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Forces japonaises d'autodéfense

armée japonaise depuis 1954

Pour la milice présente au Rojava, voir Forces d'autodéfense (Rojava).

Pour les articles homonymes, voir FJA.

Forces japonaises d'autodéfense
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Pavillon de Forces japonaises d'autodéfense (Ratio 5:6).
FIAV 001001.svg Pavillon de Forces japonaises d'autodéfense (Ratio 5:6).
Fondation
Forme actuelle 1954
Branches Flag of the Japan Self-Defense Forces.svg Force terrestre d'autodéfense japonaise
Naval Ensign of Japan.svg Force maritime d'autodéfense japonaise
Flag of the Japan Air Self-Defense Force.svg Force aérienne d'autodéfense japonaise
Commandement
Premier ministre Standard of the Prime Minister of Japan.svg Fumio Kishida
Ministre de la DĂ©fense Standard of the Minister of Defence of Japan.svg Nobuo Kishi
Chef d'Ă©tat-major Flag of Chief of Staff, Joint Staff (JSDF).svg Kƍji Yamazaki (en)
Main-d'Ɠuvre
Âges militaires 18
Disponibles au service militaire 27 301 443 hommes
26 307 003 femmes
Actifs 260 300
Budgets
Budget 47,2 milliards d'euros (2021)[1]
5 260 milliards de yens
(47,5 milliards de dollars, 41,9 milliards d'euro) (2019)[2] (rang 6Ăšme)
Pourcentage du PNB 1,3 % (2021)[3]

Les Forces japonaises d'autodĂ©fense (è‡ȘèĄ›éšŠ, Jieitai, abrĂ©gĂ© en FJA), souvent dĂ©signĂ©es sous le terme anglais de Japan Self-Defense Forces (JSDF), constituent de fait l'armĂ©e japonaise depuis 1954. Dans l'archipel nippon, la dĂ©fense a en effet depuis 1945 un statut particulier. En raison de l'article 9 de sa Constitution, rĂ©digĂ©e Ă  l'issue de la dĂ©faite dans la guerre du Pacifique face aux États-Unis et autres AlliĂ©s qui a conduit Ă  la suppression de l'ArmĂ©e et de la Marine impĂ©riale japonaises, « le Japon renonce Ă  jamais Ă  la guerre en tant que droit souverain de la nation ».

Cette phrase initialement interprĂ©tĂ©e comme une interdiction totale d'avoir une armĂ©e a Ă©tĂ© rĂ©interprĂ©tĂ©e depuis 1954 comme une interdiction des comportements offensifs, laissant au Japon le droit d'avoir des troupes exclusivement pour la dĂ©fense du pays, malgrĂ© le paragraphe suivant du mĂȘme article qui dispose que « pour atteindre le but fixĂ© au paragraphe prĂ©cĂ©dent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aĂ©riennes, ou autre potentiel de guerre ». Le Japon s'Ă©loigne du pacifisme Ă  cause des menaces croissantes de la Chine et de la CorĂ©e du Nord ; toutefois, le Japon s'interdit d'avoir une arme nuclĂ©aire fonctionnelle.

Dans un rapport publié par le Credit Suisse en 2015, les FJA se sont classées au quatriÚme rang des forces armées les plus puissantes au monde dans le domaine des capacités classiques[4] et disposent du huitiÚme budget militaire le plus important au monde[5]. Au cours des derniÚres années, elles ont participé à des opérations internationales de maintien de la paix, notamment aux opérations Force de maintien de la paix des Nations unies[6].

Histoire

Article connexe : Histoire militaire du Japon.

PremiĂšres missions

ManƓuvre amĂ©ricano-japonaise en 1985. L'arme est un Howa Type 64.

L'article 9 de la Constitution japonaise fut rĂ©digĂ© dans les circonstances particuliĂšres de la pĂ©riode immĂ©diate d'aprĂšs-guerre. La situation gĂ©opolitique de la rĂ©gion changea profondĂ©ment avec la montĂ©e de l'antagonisme entre les États-Unis et l'URSS au dĂ©but de la guerre froide, avec pour consĂ©quence un changement de la politique du tuteur amĂ©ricain du Japon. Le Japon devint une base avancĂ©e de l'United States Navy et un Ă©lĂ©ment clef du rĂ©seau d'alliances visant Ă  contenir l'expansion des blocs communistes chinois et soviĂ©tique. La guerre de CorĂ©e renforça cette situation, et en 1954, le gouvernement japonais se dote d'une force armĂ©e, qualifiĂ©e de dĂ©fensive, baptisĂ©e « Forces japonaises d'autodĂ©fense (è‡ȘèĄ›éšŠ, Jieitai) » (FJA)[7].

Un TraitĂ© de coopĂ©ration mutuelle et de sĂ©curitĂ© entre les États-Unis et le Japon lie ces deux nations. Ce sont en thĂ©orie ces premiers qui assurent la protection de l'archipel. Ainsi l'armĂ©e amĂ©ricaine a Ă©tabli plusieurs bases dans le pays dont les plus importantes sont sur l'Ăźle d'Okinawa. AprĂšs avoir Ă©tĂ© dotĂ©es quasi exclusivement de matĂ©riel amĂ©ricain importĂ© ou construit sous licence durant les annĂ©es 1950 et 1960, les forces terrestres et maritimes japonaises sont actuellement Ă©quipĂ©es, pour l'essentiel, de matĂ©riel d'origine nationale ; ces Ă©quipements sont de haut niveau bien qu'en gĂ©nĂ©ral plus onĂ©reux que leurs Ă©quivalents occidentaux ; l'aviation continue d'utiliser en majoritĂ© des avions de combat d'origine amĂ©ricaine.

À partir des annĂ©es 1990, le Japon fait un retour progressif en tant qu'acteur dans la gĂ©opolitique internationale, et tout comme c'est le cas pour l'Allemagne, ses forces armĂ©es commencent Ă  intervenir dans des actions multinationales. En 1992, pour la premiĂšre fois depuis 1945 et la fin des campagnes du Pacifique, des militaires japonais sont dĂ©ployĂ©s en mission Ă  l'Ă©tranger en tant que casques bleus au Cambodge. Depuis 1996, des Japonais sont membres de la Force des Nations unies chargĂ©e d'observer le dĂ©gagement au Golan. Et en 1998, la coopĂ©ration avec la SeptiĂšme flotte amĂ©ricaine qui avait Ă©tĂ© inexistante commence Ă  se mettre en place[8].

Missions récentes et évolutions

En 2004, pour la premiĂšre fois depuis 50 ans, le Japon envoie des troupes dans une zone de combat, en Irak, participant, uniquement dans un but humanitaire et de reconstruction, Ă  la coalition militaire en Irak menĂ©e par les États-Unis ; leur mission se termine en dĂ©cembre 2008. Cette prĂ©sence croissante dans les actions internationales s'accompagne d'une Ă©volution des institutions japonaises. Le , le Japon se dote d'un vĂ©ritable ministĂšre de la DĂ©fense, succĂ©dant Ă  l'Agence de DĂ©fense. Cette Ă©volution est intervenue aprĂšs le vote de la Chambre des reprĂ©sentants et de celle des conseillers, favorables Ă  ce projet de loi. Fumio KyĆ«ma, alors secrĂ©taire d'État qui dirigeait l'Agence de DĂ©fense, devient ainsi ministre de la DĂ©fense. Cette crĂ©ation a pour principal but de donner au Japon les outils pour une action politique internationale, et l'Ă©ventuelle participation dans des opĂ©rations de maintien de la paix. AprĂšs lui se succĂšdent Ă  ce poste le Yuriko Koike puis Masahiko Kƍmura et le Shigeru Ishiba ; en 2012, Satoshi Morimoto dĂ©tient ce poste.

Candidats élÚves-officiers des forces d'autodéfense terrestres japonaises (JGSDF).

En , l'Australie et le Japon ont signĂ© un pacte de sĂ©curitĂ© mutuelle, le deuxiĂšme du genre pour le Japon avec celui signĂ© avec les États-Unis. ProfondĂ©ment marquĂ© par les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki, le Japon s'est dotĂ© aprĂšs la Seconde Guerre mondiale d'une doctrine non-nuclĂ©aire, qui consiste Ă  ne « jamais possĂ©der, produire et stocker » d'armements nuclĂ©aires. NĂ©anmoins, la prĂ©sence de puissances nuclĂ©aires dans son voisinage, notamment la Chine, la Russie et la CorĂ©e du Nord, soulĂšve un dĂ©bat rĂ©cent sur la difficultĂ© d'assurer dans ces conditions une capacitĂ© de dissuasion. En 2006, le ministre des Affaires Ă©trangĂšres Tarƍ Asƍ a dĂ©clarĂ© que le Japon disposait de la technologie pour dĂ©velopper des bombes atomiques, ainsi que de rĂ©serves de plutonium sous la supervision de l'Agence internationale de l'Ă©nergie atomique (AIEA), mais a renouvelĂ© fermement la dĂ©cision du gouvernement japonais de ne pas produire d'armes nuclĂ©aires[9].

En , le Japon annonce une rĂ©organisation de sa dĂ©fense d'ici 2020, une partie des forces faisant alors face Ă  la Russie seront repositionnĂ©es face Ă  la rĂ©publique populaire de Chine et la menace balistique de la CorĂ©e du Nord[10]. À la suite du sĂ©isme de 2011 de la cĂŽte Pacifique du Tƍhoku du causant l'accident nuclĂ©aire de Fukushima, ce sont 106 000 soldats qui ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s au total, rĂ©partis comme suit : dans l'armĂ©e de terre (70 000 sur 135 000), la marine (14 000 sur 45 000) et l'armĂ©e de l'air (22 000 sur 50 000)[11]. Durant le conflit territorial des Ăźles Senkaku en 2012, un chercheur dĂ©clare qu'en cas d'attaque par la Chine, il ne faudrait pas moins de trois jours pour que soit prise la dĂ©cision de mobiliser les forces japonaises en raison de la lenteur des Ă©tapes politiques nĂ©cessaires au respect de la Constitution[12].

Le , à la suite de l'éruption du Mont Ontake, ayant Îté la vie à plus d'une trentaine de personnes, à l'exemple d'autres désastres naturels ou technologiques, les FJA sont déployées sur place à la recherche de blessés et de disparus[13],[14].

Le , le conseil des ministres dĂ©cide de changer profondĂ©ment la politique de la dĂ©fense du Japon d’aprĂšs-guerre, en modifiant l’interprĂ©tation d’une partie de l’article 9 en tolĂ©rant l’utilisation du droit collectif (toujours avec certaines limites) et dessine une orientation vers un assouplissement de l’utilisation des armes. La loi japonaise de 2015 sur les Forces japonaises d'autodĂ©fense est adoptĂ©e le [15].

Le , le gouvernement autorise les forces dĂ©ployĂ©es au Soudan du Sud Ă  dĂ©fendre des camps de l'ONU en cas d’attaque par des insurgĂ©s. Jusqu'Ă  prĂ©sent, les soldats ne pouvaient utiliser leurs armes que pour rĂ©pliquer Ă  des attaques les visant[16]. Le , il annonce le retrait de son contingent de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud[17].

Augmentation des capacités de réaction dans les années 2020

Le JDS Izumo (DDH-183) juste aprĂšs le lancement, 2013.

Le gouvernement japonais a validĂ©, , les nouvelles directives planifiant les acquisitions de matĂ©riel pour les cinq annĂ©es Ă  venir et dĂ©finissant les prioritĂ©s stratĂ©giques sur dix ans. Face aux menaces nord-corĂ©enne et chinoise, voire russe, le Japon veut renforcer ses capacitĂ©s de projection et de cyberguerre. Dans les annĂ©es 2020, il prĂ©voit d’acquĂ©rir 105 avions de combat amĂ©ricains F-35.

Il est annoncĂ© la transformation du porte-hĂ©licoptĂšres JDS Izumo, plus gros bĂątiment de la flotte nippone, dĂ©plaçant 19 500 tonnes (le Charles de Gaulle en dĂ©place 42 500), en porte-avions capable d’accueillir des avions Ă  dĂ©collage court, comme les Lockheed Martin F-35 Lightning II et les appareils de transport Ă  rotor pivotant Boeing-Bell V-22 Osprey, faisant de celui-ci le premier du genre depuis la fin de la guerre du Pacifique[18].

La création en mars 2018 d'une « Brigade de déploiement rapide amphibie »[19] et la transformation annoncé de deux des quinze divisions et brigades du GSDF en deux divisions de déploiement rapide doivent améliorer la réactivité des forces japonaises[20].

Forces de projection à la fin des années 2010
L'insigne officiel de la Brigade de déploiement rapide amphibie.

La brigade de dĂ©ploiement rapide amphibie (en) mise sur pied le est considĂ©rĂ©e comme la version japonaise des Marines amĂ©ricains[19]. Fort de 2 000 hommes, ce corps a Ă©tĂ© placĂ© sous un commandement unique et sera dĂ©volu Ă  un spectre opĂ©rationnel large, allant de la dĂ©fense du territoire aux interventions de sĂ©curitĂ© civile Ă  la suite de catastrophes. Le gouvernement japonais prend bien garde d’expliquer qu’il ne s’agit nullement pour cette force d’avoir Ă  mener des actions offensives. Parmi ses missions, toutefois, elle pourrait servir Ă  reprendre « des Ăźles Ă©loignĂ©es si elles ont Ă©tĂ© saisies par une armĂ©e Ă©trangĂšre », selon les annonces de la Force terrestre d'autodĂ©fense japonaise. L’éventualitĂ© d’une future crise autour de TaĂŻwan prĂ©occupe le Japon qui a crĂ©Ă© Ă  la fin des annĂ©es 2010 deux bases militaires et en prĂ©voit en 2019 une troisiĂšme, Ă  la pointe mĂ©ridionale de l’archipel des Ăźles RyĆ«kyĆ« (dont fait partie Okinawa), Ă  600 km de TaĂŻwan[21].

Acquisition de capacités offensives

L'AGM-158 JASSM (Joint air-to-surface standoff missile).

Le Japon n’est pas censĂ© dĂ©tenir d’armes offensives mais s’en est nĂ©anmoins largement dotĂ©, en particulier depuis l’arrivĂ©e au pouvoir de Shinzƍ Abe, chantre d’une dissuasion dynamique et d’une logique d’autonomisation de la dĂ©fense du pays[22]. Tokyo a ainsi fait l’acquisition de capacitĂ©s offensives, tels des missiles de croisiĂšre air-sol Jassm-Er, d’une portĂ©e supĂ©rieure Ă  900 kilomĂštres. CĂŽtĂ© japonais, on insiste sur le fait que ces armements ne menacent pas le territoire chinois mais viseraient un agresseur, sur le sol nippon ou dans les eaux territoriales, si une telle crise devait advenir. Par ailleurs, le Japon dĂ©veloppe ses capacitĂ©s dans les nouveaux champs de conflictualitĂ©, oĂč la dĂ©marcation entre postures dĂ©fensive et offensive est moins nette: cyberespace, espace, spectre Ă©lectromagnĂ©tique[23]....

Des domaines Ă©rigĂ©s en prioritĂ©, pour la premiĂšre fois, par le Conseil national de sĂ©curitĂ© dont les directives ont Ă©tĂ© publiĂ©es en dĂ©cembre[24]. Une unitĂ© chargĂ©e de l’espace sera ainsi mise sur pied sous la tutelle de l’armĂ©e de l’air et bĂ©nĂ©ficiera Ă  partir de 2023 d’un puissant radar Ă©tabli par Sanyo-Oneda, au sud-ouest de l’archipel. Le Japon envisage aussi d’étoffer les rangs de ses cyber-combattants[25], dont le nombre passera de 150 Ă  500 au cours des cinq prochaines annĂ©es ; une montĂ©e en puissance progressive mais rĂ©solue.

Coopération internationale

Le , la DiĂšte du Japon autorise un engagement plus actif dans le golfe d'Aden pour protĂ©ger les navires marchands ayant un lien quelconque avec le Japon (pavillon, passagers, intĂ©rĂȘts) contre la piraterie autour de la Corne de l'Afrique. Elle autorise des tirs contre les bateaux pirates[26]. En consĂ©quence, en , on annonce la construction de la premiĂšre base permanente japonaise Ă  l'Ă©tranger Ă  Djibouti. Cette base navale de 12 hectares est opĂ©rationnelle depuis 2011 et accueille 150 personnes[27].

Les Marines américains montrent comment ils exploitent leur obusier M777A2 aux candidats officiers des Forces d'autodéfense japonaises au Camp Hansen (en), à Okinawa, au Japon.

Les forces japonaises ont coopĂ©rĂ© relativement peu avec les autres armĂ©es en dehors de celle des États-Unis aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, mais ont signĂ© depuis le dĂ©but des annĂ©es 2010 des accords d’acquisition et de services croisĂ©s qui stipule la disposition mutuelle de fournitures, y compris de la nourriture, de l'eau et du carburant, ainsi que des services de transport et de rĂ©paration, aux et entre les forces armĂ©es des deux pays avec le Royaume-Uni, l'Australie[28] et la France[29].

Depuis avril 2019, elle détache deux officiers à la Force multinationale et observateurs au Sinaï[30].

le Japon et l’Australie ont dĂ©cidĂ©, le , de finaliser un accord d’accĂšs rĂ©ciproque (RAA) pour leurs troupes armĂ©es. Le nouveau cadre, qui sera officialisĂ© en 2021, doit permettre aux militaires des deux pays d’organiser des manƓuvres sur leur territoire respectif, de renforcer l’interopĂ©rabilitĂ© de leurs forces et de stationner des troupes si besoin est sur le territoire de l’autre. C'est le premier accord de ce type pour le Japon depuis celui passĂ© avec les États-Unis en 1960.

ManƓuvre

À partir de Kadena Air Base, les États-Unis, l’Australie, le Canada, la Nouvelle-ZĂ©lande et la France (avec un Dassault Falcon 200 de l'aviation navale) ont menĂ© par avion des activitĂ©s d’alerte et de surveillance des activitĂ©s illĂ©gales en mer, y compris les « transferts de navire Ă  navire »[30] sur fond de prise de position contre Pyongyang et PĂ©kin. Des bĂątiments des marines amĂ©ricaine, britannique, canadienne, australienne et française ont aussi conduit ces activitĂ©s dans les espaces maritimes autour du Japon, dĂ©ployant la frĂ©gate française VendĂ©miaire depuis NoumĂ©a Ă  partir de fĂ©vrier 2018, qui fait suite Ă  des prises de positions claires lors du dĂ©placement des ministres Jean-Yves Le Drian et Florence Parly Ă  Tokyo du 26-29 janvier 2018. Cet Ă©vĂ©nement montre une position française plus affirmĂ©e dans les enjeux gĂ©opolitiques et diplomatiques de l’Asie-Pacifique. Cela signifie sans aucun doute un « retour » de la France en tant que puissance dans cette rĂ©gion du monde[31].

Composition

Char Type 10 des JGSDF. lors d'un défilé en 2018.
Mitsubishi F-2 des JASDF.
F-15J et F-15DJ des JASDF.

Celles-ci comptent environ 240 000 hommes (chiffres 2006), et devraient compter 246 000 militaires en 2015[32]. Le Japon et la Chine sont des ennemis historiques. Or, la puissance militaire de cette derniĂšre inquiĂšte les dirigeants du pays du Soleil levant. Pour rĂ©pondre aux forces chinoises, l'armĂ©e japonaise peut dĂ©ployer 248 000 soldats et plus de 50 000 rĂ©servistes en 2016[33]. Devant le vieillissement de sa population, en , le Japon a relevĂ© de « moins de 27 ans » Ă  « moins de 33 ans » l'Ăąge maximum de recrutement des engagĂ©s candidats sous-officiers et des engagĂ©s candidats militaires du rang des FAD et l'Ăąge de dĂ©part anticipĂ© Ă  la retraite des membres des FAD est relevĂ© graduellement Ă  partir de l’annĂ©e 2020[30].

Le budget accordĂ© Ă  la dĂ©fense est de 50 milliards $ US et lui a permis de se doter d'un bel arsenal comprenant 1 595 avions et plus de 130 navires de guerre. MalgrĂ© la petitesse de son armĂ©e (comparativement Ă  celle de la Chine), le Japon maintient tout de mĂȘme une solide prĂ©sence militaire sur le continent asiatique[34] et ce, Ă  travers diffĂ©rentes initiatives[35], ses armĂ©es sont organisĂ©es en trois composantes :

La flotte japonaise, qui reprĂ©sente 387 400 tonnes au [38], est la 6e flotte mondiale derriĂšre les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni et la Chine Ă  cette date[39]. On annonce de la transformation des porte-hĂ©licoptĂšres de la classe Izumo en porte-aĂ©ronefs dans les annĂ©es 2020, ils seront les premiers porte-avions japonais depuis la Seconde Guerre mondiale[40].

Budget de la défense

En raison de sa constitution « pacifiste », le Japon limite ses dĂ©penses militaires au seuil symbolique de 1 % de son PNB entre 1974 et 2020. Le ministĂšre de la dĂ©fense a nĂ©anmoins le septiĂšme budget de la DĂ©fense en 2011[41], au mĂȘme niveau que celui de l'Allemagne, bien qu'il soit en baisse constante de 2002[42] Ă  2012 et augmentant depuis peu ou prou au niveau de l'inflation.

En 2003, le budget est de 4 926 milliards de yens. En 2006, il est Ă  hauteur de 4 790 milliards de yens soit trente-deux milliards d'euros au taux de change de l'Ă©poque. Cela correspond Ă  environ 267 euros par habitant, soit environ la moitiĂ© de l'effort consenti par chaque Français. En 2012, il a Ă©tĂ© fixĂ© Ă  4 640 milliards de yens soit, au taux de change de , 46 milliards d'euros[43]. Pour l'annĂ©e fiscale 2015, le gouvernement demande 4 900 milliards de yens (47,25 milliards de dollars ou 35,8 milliards d’euros au taux de change d'aout 2014), soit un retour du budget Ă  son niveau des annĂ©es 1990[44]. En novembre 2021, un effort exceptionnel fait montĂ© le budget a 1,3 % du PIB, et le gouvernement rĂ©flĂ©chi a le passer Ă  2 % devant l'augmentation des tensions avec la Chine.

« Il reste que le budget de la dĂ©fense est plus Ă©levĂ© qu'il ne paraĂźt selon les statistiques officielles (
). En effet, les chiffres donnĂ©s excluent les pensions des militaires et les dĂ©fenses des forces paramilitaires que sont les garde-cĂŽtes. Or ces derniĂšres ont un matĂ©riel de plus en plus militaire, notamment pour faire face Ă  la CorĂ©e du Nord, et leur budget est, lui, en augmentation constante. Si l'on inclut les pensions et les garde-cĂŽtes, le budget dĂ©passe 1 % du PIB, oscillant entre 1,1 % et 1,5 % »[45].

L'effort de dĂ©fense ne porte pas alors prioritairement sur les Ă©quipements comme dans les autres nations. Ceci reflĂšte notamment le fait qu'il ne s'agit pas d'une armĂ©e mais de « forces d'autodĂ©fense » - sans grande capacitĂ© de projection (Ă  l'exception de trois grands bĂątiments de dĂ©barquement de classe Osumi). À la fin des annĂ©es 2010, la prioritĂ© est la dĂ©fense antimissile[46].

À noter l'importance du poste « Bases » dans le budget de 2005, c'est-Ă -dire la contribution de la JDA au fonctionnement des bases amĂ©ricaines sur le sol japonais et la faiblesse relative du poste Recherche et dĂ©veloppement.

Escorteur Maya aprÚs la cérémonie de lancement au chantier JMU Japan Marine United Corporation en 2018[47].
  • Maintenance : 19 %
  • Infrastructure : 3 %
  • R&D : 3 %
  • Équipement : 18 %
  • Bases : 10 %
  • Personnel : 45 %
  • Autres : 2 %

Le Japon Ă©tait, en 2005, le 23e importateur mondial d'armement avec une moyenne de 280 millions de dollars par an. Il est le premier client de l'industrie aĂ©ronautique et spatiale des États-Unis. À partir de 1967 et pendant une cinquantaine d'annĂ©es, le Japon n'autorise aucune exportation d'armement offensif[48]. L'industrie japonaise a tentĂ© de faire changer cette politique depuis la fin des annĂ©es 1990, et les restrictions se sont allĂ©gĂ©es dans les annĂ©es 2000. L'interdiction est finalement levĂ©e le mais le gouvernement s’interdit, alors, Ă  exporter des armes lĂ©tales[49]. En , les entreprises japonaises sont officiellement en compĂ©tition pour le renouvellement de la sous-marinade australienne sans succĂšs marquant le retour du Japon sur le marchĂ© des grands contrats militaires internationaux[50].

Évolution du budget de la dĂ©fense du Japon entre 2005 et 2019.

En , Tokyo valida Ă  nouveau un budget « record » pour des forces d’autodĂ©fense, avec un montant de 5 260 milliards de yens (47 milliards de dollars), ce qui correspondait peu ou prou Ă  la demande faite quelques mois plus tĂŽt par le ministĂšre japonais de la DĂ©fense[51].

Cette hausse relativement significative (+ 2 % environ) devait permettre de financer l’acquisition de 6 avions de combat F-35A, des systĂšmes de dĂ©fense anti-missile AEGIS basĂ©s au sol et d’entamer la transformation des « destroyers porte-hĂ©licoptĂšres » de la classe Izumo en porte-aĂ©ronefs. Et elle s’inscrivait dans un plan quinquennal visant Ă  renforcer la dĂ©fense du Japon. Pour Tokyo, un tel effort Ă©tait nĂ©cessaire pour faire face Ă  la « montĂ©e des dĂ©fis rĂ©gionaux en termes de sĂ©curité » incarnĂ©e par la CorĂ©e du Nord et rĂ©pondre aux « fortes prĂ©occupations » suscitĂ©es par l’accroissement des capacitĂ©s militaires chinoises[52].

ContrĂŽle civil

En , le MinistĂšre de la DĂ©fense a Ă©tĂ© restructurĂ© afin que les soldats aient le mĂȘme pouvoir au sein du ministĂšre que les bureaucrates ; cela a reprĂ©sentĂ© un changement majeur par rapport Ă  la politique suivie depuis 1954. Le , en rĂ©ponse a une interpellation au parlement de Kiyomi Tsujimoto, Gen Nakatani, Ministre de la DĂ©fense, a dĂ©clarĂ©:

Le contrĂŽle civil « [sur les Forces d'autodĂ©fense] est assurĂ© par les hommes politiques. D’aprĂšs moi, le contrĂŽle civil peut ĂȘtre maintenu par le Ministre de la DĂ©fense, un homme politique, le Vice-Ministre de la dĂ©fense, ainsi que par le SecrĂ©taire du gouvernement »[53].

Notes et références

  1. https://www.lemonde.fr/international/article/2021/11/26/le-japon-pret-a-doubler-ses-depenses-de-defense_6103698_3210.html
  2. « Japon: un budget record pour sa défense », sur Le Figaro, (consulté le ).
  3. https://edition.cnn.com/2021/11/28/asia/japan-defense-budget-intl-hnk/index.html
  4. Michael O’Sullivan et Krithika Subramanian, The End of Globalization or a more Multipolar World?, Credit Suisse AG, (lire en ligne[archive du ])
  5. « SIPRI Yearbook 2012–15 countries with the highest military expenditure in 2011 » [archive du ], sur Sipri.org (consultĂ© le )
  6. « Japan – Introduction », sur Globalsecurity.org (consultĂ© le )
  7. Japon : des Forces d’autodĂ©fense Ă  l’ArmĂ©e de dĂ©fense nationale. Autopsie d’un changement potentiel de paradigme.
  8. François Hauter, « Le Japon remet en cause sa doctrine pacifiste », sur Le Figaro, (consulté le ).
  9. Le Japon peut se doter de l'arme nuclĂ©aire mais ne le fera pas, dĂ©pĂȘche AFP.
  10. (fr) Le Japon renforce sa défense vis-à-vis de la Chine et de la Corée du Nord, AFP, 16 décembre 2010.
  11. Jean-Marc Tanguy, « Pour les opint, combien de bataillons ? », sur lemamouth.blogspot.com, (consulté le ).
  12. (en) Kyle Mizokami, « Shukan Bunshun: Senkaku Naval Battle: JSDF’s Secret Simulation », sur Japan Security Watch, (consultĂ© le ).
  13. (en) « At least 31 people feared dead after Japan volcano erupts », sur Cyprus Mail (en), (consulté le ).
  14. (en) NewsDay, « Around 30 feared dead after Japan's Mount Ontake erupts, officials say », (consulté le ).
  15. Saiko Yoshida, « La réforme de la politique de défense au Japon », sur Infoguerre, (consulté le ).
  16. Edouard Pflimlin, « L’armĂ©e japonaise autorisĂ©e pour la premiĂšre fois Ă  utiliser ses armes pour protĂ©ger des Ă©trangers », Le Monde, le 18 novembre 2016
  17. (en) « Japan to withdraw GSDF from PKO in South Sudan », sur Asahi Shinbun, (consulté le ).
  18. Le Monde, Le Japon muscle les capacitĂ©s offensives des Forces d’autodĂ©fense, 18/12/2018 consultĂ© le 22/03/2019.
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Voir aussi

Articles connexes

Forces japonaises d'autodéfense

MĂ©diagraphie

Infographie

Bibliographie

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  • Éric Seizelet et RĂ©gine Serra, Le Pacifisme Ă  l'Ă©preuve: Le Japon et son armĂ©e : Le Japon et son armĂ©e, (ISBN 978-2251722047), p. 2009 .

Liens externes