Vital Joachim Chamorin
Vital-Joachim Chamorin, né le à Bonnelles dans les Yvelines et mort le lors du combat de Campo Maior, au Portugal, est un général français du Premier Empire.
Vital Joachim Chamorin | ||
Le général de brigade baron Vital Joachim Chamorin. | ||
Naissance | Bonnelles, Yvelines |
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Décès | (à 37 ans) Combat de Campo Maior Mort au combat |
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Origine | France | |
Arme | Cavalerie | |
Grade | Général de brigade | |
Années de service | 1788 – 1811 | |
Distinctions | Baron de l'Empire Commandeur de la LĂ©gion d'honneur |
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Hommages | Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile, 23e colonne. | |
Biographie
Premières années
Vital-Joachim Chamorin, que ses parents destinent à devenir notaire, préfère s'engager au service le 23 décembre 1788 comme soldat enrôlé volontaire au régiment de Champagne, devenu 7e d'infanterie lors de l'organisation de 1791. Il est d'abord caporal aux armées du Midi en 1792, puis d'Italie en 1793 et des Pyrénées orientales de 1793 à 1794.
Il se trouve le 27 septembre 1792 à la prise de Nice, et le 14 février 1793 au combat de Saspello. Passé comme simple volontaire dans le 6e bataillon de l'Hérault le 8 juillet de cette dernière année, il y obtient le grade d'adjudant sous-officier le 15 du même mois, se rend à l'armée des Pyrénées orientales et assiste au siège de Campredon. Nommé sous-lieutenant le 3 brumaire an II, il participe le 11 floréal à la prise de la redoute de Montesquiou au cours de la bataille du Boulou, où un biscaïen l'atteint à la jambe gauche. Il reçoit le grade provisoire de capitaine sur le champ de bataille[1].
Confirmé dans ce grade par arrêté de la Convention nationale du 22 fructidor pour servir dans le 8e bataillon de la Côte-d'Or (amalgamé en l'an IV dans la 12e demi-brigade d'infanterie de ligne), Chamorin se trouve à Lyon lorsqu'il est envoyé en colonne mobile contre les rebelles de la Haute-Loire. Cette mission délicate qui dure depuis le 9 germinal jusqu'au 1er floréal an IV a un résultat satisfaisant et pacifique. À son retour à Lyon, le chef de sa demi-brigade lui confie le commandement des grenadiers du 2e bataillon. Bientôt, il suit le mouvement des troupes dirigées sur l'armée d'Italie, et de l'an IV à l'an IX, il prend part à toutes les opérations de cette époque[2]. Il est sur le Pô, à Lodi, à Pizzighettone, à Bassano, à Arcole du 15 au 17 novembre 1795, Aoste et Châtillon.
Le 7 fructidor an IV, à la tête de grenadiers et de chasseurs, il entre dans Borgo-Forte. Le 20 brumaire an V, il combat au pont de Ronco et sur la chaussée d'Arcole, où la 12e demi-brigade se couvre de gloire. Appelé à faire partie de l'expédition de Circeo, dans les États pontificaux, il entre un des premiers à la tête des grenadiers polonais dans Frosinone, prise d'assaut le 5 nivôse an VII. Le général Girardon qui commande cette expédition, demande pour lui le grade de chef de bataillon. Il suit à San Germano la brigade de cet officier général, et facilite pendant le trajet la prise d'un parc d'artillerie autrichien de 80 bouches à feu. Pendant la campagne de Naples, à la prise du fort Saint-Elme, il rejette les lazzaroni dans Naples, où ils sont faits prisonniers[3].
Nommé aide de camp du général Sauret le 16 ventôse an VIII, il passe provisoirement en la même qualité auprès du général Watrin le 22 floréal, et se signale à la prise d'Ivrée en prairial suivant. Blessé d'un coup de feu à la hanche droite le 19 du même mois à la bataille de Montebello, il est placé le 21 comme capitaine à la suite dans le régiment de hussards, et maintenu dans ses fonctions d'aide de camp[4]. À la bataille de Marengo, il a deux chevaux tués sous lui en portant les ordres de son général à travers le feu de l'ennemi. Le 4 nivôse an IX, au passage du Mincio, il commande les tirailleurs lorsqu'il reçoit un coup de feu au côté droit de la poitrine. Malgré la gravité de sa blessure, il reste toute la journée à son poste, traverse un des premiers la rivière, culbute les Autrichiens sur la rive opposée et se distingue encore dans la soirée à la prise du moulin de la Volta[3].
Nommé provisoirement chef d'escadron sur le champ de bataille par le général en chef Brune, et attaché au 11e régiment de hussards, en continuant son service d'aide de camp, il suit le général Watrin à l'île d'Elbe, lorsque cet officier général vient en prendre le commandement[4]. Les Anglais opèrent une descente dans la baie de Bagnaja le 11 floréal an IX. Le commandant Chamorin les repousse vigoureusement, mais entraîné par son ardeur, les fuyards le contraignent à monter sur une de leurs chaloupes. Tandis qu'ils font force de rames, Chamorin se jette à la mer et arrive sain et sauf sur la plage. Le 28 fructidor suivant, l'escadre de l'amiral Waren débarque environ 3 000 hommes à la droite du camp des Français, vers Marciana. Après six heures d'un combat opiniâtre, le général Watrin force les Anglais à rembarquer ayant perdu 1 200 hommes, morts ou blessés. Le commandant Chamorin, à la tête d'une vingtaine d'hommes seulement, paralyse tous les efforts d'un bataillon ennemi qu'il repousse, et auquel il fait 25 prisonniers. Sa bravoure au combat de Châtillon où il se bat aux côtés des hussards du 12e régiment, lui vaut alors d'être nommé chef d'escadron au 6e régiment de hussards[3].
Du chef d'escadron au colonel de dragons
Confirmé dans son grade de chef d'escadron le 1er nivôse an X, Chamorin accompagne Watrin à Saint-Domingue. Après la mort de ce général, il rentre en France à la fin de l'année et est placé, le 2 pluviôse an XII, comme chef d'escadron dans le 3e régiment de cuirassiers. Il fait partie de l'armée des côtes de l'Océan, où il reçoit le 20 prairial suivant la décoration de la Légion d'honneur. Passé avec son grade le 18 fructidor an XIII dans les grenadiers à cheval de la Garde impériale, il fait les campagnes de l'an XIV à 1807 en Autriche, en Prusse et en Pologne[4]. À Austerlitz le 2 décembre 1805, il s'empare d'un convoi russe dont il sabre et disperse l'escorte. Il charge en particulier lors de la grande mêlée de Krenowitz. Créé officier de la Légion d'honneur le 14 mars 1806, il se fait remarquer à la bataille d'Iéna, au combat de Hoff et à la bataille d'Eylau, le 8 février 1807. Dans cette dernière affaire, il traverse deux fois les lignes ennemies sans recevoir la moindre blessure. Nommé, le 8 février 1807, colonel de cavalerie pour servir dans la ligne, il prend le commandement du 26e régiment de dragons sur les bords de la Passarge. Le 10 juin suivant, à Heilsberg, il reçoit un coup de feu à la jambe droite, et malgré sa blessure, il conduit lui-même toutes les charges de son régiment jusqu'à onze heures du soir. Le 14, il donne des preuves de bravoure et d'intelligence à la bataille de Friedland et reçoit des éloges sur la manière dont le 26e régiment de dragons a rempli son devoir dans cette journée[5].
Guerre d'Espagne
DirigĂ© sur l'Espagne Ă la fin de 1807, il passe la Bidassoa en novembre 1808. AffectĂ© Ă la rĂ©serve de cavalerie du marĂ©chal Bessières, il participe le 10 Ă la bataille de Burgos, poursuit le 22 les troupes de Palafox Ă Calahorra, et le 23, Ă la bataille de Tudela, il met en dĂ©route dans un dĂ©filĂ© une colonne de 8 000 Espagnols, lui enlève 6 pièces de canon avec leurs caissons et lui fait un grand nombre de prisonniers. PassĂ© momentanĂ©ment sous les ordres du marĂ©chal Ney, il se fait remarquer Ă Calatayud et devient le 11 dĂ©cembre commandant de la LĂ©gion d'honneur. Il se trouve encore Ă la bataille d'UclĂ©s et Ă Truxillo les 13 et 20 janvier 1809, avant de recevoir le 10 fĂ©vrier le titre de baron de l'Empire avec une dotation de 4 000 francs de rente. Le 28 mars, il exĂ©cute plusieurs charges heureuses Ă la bataille de MedellĂn, oĂą le 26e rĂ©giment de dragons se couvre de gloire, et prend part le 28 juillet Ă la bataille de Talavera. Enfin, le 19 novembre, arrivĂ© dans la soirĂ©e sur le terrain d'Ocana, il peut encore contribuer Ă la victoire.
Pendant les premiers mois de 1810, il combat les bandes qui infestent la Sierra Morena. Le 23 avril, près d'Ignojoza, après avoir dispersé un parti d'insurgés, il arrive à la nuit tombante à l'extrémité d'un défilé où il aperçoit les feux d'un bivouac ennemi. Ayant fait mettre pied à terre à une partie de ses dragons, il charge les Espagnols qui, se croyant surpris par une troupe nombreuse, s'enfuient en désordre et abandonnent leurs bagages. Cantonné à Cordoue vers le mois de mai, il est envoyé en colonne mobile dans la Sierra-Morena et dans l'Estrémadure et défait plusieurs bandes de guérillas.
Le 22 décembre, il reçoit l'ordre de se rendre auprès du maréchal Soult, qui fait alors l'investissement de la place de Badajoz. Pendant sa marche, il rencontre le 31, à Azuaga, un fort parti espagnol qu'il culbute et auquel il fait un grand nombre de prisonniers. Il assiste ensuite aux sièges d'Olivence et de Badajoz pendant les mois de janvier et de février 1811. Le 19 février suivant, à la bataille de Gebora, il enfonce avec ses dragons un carré de 3 000 hommes et prend 6 bouches à feu[6].
Le 5 mars suivant, il est promu général de brigade, et le 25, avant même d'avoir reçu sa lettre de nomination, il se fait tuer au combat de Campo Maior le 25 mars 1811, en chargeant à la tête du 26e dragons contre le 13e dragons britanniques de Beresford[7] - [8]. Lord Beresford, qui commande la cavalerie anglo-portugaise à l'affaire de Campo Maior, fait enterrer Chamorin avec tous les honneurs militaires dus à son rang[9].
Son nom figure sur les tables de bronze de Versailles et sur le côté Sud de l'arc de triomphe de l'Étoile.
Armoiries
Figure | Blasonnement |
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Armes du baron Chamorin et de l'Empire (décret du 19 mars 1808, lettres patentes du 18 février 1809).
Coupé : au I, parti d'or, à un dragon de sinople, tenant une épée d'azur et du quartier des Barons militaires de l'Empire ; au 2, d'azur, à un palmier terrassé d'or, fruité d'argent, accosté de deux étoiles, aussi d'argent.[10] - [11] - [12] Coupé : 1, parti : 1, d'argent, au lion d'azur; 2, du quartier des barons militaires ; 2, d'azur, à l'arbre accosté de deux étoiles, le tout d'argent.[13] |
Notes et références
- Six 1934, p. 216 et 217.
- Mullié 1852, p. 290 et 291.
- Mullié 1852, p. 291.
- Six 1934, p. 217.
- Mullié 1852, p. 292.
- Après l'action, le duc de Dalmatie lui dit : « Ah ! vous voilà , colonel Chamorin ! on m'avait dit que vous étiez blessé, j'en aurais été vivement affecté ; l'armée a besoin de vos services, et vous lui avez montré aujourd'hui combien ils peuvent lui être utiles. Vous avez été, comme toujours, brave et habile, et votre beau régiment vous a vaillamment secondé. »
- Le 25 mars 1811, au cours d'une charge opposant les deux régiments de dragons, Chamorin est désarçonné et coupé du gros de son régiment ; les dragons britanniques reconnaissent le colonel à ses épaulettes et l'encerclent. Chamorin s'adosse à un arbre et sabre avec acharnement les cavaliers et les chevaux qui tentent imprudemment de l'approcher. Mais les ennemis sont plus nombreux. Sommé de se rendre, Chamorin n'écoute pas : alors qu'il vient de transpercer de son sabre un jeune officier, il est tué par un vieux dragon britannique qui lui fend la tête en deux d'un grand coup de sabre. Les Britanniques lui rendront les honneurs militaires en l'enterrant dans le cimetière de Campo-Mayor. La nuit précédente, Chamorin avait rêvé qu'il était aux prises avec les Britanniques et mourait en refusant de se rendre.
- En apprenant sa mort, le maréchal Soult s'écrie en présence de son état-major : «J'en suis vraiment fâché, c'est un brave que je perds, c'était un de mes meilleurs officiers d'avant-garde. »
- Il écrivit au général La Tour-Maubourg, commandant la division de dragons dont le 26e fait partie, que Chamorin a, dans cette journée, tenu une conduite au-dessus de tout éloge
- PLEADE (C.H.A.N. : Centre historique des Archives nationales (France)).
- Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de l'Europe : précédé d'un dictionnaire des termes du blason, G.B. van Goor, , 1171 p. (lire en ligne), et ses Compléments sur www.euraldic.com
- Source : www.labanquedublason2.com
- Source : n° 17, in Edouard de Barthélemy, Armorial de la Ville de Châlons-sur-Marne, 1856, Edit. Laurent.
Voir aussi
Bibliographie
- Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Dictionnaire historique et biographique des généraux français : depuis le onzième siècle jusqu'en 1820, vol. 4, L'auteur, (lire en ligne).
- « Vital Joachim Chamorin », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, [détail de l’édition].
- Georges Six (préf. commandant André Lasseray), Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l'Empire, t. 1, Paris, Georges Saffroy Éditeur, (lire en ligne).