Classe d'Estienne d'Orves
Les avisos type A69, classe d'Estienne d'Orves ont formé l'une des plus grandes séries de bâtiments de la Marine Nationale après 1945 avec 17 unités construites, plus trois autres pour l'exportation.
Entre 2011 et 2017, les avisos classe d'Estienne d'Orves sont allégés (retrait des missiles mer-mer Exocet, notamment) et reclassés en PHM (patrouilleur de haute mer). - [1].
PHM type A69 | |
Aviso Commandant Birot | |
Classe D'Estienne d'Orves | |
Caractéristiques techniques | |
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Type | Patrouilleur Haute Mer, ex AVISO |
Longueur | 80,5 m |
Maître-bau | 10,30 m |
Tirant d'eau | 5,60 m |
Tirant d'air | 25 m |
DĂ©placement | 1175 Tw, 1410 t Ă pleine charge. |
Propulsion | 2 moteurs diesels SEMT Pielstick 12 PC 2 V 400, 2 hélices à pas variable |
Puissance | 12 000 ch (8,845 MW) |
Vitesse | 24 nœuds |
Caractéristiques militaires | |
Armement |
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AĂ©ronefs | Survey Copter Aliaca (Ă partir de 2014) |
Rayon d’action | 4500 nautiques à 15 nœuds |
Autres caractéristiques | |
Électronique |
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Équipage | 7 officiers, 58 officiers mariniers, 24 quartiers-maîtres et matelots |
Histoire | |
Constructeurs | DCN, Lorient |
A servi dans | Marine nationale Marine argentine Marine turque |
Navires construits | 20 |
Navires en activité | 15 |
Navires désarmés | 5 |
Navires démolis | 2 |
Historique
Construits par la DCN sur le chantier naval de Lorient pour remplacer les escorteurs côtiers, les avisos type A69 (A pour « aviso », 69 pour l'année de décision de construction) sont entrés en service entre 1976 et 1984 avec les indicatifs visuels allant de F781 à F797. La construction d'un aviso nécessitait entre 600 000 et 650 000 heures de travail.
Ils sont conçus comme une classe de bâtiments économiques, construits en grande série, avec pour mission principale à l'origine du programme, la lutte anti-sous-marine par petits fonds, notamment sur le plateau continental.
Le coût de la construction de chaque unité était estimé à 270 millions de francs (41,160 millions d'euros).
Bien armés pour leur tonnage de 1 100 tonnes, ils n’emportent cependant pas d’hélicoptère, et leur vitesse limitée ne leur permet pas non plus de suivre les évolutions du groupe aéronaval.
Ils sont très vite déployés de par le monde. Leur endurance et leur faible coût de possession sont très appréciés des autorités. Les avisos A69 contribuent ainsi à la surveillance de la Zone économique exclusive française, à la sécurisation des sous-marins de la FOST, à la coopération ou à la défense des intérêts français sur les mers et notamment dans le golfe de Guinée, comme aux opérations de lutte contre la piraterie dans l’océan Indien[2].
En attendant une relève sans cesse reculée et dans un souci d'économie, ils sont déclassés en PHM « patrouilleurs de haute mer ». Cette opération consiste au retrait de la plupart de leurs capacités de combat (débarquement des missiles mer-mer, des lance-leurres dagaie, du bruiteur nixie, du lance-roquettes et des tubes lance-torpilles. Parallèlement à ces retraits, les nouveaux PHM bénéficient d'une mise à jour de leurs systèmes de transmissions.
Au début des années 1980, l'Argentine a armé 3 avisos de cette classe. D'abord, un commandé à la France, puis deux autres commandés par l'Afrique du Sud et qui n'ont pas été livrés à ce pays pour cause d'embargo. L'un d'eux a participé à la guerre des Malouines lors de l'invasion de la Géorgie du Sud où il fut endommagé[3].
Six des avisos français désarmés par la Marine nationale ont été vendus à la Marine turque en 2000.
Ils doivent, à terme, être remplacés par le programme du Patrouilleur océanique.
Les six dernières unités encore en service dans la Marine française en devraient être désarmées entre 2023 et 2028[4].
Préalablement, elles sont employées pour tester le Système de Mini-Drone aérien de la Marine à partir de 2014, puis le reçoivent en équipement standard à partir de 2022[5].
Caractéristiques
Armés par un équipage de 90 marins, bien que très "marins", ces bâtiments ont la réputation d'être parmi les plus pénibles par mauvais temps. Leur fardage important les rend particulièrement sensibles au tangage et au roulis dès que la mer est formée. Cela leur vaudra le surnom de « sous-marin de surface »[6].
Leur armement, conséquent pour un bâtiment de ce tonnage, leur permet de gérer un spectre important de missions. Il leur vaut d’ailleurs un autre surnom, celui de « Cuirassés de poche »[6]. Pendant la guerre froide, ils sont essentiellement utilisés pour patrouiller sur le plateau continental de l'océan Atlantique à la recherche des sous-marins de la marine soviétique. Cependant, les faibles performances du sonar de coque rendent nécessaire le renfort d'une frégate ASM dès l’apparition d’un écho, pour le prendre en chasse à l'aide de son sonar remorqué à immersion variable.
Leur rôle de patrouilleurs est désormais constitué essentiellement de patrouilles et de missions d'assistance, ainsi que de participations aux missions de l'ONU (blocus, contrôles de pavillons) ou de tâches similaires de police des mers (lutte contre la drogue, extraction de ressortissants, contrôle des pêches, etc.). Les missiles mer-mer 38 ou mer-mer 40 ont été débarqués, mais ils emportent plusieurs mitrailleuses et fusils-mitrailleurs, plus adaptés à leurs nouvelles missions.
Son coût à la construction était estimé à 270 000 000 francs français[7].
Unités de la classe d'Estienne d'Orves
Navires de la Marine nationale française
No | Nom | Mise sur cale | Mise à l'eau | Mise en service | Désarmé | Base navale | Destination |
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F781 | D'Estienne d'Orves | Brest | Vendu à la Marine turque en 2002 et renommé Beycoz. | ||||
F782 | Amyot d'Inville | Toulon | Vendu à la Marine turque en 2002 et renommé Bartın. | ||||
F783 | Drogou | Brest | Vendu à la Marine turque en 2001 et renommé Bodrum. | ||||
F784 | Détroyat | Brest | Cimetière de Landévennec (2006-2015) ; Démantelé à Gand (2015). | ||||
F785 | Jean Moulin | Brest | Brise Lames à l'école navale de Lanvéoc-Poulmic (2004-2014) ; Démantelé à Gand (2015). | ||||
F786 | Quartier-Maître Anquetil | Toulon | Vendu à la Marine turque en 2000 et renommé Bandırma. | ||||
F787 | Commandant de Pimodan | Brest | Vendu à la Marine turque en 2000 et renommé Bozcaada. | ||||
F788 | Second-Maître Le Bihan | Brest | Vendu à la Marine turque en 2002 et renommé Bafra. | ||||
F789 | Lieutenant de vaisseau Le Hénaff | Brest | En désarmement à Brest. | ||||
F790 | Lieutenant de vaisseau Lavallée | Brest | En attente de démantèlement au Cimetière de Landévennec (depuis 2019). | ||||
F791 | Commandant l'Herminier | Brest | En désarmement à Brest. | ||||
F792 | Premier-Maître L'Her | Brest | |||||
F793 | Commandant Blaison | Brest | |||||
F794 | Enseigne de vaisseau Jacoubet | Brest | |||||
F795 | Commandant Ducuing | Toulon | |||||
F796 | Commandant Birot | Toulon | |||||
F797 | Commandant Bouan | Toulon |
Transferts
- Marine turque : Après un passage à la DCN Brest, entre 2000 et 2002 la France a livré à la Turquie 6 avisos à la Marine turque dans le cadre d'un contrat passé par DCN International. Ce contrat prévoyait la remise en état et la préparation par l'arsenal finistérien de 6 ex-avisos de la Marine française vendus à la Turquie.
TCG Bozcaada (F-500) (ex-Commandant de Pimodan) ; vendu par la Marine française en 2000, actuellement en service et basé à Bozcaada.
TCG Bodrum (F-501) (ex-Drogou) ; vendu par la Marine française en 2001, actuellement en service et basé à Bodrum.
TCG Bandırma (F-502) (ex-Quartier-Maître Anquetil) ; vendu par la Marine française en 2000, actuellement en service et basé à Bandırma.
TCG Beykoz (F-503) (ex-D'Estienne d'Orves) ; vendu par la Marine française en 2002, actuellement en service et basé à Beykoz.
TCG Bartın (F-504) (ex-Amyot d'Inville) ; vendu par la Marine française en 2002, actuellement en service et basé à Bartın.
TCG Bafra (F-505) (ex-Second-Maître Le Bihan) ; vendu par la Marine française en 2002, actuellement en service et basé à Bafra.
Exports de navires de la classe d'Estienne d'Orves
La marine argentine arme également trois unités de la classe d’Estienne d’Orves, connus localement sous le nom de navires de la classe Drummond, avec un armement légèrement modifié par rapport aux françaises. Les deux premiers navires ont été initialement commandés par la marine sud-africaine, mais, en raison de sanctions de l’ONU contre l’Afrique du Sud, ils ne lui ont pas été livrés et ont été achetés par la marine argentine en 1978. Le troisième navire de la classe a été commandé par l’Argentine et a été livré en 1981.
- La marine argentine (Argentine) avec 3 unités:
- P-31 ARA Drummond ( ex-Marine sud-africaine Good Hope), construit à Lorient en 1976, actuellement en service et basé à Mar del Plata.
- P-32 ARA Guerrico ( ex-Marine sud-africaine Transvaal), construit à Lorient en 1976, actuellement en service et basé à Mar del Plata.
- P-33 ARA Granville, construit à Lorient en 1981, actuellement en service et basé à Mar del Plata.
Notes et références
- « Ce que vont devenir les 9 avisos du type A69 », sur Mer et Marine, (consulté le )
- Dominique Guillemin, « Patrick Maurand et Jean Moulin, Les avisos A69 Marines éditions, 2011, 220 pages », sur l=https://rha.revues.org/, (consulté le ).
- Malvinas : Georgias del Sur
- Vincent Groizeleau, « La Marine nationale va rapidement désarmer ses derniers PHM », Mer et Marine,‎ (lire en ligne)
- Laurent Lagneau, « La Marine nationale envisage de doter certains de ses sémaphores de mini-drones aériens Aliaca », sur Opex360, (consulté le ).
- Vincent Groizeleau, « Les avisos français sur tous les fronts », sur Mer et Marine, (consulté le ).
- Quid 1996 (ISBN 2-221-08055-6), p. 2036