Relations entre Israël et la Syrie
Les relations entre Israël et la Syrie sont des relations internationales s'exerçant entre l'État d'Israël et la République arabe syrienne. Elles sont restés très tendues depuis l'indépendance de l'État d'Israël.
Les deux pays ne disposent pas de relations diplomatiques ; ils se sont notamment opposés lors de la guerre israélo-arabe de 1948-1949, de la guerre des Six Jours en 1967, de la guerre du Kippour en 1973, de la guerre du Liban en 1982, etc.
Israël et la Syrie restent officiellement en état de guerre, mais la ligne de cessez-le-feu était considérée comme relativement calme avant l'éclatement de la guerre en Syrie en 2011[1]. Dès lors, l’armée israélienne a mené des centaines d'attaques en territoire syrien[2].
Histoire des relations israélo-syriennes
Dans le contexte de la Guerre civile syrienne de 2011, de multiples incidents frontaliers opposent actuellement les armées syrienne et israélienne, notamment dans l'importante zone du plateau du Golan qui est aussi frontalier au nord, du Liban et au sud, de la Jordanie. Ces tensions actuelles sont les fruits d'une histoire moderne complexe et belliqueuse entre Israël et la Syrie.
Années 1948 et 1956
Dans cette période naissent les premiers épisodes de six guerres israélo-arabes:
- la 1re guerre israélo-arabe ou guerre israélo-arabe de 1948-1949 ;
- la 2e guerre israélo-arabe (1956-1957), aussi appelée Crise du canal de Suez
Années 1967 et 1973
En 1967, le secteur militaire clé du Golan a été pris par Israël à la Syrie lors de la Guerre des Six Jours.
Du au , la "guerre du Kippour", aussi dénommée "guerre du Ramadan" ou encore "guerre d'Octobre" est une nouvelle guerre israélo-arabe qui opposa Israël à une coalition menée par l'Égypte et la Syrie.
Années 1981 et 2007
En 1981, le plateau du Golan, site militaire stratégique et région disposant de fortes ressources en eau, est annexé par Israël. Il est alors colonisé et reste encore aujourd'hui occupé par l'armée israélienne malgré la condamnation du conseil de sécurité de l'ONU et de la communauté internationale[5]. Le 17 décembre 1981 est votée à l'unanimité la résolution 497 du Conseil de sécurité des Nations unies qui déclare la loi israélienne officialisant l'annexion du Golan syrien comme «nulle et non avenue et sans effet juridique international» ; cette résolution demande en outre à Israël d'annuler son action[6] - [7].
Le , commença l'invasion israélienne du Liban. L'armée israélienne envahit le sud du Liban officiellement dans le but de faire cesser les attaques palestiniennes de l'OLP lancées depuis le Liban. Le principal adversaire de Tsahal est l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), alliée aux forces armées syriennes et à plusieurs groupes de résistants libanais.
Le , l'armée de l'air israélienne lance l'opération Orchard, au cours de laquelle elle bombarde et détruit un réacteur nucléaire syrien.
Années 2010 à 2012
En 2010, le président syrien Bachar el-Assad accuse Israël d'éviter la paix et le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem met en garde Israël sur une possible utilisation des missiles syriens contre les villes israéliennes. Le ministre des Affaires étrangères israélien répond que la Syrie serait défaite en cas de guerre et que al-Assad et sa famille seraient évincés du pouvoir[8].
L'opération Pilier de défense, bombardement de la bande de Gaza par l'armée israélienne en , a par ailleurs été condamnée par le régime syrien.
Guerre civile syrienne
À partir de 2011, la Syrie est plongée dans une guerre civile, y compris aux zones frontières. Officiellement Israël est neutre dans cette guerre civile. Toutefois elle intervient de plusieurs manières.
D'une part, en ripostant aux tirs dirigés sur les troupes israéliennes sur le plateau du Golan, même s'il s'agit de tirs mal ajustés des participants de la guerre civile se visant entre eux. Ensuite, en attaquant les infrastructures de l'armée syrienne qui pourraient fournir au Hezbollah (ouvertement allié du gouvernement syrien dans la guerre civile) des armes qu'Israël juge dangereuses pour sa sécurité.
Israël fournit également de l'aide humanitaire aux civils, voire aux rebelles syriens. De plus, quelques-uns des rares juifs de Syrie ont trouvé refuge en Israël, grâce à l'aide de réseaux humanitaires coopérant avec les rebelles[9] - [10]. En revanche, l'armée israélienne a avoué son impuissance quand un Syrien l'a contactée pour lui demander d'aider à sauver une des plus prestigieuses synagogues de Damas, menacée par la guerre[11].
Raids israéliens
Le , des avions israéliens mènent un raid contre un convoi de l'armée syrienne au nord de Damas et le détruisent. D'après certaines sources, il transportait des missiles sol-air SA-17 qui auraient été destinés au Hezbollah[12].
Le , un avion israélien aurait survolé le palais présidentiel d'al-Assad et attaqué un centre de recherche d'armes chimiques près de Damas selon l'ASL[13].
Dans la nuit 3 au , des avions israéliens ciblent un ou plusieurs convois syriens transportant des armes destinées au Hezbollah[14].
Le , six autres attaques aériennes israéliennes sont menées contre des cibles militaires dans la région de Damas, tuant 15 soldats syriens[15]. L'agence officielle Sana du régime syrien dénonce une « attaque aux missiles contre le centre de recherches de Jamraya »[16] - [17]. Alors que le gouvernement syrien dénonce le lien entre « Israël et les groupes terroristes », l'Égypte et la Ligue arabe ont demandé au Conseil de sécurité de l'ONU de faire pression sur Israël afin que ces attaques cessent[18]. La Syrie annonce à la Russie qu'elle « ne laisserait pas sans réponse le raid israélien contre son territoire ». Deux batteries de missiles sont notamment pointées sur le territoire israélien, « prêts à frapper des cibles précises » selon les sources syriennes, alors que les Israéliens ont déployé également deux batteries anti-missiles à la frontière syrienne, craignant une riposte de la part de Damas[19].
Le secrétaire-général de l'ONU Ban Ki-moon appelle à « éviter une escalade »[20]. Le président américain Barack Obama a « refusé tout commentaire », mais... réitère un droit d'Israël à se défendre contre une attaque chimique du Hezbollah[21].
Le , six membres du Hezbollah libanais ainsi qu'un officier iranien sont tués par une frappe israélienne, près de la ville frontière de Quneitra, sur la portion syrienne du plateau du Golan[22].
Le , Israël, par le bias de son aviation, tente d'attaquer des cibles du Hezbollah en Syrie. Cependant l'attaque échoue et la majorité des missiles israéliens sont interceptés par la DCA syrienne[23].
Tourisme et échange culturel
La Syrie n'entretient aucun lien diplomatique, militaire ou commercial avec Israël. Le tourisme et les échanges culturels sont quasi inexistants entre ces deux pays.
Notes et références
- « L'armée israélienne abat quatre personnes à la frontière syrienne », sur La Presse, (consulté le )
- « Des raids israéliens en Syrie font 11 morts, dont trois soldats syriens », sur France 24,
- Vincent Coussirat-Coustère, « Israël et le Golan : problèmes juridiques résultant de la loi du 14 décembre 1981 », Annuaire Français de Droit International, vol. 28, no 1, , p. 185–214 (DOI 10.3406/afdi.1982.2488, lire en ligne, consulté le )
- Par Times of Israel Staff, « Les USA voteront contre la condamnation de l’ONU de l’annexion d’Israël du Golan », sur fr.timesofisrael.com (consulté le )
- (en) Dry Peace: Syria – Israel and the Water of the Golan, consulté le 17 février 2013
- « Resolution 497 (Un Security Council) | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
- BERTHELOT Pierre, « Le Golan : statu quo ou restitution ? », Politique étrangère, 2010/3 (Automne), p. 647-658. DOI : 10.3917/pe.103.0647, lire en ligne
- (en) FM: If Syria provokes Israel, Assad will be out of power, The Jerusalem Post, 4 février 2010
- Jewish family flees war-torn Syria and settles in Israel
- Jewish family leaves Syria for Israel
- One Muslim’s Quest to Save a Revered Syrian Synagogue
- (en) Israeli Strike Into Syria Said to Damage Research Site, The New York Times, 3 février 2013
- (fr) Rebelles syriens: Israël a attaqué le quartier général d’armes chimiques à Damas (vidéo), Alyaexpress-News, 28 avril 2013
- (fr) L'aviation israélienne a lancé un nouveau raid aérien en Syrie, Le Figaro, 4 mai 2013
- (fr) Quinze soldats syriens tués dans le raid israélien près de Damas, Le Monde, 5 mai 2013
- (fr) Syrie: nouveau raid israélien, Damas garde toutes les options ouvertes, Libération, 5 mai 2013
- (fr) Une attaque d'Israël en Syrie attise les tensions, 20 minutes, 5 mai 2013
- (en) Egypt condemns Israeli airstrikes against Syria, warns they complicate ongoing civil war, Fox News, 5 mai 2013
- (fr) Syrie-Israël : le conflit pourrait dégénérer en guerre, La Voix de la Russie, 6 mai 2013
- (fr) Raids israéliens en Syrie: Ban Ki-moon appelle à «éviter une escalade», Le Soir, 6 mai 2013
- (en) Obama: Israel has right to defend itself from Hezbollah, The Times of Israel, 6 mai 2013
- « Six membres du Hezbollah tués par un raid israélien », sur Le Figaro,
- « Israël attaque des cibles du Hezbollah en Syrie »
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- (en) Helena Cobban, The Israeli-Syrian Peace Talks: 1991-96 And Beyond. Washington, D.C: United States Institute of Peace Press, 2006. (ISBN 1-878379-98-4).
- (en) Raymond A. Hinnebusch et Alasdair Drysdale, Syria and the Middle East Peace Process. New York: Council on Foreign Relations Press, 1991. (ISBN 0-87609-105-2).