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Virus de la grippe A (H7N7)

Le sous-type H7N7 du virus de la grippe A fait référence aux types de deux antigènes présents à la surface du virus : l'hémagglutinine de type 7 et la neuraminidase de type 7. Le virus de la grippe A est un virus à ARN monocaténaire de polarité négative à génome segmenté (8 segments) qui appartient au genre Alphainfluenzavirus de la famille des Orthomyxoviridae. Le sous-type H7N7 circule entre oiseaux mais présente un potentiel zoonotique inhabituel, de sorte qu'il présente un risque pandémique.

Des souches hautement pathogènes (HPAI) et des souches faiblement pathogènes (LPAI) du sous-type H7N7 ont été repérées depuis qu'on les recherche. Elles infectent les oiseaux (avec cas de passage à l'Homme[2]), les porcs, les pinnipèdes et les chevaux (on les a longtemps cru endémiques chez le cheval[3]) et ont infecté des souris. Les souches néerlandaises de 2003-2004 semblent avoir été les premières (repérées) a facilement infecter des humains (le plus souvent sans conséquences graves)[4] alors qu'en Italie, des virus proches (H7N1 et H7N3) n'avaient infecté aucun humain même ayant été en contact avec des oiseaux malades[4].

Cette large capacité zoonotique, associée au fait que le variant « néerlandais » passait facilement de l'oiseau à l'Homme font de ce sous-type un des candidats susceptible de causer une épidémie voire une pandémie.

L'immunité humaine étant naïve face à ce virus, qui est surveillé afin de détecter le plus tôt possible d'éventuels variants à la fois très pathogènes et contagieux.

DĂ©nomination

Le nom H7N7 fait référence à deux sous-types d’antigènes présents à la surface du virus :

  1. l’hémagglutinine (HA) de type 7 ; H7 étant fréquemment trouvé chez les virus responsables d'épidémies dans les élevages de volailles [5];
  2. la neuraminidase (NA) de type 7.

Il existe chez les oiseaux 16 sous-types de virus grippaux pour l’hémagglutinine. Seuls les sous-types H5 et H7 sont actuellement réputés hautement pathogènes chez les oiseaux (qui en tant que migrateurs sont des candidats pour la diffusion du virus, bien que les transports de volailles porteuses du virus soient aujourd’hui jugés également dangereux).

Pathogénicité

Dans la nature ou dans les élevages, différentes souches du H7N7, faiblement à hautement pathogènes (IAHP) ont déjà été détectées.

Selon les cas elles ont infecté les humains (à priori à partir de contact avec des volailles infectées), des oiseaux, les porcs, les pinnipèdes et les chevaux.
Le virus s’est aussi montré en laboratoire capable d’infecter les souris.

Ce large et inhabituel potentiel zoonotique fait de ce sous-type viral une menace potentielle en termes d’épidémie voire de pandémie. C’est pourquoi ce sous-type H7N7 fait l’objet d’un suivi mondial, sous l'égide de l'OMS et de l'OIE.

À ce jour (mi-2013), ce virus ne semble qu’avoir rarement contaminé l’homme, mais avec un taux de mortalité assez élevé et une bonne capacité de contagion interhumaine.

Historique

Histoire de la détection du H7N7

  • En 2003-2004, une Ă©pidĂ©mie zoonotique de grippe Ă  H7N7 a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e aux Pays-Bas, d'abord durant 3 mois (de fin fĂ©vrier Ă  fin de ), mais l'Ă©pidĂ©mie a ensuite touchĂ© l'Allemagne et la Belgique[4].
    Dans ce cas, l'isolat (H7N7 A/Chicken/Netherlands/1/03) provenait d’une épidémie aviaire qui a touché plusieurs élevages industriels de volailles[6] et l'isolat était un virus faiblement pathogène génétiquement apparenté à un isolat détecté chez des canards sauvages (Colverts) aux Pays-Bas[7] - [8].
    Le virus n’était pas très pathogène, mais le passage de l'oiseau à l'Homme s'est fait facilement (voir plus bas). Un variant muté du virus a provoqué la mort d'un vétérinaire, avec des symptômes comparables à ceux du H5N1 HP[4]. La mort n'était pas due à une prédisposition de santé du vétérinaire, car le virus cultivé chez des souris a causé les mêmes symptômes mortels chez elles.
  • En , un variant faiblement pathogène du H7N7 a Ă©tĂ© dĂ©couvert lors de tests de routine dans un Ă©levage de volailles Ă  Voorthuizen, au centre des Pays-Bas. Par mesure de prĂ©caution, 25 000 poulets ont Ă©tĂ© abattus dans l’élevage de Voorthuizen et dans les Ă©levages environnants[9].
  • En , en Angleterre un variant hautement pathogène (HP) H7N7 a causĂ© une Ă©pidĂ©mie dans une unitĂ© d’élevage de 25 000 volailles Ă  Shenington, le virus Ă©tant probablement un mutant issue d’un variant faiblement pathogène prĂ©existant. Selon le journal Farmers Guardian, l’éleveur avait notĂ© une augmentation de mortalitĂ© de 2,5 %) dans un des hangars et une rĂ©duction de la production d'Ĺ“ufs, deux semaines avant que l’élevage soit dĂ©cimĂ© par la grippe, le , dĂ©clenchant les analyses qui ont permis de diagnostiquer la prĂ©sence d’un variant HP H7N7 (le ) [10].
  • En , c’est en Espagne qu’un variant hautement pathogène (HP) H7N7 a Ă©tĂ© diagnostiquĂ©, dans une ferme d’Almoguera, dans la province de Guadalajara, Ă  la suite de quoi Hong Kong a annoncĂ© une suspension des importations de volailles espagnole[11].
  • En , un variant hautement pathogène (HP) H7N7 a Ă©tĂ© trouvĂ© sur les marchĂ©s de volailles en Chine lors d’essais recherchant le H7N9[12]

Cas humains

En 2003, 89 cas humains confirmés de grippe à H7N7 ont été détectés aux Pays-Bas à la suite d'une épidémie aviaire qui a touché plusieurs élevages industriels de volailles[13].

L'isolat était un virus faiblement pathogène génétiquement apparenté à un isolat détecté chez des canards sauvages, mais une souche mutée a causé la mort d'un des patients ; un vétérinaire ayant été en contact avec des volailles infectées, mort le de pneumonie et détresse respiratoire (fumeur, mais non immunodéprimé ; ni ne souffrait de pathologies le prédisposant aux symptômes induits par le virus[4]).

Sauf dans ce cas mortel, le virus n’était pas très pathogène, mais le passage de l'oiseau Ă  l'Homme s'est fait facilement : des anticorps ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans plus de la moitiĂ© des 500 personnes testĂ©es car ayant Ă©tĂ© en contact ou Ă  proximitĂ© des volailles malades. On a extrapolĂ© que 1 000, et peut-ĂŞtre plus de 2 000 personnes ont Ă©tĂ© porteuses du virus durant cette pĂ©riode[4].

Chez les 89 premiers cas humains identifiĂ©s (86 personnes ayant manipulĂ© des volailles infectĂ©es, et trois membres de leur famille) 78 malades n'ont prĂ©sentĂ© qu'une conjonctivite, cinq ont dĂ©veloppĂ© un syndrome grippal en plus de la conjonctivite ; deux ont prĂ©sentĂ© un syndrome grippal et quatre ne correspondaient pas Ă  la "dĂ©finition de cas" de l'OMS. Les syndromes grippaux Ă©taient gĂ©nĂ©ralement lĂ©gers, hormis dans un cas (mort par pneumonie associĂ©e Ă  un syndrome de dĂ©tresse respiratoire aiguĂ«)[4]. La plupart des isolats trouvĂ©s chez l'homme (dont chez les cas secondaires probables), n'avaient pas accumulĂ© d'importantes mutations. Cependant, chez le patient mort, les virus prĂ©sentaient 14 mutations (substitutions d'acides aminĂ©s), dont certaines connues comme marqueurs de pathogĂ©nicitĂ© chez la souris[14] - [4].

Chez les autres mammifères

Plusieurs espèces de mammifères sauvages ou domestiques s’y sont montrés sensibles, dont la souris, le porc et les chevaux pour ce qui concerne les animaux proches de l'Homme et donc susceptibles de jouer un rôle épidémiologique ou écoépidémiologique particulier.

Transmission et contagion

Comme beaucoup de virus grippaux, ce virus se montre capable de franchir la barrière des espèces.

  • Le passage oiseau → homme est dĂ©montrĂ© : Dans le cadre de la zoonose observĂ©e aux Pays-Bas en 2003, la sĂ©roprĂ©valence des anticorps/H7 a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e chez les personnes n’ayant pas eu de contact avec des volailles infectĂ©es, mais qui ont Ă©tĂ© en contact Ă©troit avec un travailleur infectĂ©. Elle Ă©tait Ă©levĂ©e (59 %) ce qui suggère une bonne transmission interhumaine (contagion) et qu’en cas de mutation du virus ne renforçant que sa pathogĂ©nicitĂ©, la population Ă  risque pour la grippe aviaire ne se limiterait pas aux personnes en contact direct avec des volailles infectĂ©es[15].
    L'analyse finale publiée en 2005 et faite sur les foyers néerlandais de cette grippe aviaire a montré des taux de transmission à l’Homme plus élevés qu’attendus[16].
  • Un cas de transmission phoque → humain est Ă©galement documentĂ©. Chez les phoques malades, le tissu pulmonaire Ă©tait infectĂ©, mais aussi le tissu cĂ©rĂ©bral[17]

Mutations

Plusieurs variants, plus ou moins pathogènes ont été trouvés dans les élevages ou chez l’homme depuis 2003.

Chez l’homme

  • Un cas de mutation a Ă©tĂ© repĂ©rĂ© en 2003, responsable de la mort d'un vĂ©tĂ©rinaire très probablement contaminĂ© par les volailles victimes d'un virus hautement pathogène.

Prévention

Les règles de base en matière d'hygiène sont à respecter, notamment dans les élevages et les métiers de contact avec l'animal ou la chair animale (abattoirs, boucheries…) La méthode de prévention préconisée par les vétérinaires est le plus souvent la destruction des animaux infectés ou suspects.

Diagnostic

Tableaux cliniques et radiologiques

Chez le vĂ©tĂ©rinaire mort en 2004, l'autopsie a confirmĂ© la prĂ©sence d'un Ĺ“dèmegĂ©nĂ©ralisĂ© avec 1 500 ml de liquide pleural des deux cĂ´tĂ©s et 1 000 ml de liquide sĂ©reux dans la cavitĂ© abdominale[4]. Les poids des poumons droit et gauche Ă©taient environ trois fois le poids normal[4]. Le poumon vu en coupe Ă©tait Ĺ“dĂ©mateux et avec un emphysème, avec un liquide sĂ©reux ayant pĂ©nĂ©trĂ© les bronches et les bronchioles[4].

Dans ce cas, l'histologie a montré des lésions alvéolaires diffuses mais graves[4].

  • Elles Ă©taient caractĂ©risĂ© par l'intrusion d'un fluide sĂ©rosanguineux dans la lumière (lumina) alvĂ©olaire, mĂ©langĂ© avec la fibrine et des neutrophiles dans les lobes pulmonaires infĂ©rieurs[4].
  • Les lumières (espace interne) alvĂ©olaire Ă©taient distendues avec parfois une rupture de cloisons alvĂ©olaires[4].
  • Les cloisons alvĂ©olaires Ă©taient Ă©paissies par une dilatation des vaisseaux capillaires, avec des signes d'infiltration et quelques lymphocytes et des neutrophiles[4].
  • Il y avait des preuves de rĂ©gĂ©nĂ©ration Ă©pithĂ©liale, caractĂ©risĂ© par des pneumocytes atypiques dispersĂ©es et des cellules Ă©pithĂ©liales ciliĂ©es tapissant respectivement les cloisons alvĂ©olaires et les parois des bronchioles. Ces cellules atypiques Ă©taient exceptionnellement grande, avec de gros noyaux, une chromatine grossière, et des nuclĂ©oles proĂ©minents[4].

L'immunohistochimie n'a pas permis de détecter l'antigène du virus grippal dans les poumons, ni dans d'autres tissus[4].
L'examen macroscopique et histologique ont conclu que Seuls les organes respiratoires présentaient des lésions importantes[4].

Diagnostic biologique

Des travaux récents ont porté sur les microRNA des virus grippaux[18] et du H7N7 notamment, qui à l'avenir pourraient améliorer les diagnostics[19].

Traitement

Les antiviraux classiques peuvent être utilisés, sous réserve qu'une mutation ne permette au virus d'y résister.

Vaccin

En 2013, l'OMS a lancé la préparation d'un vaccin

Un vaccin antigrippal universel (M2) pourrait un jour être disponible : Samedi , des chercheurs belges annonce avoir expérimenté avec succès un prototype de vaccin universel actif contre toutes les formes de grippe (y compris le H5N1 et la grippe humaine saisonnière), visant l’antigène M2 présent sur toutes les formes de grippe, et non les antigènes H ou N spécifiques et trop facilement mutants de chaque variante grippale.

Ce vaccin n'est cependant pas encore produit, et il n'existe pas non plus de vaccins effectifs disponibles contre un virus pandémique.

Des vaccins sont produits chaque année contre la grippe saisonnière, mais ils ne protègeraient probablement pas, mal ou peu de personnes en cas de grippe pandémique. À ce jour, aucun vaccin ne peut être rapidement produit, prêt à être commercialisé et diffusé sans un délai de quelques mois après le début de la pandémie.

Notes et références

  1. (en) « Virus Taxonomy: 2018b Release », ICTV, (consulté le ).
  2. Banks, J., Speidel, E. & Alexander, D. J. (1998), Characterisation of an avian influenza A virus isolated from a human – is an intermediate host necessary for the emergence of pandemic influenza viruses? Arch. Virol. 143 , 781–787 (résumé)
  3. Webster, R. G. (1993) Are equine 1 influenza viruses still present in horses ?, Equine Vet. J. 25 , 537–538. MedlineWeb of Science
  4. (en) Ron AM. Fouchier, Peter M. Schneeberger, Frans W. Rozendaal, Jan M. Broekman, Stiena AG. Kemink, Vincent Munster, Thijs Kuiken, Guus F. Rimmelzwaan, Martin Schutten, Gerard JJ. van Doornum, Guus Koch, Arnold Bosman, Marion Koopmans et Albert DME. Osterhaus (2004), Avian influenza A virus (H7N7) associated with human conjunctivitis and a fatal case of acute respiratory distress syndrome ; PNAS, vol. 101 no. 5 ; 1356–1361 ; en ligne 0204-01-26, publié , consulté
  5. Hua Yang, Paul J. Carney, Ruben O. Donis et James Stevens (2012), Structure and Receptor Complexes of the Hemagglutinin from a Highly Pathogenic H7N7 Influenza Virus J. Virol. 86 (16) 8645-8652 (résumé)
  6. « Early bird flu warning for Dutch » ; BBC News ; Panorama, nov 2005
  7. Banks, J., Speidel, E. S., Moore, E., Plowright, L., Piccirillo, A., Capua, I., Cordioli, P., Fioretti, A. & Alexander, D. J. (2001), Changes in the haemagglutinin and the neuraminidase genes prior to the emergence of highly pathogenic H7N1 avian influenza viruses in Italy, Arch. Virol. 146 , 963–973 (résumé).
  8. Banks, J., Speidel, E. C., McCauley, J. W. & Alexander, D. J. (2000), Phylogenetic analysis of H7 haemagglutinin subtype influenza A viruses Arch. Virol. 145 , 1047–1058. (résumé)
  9. Mild form of H7N7 bird flu found in Netherlands. chinaview.cn, 10 August 2006
  10. (en) Poultry farmers' avian flu warning Farmers Guardian, 20 June 2008
  11. (es) El virus de gripe aviar de Guadalajara es el H7N7. El PaĂ­s, 15 October 2009
  12. (en) The Guardian 2013-21-08 article, https://www.theguardian.com/world/2013/aug/21/new-h7n7-bird-flu-strain-discovered-china
  13. (en) « Early bird flu warning for Dutch » ; BBC News ; Panorama, nov 2005
  14. (en) Hatta, M., Gao, P., Halfmann, P. & Kawaoka, Y. (2001), [ Molecular Basis for High Virulence of Hong Kong H5N1 Influenza A Viruses], Science 293 , 1840–1842.(résumé)
  15. Rijksinstituut voor Volksgezondheid en Milieu (2003), “Avian Flu Epidemic 2003: Public health consequences”. Executive summary ; REFID 630940004 ; Ed:RIVM
  16. (en) Bosman A, Meijer A, Koopmans M (2005), Final analysis of Netherlands avian influenza outbreaks reveals much higher levels of transmission to humans than previously thought; Euro Surveill., Vol.10, n°12, page 2616, 6 January 2005
  17. (en) Lang, G., Gagnon, A. & Geraci, J. R. (1981), Isolation of an influenza A virus from seals Arch. Virol. 68 , 189–195 (résumé)
  18. (en) William A. Buggele, Karen E. Johnson et Curt M. Horvath (2012), Influenza A Virus Infection of Human Respiratory Cells Induces Primary MicroRNA Expression ; J. Biol. Chem. Sept. 2012 287:37 31027-31040 ; doi:10.1074/jbc.M112.387670 (résumé)
  19. (en) Emma-Kate Loveday, Victoria Svinti, Sandra Diederich, John Pasick et François Jean (2012), Temporal- and Strain-Specific Host MicroRNA Molecular Signatures Associated with Swine-Origin H1N1 and Avian-Origin H7N7 Influenza A Virus Infection J. Virol. 86 (11) 6109-6122 (résumé)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Sources officielles de veille sanitaire et médicale

Autres sources non officielles

  • FluDB, Influenza Research Database Base de donnĂ©es gĂ©nomique sur la grippe.
  • (en) Flu Wiki Wiki spĂ©cialisĂ© sur les diffĂ©rentes formes de grippe (articles, cartes, nombreuses sources et rĂ©fĂ©rences).


Bibliographie

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