Bataille du Belvédère
La bataille du Belvédère est une opération militaire menée pendant la Seconde Guerre mondiale par les troupes alliées en Italie du au , au cours de la bataille de Monte Cassino.
États-Unis Armée française de la Libération | Reich allemand |
Mark Wayne Clark Alphonse Juin Joseph de Goislard de Monsabert | Albert Kesselring Heinrich von Vietinghoff |
2 000 |
1 334 |
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Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Il s'agit de l'un des faits d'armes les plus remarquables conduits par le corps expéditionnaire français pendant la campagne d'Italie au cours duquel s'illustre particulièrement le 4e régiment de tirailleurs tunisiens (4e RTT), alors commandé par le colonel Jacques Roux.
Ce fait d'armes contribua avec plus tard la bataille du Garigliano à restaurer la crédibilité de l'armée française auprès des Américains, notamment auprès du commandant de la Ve Armée, Mark Wayne Clark.
Histoire
Cette bataille s'inscrit dans la bataille du Monte Cassino. L'objectif était la prise des cols Abate (it) et Belvédère, situés dans la commune de Terelle[1].
Le général Mark Wayne Clark donne l'ordre au général Alphonse Juin de prendre le massif du Belvédère afin de détourner en partie les forces allemandes du verrou de Cassino. L'attaque du Belvédère est donc conçue par Clark comme une manœuvre de diversion : les Français, Tunisiens et Algériens, doivent percer la ligne Gustave, occuper les sommets du Belvédère et du Casale Abate et contraindre les Allemands à colmater la brèche. La ligne Gustave est percée par la 11e compagnie emmenée par le lieutenant Raymond Jordy (1914-1944)[2]. Cette diversion permet de favoriser l'offensive américaine sur Cassino.
Les Américains commencent par se rapprocher du mont Belvédère avec la 442e Regimental Combat Team[3].
Le , le 4e régiment de tirailleurs tunisiens (4e RTT) de la 3e division d'infanterie algérienne (3e DIA) attaque le Belvédère. Ils sont 2 000 soldats à s'élancer le matin.
La 11e compagnie du lieutenant Jordy, du 3e bataillon, arrive au sommet (681 m) et neutralise les casemates. Le 4e régiment de tirailleurs tunisiens va perdre la moitié de ses effectifs et les trois quarts de ses cadres (207 morts, 75 disparus et 1 090 blessés) lors de cette opération, dont son chef, le colonel Jacques Roux (1891-1944)[4].
Hommages
Personnalités
« Sur cette position [le Belvédère], plusieurs fois prise, perdue, reprise, le 4e Régiment de tirailleurs tunisiens accomplit un des faits d'armes les plus brillants de la guerre au prix de pertes énormes. Y seront tués, notamment, son chef le colonel Roux et 9 de ses 24 capitaines. »
— Charles de Gaulle, à propos du fait d'armes accompli par le 4e régiment de tirailleurs tunisiens lors de la bataille du Belvédère du 25 janvier au 4 février 1944[5]
« Le 4e régiment de tirailleurs tunisiens avait réalisé un des plus hauts faits d'armes de notre histoire militaire en s'emparant du Belvédère. »
— Général Augustin Guillaume, à propos du fait d'armes accompli par le 4e régiment de tirailleurs tunisiens lors de la bataille du Belvédère du 25 janvier au 4 février 1944[6]
Citations
Le 4e RTT et le 7e RTA, ainsi que leur division, la 3e DIA, sont cités à l'ordre de l'armée pour ce fait d'armes.
« Régiment héritier d'un lourd passé de gloire, le 4e Régiment de Tirailleurs Tunisiens, sous les ordres du colonel Roux, s'est montré digne de sa légendaire réputation. Dans une action magnifique d'audace, a percé le 25 janvier 1944 la position allemande Gustave assise sur un terrain qui paraissait la rendre imprenable. D'un seul élan, s'est emparé le même jour de la position-clé du Belvédère. A poussé ensuite sans répit pour élargir la brèche malgré de furieuses contre-attaques allemandes incessamment répétées et l'afflux de réserves ennemies. S'est ensuite accroché au terrain avec une énergie farouche malgré les pertes subies et la fatigue ressentie. A vengé ainsi la mort de son colonel tombé au champ d'honneur dont l'esprit du devoir et de sacrifice exprimait les qualités mêmes de son régiment. S'est emparé de nombreux prisonniers et d'un important matériel. »
— 2e citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 4e RTT après la bataille du Belvédère ; Ordre général n°96 du 25 mars 1944 par le général Giraud[7]
« Magnifique régiment qui sous les ordres du colonel Chappuis […] s'est montré digne de son passé légendaire. Le 12 janvier 1944, dans une action hardie et opiniâtre soutenue, s'est emparé du Monna Casale, clé de la position ennemie, âprement défendue par un ennemi qui a lancé trois furieuses contre-attaques sur le premier objectif. S'est ensuite emparé du Passero et a rejeté, le 15 janvier 1944, après un combat sanglant, un adversaire brave et déterminé au-delà du Rapido. Sans se laisser désemparer par la résistance ennemie sur le Carella, a épaulé dès le 27 janvier, le 4e R.T.T sur la position clé du Belvédère, repoussant les furieuses contre-attaques ennemies, s'accrochant avec détermination au terrain conquis et progressant héroïquement avec une énergie farouche malgré les pertes subies et la fatigue d'une bataille de trois semaines dans un pays des plus difficiles. A capturé de nombreux prisonniers et un important matériel. »
— 1re citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 7e R.T.A lors de la bataille du Belvédère en Italie du 25 janvier au 4 février 1944, Ordre général n° 096, 25 mars 1944 - général Giraud.
« Du 12 au 17 janvier 1944, sous l'impulsion clairvoyante et énergique de son chef, le général de division Goislard de Montsabert, a enlevé de haute lutte, dans un terrain difficile, des positions fortement organisées de l'ennemi. A bousculé celui-ci sur une grande profondeur, lui infligeant des pertes sévères et l'obligeant à abandonner définitivement sa ligne d'hiver. Attaquant ensuite sans répit, a élargi à sa droite la tête de pont du Rapido puis, reportant tout son effort à gauche, s'est enfoncée comme un coin, le 25 janvier, dans la nouvelle ligne de défense de l'ennemi en s'emparant de la forte position du Belvédère. S'est maintenue sur cette position en dépit des contre-attaques les plus violentes de l'ennemi, attirant sur elle le gros des réserves allemandes. A permis ainsi le développement de la manœuvre d'Anzio et celle du corps américain voisin sur le promontoire de Cassino. Magnifique grande unité manœuvrière et d'un moral élevé qui s'était déjà distinguée en Tunisie et qui s'est montrée digne des plus belles traditions de l'armée d'Afrique et du chef intrépide qui la commande. »
— 1re citation à l'ordre de l'Armée attribuée à la 3e DIA lors de la campagne d'Italie, Ordre no 096 D, le , général Giraud
Bibliographie
- Paul Gaujac, L'armée de la victoire: De Naples à l'île d'Elbe, 1943-44, Charles-Lavauzelle, 1985
- René Chambe, Le bataillon du Belvédère, 1965
- Pierre Nord, « Le Belvédère » dans Pages de Gloires, 1945 en ligne
- Peter Caddick-Adams, Monte Cassino Ten Armies in Hell, Oxford University Press, 2013
Notes et références
- La bataille du Belvedere (secteur de Cassino), site du Cercle algérianiste
- Fiche de Raymond Jordy, Base des militaires décédés pendant la Seconde Guerre mondiale, Mémoire des hommes
- The Battle Of Belvedere, site History of the 100th Infantry Battalion
- Fiche de Jacques Roux, Base des militaires décédés pendant la Seconde Guerre mondiale, Mémoire des hommes
- Charles de Gaulle, 'Mémoires de guerre. L'unité. 1942-1944', Plon, 1960, vol. 2, p. 267
- Augustin Guillaume, Homme de guerre, France-Empire, 1977, p. 119
- Paul Gaujac, L'armée de la victoire : de Naples à l'île d'Elbe. 1943-44, éd. Charles-Lavauzelle, 1985, p. 48
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Général Eric de Fleurian, Campagne d’Italie 1943-1944 - parcours des tirailleurs et Parcours du 4e RTT durant la campagne d'Italie sur le site Les tirailleurs d'hier et d'aujourd'hui et leurs frères d'armes