Burnous
Le burnous, (en berbère : ⴰⴱⵕⵏⵓⵙ, abernus, ou en kabyle : ⵉⵠⵉⴷⵉ ividi[1] ou abernus[2], en arabe maghrébin : برنوس), est un manteau en laine, long sans manche, avec une capuche pointue porté essentiellement chez les Maghrébins[3] et était le vêtement traditionnel des spahis.
Origine et Étymologie
D'après Georges Marçais, l'origine étymologique est incertaine. Il avance deux théories l'origine arabe et l'origine romaine.
Le mot lui même est attesté en arabe, notamment dans un hadith. Cependant dans les anciens textes orientaux il désigne un vêtement : « un bonnet long, un capuchon ou vetement de corps dont la forme peut varier mais que prolonge toujours une coiffe, une capuche ... ». L'étymologie arabe tend à attribuer le mot au capuchon qui termine le vêtement alors que l'étymologie latine est centrée sur le corps du manteau comme élément originel, ce qui fait plus pencher l’étymologie vers une source latine[4].
Selon l'Encyclopédie berbère, « le nom du burnous pourrait dériver du latin burrus qui désigne une cape de couleur brune »[5]. En fonction des régions, le burnous est aussi appelé abidi ou abernus (en Kabylie, dans le Mzab et l'Oued Righ en Algérie), aâlaw, selham, ou aselham (au Maroc), ahitus (au Moyen Atlas) et abemuh (en tamahaq)[6]. La pluralité des termes employé pour désigner le terme en berbère peut faire douter de l'origine latine du mot[5]. Il existe d'ailleurs une idée reçue selon laquelle Ibn-Khaldoun appelait en arabe les Berbères: asḥaab al-baraanis, soit « le peuple au burnous » une expression qui est à attribuer en réalité à un historien marocain du XVIIe siècle[7].
Toujours selon l'Encyclopédie berbère, Procope de Césarée relate que les Maures portaient d’épais manteaux, et Corippe (poète épique romain du VIème siècle) dit que les Maures s’enveloppaient d’une couverture rugueuse, une description qui rappelle le tissu en poils de chèvre de certains burnous bruns (burrus)[8].
Georges Marcais atteste aussi d'une vielle coutume qui est d'offrir un vêtement similaire au burnous aux chefs auxquels ou voulait témoigner de l'amitié depuis l'époque romaine. Le calife Ommeyade El-Hâkim II enverras à Ordono IV roi de León un burnous broché d’or avec un capuchon d’or massif et enrichi de pierreries[4]. Cette coutume est toujours d’actualité en Algérie à l'époque des deys qui remettent un burnous aux cheikh comme signe du commandement qui leur est confié[9]. L'usage en est conservé durant la période coloniale[4].
Ainsi plus généralement dans la péninsule Ibérique, où le burnous était en usage à l'époque d'Al-Andalus, le mot a été adopté par l'espagnol pour devenir l'albornoz décrit par Sebastián de Covarrubias (Tesoro de la lengua castellana o española édité en 1611) en ces termes : « C'est un manteau fermé, garni d'un capuchon, et qu'on porte en voyage. »
Usages
En Afrique du Nord
On porte un burnous blanc, rarement noir ou bleu, comme manteau lorsqu'il fait froid. Le burnous noir dit Mascari , est cependant une spécialité de la ville de Mascara (Algérie) et était exporté dans tout le bassin méditerranéen, de la Turquie jusqu'en Égypte. Les burnous sont tissés de laine très fine. En Égypte, le burnous était porté par les Mamelouks. Au Maroc le burnous est également désigné par le terme de selham.
En Algérie
Le burnous marron à poils de dromadaire, dit aussi louabri (une appellation tirant sa racine du mot loubar en arabe وبر qui signifie « laine » de chameau en arabe), léger et d'une extrême finesse, est une spécialité exclusive de l'oasis de Messaad, située au sud-est de Djelfa en Algérie. Il est généralement prisé dans tout l'Atlas saharien, particulièrement dans les monts des Ouled Naïl et des Amour, considérés comme des ateliers séculaires de tissage et de confection de ce classique par des femmes au foyer. Il s'agit d'un manteau d'homme avec capuche tissé à la main à partir de la laine brune de dromadaire, une fibre épaisse, douce et frisée obtenue une fois par saison après la tonte. Sa production sur un métier à tisser traditionnel obéit à un processus complexe comportant une chaîne d'opérations longues et fastidieuses : l'extraction des impuretés, le lavage, le séchage, le démêlage et l'amollissement de la laine afin d'aboutir à une filature propre et prête pour le tissage, selon une armature à plusieurs modes d'entrecroisement de fils. Toutes ces opérations, exténuantes pour les femmes ouvrières, nécessitent une dextérité et une mémorisation des gestes. Symbole du pouvoir, il a acquis ses lettres de noblesse dans les sphères de l'État et de la haute société algérienne.
En Kabylie, le burnous est réalisé à base de laine de mouton ou de brebis. Traditionnellement confectionné à la maison par les femmes, le métier s'y transmet de mère en fille. Souvent de couleur blanche, il peut être de couleur marron. Porté par les hommes, les femmes portent également un habit du même genre mais différent car confectionné en coton. Lors du mariage algérien, la femme porte un burnous spécifique.
Le burnous est un vêtement typique et traditionnel, mais aussi un symbole emblématique en Algérie.
L'une des célèbres œuvres du sculpteur français Charles Cordier dépeint un Arabe d'Algérie portant le burnous. Réalisée en 1856, le titre de cette sculpture exposée au Musée d'Orsay est « Arabe d'el-Aghouat en Burnous ».
Le burnous est également un symbole de paix et de pureté. Cet habit traditionnel a survécu à la modernité et continue d'être un habit prisé dans tout le pays. En plus d’être porté dans les Aurès, en Kabylie ou encore dans les zones steppiques et sur les hautes plaines sétifiennes, le burnous est encore arboré lors des cérémonies et fêtes de mariage algériennes. En effet, les petits garçons le portent encore pendant leur circoncision. Lors de fêtes de mariage, le jeune marié endosse avec fierté le burnous blanc tout comme sa dulcinée franchit le seuil de la maison familiale habillée souvent de burnous et sous un pan du burnous du patriarche (son père ou l’aîné de la famille), ce dernier relève le capuchon en guise de sa bénédiction.
Notes et références
- Mustapha SI-SAID, GLOSSAIRE METHODIQUE DE LA LANGUE KABYLE (R), Lulu.com, (ISBN 978-0-244-41367-5, lire en ligne)
- K. Naït-Zerrad, S. Chaker, Sur la notation usuelle du berbère – Eléments d’orthographe, (lire en ligne)
- Éditions Larousse, « Définitions : burnous - Dictionnaire de français Larousse "en usage chez les arabes" (pas de mentions d'autre peuple) », sur www.larousse.fr (consulté le )
- جورج مارسي Georges Marçais, Georges Marçais Le Costume Musulman D' Alger, (lire en ligne), p. 17 - 18
- C. El Briga, « Burnous », Encyclopédie berbère, no 11, , p. 1668–1669 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.1883, lire en ligne, consulté le )
- « Burnous », sur https://encyclopedieberbere.revues.org/1883 (consulté le )
- « [Roque, M,A. (1996). Les cultures du Maghreb. L'Harmattan. p.5] », sur ImgBB (consulté le )
- https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1883?lang=en
- Théodore Pein, Lettres familières sur l'Algérie: Un petit royaume arabe, Collection XIX, (ISBN 978-2-346-08754-9, lire en ligne)
Bibliographie
- El Briga, « Burnous », Encyclopédie berbère, tome 11, éd. Edisud, Aix-en-Provence, 1992, p. 1668-1669 (ISBN 2857442017 et 2857445814)
- Étienne Cécile Édouard Villot, Mœurs, coutumes et institutions des indigènes de l'Algérie, 1888
- Reinhart Pieter Anne Dozy, Dictionnaire détaillé des noms des vêtements chez les Arabes, J. Müller, (lire en ligne)
- Hamdan Khodja, « le Miroir », Aperçu historique et statistique sur la régence d'Alger, 1833, coll. Sindbad, p. 85 (ISBN 2742743618)
Voir aussi
- Suelburnus, personnage d'Astérix (faire « suer le burnous » = faire travailler des Maghrebins sans les payer).