Alfred BĂ©renguer
Alfred Bérenguer, né le à El Amria et mort le à Aix-en-Provence, est un prêtre catholique franco-algérien, membre de l'Assemblée nationale constituante algérienne entre 1962 et 1964[3].
Alfred BĂ©renguer | |
Fonctions | |
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Député à l'Assemblée nationale constituante | |
– (~ 2 ans) |
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Élection | 20 septembre 1962 |
Circonscription | Tlemcen |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | El Amria |
Date de décès | |
Lieu de décès | Aix-en-Provence |
Nature du décès | Cancer |
Sépulture | Cimetière chrétien de Tlemcen |
Nationalité | française algérienne (depuis 1962) |
Parti politique | Indépendant |
Profession | PrĂŞtre catholique, enseignant |
Religion | Christianisme catholique |
Alfred BĂ©renguer | ||
Naissance | El Amria |
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Décès | Aix-en-Provence |
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Origine | France | |
Allégeance | République française France libre CFLN GPRF |
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Arme | Infanterie | |
Unité | 2e régiment de zouaves (1939-1940) 4e régiment de tirailleurs tunisiens (1942-1945) |
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Grade | Sous-lieutenant | |
Années de service | 1939 – 1940 1942 – 1945 |
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Conflits | Seconde Guerre mondiale | |
Faits d'armes | Bataille de Monte Cassino Bataille des Vosges Campagne d'Allemagne |
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Distinctions | Croix de guerre 1939-1945[1] LĂ©gion d'honneur[2] |
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Hommages | Rue Alfred BĂ©renguer Ă Oran (1998-?) | |
Autres fonctions | Prêtre catholique Député à l'Assemblée nationale constituante algérienne (1962-1964) |
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Biographie
Il est né le à El Amria dans une famille d'immigrés espagnols de condition modeste[4]. Sa mère, Antonia (1882-1960), est originaire de Salobreña tandis que son père, Alfredo (1884-1962), est natif de Carthagène[5]. C'est ce dernier, ouvrier-mécanicien de profession, qui le pousse à rentrer dans les ordres[6]. Il est ordonné prêtre le [3].
En 1939, après la déclaration de guerre et la mobilisation des troupes françaises, il choisit d'effectuer volontairement son service militaire actif alors que les colons et les hommes d'Église en sont normalement dispensés. Affecté au 2e régiment de zouaves à Oran, il y contracte une pleurésie purulente. Proposé à la réforme définitive du fait de cette maladie, il s'y oppose et retourne à son poste une fois sorti de l'hôpital. Il est finalement démobilisé le à la suite de la signature de l'armistice avec l'Allemagne. Remobilisé après le débarquement américain en Afrique du Nord, il est cette fois affecté au 4e régiment de tirailleurs tunisiens, d'abord comme sergent-chef aux transmissions puis comme sous-lieutenant aumônier. Participant à la campagne d'Italie et notamment à la bataille du mont Cassin, il est blessé lors des combats du Belvédère le . Rapidement remis de ses blessures, il assiste à la libération de Rome le et à celle de Sienne le . Victime d'une otite, il part se faire soigner à Sidi Bel Abbès où il a de la famille et ne regagne son régiment qu'en dans les Vosges. Avec celui-ci, il entre en Allemagne le et marche sur Stuttgart le . Quelques semaines plus tard, le Troisième Reich capitule et la guerre prend fin en Europe[7]. Bérenguer rentre alors en Algérie pour reprendre son service de vicaire à Mascara, puis à Frenda, de 1946 à 1950, et est nommé curé de la paroisse de Remchi en 1951.
Le , il publie dans la revue oranaise Simoun un article intitulé «Regards chrétiens sur l'Algérie» où il exprime son appréhension de conflits futurs[8].
Le , il tient à Cannes une conférence dénonçant les « atrocités françaises en Algérie » qui rencontre un large succès[9].
En , il « est à Rome pour assister aux funérailles de Pie XII et à l'élection de Jean XXIII, et surtout pour se mettre à l'abri des poursuites de la police française »[10].
En , un mandat d'arrêt est délivré à son encontre[11], le contraignant ainsi à passer le reste de la guerre en exil à La Havane et Tunis[12].
Le [11] - [13] ou le [14], le tribunal de Tlemcen[13] ou le tribunal permanent des forces armées d'Oran[15] le condamne à dix an de prison et dix an d'interdiction des droits civiques pour « atteinte à la sûreté extérieure de l'État ».
Cofondateur du Croissant-Rouge algérien, il le représente en Amérique latine de 1959 à 1961. Sur place, ses actions de lobbying en faveur de l'indépendance algérienne inquiètent profondément le général de Gaulle, qui décide d'y envoyer son ministre des Affaires culturels, André Malraux, en contrefeu. Mais c'est peine perdue, Bérenguer réussissant à rallier la majorité des États latino-américains à sa cause. À l'Assemblée générale des Nations unies, le nombre d'États soutenant l'indépendance passe de 40 à 50 et la France se retrouve mise en minorité en 1960[3] - [16].
Une fois l'indépendance acquise, il rentre en Algérie et se fait élire député de Tlemcen à l'Assemblée constituante chargée de rédiger la constitution du nouvel État. Le , il vote contre cette dernière car elle consacre un certain nombre de discriminations entre citoyens musulmans et non-musulmans (dont la nationalité est révocable et qui ne peuvent accéder à la présidence de la république)[17] - [18].
Proche du président Ben Bella (les deux hommes sont originaires de la même région et anciens camarades d'armes), il lui sert de conseiller et tente, sans succès, de l'avertir des visées de Boumediène (qu'il connait bien depuis son exil tunisien)[16] - [19].
Refusant de cautionner un régime militaire, il se retire de la vie politique après le coup d'État du 19 juin 1965 et retourne à ses activités paroissiales en 1966. Il exerce par ailleurs comme professeur de français et d'espagnol au lycée Dr Benzerdjeb de Tlemcen jusqu'en 1972, date à laquelle il est nommé curé de la paroisse du Saint-Esprit à Oran[20].
Au début des années 1990, il quitte l'Algérie « pour des raisons de sécurité ». Il n'y revient jamais de son vivant puisqu'il meurt d'un cancer généralisé le chez les Petites Sœurs des pauvres, à Aix-en-Provence[21]. Conformément à sa volonté, il est enterré au cimetière chrétien de Tlemcen le [22].
- Ahmed Ben Bella avec L'abbé Alfred Bérenguer (haut à droite)
- Alfred Bérenguer (le premier à gauche) visible sur la photo prise lors de la rencontre des parlementaires algériens avec des personnalités aux États-Unis.
Hommage
Le , sur proposition de l'Organisation nationale des moudjahidine, l'Assemblée populaire communale (APC) d'Oran donne son nom à une rue de la ville reliant la place du Maghreb au boulevard Émir-Abdelkader[22]. Aujourd'hui, cette rue porte un autre nom.
Ouvrages
Références
- BĂ©renguer 1994, p. 101.
- Ibid., p. 186.
- « Le curé humaniste dévoué à l'Algérie », El Watan, (consulté le )
- « Autour de la vie du père Alfred Bérenguer », Le Bien public, (consulté le )
- Kelle 2013, p. 129.
- L’Abbé Bérenguer (1915-1996) : un prêtre algérien militant de l’indépendance de l’Algérie
- Kelle 2013, p. 132.
- André Nozière, Algérie : Les chrétiens dans la guerre, Paris, Éditions Cana, coll. « Foi et histoire », , 327 p. (ISBN 2-86335-006-4 et 978-2-86335-006-5, OCLC 5893088), p. 216
- Jean-Bernard Lacroix et Hélène Cavalié, Les Alpes-Maritimes et les guerres du XXe siècle, Cinisello Balsamo, Silvana Editoriale, , 239 p. (ISBN 978-88-366-2484-3 et 88-366-2484-7, OCLC 829999496), p. 183
- Kelle 2013, p. 143.
- Ibid., p. 144.
- Ibid., p. 145.
- BĂ©renguer 1994, p. 183.
- BĂ©renguer 1966, p. 233.
- Pierre Houart, L'attitude de l'Eglise dans la guerre d'Algérie : 1954-1960, Bruxelles, Le livre africain, , 121 p., p. 42
- chap. 5 « L'Église d'Algérie à l'international », dans Jean-Robert Henry et Abderrahmane Moussaoui (préf. Henri Teissier), L'Église et les chrétiens dans l'Algérie indépendante : Études et témoignages, Paris, Karthala, , 490 p. (ISBN 978-2-8111-2678-0 et 2-8111-2678-3, OCLC 1292073054, lire en ligne), p. 171
- Jean-Claude Baumont, « Missions », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 84, no 212,‎ , p. 105–148 (ISSN 0300-9505, DOI 10.3406/rhef.1998.1312, lire en ligne, consulté le )
- Kelle 2013, p. 149.
- Kelle 2013, p. 150.
- Ibid., p. 151.
- Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, « L'abbé Alfred Berenguer », Le Monde,‎ (lire en ligne)
- Rahal Redouane, « L’abbé Alfred Berenguer (1915-1996) », sur vitaminedz.com, (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- chap. 3 « Alfred Bérenguer, prêtre algérien, en toute liberté (1915-1996) », dans Michel Kelle (préf. Aïssa Kadri), 5 figures de l'émancipation algérienne : des modèles pour un renouveau des rapports franco-algériens ? (postface Jean-Philippe Ould-Aoudia), Paris, Karthala, , 252 p. (ISBN 978-2-8111-0876-2, 2-8111-0876-9 et 978-2-36291-037-1, OCLC 858201993, lire en ligne), p. 129-152