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Diosmectite

La diosmectite (contraction de "dioctahedral smectite") est un silicate de magnésium et d'aluminium, une forme d'argile blanche utilisée (sur ordonnance ou en automédication) comme antidiarrhéique, pour le traitement symptomatique de la diarrhée aiguë. Elle est vendue notamment sous la marque Smecta ou Smecdral. Le médicament générique équivalent est la Diosmectite Mylan.

MĂ©dicament Ă  base d'une argile gonflante extraite du sol (la smectite), elle est utilisĂ©e dans la prise en charge des affections coliques, des affections Ɠso-gastroduodĂ©nales et des diarrhĂ©es[1]. Trois modes d'action possibles de la diosmectite contre les diarrhĂ©es sont proposĂ©s : activitĂ© anti‐inflammatoire, renforcement de la barriĂšre intestinale pour rĂ©duire la pĂ©nĂ©tration des toxines, et propriĂ©tĂ©s adsorbantes[2].

Précautions

Les jeunes enfants absorbent comparativement beaucoup plus les métaux lourds, et notamment le plomb et les éléments traces métalliques (ETM) ingérés, que les adultes.
  • La diosmectite augmente la rĂ©sistance des muqueuses aux agressions par diffĂ©rents mĂ©canismes : (1) adsorption de cations et de substances toxiques (chargĂ©es positivement) dans l'espace interfoliaire de la smectite, (2) absorption d'eau et gonflement de la smectite lors de son hydratation, et (3) lubrification des parois des muqueuses par le gel ainsi formĂ©. La diosmectite diminue ainsi la capacitĂ© d'absorption des muqueuses. Il est donc conseillĂ© de la prendre Ă  distance des repas (hormis pour le traitement de l'Ɠsophagite), et surtout Ă  distance des prises des autres mĂ©dicaments[3].
  • L'argile est un puissant adsorbant naturel, y compris pour les mĂ©taux lourds[4] - [5], dont le plomb[6]. Les argiles naturelles contiennent donc souvent naturellement des traces de mĂ©taux lourds ou mĂ©talloĂŻdes. Leur extraction, transport, broyage et prĂ©paration peut Ă©ventuellement aussi en ajouter.
    En raison de la prĂ©sence frĂ©quente de traces de plomb dans ce mĂ©dicament (et dans le gĂ©nĂ©rique Ă©quivalent, la Diosmectite Mylan) ; par prĂ©caution, et « mĂȘme si le traitement est de courte durĂ©e », pour se conformer aux nouveaux seuils de sĂ©curitĂ© retenus pour le plomb et les impuretĂ©s prĂ©sentes dans les mĂ©dicaments[7], l'Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ© (ANSM), en France, interdit Ă  partir de 2019 son utilisation dans trois cas :
  1. chez les enfants de moins de deux ans[8] ;
  2. chez les femmes enceintes[8] ;
  3. chez les femmes durant l'allaitement[8].

L’ANSM a rappelĂ© Ă  cette occasion que :

  • aucun cas de saturnisme n'a jamais Ă©tĂ© signalĂ© chez l'adulte ou l'enfant Ă  la suite de la prise de ce mĂ©dicament ; En rĂ©ponse aux questions posĂ©es par l'ANSM, les laboratoires Ipsen ont fourni une Ă©tude clinique concluant qu'il n’existe pas de risque actuellement connu de passage de plomb dans le sang chez les adultes traitĂ©s par Smecta durant 5 semaines, mais qu'un risque « ne peut ĂȘtre exclu » pour les enfants de moins de deux ans.
  • les mĂ©dicaments Ă  base d’autres types d'argile que la diosmectite : attapulgite de Mormoiron, montmorillonite beidellitique, kaolin et hydrotalcite, sont tous destinĂ©s aux adultes uniquement.
  • la prise en charge de la diarrhĂ©e aiguĂ« « repose avant tout sur des mesures hygiĂ©no-diĂ©tĂ©tiques, et que si les symptĂŽmes persistent chez le nourrisson et l'enfant de moins de deux ans le traitement de rĂ©fĂ©rence est l'administration de solutĂ© de rĂ©hydratation orale (SRO). Les SRO sont des sachets de poudre Ă  verser dans un biberon d’eau, disponibles en pharmacie sans ordonnance ».

Aspects Ă©conomiques

AprĂšs l'introduction en France du mĂ©dicament gĂ©nĂ©rique Ă©quivalent, la Diosmectite fabriquĂ©e en Chine[9] par le laboratoire amĂ©ricain Mylan, la prise en charge du Smecta par l'Assurance maladie est calculĂ©e sur la base du tarif du gĂ©nĂ©rique, le patient français devant payer la diffĂ©rence. Cette dĂ©cision est citĂ©e comme une incohĂ©rence avec les affirmations du gouvernement français prĂ©tendant vouloir renforcer l’indĂ©pendance sanitaire du pays[10].

Références

  1. Fiche Vidal
  2. (en) Giordano PĂ©rez‐Gaxiola, Carlos A Cuello‐GarcĂ­a, Ivan D Florez, VĂ­ctor M PĂ©rez‐, « Smectite for acute infectious diarrhoea in children », Cochrane Database Syst Rev., vol. 4, no 4,‎ (DOI 10.1002/14651858.CD011526.pub2).
  3. Informations sur eurekasante.fr
  4. Ayari, F., Srasra, E., & Trabelsi-Ayadi, M. (2004, December). Application des modĂšles de Langmuir et Freundlich aux isothermes d'adsorption des mĂ©taux lourds par l'argile purifiĂ©e. In Journal de Physique IV (Proceedings) (Vol. 122, pp. 229–234). EDP sciences.
  5. Tizaoui, K. (2013). Elimination des métaux lourds en solution aqueuse par des argiles algériennes (Doctoral dissertation).
  6. Hafida Boulkrah (2008). Etude comparative de l'adsorption des ions plomb sur différents adsorbants (résumé).
  7. Guideline ICHQ3D publiĂ©e en 2015, applicable depuis dĂ©cembre 2017 pour les mĂ©dicaments disposant dĂ©jĂ  d’une AMM.
  8. L’Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament interdit le Smecta pour les enfants de moins de 2 ans
  9. Emanuelle Ducros, « Smecta: comment la France a (encore) sabordé sa souveraineté sanitaire » AccÚs limité, sur lopinion.fr (consulté le )
  10. « Souveraineté sanitaire : le Smecta, symbole d'un renoncement français ? » bfmtv.com, 15 février 2021

Articles connexes

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