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Combat de Campo Maior

Le combat de Campo Maior se déroule le à Campo Maior, au Portugal, au cours de la guerre d'indépendance espagnole. Il oppose la cavalerie anglo-portugaise du brigadier-général Robert Ballard Long à un contingent français commandé par le général Victor de Faÿ de La Tour-Maubourg. Après avoir remporté un succès initial, plusieurs escadrons alliés se lancent à la poursuite des Français et s'emparent d'un convoi d'artillerie. Cependant, le général Beresford, trompé par un rapport erroné l'informant de la capture du 13e dragons légers, interrompt l'engagement, ce qui permet aux Français de récupérer les canons et d'atteindre Badajoz sans être inquiétés.

Combat de Campo Maior
Description de cette image, également commentée ci-après
Le 13e dragons légers britannique poursuivant la cavalerie française lors du combat de Campo Maior, le 25 mars 1811. Illustration de Stanley L. Wood, 1897.
Informations générales
Date
Lieu Campo Maior, Portugal
Issue Victoire anglo-portugaise
Forces en présence
2 400 hommes[1]700 hommes
Pertes
200 tués, blessés ou prisonniers
1 canon
24 tués
67 blessés
77 prisonniers

Guerre d'indépendance espagnole

Batailles

Campagne de Castille (1811-1812)
CoordonnĂ©es 39° 01′ 00″ nord, 7° 04′ 00″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Portugal
(Voir situation sur carte : Portugal)
Combat de Campo Maior

Contexte

Au cours de l'hiver 1810-1811, au Portugal, l'armĂ©e française du marĂ©chal MassĂ©na piĂ©tine devant les lignes de Torres Vedras, tenues par l'armĂ©e anglo-portugaise de Lord Wellington. MassĂ©na, manquant de ravitaillement, se retire finalement sur Almeida au mois de mars. Pendant ce temps, plus au sud, le marĂ©chal Soult entreprend le siège de Badajoz, qui capitule le [2]. Le 15, 4 500 soldats français du 5e corps, sous les ordres du marĂ©chal Mortier, se prĂ©sentent sous les murs du château de Campo Maior. La garnison portugaise du major Talaya, forte de 800 miliciens et de 50 canons, rĂ©siste jusqu'au 21 mars avant que les tirs des pièces françaises ne rendent l'endroit indĂ©fendable[1]. De son cĂ´tĂ©, Wellington ordonne au gĂ©nĂ©ral Beresford de soulager Badajoz avec 18 000 hommes. La place Ă©tant entretemps tombĂ©e aux mains de Soult, Beresford continue sa progression afin de reprendre la ville[3].

Prélude et forces en présence

Mortier détache le général Victor de Faÿ de La Tour-Maubourg pour escorter un convoi d'artillerie de siège de Campo Maior jusqu'à Badajoz. Beresford, informé de ce mouvement, décide d'intercepter ses adversaires, et envoie dans ce but le brigadier-général Robert Ballard Long en avant-garde avec quinze escadrons de cavalerie. Cependant, une partie seulement de cette troupe prend part au combat du .

Ordre de bataille français

GĂ©nĂ©ral de division Victor de FaĂż de Latour-Maubourg, commandant en chef — 2 400 hommes[1]

Ordre de bataille anglo-portugais

Brigadier-général Robert Ballard Long, commandant en chef — 700 hommes, 2 canons[1]

  • 13e rĂ©giment de dragons lĂ©gers britannique — 3,5 escadrons
  • 1er rĂ©giment de cavalerie portugais
  • 7e rĂ©giment de cavalerie portugais, major Loftus Otway — 2 escadrons
  • Artillerie de la King's German Legion, capitaine Cleeves — 2 canons

DĂ©roulement du combat

Des cavaliers au galop attaquant des artilleurs.
Des cavaliers du 13e dragons légers s'emparant du convoi d'artillerie français au cours du combat de Campo Maior. Illustration de Stanley L. Wood.

Le , le général Long lance les deux escadrons du 13e dragons légers contre le 26e dragons, tandis que les Portugais du 7e couvrent leur flanc gauche. Les dragons français sont enfoncés et leur commandant, le général Chamorin, est tué. La cavalerie française, à l'exception de deux escadrons restés en soutien de l'infanterie, est mise en déroute et s'enfuit en direction de Badajoz. Fort de moins de 200 hommes, le 13e dragons légers est ainsi parvenu à balayer les Français deux à trois fois plus nombreux en une seule charge[5].

Les cavaliers britanniques, suivis par le 7e dragons portugais du major Otway, se lancent à la poursuite des vaincus ; ils tombent sur le convoi de siège, s'en emparent et continuent leur progression sur une dizaine de kilomètres. Quelques dragons légers atteignent même les retranchements de Badajoz mais sont repoussés par le feu de la garnison : au même moment, la cavalerie française fait une sortie pour chasser les Anglo-Portugais. Cependant, plus en arrière, deux canons de la King's German Legion sont mis en batterie et commencent à tirer sur la colonne française. La cavalerie lourde britannique est prête à intervenir, tandis que de l'infanterie arrive sur le terrain pour prêter main-forte[6] - [7].

C'est alors que le général Beresford reçoit un rapport erroné indiquant que le 13e dragons a été capturé dans son intégralité, ce qui l'incite à interrompre l'engagement[6] - [7]. La décision de Beresford de cesser les combats, quand il semble être en mesure d'anéantir les troupes françaises, est prise par ses détracteurs comme un manque de perspicacité similaire à son attitude quelques mois plus tard à la bataille d'Albuera[8]. Les Alliés ayant suspendu leurs attaques, l'infanterie française reprend sa route et, avec l'aide de la cavalerie à présent ralliée, inflige des pertes aux dragons adverses revenant de leur charge[9]. Elle récupère aisément le convoi d'artillerie, qu'elle escorte ensuite dans Badajoz sans être inquiétée. Les cavaliers anglo-portugais conservent toutefois un obusier[10] - [9].

RĂ©sultats

Portrait d'un général britannique, tête nue, légèrement tourné vers la droite et vêtu d'un uniforme richement décoré.
Le brigadier-général Robert Ballard Long. Mezzotinte, 1827.

Sur 2 400 soldats engagĂ©s, les Français ont subi 200 pertes, dont 108 du 26e dragons — incluant le gĂ©nĂ©ral Chamorin tuĂ© au dĂ©but du combat —, ainsi qu'un canon. De leur cĂ´tĂ©, les Anglo-Portugais totalisent 168 victimes. Le 13e dragons lĂ©gers compte 10 tuĂ©s, 27 blessĂ©s et 22 capturĂ©s. Les rĂ©giments portugais ont perdu 14 tuĂ©s, 40 blessĂ©s et 55 capturĂ©s. Après le combat, les AlliĂ©s marchent sur Campo Maior et rĂ©investissent la place[1].

Malgré leur supériorité numérique, les Anglo-Portugais ne poursuivent que timidement La Tour-Maubourg. Une querelle surgit en effet entre Long et Beresford. Le combat de cavalerie de Campo Maior devient une action très controversée. Beresford considère que Long a perdu le contrôle de sa cavalerie légère, et affirme également que son intervention à propos de la brigade de dragons lourds a empêché Long de leur ordonner une charge suicidaire contre les carrés d'infanterie français[11]. Long, soutenu plus tard en cela par l'historien William Napier[12], soutient au contraire qu'une attaque de la brigade lourde aurait pu balayer les cavaliers français en soutien de leur infanterie, et par conséquent forcer cette dernière à se rendre[6].

Cette charge incontrôlée du 13e dragons légers à Campo Maior est à mettre en parallèle avec celle du 20e dragons légers à Vimeiro, du 23e à Talavera et de la brigade Slade au combat de Maguilla[13]. Quelques mois plus tard, le 16 mai 1811, Beresford affronte le maréchal Soult à la bataille d'Albuera.

Conséquences

Wellington, après avoir reçu le rapport de Beresford sur le combat de Campo Maior, adresse une sévère réprimande aux cavaliers du 13e dragons légers : il les qualifie de « racaille », les menacent de leur retirer leurs chevaux et songe à les envoyer à Lisbonne. Les officiers du régiment écrivent alors une lettre à Wellington en détaillant précisément chaque péripétie de l'action. À la suite de cette lettre, Wellington aurait dit que s'il avait connu l'ensemble des faits, il n'aurait jamais émis une telle réprimande[14]. La publication de l'ouvrage History of the War in the Peninsula par William Napier, dans les années 1830, ravive la controverse entourant le combat de Campo Maior, et conduit à une série de pamphlets injurieux entre le neveu de Long et l'historien Napier d'un côté et le général Beresford et ses partisans de l'autre[15].

Références

  1. Smith 1998, p. 357.
  2. Smith 1998, p. 355.
  3. Oman 1911, p. 249-251.
  4. Lapène 1823, p. 137 mentionne deux bataillons pour un effectif total de 1 200 hommes.
  5. Fletcher 1999, p. 140.
  6. McGuffie 1951, p. 73-81.
  7. Fletcher 1999, p. 132 et 142.
  8. Fletcher 1999, p. 138 et 139.
  9. Napier 1842, p. 310.
  10. Oman 1913, p. 105.
  11. Oman 1911, p. 258-265.
  12. Napier 1842, p. 309-310.
  13. Oman 1913, p. 104-105.
  14. Fletcher 1999, p. 136-137.
  15. (en) William Francis Patrick Napier, History of the War in the Peninsula and the South of France 1807-1814, vol. 3, Londres, 1828-1840, p. 21-25.

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Édouard Lapène, ConquĂŞte de l’Andalousie : campagne de 1810 et 1811 dans le midi de l’Espagne, Paris, Anselin et Pochard, , 270 p.. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Digby Smith, The Napoleonic Wars Data Book, Londres, Greenhill, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Charles Oman, A History of the Peninsular War : December 1810 to December 1811, vol. 4, Greenhill Books, (ISBN 1-85367-618-7). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Charles Oman, Wellington's Army, 1809-1814, Londres, Greenhill Books, (rĂ©impr. 1993), 395 p. (ISBN 0-947898-41-7). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Ian Fletcher, Galloping at Everything : The British Cavalry in the Peninsula and at Waterloo 1808-15, Staplehurst, Spellmount, , 301 p. (ISBN 1-86227-016-3). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) T. H. McGuffie, Peninsular Cavalry General (1811–13) : The Correspondence of Lieutenant General Robert Ballard Long, Londres, George G. Harrap, . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) William Francis Patrick Napier, History of the War in the Peninsula, vol. 2, Carey and Hart, . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
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