entre les régions de Terre Victoria et de Terre Marie Byrd[4].
La limite sud et sud-ouest de la barrière de Ross est la chaîne Transantarctique, au nord ouest l'île de Ross et le Détroit de McMurdo et au nord la mer de Ross.
Plusieurs îles comme l'île Roosevelt sont complètement prises dans la glace de la barrière.
Climat
La barrière est réputée pour son climat extrême. Le peu de relief de celle-ci ne freine pas le vent.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température moyenne (°C) | −4,5 | −11,4 | −20,5 | −24 | −25,6 | −26 | −28,3 | −29,7 | −28,1 | −21,3 | −11,4 | −4,8 | −19,6 |
Histoire
Découverte
La barrière a été découverte le lors de l'expédition Erebus et Terror (1839-1843) avec d'autres lieux qui prendront une grande importance historique comme l'île de Ross et le détroit de McMurdo. Le capitaine James Clark Ross qui menait l'expédition la nomme la « Grande barrière de glace » parce qu'elle l'empêche d'aller plus au sud et parce que sa hauteur la rend très imposante. Ce n'est que plus tard qu'elle prendra son nom.
Ross est encore à Hobart en Tasmanie quand il a vent de la découverte de la Terre Adélie par l'expédition française Dumont d'Urville (1839-1840) de Jules Dumont d'Urville et les plans de l'expédition américaine Wilkes (1839-1842) de Charles Wilkes[5]. Il décide alors de détourner son expédition dans ce secteur non cartographié[5], plus à l'est. Cela lui permet de faire l'une des découvertes les plus spectaculaires du XIXe siècle[5].
L'accès à la barrière est difficile, le HMS Erebus et HMS Terror, les bombardes en bois de Ross n'ont pas la puissance des brise-glace modernes, et le pack freine la progression. Ross aperçoit le cap Adare au nord-est de la Terre Victoria puis longe la côte vers le sud[5]. Il découvre le détroit de McMurdo et l'île de Ross et enfin une énorme barrière de glace de 50 m de haut[5]. La longeant partiellement, il estime la longueur de la barrière à 800 km[5]. Devant hiverner, il décide de rentrer à Hobart faute de lieux sûrs[5].
À son retour l'année suivante, les conditions météorologiques sont moins clémentes[5]. La barrière étant à sa bordure nord une énorme falaise de glace, il ne peut y débarquer des hommes et se contente de la cartographier sur sa partie Est jusqu'à 160° de longitude ouest.
Première exploration
C'est au cours de l'expédition Southern Cross (1898–1900) que Carsten Borchgrevink et deux hommes parviennent à escalader la barrière et peuvent l'explorer via une pente sur celle-ci. Ils réalisent un « Farthest South » à la latitude de 78°50'S, c'est-à-dire en atteignant une latitude que personne avant eux n'avait réalisée. Ils ne restent pas beaucoup de temps sur celle-ci, leur camp de base principal étant au cap Adare.
Les observations indiquent que la barrière s'est déplacée de quelque 30 km au sud depuis l'époque de Ross[6].
Percées décisives
Les expéditions suivantes qui ont permis d'atteindre le pôle Sud lors de l'Âge héroïque de l'exploration en Antarctique (1895-1922) passèrent toutes par la barrière afin d'atteindre le plateau Antarctique.
L'expédition Discovery (1901-1904) de Robert Falcon Scott et l'expédition Nimrod (1907-1909) d'Ernest Shackleton tenteront sans l'atteindre le pôle Sud mais donnant une pratique et une expérience qui sera importante dans les expéditions suivantes.
Sur la route du Pôle Sud
- L'expédition Terra Nova de Robert Falcon Scott (Royaume-Uni)
- L'expédition Amundsen de Roald Amundsen (Norvège)
Les expéditions britanniques prenaient comme base le détroit de McMurdo et l'île de Ross pour leurs tentatives et l'expédition Amundsen (1910-1913) du norvégien Roald Amundsen la baie des Baleines (Framheim)[7].
L'expédition Amundsen atteignit le pôle par le glacier Axel Heiberg et l'expédition Terra Nova (1910-1913) de Robert Falcon Scott par le glacier Beardmore. Les cinq hommes de cette dernière tomberont à son retour sur un climat particulièrement rigoureux, et bloqués par la tempête et à court de provisions, moururent. Depuis cet événement tragique, les conditions climatiques sur la barrière sont considérées comme décisives dans les tentatives à pied.
Seconde phase d'exploration
En 1928, Richard Byrd place son camp de base Little America à la baie des Baleines et en fait la tête de pont pour cinq expéditions américaines entre 1929 et 1956[8].
L'est de la barrière de Ross est notamment exploré en 1934[8].
Période moderne
Plusieurs bases antarctiques se situent près de la barrière, notamment la base néo-zélandaise Scott et la base américaine McMurdo toutes deux sur la péninsule de Hut Point de l'île de Ross.
Trois aéroports saisonniers, Ice Runway, Williams Field et Pegasus Field, se situent sur la barrière.
Évolution et conservation
Avec le réchauffement climatique, l'inlandsis de l'Antarctique est très touché. Dès les années 2000, certains scientifiques ont envisagé une dislocation partielle de la barrière de Ross à moyen terme[3].
De par sa masse, si elle venait à dériver vers le nord et donc être plus au contact des rayons du Soleil, elle pourrait provoquer une hausse du niveau des mers.
Le [9], l'Iceberg B-15 d'environ 11 000 km2, soit plus que la taille de la Jamaïque, s'est désolidarisé de la barrière. En 2002, c'est l'Iceberg C-19 (en) d'environ 5 500 km2 et l'Iceberg C-18 d'environ 560 km2 qui se sont détachés.
Bibliographie
- Bertrand Imbert et Claude Lorius, Le grand défi des pôles, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard », (réimpr. 2006), 159 p. (ISBN 978-2-07-076332-0) .
Notes et références
- « Plateforme de glace », sur recherchespolaires.veille.inist.fr, INIST-CNRS (consulté le ).
- (en) Antarctic Hazards, British Antarctic Survey.
- (en) « Ross Ice Shelf could 'collapse quickly' », sur theaustralian.news.com.au, The Australian, (consulté le ).
- (en) « Ross Ice Shelf », sur https://geonames.usgs.gov/, United States Board on Geographic Names (consulté le ).
- Bertrand Imbert et Claude Lorius, Le grand défi des pôles, p. 38.
- (en) « Antarctic Explorers – Carsten Borchgrevink », www.south-pole.com (consulté le ).
- Bertrand Imbert et Claude Lorius, Le grand défi des pôles, p. 86.
- Bertrand Imbert et Claude Lorius, Le grand défi des pôles, p. 103.
- (en) Comiso, Josefino C., Polar oceans from space, New York, Springer, , 507 p. (ISBN 978-0-387-68300-3 et 0-387-68300-3, OCLC , lire en ligne), p. 396 .