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Eau dans le monde

L'eau dans le monde est une ressource abondante mais inégalement répartie. Un grosse partie de l'eau sur Terre n'est pas potable (polluée, trop salée) ou difficilement accessible (souterraine, Iceberg, glacier, etc.). L'accès à l'eau potable est inégalement répartie entre les pays du Nord et les pays du Sud. L'eau a des usages variés, qu'ils soient agricoles, industriels, ou domestiques.

Grandes chutes d'eau

Depuis longtemps, les hommes ont su tirer profit des ressources en eau en s'installant près des grands fleuves, des lacs et des littoraux, en utilisant les fleuves pour se déplacer, et en créant des aménagements pour capter l'eau, la traiter, la transporter, et la distribuer aux consommateurs. La dégradation de la qualité de l'eau peut engendrer des risques sanitaires et environnementaux. Du fait de sa répartition inégale, la maîtrise des approvisionnements en eau engendre des tensions dans plusieurs régions du monde.

Historique

Dans l'actuel Moyen-Orient, les régions du Croissant Fertile allant de l'Égypte en Mésopotamie bénéficient de l'eau apportée par trois grands fleuves : le Tigre, l'Euphrate et le Nil. Ces fleuves ont été le berceau des grandes civilisations du Proche et du Moyen-Orient. En Asie du Sud-Est, la civilisation d'Angkor s'est elle aussi développée autour de la maîtrise de l'eau.

Une ressource abondante sur Terre mais inégalement répartie

La Terre est appelĂ©e « la planète bleue Â» car l'eau recouvre 70,8 % de sa surface[1]. La surface des mers et des ocĂ©ans est donc plus importante que celle des terres Ă©mergĂ©es. Mais l'eau douce, n'en recouvre qu'une partie infime. En effet, l'eau de mer constitue 97,5 % de l'eau mondiale. Ne laissant ainsi qu'une petite quantitĂ© d'eau douce rĂ©partie de la manière suivante :

Les hommes puisent l'eau douce dans les nappes phréatiques, les nappes fossiles, et dans les eaux de surface.

Un accès inégal à l'eau

Les ressources hydriques sont mal réparties entre les pays, les régions et les hommes. Certaines régions subissent un stress hydrique : une situation critique caractérisée par une indisponibilité en eau, cela implique une pénurie.

  • Cartes du stress hydrique et de la pĂ©nurie d'eau dans le monde.
  • Part de la population ayant accès Ă  l'eau potable en 2005.
    Part de la population ayant accès à l'eau potable en 2005.
  • Estimation de l'ONU de la pĂ©nurie d'eau ou de stress hydrique en Afrique en 2025.
    Estimation de l'ONU de la pénurie d'eau ou de stress hydrique en Afrique en 2025.

Les zones froides sont faiblement peuplées alors qu'elles disposent de beaucoup d'eau. Les régions arides sont au contraire très peuplées et ne disposent que d'une très petite quantité d'eau.

Cinq pays disposent de la moitié des ressources mondiales en eau : la Russie, la Chine, le Canada, l'Indonésie et les États-Unis.

Ainsi, au nord les besoins en eau sont largement satisfaits, la population surconsomme et gaspille l'eau. Alors qu'au sud 1,5 milliard de personnes n'ont pas accès à une eau potable à cause de l'aridité et faute d'infrastructures suffisantes.

Des usages variés

Utilisation de l'eau douce par secteur

L'agriculture utilise 70 % de l’eau prélevée, pour l’irrigation (pouvant atteindre le taux de 90 % dans certaines régions du globe). Les usages industriels représentent 20 % et les usages domestiques (pour boire, cuisiner, se laver, etc.) 10 %[2].

Eau agricole

Selon la FAO, l'agriculture occupe aujourd’hui 11 % de la surface des terres émergées de la planète aux fins de la production végétale et utilise autour de 70 % de toute l’eau tirée des aquifères, des cours d'eau et des lacs (eau douce)[3] - [4].

La quantité d'eau nécessaire à l'agriculture est très variable selon les cultures[5].

→ Pour connaître les consommations d'eau par type de culture, consulter : Tableau des consommations d'eau agricole par type de culture.

Eau industrielle

L’industrie utilise de grosses quantités d’eau. Mais toute l’eau utilisée par l’industrie n’est pas forcément consommée. Les centrales hydroélectriques par exemple ne prélèvent pas d’eau au milieu, ni a fortiori n’en consomment. L’industrie nucléaire, quant à elle, prélève l’eau en masse pour le refroidissement, mais la totalité de cette eau est ensuite rendue à la nature. Les industries les plus gourmandes en eau sont les industries de transformation. La consommation d’eau industrielle est très variable d’un pays à l’autre car elle dépend beaucoup du niveau de développement de chaque nation [6].

→ Pour connaître les consommations d'eau par type de produit industriel, consulter : Tableau des consommations d'eau industrielle par type de produit.

Eau domestique

L'OMS estime que chaque personne a besoin d'un minimum vital de 20 litres d’eau par jour pour répondre aux besoins fondamentaux d’hydratation et d’hygiène personnelle. Pour vivre décemment, 50 litres d’eau par jour et par personne sont nécessaires. Et pour un réel confort, il faut 100 litres par personne et par jour.

Les statistiques d'Eurostat, de l'Ifen, et du Conseil mondial de l’eau montrent tous les pays développés se situent au-dessus de ces seuils[7]

→ Pour connaître les consommations d'eau par type d'usage domestique, consulter : Tableau des consommations d'eau domestique type d'usage.

→ Pour connaître les consommations d'eau dans quelques pays du monde, consulter : Consommation d'eau domestique par pays.

Gestion de l'eau

Gestion par bassins versants

La gestion de l'eau se fait de plus en plus de façon intégrée par bassin versant, sur le modèle de la gestion de l'eau en France.

La gestion intégrée des ressources en eau (GIRE), correspond à l'organisation internationale Integrated Water Resources Management (IWRM) qui a notamment été promue par le Partenariat Mondial de l'eau (GWP), en 2000[8].

Ce programme, associĂ© Ă  une mĂ©thode, est axĂ© sur la gestion des bassins versants, considĂ©rĂ©s Ă  l'Ă©chelle de chaque fleuve. L'IWRM est « un processus favorisant le dĂ©veloppement et la gestion coordonnĂ©s des ressources en eau, du sol et des ressources associĂ©es, permettant de maximiser les bĂ©nĂ©fices Ă©conomiques et sociaux, de façon Ă©quitable sans compromettre la pĂ©rennitĂ© des Ă©cosystèmes vitaux » (GWP, 2000)

Services d'eau potable et d'assainissement

La consommation mondiale d'eau a doublé en 40 ans. De ce fait, la croissance de la population mondiale et celle des activités poussent les hommes et les États à aménager les espaces.

Dans les pays les plus développés, fournir régulièrement de l'eau exige des aménagements coûteux pour gérer l'ensemble du cycle des services de l'eau :

L'eau / assainissement est un domaine d'excellence de la France, qui compte trois groupes, Veolia, Suez et Saur qui sont des leadeurs mondiaux dans ce secteur.

Dans les zones rurales des pays en développement et des pays les moins avancés, la gestion de l'eau se fait de manière artisanale.

Objectif de développement durable

Les Nations unies ont défini un objectif de développement durable (ODD 6) afin de garantir un accès universel à de l’eau potable et à l’assainissement, d'améliorer la qualité de l'eau et réduire les pollutions, assurer une utilisation efficiente des différents usages de l'eau (domestique, énergie, industriel, agriculture) et préserver les écosystèmes aquatiques.

Les risques sanitaires et environnementaux

En plus des risques de pénurie, l'humanité est confrontée à un autre problème : la qualité de l'eau se dégrade. Ce qui entraîne des risques sanitaires pour les populations, même dans les pays développés. Dans les pays en développement (la Chine et l'Inde), l'eau est polluée par les rejets industriels dans les fleuves et par les produits chimiques utilisés par l'agriculture qui s'infiltrent dans le sol jusqu'aux nappes phréatiques. En Europe, en Amérique du Nord et en Asie, la moitié des lacs et des rivières sont pollués par les algues qui empoisonnent les milieux naturels.

Dans les pays du Sud, les installations d'assainissement manquent. La population doit utiliser une eau qui n'est pas saine. Quatre maladies sur cinq, et un dĂ©cès sur trois sont dus Ă  des eaux contaminĂ©es. Les maladies transmises par l'eau tuent chaque jour plus de 15 000 personnes dans le monde Ă  cause de la diarrhĂ©e, du cholĂ©ra ou de la typhoĂŻde. Ainsi que 5 millions de personnes par an, dont la moitiĂ© sont des enfants.

Les risques politiques

Des tensions internationales ou entre régions d'un même pays

L'eau est nécessaire au développement d'un pays, elle est donc très convoitée. Comme elle est devenue un bien rare dans beaucoup de régions du monde, cela entraîne des rivalités entre les États, mais aussi entre différents usagers et régions d'un même pays. En Espagne par exemple, les régions du Nord ne manquent pas d'eau, tandis que les régions du sud sont déficitaires à cause du climat aride et des agricultures irriguées dans les serres.

L'eau est ainsi devenue un enjeu géopolitique, les États cherchant à contrôler les ressources hydriques, ce qui entraîne des tensions internationales pouvant déclencher des « guerres de l'eau ». On donne ci-dessous les principaux exemples de tels conflits entre les pays qui se partagent une même ressource d'eau..

Moyen-Orient

  • La Turquie, la Syrie et l'Irak se partagent l'eau d'un mĂŞme fleuve, l'Euphrate. Celui-ci prend source en Turquie et dĂ©bouche en Irak. De grands amĂ©nagements hydrauliques ont lieu en amont pas très loin de la frontière avec la Syrie : Le GAP grand projet anatolien (Projet d'Anatolie du Sud-Est) entre autres celui du Birecik, qui constitue un grand barrage avec un lac de retenue. Lors de la constitution des barrages dans le cadre du GAP, les pays se trouvant en aval de ces deux fleuves subiront une perte de 70 % du dĂ©bit naturel de l'Euphrate et une perte de 50 % de celui du Tigre. Cette situation crĂ©e des tensions entre les pays en amont et ceux en aval particulièrement entre la Turquie et la Syrie. Cette situation touche aux affaires politiques les plus sensibles. Plus de 15 milliards de mètres cubes d'eau de l'Euphrate passent Ă  travers les frontières, cette quantitĂ© d'eau est ensuite partagĂ©e entre la Syrie et l'Irak, celui-ci en prend 58 %, alors que la Syrie 42 %. Le barrage de Birecik assure aux paysans anatoliens très pauvres un accroissement de leurs produits de blĂ© (104 %), de coton (390 %) et de tomates (500 %). Ces retombĂ©es Ă©conomiques permettent la crĂ©ation de plusieurs emplois et font augmenter le niveau de vie des habitants en attirant les investissements dans le tourisme[10].

Asie

  • La Chine, l'Inde et le Pakistan se disputent l'eau de l'Himalaya. Les projets de barrage pour sĂ©curiser l'accès Ă  la ressource hydrique alimentent les tensions dans ce triangle d'Asie du Sud, dĂ©jĂ  très instable[11].
  • La Chine et la Russie se disputent les eaux de l'Amour, qui matĂ©rialise la frontière entre les deux pays sur presque 1 600 km.

Afrique

Amérique

Notes et références

  1. « Le groupe de travail G7 Océan » [PDF], sur Ministère français de l'Écologie (consulté le ).
  2. Centre d'information sur l'eau, comment l'eau est-elle prélevée et utilisée dans le monde ?
  3. L’état des ressources en terres et en eau pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde. Gérer les systèmes en danger sur le site fao.org
  4. Water withdrawal by sector, around 2010, Prélèvements d'eau par secteur, vers 2010, Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture
  5. CNRS, consommations d'eaux agricoles
  6. CNRS, consommations d'eaux industrielles
  7. Centre d'information sur l'eau - La consommation d'eau domestique est-elle la mĂŞme Ă  travers le monde ?
  8. (en)GWP history at a glance, sur gwp.org, consulté le .
  9. Hervé Amiot, « Eau et conflits dans le bassin du Jourdain », Les clés du Moyen-Orient, lire en ligne, consulté le
  10. Futura-sciences - Guerre de l'eau au Moyen-Orient : Turquie, Syrie, Irak
  11. Frédéric Bobin, « Chine, Inde et Pakistan se disputent l'eau de l'Himalaya », Le Monde, 14 mars 2012, lire en ligne
  12. (en) Le site officiel de la Mekong River Commission
  13. (en) Agreement on the Cooperation for the Sustainable Development of the Mekong River Basin, Chiang Rai, ThaĂŻlande, 5 avril 1995.
  14. Le Point Afrique, « Éthiopie-Égypte-Soudan : la guerre de l’eau couve », Le point, 7 juillet 2021, lire en ligne, consulté le
  15. Initiatives pour l'Avenir des Grands Fleuves, « L’eau au cœur des tensions entre le Mexique et les États-Unis », 26 octobre 2020, lire en ligne, consulté le 8 janvier 2023

Voir aussi

Bibliographie

  • (fr + pt + ar) Mohamed Larbi Bouguerra, Les Batailles de l'eau : pour un bien commun de l'humanitĂ©, Paris, Ă©ditions de l'Atelier (en coĂ©dition avec onze Ă©diteurs francophones de dix pays), , 240 p. (ISBN 2-7082-3692-X, prĂ©sentation en ligne)
  • Erik Orsenna, L'Avenir de l'eau : Petit prĂ©cis de mondialisation, tome 2, Paris, Fayard, , 411 p. (ISBN 978-2-213-63465-4, BNF 41374359)
  • Franck Galland, L'Eau. GĂ©opolitique, enjeux et stratĂ©gies, CNRS, 2008, 192 p.8
  • Franck Galland, Eau et conflictualitĂ©s, Éditions Choiseul, 2012
  • David Blanchon, Atlas mondial de l'eau, Autrement, 2017
  • David Blanchon, GĂ©opolitique de l'eau, Entre conflits et coopĂ©ration, le Cavalier bleu, 2019
  • David Blanchon, L'accès Ă  l'eau en Afrique, Presses de l'universitĂ© de Nanterre, 2019
  • Pascal Le Pautremat, GĂ©opolitique de l'eau, L'« Or bleu » et ses enjeux, entre prospectives, crises et tensions, L'Esprit du temps, 2020, 216 p.
  • Franck Galland, Guerre et eau - L'eau, enjeu stratĂ©gique des conflits modernes, Robert Laffont, 2021
  • Erik Orsenna, La terre a soif. Petit prĂ©cis de mondialisation, tome 7, Fayard, 2022, (ISBN 978-2-213-72075-3)

Articles connexes

Liens externes

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