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Bataille de Fuentes de Oñoro

La bataille de Fuentes de Oñoro oppose le maréchal Masséna, duc de Rivoli et prince d'Essling, au lieutenant général Arthur Wellesley, vicomte Wellington, du 3 au près de la frontière lusitano-espagnole. Elle est la première bataille de la guerre péninsulaire portugaise ayant lieu en territoire espagnol. Le mouvement de sortie des troupes anglo-portugaises permet à terme la jonction avec les troupes espagnoles en guerre contre Napoléon.

Bataille de Fuentes de Oñoro
Description de cette image, également commentée ci-après
Le capitaine Norman Ramsay, de la Royal Horse Artillery, menant sa troupe à travers les cavaliers français lors de la bataille de Fuentes de Oñoro. Peinture de George Bryant Campion.
Informations générales
Date 3-
Lieu Fuentes de Oñoro, Espagne
Issue Indecise[1]
Forces en présence
40 000–42 000 fantassins [1]
4 500–5 000 cavaliers [1]
33 000–36 000 fantassins [1]
1 850–2 000 cavaliers [1]
48 canons [2]
Pertes
2 700-2 844[1]
343 morts
2 287 blessés
214 prisonniers [3]
1 800[1]
241 morts
1 247 blessés
312 prisonniers [3]

Guerre d'indépendance espagnole

Batailles

Campagne de Castille (1811-1812)
CoordonnĂ©es 40° 35′ 00″ nord, 6° 49′ 00″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Bataille de Fuentes de Oñoro
GĂ©olocalisation sur la carte : Castille-et-LeĂłn
(Voir situation sur carte : Castille-et-LeĂłn)
Bataille de Fuentes de Oñoro

Le contexte

Au printemps 1810, Napoléon charge le maréchal Masséna, à la tête de l'armée du Portugal, de chasser les troupes alliées de Wellington. L'attaque est lancée par le nord et la progression française est difficile. Une sanglante bataille est livrée à Buçaco, le . Si Masséna peut poursuivre son avance, ses pertes sont en revanche extrêmement sérieuses. Le 11 octobre, au nord de Lisbonne, l'armée impériale doit faire face à un vaste ensemble d'ouvrages fortifiés. Construit dans le plus grand secret, cet ensemble reçoit le nom de « lignes de Torres Vedras ». Côté français, comme l'attestent les Mémoires du général baron de Marbot, alors aide de camp auprès du maréchal Masséna, la surprise est totale. Ne disposant pas de moyens suffisants en artillerie et en génie pour emporter des positions à première vue si formidables, Masséna fait camper son armée face à celle de Wellington.

La situation s'enlise rapidement pour les Français. Les lignes de communication sont dramatiquement Ă©tendues et la rĂ©gion est rapidement pillĂ©e. Les troupes de MassĂ©na subissent donc une forte attrition, Ă  peine compensĂ©e par l'arrivĂ©e de renforts, le 26 dĂ©cembre. Finalement, au printemps 1811, face Ă  une situation totalement bloquĂ©e, il ordonne la retraite sur l'Espagne. Celle-ci s'effectue en bon ordre. L'arrière-garde est assurĂ©e avec beaucoup de brio par le marĂ©chal Ney, qui remporte Ă  cette occasion quelques succès face aux troupes alliĂ©es qui ont entrepris de suivre l'armĂ©e du Portugal. Ney est cependant relevĂ© de son commandement Ă  la suite de sa mĂ©sentente persistante avec MassĂ©na. Wellington investit alors la place d'Almeida. SituĂ©e au nord du Portugal, elle est un point de passage obligĂ© vers l'Espagne. Une gigantesque explosion l'a partiellement ruinĂ©e au printemps prĂ©cĂ©dent, lors de l'invasion française. Une garnison, forte de 1 300 hommes aux ordres du gĂ©nĂ©ral Brenier, l'occupe. MassĂ©na dĂ©cide alors d'un retour offensif pour dĂ©gager la place et en Ă©vacuer la garnison.

Les forces en présence

Le marĂ©chal MassĂ©na dispose d'environ 45 000 hommes, dont 2 000 cavaliers auxquels il convient d'ajouter 1 600 cavaliers sous les ordres directs du marĂ©chal Bessières, commandant en chef de l'armĂ©e du Nord, venus en renfort. Parmi eux se trouve un rĂ©giment de marche de la cavalerie de la Garde impĂ©riale aux ordres du gĂ©nĂ©ral Lepic. Enfin l'armĂ©e dispose de 38 canons.

Wellington pour sa part peut compter sur environ 34 000 Anglo-Portugais, dont 1 500 cavaliers, sans compter les troupes assurant le blocus de la place d'Almeida. Les 2/3 de ses hommes sont des soldats de sa MajestĂ© britannique. Son artillerie est forte de 48 pièces.

Sauf dans le domaine de l'artillerie, les Français disposent donc d'une très nette supériorité sur leur adversaire.

La bataille

La cavalerie légère française chargeant les carrés britanniques à Fuentes de Oñoro.

L'action s'étale sur trois jours. Le 3 mai, Masséna lance la division Ferey sur le village de Fuentes de Oñoro. Le village est âprement disputé, mais une contre-attaque repousse les Français à l'entrée du village. Au cours de l'action, un bataillon hanovrien, servant dans la division Ferey, vêtu de rouge, est confondu avec l'ennemi et essuie le feu ami.

La journĂ©e du 4 mai voit les troupes des deux armĂ©es renforcer leurs positions autour du village et Ă©changer des coups de feu. La cavalerie française mène de nombreuses reconnaissances. Au cours de l'une d'elles, le gĂ©nĂ©ral Montbrun s'aperçoit que le flanc droit de Wellington est relativement dĂ©garni. Il fait immĂ©diatement part de cette information Ă  MassĂ©na, qui dĂ©cide alors de rĂ©aliser, pour le lendemain, une vaste attaque de ce cĂ´tĂ©. Les dispositions sont promptement arrĂŞtĂ©es : 17 000 fantassins et 3 500 cavaliers (dont ceux de la Garde) effectueront le mouvement tournant, tandis que 14 000 hommes fixeront l'attention de Wellington en attaquant Fuentes de Oñoro de front.

Le mouvement français est en partie réalisé dans la nuit du 4 au 5 mai et facilité par le brouillard à l'aube du 5. L'attaque prend les Anglo-Portugais au dépourvu, dans un premier temps. Montbrun effectue plusieurs charges brillantes qui sèment la confusion. Sous la pression, les troupes de Wellington plient mais ne rompent pas. Fuentes de Oñoro est vaillamment défendu et le repli se fait pied à pied avec le village comme point d'appui. Les charges du général Fournier déciment deux carrés anglais, exploit jamais égalé depuis. Finalement, une solide ligne de défense est établie. C'est à ce moment que Montbrun, voulant opérer une ultime percée, ordonne au général Lepic de charger. Celui-ci refuse, arguant du fait qu'il ne peut recevoir d'ordre que du maréchal Bessières en personne. Or celui-ci demeure introuvable. La bataille diminue alors d'intensité et s'achève sans autres événements majeurs.

Le bilan

Les Français perdent environ 2 000 hommes tuĂ©s ou blessĂ©s, les AlliĂ©s 1 500. Cette bataille est remarquable par la tentative de manĹ“uvre de MassĂ©na. Tirant les leçons de son Ă©chec Ă  la bataille de Buçaco, il cherche Ă  tourner la position de Wellington plutĂ´t que de lancer une attaque frontale, quasi suicidaire face Ă  la discipline au feu des Anglais. Il n'est pas passĂ© très loin du succès mais doit cependant se replier. Il fait parvenir l'ordre de repli Ă  Brenier, par trois messagers. La place d'Almeida est Ă©vacuĂ©e dans la nuit du 10 au et la garnison rejoint l'armĂ©e française au nez et Ă  la barbe des Britanniques. Le 11 mai, MassĂ©na entre en Espagne ; il est alors rejoint par le marĂ©chal Marmont qui le relève officiellement de son commandement. Il s'exile alors sur ses terres et ne recevra plus jamais le commandement d'une armĂ©e sur un champ de bataille.

L'épisode de Bessières, introuvable sur le champ de bataille, est à mettre en parallèle avec celui de Ney. En Espagne, loin de l'œil du maître resté à Paris, les maréchaux vont souvent se déchirer. Peu désireux de collaborer entre eux, jaloux de leur autorité respective, leurs attitudes vont considérablement handicaper les opérations militaires. L'intervention de la cavalerie de Lepic aurait pu changer l'issue du combat, mais Bessières ne voulait peut-être pas qu'une éventuelle victoire fasse retomber tous les honneurs sur Masséna.

La méprise tragique dont est victime la Légion hanovrienne illustre les aléas de la guerre à cette époque : les champs de bataille sont en effet noyés dans une épaisse fumée due à l'utilisation d'armes à poudre noire, ce qui rend difficile voire impossible l'identification des unités. De telles méprises ne sont pas rares.

Notes et références

  1. Bodart 1908, p. 424.
  2. Gates 2001, p. 503.
  3. Smith 1998, p. 358–361.

Voir aussi

Bibliographie

  • RenĂ© Chartrand, Fuentes de Onoro, Wellington's liberation of Portugal, Campaign Series, Osprey, Osprey Publishing Ltd., 2002.
  • GĂ©nĂ©ral Baron de Marbot, MĂ©moires
    • 2 volumes, Mercure de France, Paris, 2001.
    • En ligne, l'Ă©dition de 1891 : vol. 1 ; vol. 2 ; vol. 3.

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