Unité d'instruction et d'intervention de la sécurité civile
Les unités d'instruction et d'intervention de la sécurité civile (UIISC) sont des unités françaises de lutte contre les incendies et de secours ayant un fonctionnement militaire. Même si elles n'en portent pas officiellement le titre, leurs missions sont très proches de celles des sapeurs-pompiers. Elles font partie de l'Armée de terre et appartiennent à l'arme du Génie, comme la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris.
Leur rôle est d'intervenir pour combattre les sinistres et les calamités, en renfort national des moyens locaux (municipaux, départementaux, nationaux) ou lors de catastrophes à l'étranger. En effet, contrairement aux pompiers qui protègent les personnes et les biens d'une commune ou d'un territoire déterminé, elles n'ont pas de compétence territoriale et interviennent là où la Direction générale de la sécurité civile les envoie. Leur appellation est celle de sapeurs sauveteurs et non de sapeurs-pompiers, même si leur uniforme ressemble à celui de ces derniers (sans le passepoil rouge le long du pantalon). Leur formation de base est identique à celle des sapeurs-pompiers (avec en plus, leur formation militaire).
Les sapeurs sauveteurs des UIISC sont opérationnels 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Ces unités comptent environ 1 500 hommes et sont placées sous l'autorité organique du commandant des formations militaires de la sécurité civile (COMFORMISC) et sous celle opérationnelle de la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) qui relève du ministère de l'intérieur.
En 1968 le Président de la République, Charles de Gaulle, décide de la création du corps de défense civile. En 1974 une première unité (numéro 7) est créée, suivie quatre ans plus tard par une seconde (numéro 1). Ce n'est que le (décret 88-286) que les Unités de Sécurité Civile - USC - (à l'origine UISC, puis UIISC) deviennent des formations militaires de la sécurité civile à part entière.
Leurs spécialités sont :
- la lutte contre les feux de forêts, en été ;
- la lutte contre les pollutions ;
- la lutte contre les inondations ;
- la lutte contre les risques technologiques, radioactifs, bactériologiques et toxiques, avec notamment des moyens de décontamination de masse ;
- le sauvetage-déblaiement, en cas de tremblement de terre, d'effondrement d'immeubles…
- le soutien logistique pour toutes ces opérations.
Les UIISC peuvent envoyer ces moyens à l'étranger, sous la forme de détachement d'intervention catastrophe aéromobile (DICA).
Les unités
Lorsqu'il n'y a pas d'ambiguïté, l'abréviation « UIISC » est parfois réduite à un simple « U »; on parle alors de l'USC1, l'USC5 ou l'USC7.
Il existe actuellement trois unités :
- UIISC 1 ou 1er RIISC : basée à Nogent-le-Rotrou ;
- UIISC 5 : basée à Corte ;
- UIISC 7 ou 7e RIISC : basée à Brignoles.
L'USC 2, basée à Chartres, était en fait la 2e compagnie d'intervention de l'USC 1 (d'où ce surnom -USC2- séditieux, voire séparatiste) avant de constituer (officiellement cette fois) en 1992 l'embryon d'une USC no 6 spécialisée dans les risques techniques (nucléaires, radioactifs, bactériologiques et chimiques) jamais créée et de réintégrer finalement Nogent-le-Rotrou.
L'UIISC 3 n'a jamais existé non plus en raison d'une revendication syndicale des sapeurs-pompiers civils qui, ayant obtenu la limitation à cinq des USC, entendaient se réserver un certain nombre de vacations.
L'USC 4, basée à Rochefort, créée en 1990 fut dissoute en 1999 ; elle était spécialisée dans la dépollution.
UIISC 6 : voir USC 2.
Le , le président de la République annonce la création d'une quatrième unité en 2024[1] - [2].
Organisation générale
Les UIISC no 1 et no 7 ont fait l’objet en 2014 d’une réorganisation générale gommant les différences antérieures. Chaque compagnie d’intervention est désormais composée[3] :
- d’une section légère, spécialisées en matière de sauvetage aquatique en inondation et d’interventions technologiques (NRBC) ; une section par unité constituant le détachement d’intervention héliporté (vingt-sept sapeurs-sauveteurs et quinze personnels de l’Alat) ;
- d’une section moyenne qui regroupe les moyens de navigation avec barges et conserve la capacité de constituer une partie du détachement central interministériel d’intervention technique (DCI-IT) ;
- d’une section lourde chargée de constituer le détachement d’intervention retardant (DIR), de la navigation sur barge, du pompage grande capacité, de l’installation des barrages anti-inondations.
UIISC 1
L'UIISC 1 est créée le par décret au sein de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris à Gennevilliers. En 1981, la direction de la Sécurité Civile décide d’installer l’ensemble de l’unité dans le quartier Sully à Nogent-le-Rotrou en Eure-et-Loir.
Aujourd'hui, elle comprend environ 560 sapeurs-sauveteurs, 140 véhicules, ainsi que cinq lots de matériels spécialisés : incendies, sauvetage-déblaiement, détection radiologique et chimique, traitement de l'eau, lots médicaux et chirurgicaux.
Dans le cadre de la veille permanente, elle peut mobiliser cent dix hommes en une heure puis cent hommes supplémentaires en trois heures pour des opérations de lutte contre les feux de forêts, missions de sauvetage-déblaiement, lutte contre les risques technologiques et opération de soutien humanitaire, logistique ou médical.
Elle comprend :
- la compagnie de commandement et de logistique (CCAS) ;
- la compagnie d'intervention moyens projetables spécialisés (4e Cie) ;
- trois compagnies d'intervention pour la lutte contre les risques naturels et technologiques (1re, 2e et 3e Cie).
Elle est appuyée par l'établissement de soutien opérationnel et logistique (ESOL) de Méry-sur-Oise (Val-d'Oise).
L'UIISC 1 est notamment intervenue sur :
- les tremblements de terre à Mexico en 1985, en Arménie en 1988, à Kobé en 1995, en Algérie, à Bam en Iran en 2003, en Haïti en 2010 et en Équateur en 2016[4] ;
- l'explosion de l'usine AZF à Toulouse le ;
- le tsunami de 2011 au Japon le ;
- le cyclone Erica en Nouvelle-Calédonie en 2003 ;
- le typhon Haiyan aux Philippines fin 2013 ;
- l'ouragan Matthew en Haïti[5] en 2016 ;
- la tempête Xynthia en 2010 ;
- les inondations en France en 2016 ;
- la crise humanitaire de la "Jungle de Calais"[6] en 2016 ;
- l'ouragan Irma à Saint-Martin et dans les Antilles[7] en 2017 ;
- les inondations dans l'Aude en 2018[8] ;
- le séisme et le tsunami à Palu, en Indonésie en 2018[9] ;
- les feux de forêt en Amazonie[10], en Bolivie, en 2019 ;
- la crise sanitaire du COVID-19 en 2020[11] ;
- Les inondations en Belgique en juillet 2021.
- les feux de forêt de 2022 en Gironde[12].
UIISC 5
Le , un escadron de l'UIISC 7 est mis en place à Corte. Le , ce détachement devient l'UIISC 5. Elle reçut son fanion de corps le .
L'UIISC 5 se compose d'une centaine d'hommes. Elle est constituée d'une compagnie d'intervention divisée en trois sections d'interventions.
En plus du volet opérationnel, l'unité est également un centre de formation et accueille tout au long de l'année plusieurs stagiaires. L'unité dispose d'une trentaine de véhicules ainsi que de trois lots de matériel : inondations et sauvetage-déblaiement.
Elle est appuyée par l'établissement de soutien opérationnel et logistique (ESOL) de la Valentine (Bouches-du-Rhône).
UIISC 7
L'UIISC 7 fut créée par le décret no 74-462 du 16 mai 1974 avec l’appellation d’unité d’instruction de protection civile no 7[13]. Elle comporte environ 568 hommes, 200 véhicules et intervient dans de très nombreux domaines de compétence, principalement :
- médical ;
- cynotechnie ;
- traitement de l'eau (production, conditionnement, distribution) ;
- risques naturels (feu de forêt, sauvetage/déblaiement, tempête/cyclone) ;
- risques technologiques (radiologiques, chimiques, décontamination de masse, levée de doute) ;
- inondations (isolement, pompage, navigation) ;
- appui travaux lourds ;
- appui logistique.
Dans le cadre de l'astreinte permanente, elle peut mobiliser :
- cent quinze personnels en moins de trois heures pour tous les domaines (chaque sapeur-sauveteur d’astreinte devant rejoindre la caserne en moins d’une heure), effectif réduit à cinquante durant la période feux de forêts[14] ;
- vingt personnels supplémentaires en moins de quinze heures ;
- un complément en personnels variable en vingt-quatre heures.
De juin à septembre, une grande partie des effectifs est engagée dans la lutte contre les feux de forêt (GOLFF) en Corse, en Provence et en Languedoc-Roussillon, avec la possibilité d'intervenir partout en France métropolitaine ou à l'étranger (Grèce 2007 par exemple).
Elle comprend[15] :
- la 21e compagnie de commandement, d'administration et de soutien (CCAS) ;
- trois compagnies d'intervention polyvalentes (1re, 2e et 3e Cie)
- la 4e compagnie d'intervention à section spécialisées :
- bureau opération instruction ;
- appui et détachement traitement de l’eau ;
- groupe d’analyse identification ;
- transport et instruction école de conduite ;
- cellule cynotechnique ;
- service médical unité ;
- bureau maintenance logistique ;
- l'établissement de soutien opérationnel et logistique (ESOL) de la Valentine (Bouches-du-Rhône).
Elle est intervenue dans de très nombreuses catastrophes en France et à l'étranger, parmi lesquelles :
- Tremblements de terre du Frioul en Italie (1976), Algérie (1980 et 2003), Mexico (1985), Arménie (1988), Japon (1995), Grèce, Turquie et Taiwan (1999), Pakistan (2005), Sri Lanka et Indonésie (2009), Haïti (2010), Japon (2011), Albanie (2019)
- Traitement de l'eau en Serbie (2014), Népal (2015), Haïti (2016), Guadeloupe, (2022), Tchad (2022-2023).
- Cyclones dans de très nombreux pays et régions d'outre-mer, dernière intervention en date à Saint Martin et en Guadeloupe en 2017 (cyclones Irma et Maria)
- Feux de forêt dans de nombreux pays européens (Grèce 2007, Suède 2018) et régions françaises (dont la Réunion en 2009 et 2010) et au Chili en 2017
- Inondations dans de nombreux pays européens et en Afrique
- Toutes les interventions médicales avec l'ESCRIM depuis 1985, dont la dernière en Guadeloupe et 2018
- Explosion de l'usine AZF à Toulouse en 2001
- Lutte contre le virus Ebola en Guinée en 2014-2015
- Lutte contre le virus de la Dengue à La Réunion en 2019
- Catastrophes majeures en France, dont les dernières dans l'Aude en 2018 (inondations), dans le Var en 2018 (pollution maritime) ;
- Les feux de forêt de 2022 en Gironde[16].
Véhicules
Les UIISC disposent d’un important parc de véhicules, dont :
- camions-citernes grande capacité (CCGC) de 14 500 litres ;
- camions-citernes (CCF) de 4000 et 6000 litres ;
- véhicule de fabrication de retardant ;
- véhicules de liaison ;
- véhicules de secours et d'assistance aux victimes ;
- véhicules polyvalents Guépard ;
- engins de chantier.
Marquage des véhicules
Initialement, les véhicules des UIISC étaient couleur kaki. En 1972, une large bande jaune surmontée du logo de la sécurité civile est ajoutée. En 1987, le vert kaki est abandonné pour le rouge pompier, une bande noire ceinturant les véhicules pour les distinguer des véhicules des services départementaux d’incendie et de secours. La toiture est quant à elle peinte en blanc. Des éléments rétroréfléchissants, notamment des chevrons jaunes et rouges, sont ensuite ajoutés pour améliorer leur visibilité. En 2012, une nouvelle charte graphique reposant sur les couleurs des hélicoptères et avions-bombardiers d’eau est appliquée sur les véhicules[17].
Traditions
Indicatifs radios
Tandis que les sections des UIISC no 1 et no 5 ont respectivement pour indicatif radio Kodaly et Vulcain, celui des sections de la n°7 est Verdi depuis que le chœur des esclaves de Nabucco, composé par Giuseppe Verdi , a été choisi comme chant de tradition[18] .
Drapeaux et citations
Les , les formations militaires de la Sécurité civile reçoivent leur drapeau dont la garde a été confiée à l’UIISC no 5. En 2007, les UIISC no 1 et no 7 reçoivent leur propre drapeau qui portent les inscriptions « régiment d’instruction et d’intervention de la Sécurité civile »[19].
L’unité no 7 a reçu :
- la médaille d’honneur de vermeil pour acte de courage et de dévouement en 1985 à la suite de ses interventions sur des feux de forêts en Corse et sur le séisme de Mexico ;
- la médaille d’honneur d’argent de 1re classe pour acte de courage et de dévouement en 1999 pour son implication sur les inondations dans l’Aude ;
- la médaille d’honneur de vermeil pour acte de courage et de dévouement pour son intervention sur le séisme de 2010 à Haïti[19] ;
- le , une citation à l’ordre de l’armée et la médaille d’or de la Défense nationale avec palme de bronze couplée à une médaille d’or pour actes de courage et de dévouement avec les deux autres unités[20].
Sapeurs-sauveteurs morts en services
Depuis la création des UIISC, 19 sapeurs-sauveteurs sont morts en service[21] :
Année | UIISC 1 | UIISC 5 | UIISC 7 |
---|---|---|---|
1978 | 0 | — | 1 |
1983 | 0 | — | 1 |
1985 | 0 | — | 1 |
1986 | 0 | 0 | 4 |
1987 | 2 | 0 | 0 |
1988 | 0 | 1 | 0 |
1989 | 1 | 1 | 1 |
1992 | 0 | 0 | 1 |
2000 | 2 | 2 | 0 |
2001 | 0 | 0 | 1 |
Total | 5 | 4 | 10 |
Notes et références
- « Réception des acteurs mobilisés cet été contre les feux de forêts », sur www.elysee.fr, (consulté le )
- Sécurité civile, « www.twitter.com »,
- Hreblay 2020, p. 46-47
- Monica Pinna, « Equateur : l'aide humanitaire d'urgence après le séisme », sur euronews, (consulté le )
- « Ouragan Matthew : 30 militaires de la région déployés en Haïti - France 3 Centre-Val de Loire », France 3 Centre-Val de Loire, (lire en ligne, consulté le )
- « Le centre de coordination, cœur du démantèlement de la « jungle » », sur www.lavoixdunord.fr,
- Rémi Barroux (Pointe-à-Pitre, envoyé spécial), « Ouragan Irma : le difficile acheminement des secours vers les îles meurtries », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
- « Inondations : l’unité de sécurité civile N°1 dans l’Aude », sur lemans.maville.com (consulté le )
- « 40 soldats de la sécurité civile vont partir d’urgence en Indonésie », sur lessablesdolonne.maville.com (consulté le )
- « En Bolivie, la sécurité civile française sur le front du feu », sur lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr (consulté le )
- « L’UIISC 1 engagé dans la lutte contre le COVID-19 », sur www.defense.gouv.fr
- François Feuilleux, « La Sécurité civile de Nogent-le-Rotrou au cœur des brasiers en Gironde », sur www.lechorepublicain.fr, (consulté le )
- Legifrance, « Décret n°74-462 du 16 mai 1974 portant création d’une d’unité d’instruction de protection civile à Brignoles (Var) »
- Hreblay 2020, p. 105
- Hreblay 2020, p. 104
- DGSCGC, « #Feuxdeforêts », sur www.twitter.com, (consulté le )
- Hreblay 2020, p. 190-191
- Hreblay 2020, p. 197
- Hreblay 2020, p. 193-194
- « Décoration des emblèmes des unités d'intervention des FORMISC », sur www.defense.gouv.fr, (consulté le )
- Hreblay 2020, p. 206-207
Bibliographie
- Sébastien Hreblay, Sapeurs-sauveteurs de Brignoles : les militaires de la Sécurité Civile au service des populations de 1964 à aujourd'hui, Carlo Zaglia, (ISBN 979-1-0918-1164-4).