Accueil🇫🇷Chercher

Combat de Majadahonda

Le combat de Majadahonda se déroule le à Majadahonda, près de Madrid, dans le cadre de la guerre d'indépendance espagnole. Il oppose la cavalerie française du général Anne-François-Charles Trelliard à un corps de cavalerie anglo-portugais commandé par le général Benjamin D'Urban.

Combat de Majadahonda
Description de cette image, également commentée ci-après
Plan du combat de Majadahonda, le 11 août 1812, deuxième phase.
Informations générales
Date
Lieu Majadahonda, Espagne
Issue Victoire française
Commandants
Anne-François-Charles TrelliardBenjamin D'Urban
Charles de Jonquières
Forces en présence
1 416 hommes1 975 hommes
Pertes
100 à 120 tués ou blessés53 tués
98 blessés
45 prisonniers
3 canons

Guerre d'indépendance espagnole

Batailles

Campagne de Castille (1811-1812)
CoordonnĂ©es 40° 28′ 00″ nord, 3° 52′ 00″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Combat de Majadahonda
Géolocalisation sur la carte : communauté de Madrid
(Voir situation sur carte : communauté de Madrid)
Combat de Majadahonda

Au matin du , les cavaliers de D'Urban, qui marchent en tête de l'armée du marquis de Wellington, occupent les villages de Majadahonda et Las Rozas. Les Portugais sont surpris par une division de dragons français sous les ordres du général Trelliard et prennent la fuite, en abandonnant trois canons. Les Français galopent ensuite jusqu'à Las Rozas et sèment la panique dans le campement britannique, avant de se replier et de faire face à la ligne de bataille ennemie. Un nouveau combat a lieu et reste indécis jusqu'à l'engagement des escadrons de réserve français qui décide de l'issue de la bataille.

La réputation de la cavalerie portugaise ne sort pas grandie de cet affrontement, malgré son beau comportement à la bataille des Arapiles le mois précédent. Le général Beresford réclame un châtiment exemplaire, demande qui est toutefois classée sans suite par Wellington.

Contexte et prélude du combat

Portrait ovale et en buste d'un colonel français de Napoléon, vêtu d'un habit bleu avec ornements en or.
Marie Antoine de Reiset (1775-1836), colonel du 13e dragons.

Après la défaite de l'armée du maréchal Marmont à la bataille des Arapiles, le , les troupes du général Wellington se dirigent sur Madrid. Joseph Bonaparte, roi d'Espagne, hésite sur la conduite à tenir mais décide finalement de se retirer en direction de la Sierra Morena. Son armée, positionnée en avant de la capitale, suit le mouvement et décroche à l'arrivée des Anglo-Portugais. Cependant, la division de cavalerie du général Anne-François-Charles Trelliard reste sur place, et la brigade de dragons du colonel Reiset passe la nuit du 10 au à Las Rozas[1]. Le 11, ils sont avertis de l'approche de l'avant-garde de Wellington[1].

Le matin du [2], D'Urban arrive Ă  Las Rozas et fait tonner le canon contre la brigade du colonel Reiset, qui recule[3]. Majadahonda est occupĂ© Ă  10 heures par les cavaliers portugais, tandis que les troupes de la King's German Legion s'installent un peu en arrière du village, Ă  Las Rozas[1]. Pendant ce temps, les Français se retirent sur Boadilla, oĂą ils sont rejoints par le roi Joseph en personne. Celui-ci informe le gĂ©nĂ©ral Trelliard qu'il souhaite connaĂ®tre la force des colonnes adverses en marche, et lui ordonne de repartir en avant afin d'accrocher l'avant-garde de Wellington[4].

Forces en présence

L'avant-garde de Wellington est commandée par le brigadier-général Benjamin D'Urban. Elle est composée des 1er, 11e et 12e régiments de dragons portugais, de deux régiments de dragons lourds et d'un bataillon d'infanterie de la King's German Legion. Le tout est accompagné d'une batterie d'artillerie à cheval forte de six canons, commandée par le capitaine Macdonald[5]. Le major-général Bock, responsable des troupes allemandes, prend temporairement la tête de toute la cavalerie britannique et est remplacé à son poste par le colonel de Jonquières[1].

En face, la division de dragons français du gĂ©nĂ©ral Trelliard aligne deux brigades : la première, commandĂ©e par le colonel Marie Antoine de Reiset, comprend les 13e et 18e rĂ©giments de dragons ; les 19e et 22e dragons forment la seconde, sous le colonel Rozat de Mandres. Cette division est renforcĂ©e par les 200 dragons italiens Napoleone du colonel Schiazzetti et par une compagnie des lanciers de Berg[5].

Ordre de bataille français

GĂ©nĂ©ral de division Anne-François-Charles Trelliard, commandant en chef — 11 escadrons et 1 compagnie, 1 416 hommes

Ordre de bataille anglo-portugais

Brigadier-gĂ©nĂ©ral Benjamin D'Urban, commandant en chef — 11 escadrons, 1 bataillon et 6 canons, 1 975 hommes

  • Brigade Benjamin D'Urban — 7 escadrons, 760 hommes
    • 1er rĂ©giment de dragons Alcantara, lieutenant-colonel Barbacena — 2 escadrons, 220 hommes
    • 11e rĂ©giment de dragons Almeida, lieutenant-colonel Bernardius — 2 escadrons, 220 hommes
    • 12e rĂ©giment de dragons Miranda, lieutenant-colonel Tuxeira Lobo — 3 escadrons, 320 hommes
  • Brigade de Jonquières — 4 escadrons, 655 hommes
    • 1st Heavy Dragoons de la King's German Legion, colonel Charles de Jonquières — 2 escadrons, 300 hommes
    • 2nd Heavy Dragoons de la King's German Legion — 2 escadrons, 355 hommes
  • Infanterie attachĂ©e — 1 bataillon
    • 1st Light Battalion de la King's German Legion — 1 bataillon, 560 hommes
  • Artillerie attachĂ©e : capitaine Macdonald — 6 canons

DĂ©roulement du combat

DĂ©route des Portugais

Carte de bataille.
Plan de la bataille de Majadahonda, le 11 août 1812, première et deuxième phases.

Vers la fin de l'après-midi, la division Trelliard reparaît donc sur la route de Boadilla et se déploie devant Majadahonda[4]. Son retour surprend D'Urban, qui déploie en hâte ses escadrons tandis que quatre canons anglais sous Macdonald se mettent en batterie, protégés par les Portugais et un peloton de dragons lourds commandé par le lieutenant Kuhls[4]. Alors que les cavaliers français se font menaçants, D'Urban fait face et tente de charger avec ses dragons ; mais ces derniers, au lieu d'attaquer, s'enfuient en désordre et abandonnent leurs officiers au milieu des assaillants[4]. Le général D'Urban réussit à s'échapper, mais les lieutenants-colonels Barbacena et Tuxeira sont faits prisonniers. Les dragons Napoleone obliquent sur la batterie, détruisent la moitié du détachement de dragons britanniques et s'emparent de trois bouches à feu[4]. Le capitaine Dyneley, qui commande l'artillerie à ce moment, est fait prisonnier par un officier italien. Exploitant son succès, la division Trelliard poursuit l'ennemi jusqu'à Las Rozas[6].

Combat de cavalerie et défaite des Britanniques

Des cavaliers à la charge, sabre au clair, vêtus de rouge et coiffés d'un bicorne.
Dragons lourds de la King's German Legion. Planche de Richard Knötel, tirée de la série des Uniformenkunde.

Pendant ce temps, à Las Rozas, les soldats de la King's German Legion ont installé leur bivouac. Le colonel de Jonquières reçoit plusieurs estafettes envoyées par le lieutenant Kuhls, l'informant que la cavalerie française a attaqué Majadahonda[7]. Cependant, de Jonquières n'envisage pas l'éventualité d'un assaut contre ses cavaliers et ne prend aucune précaution[8]. De fait, lorsque les dragons de Trelliard débouchent dans le village, la brigade lourde allemande est complètement surprise : la plupart des soldats sont en chemise, et les chevaux sont dessellés[9]. Les tirs du 1st Light Battalion de la KGL ralentissent quelque peu la progression française, mais les fantassins britanniques sont refoulés à l'intérieur du village, de même que les cavaliers venus les soutenir. La cavalerie française atteint même les bagages ennemis, mais elle est alors stoppée dans son élan par le gros du bataillon léger allemand et évacue les lieux, pour se réorganiser dans la plaine en arrière de Las Rozas. L'orage ainsi passé, la brigade de Jonquières se positionne à l'entrée de la place et profite du ralliement des Portugais de D'Urban[10].

Poussés à l'action par une bravade du colonel de Jonquières — « Avancez, Messieurs les Français, n’ayez pas peur ! » —, les dragons français de Reiset marchent à l'ennemi, ce qui suffit à faire fuir les Portugais[11]. La brigade Reiset, exténuée par les combats précédents, décroche et laisse à la brigade Rozat et aux dragons italiens de Schiazzetti le soin de mener la charge. L'affrontement commence. Les Français reculent peu à peu face aux dragons lourds de la KGL. Trelliard engage alors sa réserve, deux escadrons, face aux Britanniques qui n'en ont pas. « Nous étions si serrés qu’à peine l’on pouvait faire usage de ses armes » raconte un sous-lieutenant du 22e dragons. Les Anglais sont bousculés et le colonel de Jonquières, leur chef, est capturé. De nouveau, les vaincus se retirent vers Las Rozas, où le bataillon d'infanterie légère de la KGL s'est retranché. Incapable d'enlever seul la position, informé de l'approche des renforts britanniques, Trelliard quitte le champ de bataille sans être inquiété, « prenant le temps de faire brûler les affûts des canons »[11].

Pertes

Portrait Ă  la taille d'un gĂ©nĂ©ral britannique du XIXe siècle, avec ses dĂ©corations.
Sir Benjamin d'Urban (1777-1849), commandant en chef la cavalerie portugaise Ă  Majadahonda.

Au terme des combats, les pertes françaises se montent entre cent et cent-vingt hommes, dont un officier tué et quinze autres blessés. Le 13e régiment de dragons déplore la perte du chef d'escadron Maurouard, tué, et de six autres officiers blessés dont le colonel de Reiset. La brigade Rozat de Mandres a laissé sur le terrain six tués et vingt-huit blessés ; le colonel Schiazzetti admet quant à lui un total de dix hommes hors de combat pour son régiment de dragons italiens, dont le lieutenant Araldi blessé[12].

Les Anglo-Portugais, de leur côté, dénombrent cinquante-trois tués, quatre-vingt-dix-huit blessés et quarante-cinq prisonniers, pour un total de cent-quatre-vingt-seize pertes. La brigade portugaise de D'Urban compte à elle seule cent-huit cavaliers hors de combat, dont vingt-trois prisonniers parmi lesquels le lieutenant-colonel Tuxeira Lobo. La prise de la batterie de la Royal Horse Artillery a coûté à cette dernière trois canons, douze artilleurs tués ou blessés ainsi que quinze hommes captifs — dont le capitaine Dyneley. La brigade des Heavy Dragoons de la King's German Legion a enregistré quatorze tués, quarante blessés et sept prisonniers, dont le colonel de Jonquières. Le 1st Light Battalion de la KGL semble n'avoir subi aucune perte[13], ce qui est contredit par Digby Smith qui fait état de sept blessés[14].

Analyse et conséquences

Un soldat vêtu de vert monté sur un grand cheval noir, de profil, tirant au fusil.
Dragon français du 19e régiment en Espagne, 1811. Illustration d'Ernest Fort, 1913.

La bravoure déployée par les deux régiments de dragons lourds est reconnue par le marquis de Wellington, qui leur accorde l'honneur d'entrer les premiers dans Madrid le lendemain[15]. Le comportement des régiments portugais, ceux-là mêmes qui se sont illustrés quelque temps plus tôt à la bataille des Arapiles, est en revanche sévèrement critiqué. Le général D'Urban, leur commandant, écrit à ce propos le lendemain du combat :

« À Salamanque, ils m'ont suivi dans les lignes ennemies comme l'ont fait les dragons britanniques ; hier, ils ont si peu accompli leur devoir que, au cours de la première charge, ils sont allés juste assez loin pour m'abandonner au milieu des rangs de l'ennemi. Lors de la seconde (après les avoir ralliés), malgré mes efforts les plus téméraires, je n'ai pas pu les amener à moins de vingt mètres de l'ennemi — ils m'ont laissé seul, et ont disparu avant les casques français comme les feuilles avant le vent d'automne[16]. »

Le général Beresford, le commandant en chef de l'armée portugaise, souhaite en conséquence administrer une punition magistrale à sa cavalerie pour sa contre-performance à Majadahonda, mais Wellington l'en empêche, « car, même mauvaise, il avait besoin de la cavalerie portugaise ». Le général en chef britannique n'en est pas moins mécontent de ce revers, car il y perd les trois seuls canons de toute sa carrière, ce qui l'incite à dire à propos du combat : « A Devil of An Affair! »[17] - [trad 1].

Du côté français, la victoire n'est guère décisive ; le 12, Joseph Bonaparte quitte Madrid devant l'avancée des troupes anglo-portugaises, pour s'établir sur la rive gauche du Tage, tandis que Wellington entre dans Madrid dépourvue de garnison[18].

Notes et références

Traductions

  1. (fr) « Maudite affaire ! »

Références

  1. Sarramon 1978, p. 299.
  2. L'historien Thierry Lentz date la bataille du 8 août (Lentz 2016). Toutefois, la date retenue couramment est celle du 11 août.
  3. Mané 2010, p. 1.
  4. Sarramon 1978, p. 300.
  5. Mané 2010, p. 6.
  6. Mané 2010, p. 1 et 3.
  7. Beamish 1837, p. 91.
  8. Beamish 1837, p. 91 et 92.
  9. Beamish 1837, p. 92.
  10. Mané 2010, p. 3.
  11. Mané 2010, p. 5.
  12. Mané 2010, p. 6 et 7.
  13. Mané 2010, p. 7.
  14. Smith 1998, p. 385.
  15. Beamish 1837, p. 94 et 95.
  16. Oman 1993, p. 235.
  17. Mané 2010, p. 8.
  18. Castex 2013, p. 305

Annexes

Bibliographie

  • DiĂ©go ManĂ©, « Le combat de Majadahonda, le 11 aoĂ»t 1812 », Planète NapolĂ©on,‎ (lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean Sarramon, La bataille des Arapiles (22 juillet 1812) : contribution Ă  l'histoire de la guerre d'indĂ©pendance de la PĂ©ninsule ibĂ©rique contre NapolĂ©on Ier, vol. 38, Toulouse, Association des publications de l'UniversitĂ© de Toulouse-Le Mirail, coll. « Publications de l'UniversitĂ© de Toulouse-Le Mirail / A », , 442 p.. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) North Ludlow Beamish, History of the King's German Legion, vol. 2, Londres, Thomas & William Boone, . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Digby Smith, The Napoleonic Wars Data Book, Londres, Greenhill, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Charles Oman, Wellington's Army, 1809-1814, Londres, Greenhill, (1re Ă©d. 1913), 395 p. (ISBN 0-947898-41-7). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean-Claude Castex, Combats franco-anglais des Guerres du Premier Empire, Vancouver, Phare Ouest, , 606 p. (ISBN 978-2-921668-21-7, lire en ligne), p. 305 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Thierry Lentz, Joseph Bonaparte, Perrin, , 830 p. (ISBN 978-2-262-06843-1, lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.