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XXIIe siècle av. J.-C.

Événements

Asie

  • 2207 av. J.-C. : la dynastie Xia (2207-1766 av. J.-C.) est fondĂ©e en Chine selon la lĂ©gende par Yu le Grand. Ce dernier aurait contrĂ´lĂ© les inondations du fleuve Jaune en inventant des techniques d’irrigation[2]. L’empereur Shun, impressionnĂ© par les efforts de Yu, le choisit au lieu de son propre fils pour rĂ©gner après lui. La dynastie des Xia n’est pas attestĂ©e par l’archĂ©ologie mais la civilisation des Shang est prĂ©sente dès cette Ă©poque sur le site d’Erlitou (Bo, première des cinq capitales des Shang) oĂą a Ă©tĂ© dĂ©couvert le plus ancien palais.

Proche-Orient

  • Vers 2200 av. J.-C. :
    • En Anatolie occidentale et mĂ©ridionale, Troie II, Beycesultan, Tarse et toutes les villes de la plaine de Konya sont incendiĂ©es. De vastes zones retournent au nomadisme. Cette invasion venue des Balkans (la Thrace aussi est ravagĂ©e) serait l’œuvre des Louwites, peuple indo-europĂ©en apparentĂ© aux Hittites[3]. L’Anatolie a alors atteint un certain niveau de richesse Ă  en juger d’après le mobilier des tombes et les trĂ©sors retrouvĂ©s Ă  Troie (trĂ©sor de Priam) ou Ă  Dorak Ă  proximitĂ© de la mer de Marmara (vers 2300) et aussi Ă  Alaca HĂĽyĂĽk (vers 2200) : rĂ©cipients en or, en argent, en cuivre et en bronze, armes d’apparat en or et fer, « Ă©tendards » surprenants et statuettes de taureaux et de cerfs.
    • En Anatolie centrale, une nouvelle culture apparaĂ®t (cĂ©ramique peinte de dessins gĂ©omĂ©triques brun noir ou rouge, puis bicolores sur fond clair et idoles d’albâtre en forme de disques plats d’oĂą jaillissent des tĂŞtes triangulaires stylisĂ©es), avec pour mĂ©tropole KĂĽltepe, près de Kayseri (culture cappadocienne)[3].
  • 2200-2000 av. J.-C. : troubles en Syrie-Palestine. Toutes les villes palestiniennes sont brĂ»lĂ©es, probablement par les Amorrites et par des populations venues d’Anatolie mĂ©ridionale expulsĂ©es par les Louwites. Au Liban, Byblos, dĂ©vastĂ©e, interrompt son commerce avec l’Égypte. Ebla, Alalah, et Hama seront dĂ©truites vers 2000 av. J.-C.[3].
  • 2168-2154 av. J.-C.[4] : règne de Shu-turul, roi d’Akkad[3].
  • 2155-2142 av. J.-C.[4] : dynastie indĂ©pendante et prospĂ©ritĂ© Ă  Lagash, sous le règne de l’ensĂ­ Ur-Baba[3]. Il relève Girsu de ses ruines. Plus de 6 400 tisserands ont pu ĂŞtre dĂ©nombrĂ©s Ă  Lagash Ă  cette Ă©poque[5].
  • 2153-2147 av. J.-C.[4] : règne du roi Ur-nigina, fondateur de la quatrième dynastie d’Uruk[3].
  • Vers 2150 av. J.-C. : Akkad et Sumer sont envahis et dĂ©truits par les Gutis (ou GoutĂ©ens), peuple barbare venu du Zagros. Ils dĂ©truisent le temple d’Ishtar Ă  Assur et le palais de Naram-Sin Ă  Tell Brack, ravagent la basse vallĂ©e de la Diyala. Ils occupent sans doute Akkad, et un de leurs rois, Erridu-Pizir, dĂ©fend la ville contre les Lullubi et les Hourrites du Kurdistan. Ils se contentent d’une suzerainetĂ© nominale sur Sumer. Les listes dynastiques leur attribuent 21 rois pour 125 annĂ©es d’une domination caractĂ©risĂ©e par une totale anarchie. En fait on ne sait rien sur cette pĂ©riode : les listes Ă©pigraphiques contemporaines font totalement dĂ©faut, et aucun niveau archĂ©ologique n’a pu ĂŞtre dĂ©fini comme la reprĂ©sentant. Il est clair que la vacance du pouvoir central s’est traduite par un retour aux tendances autonomistes des citĂ©s de Sumer[3].
Statue du Lion de Mari. Cuivre, IIe millénaire av. J.-C. Découvert à Mari, dans le Temple des Lions.
  • 2147-2136 av. J.-C. : règne d’Ishtup-ilum, shakkanak de Mari. Son effigie, retrouvĂ©e dans la salle du trĂ´ne du palais de Mari, est proche morphologiquement des statues de la sĂ©rie des Gudea, mais Ă  la place de la confiance et de la sĂ©rĂ©nitĂ© du prince de Lagash, on est frappĂ© par l’expression particulièrement sĂ©vère et dure, du visage qui laisse penser que le personnage Ă©tait particulièrement redoutable. DĂ©but de la dynastie des Shakkanakku (gouverneurs) Ă  Mari (XXIIe – XIXe siècles av. J.-C.). MĂŞme en l’absence de textes, la pĂ©riode des Shakkanakku apparaĂ®t comme particulièrement brillante si l’on se fonde sur l’importance des grands travaux qui ont remodelĂ© la ville (nivellement de la citĂ© au nord de la Haute Terrasse) et l’ont couverte de grands bâtiments (Temple aux Lions avec sa haute terrasse, Grand palais royal de Mari, Palais oriental).
  • 2146-2141 av. J.-C.[4] : règne d’Ur-gigira, roi d’Uruk[3].
Statue de Gudea en diorite.
  • 2141-2122 av. J.-C.[4] : règne de Gudea, ensĂ­ de Lagash. Gendre de Ur-Baba, probablement vassal des GoutĂ©ens, il fait de Lagash le centre principal de la civilisation nĂ©o-sumĂ©rienne[3]. Il fait construire le temple de Ningirsu Ă  Girsu : cèdre, buis, pierre de taille venant de l’Amanus, bois, cuivre et asphalte de MĂ©sopotamie septentrionale, du Zagros et de l’Élam, arbres de prix (Ă©bène), or, cuivre, cornaline, lapis-lazuli et autres pierres semi-prĂ©cieuses des cĂ´tes du golfe Persique, des rives mĂ©ridionales de l’Arabie et de la vallĂ©e de l’Indus. Des statues de Gudea en diorite et des fragments de bas-reliefs ont Ă©tĂ© dĂ©couverts sur le site de Tello, une des citĂ©s de l’État de Lagash.
  • 2123-2113 av. J.-C.[4] : règne de Utu-hegal, roi d’Uruk, qui fonde la Ve dynastie d’Uruk[3].
  • 2121-2118 av. J.-C.[4] : règne de Ur-Ningirsu, ensĂ­ de Lagash[3].
  • Vers 2120 av. J.-C. : Utu-hegal d’Uruk marche sur les Gutis. Leur roi Tiriqan tente en vain de parlementer. Il est Ă©crasĂ© au cours d’une bataille et ses gĂ©nĂ©raux sont faits prisonniers. Il se rĂ©fugie Ă  Dubrum, au nord d’Umma, mais les habitants le capturent et le livrent au roi d’Uruk. Utu-hegal prend le titre de « roi des quatre rĂ©gions » qui le met dans la filiation d’AgadĂ©, puis organise le pays sumĂ©rien, ou au moins une partie de celui-ci. Il place des gouverneurs Ă  la tĂŞte des villes principales, et s’engage dans une renaissance Ă©conomique qui paraĂ®t remarquable et exceptionnellement rapide (il faut penser que les bases Ă©taient plus solides que ne le laisse entendre une documentation par trop lacunaire)[3]. DĂ©but de la PĂ©riode nĂ©o-sumĂ©rienne.
  • 2117-2111 av. J.-C.[4] : règnes de Pirig-me (2117-2115), Ur-gar (2114), Nam-mahazi (2113-2111), ensĂ­ de Lagash[3].
Grande ziggourat d'Ur.
  • 2112-2095 av. J.-C.[4] : règne de Ur-Nammu, roi d’Ur. Ur-Nammu, gouverneur d’Ur et officier d’Utu-hegal, le supplante (Utu-hegal meurt noyĂ© accidentellement) et fonde la troisième dynastie d’Ur (2112-2004 av. J.-C.), ultime renaissance de la civilisation sumĂ©rienne[3]. Roi bâtisseur, il passe pour avoir Ă©tĂ© animĂ© d’un idĂ©al de justice. Il transmet un recueil de lois, le plus vieux connu : l’étalon monĂ©taire (mine et sicle d’argent) et les poids et mesures (silĂ , mesure de volume), sont standardisĂ©s, les faibles protĂ©gĂ©s (veuves, orphelins, pauvres, Ă©pouses rĂ©pudiĂ©es), certains crimes et dĂ©lits pĂ©nalisĂ©s par compensation en argent-mĂ©tal (viol de l’esclave d'un tiers, faux-tĂ©moignage, diffamation, coups et blessures). Ur-Nammu encourage l’agriculture (irrigation), le commerce (port). Sumer connait une pĂ©riode d’expansion commerciale vers le golfe Persique[6]. Ur-Nammu fait construire Ă  Ur un quartier religieux dominĂ© par une grande ziggourat en brique cuite, dĂ©diĂ©e au dieu-lune Nanna (SĂ®n en akkadien). Des constructions similaires voient le jour Ă  Nippur, Uruk, Larsa, Eridu, Assur. Ce sont des tours Ă  Ă©tages (en gĂ©nĂ©ral 3, parfois plus) qui succèdent aux hautes terrasses du dĂ©but du IIIe millĂ©naire. Un temple est Ă©rigĂ© Ă  leur sommet, mais certaines activitĂ©s culturelles se dĂ©roulent dans des cours et temples Ă©difiĂ©s au pied[3].
  • 2111-2023 av. J.-C.[4] : Lagash est vassalisĂ©e par Ur[3].
  • Vers 2100 av. J.-C. : stèle d’Ur-Nammu. On constate le retour au mode paratactique habituel et d’une belle exĂ©cution du thème de l’ennemi abattu[5].

Égypte

  • Vers 2152 av. J.-C.[7] : crise dynastique après le long règne de PĂ©pi II, entraĂ®nant un effondrement rapide de l’échelon central du pouvoir. MĂ©renrĂŞ II ne règne qu’un an et Nitocris, son Ă©pouse, lui aurait succĂ©dĂ© quelque temps[8]. La VIe dynastie prend fin. Elle est la dernière de l'Ancien Empire. La Première PĂ©riode intermĂ©diaire commence (environ de 2150 Ă  2040 av. J.-C.[7]). Plusieurs dynasties se succèdent pendant cette pĂ©riode de crise et de rĂ©volution sociale et religieuse peu connue. Le dĂ©sordre dure près de deux siècles. Les rois règnent nominalement mais le pouvoir est aux mains des gouverneurs de province (celui de Coptos, notamment). Une conjoncture climatique difficile entraĂ®ne des mouvements de populations vers la vallĂ©e du Nil. Les BĂ©douins du nord-est pĂ©nètrent dans le royaume bouleversĂ© et envahissent le delta : les « Lamentations d'Ipou-Our », la « ProphĂ©tie de NĂ©ferti », textes du Moyen Empire Ă©voquent l’installation d’« Asiatiques » dans le delta, la dĂ©position du roi et le sac du palais de Memphis, le pillage de ses nĂ©cropoles. L’archĂ©ologie montre que les violences n’ont guère touchĂ© l’Égypte au sud de Memphis, oĂą les nĂ©cropoles provinciales continuent de se dĂ©velopper, mais Ă  partir du moment oĂą la lĂ©gitimitĂ© royale n’était plus Ă©vidente, les provinces se sont semble-t-il dĂ©tachĂ©es d’une autoritĂ© centrale dĂ©finitivement affaiblie[5]. Le papyrus d'Ipou-Our conservĂ© au musĂ©e de Leyde fait le rĂ©cit des troubles[9] et mentionne l’arrĂŞt de la liaison avec Byblos[10].
  • 2150-2134 av. J.-C.[11] (dates supposĂ©es[12]) : VIIe et VIIIe dynasties Ă  Memphis. La VIIe dynastie est Ă©phĂ©mère (ManĂ©thon note : « 70 rois-70 jours »), voire fictive[9]. La VIIIe dynastie comprend vingt-sept souverains, et aurait durĂ© cent-quante-deux ans selon ManĂ©thon[13]. Les gouverneurs du sud auraient formĂ© Ă  cette Ă©poque un royaume indĂ©pendant avec le gouvernement de la rĂ©gion de Coptos. Le nord est aux mains des Asiatiques (Ă‚amou) et la rĂ©gion de Memphis dirigĂ©e par les descendants des rois de l'Ancien Empire.
Stèle d'Héracléopolis. Musée archéologique national de Madrid.
  • 2134-2040 av. J.-C.[12] :
    • IXe et Xe dynasties d’HĂ©raclĂ©opolis[11]. Règnes de KhĂ©ty Ier, premier pharaon d’HĂ©raclĂ©opolis, puis de MĂ©rikarĂŞ et KhĂ©ty II (IXe dynastie). Les noms de plusieurs rois sont perdus. Règnes de NeferkarĂŞ, KhĂ©ty III et MĂ©rikarĂŞ II (IXe dynastie)[8]. L’absence de pouvoir central rĂ©gulateur ne permet plus de pallier les insuffisances de la crue du Nil, ce qui provoque des famines et des mouvements de rĂ©volte. L’Enseignement pour MĂ©rikarĂŞ fournit les renseignements les plus dĂ©taillĂ©s sur la pĂ©riode. L’autobiographie du nomarque Ă‚nkhtyfy, retrouvĂ©e dans sa tombe de Mo’alla, texte contemporain, atteste des rivalitĂ©s et des troubles Ă©conomiques[14]. KhĂ©ty Ier rassemble en son pouvoir les nomes de Moyenne-Égypte et du Fayoum et installe sa capitale Ă  HĂ©raclĂ©opolis. Il prend le titre de roi de Haute et de Basse-Égypte. Au sud, il rencontre la rĂ©sistance des princes d’Hermonthis. Les rois de la IXe dynastie, soutenus par les princes de Siout et d’Hermopolis, tentent de regrouper les provinces Ă©gyptiennes et de libĂ©rer le delta des Asiatiques. Les rois d’HĂ©raclĂ©opolis, tout en donnant un prestige renouvelĂ© au dieu de leur ville Harsaphes, tentent de rĂ©tablir la prĂ©Ă©minence de la cosmogonie solaire pour pallier le particularisme religieux propre Ă  chaque nome.
Stèle funéraire du pharaon Antef II.

Notes et références

  1. Michel Soutif, L'Asie, source de sciences et de techniques, EDP Sciences, , 318 p. (ISBN 978-2-7598-0125-1, présentation en ligne)
  2. Charles Le Blanc, Profession sinologue, Les Presses de l'Université de Montréal, , 71 p. (ISBN 978-2-7606-2569-3, présentation en ligne)
  3. Georges Roux, La Mésopotamie, Seuil, , 600 p. (ISBN 978-2-02-008632-5, présentation en ligne)
  4. Selon la chronologie moyenne qui place le règne d'Hammurabi entre 1792 et 1750
  5. Jean-Claude Margueron, Le Proche-Orient et l'Égypte antiques, Hachette Éducation Technique, , 416 p. (ISBN 978-2-01-140096-3, présentation en ligne)
  6. Pierre Allorant, Philippe Tanchoux, Introduction historique au droit, Gualino, (ISBN 978-2-297-06138-4, présentation en ligne)
  7. John P. O'Neill, Egyptian Art in the Age of the Pyramids, Metropolitan Museum of Art, , 536 p. (ISBN 978-0-87099-907-9, présentation en ligne)
  8. Nicolas Grimal, Histoire de l’Égypte ancienne, Fayard, , 602 p. (ISBN 978-2-213-64001-3, présentation en ligne)
  9. G. Mokhtar, Histoire générale de l'Afrique : Afrique ancienne, vol. 2, UNESCO, (ISBN 978-92-3-202434-3, présentation en ligne)
  10. Véronique Krings, La Civilisation Phénicienne et Punique, vol. 1, BRILL, , 923 p. (ISBN 978-90-04-10068-8, présentation en ligne)
  11. (en) Steven E. Sidebotham, Martin Hense, Hendrikje M. Nouwens, The red land : the illustrated archaeology of Egypt's Eastern Desert, Cairo/New York, American Univ in Cairo Press, , 424 p. (ISBN 978-977-416-094-3, présentation en ligne)
  12. Voir les chronologies comparées des dynasties égyptiennes
  13. Émile Amélineau, Résumé de l'histoire de l'Égypte : Depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Collection XIX, (ISBN 978-2-346-03246-4, présentation en ligne)
  14. Claude Vandersleyen, L'Égypte et la vallée du Nil : De la fin de l'Ancien Empire à la fin du Nouvel, vol. 2, Presses Universitaires de France, , 832 p. (ISBN 978-2-13-073816-9, présentation en ligne)
  15. Jean Jolly, Histoire du continent africain : de la préhistoire à 1600, vol. 1, Éditions L'Harmattan, , 236 p. (ISBN 978-2-7384-4688-6, présentation en ligne)
  16. Guillaume Charloux, Karnak avant la XVIIIe dynastie, Soleb, , 564 p. (ISBN 978-2-918157-01-4, prĂ©sentation en ligne)
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