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Bataille de la baie de Bantry

La bataille de la baie de Bantry est une bataille navale qui a lieu le dans la baie de Bantry, dans le cadre de la guerre de la Ligue d'Augsbourg. La flotte de la Ligue était commandée par Arthur Herbert, 1er comte de Torrington tandis que la flotte française était aux ordres du marquis de Châteaurenault. En dehors des opérations côtières à La Rochelle en 1627-1628, la bataille de la baie de Bantry est la première bataille entre vaisseaux anglais et français depuis 1545[1].

Bataille de la baie de Bantry
Description de l'image Battle of Bantry Bay,11 May 1689-fr.svg.
Informations générales
Date
Lieu Baie de Bantry (Irlande)
Issue Victoire française stratégique
Forces en présence
24 navires de ligne19 navires de ligne
Pertes
40 morts
93 blessés
96 morts
269 blessés

Guerre de la Ligue d'Augsbourg

Batailles

CoordonnĂ©es 51° 39′ nord, 9° 43′ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Irlande
(Voir situation sur carte : Irlande)
Bataille de la baie de Bantry

La bataille eut lieu à proximité des côtes irlandaises du Sud-est et son issue parut indécise. Toutefois, les Français, dans leur optique d’aider le roi Jacques II d’Angleterre à recouvrer son trône, réussirent à ravitailler sa campagne irlandaise. Bien que la victoire tactique française ne fut pas suivie d’un gain stratégique substantiel, Châteaurenault parvient à infliger de sérieux dommages à la flotte anglaise.

Contexte

À la suite de la Glorieuse Révolution de 1688, le Roi Jacques II d’Angleterre perdit son trône au profit de Guillaume III, Prince d’Orange qui régna conjointement avec sa femme Marie. Jacques II fuit vers la France où il obtint le soutien de Louis XIV dans sa reconquête du trône d’Angleterre. Dans sa démarche, Louis XIV soutint Jacques II pour deux raisons, d’abord le monarque français croyait sincèrement que les membres de la famille Stuart étaient les héritiers légitimes du trône d’Angleterre ; ensuite et surtout, Louis XIV vit un biais par lequel il eût pu éloigner les forces de Jacques II du théâtre des Pays-Bas espagnols, cible principale des deux monarques dans la suite de la guerre de la Ligue d'Augsbourg[2].

Durant son sĂ©jour en France, Jacques II leva une armĂ©e pour soutenir son Lord Deputy d'Irlande, le comte de Tyrconnell. Jacques II ne peut regagner en personne l’Irlande pour diriger la campagne qu’en 1689, mĂŞme s’il avait envoyĂ© des aides financières auparavant[3]. Après qu’il eut dĂ©barquĂ© Ă  Kinsale en compagnie de cent officiers français et 2 500 hommes, Jacques II et le comte de Tyrconnell (qu’il avait fait duc pour l’occasion) gagnèrent Dublin. Jacques II espĂ©rait prendre rapidement le contrĂ´le de l’Irlande avant de s’intĂ©resser Ă  l’Écosse ou l’Angleterre. Toutefois, il en fut empĂŞchĂ© par les mouvements protestants irlandais bien Ă©tablis et hors de son contrĂ´le. Ă€ ce stade, et pour mettre l’Irlande Ă  sa botte, Jacques II eut absolument besoin d’un soutien français, que Louis XIV devait lui faire parvenir par mers. Les parlementaires anglais s’inquiĂ©tant des tournures que prenaient la situation en Irlande dĂ©cidèrent d’user de la Royal Navy pour contrer les plans de Jacques II[4].

La bataille de la baie de Bantry, 11 mai 1689

La bataille de Bantry vue par un illustrateur de la fin du XIXe siècle.

Le nouveau commandant-en-chef de la flotte anglaise, Arthur Herbert, prit la mer le à la tête de dix-neuf navires, mais en laissa derrière lui de nombreux, dont les équipages s’étaient mutinés pour des salaires non payés[5]. La flotte anglaise croisait au large de Cork le , cherchant à intercepter les vaisseaux ennemis. La flotte française consistait en vingt-quatre vaisseaux de ligne de troisième et quatrième rangs, de deux frégates et de quelques brûlots. La cargaison de la flotte faisait état d’armes, de munitions, d’argent et de ravitaillement en général pour la campagne de Jacques II. Le départ de Brest eut lieu le .

Tandis que les Français s’approchaient de la cĂ´te sud de l’Irlande, l’escadre de l’amiral Herbert avait rendu le dĂ©barquement impossible Ă  Kinsale, ce qui força le marquis de Châteaurenault Ă  jeter l’ancre dans la baie de Bantry. Le lendemain, le , pendant que 1 500 hommes et du matĂ©riel Ă©taient dĂ©barquĂ©s, la flotte anglaise rejoignit la flotte française. Les Français levèrent l’ancre dès qu’ils aperçurent les vaisseaux anglais ce qui engendra une bataille navale dans les eaux confinĂ©es de la baie. Initialement les deux flottes s’opposèrent formant deux lignes parallèles, mais Châteaurenault, qui avait l’avantage d’être au vent des vaisseaux anglais, rĂ©ussit Ă  dĂ©placer la bataille vers la haute mer[4]. Le combat qui s’ensuivit et qui dura quatre heures, s’avĂ©ra indĂ©cis, aucune des flottes ne prenant nettement l’avantage sur l’autre. Toutefois, les navires français Ă©taient parvenus Ă  protĂ©ger ceux qui dĂ©chargeaient le ravitaillement destinĂ© Ă  Jacques II d’Angleterre[2]. Tard dans l’après-midi, lorsque les vaisseaux français rompirent le combat pour regagner les cĂ´tes françaises, la flotte anglaise avait subi de lourdes pertes et Ă©tait trop endommagĂ©e pour prendre la poursuite[6].

Conséquences

La flotte française se retirant, Châteaurenault regagna Brest le , n’en ayant pas moins arraisonné sur la route du retour sept navires marchands hollandais en provenance des Indes Occidentales. De son côté l'amiral Herbert gagne d’abord les Îles Scilly, puis Plymouth et enfin Spithead qu’il atteignit le [6]. À la fois pour la France et l’Angleterre la bataille n’était pas satisfaisante ; bien que la flotte anglaise fût suffisamment endommagée pour être retenue deux mois à Plymouth, période durant laquelle les côtes irlandaises étaient libres de toute couverture anglaise, Châteaurenault ne profita pas de cet avantage, au grand dam de ses deux jeunes chefs d'escadre Job Forant et Jean Gabaret. Le prince d'Orange, Guillaume III d'Angleterre, était aussi insatisfait de l’issue du combat ; néanmoins, il fit Arthur Herbert Comte de Torrington, par reconnaissance pour le rôle que ce dernier avait joué durant la Glorieuse Révolution[7]. De plus, le Roi fit chevalier deux capitaines qui secondaient Herbert : John Ashby et Cloudesley Shovell[8].

Pendant ce temps, Jacques II avait commencé le siège de Derry, dont la capture lui eût permis de communiquer directement avec les jacobites d’Écosse, trois frégates françaises sous les ordres du capitaine Duquesne pourvoyant à Jacques II son moyen de communication entre les terres d’Irlande et d’Écosse[9] Pour parer au soutien français, le parlement d’Écosse assigna deux petits croiseurs, le Pelican et le Janet qui devaient museler les frégates françaises. Cependant, le , Duquesne s’empare des deux vaisseaux écossais dans le canal du Nord[10].

La Ligue d'Augsbourg commença Ă  renforcer sa flotte dans La Manche et bientĂ´t trente-quatre navires de ligne britanniques et vingt hollandais, accompagnĂ©s de quatre frĂ©gates et dix-sept brĂ»lots croisaient au large des ĂŽles britanniques. Après un rendez-vous avec des navires ravitailleurs, la flotte anglo-hollandaise croisa au Sud de Kinsale pour empĂŞcher la France de soutenir Jacques II plus avant en Irlande[11]. Toutefois, quand la flotte de Châteaurenault quitta Brest et fut rejointe par l’escadre de Tourville, consistant de vingt navires de ligne et quatre frĂ©gates, elle mit le cap sur la baie de Biscay, ce qui ne mit pas en pĂ©ril les communications anglaises avec l’Écosse ou l’Irlande comme escomptĂ©[12]. Ainsi, les Français ne purent empĂŞcher l’amiral Rooke de casser le siège de Londonderry le , ni l’armĂ©e de Schomberg de dĂ©barquer Ă  Carrickfergus le 23 du mĂŞme mois, en provenance d’Angleterre. Avec ce dernier renforcement, les troupes du Prince d’Orange atteignirent les quelque 40 000 hommes en Irlande.

À noter qu'un siècle plus tard deux expéditions navales française suivirent le même parcours et tentèrent de débarquer en baie de Bantry : Expédition d'Irlande (1796) ; Expédition d'Irlande (1798).

Notes et références

  1. B&T Tunstall 2001, p. 52.
  2. Lynn 1999, p. 203
  3. Kinross 1998, p. 14.
  4. Roger 2006, p. 143
  5. Roger 2006, p. 143 Herbert succède à l’Admiral George Legge, Earl of Dartmouth.
  6. Aubrey 1979, p. 35
  7. Roger 2006, p. 143 : Herbert was made commander-in-chief of the Dutch navy that brought William across the Channel for the invasion of England in 1688.
  8. Aubrey 1979, p. 36.
  9. Deux des capitaines sous les ordres de Duquesne Ă©taient Anglais, partisans du roi Jacques.
  10. Roger 2006, p. 144.
  11. Aubrey 1979, p. 37.
  12. Roger 2006, p. 144. Aubrey gives the date as 29 July (O.S).

Annexes

Bibliographie

en français
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines Ă  nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
  • Michel VergĂ©-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Ă©ditions Robert Laffont, coll. « Bouquins »,
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8)
  • RĂ©mi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, Ă©ditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
  • Charles La Roncière, Histoire de la Marine française : La crĂ©puscule du Grand règne, l’apogĂ©e de la Guerre de Course, t. 6, Paris, Plon, , 674 p. (lire en ligne)
en anglais
  • (en) Philip Aubrey, The Defeat of James Stuart’s Armada 1692, Leicester/Totowa, N.J., Leicester University Press, , 192 p. (ISBN 0-7185-1168-9)
  • (en) John A. Lynn, The Wars of Louis XIV, 1667–1714, Longman, (ISBN 0-582-05629-2)
  • (en) John Kinross, The Boyne and Aughrim : The War of the Two Kings, The Windrush Press, (ISBN 1-900624-07-9)
  • (en) N.A.M. Roger, The Command of the Ocean : A Naval History of Britain 1649–1815, Penguin Group, (ISBN 0-14-102690-1)
  • (en) Nicholas B&T Tunstall, Naval Warfare in the Age of Sail : The Evolution of Fighting Tactics, 1650-1815, Conway Maritime, (ISBN 978-0-85177-544-9)

Articles connexes

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