Accueil🇫🇷Chercher

Argentinosaurus

Argentinosaurus huinculensis

Argentinosaurus
Description de cette image, également commentée ci-après
Argentinosaurus (vue d'artiste).
99.6–89.8 Ma
du Cénomanien supérieur au Turonien.
1 collection

Genre

† Argentinosaurus
Bonaparte & Coria, 1993

Espèce

† Argentinosaurus huinculensis
Bonaparte & Coria, 1993

Argentinosaurus est un genre éteint et fossile de dinosaures sauropodes du groupe des Titanosauria, et l'un des plus grands dinosaures jamais découverts. Selon Paleobiology Database en 2022, ce genre est resté monotypique et la seule espèce est Argentinosaurus huinculensis.

Présentation

Argentinosaurus, dĂ©couvert en Argentine en 1989 par le palĂ©ontologue Guillermo Heredia, est un genre de dinosaures sauropodes du groupe des Titanosauria. Il est l'un des plus grands dinosaures jamais dĂ©couverts[1]. Les restes retrouvĂ©s se limitant Ă  quelques rares ossements, morceaux de vertèbres et pĂ©ronĂ©, les estimations de sa taille sont cependant entachĂ©es d'une marge d'erreur importante. Les estimations actuelles font Ă©tat d'une longueur de 35 mètres[2] - [3] (basĂ©e en partie sur le taxon-sĹ“ur Patagotitan) et un poids d'environ 80 tonnes[4]. Ce dinosaure gĂ©ant a vĂ©cu au CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur, plus prĂ©cisĂ©ment au CĂ©nomanien, il y a entre 97 et 93,5 millions d'annĂ©es, dans ce qui est maintenant l'AmĂ©rique du Sud.

Le genre Argentinosaurus ne comporte, à ce jour, qu'une seule espèce, Argentinosaurus huinculensis. Le nom générique Argentinosaurus, que l'on peut traduire par « Lézard d'Argentine », fait référence au pays d'origine du fossile. Le nom spécifique fait lui, plus précisément référence au lieu de découverte, la ville de Plaza Huincul dans la province de Neuquén[5].

DĂ©couverte

Les premiers fossiles d'Argentinosaurus sont découverts en par Guillermo Heredia, un éleveur local. Son signalement permet l'exhumation d'un os fossile, dans un premier temps identifié comme un tibia, par l'équipe du musée Carmen Funes de Plaza Huincul. Puis, à l'été , une équipe du Musée argentin des sciences naturelles de Buenos Aires dirigé par José F. Bonaparte procède à la mise au jour d'autre matériel fossile. Ce matériel rejoint également les collections du musée Carmen Funes[6].

« Je travaillais dans le Neuquén en 1987 et un jour je suis allé voir le musée de Plaza Huincul. Je suis tombé sur quelque chose de surprenant : un tibia très érodé donné par un marchand ambulant qui l'avait trouvé aux abords de la ville », raconte José F. Bonaparte. Après s'être rendu sur les lieux avec le directeur du musée, ils constatent le gigantisme de l'animal découvert. La municipalité et l'entreprise YPF participent financièrement et matériellement à l'extraction des os. Bonaparte étant le seul paléontologue, il est nommé responsable des fouilles et recommande son illustrateur Rodolfo Coria lorsque le maire souhaite développer le musée Carmen Funes en y engageant un paléontologue permanent[5].

Présenté une première fois lors de la VIe Conférence argentine de paléontologie des vertébrés, les fossiles d'Argentinosaurus sont étudiés, décrits et publiés en sous le nom spécifique A. huinculensis, par les paléontologues argentins José F. Bonaparte et Rodolfo Coria[6].

Sa découverte est toutefois disputée par Jorge Calvo, géologue et docteur en paléontologie, directeur du centre paléontologique Lago Barreales. Il affirme avoir fait partie des équipes ayant excavé les fossiles. Bonaparte et lui auraient passé un accord verbal en concernant la double découverte de l'Andesaurus delgadoi et de l'Argentinosaurus, pour que figurent leur deux noms lors de la publication des études, mais Bonaparte l'aurait volontairement remplacé au profit de Coria[5].

Description

Silhouette d'Argentinosaurus avec, en blanc, les os retrouvés.

Le matĂ©riel attribuĂ© Ă  Argentinosaurus est relativement peu consĂ©quent. Le spĂ©cimen holotype, PVPH-1, comprend plusieurs cĂ´tes fragmentaires, un pĂ©ronĂ© droit, un os iliaque, huit vertèbres dorsales, cinq vertèbres du sacrum[5] - [6]. Six vertèbres dorsales ont Ă©tĂ© dĂ©crites en dĂ©tail, la plus grande atteignant une hauteur de 1,59 m de haut et 1,29 m de large. Le pĂ©ronĂ©, initialement pris pour un tibia, mesure environ 1,55 mètre de long. Les cĂ´tes sont cylindriques, creuses et lĂ©gèrement incurvĂ©es, avec l'articulation distale par laquelle elles se connectent Ă  la colonne vertĂ©brale, faisant saillie vers le bas Ă  environ 45°. Les corps vertĂ©braux du sacrum sont Ă©rodĂ©s et endommagĂ©s, mais confirment la prĂ©sence de cinq vertèbres soudĂ©es.

En plus de ces vestiges, un fĂ©mur incomplet, le spĂ©cimen MLP-DP 46-VIII-21-3, retrouvĂ© non loin de la zone de fouille, est Ă©galement attribuĂ© au genre Argentinosaurus. Cet axe fĂ©moral de 1,18 m est privĂ© de ses extrĂ©mitĂ©s, sa longueur est donc inconnue. Cependant, JosĂ© Bonaparte et Rodolfo Coria l'estiment Ă  environ 2,4 m de long. Il appartiendrait Ă  l'animal dans la mesure oĂą il a Ă©tĂ© trouvĂ© dans la mĂŞme couche gĂ©ologique et possède les mĂŞmes proportions que les autres fossiles[5]. En comparaison, il existe des fĂ©murs complets conservĂ©s d'autres titanosaures gĂ©ants, ainsi celui d'Antarctosaurus giganteus qui mesure 2,35 m ou celui de Patagotitan mayorum qui mesure 2,38 m. Les os de ce type jouent un rĂ´le crucial dans le maintien du poids des organismes terrestres vertĂ©brĂ©s. La circonfĂ©rence Ă©paisse du fĂ©mur suggère un animal d'un poids Ă©norme, plusieurs Ă©tudes ont donc tentĂ© d'estimer la masse corporelle du « LĂ©zard argentin ».

Débat sur les caractéristiques physiques

Comparaison des plus grands sauropodes. Argentinosaurus est en rouge.

Comme pour beaucoup d'espèces de dinosaures de cette taille, les donnĂ©es de taille et de masse varient fortement selon les sources. Concernant l'argentinosaure, les fourchettes d'estimation sont très larges. La plupart des sources indiquent une masse autour de 60-80 tonnes, pour une longueur estimĂ©e entre 30 et 40 mètres. Il est ainsi d'une taille comparable Ă  celle de Patagotitan, dont la dĂ©couverte a Ă©tĂ© annoncĂ©e en 2014 et qui vivait Ă©galement en Argentine Ă  la mĂŞme Ă©poque[10]

Systématique

À ce jour, une seule espèce est connue : Argentinosaurus huinculensis (Bonaparte & Coria, ).

Argentinosaurus est un sauropode titanosaure. À sa description en 1993, José Bonaparte et Rodolfo Coria l'ont classé au sein des Andesauridae. En 1997, une équipe dirigée par Leonardo Salgado a réalisé son appartenance aux Titanosauridae, ils ont alors classé Argentinosaurus au sein d'un clade non nommé en compagnie des Opisthocoelicaudia et d'un titanosaure indéterminé[11].

En , Paul Upchurch et son équipe ont suggéré l'existence d'un nouveau groupe, Lithostrotia, groupe qui comprenait tous les membres dérivés de Titanosauria. Argentinosaurus a alors été classé comme un titanosaure basal[12]. La position basale de Argentinosaurus au sein de Titanosauria a été confirmée ensuite par plusieurs études ultérieures[13].

Une étude réalisée en par José L. Carballido et son équipe a réintégré Argentinosaurus au sein des Lognkosauria et du taxon frère de Patagotitan[14]. En , González Riga et ses collègues ont également découvert qu’il appartenait à Lognkosauria, qui, à son tour, s’avérait appartenir à Lithostrotia[15]. Une autre étude réalisée en par l'équipe de Hesham M. Sallam a suggéré deux positions phylogénétiques différentes pour Argentinosaurus, sur la base de deux ensembles de données différents. Ils l'ont considéré soit comme un titanosaure basal, soit comme le taxon frère de Epachthosaurus[16]. En , une nouvelle étude de González Riga a réintégré Argentinosaurus au sein des Lognkosauria et indiqué que ce groupe formait un clade plus important avec Rinconsaurus au sein des Rinconsauria, clade qu'ils ont baptisé Colossosauria[17].

Le cladogramme suivant montre la position de Argentinosaurus au sein des Colossosauria, suivant la proposition de Bernardo González Riga et son équipe, en 2019.

Étymologie

Argentino : « argentin » et saurus : « lézard », soit, littéralement, « lézard d'Argentine ».

Paléobiologie

Comme les autres sauropodes géants, Argentinosaurus devait vivre en troupeau et migrer constamment en quête de nourriture. Herbivore, il se nourrissait de feuilles de conifères grâce à sa taille gigantesque et son long cou qui lui permettait d'atteindre la cime des arbres, mais aussi de balayer le sol pour y consommer des fougères et des prêles. Il ingurgitait avec cette végétation des cailloux, gastrolithes, qu'il gardait dans son estomac pour faciliter la digestion[18].

D'après Kristi Curry Rogers, la masse d'Argentinosaurus devait probablement croĂ®tre d'environ 50 kilogrammes par jour Ă  l'adolescence (le dĂ©veloppement maximal des grands sauropodes est estimĂ© Ă  56 kg/j)[19].

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

Notes

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Argentinosaurus » (voir la liste des auteurs).
(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Argentinosaurus » (voir la liste des auteurs).
(es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Argentinosaurus huinculensis » (voir la liste des auteurs).

    Références taxonomiques

    Références

    1. Documentaire Dinosaures géants de Patagonie
    2. (en) Kenneth Carpenter, Biggest of the big: a critical re-evaluation of the mega-sauropod Amphicoelias fragillimus Cope, 1878, Paleontology and Geology of the Upper Jurassic Morrison Formation, bulletin n°36, New Mexico Museum of Natural History, John R. Foster, Spencer G. Lucas (éd.), 2006. Lire en ligne.
    3. (en) Jorge Orlando Calvo, Ruben D. Juarez Valieri, Juan D. Porfiri, Re-sizing giants: estimation of body lenght of Futalognkosaurus dukei and implications for giant titanosaurian sauropods, IIIe Congrès latino-américain de paléontologie des vertébrés (Neuquén, Patagonie, Argentine, 2008). Lire en ligne
    4. (en) Gerardo V. Mazzetta, Per Christiansen, Richard A. Fariña, Giants and Bizarres: Body Size of Some Southern South American Cretaceous Dinosaurs, Historical Biology, 16, 2004. Lire en ligne
    5. Miguel Prenz (trad. Cyril Gay), La guerre des dinosaures [« Gigantes. La Guerra de los dinosaurios en la Patagonia »], Marchialy, , 220 p. (ISBN 979-10-95582-44-1)
    6. (es) José F. Bonaparte et Rodolfo A. Coria, « Un nuevo y gigantesco sauropodo titanosaurio de la formacion Rio Limay (Albiano-Cenomaniano) de la provincia del Neuquen, Argentina », Ameghiniana, vol. 30, no 3,‎ , p. 271-282 (lire en ligne, consulté le ) voir aussi
    7. (en) Holtz, Thomas R. Jr. (2012) Dinosaurs: The Most Complete, Up-to-Date Encyclopedia for Dinosaur Lovers of All Ages, Winter 2011 Appendix
    8. (en) « Argentinosaurus », sur www.prehistoric-wildlife.com (consulté le )
    9. (en) « Argentinosaurus huinculensis schematic », sur Deviantart.com,
    10. (en) J.L. Carballido, D., A. Otero, I.A. Cerda, L. Salgado, A.C. Garrido, J. Ramezani, N.R.Cúneo et J.M. Krause, « A new giant titanosaur sheds light on body mass evolution among sauropod dinosaurs », Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, vol. 284, no 1860,‎ (lire en ligne, consulté le ).
    11. Leonardo Salgado, Rodalpho Anibal Coria, Jorge Orlando Calvo, Evolution of titanosaurid sauropods I.: Phylogenetic analysis based on the postcranial evidence, Ameghiniana, 34 (1), p.3–32.
    12. Paul Upchurch, Paul M. Barret, Peter Dodson, Sauropoda, in : The Dinosauria (2e éd.), Berkeley : Presses de l'Université de Californie, p. 259–322, (2004). (ISBN 978-0-520-25408-4).
    13. Jeffrey A. Wilson, An overview of titanosaur evolution and phylogeny, Actus de las III Jornadas Sobre Dinosaurios y Su Entorno. Burgos: Salas de los Infantes, 169 : 169-190, 2006.
    14. José L. Carballido, Diego Pol, Alejandro Otero, Ignacio A. Cerda, Leonardo Salgado, Alberto C. Garrido, Jahandar Ramezani, Néstor R. Cúneo, Javier M. Krause, A new giant titanosaur sheds light on body mass evolution among sauropod dinosaurs, Proceedings biological sciences, Royal society Publishing, vol. 284, 2017.
    15. Bernardo J. Gonzalez Riga, Phillip D. Mannion, Stephen F. Poropat, Leonardo D. Ortiz David, Juan Pedro Coria, Osteology of the Late Cretaceous Argentinean sauropod dinosaur Mendozasaurus neguyelap: implications for basal titanosaur relationships, Zoological Journal of the Linnean Society, 184 (1), p.136-181, 2018. https://doi.org/10.1093/zoolinnean/zlx103
    16. Hesham M. Sallam, Eric Gorscak, Patrick M. O'Connor, Iman M. El-Dawoudi, Sanaa El-Sayed, Sara Saber, Mahmoud A. Kora, Joseph J.W. Sertich, Erik R. Seiffer, Matthew C. Lamanna, New Egyptian sauropod reveals Late Cretaceous dinosaur dispersal between Europe and Africa, Nature Ecologie & Evolution, 2 (3), p.445–451, 2018.
    17. Bernardo J. González Riga, Matthew C. Lamanna, Alejandro Otero, Leonardo D. Ortiz David, Alexander W.A. Kellner, Lucio M. Ibiricu, An overview of the appendicular skeletal anatomy of South American titanosaurian sauropods, with definition of a newly recognized clade. Anais da Academia Brasileira de Ciências, vol.91, supl.2, 2019.
    18. (en) T. Haines et P. Chambers, The Complete Guide to Prehistoric Life, Firefly Books Ltd, , p. 118–119
    19. (en) Kristi Curry Rogers, « Quelle poussée de croissance ! », sur La Recherche, , p. 39
    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.