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Siège de Coni (1691)

Le siège de Coni[1] a lieu entre le 11 et le pendant la guerre de Neuf Ans en Savoie-PiĂ©mont, en Italie du nord. Il s'inscrit dans la campagne de Louis XIV contre le duc Victor-AmĂ©dĂ©e II de Savoie, qui a ralliĂ© la Grande Alliance l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. TĂ´t dans la campagne, le futur marĂ©chal de France Nicolas de Catinat s'empare du comtĂ© de Nice et, de lĂ , s'avance dans la plaine du PiĂ©mont. Les forces françaises y subissent cependant une importante dĂ©faite lors du siège de Coni et perdent entre 700 et 800 hommes.

Durant le mois de décembre, les forces françaises prennent Montmélian, dernier point d'appui du duc de Savoie dans les alpes occidentales, mais les forces de Catinat réduites et mal ravitaillées ne sont pas en mesure d'hiverner à l'est des Alpes. Le décès en juillet du ministre de la guerre de Louis XIV, Louvois, conjugué à la situation difficile de l'armée de Catinat, convainc le roi de France de proposer un traité de paix avantageux au duc Victor-Amédée. Mais celui-ci a entretemps reçu des renforts importants du Saint-Empire romain germanique et s'estime suffisamment fort pour négliger l'offre de paix.

Le contexte

Afin de se libérer de son allégeance à la France, le duc Victor-Amédée II prend parti en faveur de la ligue d'Augsbourg en . Il est cependant défait par le maréchal Catinat à la bataille de Staffarda le . Au départ de place française de Pignerol, le maréchal Catinat conquiert par la suite quelques autres villes de la région ; cependant, à cause de problèmes de communication et d'une logistique déficiente (qui conduit à un manque de troupes et de ravitaillement), les Français sont contraints de se retirer de la plaine du Piémont à la fin de l'année 1690 pour prendre leurs quartiers d'hiver à l'ouest des Alpes[2].

Les Français repartent en campagne tôt dans l'année 1691. En mars, Catinat franchit la frontière du comté de Nice et attaque les villes côtières du sud, Nice et Villefranche-sur-Mer. Il était impératif de prendre les deux places étant donné le tremplin potentiel qu'elles constituaient pour des opérations militaires terrestres et amphibies alliées dirigées contre la Provence ; inversement, leur contrôle faciliterait des opérations françaises au sud du Piémont[3]. Villefranche se rend immédiatement à Catinat le et Nice tombe rapidement, à l'exception de la citadelle qui reste aux mains d'un détachement sous les ordres du général Vins jusqu'au . Une centaine d'hommes tombent devant Nice[4] et le comté de Nice tout entier revient à Louis XIV. De toutes les villes du duché de Savoie à l'ouest des Alpes, seule Montmélian reste aux mains du duc de Savoie.

Siège

Au Piémont, le marquis de Feuquières part de Pignerol le et marche vers le sud-ouest pour attaquer à Luserna les vaudois et les huguenots français réfugiés. Ayant rencontré une faible résistance, Feuquières, qui avait subi l'année précédente un échec à Luserna, met à sac la ville et massacre un grand nombre de ses habitants[4]. Catinat, pendant ce temps, ravage ce qui se trouve entre Turin et Suse. Catinat s’empare d’Avigliana le , avant d'envoyer un grand corps d’armée, sous les ordres de Feuquières et de Bulonde, prendre Coni sur la Stura dans le Piémont du sud.

La capture de Coni aurait permis aux Français de passer l’hiver 1691-92 Ă  l'est des Alpes, mais l'incompĂ©tence des deux commandants fait de l'expĂ©dition un dĂ©sastre complet. Apprenant l'arrivĂ©e de la cavalerie alliĂ©e, sous les ordres du prince Eugène de Savoie, Bulonde s’affole et lève le siège. Outre la perte de 700 Ă  800 hommes, l'armĂ©e française laisse sur place son matĂ©riel, ses blessĂ©s et ses gros canons, fuyant en dĂ©bandade en essayant de rejoindre le gros des troupes de Catinat près de Turin. La garnison de Coni avait tenu bon et Ă©tait toujours intacte Ă  l’arrivĂ©e d’Eugène. Après avoir renforcĂ© les dĂ©fenses de la ville, Eugène retourne Ă  Turin[5].

Conséquences

En juillet, Feuquières obtient des renforts et de l'argent de l'autre principale forteresse française de Casale Monferrato. NĂ©anmoins, les forces françaises continuent d'ĂŞtre handicapĂ©es par un manque d'hommes et d'approvisionnement[3]. Le , Catinat prend Carmagnole, mais en aoĂ»t 13 000 soldats du Saint-Empire romain germanique – qui avaient combattu rĂ©cemment contre les Ottomans – arrivent en renfort, portant les troupes de Victor-AmĂ©dĂ©e (sur le papier) Ă  45 000 hommes[4]. Le , les alliĂ©s traversent le PĂ´ afin de reprendre Carmagnole ; la ville capitule le par manque de troupes.

Pendant ce temps, le marquis de La Hoguette, à la tête des forces françaises dans le duché de Savoie, fait un raid dans la vallée d'Aoste en préparation du siège de Montmélian. La vallée est une des deux routes principales de Savoie qui peut servir à Victor-Amédée pour envoyer de l'aide à partir du Piémont (la prise de Suse en bloque l'autre route). Hoguette atteint Bard avant de retourner en Savoie, détruisant derrière lui tous les ponts et les points de passage[4]. En raison d'un manque d'artillerie de siège, Montmélian ne peut être prise avant le mois de novembre[6] ; mais dès qu'il fut clair qu'aucun renfort ne viendrait du Piémont, le gouverneur de la ville capitule le .

MalgrĂ© la faible avancĂ©e des Français dans le PiĂ©mont, Catinat contrĂ´le dorĂ©navant quasiment l'intĂ©gralitĂ© du comtĂ© de Nice et du duchĂ© de Savoie. Lors des pourparlers de paix qui ont lieu au milieu de l'Ă©tĂ© 1691, Louis XIV insiste pour conserver les terres conquises dans le comtĂ© de Nice, ainsi que plusieurs villes piĂ©montaises situĂ©es sur la route de Casale et MontmĂ©lian ; les 2 400 hommes de l'armĂ©e de Victor-AmĂ©dĂ©e ainsi que trois rĂ©giments de dragons vont renforcer les forces françaises contre la Grande Alliance sur d'autres fronts. Le , le ministre de la guerre Louvois meurt. Douze jours plus tard, Louis XIV nomme Pomponne, un modĂ©rĂ©, au Conseil d'en haut comme ministre d'État[7]. Face Ă  un ennemi supĂ©rieur, et incapable de soutenir ses forces dans le PiĂ©mont, Louis XIV propose un accord de paix en dĂ©cembre, mais les clauses du traitĂ© sont bien diffĂ©rentes des demandes originelles faites au dĂ©but de la guerre d'Italie en : la France propose d'indemniser la Savoie pour le coĂ»t de la guerre et les territoires conquis par la France devront ĂŞtre administrĂ©es par une tierce personne ; la forteresse de Casale devra ĂŞtre rasĂ©e, et, dans l'Ă©ventualitĂ© de la mort de Charles II, le roi d'Espagne, Louis XIV viendra en aide Ă  Victor-AmĂ©dĂ©e pour la conquĂŞte de Milan. Cependant, Victor-AmĂ©dĂ©e n'est pas prĂ©parĂ© Ă  nĂ©gocier, notamment parce qu'il anticipe une future supĂ©rioritĂ© militaire au cours de la prochaine campagne[3]. L'offre de paix est rejetĂ©e, et les hostilitĂ©s reprennent l'annĂ©e suivante.

Notes et références

  1. Le nom italien de Coni est Cuneo.
  2. Wolf : Louis XIV, p. 562
  3. Rowlands : Louis XIV, Vittorio Amedeo II and French Military Failure in Italy, 1689-96.
  4. Lynn 1999, p. 220
  5. Wolf : Louis XIV, p. 564
  6. Rowlands : Louis XIV, Vittorio Amedeo II and French Military Failure in Italy, 1689-96. La concentration d'une grande partie de l'artillerie et du matériel français à la frontière des Flandres et en Alsace handicape l'armée française en Italie tout au long de la guerre.
  7. Wolf : Louis XIV, p. 568

Bibliographie

  • (en) John A. Lynn, The Wars of Louis XIV, 1667–1714, Longman, (ISBN 0-582-05629-2)
  • (en) George MacMunn, Prince Eugene: Twin Marshal with Marlborough
  • (en) Guy Rowlands, Louis XIV, Vittorio Amedeo II and French Military Failure in Italy, 1689-96 (Voir)
  • (en) John B. Wolf, Louis XIV, Panther Books, 1970, (ISBN 0-586-03332-7)
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