Diaspora tibétaine
La diaspora tibétaine est l'ensemble des communautés de Tibétains ayant quitté le Tibet, ainsi que leurs descendants. La diaspora tibétaine trouve principalement son origine dans l'exode tibétain de 1959 qui a suivi l'échec du soulèvement tibétain de 1959, lui-même consécutif à l'intervention militaire chinoise au Tibet de 1950-1951 et l'incorporation du Tibet à la république populaire de Chine.
Cette diaspora comptait 128 000 membres recensés en 2009, la majorité vivant en Inde et au Népal. Selon le Bureau du Tibet, les limites du recensement ont conduit à sous-estimer le nombre des réfugiés[1]. Edward J. Mills et coll. en 2005, puis le dalaï-lama en 2009, ont donné une estimation d'au moins 150 000 réfugiés tibétains en exil[2] - [3].
L'organisation politique du gouvernement tibétain en exil a évolué en 50 ans d'un système théocratique à un système démocratique : fin , le 14e dalaï-lama, qui évoquait depuis environ 10 ans son retrait politique, transmettait ses responsabilités officielles à un nouveau premier ministre aux pouvoirs élargis, réforme qui, pour le bouddhisme tibétain, correspond à une séparation de l'Église et de l'État[4].
Pour l'élection du premier ministre tibétain le 20 mars 2011, le nombre d'électeurs habilités à voter se montait à 83 399 selon Jamphel Choesang, chef de la commission électorale tibétaine[5]. Selon Samdhong Rinpoché, le nombre d'électeurs inscrits est bien inférieur au nombre de personnes possédant le livre vert, document que possèdent plus de 90 % des réfugiés tibétains[6].
Selon la république populaire de Chine, plus de 10 000 Tibétains sont retournés en Chine dans les années 1960 et 1970, et 2 000 à partir de 1979[7].
Historique
Premiers exilés
En 1954, selon Laurent Deshayes et Frédéric Lenoir, la collectivisation des terres qui commence au Kham entraîne le soulèvement des monastères et des populations tibétaines. La résistance armée s'amplifie en 1955 avec la mise en place d'une politique anti-religieuse. La pression de l'APL conduit de nombreux tibétains à l'exil.
Exode tibétain de 1959
Le , le 14e dalaï-lama, Tenzin Gyatso, fuit le Tibet vers l’Inde à travers les chaînes de montagnes Himalayennes dans le but d’atteindre l’Inde pour s’y réfugier. Plusieurs Tibétains suivirent le chemin de leur figure religieuse, mais grand nombre d’entre eux avaient déjà quitté les frontières de leur pays à cause de l’oppression et des persécutions chinoises qui devenaient de plus en plus importantes[8]. La route est périlleuse et plusieurs exilés meurent de froid, de faim ou de fatigue avant d’avoir atteint les principaux camps de transit destinés aux réfugiés tibétains, soit les camps Missamari et Buxa Duar[9]. Les conditions de vie des Tibétains ne s’améliorent pas dans les camps de transit. La surpopulation, la chaleur ainsi que les épidémies font ravages et engendrent un taux de mortalité élevé au cours de la première année d’exil. Le Tibet n’étant toujours pas reconnu comme un État indépendant l’année suivante et la concentration de nombre de réfugiés grandissant en Inde font que l’ancien Premier ministre indien, Jawaharlal Nehru, accorde aux Tibétains la ville de Dharamsala située dans l’Himachal Padresh comme siège du gouvernement tibétain en exil[9].
Fin , le chiffre des réfugiés tibétains en Inde atteignait 7 000[10]. Selon Thomas Laird, les tentatives d'évasion étaient périlleuses à cause des assauts de l’armée populaire de libération. Dans certains cas, moins de 10 % arrivaient en vie sur un groupe parti du Tibet oriental pour un voyage qui dura 4 mois. Malgré ces difficultés, 80 000 Tibétains ont survécu à leur voyage trans-himalayen pour l’Inde les années suivant le soulèvement tibétain de 1959[11].
Selon le tibétologue Alex McKay, les Tibétains partis en exil en Inde et au-delà, venaient de tout le Tibet et de toutes les couches de la société mais comportaient un pourcentage disproportionné des classes supérieures, noble comme monastique[12]. Toutefois, selon l'anthropologue Timm Lau, parmi les dizaines de milliers de réfugiés arrivés en Inde en 1959, pour la plupart agriculteurs et pasteurs, une partie connut initialement une discrimination par absence d'opportunité économiques, différences sociales et culturelles, si bien que les premiers trouvèrent un emploi dans la construction de routes dans les États du nord du pays. Il y eut jusqu’à 21 000 Tibétains employés par le gouvernement indien dans un peu moins d’une centaine de sites. Bien qu’ils fussent considérés par les Indiens comme aptes physiquement à travailler à haute altitude et en terrain montagneux, nombre d’entre eux périrent, victimes de maladies ou d’éboulements[13].
Années 1980
Le sinologue Philippe Paquet indique que l'ouverture des frontières en 1980 a permis aux Tibétains de se rendre en Inde soit pour visiter leurs familles, soit pour découvrir les lieux saints du bouddhisme. Certains sont restés sur place. Après la mise à l'écart de Hu Yaobang, la « détérioration de la situation au Tibet » a eu pour conséquence de « gonfler l'exode »[14].
Années 2000
En 2008, on estimait que, chaque année, environ 2 500 réfugiés traversaient l’Himalaya au Népal, cherchant asile dans ce pays ou en Inde. En 1998, un tiers des réfugiés étaient des enfants non accompagnés par leurs parents pour 90 % d’entre eux. En outre, de nombreux rapports font état de réfugiés qui périssent au cours de leur voyage périlleux en Himalaya[15]. En , lors de la fusillade du col de Nangpa La, deux Tibétains sont tués alors qu'ils fuyaient, avec d'autres compatriotes, vers le Népal.
Après les troubles au Tibet de 2008 à Lhassa, la frontière tibéto-népalaise devint plus étroitement surveillée, et moins de mille Tibétains arrivent à rejoindre Dharamsala chaque année. Les Tibétains arrêtés à la frontière sont envoyés en prison à Lhassa[16].
Années 2010
En 2015 les réfugiés arrivant du Tibet, qui se chiffraient autrefois par milliers, ne sont plus qu'un mince filet : à peine 87 Tibétains ont été enregistrés à Dharamsala cette même année alors qu'avant 2008 le chiffre se montait à 2 500 par an[17].
Nombre d'exilés sont rentrés au Tibet, où les revenus urbains et ruraux ont augmenté. La vie des Tibétains ordinaires à Dharamsala reste un combat. Ne pouvant pas devenir propriétaires, un nombre croissant espère émigrer en Occident[18].
Près de 1 000 Tibétains apatrides doivent se réinstaller au Canada avant le , grâce à une politique publique temporaire mise en place en , à la condition que les réinstallations soient parrainées en privé[19].
Ce n'est que depuis que les Tibétains nés en Inde sont autorisés par le gouvernement indien à demander la nationalité indienne[20] - [21]. En septembre 2016, la haute cour de justice de La Nouvelle Delhi a statué que les Tibétains nés en Inde entre 1950 et 1987 étaient en droit de demander l'octroi d'un passeport indien. Cette mesure leur permettra de ne plus être confinés à un seul pays[22].
Cependant, le gouvernement tibétain en exil a mis un certain nombre de conditions à l'obtention d'un passeport : le certificat d'enregistrement et le certificat d'identité du requérant seront annulés ; le demandeur devra quitter la communauté tibétaine où il est installé ; il devra renoncer aux avantages et allocations accordés par le gouvernement tibétain en exil[23].
Chiffres de la diaspora
Selon les auteurs du livre Le Statut du Tibet de Chine dans l'histoire (1997), plusieurs dizaines de milliers de Tibétains vivent dans quelque 30 pays répartis en Amérique du Nord, en Europe, en Océanie et dans d'autres régions d'Asie[24].
Edward J. Mills en 2005 puis le dalaï-lama en 2009 estimaient à au moins 150 000 le nombre réfugiés tibétains en exil[3] - [2].
D'après une enquête du gouvernement tibétain en exil datant de 2009, il y avait 127 935 Tibétains recensés dans la diaspora, dont 94 203 en Inde, 13 514 au Népal, 1 298 au Bhoutan et 18 920 dans le reste du monde[25].
Selon Ramesh Chandra Dhussa, en 2009, plus de 200 000 Tibétains étaient dispersés à travers l'Europe, l'Asie et l'Amérique du Nord[26].
En 2012, le sinologue Philippe Paquet donne un chiffre global de 130 000 exilés tibétains dont 100 000 en Inde[27].
Les communautés tibétaines en exil
De nos jours, il y existe 52 camps de réfugiés tibétains : 35 en Inde, 10 au Népal et 7 au Bhoutan[28].
Inde
En 2012, on estime qu'il y a 100 000 exilés tibétains en Inde[27].
Les principaux peuplements tibétains en Inde se rencontrent dans plusieurs États :
- dans l’Himachal Pradesh, à Bir (Himachal Pradesh), Sataun, Shimla, Dalhousie, Pandoh, Solan, Sirmaur, Kangra, McLeod Ganj et Dharamsala ;
- dans l’Uttarakhand, à Clement Town (en), Manduwala, et Sahastradhara Dehradun ;
- dans l’Arunachal Pradesh, à Miao (Changlang) (en), Tezu, et Bomdila ;
- au Sikkim, à Ravangla ;
- au Bengale-Occidental, le Tibetan Refugee Self Help Center à Darjeeling ;
- dans le Maharashtra, à Bhandara (en) ;
- dans l’Odisha, à Chandragiri ;
- dans le Karnataka, à Bylakuppe, Gurupura (en) et Kollegal (en)[29].
Chaque communauté a pour chef un responsable nommé par le gouvernement tibétain en exil ainsi qu'un représentant élu par les habitants[30].
Selon Audrey Prost (2008), la communauté tibétaine en Inde est composée de groupes sociaux divers englobant les réfugiés de la première génération (old-timers, les anciens), les Tibétains de la deuxième et de la troisième génération (c'est-à-dire nés en Inde) et les derniers arrivés (newcomers, les nouveaux venus). Les réfugiés de la première génération (c'est-à-dire nés au Tibet) représentent seulement 35 % de la population émigrée[31].
Après le conflit avec la Chine en 1962, la Special Frontier Force composée de militaires tibétains est créée. Des soldats tibétains sont présents à la frontière entre l’Inde et le Tibet. En septembre 2020, l’un d’entre eux, Nyima Tenzin, est accidentellement tué pendant une patrouille[32] - [33].
Népal
Selon le site Tibetan refugees in Nepal, il y a plus de 20 000 réfugiés tibétains, répartis entre 12 villages, dans le pays. Cependant, d'après une enquête du gouvernement tibétain en exil datant de 2009, il y a 13 514 Tibétains recensés au Népal[25].
Le premier afflux se produit en 1959, à la suite du soulèvement de Lhassa. Les réfugiés s'installent dans des camps frontaliers temporaires (Chialsa, dans les monts Solu Khumbu à l'est de Katmandou ; Tashi Palkhiel, à la périphérie de Pokhara ; Dhorpatan, dans la partie occidentale du pays ; Jawalakhel, à la limite méridionale de Katmandou).
En 1961, le Comité international de la croix rouge met sur pieds un programme d'aide tandis que le gouvernement tibétain en exil établit un bureau à Katmandou.
En 1966, un accord passé entre le Népal et la région autonome du Tibet permet aux frontaliers et pèlerins tibétains de franchir la frontière tibéto-népalaise sans passeport ni visa, accord qui est renouvelé en 1976 pour dix ans.
En 1986, un nouveau traité passé avec la Chine restreint les facilités de passage pour les Tibétains.
En 1989, le gouvernement népalais, accédant à la demande de la Chine, refuse désormais d'accueillir et de reconnaître de nouveaux réfugiés.
À partir de 1990, les réfugiés appréhendés à l'intérieur du pays sont remis aux autorités de l'immigration et attendent au centre d'accueil des réfugiés tibétains à Katmandou de recevoir l'autorisation de gagner une des communautés de l'Inde.
En 2005, le gouvernement népalais ferme le bureau du gouvernement tibétain en exil à Katmandou[34].
Bhoutan
À la suite des tensions au Tibet après 1955, le 16e Karmapa, accédant au souhait d'Ashi Wangmo, fille du roi du Bhoutan Ugyen Wangchuk, demanda à Kalou Rinpoché de se rendre au Bhoutan pour préparer l'exil dans ce pays et en Inde. En 1957, Kalou Rinpoché se rend au Bhoutan en qualité d'abbé d'un monastère de Kourteu et de chapelain de la famille royale[35].
Le roi du Bhoutan Jigme Dorji Wangchuck accueillit les réfugiés tibétains, et avec l'aide du gouvernement indien, il fournit le nécessaire pour fonder des communautés agricoles[36].
Peu de Tibétains décidèrent de s'installer au Bhoutan les 2 années suivant 1959, ce pays servant surtout de voie de cheminement vers l'Inde. Cependant, en 1961, à la suite de tensions entre la Chine et l'Inde, cette dernière ferma sa frontière nord avec le Bhoutan, amenant celui-ci à organiser l'année suivante une réunion avec le gouvernement indien et le gouvernement tibétain en exil pour régler le sort des Tibétains coincés dans le pays. Le gouvernement du Bhoutan fut d'accord pour accueillir 4 000 Tibétains[37].
Ayant appris que le gouvernement bhoutanais autorisait le transit et l'installation de réfugiés tibétains, la famille de Thubten Ngodup s'enfuit du Tibet pour le Bhoutan en 1966, passant par le col de Témola. À proximité de la frontière, ils furent confrontés à 4 soldats bhoutanais simulant une expulsion vers le Tibet pour vérifier qu'ils n'étaient pas des espions déguisés en réfugiés. Un accord avait été passé entre Jigme Dorji Wangchuck et le dalaï-lama autorisant les Tibétains à transiter vers l'Inde. À Paro, ils rejoignent le camp de réfugiés de Jishing Khang dirigé par Kungo Lhading. Le quota de réfugiés au Bhoutan étant atteint, ils doivent rejoindre l'Inde. Ils sont amenés en camion dans le camp de Phuntsog Ling dirigé par Kungo Loten situé près de la frontière indo-bhoutanaise[38]
Selon Stephanie Roemer à partir de 1973, des tensions se firent jour entre le gouvernement bhoutanais et les colons tibétains en raison de l'affirmation accrue de leur identité nationale par les Bhoutanais, des privilèges accordés aux seuls colons tibétains, des circonstances mystérieuses de l'assassinat du roi du Bhoutan et de l'inaptitude des Tibétains à s'assimiler[37]. Pourtant, selon d'autres sources, le roi est mort le à Nairobi au Kenya d'une crise cardiaque, alors qu'il se rendait en Suisse pour y recevoir un traitement médical[39].
En 1974, 28 Tibétains, dont Lhading, le représentant du dalaï-lama à Thimphou, furent arrêtés et accusés d'avoir conspiré pour assassiner le roi Jigme Singye Wangchuck. Les Bhoutanais refusèrent de répondre aux demandes de preuves de la part de Dharamsala, et le procès des détenus se déroula à huis clos[40]. Le dalaï-lama affirme qu'ils furent torturés et emprisonnés sans procès et qu'aucune enquête sérieuse n'a jamais pu éclaircir la situation. Pour lui, ils servirent de boucs émissaires dans une affaire interne au gouvernement bhoutanais. À la suite de cet épisode, nombre de Tibétains décidèrent de quitter le Bhoutan[41]. Le Druk National Congress confirme que les détenus furent torturés par le gouvernement, et précise que Kungno Lhading est mort en détention[42]. Yangki, la concubine d'origine tibétaine du précédent roi aurait tenté d'installer sur le trône l'un de ses deux fils illégitimes[39]. Elle aurait conspiré pour assassiner le roi avant son couronnement. Parmi la trentaine de personnes arrêtées figuraient des hauts fonctionnaires du gouvernement et de la police[43]. Jigme Singye Wangchuck accusa Yangki qui s'enfuit en Inde avec son fils, ainsi que le frère du dalaï-lama Gyalo Dhondup, qui réfuta les accusations avec véhémence[44].
En 1979, le gouvernement du Bhoutan annonça que tout Tibétain présent dans le pays et qui ne prendrait pas la nationalité bhoutanaise serait renvoyé au Tibet ». 3 000 Tibétains décidèrent de quitter le Bhoutan, pour les 1 000 restants, il a été suggéré que nombre d'entre eux étaient déjà installés dans le pays avant 1959. L'Inde accepta d'en accueillir la moitié, et en , 540 arrivèrent à Doeguling (un camp situé à Mundgod)[45].
À la suite de la mort de Dilgo Khyentse Rinpoché, chef de l'école Nyingma et maître spirituel de la famille royale du Bhoutan, des représentants du gouvernement tibétain en exil et Thubten Ngodup furent invités officiellement à la cérémonie de crémation en . Au nombre des représentants : Samdhong Rinpoché, alors président du Parlement tibétain, Kalsang Yeshi, alors ministre des Affaires culturelles et religieuses, et Karma Gelek, secrétaire du ministère[46].
Canada
En 2006, la population tibétaine au Canada était estimée à 4 275[47] et continuait de croître. En 2016, la population tibétaine au Canada était de 8 040[48]. En 1992, elle était de 600[49].
États-Unis
En 2008, le Bureau du Tibet de New York estimait la population tibétaine aux États-Unis à environ 9 000[47]. En 1991, le nombre de Tibétains ne dépassait pas 100[49].
Suisse
En 2018, la communauté tibétaine en Suisse, qui a commencé à se constituer à partir de 1960, compte 8 000 membres[50] et constitue la communauté plus importante en Europe[51].
France
En 2010, la communauté tibétaine en France comprend environ 700 individus[52]. En 2017, elle comprend environ 2 400 personnes[53] - [54].
Belgique
En 2005, il y avait 700 Tibétains en Belgique [49].
Angleterre
En 2005, il y avait 600 Tibétains à Londres[49].
Organisation politique des Tibétains en exil
Le gouvernement tibétain en exil fut proclamé le . Initialement basé à Mussoorie, dans l'Uttarakhand au nord de l'Inde, il fut transféré à Dharamsala en 1960 grâce à l'accord du gouvernement indien. Après sa fuite du Tibet en 1959, le 14e dalaï-lama, qui fut suivi de la plupart des membres de son gouvernement, décida de reconstituer un gouvernement en exil dont la mission serait à la fois de prendre en charge les réfugiés tibétains et de « restaurer la liberté » au Tibet. Le 14e dalaï-lama est depuis 1959 le détenteur du pouvoir exécutif de ce gouvernement en exil. Cependant, il affirme avoir instauré progressivement un régime démocratique. Ainsi, les autorités tibétaines en exil créèrent le le Parlement tibétain en exil. Le , la Constitution, fondée sur la Déclaration universelle des droits de l'homme, fut promulguée et appliquée au sein du gouvernement tibétain en exil.
De la théocratie à la démocratie
Selon Roger Garin-Michaud, peu après son exil en 1959, le 14e dalaï-lama s'est efforcé tout particulièrement d'établir une société démocratique, non seulement pour assurer les droits démocratiques des Tibétains, mais aussi pour amener les Tibétains à conduire leurs affaires eux-mêmes et à évoluer de conserve avec la communauté internationale[55].
Le , un Parlement de 13 membres est institué[56]. En 1961, un projet de « Constitution pour un Tibet Démocratique » est adopté. En 1963, cette constitution est complétée[57].
Les institutions tibétaines en exil franchissent une étape de plus vers la démocratie 1990 alors que l'Assemblée passe de 12 à 46 membres, la 11e assemblée devenant un véritable corps parlementaire. En , les 46 membres élus élisent le Kashag[58] composé de 8 ministres, qui deviennent responsables devant l'Assemblée. La Commission suprême de justice tibétaine a été fondée en 1992 en tant qu'ordre judiciaire indépendant dans le gouvernement tibétain en exil[59]. Lobsang Dargyal en fut le premier commissaire en chef.
Le , l'Assemblée devint l’autorité législative des Tibétains en exil, incluant dans son mandat l’élection du Cabinet des ministres. Cette même année, l’Assemblée publia la Charte des Tibétains en exil explicitant leurs droits et leurs devoirs[60].
Après 1990, les premiers ministres furent élus par le Parlement tibétain en exil[61] - [62].
Depuis 2001, le Kalon Tripa, est élu au suffrage universel par les Tibétains en exil. Son mandat est de cinq ans, renouvelable une seule fois[63]. Pour l'élection du Premier ministre tibétain le , le nombre d'électeurs inscrits se montait à 83 399 selon Jamphel Choesang, chef de la commission électorale tibétaine[5] et le nombre de votants à 49 184. À l'élection du 27 avril 2016, le nombre d'électeurs inscrits était de 90 377.
En , à la demande du dalaï-lama, la Charte fut amendée de façon à permettre l'élection du Premier ministre tibétain par les Tibétains en exil[64].
En , le dalaï-lama a demandé au Parlement tibétain en exil un amendement constitutionnel permettant d'acter sa retraite politique[65].
L'article 19 sur le pouvoir exécutif
Le caractère démocratique de la Charte des Tibétains en exil de 1991[66] a toutefois été contesté en 2008 par Jean-Luc Mélenchon : les lois votées par l'Assemblée tibétaine en exil requièrent l'approbation du dalaï-lama pour devenir des lois effectives (article 36); le pouvoir exécutif est dévolu au dalaï-lama et doit être exercé par lui (article 19)[67].
De même, en , Dominique Bari, journaliste spécialiste de la Chine à L'Humanité, a repris les arguments de Jean-Luc Mélenchon : la charte des Tibétains en exil lie sphère religieuse et sphère politique, se terminant par une résolution spéciale, approuvée en 1991, qui proclame l'obligation politico-religieuse de « la foi » et de « l'allégeance » à l'égard du dalaï-lama, appelé à « rester avec nous à jamais comme notre chef suprême spirituel et temporel »[68] - [69].
La résolution spéciale de 1991 a été rédigée par l'Assemblée tibétaine en exil, elle exprime la demande faite au dalaï-lama de demeurer son chef politique tant que les Tibétains seront en exil, c'est-à-dire jusqu'à la « libération du Tibet », une demande qu'il a acceptée[70].
Le , le dalaï-lama, qui évoquait depuis environ 10 ans son retrait politique, a convaincu les membres du Parlement, transmettant ses responsabilités officielles à un nouveau Premier ministre aux pouvoirs élargis, une réforme qui, pour le bouddhisme tibétain, correspond à une séparation de l'Église et de l'État. Des amendements à la Charte seront examinés par les députés tibétains[4].
Situation vis-à-vis des lois et du gouvernement du pays d'accueil
Pour Jane Ardley, quelle que soit la quantité de démocratisation accordée, cela ne changera rien au fait que les Tibétains, en tant que réfugiés, sont en dernier ressort tributaires des lois et du gouvernement de leur pays d'accueil[71].
Statut
Bien que, du côté de la région autonome du Tibet, la frontière soit fermée depuis 1960, les Tibétains ont fui continuellement. En général, ils transitent par le Népal, où ils sont accueillis dans un centre de réception à Katmandou. La première vague de réfugiés fut accueillie dans des camps de transit de Missamari dans l'Assam et de Buxa Duar dans le Bengale-Occidental, sous la supervision du Comité central de secours créé au début de l'exode tibétain. Ce comité ne fut pas reconnu officiellement, et les organismes internationaux, dont le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), ne furent pas impliqués à ce moment-là.
À la suite de la guerre sino-indienne de 1962, les autorités indiennes, comprenant que les réfugiés tibétains ne pourront rentrer rapidement, sollicitent pour la première fois une aide internationale pour les réfugiés, et le HCR commence à secourir les réfugiés en 1964 en Inde, n'établissant officiellement sa présence qu'en 1969 à New Delhi[72] - [73].
Selon Ramesh Chandra Dhussa, de jure, les Tibétains réfugiés en Inde sont apatrides. Ils doivent faire la demande, auprès des autorités indiennes, d'un certificat d'enregistrement (registration certificate ou RC), renouvelable annuellement ou bi-annuellement selon l'État indien où ils se trouvent, qui leur donne droit à un permis de séjour. Cependant, les nouveaux immigrants désormais ne reçoivent plus de permis de séjour[74].
Selon Joseph Mallika, de l'Institute of Peace and Conflict Studies, le gouvernement chinois considère les émigrants tibétains en Inde non pas comme des réfugiés mais comme des citoyens chinois[75].
Sociologie de la diaspora
Selon Philippe Paquet, les deux tiers des « nouveaux exilés ont moins de 25 ans ». Il y a, parmi eux, chaque année plusieurs centaines d'enfants, confiés « à des passeurs quand les parents ne les amènent pas eux-mêmes au Népal ou en Inde ». Les parents souhaitent que leurs enfants « grandissent dans une société plus libre », « reçoivent une éducation authentiquement tibétaine » ou aient « une existence qu'on espère plus confortable à l'étranger ». Les parents restés en Chine n'ont plus de relations avec leurs enfants exilés afin d'« éviter les représailles ». Ces enfants sont alors placés dans des institutions pour les orphelins. Le plus souvent des mères de substitution (« home mothers ») s'occupent des plus jeunes[76].
Selon Ramesh Chandra Dhussa, les Tibétains récemment arrivés en Inde s'installent à Dharamsala, où réside le dalaï-lama ; très peu vont dans les communautés principalement agricoles des autres États indiens car il n'y a plus de terres agricoles à leur allouer. Les Tibétains vivant à Dharamsala et dans d'autres villes sont tributaires de l'aide financière du gouvernement tibétain en exil. Beaucoup vivent de petits boulots ou travaillent dans des restaurants, des gîtes, entre autres activités tertiaires[77].
Selon l'ethnoscénologue Nathalie Gauthard, maître de conférences à l’université Nice-Sophia-Antipolis (2009), « la plupart des réfugiés tibétains de ces dernières années sont des nonnes et des moines souhaitant suivre une formation religieuse complète dans les monastères en exil où la tradition a été préservée »[78]. Pour Philippe Paquet, aujourd'hui, près de la moitié des réfugiés tibétains sont des moines et des nonnes[76].
Difficultés rencontrées
Le journaliste Mark Magnier cite Ngawang Thogmed, un fonctionnaire du gouvernement tibétain en exil, qui déclare que les difficultés le plus souvent mentionnées par les nouveaux exilés en Inde sont la barrière linguistique, la nourriture indienne qu’ils n’apprécient pas et le climat chaud de l’Inde pour lequel les vêtements tibétains ne sont pas faits. Un gérant de restaurant déclare qu'il craint la perte de la culture tibétaine en Inde, car la télévision indienne est en hindi ou en anglais. Mark Magnier cite une serveuse qui souhaite rentrer en Chine, où dit-elle, les revenus sont plus élevés et où il est plus facile de monter une entreprise, mais elle est coincée en Inde[79]. (Selon Lisa Carducci, les Tibétains de citoyenneté chinoise ayant quitté leur pays sans passeport ne peuvent de ce fait y retourner)[80].
Émigration vers d'autres pays
Selon François Danjou, de jeunes Tibétains de plus en plus nombreux, attirés par les modes de vie occidentaux, quittent Dharamsala pour changer complètement de vie. L'auteur écrit : « Si ce vivier en exil arrivait à se tarir, le foyer de la résistance tibétaine serait considérablement affaibli »[81].
Selon Tenzin Lekshay, coordinateur du India-Tibet Coordination Office, la menace persistante de marginalisation volontaire de l'identité et de la culture tibétaines en exil en raison des départs, est la source de préoccupations sérieuses : la plupart des centres de réfugiés sont gardés par des personnes âgées, les jeunes étant partis au loin. Certaines écoles des centres sont près de fermer par manque d'élèves, les diplômés se dispersent dans les grandes villes de l'Inde du fait de l'absence de débouchés dans la communauté[82].
Pour pallier ces difficultés, en 2009, sous la responsabilité des villages d'enfants tibétains, le Gouvernement tibétain en exil et Jetsun Pema ont fondé, à Bangalore (Inde), la première université tibétaine en exil sous le nom d'« Institut d'études supérieures du dalaï-lama ». Les objectifs de cette université sont d'enseigner la langue tibétaine et la culture tibétaine, mais aussi la science, les arts, le conseil et la technologie informatique aux étudiants tibétains en exil[83] - [84] - [85].
Retours en Chine
Une publication chinoise en ligne (Comments on the Historical Status of Tibet, 1997) fait état de 10 000 réfugiés qui retournèrent en Chine dans les années 1960 et 1970 puis de 2 000 qui rentrèrent à partir de 1979. Elle cite aussi le retour de plusieurs personnages de premier plan[86].
Selon Wang Zai-Tian, un auteur chinois écrivant en 2004, un niveau de vie inférieur en Inde et l'expansion rapide de l'économie au Tibet ont amené de plus en plus de réfugiés à rentrer au pays, le Kashag en exil faisant toutefois tout son possible pour freiner la tendance[87].
La région autonome du Tibet doit créer, en , un bureau des affaires tibétaines à l'étranger, à l'instar de ce qui existe déjà pour d'autres provinces ou régions autonomes chinoises. Son objectif sera de communiquer avec les exilés tibétains et de les aider à rentrer au pays. Seront visés en particulier les jeunes Tibétains partis voir le dalaï-lama et qui n'ont pas l'argent nécessaire pour le retour ou qui ont peur de se faire arrêter[88].
Notes et références
- Résultats du recensement de la communauté tibétaine en exil effectué en avril 2009, Bureau du Tibet, : « Le chiffre officiel est de 127 935 se répartissant en 70 556 hommes et 57 379 femmes ayant répondu au questionnaire. […] Il convient de savoir que le nombre de réfugiés tibétains en exil est beaucoup plus important, mais ces résultats sont strictement basés sur un questionnaire précis en application des normes internationales de recensement et qui doit être rendu dans un laps de temps bien défini. »
- (en) Edward J. Mills et coll., Prevalence of mental disorders and torture among Tibetan refugees: A systematic review, BMC Int Health Hum Rights. 2005; 5: 7. Edward J Mills cite un article de David Servan-Schreiber publié en 1998 : Servan-Schreiber D., Le Lin B., Birmaher B. (1998), Prevalence of post-traumatic stress disorder and major depressive disorder in Tibetan refugee children, in Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 37:874-879.
- (en) Bhuchung K. Tsering, His Holiness the Dalai Lama Meets Himalayan Community and Foreigners who visited pre-1959 Tibet, 6 May 2009 : « He said that the Tibetan refugees numbered just 150,000. »
- Le Parlement tibétain accepte la retraite du Dalaï Lama, RFI, 26 mars 2011.
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- Entretien avec le Professeur Samdhong Rinpoché (traduction de The Rediff Interview/Samdhong Rinpoche Lobsang Tenzin).
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- Légaré-Dionne, Ménaïque. 2007. Stratégies identiques dans l'opposition: les discours chinois et tibétain en exil sur la médecine traditionnelle tibétaine. Montréal : Université de Montréal.
- Bentz, Anne-Sophie et Yann Calbérac. 2006. La diaspora tibétaine en Inde. Lyon : Cafés Géographiques de Lyon.
- (en) Brent Navarro, Tibet: Assessing its Potential for China’s Instability, September 15, 2007 : « At the end of May 1959, there were 7,000 Tibetan refugees who had entered India. Note 13: Chen Jian, "The Tibetan rebellion of 1959 and China's Changing Relations with India and the Soviet Union, in Journal of Cold war Studies, 8.3 (2006) : 54 ».
- (en) Thomas Laird, The Story of Tibet: Conversations With the Dalai Lama, 2007, p. 341 : « Escape attempts were perilous because of attacks by the PLA. In some cases, fewer than 10 percent of a party that set off from eastern Tibet, on a four-month trek to India, arrived there alive. Despite such odds, 80000 emigrants survived their trans-Himalayan treks to India in the years just after the Chinese defeated the Tibetan Rebellion of 1959. Today there are an estimated 135000 Tibetans living in exile. Perhaps 20 percent of all Tibetan refugees in India arrived between 1986 and 1996. Even now, 2500 Tibetans a year make perilous winter journeys across the Himalayas to escape. It remains the longest, most difficult escape route in the world. Every year a few of the refugees die en route, while a few survivors lose limbs to frostbite. Refugees caught attempting to escape are regularly jailed and tortured. »
- (en) Alex McKay, General Introduction, in The History of Tibet, vol. 1, The early period: to c. AD 850: the Yarling Dynasty, p. 9 : « These exiles came from all over Tibet, and from all sections of society, although including a disproportionate percentage of the nobility and the monastic elites ».
- (en) Timm Lau, Tibetan Fears and Indian Foes: Fears of Cultural Extinction and Antagonism as Discursive Strategy, in Explorations in Anthropology, vol. 9, No 1, p. 81-90, en part. p. 81 : « Of the first tens of thousands of Tibetans who came to India, the vast majority had been farmers and relying on livestock and agriculture in Tibet. Apart from a suddenly dominant Indian cultural and linguistic environment and other markers of social differences, such as homelessness and poverty, the absence of economic opportunities which accorded to their knowledge discriminated the Tibetans from the start. Therefore, their first economic foothold was working on road construction sites in the northern states of India, where up to 21,000 Tibetan refugees were employed by the Government of India in just under a hundred sites. Although the Indians thought of them as physically suited to work in the higher altitude and mountainous terrain (Kharat 2003:288), many of the Tibetans working in harsh conditions died of diseases or in landslides. »
- Philippe Paquet op. cit., p. 116
- (en) Evans D, Buxton DC, Borisov A, Manatunga AK, Ngodup D, Raison CL, Shattered Shangri-la: differences in depressive and anxiety symptoms in students born in Tibet compared to Tibetan students born in exile, Soc Psychiatry Psychiatr Epidemiol. 2008; 43: 429-436 : « It is estimated that approximately 2,500 refugees per year cross the Himalayas into Nepal, seeking asylum there or in India [8]. In 1998, 33 % of these refugees were children, 90 % of whom were unaccompanied by their parents [7]. […] the journey across the Himalayas is long and perilous, with frequent reports of refugees perishing en route and a significantly larger number suffering affliction such as frostbite »
- Inde. La grande évasion des Tibétains, Courrier international, 9 mars 2012
- (en) Reuters, Decades After Fleeing Tibet, Refugees Still Have Limits on Rights in India, voanews.com, 21 juin 2017 : « Only 87 Tibetans registered in Dharamsala in 2015, compared with about 2,500 each year before 2008. »
- (en) Pankaj Mishra, The Last Dalai Lama? At 80, Tenzin Gyatso is still an international icon, but the future of his office — and of the Tibetan people — has never been more in doubt, The New York Times Mgazine, : « The flow of refugees from Tibet, once running into the thousands, has slowed to a trickle. Many exiles have returned to Tibet, where urban and rural incomes have risen. And life for ordinary Tibetans in Dharamsala remains a struggle. They still cannot own property, and an increasing number hope to emigrate to the West. »
- (en) Unique project helps stateless Tibetans find homes in Canada, World Tibet News, 27 janvier 2014.
- (en) India-Born Tibetans Can Apply for Citizenship Says Law and Justice Minister, Voice of America, 17 février 2014.
- (en) New Delhi to challenge court rulings on born Tibetan citizens of India?, Tibetan Review, .
- (en) Vidhi Doshi, After nearly six decades of exile, some Tibetans in India are slowly letting go of the past, The Washington Post, 7 septembre 2018: « Then, in September 2016, the Delhi High Court ruled that Tibetans born in India between 1950 and 1987 are eligible to apply for Indian passports. / The new offer of nationality presented a dilemma. Take the passport, some said, and end decades of virtual confinement to a single country. Buy a car, own a house, apply for government jobs ».
- (en) Naresh K. Thakur, Govt sets conditions for Tibetans to get passports, says move out of settlements, forgo benefits, hindustantimes.com, June 26, 2017 : « Tibetans seeking an Indian passport will need to leave their settlements and forfeit privileges and benefits from the Central Tibetan Administration (CTA), which is the Tibetan government-in-exile headquartered in McLeodganj near Dharamsala in Himachal Pradesh, the external affairs ministry said in its recent order. / A letter by the Bengaluru regional passport office on June 6 listed four conditions for Tibetans seeking an Indian passport. / “Registration/refugee certificate (RC) and identity certificate should be cancelled; the applicant should not be staying in designated Tibetan refugee settlements; an undertaking that he/she no longer enjoys CTA benefits; and a declaration that he/she no longer enjoys any privileges, including subsidies by being an RC holder,” the letter says. »
- (en) Wang Jiawei et Nyima Gyaincain Comments on the Historical Status of Tibet, China Intercontinental Press, September 1997, chap. XI, The 14th Dalai Lama's Illegal "Government-in-Exile" is a Destabilizing Factor in Asia : « [...] several thousand live in some 30 countries in North America, Europe, Oceania and other parts of Asia ».
- (en) Press Trust of India, « 127935 Tibetans living outside Tibet: Tibetan survey », Hindustan Times, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Ramesh Chandra Dhussa, « Tibet: A Nation in Exile » (version du 22 mai 2011 sur Internet Archive), in Focus on Geography, Société américaine de géographie, vol. 52, No 2, 22 septembre 2009, pages 1-6, p. 4 : « In 2009, there were over 200 000 Tibetan refugees scattered throughout Europe, Asia and North America. »
- Philippe Paquet, L'ABC-daire du Tibet, Éditions Philippe Picquier, 2010, 248 p., pages 116-117.
- Nathalie Gauthard, De l'Administration Centrale Tibétaine au Gouvernement Tibétain en Exil : réformes, limites et paradoxes, in Savoirs en construction, Presses Universitaires du Mirail, 2009, 205 p. (ISBN 2810700400), p. 139-140 : « Il existe actuellement 52 camps de réfugiés tibétains, 35 en Inde, 10 au Népal et 7 au Bhoutan; ils sont de taille très variable, allant de quelques centaines de réfugiés à plusieurs milliers. Au cours des années, ces camps se sont transformés en villages organisés, peuplés exclusivement de réfugiés tibétains ayant acquis une autonomie plus ou moins grande. »
- (en) Ramesh Chandra Dhussa, op. cit., en part. p. 4-5 : « Major settlements in India are at Bir, Sataun, Shimla, Dalhousie, Pandoh, Solan, Sirmaur, Kangra, McLeodganj and Dharamsala in Himachal Pradesh, Miao, Tezu, and Bomdilla in Arunachal Pradesh, Clement Town, Manduwala, and Sahastradhara near Dehra Dun in Uttarakhand, Kollegal, Bylakuppe, Mungod, and Gurupura in Karnataka, Ravangla in Sikkim, Darjeeling in West Bengal, Bhandara in Maharashtra, and Chandragiri in Orissa. The settlement at Bylakuppe in southwest Karnataka is home to several thousand Tibetan exiles, most of them engaged in farming ».
- (en) Ramesh Chandra Dhussa, op. cit., en part. p. 5 : « Each refugee settlement is headed by a settlement officer appointed by the CTA in Dharamsala as well as a representative elected by the refugees. »
- (en) Audrey Prost, Precious pills: medicine and social change among Tibetan refugees in India, Berghahn, 2008, 156 p. : « The Tibetan community in India is composed of a heterogeneous range of social groups, encompassing first-generation refugees, second - or third-generation India-born Tibetans, and newcomers (Bhaka et al., 2002a). First-generation Tibet-born refugees now represent only approximately 35 per cent of the exile population ».
- With public funeral for Tibetan soldier, Delhi sends a signal to Beijing The Hindu, 7 septembre 2020
- Secret Tibetan military force raises stakes in India-China clash TheJapanTimes, 15 septembre 2020
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- (en) Awadhesh Coomar Sinha, Himalayan Kingdom Bhutan: Tradition, Transition, and Transformation
- (en) Lynn Pulman, Tibetans in Karnataka, Kailash: A Journal of Himalayan Studies, vol. 10, No. 1-2, 1983, p. 119-171, p. 124, note 5 : « As explanation of the sharp reversal of Bhutan's attitude, it should be noted that in 1974, "28 Tibetans, including Mr Lhading, the Representative in Thimphu of His Holiness the Dalai Lama, were arrested (...) accused of plotting the assassination of the Bhutan King (Jigme Singye Wangchuck) and the burning of the Tashichhodzong which houses the Bhutanese secretariat" (TIE, 1981: 190-1). Demands for evidence from Dharamsala, the seat of the Dalai Lama's administration, were refused and the trial of the detainees held in secrecy. »
- Tenzin Gyatso, op. cit., p. 271 : « vingt-deux des représentants les plus éminents de la communauté tibétaine furent arrêtés, torturés et emprisonnés sans procès [...] Je ne pouvais croire à la conspiration dont on les accusait, mais aucune enquête sérieuse ne devait jamais éclaircir la situation. Toutefois, j'ai fini par comprendre que mes compatriotes avaient servi de boucs émissaires dans une affaire interne du gouvernement bhoutanais. Après ce malheureux épisode, de nombreux Tibétains décidèrent de quitter le Bhoutan. »
- (en) Druk National Congress, JIGME SINGYE WANGCHUCK (reign 1972-2006), The Bhutan Today, February 15 - March 15, 2011
- (en) Bhutan, International Business Publications, p. 64
- (en) Crowell-Collier Educational Corporation, Year book covering the year, Macmillan Educational Company, 1974, p. 148 : « Jigme Singhe blamed Yangki, the longtime Tibetan mistress of his father, Jigme Dorji Wangchuck, who died on July 21, 1972, and Gyalo Thendhup, the politically active brother of Tibet's exiled Dalai Lama. Yangki fled to India with her son, who allegedly aspires to the throne, and Thendhup, also in India, angrily denied the charge. »
- Lynn Pulman, op. cit., p. 124-125 : « The fortune of Tibetan refugees in Bhutan changed in 1979, when the Bhutanese Government, "charging the Tibetans of creating 'a state within a state', (...) resolved that all of the 4,000 Tibetans who did not accept Bhutanese subjectship would be deported to Chinese-occupied Tibet (... unless) there were countries willing to receive them". In reponse, India has offered asylum to 1,500 of the 3,000 Tibetans who decided to leave (TIE, 1981: 192). A group of 540 arrived in Doeguling in April 1981 [...] Note 1, p. 125 : Of the 1,000 that remain, it was suggested to me that many had been established in Bhutan prior to 1959 ».
- Thubten Ngodup, op. cit., p. 270-271.
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- Le représentant du dalaï-lama était hier à Valenciennes : « La patrie des Droits de l'homme doit se bouger les fesses ! », La Voix du Nord, 18 novembre 2010.
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- Marie-Florence Bennes, Les Tibétains, 2016, Ed. Henry Dougier, (ISBN 9791031201849), p. 69 « La France accueille entre 2 500 et 3 000 réfugiés tibétains. »
- (en) Basic Policies and Programs of the National Democratic Party of Tibet, sur le site personnel de Roger Garin-Michaud : « However, soon after coming into exile, he has made special efforts to establish a democratic society not only to ensure the democratic rights of the Tibetan people but also to prepare the Tibetan people to lead themselves and move at par with the international community ».
- Philippe Paquet op. cit., p. 100 « Dès le fut institué un Parlement de treize membres réunissant des représentants des quatre écoles du bouddhisme (nyingma, kagyu, sakyu et gelugpa, on y ajoutera plus tard la religion originelle du Tibet, le bön) et des trois provinces historiques (Amdo, Kham et Ü-tsang), cet évènement est commémoré chaque année sous le nom du Jour de la Démocratie) »
- Philippe Paquet op. cit., p. 100
- Mary Craig, Kundun: une biographie du dalaï-lama et de sa famille, Presses du Châtelet, 1998 (ISBN 2911217330), p. 374
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- Audrey Garric Le dalaï-lama renonce à son rôle politique mais pas à son influence, Le Monde, 10 mars 2011.
- (en) Tenzin Lekshay, Kalon Tripa's election: Crucial time of our history, sur le blogue Enjoying Snow Lion and a Dragon, July 17, 2009 : « Since the exile charter commissioned only two terms for an individual to be Kalon Tripa, the incumbent Kalon Tripa will relegate the post to his successor (...) ».
- (en) Central Tibetan Administration : « In 2001 the Tibetan parliament, on the advice of His Holiness the Dalai Lama, amended the Charter to provide for direct election of the Kalon Tripa (the highest executive authority) by the exile populace. The Kalon Tripa, in turn, nominates the other Kalons (cabinet members), and seeks the parliament’s approval for their appointment. »
- Tibet:opposition au retrait du dalaï-lama, AFP, 15 mars 2011.
- (en) Extrait du texte en anglais de la charte, site du Gouvernement tibétain en exil :
Executive Power - Article 19. The executive power of the Tibetan Administration shall be vested in His Holiness the Dalai Lama, and shall be exercised by Him, either directly or through officers subordinate to Him, in accordance with the provisions of this Charter. In particular, His Holiness the Dalai Lama shall be empowered to execute the following executive powers as the chief executive of the Tibetan people.
(a) approve and promulgate bills and regulations prescribed by the Tibetan Assembly;
(b) promulgate acts and ordinances that have the force of law.
(c) confer honors and patents of merit;
(d) summon, adjourn, postpone and prolong the Tibetan Assembly;
(e) send messages and addresses to the Tibetan Assembly whenever necessary;
(f) dissolve or suspend the Tibetan Assembly;
(g) dissolve the Kashag or remove a Kalon or Kalons;
(h) summon emergency and special meetings of major significance; and
(j) authorize referendums in cases involving major issues in accordance with this Charter.
Texte en français :
Article 19. Pouvoir exécutif.
« Les pouvoirs exécutifs de l’administration tibétaine sont dévolus à Sa Sainteté le Dalaï Lama, et sont exercés par Lui, soit directement soit par l’intermédiaire d’officiers qui lui sont subordonnés, conformément aux dispositions de la présente Charte. En particulier, Sa Sainteté le Dalaï Lama est habilité à exercer les pouvoirs ci-dessous en tant que dirigeant en chef du peuple tibétain :
(a) approuver et promulguer les projets de loi et les règlements prescrits par l’Assemblée tibétaine ;
(b) promulguer des lois et ordonnances qui ont force de loi ;
(c) conférer les honneurs et les brevets de mérite ;
(d) convoquer, ajourner, reporter et prolonger l’Assemblée tibétaine ;
(e) envoyer des messages et des communications à l’Assemblée tibétaine chaque fois que nécessaire ;
(f) dissoudre ou suspendre l’Assemblée tibétaine ;
(g) dissoudre le Kashag (gouvernement) ou destituer un Kalon (ministre) ou des Kalon ;
(h) convoquer des réunions d'urgence et spéciales de grande importance ;
(j) autoriser un référendum dans les cas impliquant des grandes questions en suspens conformément à la présente charte ». - « Un projet théocratique, autoritaire, ethniciste, dangereux pour la paix (Jean-Luc Mélenchon) », Jean-Luc Mélenchon, (consulté le ).
- Dominique Bari, Qui est vraiment « Sa Sainteté le dalaï-lama » ?, retiré du site de L'Humanité, reproduit sur le site Info-Palestine.net, 12 août 2008 : « Tous les Tibétains, dans le Tibet et en exil, sont et restent profondément reconnaissants à Sa Sainteté le Dalaï Lama, et s’engagent à nouveau à établir notre foi et notre allégeance à la direction de Sa Sainteté le Dalaï Lama, et à prier avec ferveur pour qu’il puisse rester avec nous à jamais comme notre chef suprême spirituel et temporel ».
- (en) « All Tibetans, within Tibet and in-exile, are and remain deeply grateful to His Holiness the Dalai Lama, and rededicate themselves in establishing our faith and allegiance in the leadership of His Holiness the Dalai lama, and fervently pray that He may remain with us forever as our supreme Spiritual and Temporal leader ».
- Bertrand Odelys, Dharamsala, Chroniques tibétaines, Albin Michel, 2003, (ISBN 2226142592 et 9782226142597), p. 323 et 344.
- (en) Jane Ardley, The Tibetan independence movement: political, religious and Gandhian perspectives, RoutledgeCurzon, 2002, p. 87 : « as refugees, Tibetans are ultimately subject to the laws and government of their host countries, and no amount of democratization will change this. »
- Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, Les réfugiés dans le monde 2000 : cinquante ans d'action humanitaire, Paris, Autrement, 2000, (ISBN 9782746700468), p. 63.
- (en) Mark Cutts, Office of the United Nations High Commissioner, The state of the world's refugees, 2000: fifty years of humanitarian action, p. 63.
- Ramesh Chandra Dhussa, op. cit., p. 5 : « Tibetans are free to work and own property in India, but their legal status is stateless and most hold Indian registration certificates and are not considered citizens of India. »
- (en) Joseph Mallika, President’s Visit in the Totality of Sino-Indian-US Relations, sur le site de l'Institute of Peace and Conflict Studies, 30 juin 2000 : « That these Tibetans do not have refugee status, and that the Chinese Government refers to them as citizens and not refugees, should be taken into consideration ».
- Philippe Paquet, L'ABC-daire du Tibet, p. 117.
- Ramesh Chandra Dhussa, op. cit., en part. p. 8 : « Recent refugees have settled in Dharamsala, the Dalai Lama's home in exile. Presently, very few go to settlements in other states, because these settlements are mainly agricultural with farmland allotted to individual families, and there is not farmland available to accommodate new arrivals. Tibetan refugees who live in Dharamsala or other towns often depend on stipends provided by the welfare office of the Central Tibetan Administration (CTA), which effectively functions as the government of Tibet in exile. Many find odd jobs or work in restaurants, guest houses, or other service industries. »
- Nathalie Gauthard, De l'Administration Centrale Tibétaine au Gouvernement Tibétain en Exil : réformes, limites et paradoxes, in Savoirs en construction, Presses Universitaires du Mirail, 2009, 205 p. (ISBN 2810700400), note 10 de la p. 143.
- (en) Mark Magnier, Tibetan exiles in Dharamsala, India, settle in with disillusionment, part 1, part 2, part 3, Los Angeles Times, 2010-09-22 : « The most common problems faced by the newly arrived exiles, said Nawang Thogmed, a Tibetan government-in-exile official, include language barriers, their dislike of Indian food, and the warm weather, which makes their traditional woolen garments and yak-hide apparel uncomfortable. […]"Here we watch Indian television in Hindi or English, diluting our Tibetan," […]"After I got here, I kept thinking, 'There must be another India I'm missing,' "the waitress said. "Now I want to go back, but can't. I'm stuck." […] "China has jobs; you can start a business without a lot of bureaucracy.” […]"But I really miss my family. I'd like to go back if I ever get the chance." »
- Lisa Carducci, Grand comme le monde, 五洲传播出版社, 2002, 218 p. (ISBN 7508500970), p. 78 : « d'autres [de ces ressortissants tibétains] sont nés au Népal; d'autres ont fui le Tibet vers le Népal dans les années 1950 et ne sont jamais retournés. Ils n'ont pas de passeports; donc, bien sûr qu'ils ne peuvent rentrer au Tibet. La Chine est comme tous les autres pays du monde : pas de visiteurs illégaux. »
- François Danjou, La Chine, le Tibet, les monastères et la foi des peuples, Lectures et opinions, QuestionChine.net, 21 mai 2007, p. 4-5 (note 3).
- (en) Tenzin Lekshay, Kalon Tripa's election: Crucial time of our history, sur le site Engaging Snow Lion and a Dragon, 17 juillet 2009 : « the persistence threat of voluntary marginalization of Tibetan identity and cultures due to the migration is a serious cause of concerns. In exile, most of our settlements are guarded by old aged people, with young ones settling in distant abroad. Some of our established schools in the settlements are near to close with the lack of pupils, graduates are scattering around Indian metros with the lack of employment opportunities in our community ».
- (en) Dalai Lama inaugurates first Tibetan college in India, sur le site phayul.com, 17 février 2009.
- Faire un don pour l’université de Bangalore (Inde du sud) : « Chaque année, 800 étudiants réfugiés tibétains sont dispersés dans 72 universités différentes en Inde, et risquent de perdre leur identité et leur culture. Ils n’acquièrent pas non plus un niveau scolaire suffisant pour accéder à des emplois de bon niveau. C’est pourquoi le Gouvernement tibétain en exil et Mme Jetsun Pema, sœur du Dalaï-Lama et Présidente des Villages d’Enfants Tibétains (écoles TCV) pendant 42 ans, ont décidé de construire une université tibétaine, qui dispense à la fois des enseignements modernes et traditionnels, sous la responsabilité du TCV de Dharamsala. »
- (en) Dalai Lama tells Bhutanese students to study Tibetan Buddhism: B K Upmanyu.
- (en) Comments on the Historical Status of Tibet, China Intercontinental Press, September 1997, chap. XI, The 14th Dalai Lama's Illegal "Government-in-Exile" is a Destabilizing factor in Asia : « With the disintegrating of the Dalai clique, many overseas Tibetans, especially prominent figures, have lost confidence in the "government-in-exile" and returned in groups to China to settle down permanently. They include Doje Balsang (Su Yonghe), the original headman of Heishui, Aba in Sichuan Province, who once represented the three Tibetan-inhabited areas to submit a letter of appeal to the United Nations; Ngalo Qunze, the former head of the "people's assembly;" and Dainba Chilie, secretary-general of the "public security department" of the "government-in-exile." Besides the 10,000-plus Tibetans in exile who returned to China in the 1960s and 70s, another 2,000 have returned to settle since 1979 ».
- (en) Wang Zai-Tian, en exil2004.htm#_Toc84238985 A brief introduction of Tibet history and lamaism : « Inferior living standard of India and rapid economy develoment back in Tibet caused increasing refugees to flow back, while Kashag in exile runs all out to curb the trend (10) (note 10 : Xu Ming-Xu, Intrigue and Devoutness: The Origin and Development of the Tibet Riots, Toronto, Mirror Books, 1999, p. 149 ».
- (en) China woos overseas Tibetans, Global Times, 10 septembre 2012.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- (en) Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, rapport détaillé sur la situation des tibétains en exil
- (en) Phurbu Thinley, Coming to India was the right decision: Dalai Lama, Phayul.com, 31 mars 2009
- (en) Tsering Shakya, Twice removed: Tibetans in North America, Himal Southasian, décembre 2014