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Corps Ă©tranger rectal

Les corps Ă©trangers rectaux sont de grands objets Ă©trangers prĂ©sents dans le rectum, la plupart du temps introduits manuellement dans l'anus. Ils atteignent de l'importance clinique s'il est devenu impossible de les retirer de la façon prĂ©vue. Parfois des objets ingĂ©rĂ©s par voie orale passent par le systĂšme digestif jusqu'au rectum, oĂč ils peuvent se manifester lors d'une imagerie mĂ©dicale. Cependant, Ă  cause de leur taille typiquement infĂ©rieure, ils ne sont que rarement pertinents en termes cliniques.

Corps Ă©tranger rectal
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Radiographie d'une bouteille dans le rectum.
Classification et ressources externes
CIM-10 T18.5
CIM-9 937
DiseasesDB 4910
eMedicine 776795
proc/80963

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Les corps Ă©trangers rectaux se classent parmi les corps Ă©trangers dans l'appareil digestif[1] - [2].

Causes

Raisons

Les causes menant à l'introduction rectale d'un corps étranger sont nombreuses, les plus fréquentes étant des motivations sexuelles ou criminelles[3]. Dans la plupart des cas, l'objet en question a été introduit volontairement ; il s'agit surtout de pratiques destinées à la stimulation sexuelle, qui constituent la cause principale responsable pour les corps étrangers rectaux. Les estimations dans la littérature s'élÚvent à une incidence de quelque 80 %, dont 10 % dans le contexte d'une agression sexuelle[4].

Le « body packing », c'est-Ă -dire le portage clandestin de substances illegales dans un orifice corporel, est une autre pratique qui peut impliquer l'introduction d'un corps Ă©tranger dans le rectum[5]. Des objets aptes pour des attaques sur l'intĂ©gralitĂ© corporelle, notamment des couteaux, des armes ou des munitions, Ă©galement se prĂȘtent au transport rectal.

En plus, des tentatives échouées d'auto-traiter une maladie de base peuvent constituer une cause. Un patient, par exemple, essaya de traiter sa diarrhée persistante en introduisant un épi de maïs dans son rectum[6]. Un autre voulut soulager le prurit chronique dû à sa pathologie hémorroïdaire avec une brosse à dents. La brosse à dents s'échappa de sa maßtrise et disparut dans son rectum[7].

Lors des accidents ou de la torture, des corps étrangers peuvent entrer dans le rectum d'une personne de façon involontaire[8]. En GrÚce antique, les hommes adultÚres étaient soumis à la rhaphanidose, qui consistait à introduire un radis dans l'anus. Dans un cas contemporain, la pointe d'un thermomÚtre médical à mercure se détacha durant la prise de température rectale, exigeant une intervention médicale pour la récupérer[9]. Il faut noter que beaucoup de patients qui consultent à cause d'un corps étranger rectal présentent leur situation délicate comme étant le résultat d'un accident, ayant honte de la vérité.

Rarement, l'introduction du corps Ă©tranger est effectuĂ©e dĂ©libĂ©rĂ©ment de façon qu'il devienne difficile, voire impossible, de l'extraire sans assistance mĂ©dicale. Ces cas peuvent s'attribuer au syndrome de MĂŒnchhausen[10], pathologie psychiatrique qui pousse les patients atteints soit d'inventer, soit de s'infliger sciemment une affection de dimensions cliniques dans le but d'attirer la compassion ou l'attention des professionnels mĂ©dicaux et soignants.

Causes accidentelles

Il y a plusieurs raisons qui peuvent contribuer Ă  ce qu'un corps Ă©tranger introduit dans le rectum s'y loge sans moyen facile de l'enlever. Ça concerne notamment les personnes qui, Ă  la recherche d'une stimulation plus forte, font entrer l'objet de leur choix trop loin dans l'anus jusqu'Ă  son passage complet, rendant une extraction manuelle presque impossible. Cela est dĂ» au sphincter interne de l'anus, qui Ă©chappe au contrĂŽle volontaire et constituera donc un blocage mĂ©canique une fois contractĂ©[11]. D'ailleurs, beaucoup de sex-toys ont une pointe conique qui facilite la pĂ©nĂ©tration tandis que leur base est plate. De tels objets, introduits dans le bon sens mais glissĂ©s par-delĂ  les deux sphincters anaux, sont particuliĂšrement difficiles Ă  rĂ©cupĂ©rer puisqu'il n'est guĂšre possible d'en saisir le bout.

Exemples

L'espĂšce et la taille des corps Ă©trangers rectaux dĂ©jĂ  rencontrĂ©s aux urgences dans certains cas dĂ©passent les limites de l'imagination anatomique mĂȘme des professionnels mĂ©dicaux[3]. Parmi les objets documentĂ©s dans la littĂ©rature, on trouve[3] - [10] - [11] - [12] - [13] - [14] - [15]:

  • Anguille
  • ArĂȘte de poisson
  • Balle de ping-pong
  • Banane
  • BĂąton Ă  caoutchouc dur
  • Blague Ă  tabac et magazine roulĂ© Ă  la fois
  • Bock
  • Bombe aĂ©rosol
  • Bougie
  • Boule de pĂ©tanque
  • Boules de geisha
  • Bouteille de champagne, de coca, etc.
  • Carotte
  • ClĂ© de valise
  • Concombre
  • Contenant de drogues
  • Éclats d'os
  • Épi de maĂŻs
  • Épingle Ă  cheveux
  • Étui Ă  brosse Ă  dents
  • Foret
  • Godemichet
  • Lame de rasoir
  • Lampe Ă  incandescence
  • Lunettes
  • Manche de bĂȘche (19 cm)
  • Morceau de gingembre prĂ©parĂ©
  • Munitions de fusil
  • Obus de la seconde guerre mondiale
  • Oignon
  • Ouvre-boĂźte
  • Parapluie en housse
  • Part cĂ©dĂ©e d'un manche Ă  balai
  • PĂ©tard
  • Pied de chaise (27 cm)
  • Pomme
  • Pot de marmelade
  • Queue de porc glacĂ©e
  • Quotidien roulĂ©
  • Tasse
  • Tournevis
  • Trousse Ă  outils (15×12 cm)
  • Tube Ă©lectronique
  • Tube intestinal
  • UnitĂ© d'extension d'un aspirateur
  • Vibromasseur
  • Vis
  • Voiture-jouet

La diversitĂ© des corps Ă©trangers rectaux rĂ©cupĂ©rĂ©s au fil du temps ne se limite pas qu'aux objets solides. En 1987, par exemple, un homme administra Ă  lui-mĂȘme un lavement Ă  base de ciment. Le liant durcit rapidement dans son rectum en sorte que le solide rĂ©sultĂ© dut ĂȘtre enlevĂ© chirurgicalement[16].

Dans un autre exemple extrĂȘme, un homme dĂ©pressif en 1953 introduisit un tube en carton de 15 cm dans son anus et lança dedans un pĂ©tard allumĂ©. L'explosion suivante lui produisit une perforation rectale importante[17].

Diagnostic

Les informations obtenues durant le diagnostic sont d'une importance capitale en choisissant le traitement le plus apte en vue du cas particulier. Un corps étranger rectal peut pénétrer profondément le cÎlon, dans certains cas jusqu'à l'angle colique gauche[3] ; il faut surtout que le traitement ne cause aucune perforation.

Typiquement plusieurs radiographies sont requises pour que l'on puisse localiser précisément le corps étranger et déterminer jusqu'à quelle profondeur il a avancé. Généralement, on utilise les rayons X à cette fin. Les corps étrangers composés de matériaux à bas contraste, comme par exemple le plastique, peuvent faire indiquer un examen échographique ou tomodensitométrique (TDM, couramment dit « scanographie »)[18]. L'imagerie par résonance magnétique (IRM) est contre-indiquée, surtout lors d'un corps étranger inconnu. L'endoscopie, dont l'emploi peut aussi servir des fins thérapeutiques, aide à l'identification et à la localisation de l'objet coincé dans le rectum[19].

FrĂ©quemment les patients atteints d'un corps Ă©tranger rectal ont trĂšs honte durant l'anamnĂšse et ne donnent qu'Ă  contrecƓur des renseignements lĂ -dessus, parfois en omettent des informations clĂ©s pour dĂ©terminer la thĂ©rapie adĂ©quate. Pour la mĂȘme raison, les personnes affectĂ©es dans de nombreux cas ne consultent que trĂšs tard, lorsqu'elles ne supportent plus la douleur. Le traitement confiant et sensible des patients gĂȘnĂ©s joue un rĂŽle essentiel pour le succĂšs thĂ©rapeutique[18] et peut mĂȘme sauver des vies[20].

Traitement

Fragment de bouteille à cÎté de l'anse à polypectomie utilisée pour l'extraire.

Les mesures thérapeutiques qualifiées à l'extraction d'un corps étranger du rectum sont aussi nombreuses que les objets capables de s'y loger. La plupart des patients attendent des heures, voire des jours, avant de demander de l'aide professionnelle. Souvent, des tentatives profanes d'enlÚvement auront déjà eu lieu à ce point-là, seules ou assistées par autrui. Cependant, elles ont tendance à exacerber la situation fùcheuse plutÎt que la résoudre.

Dans la majoritĂ© des cas, le corps Ă©tranger se prĂȘte Ă  une extraction endoscopique. Il est trĂšs commun, par exemple, d'attraper les vibromasseurs avec de larges anses, utilisĂ©es normalement en enlevant des polypes[21]. Les objets plus petits, comme les thermomĂštres mĂ©dicaux, se laissent maĂźtriser avec des pinces Ă  biopsie[22]. En prĂ©sence d'un corps Ă©tranger trop volumineux, l'emploi d'un endoscope flexible n'est pas conseillĂ© ; les instruments chirurgicaux rigides se sont avĂ©rĂ©s supĂ©rieurs dans ces cas[3].

Dans d'autres instances, des instruments normalement employĂ©s lors des accouchements, comme les forceps[23] ou les ventouses[24], ont fait leurs preuves. Les objets en bois s'abordent parfois avec un tire-bouchon, les verres en les remplissant avec du plĂątre[23] - [25]. Une cuillĂšre introduite avant une telle procĂ©dure est apte Ă  servir d'ancre une fois que le plĂątre s'est solidifiĂ©, facilitant ainsi l'enlĂšvement[12]. Les lampes Ă  incandescence peuvent ĂȘtre enveloppĂ©es dans de la gaze, puis fracassĂ©es et retirĂ©es[12].

D'ailleurs, il y a eu des applications à succÚs de l'électrocoagulation au plasma argon. Dans l'un des cas documentés, un patient de 44 ans se présenta avec une pomme coincée dans son rectum. Comme le fruit était emballé dans de la cellophane, l'approche endoscopique échoua ; la coagulation au plasma argon, par contre, parvint à rétrécir le corps étranger pour 50 %, permettant son extraction[26].

Si l'objet a avancé trop loin dans le rectum, jusqu'au cÎlon sigmoïde, les méthodes mentionnées ci-dessus ne se qualifient plus à la thérapie. De possibles alternatives incluent le repos au lit et la sédation, dans l'espoir que le corps étranger finira par descendre une distance suffisante pour l'attraper plus tard[11].

Approximativement 10 % des cas exigent une laparotomie, c'est-à-dire l'ouverture de la cavité abdominale[3]. Elle permet de ramener l'objet dans une position plus favorable à travers la manipulation directe du gros intestin. Dans certains cas exceptionnels, l'ouverture chirurgicale du gros intestin, dite colotomie, est indiquée. Majoritairement, il s'agira de corps étrangers qui posent un risque substantiel pour la santé, comme par exemple un préservatif rempli de drogues[19].

Les cas moins graves sont gĂ©rĂ©s avec de la sĂ©dation ou avec de l'anesthĂ©sie locale ou spinale. Les procĂ©dures plus invasives, comme la laparotomie ou la colotomie, se rĂ©alisent sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale. Elle a l'avantage additionnel de relaxer les sphincters anaux dans une certaine mesure[3]. À la suite d'une intervention chirurgicale, il est recommandĂ© de rĂ©examiner les derniers 30 Ă  40 centimĂštres du gros intestin en recherche d'Ă©ventuelles perforations ou lĂ©sions des muqueuses[27] – pratique dite sigmoĂŻdoscopie. La nĂ©cessitĂ© d'un suivi rĂ©sidentiel dĂ©pend du cas particulier, devenant plus probable plus sophistiquĂ© le traitement.

NĂ©gligence

En manque de traitement immédiat, les corps étrangers rectaux plus grands peuvent donner lieu à une occlusion intestinale par obstruction mécanique, bloquant le passage des selles. Cet effet est aggravé par la dilatation rectale, qui perturbe le péristaltisme du cÎlon.

Des lĂ©sions Ă  la paroi intestinale causĂ©es par le corps Ă©tranger sont sujettes Ă  s'enflammer, indĂ©pendamment de leur taille. En cas de perforation, la sortie de matiĂšre fĂ©cale dans la cavitĂ© abdominale peut entraĂźner une pĂ©ritonite ou des abcĂšs rĂ©tropĂ©ritonĂ©aux prĂ©sentant des risques vitaux. Les objets plus petits qui ne percent pas la paroi intestinale sont susceptibles d'ĂȘtre incorporĂ©s lĂ -dedans en tant que granulome avec le potentiel de passer inaperçus pour des annĂ©es.

Exemples

Le symbole « ∅ » dĂ©signe des procĂ©dures sans anesthĂ©sie ; les cellules vides indiquent l'absence d'informations sur les conditions anesthĂ©siques dans la source citĂ©e.

Objet Outil ou méthode d'extraction Anesthésie
Balle spongieuse[28] Ventouse générale
Ballon rempli d'eau[29] ParacentĂšse
Barre de fer[30] Coloscope à deux canaux opérateurs, fils métalliques
BĂąton de bois[31] Extraction manuelle, dilatation anale Ă  deux mains spinale
Boule en caoutchouc[31] Extraction manuelle, dilatation anale générale
Bout de bois[32] Extraction manuelle générale
Bout d'une pompe Ă  lavement[33] Anse Ă  polypectomie
Bouteille[34] Extraction manuelle, dilatation anale générale
Bouteille en forme de quille[22] Forceps obstétrical générale
Bouteille en verre Pince à biopsie[22] générale
Ventouse[18] générale, spinale
Bouteille en verre de 20 onces[24] Ventouse spinale
Carotte[35] Tracteur de fibrome
Couvercle d'une bombe aérosol[36] Pinces ténaculum (2), dilatation anale générale
Crayon[37] Anse Ă  polypectomie
Cure-dent[38] Anse Ă  polypectomie
Godemichet[39] Tracteur de fibrome
Goulot[40] Sonde de Foley gonflée générale
Os de poulet Extraction manuelle[41] ∅
Anse Ă  polypectomie[42]
Pomme[43] Extraction Ă  deux mains locale
Pomme emballĂ©e dans de la cellophane[26] DĂ©fragmentation par coagulation au plasma argon ∅
Spray autobronzant[27] Dilatateur à ballonnet d'achalasie ∅
Stylo Ă  bille[44] Anse Ă  polypectomie
ThermomÚtre[22] Pince à biopsie générale
Tube à essai Sonde de Sengstaken et Blakemore gonflée[45]
Anse Ă  polypectomie[33]
Vase[46] Remplissage de l'objet avec du plùtre générale
Vibromasseur Forceps obstétrical, dilatation anale[47] locale
Pince utérine à Museaux[48] locale
Anse à polypectomie[22] ∅
Pince de Kocher[22] locale
Flacon d'aprĂšs-rasage[49] Davier Ă  os de Farabeuf et Lambotte spinale
RĂ©cipient en verre[50] Remplissage de l'objet avec du plĂątre spinale
Récipient en verre[51] Sonde endotrachéale locale
Récipient en verre[52] Sonde de Foley gonflée générale
Lampe à incandescence de 100 watts[53] Sondes de Foley gonflées (3)
Flacon de parfum[13] Extraction manuelle spinale
Étui Ă  brosse Ă  dents[54] Sonde de Fogarty gonflĂ©e
Gant de cuisine[55] Pince, dilatation anale générale
Tuyau d'évacuation des eaux usées[23] Forceps obstétrical générale
Boule de pĂ©tanque[56] Électroaimant gĂ©nĂ©rale
Lampe Ă  incandescence[57] Compression abdominale spinale

Complications

La complication la plus frĂ©quente, bien qu'assez rare, est la perforation du rectum – qu'elle soit Ă  cause du corps Ă©tranger lui-mĂȘme ou des mesures prises en l'extrayant. Les perforations diagnostiquĂ©es dans un cadre clinique s'opĂšrent typiquement sans dĂ©lai, le segment perforĂ© du cĂŽlon Ă©tant ou suturĂ© ou excisĂ©. L'administration suivante d'antibiotiques pour prĂ©venir des infections[11] est normalement complĂ©mentĂ©e par une colostomie temporaire qui protĂšge les points de suture[4]. La continuitĂ© de l'intestin peut ĂȘtre rĂ©tablie dans une deuxiĂšme opĂ©ration aussitĂŽt qu'un produit de contraste injectĂ© par lavement a confirmĂ© la cicatrisation complĂšte de la suture. Il s'agit habituellement d'une pĂ©riode transitoire de trois Ă  six mois entre les deux chirurgies[58]. Le sĂ©jour Ă  l'hĂŽpital lors d'une perforation s'Ă©lĂšve en moyen Ă  19 jours[11].

Encore plus rares, la littĂ©rature fait Ă©tat de quelques dĂ©cĂšs liĂ©s Ă  des corps Ă©trangers rectaux. Dans un cas, un homme de 75 ans mourut par suite d'une perforation rectale, son anus ayant Ă©tĂ© pĂ©nĂ©trĂ© avec une canne par un individu atteint d'une maladie mentale[59]. Un autre patient, entre deux Ăąges, perfora sa paroi intestinale avec un vibromasseur dans un accident autoĂ©rotique. MalgrĂ© son traitement immĂ©diat, le traumatisme lui produisit un syndrome de dĂ©tresse respiratoire aigĂŒe (SDRA) ainsi qu'un syndrome de rĂ©ponse inflammatoire systĂ©mique (SRIS), menant finalement Ă  sa mort du syndrome de dĂ©faillance multiviscĂ©rale (SDMV)[60]. Le chausse-pied est un autre objet dont l'introduction rectale a dĂ©jĂ  conduit Ă  la mort d'un patient[61].

En phase postopĂ©ratoire, il est primordial de mĂ©nager le rectum jusqu'Ă  sa guĂ©rison totale. Un homme de 54 ans, qui avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© opĂ©rĂ© deux fois pour enlever des corps Ă©trangers — un concombre et un panais — mourut des suites d'une pĂ©ritonite contractĂ©e quand il introduisit deux pommes avant que la plaie de la chirurgie prĂ©cĂ©dente ne soit guĂ©rie[12].

ÉpidĂ©miologie

Il n'y a pas de statistique fiable sur l'incidence des corps étrangers rectaux qui causent des affections cliniquement significatives. On estime qu'elle aura augmenté pendant les derniÚres années[62] puisqu'il s'agit aujourd'hui d'un phénomÚne assez courant[28] - [63]. Néanmoins, on suppose une incidence importante de sous-déclaration.

Les corps Ă©trangers rectaux se trouvent beaucoup plus frĂ©quemment chez les hommes que chez les femmes. Le rapport est situĂ© autour de 28:1[62] - [64] - [65], voire 37:1, selon une mĂ©ta-analyse de l'an 2010. L'Ăąge moyen des patients Ă©tait de 44,1 ans avec un Ă©cart type de 16,6 ans[66].

Le premier cas documenté dans la littérature date du XVIe siÚcle[10] - [67].

D'origine orale

Il est assez rare qu'un objet ingĂ©rĂ© par voie orale parvienne Ă  avancer jusqu'au rectum mais lĂ -bas finisse par crĂ©er une affection de pertinence clinique. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les resserrements antĂ©rieurs le long du systĂšme digestif entraveront auparavant le passage de potentiels corps Ă©trangers rectaux – notamment l'Ɠsophage, le cardia, le pylore et la valvule ilĂ©ocĂ©cale. Les fragments d'os ou les cure-dents peuvent quand mĂȘme provoquer ce prĂ©cis scĂ©nario lorsqu'ils franchissent les obstacles mentionnĂ©s, mais, arrivĂ©s dans le rectum, bougent et causent des lĂ©sions[2] - [62]. Les os, de poulet dans bien des cas, sont particuliĂšrement dangereux Ă  cet Ă©gard, Ă©tant responsables pour prĂšs de la moitiĂ© des perforations rectales[41] - [68].

Parmi les aliments vĂ©gĂ©taux, les semences comme le pop-corn[69] ou les graines de tournesol, potiron ou pastĂšque sont capables de conglutiner dans le gros intestin et former des bĂ©zoards trop volumineux pour un passage anal. Ce genre de corps Ă©tranger acquiert de la pertinence clinique surtout chez les enfants. Son incidence est particuliĂšrement significative en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, oĂč les graines constituent d'importants aliments de base[70] - [71]. Dans une minoritĂ© de cas, les semences peuvent germer encore coincĂ©es dans le gros intestin en tant que bĂ©zoard et ainsi effectuer un blocage[72].

En médecine vétérinaire

Les corps étrangers rectaux sont des occurrences assez rares en médecine vétérinaire. Comme chez l'humain, tout ce qui est ingérée oralement et traverse à succÚs le tube digestif jusqu'au rectum a une forte tendance à en sortir sans assistance médicale[73]. Cela dit, les animaux sont aussi sujets à développer des bézoards de divers matériaux qui peuvent produire des problÚmes dans le rectum[74]. Les corps étrangers atypiques normalement témoignent d'abus sexuel ou sadique d'origine humaine[75].

Dans la vie politique et culturelle

Affaire Đorđe Martinović

Le , Đorđe Martinović, Serbe Ă©thnique de 56 ans de Gnjilane (en albanais : Gnjilan) au Kosovo, se prĂ©senta aux urgences avec une bouteille cassĂ©e coincĂ©e dans son rectum. Il affirma avoir Ă©tĂ© agressĂ© par deux hommes albanophones alors qu'il travaillait dans son champ. Une interrogation conduite par l'armĂ©e populaire yougoslave toutefois arriva Ă  la conclusion que Martinović lui-mĂȘme s'Ă©tait infligĂ© les blessures dans une tentative de masturbation Ă©chouĂ©e. Plus prĂ©cisĂ©ment, le procureur soupçonnait que Martinović avait mis une bouteille de biĂšre sur un bĂąton en bois, enfoncĂ©e celui dans le sol et puis s'Ă©tait assis au-dessus[76].

À Belgrade, par contre, une Ă©quipe mĂ©dicale supranationale convoquĂ©e spĂ©cialement afin d'Ă©clairer l'incident rejeta cette Ă©valuation en supposant que le corps Ă©tranger avait Ă©tĂ© « insĂ©rĂ©, ou bien enfoncĂ©, de maniĂšre forte, brutale et soudaine » Ă  partir du cul de bouteille, acte jugĂ© physiquement impossible sans l'aide d'autrui[77]. En revanche, un autre comitĂ© rassemblĂ© en recherche d'une seconde opinion soutint l'hypothĂšse initiale de l'armĂ©e populaire un mois plus tard, qualifiant de plausible la possibilitĂ© d'un accident autoĂ©rotique. Les autoritĂ©s yougoslaves et serbes finirent sans poursuivre le cas[78].

L'incident avec sa vaste rĂ©ception mĂ©diatique et sociale devint un Ă©pisode clĂ©, avant la dislocation de la Yougoslavie en 1991. La fĂ©dĂ©ration communiste avait traitĂ© antĂ©rieurement toute forme de nationalisme ouvert comme sujet tabou, les mĂ©dias s'y conformant en minimisant la proĂ©minence matĂ©rielle de l'enjeu. L'affaire Martinović brisa ce tabou : du cĂŽtĂ© serbe, elle Ă©tait largement interprĂ©tĂ©e comme un exemple de persĂ©cution concertĂ©e par les Albanais, tandis que ces derniers insistaient pour qu'il s'agisse d'un accident instrumentalisĂ© par le cĂŽtĂ© serbe, dans le but de justifier des revendications territoriales[76].

Prix Ig-Nobel

En 1995, David B. Busch et James R. Starling de Madison (Wisconsin) se virent décerner le prix Ig-Nobel pour leur article « Rectal foreign bodies: case reports and a comprehensive review of the world's literature »[13] (en français : « Corps étrangers rectaux : études de cas et un compte rendu de la littérature globale »)[79].

Références

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