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Biohacking

Le biohacking est un ensemble de pratiques, des sciences et techniques et arts dits du vivant, lié à une approche de la biologie soutenue par une philosophie avec une diversité de positionnement politique. Le Biohacking est l'une des situations de la biologie participative.

Le biohacking consiste en une articulation de pratiques appuyées par une philosophie libertaire que l'on pourrait résumer par[1] :

  • libre accĂšs Ă  l'information et la connaissance ;
  • Ă©tude et comprĂ©hension des phĂ©nomĂšnes et fonctionnements du vivant ;
  • dĂ©construction des outils d'Ă©tude et d'analyse du vivant ;
  • dĂ©tournement des mĂ©thodes et outils de travail ;
  • dĂ©tournement des fonctionnements du vivant vers des finalitĂ©s nouvelles ;
  • fabrication d'outils pour rĂ©aliser des expĂ©riences scientifiques et artistiques.
ScÚne d'un atelier de biohacking dans un lieu « improvisé » en Belgique, extraction d'ADN et initiation aux techniques de bases de microbiologie

Étymologie

Le terme « biohacking », d'origine anglophone, est un néologisme composé de « biologie » et « hacking ». Le premier composant fait référence à une discipline scientifique et ses différentes pratiques ; le second fait appel à une approche visant à un échange de savoirs au travers de la « sous-culture du hacking » à l'aide d'un ensemble de techniques.

« Biohacking » désigne l'action d'appliquer le hacking dans les nombreux domaines de la biologie.

Histoire

Le terme « biohacking » ainsi que le concept de biologie Ă  faire soi-mĂȘme (« Do-it-yourself biology ») apparaissent en 1988[2] - [3] - [4]. Selon le sociologue Everett Rogers, « les gens se sont mis en Ă©tat d'alerte. Il y avait des films sur les hackers. Peut-ĂȘtre que dans quelques annĂ©es, il y aura des films sur des {bio-hackers} crĂ©ant des monstres Frankensteiniens[4]. » La prĂ©diction d'Everett Rogers est formalisĂ©e et diffusĂ©e au travers du film Bienvenue Ă  Gattaca sorti en 1997. La place de la biologie dans la science-fiction Ă©tant largement Ă©tendue depuis au moins 1932[5].

Cette apparition formulĂ©e dans des termes liĂ©s au gĂ©nie gĂ©nĂ©tique et Ă  la science fiction contribue Ă  une perception actuelle du biohacking, souvent attachĂ© Ă  des manipulations gĂ©nĂ©tiques et modifications corporelles, body hacking (en). Cette impression est entretenue dans de nombreuses Ɠuvres de la biologie dans la science-fiction.

Le biohacking comporte une diversité d'activités dans de multiples champs d'application telles que (exemple parmi d'autres) :

Cette diversité s'exprime au travers de manifestes, sites web et codes[9] et des lieux de rencontre parfois appelés biohackerspaces.

« Celles et ceux qui étudient ou pratiquent la biologie synthétique et la DIYbio insistent sur le fait que son potentiel de bien l'emporte de loin sur ses risques. Elles et ils affirment que c'est une forme de participation publique qui a eu un impact positif sur d'autres secteurs de la société. Pensez aux logiciels libres, aux réseaux peer-to-peer ou au crowdsourcing, uniquement avec des bactéries et des "wetware". »

— Chris Kelty, 2010[10].

En 2005, le groupe OpenWetWare et Nature Publishing Group publient une Bande dessinées intitulée « Aventures dans le Monde la biologie synthétique » (Adventures in Synthetic Biology. Wadey, Chuck; Deese, Isadora; Endy, Drew) racontant l'histoire, en 3 chapitres, de System Sally (une biologiste) qui initie Device Dude (en jeune garçon) à la biologie de synthÚse avec l'aide d'un organisme nommé Bacteria Buddy[11]. Sous licence Creative Commons, il sera traduit en français, en allemand, en chinois, en portugais, en espagnol.

En 2008, un groupe d'Ă©tudiants de premier cycle a construit un ordinateur bactĂ©rien capable de rĂ©soudre un exemple simple du problĂšme des Tri de crĂȘpes en programmant des Escherichia coli pour qu'elles retournent des segments d'ADN analogues Ă  des crĂȘpes Ă  trier dans le problĂšme initial. Les bactĂ©ries signalent quand elles ont rĂ©solu le problĂšme en devenant rĂ©sistantes aux antibiotiques[12]

La mĂȘme annĂ©e, en 2008, Lors du 24e Chaos Computer Congress (24c3), Drew Endy fait une confĂ©rence portant sur la programmation de l'ADN. « Cet exposĂ© a Ă©tĂ© conçu pour amorcer la communautĂ© des hackers afin que nous puissions commencer Ă  utiliser et Ă  contribuer des parties biologiques standard Ă  une collection open source de fonctions gĂ©nĂ©tiques »[13].

Exemple de pratiques dans le biohacking

Montage de l'Exposition « ÉcosystĂšme, TechnosystĂšme ? Les pratiques du biomimĂ©tisme libre et open source pour panser et concevoir la ville vivante et soutenable » HĂŽtel Pasteur, Rennes, dĂ©cembre 2017
  • Open Insuline[14]
  • ElectroPen[15], fabrication d'un disposition d'Ă©lectroporation, sous licence libre Ă  bas coĂ»t et facilement reproductible pour faciliter l'Ă©tude et la modification gĂ©nĂ©tique de cellule cible
  • Pocket PCR[16]
  • faire de l'essence Ă  partir de bactĂ©ries[17]
  • bio-papier pour l'impression organes (2005)[18]
  • Capture de levure sauvage pour la biĂšre pour une biĂšre libre et open source, Free Beer[19].
  • Open Source ƒstrogĂšne[20], effort entre biohacking et de conception spĂ©culative pour dĂ©montrer les maniĂšres dont l'ƓstrogĂšne devient une biomolĂ©cule avec un biopouvoir institutionnalisĂ©.

Dimensions du biohacking

PrĂ©paration d'un kit de Biohacking pour un atelier de biologie en Éducation populaire dans un cafĂ© Ă  Rennes en 2020

En 2014, Keoni Gandall, Ă  Palo Alto (États-Unis, Californie) rĂ©alise sa premiĂšre expĂ©rience de clonage en classe de cinquiĂšme, Ă  l'Ăąge de 12 ans[21]. Il travaille aujourd'hui Ă  la BioBricks Foundation et dirige son propre projet de recherche Ă  l'universitĂ© de Stanford (Drew Endy (en)'s lab).

En cette mĂȘme annĂ©e 2014 un article intitulĂ© « La biologie Ă  faire soi-mĂȘme en Europe : au-delĂ  de l'espoir, du battage mĂ©diatique et de l'Ă©pouvante » (European do-it-yourself (DIY) biology:Beyond the hope, hype and horror)[22] dans lequel est explicitĂ© l’affirmation communautaire de pratiques amateures pouvant contribuer Ă  la science produites en acadĂ©mie, de prise de responsabilitĂ©s, et de diffĂ©renciation avec les pratiques contemporaines aux États-Unis d'AmĂ©rique.

En 2015, Ă  Nantes, lors du Festival Web2day[23], 5 personnes impliquĂ©es dans le mouvement de biohacking interviennent lors de la table ronde nommĂ©e « Makers, biohackers : et en francophonie ? »[24] (2 intervenantes, 2 intervenants, 1 animateur). Lors de cet Ă©vĂ©nement, l'animateur Yann Heurtaux prend appui sur la dĂ©finition du hacking de Mitch Altman pour introduire le hacking : « Prendre ce qui existe, l'amĂ©liorer du mieux que l'on peut, et le partager [
] pour nous amĂ©liorer nous et amĂ©liorer les choses autour de nous » ; puis sur Alessandro Delfanti[25] pour introduire la Biologie participative (ou DIY), telle que « utiliser des outils libres pour s'affranchir des institutions acadĂ©miques et de l'industrie ».

Lors de cette rencontre, l'accent est mis sur des enjeux culturels portés par le mouvement biohacking : la citoyenneté, l'éducation, l'apprentissage, l'enseignement, de non « réservation des pratiques de la biologie à une élite ».

En 2016, Quitterie Largeteau, qui participa à la table ronde au web2day de 2015, biologiste et cofondatrice du projet BioHacking Safari (une documentarisation par le reportage des lieux et des communautés de biohacking), intervient dans l'émission de France Culture « La Méthode scientifique »[26] pour décrire les biohackeuses et les biohackeurs comme des personnes explorant de nouvelles pratiques scientifiques, de production et de partage des savoirs.

Le 30 septembre 2016, la commission parlementaire allemande du Bundestag pour l’éducation, la recherche et l’évaluation des technologies, prĂ©sidĂ©e par Patricia Lips (CDU/CSU), s’est rĂ©uni pour un dĂ©bat public sur « la biologie de synthĂšse, le gĂ©nome editing et le biohacking : enjeux des nouvelles techniques gĂ©nĂ©tiques ». Le Bureau allemand d’évaluation des choix technologiques (TAB) avait prĂ©sentĂ© en 2016 un rapport sur la biologie de synthĂšse Ă  la demande de la commission[27], qui a servi de base au dĂ©bat[28].

En 2017, Josiah Zayner, partisan de la « Do it yourself Biology », tente de modifier son propre génome[29] à l'aide de la technique CRISPR (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats).

En dĂ©cembre 2018, Guillaume Bagnolini soutient une thĂšse en philosophie Ă  l'UniversitĂ© de Tours intitulĂ©e « À la marge des sciences institutionnelles, philosophie et anthropologie de l'Ă©thique du mouvement biohacking en France »[30].

« Le biohacking est une vive critique contre les institutions scientifiques officielles et un appel à plus de liberté à travers notamment la constitution de laboratoires citoyens « indépendants », les biohackerspaces. »

— Guillaume Bagnolini, 2018.

Le biohacking y est envisagé comme un mouvement critique qui prend ancrage dans des lieux, Tiers-lieu, menant à « conduire à une réflexion plus large sur la participation citoyenne dans les choix technoscientifiques et sur les politiques de production scientifique et technique. » (Bagnolini, 2018)

Le Ă  Washington DC, Aaron Traywick, fondateur dirigeant de la start-up Ascendance Biometical, qui se revendiquait du biohacking, dĂ©cĂšde Ă  l'Ăąge de 28 ans. Il s’était injectĂ© un traitement expĂ©rimental contre l’herpĂšs en fĂ©vrier de la mĂȘme annĂ©e[31].

Le biohacking s'étend alors de pratiques amatrices, donnant « une figure de la modernité esthétique » (Laurence Allard, 1999)[32], jusqu'au développement commerciaux et des start-up, passant par la recherche universitaire, comme George McDonald Church, la recherche non académique, et des pratiques illégales de médecine ou de modification génétique.

Le biohacking est Ă©galement un thĂšme rĂ©guliĂšrement abordĂ© dans des Ɠuvres culturelles (roman, cinĂ©ma, manga, etc) et dans des pratiques artistiques[33] - [34]


Place de la philosophie

Le biohacking, aussi parfois nommĂ© biologie Ă  faire soi-mĂȘme, a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© philosophiquement fondĂ© comme ayant « une tendance Ă  l'anti-establishment » (Kim Wall, 2015)[35].

« Une discipline n'est pas une tradition de recherche locale, elle est, par vocation, translocale » (J. Gayon, F. Merlin, T Hocquet, 2020)[36] ; le hacking se dĂ©roule, principalement dans des lieux physiquement situĂ©s oĂč des individus partagent et utilisent des ressources, avec leur propre « foires, conventions et rĂ©seaux »[37]. Dans cette configuration, l'Ă©cart entre biologie classique et biohacking est un espace de tensions et frottements mouvants qui ne se rĂ©duisent pas uniquement Ă  la biologie et Ă  l'informatique.

« MĂȘme sans liens directs, science et politique s'entremĂȘlent et se renforcent rĂ©ciproquement sans qu'aucune ne soit rĂ©ductible Ă  l'autre. »

— Charles Gillispie[38]

« Le biohacking est une pratique qui implique la biologie en mĂȘme temps que l’éthique hacker.[
] Il y a donc dans le biohacking une grande variĂ©tĂ© de motivations et de postures. »[39]. L’identitĂ© dans ce mouvement n’est donc pas unique et homogĂšne, il y a des identitĂ©s et des courants philosophiques. Dans cette diversitĂ© s'active des questionnements sur « les pratiques en rĂ©interrogeant les normes d’ethos de la science mertonnienne » (Guillaume Bagnoli)[40]

Les Grinder (biohacking) (en) pratiquent des modifications, parfois extrĂȘme, du fonctionnement de leur corps dans le but d’amĂ©liorer la condition humaine[41]. Cet ensemble de thĂ©ories critique la rigiditĂ© des frontiĂšres ontologiques et tente de dĂ©naturaliser les rapports artificialitĂ©[42]. La volontĂ© d'une amĂ©lioration des capacitĂ©s humaines se rapproche parfois du mouvement eugĂ©niste « humaniste ».

D'autres s'organisent en petit mouvement intellectuel et culturel composĂ© de jeunes scientifiques, ingĂ©nieurs, Ă©tudiants, qui cherchent Ă  crĂ©er une conscience publique autour des technologies, et leurs Ă©volutions, dans le domaine de biologie et de la chimie ; en considĂ©rant que cela puisse ĂȘtre rĂ©alisĂ© depuis son jardin ou dans le garage de la maison[39]. Comme par exemple, Manila Biopunk[43], s'ancrant ainsi dans une Ă©cologie politique.

Dans d'autres communautĂ©s de pratiques, il s'agit de personnes qui « critiquent les biais de la science et invitent Ă  se quefstionner sur les sujets de (bio)Ă©thiques tels que l’universalisme, le communalisme, le dĂ©sintĂ©ressement et le scepticisme organisĂ© de ces laboratoires citoyens. » (G. Bagnoli, 2020).

Il existe aussi dans ces communautĂ©s une mouvance TransFĂ©ministe[44]. Ces pratiques des recherches vont aux frontiĂšres de la biologie, de l’art et du queer, jusqu'Ă  « penser son corps sous un nouvel angle, intĂ©grĂ© au sens d’un rĂ©seau complexe d’interactions, brouillant les pistes entre machines, animaux, plantes, et ouvrant d’autres horizons pour l’art et la performance »[45].

Courants politiques

Un des positionnement premier et commun dans le biohacking est d'ouvrir la compréhension et la pratique de la biologie au plus grand nombre possible, y compris et surtout hors académie[46], ainsi que le partage des responsabilités concernant la biotechnologie avec la société civile[47].


« À l'heure des crises mondiales de catastrophes environnementales imminentes, y compris le changement climatique mondial, et d'un systĂšme inefficace et peu rĂ©actif pour dĂ©velopper des solutions urgentes, j'ai portĂ© mon attention sur des alternatives qui promettent et pourraient potentiellement rĂ©soudre ces problĂšmes de maniĂšre plus rapide, moins chĂšre, et de maniĂšre plus distribuĂ©e. Cette thĂšse est ma petite contribution Ă  la comprĂ©hension de certains des efforts dĂ©ployĂ©s par de nombreux individus et groupes qui travaillent ensemble pour produire un modĂšle de science plus ouvert et collaboratif qui pourrait conduire Ă  une nouvelle Ăšre de la science. plus ouvert et collaboratif de la science qui pourrait conduire Ă  une planĂšte plus Ă©quitable et durable.

J'espÚre que vous l'apprécierez et que vous en tirerez autant d'enseignements que moi. »

— Gabriela A. Sanchez Barba, 2014, "We are Biohackers: Exploring the Collective Identity of the DIYbio Movement"(preface)[48]

Pour L'anthropologue Sophia Roosth « Il s'agit de la biologie en tant que mode d'action politique, dans lequel les praticien⋅ne⋅s font de la recherche biologique un droit plutĂŽt qu'un privilĂšge »[49]

« Le mouvement DIYbio coordonne l'action collective en vue d'un changement social au niveau politique, puisqu'il vise à démocratiser la biologie et à créer un bien commun des moyens de production, et au niveau culturel, en promouvant une éthique de travail fondée sur la liberté de recherche et le partage dans le cadre d'un bien commun collaboratif. »

— Gabriela A. Sanchez Barba, 2014

Ellen Jorgensen explique en juin 2012 lors d’une confĂ©rence TED le genre et l'orientation de recherches qu’elle mĂšne dans son laboratoire communautaire Ă  New-York[50]. Aux États-Unis d'AmĂ©rique, plusieurs groupes de pratiques sont axĂ©es sur les modifications corporelles, allant jusqu'Ă  « l'augmentation des capacitĂ©s humaines », comme lorsqu'en 2015 Gabriel Licina « s'injecte un liquide dans les yeux pour voir dans le noir »[51]. Ces faits s'inscrivent dans une convergence avec les intĂ©rĂȘts nĂ©olibĂ©raux et capitalistes

En Europe, des groupes de pratiques se réunissant autour de Gynepunk, revendiquent leurs ancrages féministes et militants des droits des personnes Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres[52]

Thomas HervĂ© Mboa Nkoudou, chercheur impliquĂ© dans le Biohacking en Afrique[53], demanda en 2017, lors du Bio Summit, au MIT Media Lab (États-Unis) si : « Le mouvement du biohacking suit-il toujours la philosophie du hacking ? C'est-Ă -dire, selon lui : anticapitalisme, subversion, biens communs ? »[54].

Dans la culture

Frankenstein ou le PromĂ©thĂ©e moderne peut ĂȘtre lu comme un Ɠuvre prĂ©curseure sur les pratiques de modification de vivant, notamment par la monstration d'un scientifique-ingĂ©nieur qui charge Ă  l’intĂ©rieur de sa crĂ©ation une « Ă©tincelle d’ĂȘtre » provenant de lui-mĂȘme (un « spark of being » dans la crĂ©ation pour ĂȘtre au monde).

Le biopunk, courant littéraire né à la fin des années 1990, aborde les technologies du vivant, c'est-à-dire l'étude de l'état de l'art des techniques, l'observation aux diverses périodes historiques, en matiÚre d'outils et de savoir-faire sur le vivant. Cette approche prend la forme de fictions critiques, comme sur le clonage et la transgénÚse.

La biologie dans la science-fiction est également un pan important largement traité et diffusé.

Dans le film d'animation NausicaĂ€ de la VallĂ©e du Vent (1984) la princesse NausicaĂ€ hĂ©roĂŻne de l'histoire et personnage principal de NausicaĂ€, masquĂ©e et casquĂ©e dans la forĂȘt toxique, manipule du bout du doigt gantĂ© un des organismes vivants pour en faire tomber un infime partie luminescente, une spore, dans un tube Ă  essai. Ce sont les « Fongus ». Cette pratique lui sert Ă  concevoir un jardin expĂ©rimental botanique dans les sous-sols de son chĂąteau pour tester et concevoir un nouvel Ă©cosystĂšme non toxique Ă  partir des non-humains existants par modification de leur systĂšme d'irrigation.

En 1985, Jayce et les Conquérants de la lumiÚre, une série télévisée d'animation franco-américano-canado-japonaise, dans laquelle le pÚre du héro, le biologiste Audric, crée par erreur les Monstroplantes, espÚces mi-végétales, mi-animales, dotées d'intelligence. Son fils, Jayce et ses camarades d'aventures vont tenter de retrouver Audric tout en combattant ces chimÚres.

En Ɠuvre littĂ©raire dans le cycle d'HypĂ©rion de Dan Simmons (1989), une des factions, les Extros forment une communautĂ© d'ĂȘtres humains qui a fait sĂ©cession avec l'HĂ©gĂ©monie et qui vit dans l'espace en apesanteur. Ils sont adeptes du [transhumanisme-fr], qu'ils pratiquent pour adapter la physiologie humaine Ă  la vie dans l'espace.

Mars la rouge, roman publié en 1992, aborde aussi le biohacking planétaire avec un groupe de scientifique lançant l'ensemencement de la planÚte contre l'avis d'autres scientifiques

Le Dernier Homme (titre original Oryx and Crake), roman de Margareth Artwood publié en 2005, aborde également dans un univers post-apocalyptique les risques et les enjeux de la xenotransplantation et du génie génétique.

En 2016, Company Town (de Madeline Ashby (en)) parle notamment de Hwa, une personne qui renonce aux améliorations par la bio-ingénierie, allant ainsi à l'encontre de sa communauté. Elle est la derniÚre personne entiÚrement organique. Elle devient experte dans les arts de l'auto-défense, chargée de former le plus jeune du groupe.

Depuis septembre 2019, l'Ă©mission CarrĂ© Petit Utile (CPU) diffuse la sĂ©rie « Bio Is The New Black »[55], animĂ©e par la chercheuse Élise Rigot. C'est une sĂ©rie d'entretiens avec des praticiennes et praticiens du biohacking, des designeuses et designeurs, des chercheuses et des chercheurs. Cette Ă©mission est diffusĂ©e sur Radio FMR[56] Ă  Toulouse.

En 2020, le documentaire « Citizen Bio », rĂ©alisĂ© par Trish Dolman (en), offre un angle orientĂ© « augmentation des capacitĂ©s humaines»[57] - [58], mettant en avant Aaron Traywick « Homme d'affaires et pro Transhumanisme » qui fut « retrouvĂ© mort dans un caisson d’isolation sensorielle »[59]

En 2022, le film Vesper Chronicles, de Kristina Buozyt et Bruno Samper, reprend le trame d'histoire et l'angle de « NausicaÀ de la Vallée du Vent » pour mettre en scÚne une « biohackeuse », une personne ùgée de 13 ans, dans un cadre post-apocalyptique[60], et avec une orientation sur écologie féministe probable, dans un avenir sombre marqué par l'effondrement des écosystÚmes et les inégalités économiques[61]

Critiques

Le biohacking est frĂ©quemment relatĂ© dans la presse anglophone comme possible source [bioterrorisme-fr], notamment par la biais de considĂ©ration d'une « biologie de garage »[alpha 1], se rapprochant ainsi d'un phĂ©nomĂšne de marronnier journalistique. « les biohackers crĂ©ent des monstres dans leur garage » et la crainte de « 100 000 personnes capables de crĂ©er de l’anthrax »[62] illustre un lien entre ce traitement mĂ©diatique et les ressorts philosophiques du mythe promĂ©thĂ©en ainsi que la crainte de la technique selon Heidegger.

En mars 2014, une rencontre du « Menace non Coventional (NCT) Briefing »[63] à Bruxelles, le thÚme était : « Biologie de bricolage et bio-piratage : Menace de bioterrorisme ou opportunité scientifique? »[64]. Les personnes suivantes étaient présentes :

  • Thomas Landrain, cofondateur et prĂ©sident, La Paillasse Paris, Laboratoire communautaire de biotechnologie
  • Jorge Bento Silva, chef adjoint de l'unitĂ© Gestion de crise et lutte contre le terrorisme, Direction de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, DG Affaires intĂ©rieures, Commission europĂ©enne
  • Le colonel FrĂ©dĂ©ric Dorandeu, prĂ©sident du groupe de travail mĂ©dical CBRN de l'OTAN et chef du dĂ©partement Toxicologie et risques chimiques de l'Institut de recherche biomĂ©dicale des armĂ©es françaises (IRBA)

Du cĂŽtĂ© des communautĂ©s de pratiques les revendications qui fondent la lĂ©gitimitĂ© de pratique du biohacking peuvent ĂȘtre la « dĂ©colonisation du corps fĂ©minin » (Gynepunk)[65] avec un droit Ă  ne pas ĂȘtre persĂ©cutĂ©s.

Des membres du réseau Hackteria utilisent l'art et la fabulation (biofabbing)[66] pour porter une exégÚse, via la biologie libre et open source, dans la société civile[67].

le site internet DIY Biosphere recense plus d'une centaines d'initiatives communautaires de biohacking, biologie Ă  faire soi-mĂȘme, et Ă©quivalents. Avec une large diversitĂ© de structurations de ces initiatives.

Notes et références

  1. (en) Denisa Kera, « Forgotten Histories of DIYbio, Open, and Citizen Science : Science of the People, by the People, for the People? », dans Art as We Don’t Know It, universitĂ© Aalto, (lire en ligne), p. 154-164.
  2. (en) « Forum: Roses are black, violets are green - The emergence of amateur genetic engineers », New Scientist (consulté le ).
  3. (en) « Biotechnology education : a resource for teachers and students in the biological sciences. » (ISSN 0955-6621).
  4. (en) Michael Schrage, « Playing god in your basement », The Washington Post, .
  5. Fabrice Cahen, Virginie Rozée Gomez, Simone Bateman-Novaes et Emmanuel Betta, Procréation et imaginaires collectifs : fictions, mythes et représentations de la PMA : [actes de la journée d'études internationale "Reproduction médicalement assistée et imaginaires sociaux" tenue à l'Ined de Paris le 29 novembre 2018], (ISBN 978-2-7332-9052-1 et 2-7332-9052-5, OCLC 1291400539, lire en ligne)
  6. Ewen Chardronnet, « GynePunk, les sorciÚres cyborg de la gynécologie DiY », sur Makery, .
  7. (en + es) « Documentation de projets de Gynepunk », wiki du biohackerspace Hackteria.
  8. « Journée de présentation des projets sur les corps et les sexualités », Paris, wiki du Hackerspace Le Reset, .
  9. (en) Jozef Keulartz et Henk van den Belt, « DIY-Bio – economic, epistemological and ethical implications and ambivalences », (DOI 10.1186/s40504-016-0039-1).
  10. (en) Jack Feuer, « Outlaw Biology », UCLA education magazine
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  12. (en) Karmella A Haynes, Marian L Broderick, Adam D Brown, Trevor L Butner, James O Dickson, W Lance Harden, Lane H Heard, Eric L Jessen, Kelly J Malloy, Brad J Ogden, Sabriya Rosemond, Samantha Simpson, Erin Zwack, A Malcolm Campbell, Todd T Eckdahl, Laurie J Heyer et Jeffrey L Poet, « Engineering bacteria to solve the Burnt Pancake Problem », Journal of Biological Engineering, vol. 2,‎ , p. 8 (PMID 18492232, PMCID 2427008, DOI 10.1186/1754-1611-2-8)
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  23. Ouest-France, 12 juin 2018, Evénement. Web2Day : 10 chiffres clés pour la 10e édition
  24. Vidéo Youtube, Makers biohackers et en francophonie ? - Table ronde - VOFR - Web2day (2015)
  25. Biohackers The Politics of open science, Alessandro Delfanti. PlutoPress, 2013
  26. animation Nicolas Martin, « Biohacking : qui sont les nouveaux explorateurs du vivant ? », sur émission La Méthode Scientifique sur France Culture, .
  27. Situation du « genome editing » en Allemagne sur le Portail pour la Science de l'Ambassade de France en Allemagne
  28. Les dossiers sur le biohacking sur le site web du Bundestag
  29. « Manipulation génétique: Josiah Zayner, le biohacker qui va trop loin? », 20 minutes, .
  30. PDF de la ThĂšse de Guillaume Bagnolini À la marge des sciences institutionnelles, philosophie et anthropologie de l'Ă©thique du mouvement biohacking en France.
  31. Nelly Lesage, « Le biohacker controversĂ© Aaron Traywick n’a pas survĂ©cu Ă  ses expĂ©riences biologiques », NumĂ©rama, .
  32. Laurence Allard, « L'amateur: une figure de la modernitĂ© esthĂ©tique », Communications, no 68,‎ , p. 9-31 (lire en ligne).
  33. (en) Black-Mould Brie, Anyone? An Art Project Comes to the City. L'exposition de l'artiste Avril Corroon sur les meules de fromage toxiques, fabriquées à partir de moisissures dans les appartements et les lieux de travail de Dublin et de Londres, s'ouvre bientÎt à la LAB Gallery.
  34. (en) CALL FOR ARTISTS IN RESIDENCE : artists, designers, biohackers, musicians, or other cultural practitioners who want to carry out artistic work with biological media.
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  41. "Grinders are passionate individuals who believe the tools and knowledge of science belong to everyone. Grinders practice functional (sometimes extreme) body modification in an effort to improve the human condition. We hack ourselves with electronic hardware to extend and improve human capacities. Grinders believe in action, our bodies the experiment" https://wiki.biohack.me/Who_We_Are
  42. Gray, Chris Hables (1995). The Cyborg Handbook. New York: Routledge. (ISBN 978-0415908498).
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