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Droits de l'homme Ă  Cuba

L'Ă©tat des droits de l'homme Ă  Cuba est sous la surveillance des organisations de droits humains, qui accusent le gouvernement cubain de violations systĂ©matiques des droits de l'homme, y compris l'emprisonnement arbitraire et les procès inĂ©quitables[1] - [2] - [3]. Des organisations internationales des droits de l'homme comme Amnesty International et Human Rights Watch ont attirĂ© l'attention de l'opinion publique sur les actions du mouvement des droits humains et sur des personnalitĂ©s dĂ©signĂ©s comme des prisonniers d'opinion, tels que Oscar ElĂ­as Biscet. En outre, le ComitĂ© International pour la DĂ©mocratie Ă  Cuba, dirigĂ© par d'anciens chefs d'État tels que Václav Havel de la RĂ©publique tchèque, JosĂ© MarĂ­a Aznar de l'Espagne et Patricio Aylwin du Chili, a Ă©tĂ© crĂ©Ă© pour soutenir le mouvement civique[4].

La loi cubaine limite les libertĂ©s d'expression, d'association, de rĂ©union, de circulation et de la presse. Des prĂ©occupations ont Ă©galement Ă©tĂ© exprimĂ©es au sujet de l'opĂ©ration de processus. {{Quoi?}} Selon Human Rights Watch, mĂŞme si Cuba, officiellement athĂ©e jusqu'en 1992, maintenant « permet plus de possibilitĂ©s pour l'expression religieuse qu'il a fait au cours des dernières annĂ©es et a permis Ă  plusieurs groupes humanitaires religieux de fonctionner, le gouvernement maintient un contrĂ´le strict sur les institutions religieuses, les groupes affiliĂ©s, et des croyants »[1] . La Censure Ă  Cuba a Ă©galement Ă©tĂ© au centre des plaintes[5] - [6].

L'histoire

Lors de la colonisation espagnole, l'oppression des populations autochtones a été décrite en détail par l'ecclésiastique Bartolomé de las Casas. Le transport subséquent d'esclaves africains vers l'île, qui a duré plus de 300 ans, a conduit les Britanniques à mener une intervention militaire, déterminés « à mettre un terme à ces violations »[7]. Depuis l'indépendance de Cuba en 1902, les gouvernements cubains successifs ont été critiqués et condamnés par les différents groupes, tant à l'intérieur de Cuba qu'à l'étranger, pour des violations des droits de l'homme sur l'île. Au cours de la dernière partie de l'époque coloniale espagnole à Cuba, les droits de l'homme sur l'île étaient devenus un sujet de préoccupation internationale. Après une visite de la région en 1898, le sénateur américain Redfield Proctor estime que jusqu'à 200 000 Cubains sont morts de faim et de maladie dans les « forts espagnols », essentiellement des camps de concentration[8]. Ce fut un facteur qui a contribué au soutien pour la guerre hispano-américaine aux États-Unis.

Après l'indépendance et suivant une longue période d'instabilité, le gouvernement de Gerardo Machado (1924 à 1933) s'est avéré être autoritaire. Machado a étendu son règne jusqu'à ce que Fulgencio Batista mène un soulèvement appelé la Révolte des Sergents, dans le cadre d'un coup d'état qui déposa Machado en 1933. Batista est ensuite devenu l'homme fort du pays, derrière une succession de présidents-marionnettes, jusqu'à ce qu'il soit lui-même élu président en 1940. Selon Hugh Thomas, la période suivant la présidence de Machado a été marquée par de violentes représailles, des lynchages de masse et une détérioration de l'État face à la corruption et au gansterismo sur l'ensemble de l'île[9].

À partir de 1940, Cuba avait un système électoral multipartiste jusqu'à Fulgencio Batista (Président de 1940-1944) fomente un coup d'état militaire le 10 mars 1952[10] - [11].

En 1958, le Time magazine écrit : « Les fantastiques rebelles mal armés de Cuba ont essayé la semaine dernière de renverser le Président Fulgencio Batista avec l'arme ultime des révolutions civiles : la grève générale. ... Fulgencio Batista s'était préparé pour la grève en offrant une immunité à toute personne qui tuerait un gréviste et en le menaçant de prison tout employeur qui fermerait boutique ». Pendant la grève, les militants et les jeunes ont volé des armes à feu et ont jeté des bombes (dont une a pu provoquer un incendie), après quoi certaines personnes ont été tuées dans les affrontements.

La grève a été de courte durée : « Avec la main supérieure, Batista a conduit hardiment autour de la ville, tandis que ses flics ont procédé à leur suprématie complète. Quand une voiture de patrouille a annoncé par radio qu'il y avait des affrontements avec des rebelles et qu'il y avait " un homme mort et un prisonnier ", le répartiteur a ordonné : " Tirez ". En milieu d'après-midi, les flics ont fait irruption dans une pension, s'emparant de trois jeunes hommes qui étaient des chefs du mouvement cubain Action Catholique, qui sympathise avec Castro. Deux heures plus tard, leurs corps dépouillés, torturés et criblés de balles ont été remis aux parents. Le Total des morts : 43. »[12]

En 1959, Fidel Castro et ses forces réussirent à renverser Batista. À l'époque, il y avait des changements fondamentaux dans le système judiciaire et le processus politique. Au cours de cette période de transition, quelques inquiétudes furent exprimées au sujet de la procédure régulière[13] - [14].

Le « Mouvement de réconciliation nationale cubain », une organisation basée aux États-Unis qui prétend agir comme un forum de discussion de la société cubaine, a décrit ce qu'elle croit être des variables complexes lors de l'analyse des droits de l'homme immédiatement après la révolution. Entre 1959 et 1965, de violents affrontements connus sous le nom de la Rébellion de l'Escambray opposèrent le gouvernement cubain et des groupes d'opposition armés étaient en cours, mais les conflits ont diminué au début des années 1970. Le groupe affirme, au moment où les mouvements internationaux des droits de l'homme prospéraient dans les années 1970, la plus grave période de répression était terminée, rendant l'évaluation rétrospective non-partisane de la période difficile. Le mouvement de réconciliation a aussi cité les difficultés de l'évaluation des abus qui sont couramment divisés sur les lignes partisanes. Selon le groupe, les exilés cubains qui ont souvent été les premiers à dénoncer le gouvernement cubain, partagent largement une idéologie anticommuniste et ferment les yeux vis-à-vis des violations commises par d'autres régimes, alors que beaucoup d'observateurs penchant à gauche ne prennent pas en considération les réclamations des victimes cubaines[15].

Après son arrivée au pouvoir en 1959, le gouvernement de Fidel Castro a construit un système de répression très efficace, selon Human Rights Watch[1].

Dès le mois de septembre 1959, Vadim Kotchergin (ou Kotcherguine), un agent du KGB, a été vu à Cuba[16] - [17]. Jorge Luis Vasquez, un Cubain qui a été emprisonné en Allemagne de l'Est, affirme que la Stasi, la police secrète est-allemande formait le personnel de la Ministère cubain de l'Intérieur[18].

Situation des droits de l'homme

L'article 62 de la constitution de Cuba précise : « Aucune des libertés reconnues au citoyen ne peut être exercée contre les dispositions établies par la Constitution et la loi, ni contre l'existence et les objectifs de l'État socialiste, ni contre la décision du peuple cubain de construire le socialisme et le communisme. L'infraction à ce principe est punissable »[19].

À plusieurs reprises, la Commission des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies a condamné Cuba pour le non-respect des droits de l'homme : par exemple en 1996 à la suite de la répression menée contre les dissidents[20] et le après l’arrestation de 75 opposants, jugés selon une procédure sommaire[20] pour avoir, selon le gouvernement cubain, reçu de l'argent de l'ambassade américaine dans le but de susciter des actes hostiles à Cuba.

Les partisans de Fidel Castro contestent l'objectivité de ces rapports. Ainsi Danielle Bleitrach, sociologue et ancienne membre du comité central du PCF, condamne les résolutions de la Commission, toujours présentées par les États-Unis ou leurs alliés qu'elle qualifie de « pions » (République tchèque, Costa Rica, Honduras…) et adoptées par une très courte majorité. Elle dénonce des « pressions » économiques et politiques de la part du gouvernement américain sur les États membres de la Commission, dans le but de faire voter ces résolutions et de s'en servir comme « arme » contre Cuba[21].

Salim Lamrani, prenant appui sur le rapport 2006 d'Amnesty International, déclare que la situation des droits de l'Homme à Cuba est bien meilleure que dans le reste de l'Amérique latine. En effet, selon le rapport, aucun cas de torture, d'assassinat ou de disparition politique n'aurait eu lieu à Cuba. Adolfo Pérez Esquivel, artiste argentin et titulaire du prix Nobel de la paix en 1980, affirme que « Le discours sur les droits de l'homme à Cuba est purement idéologique et ne vise qu'à justifier le blocus de Washington. [...] À Cuba, il n'est pas d'enfants vivant dans la rue; santé et éducation sont gratuites. Les pays qui condamnent Cuba ne parlent pas de ces droits-là. »[22].

De nombreuses associations de défense de droits de l'homme comme Amnesty International ou Human Rights Watch dénoncent la répression exercée par le régime de Castro[23] - [24]. En mars 2010, le Parlement européen a voté à 90 % une résolution demandant à Cuba la libération des prisonniers d'opinion[25]

En 2006, le Conseil des droits de l'homme remplace à l'ONU la Commission, discréditée[26]. Cuba est alors élue parmi les 47 membres du nouveau Conseil, par 135 voix sur 191. Le ministre des Relations extérieures de Cuba, Felipe Pérez Roque, déclare alors : « cette session peut marquer le début d’une nouvelle étape dans la lutte pour créer un système véritable de promotion et de protection de tous les droits de l'homme étendus à tous les habitants de la planète, et non aux seuls riches et privilégiés. Mais il y faudra un changement radical, une vraie révolution des conceptions et des méthodes qui ont entravé l'ancienne Commission. »[27] De leur côté, l'association Human Rights Watch et la FIDH auraient préféré ne pas voir Cuba élue au Conseil[28]. Le 12 mai 2009, Cuba est réélue pour un second mandat, avec 163 voix sur 189[29].

Prisonniers politiques

Le régime des frères Castro utilise la technique de la torture blanche au sein de la Villa Marista à La Havane[30].

Entre 1965 et 1967, des objecteurs de conscience (comme les tĂ©moins de JĂ©hovah), des homosexuels (comme Reinaldo Arenas) et des analphabètes, dispensĂ©s du port des armes, Ă©taient envoyĂ©s Ă  la place dans des UnitĂ©s militaires d'aide Ă  la production (UMAP) pour effectuer leur service militaire. C'est le cas du cardinal Jaime Ortega. Selon les dĂ©tracteurs de ce système qui prit fin 18 mois après sa naissance, il s'agissait de camps de travail[31]. Selon un rapport publiĂ© le 10 janvier 2005 par la Commission cubaine pour les droits de l’homme et la rĂ©conciliation nationale (CCDHRN), 294 prisonniers politiques sont encore enfermĂ©s Ă  Cuba, contre 327 dĂ©but 2004. Selon ce rapport, en 2004, au moins 21 personnes ont Ă©tĂ© emprisonnĂ©es pour des motifs politiques. Il rappelle Ă©galement que le gouvernement cubain continue de refuser l’accès aux prisons au ComitĂ© international de la Croix-Rouge (CICR) et Ă  la Commission des droits de l'homme de l'ONU. Selon Le Livre noir du communisme, plus de 100 000 Cubains ont connu depuis 1959 les camps et les prisons en raison de leurs opinions, et de 15 000 Ă  17 000 personnes ont Ă©tĂ© fusillĂ©es[32]. Selon les dĂ©tracteurs du gouvernement cubain, plusieurs Ă©crivains cubains ont Ă©tĂ© persĂ©cutĂ©s : peu de temps après la RĂ©volution, le journal Lunes de RevoluciĂłn fut interdit et ses Ă©crivains homosexuels publiquement dĂ©noncĂ©s et renvoyĂ©s[33]. Le dramaturge Virgilio Piñera est arrĂŞtĂ© pour dĂ©lit d'homosexualitĂ© en 1961[34] et son Ĺ“uvre est censurĂ©e par le rĂ©gime[35]. Selon Jacobo Machover, en 1971, le poète Heberto Padilla fut arrĂŞtĂ© et emprisonnĂ© par la SĂ©curitĂ© de l’État et contraint de se livrer publiquement Ă  son autocritique[34]. Il affirme Ă©galement que MarĂ­a Elena Cruz Varela fut obligĂ©e d'avaler ses poèmes en prĂ©sence de sa fille puis emprisonnĂ©e pendant deux ans (1991-1993)[34].

Liberté d'expression et de la presse

Selon Amnesty International et Reporters sans frontières, de nombreux journalistes et opposants sont emprisonnés. Le pays est classé 169 sur 180 pour le peu de liberté qu'il y est laissé à la presse par Reporters sans frontières[36].

Selon le gouvernement cubain et ses partisans, la liberté d'expression est au contraire bien plus respectée que dans la plupart des pays d'Amérique. Ils affirment que les critiques du gouvernement, même les plus acerbes, sont autorisées. Ils évoquent notamment le cas d'Oswaldo Payá Sardiñas, l'un des dissidents les plus importants. D'après ses détracteurs, il est étroitement lié à la Fondation nationale cubano-américaine (organisation anticastriste basée à Miami, accusée de terrorisme contre Cuba) et à la Section des intérêts nord-américains[37]. Il a notamment déclaré « À Cuba, il y a des disparus… Il y a plus de vingt enfants assassinés » à la presse américaine[38]. En 2002, il a également soutenu le coup d'État contre le président élu du Venezuela et allié de Cuba, Hugo Chávez[39]. Pourtant, il vit toujours en liberté sur l'île, et publie régulièrement des articles dans la presse internationale.

En mai 2005, un congrès d'organisations dissidentes s'est également tenu librement à La Havane, malgré le soutien apporté par les États-Unis à ce rassemblement[40].

Soixante-quinze opposants dont le poète Raul Rivero, actuel président de la Société interaméricaine de presse (SIP), ont été arrêtés en mars 2003. Le 23 juin 2003, 50 d'entre eux ont été condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement, en application de l’article 91 du Code Pénal et de la loi no 88. Accusé de « trahison de la patrie » et de « collaboration avec une puissance étrangère » au cours de ce procès, Raul Riveiro a été condamné à 20 ans de prison. Il est libéré le à la suite de « pressions douces » de José Luis Rodríguez Zapatero, premier ministre espagnol. Le 29 août 2006, le journaliste Juan Carlos Herrera Acosta, également condamné à 20 ans de prison à Camagüey, aurait selon RSF été frappé par ses gardiens parce qu'il demandait le droit de téléphoner[41]. Selon un journaliste du Figaro, lorsque Fidel Castro est tombé malade en août 2006, la pression s'est accentuée sur les dissidents : des groupes chargés de la surveillance de leur voisinage auraient encouragé la délation. À Banes, dans la province d'Holguin, la seule bibliothèque indépendante de la ville aurait été encerclée par des groupes de citoyens vérifiant les identités des personnes qui voulaient entrer[42].

Toutefois, le fait que journalistes et dissidents aient réellement été enfermés pour « délit d'opinion » est sujet à controverse. En effet, la liberté d'opinion, d'expression et d'association est reconnue par l'article 54 de la constitution cubaine[19]. La raison invoquée pour leur condamnation existe dans les lois de tous les États démocratiques : « travail de concert avec une puissance étrangère dans l’objectif d’ébranler le Gouvernement cubain »[43]. Les dissidents condamnés ne sont pas accusés d'avoir une opinion divergente, mais d'avoir reçu de l'argent de l'ambassade américaine pour déstabiliser le régime et faciliter la mise en place du blocus. Selon plusieurs chefs d'État et spécialistes, ces pratiques d'ingérence seraient fréquemment utilisées par les États-Unis[44], par exemple par le biais de la National Endowment for Democracy (NED).

Le gouvernement cubain s'explique sur la vague d'arrestations de mars 2003, contestant les faits rapportés formulées par la presse et des associations. Lors d'une conférence de presse le 25 mars 2004, Felipe Pérez Roque, ministre cubain des Relations extérieures, dénonce une « campagne de mensonges et de diffamations permanente contre Cuba », intensifiée après l'arrestation des « soixante-quinze mercenaires condamnés l'an dernier pour avoir travaillé au service du gouvernement des États-Unis », selon ses propres termes. Il ajoute que sur toutes les personnes arrêtées, deux seulement possédaient un diplôme de journalisme (contredisant ainsi les affirmations de Reporters sans frontières), et que quinze avaient été auparavant condamnés pour des délits de droit commun. Le ministre affirme également que 70 des 75 condamnés ne travaillaient pas, vivant de l'argent fourni par les États-Unis. Pour finir, il dément les accusations de maltraitance sur les détenus, en interrogeant les médecins responsables du suivi de leur santé[45].

La presse à Cuba appartient à l'État, comme le veut l'article 53 de la Constitution : « La liberté de parole et de presse conforme aux objectifs de la société socialiste est reconnue aux citoyens. Les conditions matérielles pour l’existence de cette liberté sont assurées par le fait que la presse, la radio, la télévision, le cinéma et autres mass médias appartiennent à l'État ou à la société, et ne relèvent en aucun cas de la propriété privée, ce qui garantit leur utilisation au service exclusif du peuple travailleur et dans l’intérêt de la société. »[19]
Le principal quotidien cubain est Granma, l'organe de presse du Parti communiste tirĂ© Ă  450 000 exemplaires. Ensuite vient Juventud rebelde, publiĂ© par l'UJC, qui publie entre autres des dĂ©bats, mais jamais avec des opposants au rĂ©gime.

Le politologue cubain Rafael Hernandez, directeur de la revue Themas, constate une évolution dans la participation des citoyens à l'information, mais précise que de grands progrès restent à faire : « Une résolution du bureau politique à l'adresse des organes de presse les invite à recueillir l'opinion des citoyens. [...] Mais si l'on lit les journaux, on se rend compte que cet espace est extrêmement petit. [...] Il y a une inertie mentale. »[46]

Selon un rapport[47] de Human Rights Watch en 2022, le gouvernement cubain viole régulièrement les droits de l'homme, avec l'intention de punir les manifestants et de décourager de futures manifestations, en réaction à des rassemblements anti-gouvernementaux à grande échelle en juillet 2021. Plus de 170 personnes à Cuba ont été interrogées par HRW, notamment des victimes de maltraitance, leurs proches et leurs avocats[48].

Internet et la censure

Les Cubains sont peu Ă©quipĂ©s en matĂ©riel informatique (3,3 ordinateurs pour 100 habitants, c'est-Ă -dire l'un des taux les plus faibles du monde[49]) et il n'existe qu'un seul opĂ©rateur dans le pays, la sociĂ©tĂ© ETEC SA[49]. L'URSS fournissait Ă  l'Ă®le l'essentiel de l'Ă©lectricitĂ© dont elle avait besoin. Après la chute de l'Union soviĂ©tique, Cuba a donc dĂ» faire face Ă  de nombreuses coupures de courant. Le gouvernement a alors dĂ©cidĂ© de limiter au maximum la vente des appareils Ă  haute consommation Ă©lectrique, comme les tĂ©lĂ©viseurs, les micro-ondes et les ordinateurs[50]. Cette interdiction a Ă©tĂ© levĂ©e en mai 2008, mais un ordinateur coute en moyenne 800 dollars, ce qui est hors de portĂ©e de la plupart des Cubains.

De même, le gouvernement peut expliquer la difficulté d'accès à internet par des raisons pratiques. En raison de l'embargo américain auquel est soumise l'île, le seul moyen pour Cuba d'accéder au réseau est de passer par le satellite, une pratique très coûteuse[51]. Pour parer à ce problème, Cuba et le Venezuela auraient entrepris en 2006 d'installer un câble sous-marin reliant les deux pays[52]. Les travaux devraient être terminés en 2010, et ainsi permettre un développement important des connexions Internet sur l'île. Avec ce lien, les deux pays déclarent souhaiter « établir un nouvel ordre mondial, multi-polaire, basé sur la viabilité, l'équité et le bien commun, et qu'un tel câble international, protégé par des organisations internationales est crucial. »[51]

L'ouverture d'une ligne internet est soumise à l'autorisation des autorités de l'île. L'utilisation d'internet ne doit pas « compromettre la sécurité d'État » ni aller contre « les lois et principes moraux du pays », des motifs suffisamment flous pour couper arbitrairement un accès à internet[49]. Cuba détient le taux d’accès à internet le plus bas d’Amérique latine[53]. Selon les détracteurs de Cuba, les cybercafés sont surveillés et trop coûteux pour la population. D'après eux, les clients seraient dans l'obligation de décliner leur identité[49]. La recherche de mots-clés jugés « subversifs » par le régime entrainerait la fermeture du programme[49]. Les dissidents tels que Guillermo Fariñas (qui a reçu le prix Cyberliberté de RSF en 2006) luttent pour la liberté d'expression et d'information sur internet. D'autre part, capter les chaînes étrangères de télévision reste interdit par le gouvernement[53].

D'après Reporters sans frontières, la justice cubaine est contrôlée par le gouvernement. L'organisation affirme que plusieurs journalistes dissidents ont été emprisonnés sans avoir été jugés[54].

Absence de véritable multipartisme

Le Parti communiste de Cuba a longtemps gouverné en tant que parti unique et seule la presse officielle est autorisée. En 1992, une réforme de la constitution a réaffirmé le caractère socialiste de l’État ; en revanche, les références idéologiques au marxisme-léninisme ont cédé la place aux liens géopolitiques avec l’Amérique latine et les Caraïbes[55]. Des partis d'opposition ont été autorisés, mais comme le Parti communiste, n'ont pas la permission de présenter des candidats aux élections ; leur droit à l'expression politique demeurerait sévèrement contrôlé et leurs tentatives de se livrer à des activités publiques seraient systématiquement suivies ou précédées de mesures d'intimidation, voire d'arrestations de leurs militants selon Juan José Lopez[56]. Les personnes autorisées à participer aux scrutins sont sélectionnées par la Commission nationale de candidature, qui effectue ses choix sur la base de critères comme l'« éthique » et le « patriotisme » des candidats, et leur « histoire révolutionnaire »[57]. Les élections, depuis 1993, se déroulent à bulletins secrets, mais avec des candidatures uniques[58]. Granma, journal officiel du parti communiste, affirme qu'à Cuba, « il n'y a pas d'opposition mais une contre-révolution stimulée et payée »[59].

Dès 1959, les partisans de Batista sont exécutés de façon expéditive[60]. Jesús Yáñez Pelletier, vice-président du Mouvement pour les droits de l'Homme, est assigné à résidence et étroitement surveillé parce qu'il avait manifesté son opposition au rapprochement de Fidel Castro avec le Parti communiste cubain au début des années 1960[61].Selon les dissidents, les emplois permettant de vivre correctement (principalement le tourisme) sont réservés aux membres du parti de Fidel Castro.

Dissidents cubains

  • Quelques actions dissidentes Ă  Cuba : Entre le 18 et le 20 mars 2003 (date qualifiĂ©e par Reporters sans frontières de « Printemps noir cubain »), 75 opposants ont Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©s, emprisonnĂ©s et condamnĂ©s Ă  des peines allant de 10 et 28 ans de prison ferme. Eux-mĂŞmes se dĂ©clarent prisonniers d’opinion, mais les autoritĂ©s cubaines les accusent d’avoir reçu de l’argent de la part des États-Unis pour faciliter l’application du blocus, ce qui s’apparente Ă  de l’intelligence avec l’ennemi (voir plus haut).
    • Le projet Varela, animĂ© par Oswaldo Payá Sardiñas qui est une pĂ©tition rĂ©unissant plus de 14 000 signatures pour obtenir un rĂ©fĂ©rendum sur la Constitution et le libĂ©ralisme Ă©conomique.
    • Les Dames en blanc rĂ©unit les Ă©pouses et mères des prisonniers politiques, constituĂ©e après le printemps noir de 2003.
    • Le Projet des Bibliothèques IndĂ©pendantes possède un rĂ©seau de plus de 50 bibliothèques publiques (dont le siège se trouve dans la maison d'un opposant) dans le but affichĂ© de permettre aux Cubains d'accĂ©der Ă  des livres ou des informations censurĂ©s par le rĂ©gime et inexistants dans les bibliothèques de l'État. Selon Salim Lamrani, ces « bibliothèques indĂ©pendantes » sont en fait crĂ©Ă©es, financĂ©es et approvisionnĂ©es depuis 1988 par les États-Unis pour relayer la propagande anticastriste et « donner l'illusion d'une opposition croissante au gouvernement cubain »[62]. D'après lui, la situation de l'Ă©dition Ă  Cuba est très Ă©loignĂ©e de la version dĂ©fendue par la presse internationale ; il Ă©voque notamment la Foire internationale du livre de Cuba. Il souligne le fait que, sur l'Ă®le, « près de 400 bibliothèques publiques prĂŞtent des services totalement gratuits, sans compter celles qui se trouvent dans quasiment toutes les universitĂ©s et Ă©coles. Avant la RĂ©volution, il n'y en avait que 32 ».
    • Le Mouvement des journalistes indĂ©pendants possède un rĂ©seau d'une dizaine d'agences de presse indĂ©pendante. Ă€ Cuba, toute la presse appartient Ă  l'État et aucun journaliste a le droit d'Ă©crire sans autorisation officielle.
    • La FĂ©dĂ©ration espagnole des associations cubaines, dirigĂ©e par Enrique Gutierrez rassemble les opposants en Espagne.

Selon les détracteurs du système cubain, les dissidents sont surveillés et soumis à la censure ; les plus connus à Cuba sont :

Parmi les opposants réfugiés aux États-Unis les plus célèbres, il y a Ileana Ros-Lehtinen, Mario Diaz-Balart, Lincoln Díaz-Balart, Armando Pérez Roura, Nancy Pérez Crespo, Carlos Alberto Montaner, Silvia Iriondo, Frank Hernández Trujillo, Frank Calzón, Mel Martinez, Ricardo Boffil, Joe García, Jaime Suchliki, Angel de Fana, Rafael del Pino, Gloria Estefan, Willy Chirino, Guillermo Alvarez Guedes, José Ignacio Rasco, Cary Roque, Albita Rodríguez, Olga Guillot, Marisela Verena, Cristina Saladrigas, Carlos Franqui, Huber Matos ou Ninoska Pérez.

Certains dissidents sont soutenus et financĂ©s par les États-Unis. Selon Ricardo AlarcĂłn, prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale de Cuba, la plupart des dissidents sont motivĂ©s « par l'appât du gain, car les diplomates amĂ©ricains savent rĂ©compenser grassement ceux qui collaborent avec eux ». Il affirme que certains des dissidents arrĂŞtĂ©s en 2003 possĂ©daient jusqu'Ă  16 000 dollars en liquide, une somme immense Ă  Cuba[63]. Plusieurs organisations se battent pour faire tomber le rĂ©gime cubain comme Consenso cubano ou la FNCA (Fondation nationale cubaine-amĂ©ricaine), lobby soutenu par les États-Unis et soupçonnĂ© d'avoir commis plusieurs attentats contre Cuba[64].

L'Ă©migration cubaine

1,7 million de Cubains soit 15 % de la population totale[31] vivent à l'étranger (voir section 'Emigration'). Le comté de Miami-Dade est le principal foyer d'exilés[65] cubains dans le monde. En valeur absolue, l'émigration cubaine vers les États-Unis est la deuxième[66] ou la troisième[67] du continent américain derrière le Mexique et le Canada[68] mais la onzième en valeur relative, devant le Mexique en 1998 (taux d'émigration de 1,58 pour mille habitants pour Cuba contre 1,37 pour mille habitants pour le Mexique[69]), mais derrière sur la période 1991-1996.

En Février 2021, à la suite des attaques des autorités cubaines à l'égard des interprètes du vidéo clip Patria y vida et à l'initiative des députés européens Dita Charanzová et Leopoldo López Gil, plusieurs dissidents et artistes cubains viennent témoigner de leurs propres expériences de violations des droits de l'homme à Cuba, devant le parlement européen [70].

Ligues cubaines des droits de l'homme

  • Cubaine DĂ©mocratique De La Direction (Directorio)
  • La fondation pour les Droits de l'Homme Ă  Cuba
  • ComitĂ© International pour la DĂ©mocratie Ă  Cuba
  • Cuban Liberty Conseil
  • Les dissidents cubains
  • Les femmes en Blanc

Bilan des victimes du castrisme

De 1959 à aujourd'hui, la répression organisée par le régime castriste contre ses opposants a fait plusieurs milliers de morts.

Le recensement le plus scrupuleux[71] des victimes a été réalisé par l'association Cuba Archive[72]. Il s'agit d'un recensement nominatif : les noms, âges, dates de décès et circonstances des décès ont été répertoriés. Selon ce recensement, le bilan des victimes du castrisme depuis 1959 s'élève à 7062 morts au 31 décembre 2015[73], dont :

  • FusillĂ©s par un peloton d'exĂ©cution : 3 116
  • ExĂ©cutions sommaires, sans jugement : 1 166
  • Disparus après arrestation : 23
  • Autres disparitions pour causes indĂ©terminĂ©es, la plupart sans doute en tentant de fuir Cuba : 100
  • Grèves de la faim en prison : 18[74]
  • Morts en prison par nĂ©gligence mĂ©dicale ou manque de soins : 315
  • Suicides, la plupart en prison : 146
  • Civils victimes d'assassinats hors de Cuba : 12
  • Tentatives de fuite hors de Cuba (raison connues : noyades, dĂ©shydratations, explosions de mines, etc.) : 199
  • Tentatives de fuite hors de Cuba (raisons inconnues : disparus) : 811
  • Autres morts de nature politique : 317
  • Victimes de combats ou portĂ©s disparus au combat : 839

Le bilan total s'établit à 7 062 morts au 31 décembre 2015.

Tous ces morts ne prennent pas en compte les dizaines de milliers de Cubains qui ont été emprisonnés, condamnés aux travaux forcés, torturés, etc.

Depuis l'accession au pouvoir de Raul Castro en 2006, le nombre de victimes s'élève précisément à 264 au 31 décembre 2015 selon l'association Cuba Archive qui en a établi la liste nominative[75] :

  • Disparus après arrestation : 2
  • ExĂ©cutions sommaires ou abattus : 34
  • Morts des suites d'une grève de la faim en prison : 6
  • Morts en prison par nĂ©gligence mĂ©dicale ou manque de soins : 98
  • Suicides, la plupart en prison : 52
  • Morts accident ou nĂ©gligence en prison: 4
  • Tentatives de fuite hors de Cuba (morts et disparus) : 51
  • Autres causes : 17

Voir aussi

Références

  1. « Cuba's repressive machinery », Human Rights Watch,
  2. (es) « Information about human rights in Cuba », Comision Interamericana de Derechos Humanos, (version du 14 juin 2006 sur Internet Archive)
  3. (en) « Castro sued over alleged torture », News from Russia, (consulté le )
  4. (en) « Havel hails anti-Castro activists », BBC NEWS,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. (en) « Press Freedom Index 2008 », Reporters Without Borders,
  6. (en) « Going online in Cuba: Internet under surveillance », Reporters Without Borders,
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  67. En 1998, 131 600 Mexicains sur une population de 95,831 millions ont Ă©migrĂ© aux États-Unis, soit 1,37 pour mille habitants ; 17 400 Cubains sur une population de 11,116 millions ont Ă©migrĂ© aux États-Unis soit 1,56 pour mille habitants ; source : Recensement des États-Unis de 2000
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