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RIM-161 Standard Missile 3

Le RIM-161 Standard Missile 3 (ou simplement SM-3), conçu par la société américaine Raytheon, complète le système de combat Aegis (« Égide ») dans le domaine de la lutte maritime contre les missiles balistiques à courte et moyenne portée. Il est ainsi tiré depuis les navires disposant de l'Aegis, qui peuvent l'utiliser efficacement avec leur radar SPY.

RIM-161 Standard Missile 3
RIM-161 Standard Missile 3
Un Standard Missile Three (SM-3) tiré depuis le système de lancement vertical du croiseur USS Lake Erie (CG 70), de classe Ticonderoga.
Présentation
Type de missile Missile antibalistique
Constructeur • Drapeau des États-Unis Raytheon
• Drapeau des États-Unis Aerojet
CoĂ»t Ă  l'unitĂ© 9 Ă  24 millions de Dollars US[1] (2011)
Caractéristiques
Nombre d'étages • Étage 1 : Propulseur d'appoint MK 72 (Aerojet)
• Étage 2 : Moteur à double poussée MK 104 (Aerojet)
• Étage 3 : Moteur MK 136 (ATK)
• Étage 4 : Tête cinétique SM-3 et système de manœuvre extra-atmosphérique (Aerojet)
Masse au lancement 1,5 t
Longueur 6,55 m
Diamètre • 34,3 cm (Block I)
• 53,33 cm (Block II)
Envergure 1,57 m
Vitesse • 3 km/s (Mach 10.2) (Block IA/B)
• 4,5 km/s(Mach 15.25) (Block IIA)[2]
PortĂ©e • 700 km (Block IA/B)
• 2 500 km (Block IIA)
ApogĂ©e 1 500 km (Block IIA)
Guidage GPS / Autodirecteur radar semi-actif / Autodirecteur infrarouge
Plateforme de lancement Navire
Pays utilisateurs
• Drapeau des États-Unis États-Unis
• Drapeau du Japon Japon

Cette arme a été développée pour l'Aegis Ballistic Missile Defense System (en) dans le cadre de la défense antimissile, l'un des programmes les plus importants de la Défense américaine.

Historique

Le premier tir d'essai a eu lieu en . Le missile est opérationnel en 2008 dans la United States Navy, la Force maritime d'autodéfense japonaise ainsi que dans la marine royale néerlandaise depuis des navires équipés de systèmes de lancement verticaux Mark 41.

Bien que principalement conçu comme un missile anti-balistique, le SM-3 peut également être employé dans la lutte anti-satellite, lorsque ces derniers se trouvent dans leurs orbites les plus basses. Il s'agit d'une amélioration du RIM-67 Standard SM-2ER Block IV.

En , le Japon a procédé à un essai réussi d'un SM-3 Block IA depuis le JDS Kongo JDS (DDG-173) contre un missile balistique. C'était la première fois qu'un navire japonais était utilisé pour lancer le missile intercepteur au cours d'un test de l'Aegis Ballistic Missile Defense System. Dans ses précédents essais, la Marine japonaise avait « seulement » été chargée du suivi et de la communication.

Le « Aegis Ashore Missile Defense Complex Romania », abritant 24 SM-3 de la United States Navy en Roumanie, est un des éléments du système de défense antimissile de l'OTAN depuis 2015.

En 2009, le gouvernement américain a annoncé son intention de déployer une version terrestre du SM-3 en Europe dans les années 2010[3] - [4]. Le premier site à Deveselu, en Roumanie, est opérationnel en [5] et le second à Redzikowo, en Pologne, devrait l'être en 2018[6] - [7] - [8].

DĂ©but , 135 missiles SM-3 Block IA et Block IB sont livrĂ©s aux marines amĂ©ricaines et japonaise[9] et un contrat de 230 millions de dollars est signĂ© pour la livraison de 14 missiles SM-3 Block IA et 5 missiles SM-3 Block IB. La valeur totale du contrat concernant l'ensemble de ces missiles est de 1,7 Ă  1,93 milliard de dollars pour Raytheon[10].

Caractéristiques


Profil du SM-3 Block IA et du SM-3 Block 1B. Le Block IIB en 2020 sera plus gros.

Le missile

Ce missile surface-air dispose d'une liaison de donnĂ©es cryptĂ©e avec le navire de guerre lanceur permettant de contrĂ´ler l'arme pendant le vol. Son coĂ»t unitaire est estimĂ© Ă  10 millions de dollars amĂ©ricain en 2009, les versions amĂ©liorĂ©es en dĂ©veloppement Ă  cette date coĂ»teront entre 13 et 15 millions de dollars[11].

L'arme dispose de quatre Ă©tages :

  • le propulseur d'appoint MK 72, permettant de lancer le missile depuis le vaisseau ;
  • un moteur « double-poussĂ©e » MK 104, qui prend le relais juste après le lancement pendant la phase de guidage en vol vers la cible ;
  • le moteur « troisième Ă©tage » MK 136, qui pousse le missile hors de l'atmosphère ;
  • la tĂŞte cinĂ©tique SM-3.

Ă€ l'extinction de ce moteur, Ă  environ 30 secondes de l'impact avec la cible, ce troisième Ă©tage se renverse et Ă©jecte la tĂŞte cinĂ©tique SM-3 (la « SM-3 KW », ou Kinetic Warhead en anglais). Cette tĂŞte dispose d'un système de manĹ“uvre extra-atmosphĂ©rique (SDACS : Solid Divert and Attitude Control System), pilotĂ© par un capteur infrarouge Ă  longue portĂ©e de dĂ©tection. Ce système permet de manĹ“uvrer la tĂŞte jusqu'Ă  la cible, et d'identifier l'endroit optimum de collision pour obtenir la meilleure chance de dĂ©truire la cible.

Le SM-3 ne dispose pas d'une tĂŞte Ă©quipĂ©e d'une charge explosive, mais d'une masse mĂ©tallique nommĂ©e Lightweight Exo-Atmospheric Projectile (LEAP) (en français : « projectile lĂ©ger hors atmosphère »), qui est propulsĂ©e Ă  plus de 9 000 km/h par les deuxième et troisième Ă©tages. La masse de la tĂŞte, couplĂ©e Ă  une vitesse très Ă©levĂ©e, permet de dĂ©truire la cible avec une Ă©nergie cinĂ©tique Ă©quivalente Ă  celle d'un train de 1 000 tonnes se dĂ©plaçant Ă  100 km/h[12].

Caractéristiques du Block IIA

La version Block IIA est censée entrer en service en 2018 dans l’installation « Aegis Ashore », en Pologne[13] :

  • PortĂ©e opĂ©rationnelle : 2 500 km ;
  • Plafond : 1 500 km ;
  • Vitesse : 4,5 km/s (Mach 15,25).

Fonctionnement du système d'arme

Le radar AN/SPY-1 du navire détecte la cible balistique et le système d'arme Aegis calcule une solution de tir sur la cible. Lorsque le missile est paré au lancement, le moteur fusée d'appoint Aerojet MK 72 à propergol solide lance le SM-3 hors du navire et de son système de lancement vertical (VLS) Mk 41. Le missile établit ensuite la communication avec le navire de lancement et la poursuite de la cible peut débuter.

Une fois que le propulseur d'appoint a brûlé son combustible, il se détache et c'est au tour du moteur fusée Aerojet MK 104 à propergol solide et double poussée (DTRM, Double Thrust Rocket Motor) de prendre en charge la propulsion dans l'atmosphère. Le missile reçoit de manière continue jusqu'à mi-parcours des informations d'orientation du navire de lancement et est également aidé par des données GPS.

C'est au tour du moteur fusĂ©e ATK MK 136 Ă  propergol solide (TSRM, Third Stage Rocket Motor) du troisième Ă©tage de se mettre Ă  feu et d'engager la phase finale de la poursuite, en dehors de l'atmosphère s'il le faut. Le TSRM assure la propulsion du SM-3 jusqu'Ă  30 secondes pour permettre l'interception. Une fois ce temps Ă©coulĂ©, le TSRM se sĂ©pare et le « projectile lĂ©ger hors atmosphère » (LEAP) Ă  ogive cinĂ©tique (KW) commence Ă  chercher sa cible en utilisant des donnĂ©es de pointage issues du navire de lancement. Un dispositif de petites fusĂ©es ATK et un système de contrĂ´le d'attitude (SDACS) permettent Ă  l'ogive de manĹ“uvrer dans la phase finale de l'engagement.

Les capteurs de l'ogive cinĂ©tique identifient la cible en s'assurant que la tĂŞte cinĂ©tique demeure continuellement pointĂ©e sur son objectif. Si l'ogive (KW) intercepte sa cible, elle dĂ©gage 130 mĂ©gajoules d'Ă©nergie cinĂ©tique au point d'impact.

Faits d'armes

Lancement du RIM-161 SM-3 pour détruire le satellite USA-193.

Son premier tir contre une cible rĂ©elle a eu lieu dans le rĂ´le de missile antisatellite lors de la destruction Ă  247 km d'altitude du satellite espion amĂ©ricain en perdition USA-193, le .

Le , les États-Unis avaient annoncĂ© leur intention d'utiliser un missile SM-3 modifiĂ© depuis un groupe de trois navires dans le Pacifique Nord, afin de dĂ©truire un satellite d'espionnage amĂ©ricain en perdition, l'USA-193, Ă  une altitude de 130 milles nautiques (240 kilomètres) peu de temps avant sa rentrĂ©e atmosphĂ©rique. Les autoritĂ©s avaient indiquĂ© qu'elles souhaitaient rĂ©duire le danger pour les ĂŞtres humains d'une rentrĂ©e en atmosphère non contrĂ´lĂ©e. Le satellite contenait en effet une substance toxique, l'hydrazine, un carburant transportĂ© par le satellite. Un porte-parole avait dĂ©clarĂ© que les logiciels associĂ©s au SM-3 ne nĂ©cessiteraient pas d'importantes modifications pour atteindre le satellite, reconnaissant, tout de mĂŞme que le missile n'avait pas Ă©tĂ© conçu en tant qu'ASAT (arme anti-satellite).

Le Ă  3 h 26 UTC, l’USS Lake Erie (CG-70) (en), un croiseur lance-missiles de la classe Ticonderoga, a tirĂ© un seul SM-3 qui a frappĂ© et dĂ©truit avec succès le satellite Ă  une vitesse d'environ 36 667 km/h (22 783 mph), alors que le satellite se trouvait Ă  247 km (133 miles) au-dessus de l'ocĂ©an Pacifique. L’USS Decatur (DDG-73), l’USS Russell (DDG-59), des unitĂ©s sur terre, en l'air, sur mer et Ă©galement des capteurs spatiaux ont participĂ© Ă  l'opĂ©ration.

Le , le deuxième essai de la version SM-3 Block IIA a Ă©tĂ© menĂ© avec succès par les forces armĂ©es conjointes amĂ©ricano-japonaises. La firme Raytheon, Ă  la suite de ces rĂ©sultats, a reçu une commande le pour la production 17 missiles, avec une enveloppe de 549 millions de dollars.

Dans la crise américano-nord-coréenne d', c'est ce missile que l'armée américaine pourrait utiliser pour détruire les tirs de missiles nord coréens Hwasong-12 en direction de l'île de Guam[14].

Galerie

  • SM-3 tirĂ© depuis l'USS Lake Erie (CG-70) (en), 2005.
    SM-3 tiré depuis l'USS Lake Erie (CG-70) (en), 2005.
  • SM-3 tirĂ© depuis l'USS Shiloh (CG-67) (en), 2006.
    SM-3 tiré depuis l'USS Shiloh (CG-67) (en), 2006.
  • SM-3 tirĂ© depuis l'USS Decatur, 2007.
    SM-3 tiré depuis l'USS Decatur, 2007.
  • SM-3 tirĂ© depuis l'USS Lake Erie, 2008.
    SM-3 tiré depuis l'USS Lake Erie, 2008.

Notes et références

  1. (en) Ronald O'Rourke, « Navy Aegis Ballistic Missile Defense (BMD) Program: Background and Issues for Congress », Service de recherche du Congrès, Federation of American Scientists,‎ , p. 8 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  2. « Why Russia Keeps Moving the Football on European Missile Defense », Breaking Defense, (consulté le ).
  3. (en) Personnel de rédaction, « The next salvo », The Economist,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) « Aegis Ashore » [archive du ] [PDF], sur http://www.mda.mil, (consulté le ).
  5. (en) « U.S. 6th Fleet Receives Aegis Ashore-Romania from MDA », sur United States Navy, (consulté le ).
  6. Philippe Chapleau, « Base Aegis en Pologne: la construction confiée à Amec, pour 182 millions de dollars », sur Ouest-France, (consulté le ).
  7. Corina Critea, « Deveselu, un point sur la carte sécuritaire », sur Radio Roumanie Internationale, (consulté le ).
  8. (en) « SM-3 BMD, in from the Sea: EPAA & Aegis Ashore », sur http://www.defenseindustrydaily.com/, (consulté le ).
  9. (en) Defense World, « Raytheon To Supply SM Block-3 IA, IB Missiles To U.S », Defense World,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) DoD, « Contract No. 717-12 », Defense.gov, Département de la Défense des États-Unis,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) Colin Clark, « Likely Winners From Euro Missile Cut », sur http://www.dodbuzz.com, (consulté le ).
  12. [PDF] Standard Missile-3 sur le site de Raytheon.
  13. (en) « Aegis Ashore », sur http://www.mda.mil/ (consulté le ).
  14. (en) Juliette Mitoyen, « Peut-on arrêter des missiles nord-coréens qui viseraient l’île de Guam? », Slate, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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