Nucléole
En biologie cellulaire, le nucléole est le plus gros sous-compartiment du noyau des cellules eucaryotes. Aucune membrane ne délimite cet espace particulier du noyau, qui n'est de ce fait jamais considéré comme un organite. Le nombre de nucléoles peut varier au cours du cycle cellulaire (généralement 1 seul en phase G0).
(1) Nucléole
(2) Noyau
(3) Ribosomes
(4) VĂ©sicule
(5) RĂ©ticulum endoplasmique rugueux (ou granuleux) (REG)
(6) Appareil de Golgi
(7) Cytosquelette
(8) RĂ©ticulum endoplasmique lisse
(9) Mitochondries
(10) Peroxysome
(11) Cytosol
(12) Lysosome
(13) Centrosome (constitué de deux centrioles)
(14) Membrane plasmique
Le nucléole est composé de protéines, d'ADN et d'ARN et se forme autour de régions chromosomiques particuliÚres appelées NOR (Nucleolar Organizing Regions, ou Régions Organisatrices de Nucléoles)
C'est en particulier le lieu oĂč se produit la transcription des ARN ribosomiques[1] (ARNr 5.8S, 18S et 28S), la maturation de ces ARN ribosomiques Ă partir de prĂ©curseurs et la premiĂšre partie de l'assemblage des deux sous-unitĂ©s des ribosomes avec l'association de certaines protĂ©ines ribosomiques. La fin de l'assemblage des ribosomes se produit dans le cytoplasme sur un ARNm aprĂšs export des prĂ©-ribosomes au travers du pore nuclĂ©aire.
Histoire
Le nuclĂ©ole a Ă©tĂ© identifiĂ© par microscopie Ă fond clair au cours des annĂ©es 1830[2] - [3]. On connaissait peu de choses sur la fonction du nuclĂ©ole jusqu'en 1964 avec une Ă©tude[4] des nuclĂ©oles par John Gurdon et Donald Brown chez la grenouille africaine Xenopus laevis qui suscita un intĂ©rĂȘt croissant pour la fonction et l'Ă©tude de la structure dĂ©taillĂ©e du nuclĂ©ole. Ils ont constatĂ© que 25 % des Ćufs de grenouille n'avaient pas de nuclĂ©ole et que de tels Ćufs n'Ă©taient pas capables de vie. La moitiĂ© des Ćufs avaient un nuclĂ©ole et 25 % en avaient deux. Ils ont conclu que le nuclĂ©ole avait une fonction nĂ©cessaire Ă la vie. En 1966, Max L. Birnstiel et ses collaborateurs ont montrĂ© via des expĂ©riences d'hybridation d'acide nuclĂ©ique que l'ADN prĂ©sent dans le nuclĂ©ole code l'ARN ribosomique[5] - [6].
Pour plus de détails voir : https://perso.uclouvain.be/alain.amar-costesec/chapitre-3/
Observation du nucléole
Il est le plus souvent basophile et donc visible en microscopie optique via des colorants basiques (Pyronine en rouge et bleu de Giemsa), toutefois c'est la microscopie électronique qui a véritablement permis l'observation de ses composants.
En microscopie électronique, on remarque le nucléole dans le noyau par sa forte densité d'électrons (il forme un point sombre dans le noyau). Ceci est dû à la présence de nombreux ARN et au fait que le nucléole soit associé à de l'hétérochromatine (ADN fortement condensé). Il contient les différentes unités de transcription pour les ARN ribosomiques qui y sont transcrits (environ 200 en tout dans le génome humain). On observe de 4 à 7 nucléoles juste aprÚs la mitose, puis ils fusionnent entre eux, se présentant généralement sous la forme de 2 nucléoles en début de phase G1 et de 1 nucléole en fin de phase G1 et durant toute la phase G0.
- la zone fibrillaire, centrale, oĂč on retrouve l'ADN possĂ©dant les gĂšnes codant l'ARN prĂ©curseur 45S ;
- la zone granulaire, pĂ©riphĂ©rique, oĂč sont assemblĂ©es les sous-unitĂ©s des ribosomes (40S et 60S). Celles-ci sont ensuite individuellement exportĂ©es dans le cytoplasme ;
- la zone chromosomique, oĂč on retrouve la chromatine condensĂ©e adjacente Ă la chromatine diffuse ;
- la zone amorphe qui est en fait une matrice constituée de protéines et d'ARN.
Le biologiste Oscar Miller fut le premier à isoler par centrifugation le nucléole du noyau de plusieurs cellules, puis décompacter les composants fibrillaires denses qu'il contient. En les observant au microscope électronique en transmission, on a ainsi pu découvrir des structures que Miller [7] - [8] a poétiquement appelées "arbres de Noël" en raison de leur forme. Le "tronc" de ces arbres est une molécule d'ADN (ce que l'on peut mettre en évidence avec un test à la DNase), les "branches" sont des ARNr, les "boules" des protéines diverses et les grains raccordant les branches au tronc sont des ARN polymérases.
Dans un noyau, le nucléole est d'autant plus grand que la biosynthÚse des ribosomes est importante dans la cellule qui le contient.
RĂŽle dans la synthĂšse des ribosomes
Pour comprendre en détail la synthÚse des ribosomes voir ce lien La formation des ribosomes dans le nucléole s'effectue en plusieurs étapes qui se déroulent dans les zones fibrillaires et granulaires.
- Ătape 1 : L'ADN codant les ARNr est transcrit en un prĂ©-ARNr 45 S, cette Ă©tape se passe dans la zone fibrillaire du nuclĂ©ole.
- Ătape 2 : Le prĂ©-ARNr est ensuite dĂ©coupĂ© en trois ARNr 5,8 S ; 18 S et 28 S
- Ătape 3 : SimultanĂ©ment dans le nuclĂ©oplasme, de l'ADN codant les protĂ©ines constitutives des ribosomes (ribonuclĂ©oprotĂ©ines) est transcrit en ARN messager.
- Ătape 4 : L'ARN messager est traduit en protĂ©ines dans le cytoplasme.
- Ătape 5 : Les protĂ©ines traduites entrent dans le noyau et dans le nuclĂ©ole, elles s'associent avec les ARN ribosomiques pour former des prĂ©-ribosomes.
- Ătape 6 : Les prĂ©-ribosomes sont exportĂ©s dans le cytoplasme, dans lequel ils terminent leur maturation, avant de s'associer et de former un ribosome mature.
Le nucléole évolue pendant le cycle cellulaire. En effet lors de la mitose le nucléole disparaßt.
De plus, le nucléole étant le centre de la synthÚse des ribosomes, qui sont des éléments indispensables à la synthÚse des protéines, son activité et donc sa taille vont varier en fonction de l'intensité de la synthÚse des protéines dans la cellule.
Composition
Les composants biochimiques du nucléole sont :
- Des ARN (â 10 %) :
- Majoritairement des ARNr qui sont transcrits dans la zone fibrillaire et maturés (protéines de maturation + ARNsno) dans la zone granulaire. Les pré-ARNr ne sont pas épissés, ils sont clivés par plusieurs ribonucléases.
- De l'ADN (â 5 %)
- 5 paires de chromosomes acrocentriques (13, 14, 15, 21, 22) possĂ©dant les rĂ©gions NOR (Nucleolar Organizing Regions) codant lâARNr 45S.
- Des protĂ©ines (â 85 %) :
- l'ARN polymérase I, qui transcrit les loci d'ADN ribosomique en un précurseur de 45S (pré-ARNr) (35 S chez Saccharomyces cerevisiae).
- Ainsi que des enzymes diverses et des protéines de liaison dont certaines sont argyrophiles (colorables par l'argent), appelées protéines AgNOR.
Notes et références
- D. Hernandez-Verdun et E. Louvet, « Le nucléole : structure, fonctions et maladies associées », Med. Sci., vol. 20, p. 37-44, 2004.
- (en) Thoru Pederson, « The Nucleolus », Cold Spring Harbor Perspectives in Biology, vol. 3, no 3,â , a000638 (ISSN 1943-0264, PMID 21106648, DOI 10.1101/cshperspect.a000638, lire en ligne, consultĂ© le )
- Thoru Pederson, « The Nucleolus », Cold Spring Harbor Perspectives in Biology, vol. 3, no 3,â (ISSN 1943-0264, PMID 21106648, PMCID PMC3039934, DOI 10.1101/cshperspect.a000638, lire en ligne, consultĂ© le )
- Donald D. Brown et J. B. Gurdon, « ABSENCE OF RIBOSOMAL RNA SYNTHESIS IN THE ANUCLEOLATE MUTANT OF XENOPUS LAEVIS », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 51, no 1,â , p. 139â146 (ISSN 0027-8424, PMID 14106673, lire en ligne, consultĂ© le )
- M. L. Birnstiel, H. Wallace, J. L. Sirlin et M. Fischberg, « Localization of the ribosomal DNA complements in the nucleolar organizer region of Xenopus laevis », National Cancer Institute Monograph, vol. 23,â , p. 431â447 (ISSN 0083-1921, PMID 5963987, lire en ligne, consultĂ© le )
- H. Wallace et M. L. Birnstiel, « Ribosomal cistrons and the nucleolar organizer », Biochimica et Biophysica Acta (BBA) - Nucleic Acids and Protein Synthesis, vol. 114, no 2,â , p. 296â310 (DOI 10.1016/0005-2787(66)90311-X, lire en ligne, consultĂ© le )
- Oscar Miller et B. Beatty, « Visualization of nucleolar genes », Science, vol. 194,p. 955-957, 1969.
- Steven McKnight, «Oscar Miller (1925â2012) Retrospective», Science, vol. 335, 1457, 2012