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Classe Le Fier

La classe Le Fier est une classe de torpilleurs légers destinée à la Marine française. En construction en 1940, les navires étaient inachevés lors de la chute de la France et n'ont jamais été mis en service pendant la Seconde Guerre mondiale.

Classe Le Fier
Caractéristiques techniques
Type Torpilleur
Longueur 95 m
MaĂ®tre-bau 9,4 m
Tirant d'eau 3,25 m
DĂ©placement 1 026 tonnes
1 358 tonnes Ă  pleine charge.
Propulsion 2 hélices
2 turbines Parsons ou Rateau-Bretagne,
2 chaudières Indret
Puissance 30 800 cv (23 000 kW)
Vitesse 33 nĹ“uds
Caractéristiques militaires
Blindage Aucun
Armement 4 canons de 100 mm modèle 1933 en 2 tourelles doubles
4 canons de 37 mm modèle 1925 en 4 affûts simples
8 mitrailleuses 13,2 mm modèle 1929 en 4 affûts doubles
4 tubes lance-torpilles 550 mm en 2 plateformes doubles
Rayon d’action 1 000 nautiques (1 850 km) à 20 noeuds (37 km/h)
Autres caractéristiques
Équipage 7 officiers, 129 officiers mariniers, quartiers-maîtres et matelots
Histoire
A servi dans Marine française (1939–1940)
Kriegsmarine (1940–1944)
Commanditaire Marine française
Date début commande 1937
PĂ©riode de
construction
1939–1944
Navires construits 0
Navires prévus 14
Navires annulés 7

Conception et développement

Avec la montée des tensions avec l'Allemagne nazie après la remilitarisation de la Rhénanie le , la Troisième République française entreprend une série de programmes de construction navale pour maintenir la parité militaire face au réarmement rapide des Allemands. Le , le Parlement français autorise la construction de navires de guerre supplémentaires sur proposition de l'amiral François Darlan. Il s'agit d'un croiseur léger, de deux torpilleurs d'escadre de la classe Hardi, de quatre torpilleurs légers classe Le Fier, de quatre sous-marins de la classe Aurore, du sous-marin mouilleur de mines Émeraude, de deux avisos de la classe Bougainville et de six de la Classe Élan, de quatre petits transports d'hydravions de la classe Sans Souci, d'un pétrolier et de douze chasseurs de sous-marins. L'ensemble de cette commande a été nommé Tranche 1937.

Pour remplacer les 26 torpilleurs de 1 500 tonnes vieillissants des classes Bourrasque et Adroit, pratiquement identiques, la Marine nationale dĂ©cide de les remplacer nombre pour nombre par deux classes de torpilleurs diffĂ©rents.
Il s'agit des douze torpilleurs d'escadre de 1 772 tonnes Classe Le Hardi et des quatorze torpilleurs lĂ©gers de 1 050 tonnes classe Le Fier.

Les quatre premiers torpilleurs devaient s'appeler Le Fier, L'Agile, L'Entreprenant et Le Farouche. Ils étaient également appelés torpilleurs légers de 1010 en référence à leur déplacement. Exactement un an après la tranche 1937, la Chambre des députés approuve, le , un deuxième décret d'acquisition navale, appelé tranche 1938. Trois torpilleurs supplémentaires de la classe Le Fier, baptisés L'Alsacien, Le Corse et Le Breton, sont commandés. Le , une tranche supplémentaire (Tranche 1938bis) est budgétisée et comprend cinq torpilleurs supplémentaires de la classe Le Fier, nommés Le Tunisien, Le Normand, Le Parisien, Le Provençal et Le Saintongeais. Enfin, la tranche 1938ter fut approuvée, avec deux torpilleurs supplémentaires, Le Niçois et Le Savoyard.

La classe Le Fier Ă©tait basĂ©e sur un modèle de torpilleur agrandi de la classe La Melpomène avec des caractĂ©ristiques maritimes amĂ©liorĂ©es. Les navires de cette classe avaient un dĂ©placement standard de 1 010 tonnes, une longueur de 90 m et une longueur totale de 95 m. La largeur du navire Ă©tait de 9,4 m et le tirant d'eau de 3,25 m. La propulsion Ă©tait assurĂ©e par une double turbine Ă  vapeur Ă  deux lignes arbres d'hĂ©lices, et alimentĂ©e par trois chaudières Indret, produisant 30 300 cv (22 600 kW), et 30 800 cv (23 000 kW) Ă  pleine puissance. Les navires commandĂ©s dans le cadre de la tranche 1937 devaient ĂŞtre Ă©quipĂ©s de turbines Rateau-Bretagne, tandis que tous les navires suivants, Ă  commencer par L'Alsacien, devaient ĂŞtre Ă©quipĂ©s de turbines Ă  vapeur Parsons.

L'artillerie de la classe Le Fier avait une disposition peu commune. En effet, son artillerie principale Ă©tait montĂ©e Ă  l'arrière, et l'artillerie secondaire principalement montĂ©e Ă  l'avant. L'artillerie principale de la classe Le Fier Ă©tait constituĂ© de 4 canons Ă  double usage de 100 mm/45 Modèle 1933, rĂ©cemment dĂ©veloppĂ©s, dans deux tourelles de 29,8 tonnes doubles anti-aĂ©riennes Modèle 1937, protĂ©gĂ©es par un blindage de mm. Le Modèle 1933 de 100 mm Ă©tait une variante amĂ©liorĂ©e du Modèle 1930 et Ă©tait le premier canon Ă  double usage installĂ© sur un navire de la marine française. L'armement secondaire Ă©tait composĂ© de quatre canons anti-aĂ©riens de 37 mm modèle 1925 et de huit mitrailleuses Hotchkiss anti-aĂ©riennes de 13,2 mm modèle 1929 en quatre affĂ»ts doubles. L'armement de torpilles consistait en une plateforme double de tubes lance-torpilles de 550 mm dans l'axe du bâtiment[1].

Aucun de ces quatorze torpilleurs ne sera achevé.
Après la capitulation de la France le (Armistice du 22 juin 1940 et Armistice du 24 juin 1940), tous les travaux sur les torpilleurs de la classe Le Fier ont été arrêtés[2].

Service allemand

En , l'armée allemande prend possession de tous les chantiers navals de la zone occupée où les torpilleurs de la classe Le Fier sont en construction. Il s'agit des Le Fier, L'Agile, L'Entreprenant, Le Farouche, L'Alsacien, et Le Corse. Le Breton, qui était le moins avancé de ces bâtiments en construction fut condamné et les sept unités non construites furent annulés. Les torpilleurs restants sont transférés à la Kriegsmarine et renommés TA-1 à TA-6 (Torpedoboot Ausland) et doivent être achevés pour la marine allemande avec des spécifications révisées[1].

Le dĂ©placement standard devait passer Ă  1 087 tonnes, avec un dĂ©placement Ă  pleine charge de 1 443 tonnes. De mĂŞme,, les dimensions devaient ĂŞtre revues. La longueur totale serait rĂ©duite Ă  93,2 m, la largeur Ă  9,28 m et le tirant d'eau Ă  3,08 m. La propulsion Ă©tait conservĂ©e, mais la puissance maximale n'atteindrait que 28 000 ch (20 900 kW). Ces unitĂ©s embarqueraient une artillerie allemande. Les quatre canons de 100 mm Ă  double usage seraient remplacĂ©s par trois pièces simples de 105 mm. L'artillerie anti-aĂ©rienne serait de deux pièces simples de 37 mm plus 9 pièces de 20 mm en 1 affĂ»t quadruple et 5 affĂ»ts simples. L'armement de torpilles passerait Ă  six tubes lance-torpilles de 533 mm dans l'axe central, en deux plateformes triples[3].

Alors que les travaux se poursuivaient sous la direction des Allemands, la pénurie de matériaux et les actes de sabotage commis par des ouvriers français ont considérablement entravé l'avancement des travaux. Pourtant, avant la capitulation, plusieurs d'entre eux étaient presque terminés. Finalement, en , en raison du retard, il a été décidé que seuls les TA1 et TA4 seraient achevés et que le reste serait cannibalisé pour terminer ces deux unités. Les retards se poursuivent car le TA2 et le TA4 sont coulés par les bombardements américains. Ils sont de nouveau renfloués. Le débarquement de Normandie, le , entraîne le départ des Allemands de Nantes qui sabordent navires en achèvements le [4] - [5].

Les Allemands ont aidé l'Espagne franquiste à réaliser les destroyers de la classe Audaz en utilisant les plans et documents de la classe Le Fier[1].

Bâtiments

Navire Chantier[6] Mise en chantier Lancement Mise en service Notes Destin
Groupe Le Fier
Tranche 1937
Le Fier Ateliers et Chantiers de Bretagne NC Coulé lors d'une tentative de traversée de la Manche le , renfloué par l'Allemagne, rebaptisé TA1 Sabordé à Nantes le [7]
L'Agile Ateliers et Chantiers de Bretagne Capturé par l'Allemagne le , rebaptisé TA2 Coulé par des bombardiers américains de l'United States Army Air Forces le , renfloué, coulé par des bombardiers américains le [4].
L'Entreprenant Ateliers et Chantiers de la Loire Sabordé le , renfloué par l'Allemagne, rebaptisé TA4 Coulé par des bombardiers américains le , renfloué, coulé par des bombardiers américains le [5]
Le Farouche Ateliers et Chantiers de la Loire Capturé par l'Allemagne le , rebaptisé TA5 Coulé à Nantes le [8]
Groupe L'Alsacien
Tranche 1938
L'Alsacien Ateliers et Chantiers de la Loire 1942 NC Capturé par l'Allemagne le , rebaptisé TA3 Détruit par les avions Alliés de la Seconde Guerre mondiale en [9].
Le Corse Ateliers et Chantiers de la Loire Capturé par l'Allemagne le , rebaptisé TA6 Coulé à Nantes le [10]
Le Breton Ateliers et Chantiers de la Loire NC Capturé par l'Allemagne le [1] Mise au rebut en
Tranche 1938bis [11]
Le Flamand >

Le Tunisien

Ateliers et Chantiers de la Loire NC Annulé en
Le Normand Ateliers et Chantiers de la Loire Annulé en
Le Parisien Ateliers et Chantiers de la Loire Annulé en
Le Provençal Ateliers et Chantiers de la Loire Annulé en
Le Saintongeais Ateliers et Chantiers de Saint-Nazaire Penhoët Annulé en
Tranche 1938ter [11]
Le Niçois Forges et Chantiers de la Méditerranée NC Annulé en
Le Savoyard Forges et Chantiers de la Méditerranée Annulé en

Notes et références

  1. Bernard Fitzsimons, The Illustrated Encyclopedia of 20th century weapons and warfare, London, Latimer House, (ISBN 0906704006, lire en ligne Inscription nécessaire), p. 938 (ill. by John Batchelor)
  2. John Jordan et Jean Moulin, French Destroyers: Torpilleurs d'Escadre & Contre-Torpilleurs 1922-1956, Barnsley, South Yorkshire, Seaforth Publishing, , First Ă©d., 208, 286 (ISBN 9781848321984)
  3. Michael Emmerich, « TA1 », sur german-navy.de (consulté le )
  4. Michael Emmerich, « TA2 », sur german-navy.de (consulté le )
  5. Michael Emmerich, « TA4 », sur german-navy.de (consulté le )
  6. Vincent-Bréchignac et Le Masson 1942, p. 33.
  7. Donald A. Bertke, Don Kindell et Gordon Smith, World War II sea war, Dayton, Ohio, Bertke Publications, , 1st Ă©d. (ISBN 1937470008), p. 290
  8. Michael Emmerich, « TA5 », sur german-navy.de (consulté le )
  9. Michael Emmerich, « TA3 », sur german-navy.de (consulté le )
  10. Michael Emmerich, « TA6 », sur german-navy.de (consulté le )
  11. Jean-Michel Roche, Dictionnaire des bâtiments de la Flotte de guerre française de Colbert à nos jours: Tome II, (ISBN 978-2-9525917-3-7)

Bibliographie

  • Pierre Vincent-BrĂ©chignac et Henri Le Masson, Les Flottes de Combat 1940-42, Paris, SociĂ©tĂ© d'Ă©ditions GĂ©ographiques, Maritimes et Coloniales, , 798 p.
  • (en) Robert Gardiner et Roger Chesneau, Conway's All the World's Fighting Ships (1922-1946), [dĂ©tail de l’édition]
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines Ă  nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
  • Michel VergĂ©-Franceschi (dir.), Dictionnaire d’Histoire maritime, Paris, Ă©ditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0).
  • Alain Boulaire, La Marine française : De la Royale de Richelieu aux missions d'aujourd'hui, Quimper, Ă©ditions Palantines, , 383 p. (ISBN 978-2-35678-056-0)
  • RĂ©mi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, Ă©ditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
  • Jean-Michel Roche, Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert Ă  nos jours, t. II : 1870-2006, Millau, Rezotel-Maury, , 591 p. (ISBN 2-9525917-1-7, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

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