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Clos-de-tart

Le clos-de-tart[4] est un vin français d'appellation d'origine contrôlée produit sur le climat du Clos de Tart à Morey-Saint-Denis, en Côte-d'Or. Il s'agit d'un grand cru de la côte de Nuits, en Bourgogne.

Côte de Nuits
Image illustrative de l’article Clos-de-tart
Le Clos de Tart.

Désignation(s) Côte de Nuits
Appellation(s) principale(s) clos-de-tart
Type d'appellation(s) AOC
Reconnue depuis 1939
Pays Drapeau de la France France
Région parente vignoble de Bourgogne
Sous-région(s) vignoble de la côte de Nuits
Localisation Côte-d'Or
Climat tempéré océanique à tendance continentale
Sol argilo-calcaire
Superficie plantée 7,51 hectares en 2008[1]
Cépages dominants pinot noir
Vins produits 100 % rouges
Production 209 hectolitres, soit 27 797 bouteilles en moyenne[2]
Rendement moyen à l'hectare 35 à 49 hl/ha[3]

Histoire

Antiquité

L’édit de l'empereur romain Domitien, en 92, interdisait la plantation de nouvelles vignes hors d’Italie ; il fit arracher partiellement les vignes en Bourgogne afin d’éviter la concurrence. Le vignoble résultant suffisait aux besoins locaux[5]. Mais Probus annula cet édit en 280[6]. En 312, un disciple d'Eumène[7] rédigea la première description du vignoble de la Côte d'Or[8].

Moyen Âge

Philippe II le Hardi

Dès le début du VIe siècle, l’implantation du christianisme avait favorisé l’extension de la vigne par la création d’importants domaines rattachés aux abbayes. Ainsi l'abbaye de Cîteaux (créée en 1098) avec des plantations en Côte-d'Or[9]. Le domaine fut créé au XIIe siècle, en 1141 par des religieuses cisterciennes : les Bernardines de Tart, de l'abbaye de Tart[10]. En l'an 1395, Philippe II le Hardi décida d’améliorer la qualité des vins et interdit la culture du gamay au profit du pinot noir dans ses terres[9]. Enfin, en 1416, Charles VI fixa par un édit les limites de production du vin de Bourgogne[11]. En 1422, d'après les archives, les vendanges eurent lieu en Côte de Nuits au mois d'août[12]. À la mort de Charles le Téméraire, le vignoble de Bourgogne fut rattaché à la France, sous le règne de Louis XI.

Période moderne

Aussi, en 1700, l'intendant Ferrand rédigea-t-il un « Mémoire pour l'instruction du duc de Bourgogne » lui indiquant que dans cette province les vins les meilleurs provenaient des « vignobles [qui] approchent de Nuits et de Beaune »[13]. Après les Bernardines, la famille Marey-Monge s'en empare à la Révolution française.

Période contemporaine

Phylloxéra

XIXe siècle

Dans les décennies 1830-1840, la pyrale survint et attaqua les feuilles de la vigne. Elle fut suivie d'une maladie cryptogamique, l'oïdium[14]. Le millésime 1865 a donné des vins aux teneurs naturelles en sucres très élevées et des vendanges assez précoces[12]. À la fin de ce siècle, arriva deux nouveaux fléaux de la vigne. Le premier fut le mildiou, autre maladie cryptogamique, le second le phylloxéra. Cet insecte térébrant venu d'Amérique mis très fortement à mal le vignoble[14]. Après de longues recherches, on finit par découvrir que seul le greffage permettrait à la vigne de pousser en présence du phylloxéra.

XXe siècle

Le mildiou provoqua un désastre considérable en 1910. Il passe en 1919 à Edith Marey-Monge, épouse d'Hervé de Blic. La famille Mommessin rachète le clos-de-tart en 1932 lors d'une vente aux enchères[10]. Pendant ce temps, Henri Gouges avait rejoint au niveau national le combat mené par le sénateur Joseph Capus et le baron Pierre Le Roy de Boiseaumarié qui allait aboutir à la création des appellations d'origine contrôlée. Il devint le bras droit du baron à l'INAO[15]. Ainsi cette AOC fut créée en 1939[16]. Apparition de l'enjambeur dans les années 1960-70, qui remplace le cheval. Les techniques en viticulture et œnologie ont bien évolué depuis 50 ans (vendange en vert, table de triage, cuve en inox, pressoir électrique puis pneumatique...). La maison Mommessin a vendu son négoce au groupe Boisset en 1997, et n'a conservé que le Clos de Tart.

XXIe siècle

Avec la canicule de 2003, les vendanges débutèrent pour certains domaines cette année-là à la mi-août, soit avec un mois d'avance, des vendanges très précoces qui ne s'étaient pas vues depuis 1422 et 1865 d'après les archives[12].

Il est racheté en 2018 par Artémis, appartenant à la famille Pinault[17].

Situation géographique

Géologie et orographie

Éboulis qui couvre le soubassement calcaire (40 à 120 cm de terre). Sols argilo-calcaire.

Climatologie

C'est un climat tempéré à légère tendance continentale.

Pour la ville de Dijon (316 m d'altitude), les valeurs climatiques jusqu'à 1990 :

Relevés Dijon ????-1990
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −1 0,1 2,2 5 8,7 12 14,1 13,7 10,9 7,2 2,5 −0,2 6,3
Température moyenne (°C) 1,6 3,6 6,5 9,8 13,7 17,2 19,7 19,1 16,1 11,3 5,6 2,3 10,5
Température maximale moyenne (°C) 4,2 7 10,8 14,7 18,7 22,4 25,3 24,5 21,3 15,5 8,6 4,8 14,8
Précipitations (mm) 49,2 52,5 52,8 52,2 86,3 62,4 51 65,4 66,6 57,6 64,2 62 732,2
Source : Infoclimat : Dijon (????-1990)[18]

Vignoble

Présentation

Ce domaine de Bourgogne de 7,53 hectares[19] d'un seul tenant appartient à la maison Mommessin[20] avant d'être la propriété d'Artémis. Le régisseur est Sylvain Pitiot de 1996 à 2015, s'est ensuivi de Jacques Devauges en 2015 puis d'Alessandro Noli le .

Le domaine est situé en côte de Nuits à Morey-Saint-Denis. Il est un des cinq grands crus du village avec les clos Saint-Denis, clos de la Roche, clos des Lambrays et Bonnes-Mares (grand cru principalement situé sur la commune voisine de Chambolle-Musigny).

Clos de Tart est à la fois le nom du domaine et le nom de l'appellation, c'est un monopole : un seul propriétaire couvre toute l'appellation.

Encépagement

Le pinot noir compose exclusivement les vins rouges de l'AOC. Il est constitué de petites grappes denses, en forme de cône de pin[21] composées de grains ovoïdes, de couleur bleu sombre[21]. C'est un cépage délicat, qui est sensible aux principales maladies et en particulier au mildiou, au rougeot parasitaire, à la pourriture grise (sur grappes et sur feuilles), et au cicadelles[22]. Ce cépage, qui nécessite des ébourgeonnages soignés, a tendance à produire un nombre important de grapillons[22]. Il profite pleinement du cycle végétatif pour mûrir en première époque. Le potentiel d'accumulation des sucres est élevé pour une acidité juste moyenne et parfois insuffisante à maturité. Les vins sont assez puissants, riches, colorés, de garde[23]. Ils sont moyennement tanniques en général.

Méthodes culturales

Pied de vigne taillé en Guyot simple

Travail manuel

Ce travail commence par la taille, en « guyot simple », avec une baguette de cinq à huit yeux et un courson de un à trois yeux[24]. Le tirage des sarments suit la taille. Les sarments sont enlevés et peuvent être brûlés ou mis au milieu du rang pour être broyés. On passe ensuite aux réparations. Puis vient le pliage des baguettes. Éventuellement, après le pliage des baguettes, une plantation de nouvelles greffes est réalisée. L'ébourgeonnage peut débuter dès que la vigne a commencé à pousser. Cette méthode permet, en partie, de réguler les rendements[24]. Le relevage est pratiqué lorsque la vigne commence à avoir bien poussé. En général, deux à trois relevages sont pratiqués. La vendange en vert est pratiquée de plus en plus dans cette appellation. Cette opération est faite dans le but de réguler les rendements et surtout d'augmenter la qualité des raisins restants[24]. Pour finir, avec le travail manuel à la vigne, se réalise l'étape importante des vendanges.

Travail mécanique

L'enjambeur est d'une aide précieuse. Les différents travaux se composent du broyage des sarments, réalisé lorsque les sarments sont tirés et mis au milieu du rang. De trou fait à la tarière, là où les pieds de vignes sont manquants, en vue de planter des greffes au printemps. De labourage ou griffage, réalisé dans le but d'aérer les sols et de supprimer des mauvaises herbes. De désherbage fait chimiquement pour tuer les mauvaises herbes. De plusieurs traitements des vignes, réalisés dans le but de les protéger contre certaines maladies cryptogamiques (mildiou, oïdium, pourriture grise, etc.) et certains insectes (eudémis et cochylis)[24]. De plusieurs rognages consistant à reciper ou couper les branches de vignes (rameaux) qui dépassent du système de palissage.

Rendements

Les rendements sont de l'ordre de 35 hectolitres par hectare[25].

Vins

Titres alcoométriques volumique minimal et maximal

AOC Rouge Rouge
Titre alcoométrique volumiqueminimalmaximal
Grand cru[25]11,5 %14,5 %

Vinification et élevage

Voici les méthodes générales de vinification de cette appellation. Il existe cependant des petites différences de méthode entre les différents viticulteurs et négociants.

Le vin de cépage pinot noir est vinifié en fût de chêne neuf à 100 % pendant 18 mois. Les raisins sont éraflés à 85 %. Toutefois, en millésime 2005, a été tenté une expérience de vinification dans une cuve dont les raisins n'ont pas été éraflés. Il n'y a pas de levures artificielles.

Vinification en rouge

La récolte des raisins se fait à grande maturité et de façon manuelle avec une vinification selon les parcelles[26]. La vendange manuelle est triée, soit à la vigne soit à la cave avec une table de tri, ce qui permet d'enlever les grappes pourries ou insuffisamment mûres[24]. La vendange manuelle est partiellement éraflée selon la vendange, le millésime et la maturité des rafles[26]. La vendange est ensuite mise en cuve. Une macération pré-fermentaire à froid est quelquefois pratiquée. La fermentation alcoolique peut démarrer, le plus souvent après un levurage. Commence alors le travail d'extraction des polyphénols (tanins, anthocyanes) et autres éléments qualitatifs du raisin (polysaccharides etc.)[24]. L'extraction se faisait par pigeage, opération qui consiste à enfoncer le chapeau de marc dans le jus en fermentation à l'aide d'un outil en bois ou aujourd'hui d'un robot pigeur hydraulique. Plus couramment, l'extraction est conduite par des remontages, opération qui consiste à pomper le jus depuis le bas de la cuve pour arroser le chapeau de marc et ainsi lessiver les composants qualitatifs du raisin. Les températures de fermentation alcoolique peuvent être plus ou moins élevées suivant les pratiques de chaque vinificateur avec une moyenne générale de 28 à 35 degrés au maximum de la fermentation[24]. La chaptalisation est réalisée si le degré naturel est insuffisant : cette pratique est réglementée[24]. À l'issue de la fermentation alcoolique suit l'opération de décuvage qui donne le vin de goutte et le vin de presse. La fermentation malolactique se déroule après mais est dépendante de la température. Le vin est soutiré et mis en fût ou cuve pour son élevage. L'élevage se poursuit pendant plusieurs mois (12 à 24 mois)[24] puis le vin est collé, filtré, avec un assemblage des différentes barriques avant la mise en bouteilles[26].

Terroir et vins

Rubis sombre. Arômes de fraise, de violette... Bouche robuste, tannique (jeune), complexe (âgé), charmeuse.

Gastronomie, garde et température de service

S'accorde bien avec des gibiers à plumes, de la volaille, du fromage (fromages forts, à pates molles et croute lavée)...

Se sert entre 18 et 20 degrés. Se garde entre 10 et 15 ans (20 ans pour les grands millésimes).

Économie

Commercialisation

Sa production annuelle est de l'ordre de 226 hectolitres[27] donnant 30 130 bouteilles[16].

Ce vin est très réputé, 65 % de la production est exportée. Les principaux pays où il est vendu sont la France, les États-Unis, la Suisse, le Royaume-Uni, le Canada et le Japon.

Son prix est très élevé. Le 2004 se vend à 120 euros, le 2005 à 150 euros et le 2006 à 200 . Ce prix n'empêche toutefois pas le domaine de vendre la totalité de son vin et les millésimes sont souvent réservés avant même leur mise en bouteille.

Le domaine fait, certaines années, un second vin appelé « La Forge de Tart » déclassé en morey-saint-denis premier cru afin de rehausser la qualité du Clos de Tart.

Bibliographie

  • André Dominé : Le Vin, éditions Place des Victoires, Paris, 2000, 928 pages, (ISBN 2844591086)
  • Christian Pessey : Vins de Bourgogne (Histoire et dégustations), édition : Flammarion, Paris, 2002, Histoire (91 pages) et Dégustations (93 pages) (ISBN 2080110179)
  • Le Figaro et La Revue du Vin de France : Les vins de France et du monde (20 volumes), no 6 (Chablis), 96 pages, Édité par La société du Figaro, Paris, 2008, (ISBN 978-2-8105-0060-4)
  • Le Figaro et La Revue du Vin de France : Les vins de France et du monde (20 volumes), no 11 (Côtes de Beaune), 96 pages, Édité par La société du Figaro, Paris, 2008, (ISBN 978-2-8105-0065-9)
  • Marcel Lachiver, Vins, vignes et vignerons. Histoire du vignoble français, Éd. Fayard, Paris, 1988, pp. 289, 367, 368, 372, 374. (ISBN 2-213-02202-X)
  • La Revue du Vin de France, hors série no 17 (), Clos-de-Tart.
  • Sylvain Pitiot et Claude Chapuis, Le Clos de Tart : climat et sous-climats, revue « Pays de Bourgogne » n° 231, , pp. 70-71.

Notes et références

  1. Un hectare = 10 000 = 24 ouvrées. Source pour la superficie : www.vins-bourgogne.fr
  2. Un hectolitre (hl) = 100 litres = 133 bouteilles ; moyenne des récoltes sur cinq ans entre 2004 et 2008. Source pour le volume : www.vins-bourgogne.fr
  3. Décret du 23 octobre 2009
  4. Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine
  5. Marcel Lachiver, op. cit., pp. 37-38.
  6. Henri Cannard : AOC Mercurey, Le vignoble d'hier, p. 27.
  7. Marcel Lachiver, op. cit., p. 39.
  8. Les plaintes des vignerons du Pagus Arebrignus in Docteur Morelot, Statistique de la vigne dans le département de la Côte-d'Or, Dijon-Paris, 1831., consulté le 25 novembre 2008.
  9. Le Figaro et La Revue du vin de France (2008) : Vins de France et du monde (Bourgogne : Chablis), L'histoire, p. 26.
  10. La Revue du Vin de France, hors série no 17 (novembre 2009), Clos-de-Tart, p. 44.
  11. Site du BIVB : Historique, consulté le 24 novembre 2008.
  12. La Revue du vin de France n°482S : Le Millésime 2003 en Bourgogne, p. 109
  13. Marcel Lachiver, op. cit., p. 370.
  14. Le Figaro et La Revue du vin de France (2008) : Vins de France et du monde (Bourgogne : Côte de Beaune), L'histoire, p. 26.
  15. Constant Bourquin, op. cit., p. 94.
  16. Site du BIVB
  17. « Avec le Clos de Tart, les Pinault ajoutent un grand cru de Bourgogne à leur carte », FIGARO, (lire en ligne, consulté le )
  18. Archives climatologiques mensuelles - Dijon (????-1990)
  19. André Dominé : Le vin (page 191 sur Clos-de-Tart).
  20. La maison de négoce Mommessin appartient au groupe Boisset. Sources : « Histoire de la maison Mommessin », sur http://www.mommessin.com/ ; « Mommessin », sur http://www.boisset.fr.
  21. Christian Pessey, Vins de Bourgogne, La vigne et le vin « Pinot noir », p. 12
  22. Catalogue des variétés et clones de vigne cultivés en France ENTAV, Éditeur
  23. Christian Pessey, Vins de Bourgogne, La vigne et le vin « Pinot noir », p. 13
  24. Conduite et gestion de l'exploitation agricole, cours de viticulture du lycée viticole de Beaune (1999-2001). Baccalauréat professionnel option viticulture-œnologie.
  25. Site de l'INAO (page : Produits : Liste des AOC), consulté le 29 aout 2008.
  26. La Revue du Vin de France, hors série no 17 (novembre 2009), Clos-de-Tart, p. 46.
  27. Passion vin

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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