Émile Babeuf
Robert Babeuf, dit Émile Babeuf, né le à Roye, mort le à Paris[1], est un libraire-éditeur français, fils aîné du révolutionnaire Gracchus Babeuf dont il a œuvré à faire connaître les idées.
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Nom de naissance |
Robert Babeuf |
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Marie-Anne Victoire Langlet |
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Conjoint |
Catherine Finet |
Enfant |
Louis-Pierre Babeuf Émilie Babeuf |
Biographie
Famille et enfance
Émile Babeuf est le fils aîné de François Noël dit Gracchus Babeuf et de Marie-Anne Victoire Langlet (baptisée à Amiens le , morte après 1840), fille d'Antoine Langlet, quincaillier d’Amiens, et ancienne femme de chambre dans la famille de Bracquemont, qui se sont mariés à Damery (Somme) le [2] - [3]. À sa naissance, il reçoit le prénom de Robert, que son père change plus tard pour l'appeler Émile, en hommage à Rousseau.
En 1794, il participe, avec sa mère, au pliage et à l'expédition du Journal de la liberté de la presse publié par son père et imprimé par Guffroy[3] - [4].
Lors du procès de son père, à Vendôme, alors qu'il est âgé d'à peine douze ans, l'accusateur public, Vieillart, utilise la correspondance d'Émile comme circonstance aggravante, ce qui excite l'indignation du « Tribun du peuple ». Il a également été dit que c'est lui qui aurait porté à son père le poignard avec lequel il se tue, à l'annonce du verdict.
Menacé par la misère après la mort de son père, il est adopté en 1798 par Félix Lepeletier, qui le place en pension. Quant à sa mère, elle devient marchande à toilette, rue Saint-Honoré, commerce qu'elle exerce encore en 1840.
Employé de librairie
Émile reste en pension jusqu'à la déportation de Lepeletier à l'île de Ré en 1801. Il est employé chez un libraire de Paris pendant six ans puis, en 1808, devient commis-voyageur pour la librairie Turneisen, installée à Bâle, voyageant en Espagne, en Italie et en Suisse[5]. À Séville, selon certains récits invraisemblables, il aurait rencontré dans un café le lieutenant-colonel Grisel, l'homme qui a dénoncé son père, l'aurait provoqué en duel et tué d'un coup d'épée[6]. Englobé dans la rafle consécutive à la conspiration du général Malet de 1808, il quitte Paris, où il demeurait chez sa mère, rue Saint-Honoré, et s'installe à Lyon, où il épouse le Catherine Finet, une libraire née le avec laquelle il a deux enfants, et devient libraire breveté le [5] - [7].
Engagement politique
En 1814, il prend une part active à la défense de la ville. Obligé d'abandonner sa maison de librairie, occupée par des cavaliers ennemis, il suit le corps d'armée du maréchal Augereau.
Pendant les Cent-Jours, il se met au service de Napoléon ; Lazare Carnot, ministre de l'Intérieur, le charge d'une mission en Champagne. Installé comme libraire à Paris, il édite des brochures patriotiques et libérales, notamment des textes de Marc-Antoine Jullien, en association avec Laurent Beaupré[5].
Au retour des Bourbons, il publie le Nain tricolore, journal satirique d'opposition inspiré du Nain jaune, dont l'unique numéro paraît en [5]. Arrêté le comme éditeur, il refuse d'en désigner les rédacteurs (parmi lesquels figurent Pierre Joseph Spiridon Duféy de l'Yonne, Stanislas Bouquot et Georges Zénovietz[8]), ce qui lui vaut d'être condamné le , conformément à la loi du , à la peine maximale, c'est-à -dire la déportation. Interné d'abord à la Conciergerie, il est conduit le au Mont Saint-Michel[5]. Pendant le voyage, plusieurs déportés parviennent à s'échapper et passent à l'étranger. Resté seul à une lieue de Vire avec son escorte, il continue sa route jusqu'au Mont Saint-Michel, où il passe un an.
Libraire-Ă©diteur Ă Paris
Amnistié le pour « bonne conduite », il est autorisé à rentrer à Paris, où il reprend ses activités de libraire-éditeur, dans le quartier Saint-André-des-Arts, quartier d'imprimeurs, sous l'enseigne de la « Librairie historique d'Émile Babeuf », devenue en 1828 « Librairie historique et des arts et métiers » et installée au no 123 de la rue Saint-Honoré. Il édite notamment des ouvrages relatifs à l'histoire de la Révolution française, comme le Précis d'histoire de la Révolution française de Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne ou le Tableau de la Révolution française depuis son origine jusqu'en 1814 de Jacques Marquet de Montbreton de Norvins, reparus en 1820[5], mais aussi le Dictionnaire historique de la jeunesse d'Antoine Antoine de Saint-Gervais et « une nouvelle édition, revue, corrigée et continuée jusqu'en 1789 » des six volumes du Dictionnaire historique, philosophique et critique, abrégé de Bayle et des grands Dictionnaires biographiques qui ont paru jusqu'à la publication de la biographie nouvelle des contemporains de Ladvocat en 1822[9], ou le tome 11 de la Biographie nouvelle des contemporains d'Antoine-Vincent Arnault, Antoine Jay, Étienne de Jouy et Norvins, conjointement avec la Librairie historique de l'hôtel d'Aligre en 1823[10].
En 1821, il lance une collection de « pièces importantes relatives à la Révolution française » qui fusionne l'année suivante avec la collection des « Mémoires relatifs à la Révolution française » des frères Baudoin, qui regroupe trente titres en 183. Parmi les auteurs publiés figurent Necker, Dumouriez, Louvet et Napoléon, dont les œuvres font l'objet d'une compilation en cinq volumes[5].
À la suite de la parution, par la Librairie romantique à Bruxelles, de l’Histoire sur la conspiration des Égaux de Philippe Buonarroti, il projette en 1829 d'éditer en quatre volumes les œuvres de son père sous le titre de Mémoires de F. N. Gracchus Babeuf, Tribun du Peuple. Le prospectus du projet est distribué en , les deux premiers volumes devant être constitués par l'Histoire. Mais le projet échoue du fait de l'opposition de Buonarroti, qui lui reproche son « napoléonisme ». Seuls sont réédités à Paris, sous la raison sociale de Baudoin frères, les deux volumes du livre de Buonarroti[11] - [5].
En 1830, après les Trois Glorieuses, la librairie historique d'Émile Babeuf est installée au no 11 de la rue de la Harpe. Il publie encore divers ouvrages jusque vers 1834-1835[5].
Par la suite, on sait qu'il a fait une demande d'allocation : dans le rapport rédigé par le préfet de la Seine pour le maire du XIe arrondissement, où il habite alors, il est indiqué, qu'« il s'est occupé précédemment de librairie, mais aujourd'hui il vit au jour le jour ». À partir de 1842, sa femme signe « Vve Babeuf »[12].
Filiation
Robert Babeuf a deux enfants identifiés :
- Louis-Pierre, né à Courtrai le [7] - [13] - [14]. Il obtient un brevet de librairie à Paris le et exerce à Lyon, rue de la Poulaillerie[15]. Fidèle aux idées de son grand-père, il publie en 1831 La Doctrine de l'État de Fichte sous le titre de L'Idée d'une guerre légitime[16]. Nommé sous-commissaire du gouvernement provisoire (sous-préfet) de Riom le [17] - [18], Jules Favre, son ami, appuie sa nomination comme préfet. Quand il quitte sa sous-préfecture le , il reçoit de nombreux éloges. Sous le Second Empire, il se voit retirer son brevet de libraire le [19] et devient inspecteur d'assurances. Il meurt le à Paris, au 53, rue des Batignolles, laissant deux filles ; Marie-Jeanne, l'aînée, s'est mariée en 1853 avec Jean-Baptiste Victor Versigny (1819-1872), député de la haute-Saône sous la Deuxième République.
- Émilie, fille de Robert Babeuf et de Catherine Finet, née à Lyon le , décédée à Blois, avenue de Paris (rebaptisée ultérieurement avenue Maunoury) le , à l'âge de 66 ans. Célibataire, elle exerçait la profession de lingère[7] - [20].
Ĺ’uvres
- Lettre à M. le comte Carnot, ministre de l'Intérieur, ou Appel à tous les bons français, pour secourir les victimes des désastres de la dernière invasion, Paris, Laurent-Beaupré, , 8 p.
- Le Nain tricolore : Journal politique des arts, des sciences et de la littérature, Paris, Imprimerie du Nain tricolore, , 14 p. (lire en ligne), n° 1
- Procès des ex-ministres, précédé de notices historiques, contenant des faits inédits sur MM. de Polignac, de Peyronnet, Chantelauze et de Guernon de Ranville, Paris, A. Hocquart jeune, 1830-1831, 5 tomes
- Procès de la conspiration, dite républicaine, de décembre 1830, contenant des pièces inédites et des notices biographiques sur les principaux [sic] accusés; par Émile Babeuf, éditeur du Procès des ministres de Charles X, Paris, A. Hocquart jeune, éditeur, quai des Augustins, n. 21. Audin, libraire, même quai, n. 15. (imprimerie de A. Henry, rue Git-le-Cœur, n. 8), , 5-284 p.
Notes et références
- « L'an mil huit cent quarante deux, le vingt trois janvier est décédé à Paris impasse Longue Avoine 1, douzième arrondissement, Émile Babeuf, âgé de cinquante huit ans, né à Roye, Somme, veuf. » Archives de Paris, acte de décès n° 436 du 23 janvier 1842, cote 5Mi1/1295, vue n° 688. Le « cul-de-sac de Longue Avoine » était une impasse de cent mètres reliant les actuelles rues du Faubourg-Saint-Jacques et Leclerc (14e arrondissement). Il a disparu en 1859 lors du percement du boulevard Arago.
- « Babeuf François Noël dit Gracchus »
- « « Babeuf Marie-Anne, Victoire [née Langlet Marie-Anne] », notice du Maitron en ligne ».
- « Notice de Marie-Anne-Victoire Langlet sur la BnF »
- Claude Mazauric (1999), p. 108-109.
- Louis Louvet, Curiosités de l'économie politique, Paris, Adolphe Delahays, (lire en ligne), p. 135-136.
- RĂ©gis Bouis (1975), p. 75-81.
- « Notice de Zenowicz/Zénovietz »
- Étienne Psaume, Dictionnaire bibliographique : Nouveau manuel du libraire et de l'amateur de livres, t. 1, Paris, Ponthieu, (lire en ligne), p. 175.
- René Charrier, Jean-Baptiste Loevenbruck (1795-1876) : Missionnaire de France et d'ailleurs, compagnon de Rosmini et de Libermann, Karthala, , 572 p., p. 515.
- Claude Mazauric, « La Mémoire de Buonarroti et l'effacement de soi », dans Monique Clavel-Lévêque & Laure Lévêque (dir.), Liens de mémoire, Paris, L'Harmattan, (ISBN 2296015360, lire en ligne), p. 79.
- Robert Legrand, Babeuf et ses compagnons de route, Société des études robespierristes, , 454 p., p. 431.
- Ernest Belfort Bax, The Last Episode of the French Revolution : Being a History of Gracchus Babeuf and the Conspiracy of the Equals, Grant Richards Ltd., , 271 p., p. 243.
- Robert Legrand, Babeuf et ses compagnons de route, Société des études robespierristes, , 454 p., p. 433.
- Pierre Antoine Perrod, Jules Favre, avocat de la liberté : avocat de la liberté, La Manufacture, , 652 p., p. 28.
- Johann Gottlieb Fichte (trad. Florence Albrecht, présentation de Jean-Christophe Goddard et introduction de Marc Maesschalck), 'La Doctrine de l’État, 1813, Vrin, , 254 p., p. 12.
- Georges Bonnefoy, Histoire de l'administration civile dans la province d'Auvergne et le département du Puy-de-Dôme : Depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours ; suivie d'une revue biographique illustrée des membres de l'état politique moderne (députés et sénateurs, É. Lechevalier, , p. 557.
- Christiane Lamoussière et Patrick Laharie, Le personnel de l'administration préfectorale, 1800-1880, Paris, Centre historique des Archives nationales, , 1159 p. (ISBN 2-86000-271-5), p. 73.
- Robert Legrand, Babeuf et ses compagnons de route, Société des études robespierristes, , 454 p., p. 436.
- RĂ©gis Bouis (1981), p. 489.
Voir aussi
Bibliographie
- Antoine-Vincent Arnault, Biographie nouvelle des contemporains (1787-1820), t. 2 (B-Bez), Paris, Ledentu, (lire en ligne), p. 7-8.
- Régis Bouis, « Une lettre d’Émile Babeuf à Hésine, 10 juillet 1807 », Annales historiques de la Révolution française, no 187,‎ , p. 88.
- Régis Bouis, « À propos de l'acte de décès d'une petite fille inconnue de Gracchus Babeuf survenu à Blois le 27 avril 1878 », Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, Vendôme, Launay,‎ , p. 75-81 (lire en ligne).
- Régis Bouis, « Note "À propos de l’acte de décès d’une petite-fille inconnue de Gracchus Babeuf survenu à Blois le 27 avril 1878" », Annales historiques de la Révolution française, no 245,‎ , p. 490.
- Claude Mazauric, « Après Vendôme, les idées de Babeuf dans la mémoire et l'histoire », Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, Vendôme,‎ , p. 108-109 (lire en ligne [PDF]).
- Biographie des hommes vivants, ou Histoire par ordre alphabétique de la vie publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs actions ou leurs écrits, t. 1 (Ab-By), Paris, Louis-Gabriel Michaud, (lire en ligne), p. 159-160.