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Alexandre Archipenko

Oleksandr Porfyrovytch Arkhypenko (en ukrainien : Олекса́ндр Порфи́рович Архи́пенко), dit Alexandre Archipenko[note 1], né à Kiev le et mort à New York le , est un sculpteur ukrainien naturalisé américain.

Alexandre Archipenko
Naissance
Décès
(à 76 ans)
New York
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Олександр Порфирович Архипенко
Nom de naissance
Oleksandr Porfyrovytch Arkhypenko
Pseudonymes
Archipenko, Alexandre, Arkhīpenko, Aleksandr, Arkhypenko, Oleksander Porfyrovych
Nationalités
russe (jusqu'en )
américaine (à partir de )
Activités
Formation
Représenté par
Lieux de travail
Mouvements

Biographie

Fils d'ingénieur, Alexandre Archipenko suit lui aussi des cours de mathématiques (il restera d'ailleurs passionné par les relations entre art et science), mais il se tourne rapidement vers des études de peinture et de sculpture à Kiev et à Moscou de 1902 à 1906. Durant cette période, il développe un intérêt particulier pour les fresques, les mosaïques et les icônes byzantines de Kiev. Après un séjour à Moscou, il s'installe à Paris en 1908. Il y entre en contact avec les courants d'avant-garde, en particulier le groupe des cubistes. Il est installé à La Ruche (2, passage de Dantzig), un ancien pavillon des vins de l'Exposition universelle de 1889 aménagé en atelier artistique. Il travaille en solitaire, préférant aller au musée du Louvre pour étudier la sculpture grecque archaïque plutôt que de se rendre aux Beaux-Arts dont il dédaigne l'enseignement académique (reproche que l'artiste a déjà adressé à ses professeurs de l'école d'art de Kiev, qui ont fini par le renvoyer). Influencé par Rodin jusqu'à ses œuvres présentées à Moscou en 1906, il s'affirme dès ses travaux parisiens à 24 ans comme l'un des chefs de file de la sculpture d'avant-garde.

En 1910, il expose au Salon des indépendants à Paris. Le vendredi au XXVIIe Salon des indépendants, ses œuvres, avec celles d'Albert Gleizes, de Jean Metzinger, de Robert Delaunay, d'Henri Le Fauconnier, d'André Lhote et de Joseph Csaky, font l'objet de critiques incendiaires rappelant celles provoquées par l'exposition des fauves. Envisagés comme des « maîtres-cubes », ces artistes déconcertent même Guillaume Apollinaire. On leur reproche le dévoiement du cubisme, sa caricature voire son anti-académisme. L'absence de Picasso et Braque (qui exposent exclusivement avec la galerie de Daniel-Henry Kahnweiler) à cette exposition est regrettée.

La première exposition individuelle d'Archipenko se déroule au musée Folkwang de Hagen (Allemagne) en 1912. Cette même année, il ouvre une école d'art à Paris et rejoint le groupe de la Section d'Or. Il produit également ses premières peintures en relief, les « sculpto-peintures ». Au mois d', à la galerie La Boétie de Paris, est organisée le premier salon de la Section d'Or, où les œuvres d'Archipenko côtoient celles de Fernand Léger, Albert Gleizes, Jean Metzinger, Juan Gris, Marcel Duchamp, Raymond Duchamp-Villon, Jacques Villon, André Lhote, Roger de La Fresnaye ou encore Louis Marcoussis. Sont présents en tout 31 artistes avec 200 œuvres. Malgré l'absence notable de Picasso, cette exposition présente un caractère didactique : le cubisme est entré dans une phase théorique quatre ans après sa naissance. Le salon de la Section d'Or déclenche des critiques acerbes contre ces œuvres révolutionnaires : Apollinaire le défend néanmoins dans ses chroniques pour L'Intransigeant et dans des préfaces de catalogues.

Le Gondolier (1914), d'inspiration cubiste et futuriste.

En 1913, quatre œuvres d'Archipenko sont présentées à l'Armory Show de New York. Il réalise également à cette époque ses premières gravures, qui sont reproduites dans la publication italienne futuriste Lacerba en 1914. Cette même année, il participe au XXX Salon des indépendants, avant d'exposer à la Biennale de Venise en 1920. Pendant la Première Guerre mondiale, l'artiste réside à Cimiez, près de Nice. Il rencontre dans cette dernière ville l'artiste Marthe Donas, qui devient sa compagne. S'ensuit une intense collaboration entre les deux artistes[1]. De 1919 à 1921, il voyage à Genève, Zurich, Paris, Londres, Bruxelles, Athènes et d'autres villes européennes pour exposer ses œuvres. Sa première exposition individuelle aux États-Unis a eu lieu en 1921 à New York à la Société Anonyme. En 1923, il quitte Berlin pour les États-Unis, où il ouvre au fil des ans plusieurs écoles d'art à New York, Woodstock, Los Angeles et Chicago. Durant les trois années suivantes, il enseigne aux États-Unis dans des écoles d'art et des universités, y compris l'éphémère New Bauhaus. Il est naturalisé américain en 1928.

En 1933, il expose au pavillon ukrainien dans le cadre de la Century of Progress World's Fair de Chicago. De 1937 à 1939, il est instructeur associé à la New Bauhaus School of Industrial Arts de Chicago. En parallèle, la plupart des œuvres de l'artiste présentes dans les musées allemands sont confisquées par les nazis dans l'intention de purger l'art dégénéré. En 1947, il crée des sculptures illuminées de l'intérieur. Il accompagne par la suite une exposition itinérante de ses œuvres à travers toute l'Allemagne en 1955 et 1956. Il écrit également un livre, Archipenko : 50 années de création (1908-1958), publié en 1960, réunissant des contributions de cinquante historiens de l'art avec des textes d'Archipenko sur la création artistique. Il est élu à l'Académie américaine des arts et des lettres en 1962.

Technique artistique

Pour Archipenko, « il est difficile de classer l'œuvre d'un artiste en périodes ». Il ajoute :

« Je n'ai jamais appartenu à des écoles : j'ai été renvoyé des écoles. J'ai fait des recherches, j'ai inventé et expérimenté, ensuite on m'a imité… Pour chaque artiste, l'art est un courant créateur ascendant vers la découverte individuelle de la vérité dans les formes de la nature et les périodes ne constituent que des cases dans l'esprit des critiques. »

Selon Archipenko, la principale problématique soulevée par la sculpture est celle du volume et de la liaison des masses entre elles. Il se montre en cela encore plus extrémiste que les sculpteurs modernes tels Brancusi ou Duchamp-Villon, membres comme lui du groupe de la Section d'or. Son enjeu principal est celui du vide, qui détient la force de l'objet absent et crée par là-même le volume. La simplification, l'évidement des volumes tout en maintenant l'aspect figuratif sont les principes de sa sculpture. Son art caractérisé par une grande rigueur mathématique laisse une place prépondérante au corps féminin. Il aime rappeler l'omniprésence des idoles de pierre des anciens Slaves dans son enfance.

Picasso avait élaboré les premières règles de cette grammaire sculpturale : polychromie, intégration des matériaux les plus divers, utilisation rythmique des plans, apparitions de formes en claire-voie. Comme la peinture, la sculpture cubiste se préoccupe principalement des relations entre les objets et l'espace, des volumes et des vides qui les séparent ou dans lesquels ils s'insèrent. L'influence du futurisme italien, surtout par le biais de Boccioni qu'Archipenko a rencontré en 1912, se ressent dans les formes dynamiques de ses œuvres. Archipenko a plus spécialement exploré la dialectique des formes concaves et convexes.

Il a développé un style personnel avec des masses corporelles simplifiées d'une façon stéréométrique, des figures dressées dans l'espace, des formes en biseau, des angles aigus, des fractures cristallines issues de l'inventaire formel du cubisme et s'inspire aussi du maniérisme.

Hormis Boccioni, aucun sculpteur n'a autant érigé en absolu l'analyse de l'espace, le problème central de cette décennie, ni poussé l'interaction entre volume et vide d'une façon aussi personnelle vers des domaines expressifs et lyriques, dynamiques et statuaires. Il a réussi l'union entre la rigueur formelle et l'attrait ludique, et unifié en une forme les quatre insaisissables : l'espace, la transparence, la lumière et le reflet, créant ainsi un style sculptural moderne jouant avec les formes concaves.

Œuvres

Alexandre Archipenko, Woman Combing Her Hair, 1915, bronze, Chazen Museum of Art, Madison (Wisconsin).

Torse (1909) est sa première sculpture a tendance cubiste. Il y met en œuvre une désarticulation des volumes, qu'il troue afin d'y faire pénétrer l'espace.

À cette époque, il ne sait encore rien du cubisme et s'inspire des sculptures repliées sur elles-mêmes de Barlach ou de Kollwitz (Femme et chat en 1910 ou Femme au chat en 1911). En 1911-12, elles se déploient, et l'on pressent l'influence cubiste dans les cuisses et les bras gonflés ou au contraire, une tendance aux formes maigres (Femme marchant en 1912). Dès 1911, il participe activement au mouvement cubiste. Les problèmes plastiques qu'aborde alors sa sculpture sont résolument neufs : volumes pleins, rapports entre les vides et les pleins, volumes en creux. Il souhaite symboliser la « réalité absente ». Avec Femme marchant en 1912, il expérimente pour la première fois une tête en négatif. En 1912, il identifie son thème de prédilection : interpénétration du corps et de l'espace, développement des courbes concaves et convexes de sorte que la forme sculpturale devient en quelque sorte perceptible par sa matrice. Il développe sa propre théorie des formes complémentaires : tout vide génère son antithèse imaginaire.

Avec la série des Medrano, réalisé en 1912, il crée un premier assemblage de divers matériaux peints (verre, bois et métal) : il s'agit de poupées articulées ressemblant à des arlequins de bois en utilisant du verre, une feuille métallique du fil de fer, des cônes cylindres et des disques dynamisés par une peinture polychrome. En constante recherche artistique, il met au point des méthodes de création inédites et crée une interaction entre peinture et sculpture. Par cette libération de la forme, Archipenko rompt avec la sculpture traditionnelle et s'affirme comme un des maîtres de l'avant-garde. Il renoue avec un genre négligé depuis le XVIIe siècle par la sculpture occidentale, la polychromie.

Ses « sculpto-peintures » créés en 1912 sont des reliefs en plâtre peint. Entre la peinture et la sculpture, il étudie le rapport réciproque entre forme et couleur, l'une accentuant ou diminuant l'autre. Ces deux arts sont unifiés ou contrastés sur les plans visuel et spirituel, selon le but recherché.

De 1913 à 1916, la forme prédomine sur la réalité. La Danse (1912) s'articule autour d'un espace intérieur ascendant empreint de légèreté grâce à l'arabesque formée par un couple. Il organise cette sculpture autour du vide. En réalisant ce travail sur le vide et le plein, il se garde d'achever les corps dont il arrête les membres quand la plastique le lui commande. Il introduit ainsi le vide comme pleine partie prenante, comme dans Femme en 1915, dont la tête est dessiné autour d'un manque.

En 1913, il crée une sculpture en fil de fer qu'Apollinaire décrit comme « en baleine de parapluie ». Plus tard, son traitement du cubisme s'orientera vers le constructivisme.

Avec La Boxe en 1913, l'artiste tente de traduire l'énergie brutale du sport par des formes abstraites. Les boxeurs sont réduits à des formes aigües imbriquées les unes dans les autres et s'entrechoquent violemment, les muscles étant remplacés par des énergies rythmiques.

Tête constructiviste (1913) est faite d'un assemblage de plans. Le Gondolier en 1914 est composé en sections légèrement décalées de manière à donner, dans l'esprit du futurisme, le sens du mouvement. Avec Nature morte (1915), Archipenko livre aussi une de ses rares peintures en relief.

À son arrivée aux États-Unis au début des années 1920, il s'engage dans la tradition : le lisse prévaut, parfait et détendu. Avec Femme (1920), il reprend aussitôt la sculpture avec haute figure en métal sur panneau peint. Il se rapproche alors de la sculpture traditionnelle.

De 1924 à 1928, il élabore l'« archipeinture », à base de toiles mises en mouvement par des moteurs habilement dissimulés : un mécanisme électrique à la base de l'appareil imprime un mouvement de va-et-vient au cadre central et des milliers de fragments peints qui se succèdent apparaissent à la surface pour constituer un tableau complet. Cette invention a été mise en œuvre à New York. Sa recherche a toujours été l'animation visuelle de ses œuvres, soit en les trouant dans la masse pour que l'espace les pénètre, soit en utilisant des matières telles que le verre, le bois ou le métal voire, pour ses sculpto-peintures, en ajoutant de la couleur.

En Famille (1935) est une œuvre à la fois concentrée et influencée par le constructivisme.

Dans les deux dimensions, se glissent aussi un œuvre exceptionnelle comme cette figure féminine à la gouache, dont les masses brunes et blanches alternés créent le relief du corps (Moonlight en 1937).

Dans les années 1940 et 1950, il continue ses explorations artistiques en utilisant de nouveaux matériaux et techniques. Ainsi, pour Figure assise, il emploie du plastique taillé et éclairé. Il reprend ses formes initiales, pour la plupart disparues dans des formats gigantesques (Figures d'acier en 1951, Cléopâtre en 1957). Il s'aperçoit, dans les années 1950 et pour quelque temps, de son erreur d'orientation, et s'attache à pasticher ses débuts ou à les reconstituer, puisque nombre de ses œuvres n'ont pas survécu à la Première Guerre mondiale.

À compter de la fin de ces années 1950, il revient à son style cubo-constructiviste, avec des figures très géométrisées, conservant les vides significatifs et le plus souvent symétriques (Kimono en 1961 ou Le Roi Salomon en 1963).

Notes et références

Notes

  1. En russe : Алекса́ндр Порфи́рьевич Архи́пенко ; en anglais : Alexander Archipenko.

Références

  1. « Marthe Donas », sur www.marthedonas.be (consulté le )

Bibliographie

  • L'art au XXe siècle, Rurhberg, Schneckenburger, Honnef Fricke, Éditions Taschen, 2002, Bonn, (ISBN 3-8228-5731-9)
  • Petit dictionnaire des artistes modernes, Pascale Le Thorel-Daviot, Larousse, 1999, Paris, (ISBN 2-03-508021-5)
  • Encyclopédie de l'art, La Pochothèque/Garzanti

Liens externes

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