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Trouble du traitement auditif

Le Trouble de traitement auditif (TTA), également appelé trouble de l'audition centrale (TAC) ou trouble de traitement auditif central (TTAC), est un trouble neurodéveloppemental, ou acquis dans certains cas, qui affectent la maniÚre dont le cerveau traite l'information auditive.

Trouble de traitement auditif
Classification et ressources externes
CIM-10 H93.25
CIM-9 315.32
MeSH D001308

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Les patients atteints de ce trouble ne prĂ©sentent le plus souvent aucun dĂ©faut de structure ou de fonctionnement de l'oreille interne, moyenne ou externe ; mais ils Ă©prouvent des difficultĂ©s Ă  traiter l'information qu'ils entendent, ce qui gĂȘne voire empĂȘche la discrimination, la latĂ©ralisation, la localisation et l'identification de sons, en particulier dans un environnement bruyant. Il est supposĂ© que ces troubles sont causĂ©s par des dysfonctionnements du systĂšme nerveux central.

Les troubles du traitement auditif peuvent ĂȘtre hĂ©ritĂ©s ou acquis. Ils peuvent notamment ĂȘtre provoquĂ©s par des troubles neurologiques (traumatisme crĂąnien, Ă©pilepsie, lĂ©sion corticale des aires auditives, etc.) ou un retard du dĂ©veloppement cĂ©rĂ©bral dans les aires auditives[1]. Cependant, la cause reste inconnue pour la majoritĂ© des patients diagnostiquĂ©s.

Ce trouble peut Ă©galement se prĂ©senter en comorbiditĂ© avec d’autres troubles neurodĂ©veloppementaux tels que le Trouble du dĂ©ficit de l’attention avec ou sans hyperactivitĂ© (TDAH), le Trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou la Dyslexie-dysorthographie. Il peut affecter les enfants comme les adultes.

Historique

Le trouble du traitement auditif a Ă©tĂ© dĂ©crit pour la premiĂšre fois en 1948 par l’otologiste Samuel J. Kopetzky[2]. L'Ă©tiologie et les causes de ce trouble ont quant Ă  elles Ă©tĂ© dĂ©crites par P. F. King en 1954[3]. L’étude de 1954 de Helmer Rudolph Myklebust a permis de suggĂ©rer que les difficultĂ©s engendrĂ©es par le trouble du traitement auditif diffĂšrent de celles qu'occasionnent les difficultĂ©s langagiĂšres[4]. Son travail a suscitĂ© l’intĂ©rĂȘt d’autres chercheurs sur les dĂ©ficits auditifs acquis Ă  la suite d’une lĂ©sion des lobes temporaux et a menĂ© Ă  des recherches supplĂ©mentaires sur les bases physiologiques du traitement auditif[5] - [6] - [7]. Toutefois, les recherches s’intĂ©ressant au trouble du traitement auditif ont officiellement dĂ©butĂ© Ă  la fin des annĂ©es 1970 et au dĂ©but des annĂ©es 1980. Une premiĂšre confĂ©rence sur le sujet a Ă©tĂ© organisĂ©e par Robert W. Keith, Ph.D Ă  l’UniversitĂ© de Cincinnati, ce qui a permis d’aviver les recherches centrĂ©es sur le trouble du traitement auditif chez l’enfant[8] - [9] - [10] - [11]. L’un des produits de ces recherches sont les tests permettant de diagnostiquer le TTA ainsi que certaines alternatives de traitement comme l'entraĂźnement auditif. Les travaux entrepris Ă  la fin des annĂ©es 1990 et au dĂ©but des annĂ©es 2000 ont servi Ă  affiner les techniques d’évaluation des capacitĂ©s auditives centrales, au dĂ©veloppement de traitement et Ă  mettre en lumiĂšre les facteurs de risque du TTA. Les chercheurs ont travaillĂ© Ă  amĂ©liorer les tests d’évaluation de l’audition et Ă  utiliser diffĂ©rentes techniques pour dĂ©finir la fonction auditive tel que la neuroimagerie, l’électroacoustique et l’électrophysiologie[12] - [13]. L’utilisation des technologies plus rĂ©centes ont permis de dĂ©velopper des programmes informatiques pour l'entraĂźnement auditif[14] - [15]. L’intĂ©rĂȘt pour le traitement auditif est de plus en plus grand autant dans l'Ɠil du public que dans celui des chercheurs qui poursuivent leurs travaux sur le sujet[16] - [17] - [18] - [19].

ÉpidĂ©miologie

L'incidence du trouble de traitement auditif (TTA) est un problÚme majeur de santé publique dans le monde entier. Les estimations suggÚrent qu'entre 0,5% et 5% des enfants d'ùge scolaire et jusqu'à 7% de la population auraient un trouble de traitement auditif, les estimations ayant été revues à la baisse récemment[20] - [21].

Selon les donnĂ©es de l'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS), plus de 5% de la population mondiale souffre d'une perte auditive sĂ©vĂšre ou profonde, ce qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un indicateur du taux de TTA[22].

L'ùge est un facteur déterminant pour l'incidence du TTA. En effet, le dysfonctionnement du systÚme auditif central est de plus en plus étudié malgré la complexité à isoler les difficultés causées par le trouble de traitement auditif d'une présbyacousies[23]. En effet, prÚs de 25% de la population ùgée de plus de 60 ans souffre d'une perte auditive[22], cette proportion atteignant 50% et plus pour les personnes ùgées de 75 ans et plus[24]. Il est donc possible que la seule façon de diagnostiquer le TTA chez les personnes ùgées consiste à utiliser des méthodes avancées capables de contourner l'entrée cochléaire (c'est-à-dire des méthodes de neuroimagerie).

Causes

DĂ©veloppemental

Le trouble du traitement auditif dĂ©veloppemental se caractĂ©rise par des difficultĂ©s d’écoute prĂ©sente dĂšs l’enfance et une acuitĂ© auditive normale. La cause est souvent inconnue et aucun facteur de risque n’est identifiĂ© exceptĂ© une histoire familiale de troubles dĂ©veloppementaux de communication ou de problĂšmes reliĂ©s. Les difficultĂ©s associĂ©es au TTA peuvent persister durant l’ñge adulte[25].

Une des causes possible est le syndrome de Landau-Kleffner, aussi appelĂ© l’aphasie Ă©pileptique acquise. Ce syndrome est caractĂ©risĂ© par une rĂ©gression du dĂ©veloppement, une comprĂ©hension du langage sĂ©vĂšrement affectĂ©e et une audition pĂ©riphĂ©rique normale[26]. D’autres causes probables du TTA chez les enfants sont un dĂ©lai de maturation de la myĂ©line[27], des cellules ectopiques (mal placĂ©es) dans les aires auditives ou encore une prĂ©disposition gĂ©nĂ©tique[28] - [29]. Par exemple, l’épilepsie autosomique dominante, qui est caractĂ©risĂ©e par des convulsions affectant le lobe temporal gauche, semble ĂȘtre associĂ©e Ă  des difficultĂ©s de traitement auditif[30]. Une analyse gĂ©nĂ©tique d’une famille Ă©largie dont plusieurs membres prĂ©sentaient un trouble du traitement auditif a montrĂ© la prĂ©sence d’un haplotype dans le chromosome 12 aussi associĂ© aux troubles du langage[31].

Le dĂ©veloppement de l’audition dĂ©bute in utero alors que le systĂšme auditif central poursuit son dĂ©veloppement durant au moins les dix premiĂšres annĂ©es de vie de l’enfant[32]. Un intĂ©rĂȘt considĂ©rable existe pour la thĂ©orie selon laquelle des perturbations durant une pĂ©riode sensible du dĂ©veloppement de l’audition pourraient causer des consĂ©quences Ă  long terme[33]. Une Ă©tude a montrĂ© que la connectivitĂ© entre le thalamus et le cortex in vitro Ă©tait associĂ©e Ă  une pĂ©riode sensible et nĂ©cessitait la prĂ©sence d’une molĂ©cule adhĂ©sive pour permettre la plasticitĂ© cĂ©rĂ©brale[34]. Cette connectivitĂ© thalamocorticale, qui se produit peu de temps aprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© la capacitĂ© d’entendre, est associĂ©e Ă  au moins une pĂ©riode critique pour le traitement auditif[35]. Une recherche animale menĂ©e auprĂšs de rats Ă©levĂ©s dans un environnement auditif Ă  une seule frĂ©quence de son durant des pĂ©riodes critiques de dĂ©veloppement prĂ©sentaient une dĂ©ficience du traitement auditif permanente. Dans une Ă©tude sur l’attention des patients prĂ©sentant un TTA, les enfants avec une oreille bouchĂ©e dĂ©veloppaient un avantage de l’oreille droite durant les tĂąches. Cependant, ils n’étaient pas en mesure de moduler cet avantage durant les tĂąches d’attention dirigĂ©e[36].

Acquis

Le trouble du traitement auditif acquis peut ĂȘtre attribuable au vieillissement, Ă  une condition mĂ©dicale ou Ă  un Ă©vĂ©nement environnemental comme un traumatisme crĂąnien[25]. Tous les dommages ou les dysfonctionnements qui peuvent affecter le systĂšme nerveux central et entraĂźner des difficultĂ©s de traitement auditif sont une cause possible du TTA[37] - [38]. Pour un aperçu des aspects neurologiques du TTA, veuillez vous rĂ©fĂ©rer Ă  l’article de 2002 de T.D. Griffiths « Central Auditory Pathologies »[39].

Génétique

L’hĂ©rĂ©ditĂ© du trouble de traitement auditif rĂ©fĂšre au fait que la condition est transmise d’un parent Ă  l’enfant ou si celle-ci se prĂ©sente chez plusieurs membres d’une mĂȘme famille. Certaines Ă©tudes ont montrĂ© qu’il existait une prĂ©valence plus Ă©levĂ©e d’historique familiale de dĂ©ficience auditive chez les patients prĂ©sentant un trouble du traitement auditif. Les rĂ©sultats obtenus dans ces recherches suggĂšrent que le TTA serait associĂ© Ă  des conditions Ă  transmission autosomique dominante[40] - [41] - [42]. L’habiletĂ© d’écoute et de comprĂ©hension de plusieurs messages prĂ©sentĂ©s simultanĂ©ment serait un trait grandement influencĂ© par les gĂšnes selon certains chercheurs[43]. Les dysfonctionnements du systĂšme nerveux peuvent ĂȘtre prĂ©sents chez plusieurs membres d’une mĂȘme famille ou le rĂ©sultat d’une naissance difficile comme plusieurs difficultĂ©s d’apprentissage[44]. Le trouble du traitement auditif peut ĂȘtre associĂ© Ă  d’autres conditions ayant une composante de transmission gĂ©nĂ©tique comme plusieurs troubles dĂ©veloppementaux[45]. Des traits neurologiques hĂ©rĂ©ditaires associĂ©s au TTA pourraient donc ĂȘtre transmis du parent Ă  l’enfant et causer les signes et symptĂŽmes de ce trouble[46].

Secondaire

Le trouble du traitement auditif est dit secondaire lorsqu’il survient avec la prĂ©sence ou est le rĂ©sultat d’une surditĂ© temporaire ou permanente[25]. En effet, la prĂ©sence d’une surditĂ© dĂšs la naissance ou encore d’une condition conductive comme l’otite moyenne peut rĂ©duire l’entrĂ©e sonore et mener Ă  des difficultĂ©s de traitement auditif.

Dans les annĂ©es 1980 et 1990, des Ă©tudes ont Ă©tĂ© menĂ©es pour dĂ©terminer le lien entre l’otite moyenne chronique et le trouble du traitement auditif ainsi que les troubles de langage associĂ©s. L’otite moyenne avec effusion (prĂ©sence de liquide derriĂšre le tympan) est une infection trĂšs commune durant l’enfance et cause une perte auditive conductive qui varie dans le temps. Il y avait des inquiĂ©tudes que la prĂ©sence de cette surditĂ© temporaire pouvait perturber le dĂ©veloppement auditif si elle est prĂ©sente durant une pĂ©riode sensible[47]. En ce sens, un Ă©chantillon d’enfants a Ă©tĂ© recrutĂ© dans un dĂ©partement hospitalier d'otorhinolaryngologie. Ceux-ci prĂ©sentaient des infections chroniques aux oreilles. Une prĂ©valence plus Ă©levĂ©e de difficultĂ©s de traitement auditif a Ă©tĂ© mesurĂ©e plus tard dans leur enfance[48]. Toutefois, cette Ă©tude comporte un biais d’échantillonnage puisque les enfants avec otites moyennes sont plus susceptibles d’ĂȘtre rĂ©fĂ©rĂ©s en otorhinolaryngologie s’ils prĂ©sentent des difficultĂ©s dĂ©veloppementales. En comparaison, les Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques, qui incluent une population entiĂšre prĂ©sentant une problĂ©matique d’oreille moyenne, ont trouvĂ© que la prĂ©valence des impacts Ă  long terme de l’otite moyenne sur le dĂ©veloppement langagier et le traitement auditif Ă©tait plus faible[49].

Somatique

Il semblerait que l’anxiĂ©tĂ© somatique, qui est caractĂ©risĂ©e par des symptĂŽmes physiques d’anxiĂ©tĂ© comme des papillons dans le ventre et la bouche pĂąteuse, ainsi que les situations de stress pourraient ĂȘtre des dĂ©terminants de trouble de comprĂ©hension de la parole. Il manque cependant d’évidence en ce sens[50] - [51].

Diagnostic

IdĂ©alement, un trouble du traitement auditif doit ĂȘtre diagnostiquĂ© par une Ă©quipe constituĂ©e entre autres d'un audiologiste et d'un orthophoniste[52]. Il est recommandĂ© dans le cas d'un enfant d'attendre l'Ăąge minimum de 7 ans, les zones du cerveau qui gĂšrent l'audition et le langage se dĂ©veloppant jusqu'Ă  cet Ăąge[52].

Des questionnaires peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour faire l'identification de personnes qui prĂ©sentent possiblement un trouble de traitement auditif. Les questionnaires peuvent aider avec la dĂ©cision de poursuivre une Ă©valuation clinique en audiologie pour le trouble de traitement auditif.

La difficulté la plus commune rapportée par les personnes ayant un trouble de traitement auditif est la reconnaissance de la parole en présence de bruit de fond[16] - [53].

Selon les participants de l’étude de Wit et Luinge (2017), les symptĂŽmes les plus courants chez les enfants avec un trouble de traitement auditif sont :

  • DifficultĂ©s d’écoute dans le bruit
  • Troubles de l’attention auditive
  • Une meilleure comprĂ©hension dans les situations d’écoutes en un Ă  un (contrairement Ă  des situations d’écoute en groupe)
  • DifficultĂ©s dans la localisation auditive
  • DifficultĂ©s dans la mĂ©morisation des informations auditives

Une liste des principaux symptĂŽmes du trouble de traitement auditif et des comorbiditĂ©s associĂ©s a Ă©tĂ© crĂ©Ă© selon les directives de la Nouvelle-ZĂ©lande sur le trouble de traitement auditif[54]. Cette liste peut ĂȘtre utilisĂ© pour identifier les personnes qui devraient ĂȘtre rĂ©fĂ©rĂ©s pour une Ă©valuation audiologique pour le trouble du traitement auditif. Voici quelques symptĂŽmes principaux figurant sur la liste :

  • DifficultĂ© Ă  suivre les instructions transmises oralement Ă  moins qu’elles ne soient brĂšves et simples
  • DifficultĂ© Ă  Ă©couter et Ă  mĂ©moriser les informations auditives
  • Un temps de traitement plus long afin de traiter les informations auditives
  • DifficultĂ© Ă  comprendre en prĂ©sence de bruit de fond
  • Une surcharge du systĂšme auditif causĂ© par des environnements bruyants par ex : salles de classe, centres commerciaux, etc.
  • Une mauvaise capacitĂ© d’écoute
  • Une insensibilitĂ© au ton de la voix ou Ă  d’autres nuances de la parole (durĂ©e et hauteur de la voix (pitch?))
  • DifficultĂ©s avec le langage comme la lecture et l’orthographe

Quelques comorbidités communes se figurant sur la liste :

Finalement, les lignes directrices de la Nouvelle-ZĂ©lande rapportent que les listes comportementales devraient uniquement ĂȘtre utilisĂ©s afin de guider la population pour se faire rĂ©fĂ©rer pour une Ă©valuation complĂšte des habiletĂ©s auditives centrales. Ces listes peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©s pour dĂ©crire l’impact fonctionnel que le trouble de traitement auditif peut avoir sur les activitĂ©s quotidiennes d’un individu. Cependant, les listes ne sont pas conçues pour Ă©mettre un diagnostic de trouble de traitement auditif. Les directives nĂ©o-zĂ©landaises indiquent qu’un certain nombre de questionnaires ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s pour identifier les enfants qui pourraient bĂ©nĂ©ficier d’une Ă©valuation de leurs problĂšmes d’écoutes. Parmi la liste de questionnaires disponible on retrouve entre autres: « Fisher’s Auditory Problems Checklist »[55], «The children’s Auditory performance scale»[56], «the screening instrument for targeting Educational Risk»[57] ainsi que «the auditory processing domains questionnaire»[58]. Tous les questionnaires ont Ă©tĂ© conçus pour les enfants, et ne seront pas utiles pour les adolescents et les adultes.

Le TTA a Ă©tĂ© dĂ©fini anatomiquement en termes d’intĂ©gritĂ© des zones auditives du systĂšme nerveux. Cependant, les enfants prĂ©sentant des symptĂŽmes de TTA n’ont gĂ©nĂ©ralement aucun signe de maladie neurologique et le diagnostic est basĂ© sur la performance aux tests Ă©valuant les capacitĂ©s auditives centrales[59]. Le traitement auditif peut ĂȘtre dĂ©fini comme Ă©tant « ce qu’on fait avec ce qu’on entend »[18], et dans le trouble de traitement auditif il existe un dĂ©calage entre la capacitĂ© auditive pĂ©riphĂ©rique (qui est gĂ©nĂ©ralement dans les limites de la normale) et la capacitĂ© d’interprĂ©ter ou de discriminer les sons. Ainsi, chez ceux qui ne prĂ©sentent aucun signe de dĂ©ficience neurologique, le TTA est diagnostiquĂ© sur la base de test des capacitĂ©s auditifs centraux. Cependant, il n’y a pas de consensus quant aux test Ă  utiliser pour Ă©mettre un diagnostic, comme en tĂ©moigne la succession des rapports ayant apparus ces derniĂšres annĂ©es.

Les experts qui tentent de dĂ©finir des critĂšres de diagnostic doivent faire face au fait qu’un enfant peut avoir de mauvais rĂ©sultats Ă  un test auditif sans nĂ©cessairement prĂ©senter un trouble du traitement auditif. Par exemple, un Ă©chec aux Ă©valuations des capacitĂ©s auditives centrales pourrait ĂȘtre dĂ» Ă  un manque d’attention, Ă  la difficultĂ© Ă  exĂ©cuter la tĂąche demandĂ© ou Ă  des capacitĂ©s langagiĂšres limitĂ©s. Afin d’exclure ces facteurs, la confĂ©rence de l’AcadĂ©mie d’Audiologie AmĂ©ricaine (AAA) a explicitement prĂ©conisĂ© que pour recevoir un diagnostic de TTA, l’enfant doit avoir un problĂšme spĂ©cifique liĂ© Ă  la modalitĂ© auditive (uni modale). En d’autres mots, le traitement auditif doit ĂȘtre affectĂ© sans que le traitement visuel soit affectĂ©. Cependant, un comitĂ© de la langue de signe AmĂ©ricaine (American Speech Language Association) a rejetĂ© la spĂ©cificitĂ© de la modalitĂ© comme Ă©tant une caractĂ©ristique dĂ©terminante du trouble du traitement auditif[60].

DĂ©finitions

En 2005, l’american speech-language hearing association (ASHA) a publiĂ© « Central auditory processing disorders» dans lequel ils dĂ©finissent le TTA comme Ă©tant « une difficultĂ© dans l’efficience et l’efficacitĂ© avec lesquelles le systĂšme nerveux central (SNC) utilise les informations auditives»[60].

En 2018, la British Society of Audiology a publiĂ© une « dĂ©claration de position et un guide de pratique » sur les troubles du traitement auditif mettant Ă  jour sa dĂ©finition du TTA. Selon la sociĂ©tĂ©, le TTA fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’incapacitĂ© de traiter la parole et les sons de la parole[61].

Le TTA peut ĂȘtre dĂ©veloppemental ou acquis. Il peut rĂ©sulter d’infections otologiques, de traumatismes crĂąniens ou de retards de dĂ©veloppement neurologique qui affecte le traitement des informations auditives. Le traitement des informations auditives pourrait inclure : « la localisation et la latĂ©ralisation du son; la discrimination auditive ; la reconnaissance des formes auditives ; les aspects temporels de l’audition, y compris l’intĂ©gration temporelle, la discrimination temporelle (par exemple, la dĂ©tection des Ă©carts temporels (gap detection), l’ordre temporel et le masquage temporel ; les performances auditives dans les signaux acoustiques compĂ©titifs (y compris l’écoute dichotique); et les performances auditives avec des signaux acoustiques dĂ©gradĂ©s»[62].

Le Committee of UK Medical Professionals Steering the UK Auditory Processing Disorder Research Program a Ă©laborĂ© la definition de suivante pour dĂ©finir le trouble du traitement auditif : « le trouble du traitement auditif rĂ©sulte d’une altĂ©ration de la fonction neuronale et se caractĂ©rise par une mauvaise reconnaissance, discrimination, sĂ©paration, regroupement, localisation ou organisation de l’ordre des sons de la parole. Elle ne rĂ©sulte pas uniquement d’un dĂ©ficit de l’attention gĂ©nĂ©rale, du langage ou d’autres processus cognitifs »[61].

Examen cliniques

  • 1.     Random Gap Detection Test (RGDT) Gaps in Noise Test (GIN) sont des tests standardisĂ© qui mesurent tous les deux la rĂ©solution temporelle.
    • a.     Le RGDT Ă©value le seuil de dĂ©tection d’écart des tonalitĂ©s d’un bruit blanc. L’examen comprend des stimuli Ă  quatre frĂ©quences diffĂ©rentes (500, 1000, 2000 et 4000 Hz). Le bruit blanc joue pendant 50 ms et le participant doit identifier s’il y a une «coupure» pendant le bruit blanc. La coupure varie en durĂ©e allant de 0 Ă  20 ms. Chez les enfants, un seuil global de dĂ©tection d’écart supĂ©rieur Ă  20 ms signifie qu’ils ont Ă©chouĂ© le test.
    • b.     Le GIN mesure Ă©galement la rĂ©solution temporelle en testant le seuil de dĂ©tection d’écart du patient dans un bruit blanc.
    • c.     Si un des deux tests est Ă©chouĂ© cela peut signifier que la rĂ©solution ou la sĂ©paration des Ă©vĂšnements dans le temps[63] chez la personne est affectĂ©e. Dans la vie quotidienne une capacitĂ© de rĂ©solution temporelle touchĂ©e pourrait indiquer des difficultĂ©s Ă  percevoir les silence et/ou les frontiĂšres entre les phonĂšmes, les sons, les mots et les phrases[63].
  • 2.     Le Staggered Spondaic Word Test (SSW) et l’Écoute Dichotique de Chiffre (EDC) sont des tests Ă©valuant l’intĂ©gration binaurale.
    • a.     Le SSW consiste Ă  prĂ©senter un mot composĂ© dans une oreille et un deuxiĂšme mot composĂ© dans l’autre oreille. Cependant, le deuxiĂšme mot du premier mot composĂ© et le premier mot du deuxiĂšme mot composĂ© sont prĂ©sentĂ©s au mĂȘme temps. Par exemple : le premier composĂ© est « bruit fort » et le deuxiĂšme mot composĂ© est « sage-femme » , l’individu entendra le mot « bruit » dans son oreille droite ensuite les mots « fort » et « sage » simultanĂ©ment et le mot « femme » dans son oreille gauche. L’individu doit rĂ©pĂ©ter tous les mots qu’il entend dans le bon ordre.
    • b.     L’EDC est un test similaire au SSW mais Ă  la place d’ĂȘtre des mots ce sont des chiffres que la personne entends. Par exemple les chiffre 1 8 vont ĂȘtre prĂ©sentĂ© Ă  une oreille et les chiffre 4 7 vont ĂȘtre prĂ©sentĂ©s Ă  l’autre oreille. Cependant, les chiffres 8 et 4 vont ĂȘtre prĂ©senter au mĂȘme temps. Donc l’individu entendra le chiffre 1 ensuite 8 et 4 simultanĂ©ment et finalement le chiffre 7. Dans ce test l’ordre dans lequel l’individu rĂ©pĂšte les chiffres n’est pas important.
    • c.     Si un des deux tests ou que les deux tests sont Ă©chouĂ©s, cela veut dire que la personne prĂ©sente des problĂšmes d’intĂ©gration binaurale. Donc, la personne aura de la difficultĂ© Ă  intĂ©grer deux sons diffĂ©rents s’ils sont prĂ©sentĂ©s simultanĂ©ment aux deux oreilles[64]. Un exemple dans la vie de tous les jours serait si une personne devrait Ă©couter 2 personnes qui parlent en mĂȘme temps chacun dans une oreille respective. Ex : Ă©couter quelqu’un parler au tĂ©lĂ©phone dans une oreille et quelqu’un qui parle dans l’autre oreille.
  • 3.     Le Duration Pattern Test (DPT) et le Pitch Pattern Sequence Test (PPST) Ă©valuent l’organisation sĂ©quentielle auditive.
    • a.     Le DPT consiste Ă  faire une prĂ©sentation de trois sons de durĂ©e diffĂ©rente. Les sons vont ĂȘtre soit de durĂ©e courte ou longue. Cependant, la prĂ©sentation ne va jamais ĂȘtre une prĂ©sentation de trois sons de la mĂȘme durĂ©e. Donc la prĂ©sentation pourrait ĂȘtre un son long, court, long mais ne sera jamais long, long, long ou court, court, court. L’individu doit identifier les trois prĂ©sentations dans le bon ordre.
    • b.     Le PPST est similaire au DPT mais Ă  la place d’avoir des sons de durĂ©e diffĂ©rente, les sons sont de frĂ©quence diffĂ©rente. Donc des sons aigus ou graves. Trois sons de hauteur diffĂ©rente vont ĂȘtre prĂ©sentĂ©s et l’individu doit les identifier et les rĂ©pĂ©ter dans le bon ordre. Cependant, comme le DPT les trois sons prĂ©sentĂ©s ne vont jamais ĂȘtre de la mĂȘme hauteur (aigu, aigu, aigu ou grave, grave, grave).
    • c.     Un Ă©chec a un ou les deux tests indique que l’organisation sĂ©quentielle auditive est touchĂ©e. Donc l’individu aura de la difficultĂ© Ă  maintenir dans l’ordre des Ă©lĂ©ments acoustiques d’une sĂ©quence entendue[65]. Ceci pourrait se traduire Ă  une difficultĂ© Ă  rapporter les Ă©lĂ©ments d’une consigne dans l’ordre ou de reproduire une sĂ©quence sonore.
  • 4.     Le SSI-ICM et le Test de mots dans le bruit (TMB) Ă©valuent la sĂ©paration figure-fond.
    • a.    Le TMB consiste Ă  prĂ©senter un enregistrement de mot et de bruit de fond simultanĂ©ment. L’individu doit rĂ©pĂ©ter les mots prĂ©sentĂ©s en ignorant le bruit de fond qui est prĂ©sentĂ©. Le bruit et les mots sont prĂ©sentĂ©s dans la mĂȘme oreille. Le test est fait Ă  un rapport de signal sur bruit de +5 dB. Donc le signal (les mots) est prĂ©sentĂ© Ă  un niveau de 60dB et le bruit de fond est prĂ©sentĂ© Ă  un niveau de 55dB.
    • b.     Le SSI-ICM est similaire mais Ă  la place d’identifier des mots Ă  travers un bruit de fond, l’individu doit identifier des phrases Ă  travers un bruit de fond. L’individu n’est pas obligĂ© de rĂ©pĂ©ter tous les mots de la phrase mais doit en identifier au moins 2. Tout comme le TMB le bruit de fond et les phrases sont prĂ©sentĂ©s dans la mĂȘme oreille.
    • c.     Un Ă©chec a un ou deux des tests indique une atteinte dans la capacitĂ© de sĂ©paration figure-fond. Donc la personne aura de la difficultĂ© Ă  sĂ©lectionner les figures saillantes parmi d’autres stimuli moins pertinents (fond), tous deux sollicitant un systĂšme sensoriel[66]. Ceci pourrait se traduire par une difficultĂ© Ă  identifier la parole dans le bruit. Par exemple, comprendre ce qu’une personne dit dans un restaurant bruyant.
  • 5.     SSI-CCM Ă©value la sĂ©paration binaurale.
    • a.     SSI-CCM est similaire au SSI-CCM mais Ă  la place d’envoyer le bruit de fond et la phrase dans la mĂȘme oreille, le bruit de fond et la phrase est envoyĂ© dans deux oreilles diffĂ©rentes.
    • b.     Un Ă©chec Ă  ce test pourrait indiquer une difficultĂ© Ă  percevoir des stimuli prĂ©sentĂ©s dans une oreille en ignorant des stimuli prĂ©sentĂ©s dans l’oreille opposĂ©e[64]. Un exemple concret serait d’ĂȘtre capable de se concentrer Ă  ce que quelqu’un nous raconte au tĂ©lĂ©phone dans une oreille et ignorer ce qu’on entends par notre autre oreille.
  • 6.     Le Masking Level Difference (MLD) est un test qui Ă©value l’interaction binaurale.
    • a.     Le MLD consiste Ă  prĂ©senter Ă  l’individu un bruit de fond (un bruit blanc) et Ă  prĂ©senter un son (un beep) simultanĂ©ment. L’individu doit nous indiquer Ă  chaque fois qu’il entend le son. Ce test est effectuĂ© dans trois conditions diffĂ©rentes afin de dĂ©terminer s’il y a une diffĂ©rence entre les trois conditions.
    • b.     Un Ă©chec Ă  ce test nous indique que la façon que les deux oreilles travaillent ensemble est affectĂ©e[67]. Vu que l’interaction binaurale est le phĂ©nomĂšne par lequel deux sons diffĂ©rents, prĂ©sentĂ©s aux deux oreilles fusionnent pour donner une seule image, se situant quelque part dans la tĂȘte)[64].

Spécificité de modalité et les controverses associées

La question de la spĂ©cificitĂ© des modalitĂ©s a suscitĂ© un dĂ©bat considĂ©rable entre les experts dans le domaine. Cacae et McFarland ont soutenu que le trouble de traitement auditif devrait ĂȘtre dĂ©fini comme un dysfonctionnement perceptif spĂ©cifique Ă  une modalitĂ© qui n’est pas dĂ» Ă  une perte auditive pĂ©riphĂ©rique[68] - [69]. Ils critiquent les conceptualisations plus inclusives du trouble du traitement auditif comme manquant de spĂ©cificitĂ© diagnostique[70]. Une exigence de spĂ©cificitĂ© de modalitĂ© pourrait potentiellement Ă©viter d’inclure les enfants dont les mauvaises performances auditives sont dues Ă  des facteurs gĂ©nĂ©raux tels qu’une mauvaise attention ou une mauvaise mĂ©moire[68].  Cependant, d’autres ont fait valoir qu’une approche spĂ©cifique Ă  la modalitĂ© est trop Ă©troite et qu’elle passerait Ă  cĂŽtĂ© d’enfants qui ont de vĂ©ritables problĂšmes de perception affectant Ă  la fois le traitement visuel et auditif. Il est Ă©galement peu pratique, car les audiologistes n’ont pas accĂšs Ă  des tests standardisĂ©s qui sont des analogues visuels des tests auditifs[71]. Le dĂ©bat sur cette question reste non rĂ©solue entre les chercheurs spĂ©cifiques Ă  la modalitĂ© tels que Cacace et des associations telles que l’American Speech-Language-Hearing Association (entre autres). Cependant, il est clair qu’une approche spĂ©cifique Ă  la modalitĂ© (unimodale) diagnostiquera moins d’enfants atteints de TTA que l’approche de modalitĂ© gĂ©nĂ©rale (supra modale), et que l’approche supra modale risque d’inclure les enfants qui Ă©chouent aux tests auditifs pour des raisons autres qu’un mauvais traitement auditif.

Une autre controverse concerne le fait que la plupart des tests traditionnels du TTA utilisent des matĂ©riaux verbaux[72]. La British Society of Audiology a adoptĂ© la recommandation de Moore (2006) selon laquelle les tests de TTA devraient Ă©valuer le traitement des sons non vocaux. La prĂ©occupation est que si des matĂ©riaux verbaux sont utilisĂ©s pour Ă©valuer le TTA, les enfants peuvent Ă©chouer en raison d’une capacitĂ© linguistique limitĂ©e. Une analogie peut ĂȘtre Ă©tablie avec le fait d’essayer d’écouter des sons dans une langue Ă©trangĂšre. En effet, il est beaucoup plus difficile de distinguer les sons ou de se souvenir d’une sĂ©quence de mots dans une langue qu’on ne maitrise pas bien. Dans ce cas le problĂšme n’est pas liĂ© aux capacitĂ©s auditives centrales, mais plutĂŽt dĂ» Ă  un manque de connaissances langagiĂšres.

Depuis les derniĂšres annĂ©es, il y a eu des critiques supplĂ©mentaires de certains tests populaires pour le diagnostic du TTA. Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que les tests utilisant un enregistrement en anglais amĂ©ricain surestiment et suridentifient le TTA chez les locuteurs d’autres forme d’anglais[73]. Les performances d’une batterie de tests auditifs non verbaux conçus par l’Institute of Hearing Research du Medical Research Council se sont avĂ©rĂ©es fortement influencĂ©es par les exigences de tĂąches non sensorielles et les indices de TTA avaient une faible fiabilitĂ© lorsque cela Ă©tait contrĂŽlĂ©[74] - [75]. Cette Ă©tude sous-estime la validitĂ© du TTA en tant qu’entitĂ© distincte Ă  part entiĂšre et suggĂšre que l’utilisation du terme «trouble» est lui-mĂȘme injustifiĂ©e. Dans un examen rĂ©cent de ces problĂšmes de diagnostic, il a Ă©tĂ© recommandĂ© que les enfants suspectĂ©s de TTA reçoivent une Ă©valuation psychomĂ©trique holistique comprenant la capacitĂ© intellectuelle gĂ©nĂ©rale la mĂ©moire auditive, l’attention, le traitement phonologique, le langage et l’alphabĂ©tisation. Les auteurs dĂ©clarent qu’« une comprĂ©hension plus claire des contributions relatives des facteurs perceptuels et non sensoriels, unimodaux et supra modaux Ă  la performance aux tests psychoacoustiques pourrait bien ĂȘtre la clĂ© pour dĂ©mĂȘler la prĂ©sentation clinique de ces individus »[45].

DĂ©pendamment de la façon dont il est dĂ©fini, le TTA peut partager des symptĂŽmes communes avec le TDA/TDAH, certains troubles du langage et le trouble du spectre de l’autisme[76]. Une revue a montrĂ© des preuves substantielles du traitement atypique des informations auditives chez les enfants autistes. Une revue Ă  dĂ©montrer que chez les enfants autistes, il y a un traitement atypique sur les informations auditives. Dawes et Bishop ont notĂ© que les spĂ©cialistes en audiologie et en orthophonie adoptaient souvent des approches diffĂ©rentes pour l’évaluation de l’enfant, et ils ont conclu leur examen comme suit : « Nous considĂ©rons qu’il est crucial que ces diffĂ©rents groupes professionnels travaillent ensemble pour effectuer l’évaluation, le traitement et la gestion des enfants et d’entreprendre des recherches interdisciplinaires »[77]. Cependant, en pratique, cela semble plutĂŽt rare.

Pour s’assurer que le TTA est correctement diagnostiquĂ©, les examinateurs doivent diffĂ©rencier le TTA des autres troubles prĂ©sentant des symptĂŽmes similaires. Les facteurs qui doivent ĂȘtre pris en compte lors du diagnostic sont : l’attention, la neuropathie auditive, la fatigue, l’ouĂŻe et la sensibilitĂ©, l’ñge intellectuel et dĂ©veloppemental, les mĂ©dicaments, la motivation, les habiletĂ©s motrices, la langue maternelle et l’expĂ©rience linguistique, les stratĂ©gies de rĂ©ponse, le style de prise de dĂ©cision et l’acuitĂ© visuelle[16].

Il est Ă©galement important de noter que les enfants de moins de sept ans ne peuvent pas ĂȘtre Ă©valuĂ©s parce que leur capacitĂ©s langagiĂšres et leurs processus auditifs sont encore en dĂ©veloppement[78].

Caractéristiques

Le TTA peut se manifester par des problĂšmes de localisation des sons, des difficultĂ©s Ă  percevoir les diffĂ©rences entre les sons de la parole et la segmentation des sons en mots, la confusion des sons similaires comme « hat» et «bat». Une autre difficultĂ© pourrait ĂȘtre par rapport Ă  la dĂ©tection des Ă©carts entre les mots, donc la personne affectĂ©e pourrait percevoir moins de mots comparativement Ă  ce qui a Ă©tĂ© rĂ©ellement prononcĂ©s, ceci donne l’impression que quelqu’un utilise des mots inconnus ou absurdes. De plus, il est frĂ©quent que le TTA provoque des erreurs de la parole impliquant la distorsion et la substitution de sons consonantiques[79]. Les personnes atteintes de TTA peuvent avoir des problĂšmes pour lier ce qui a Ă©tĂ© dit avec sa signification, malgrĂ© la reconnaissance Ă©vidente qu’un mot a Ă©tĂ© dit[80].

Le bruit de fond, comme le son d’une radio, d’une tĂ©lĂ©vision ou d’un bar bruyant peut rendre difficile, voire impossible la comprĂ©hension de la parole, car les mots prononcĂ©s peuvent sembler dĂ©formĂ©s en mots non pertinent ou en mots qui n’existent pas. Cette capacitĂ© peut varier selon la gravitĂ© du TTA. L’utilisation d’un tĂ©lĂ©phone peut ĂȘtre problĂ©matique pour une personne souffrant de troubles du traitement auditif peut aussi s’avĂ©rer plus difficile en raison d’un son de mauvaise qualitĂ©, d’un signal mĂ©diocre, de sons intermittents et du «hachage» des mots. De nombreuses personnes atteintes de troubles du traitement auditif dĂ©veloppement inconsciemment des stratĂ©gies d’adaptation visuelles, telles que la lecture labiale, la lecture du langage corporel (le non-verbal) et le contact visuel, pour compenser leur dĂ©ficit auditif et ces stratĂ©gies d’adaptation ne sont pas disponibles lorsqu’elles utilisent un tĂ©lĂ©phone[81].

Signes et symptĂŽmes

Plusieurs personnes peuvent avoir des difficultĂ©s d’apprentissage et dans leurs tĂąches quotidiennes. Les difficultĂ©s peuvent varier selon les capacitĂ©s auditives touchĂ©es et la sĂ©vĂ©ritĂ© du TTA. Les symptĂŽmes peuvent inclure, mais ne sont pas limitĂ©s Ă [82] :

  • difficultĂ©s de comprĂ©hension en prĂ©sence de bruit de fond ou dans un milieu oĂč il y a de la rĂ©verbĂ©ration
  • demandes frĂ©quentes de rĂ©pĂ©tition ou de reformulation
  • difficultĂ©s Ă  localiser la source d’un bruit
  • difficultĂ©s Ă  comprendre au tĂ©lĂ©phone
  • difficultĂ©s acadĂ©miques, incluant la lecture, l'Ă©pellation et/ou des troubles d’apprentissage
  • difficultĂ©s dans l’apprentissage d’une langue seconde ou de nouveau matĂ©riel linguistique, particuliĂšrement lorsqu’il s'agit d’un langage plus technique
  • difficultĂ©s Ă  maintenir son attention
  • tendance Ă  ĂȘtre facilement distrait
  • difficultĂ©s Ă  suivre une conversation, surtout si les Ă©changes sont rapides
  • difficultĂ©s Ă  suivre des consignes
  • difficultĂ©s ou incapacitĂ© Ă  dĂ©tecter des changements subtils dans la prosodie (par exemple dans l’humour ou le sarcasme)
  • pauvres habiletĂ©s musicales ou au chant et/ou faible apprĂ©ciation de la musique
  • donne des rĂ©ponses inappropriĂ©es ou inconsistantes

Relation avec le trouble du dĂ©ficit de l’attention avec ou sans hyperactivitĂ©

Il a Ă©tĂ© dĂ©couvert que le TTA et le TDAH prĂ©sentent des symptĂŽmes communs. Ci-dessous sont classĂ©s en ordre certains des symptĂŽmes comportementaux les plus frĂ©quemment observĂ©s dans chacun des troubles[83]. Ce tableau montre qu’à cause de la similaritĂ© des symptĂŽmes, il est facile de confondre bon nombre d’entre eux.

TDAH TTA
1. Inattentif·ve 1. Difficultés à entendre en présence de bruit de fond
2. Distrait·e 2. Difficultés à suivre des instructions données oralement
3. Hyperactif·e 3. Faibles capacitĂ©s d’écoute
4. Agité·e 4. Difficultés académiques
5. Impatient·e ou impulsif·ive 5. Faibles capacitĂ©s d’association auditive
6. Interrompt ou s’immisce 6. Distrait·e
7. Inattentif·ive

D’ailleurs, lorsque les critĂšres de diagnostic du TTA et du TDAH sont appliquĂ©s, ces deux troubles coexistent frĂ©quemment. Les raisons de ce chevauchement ne font toujours pas l’objet d’un consensus, les thĂ©ories Ă©tant multiples (diagnostic erronĂ©, comorbiditĂ©, rĂŽle causal du TTA dans le TDAH, etc.). Cacace et McFarland (2006)  avancent l’idĂ©e que ce problĂšme pourrait ĂȘtre rĂ©solu par des Ă©tudes conçues pour Ă©valuer la spĂ©cificitĂ© de la modalitĂ© des effets. La thĂ©orie Ă©tant que lorsque l’on est qu’en prĂ©sence d’un TTA, la modalitĂ© auditive Ă©tant la seule affectĂ©e, seuls les tests auditifs seraient touchĂ©s. D’un autre cĂŽtĂ©, si l’on est en prĂ©sence d’un TDAH, plus d’une modalitĂ© serait touchĂ©e (auditive, visuelle, tactile)[84].

Relation avec le trouble développemental du langage et la dyslexie

Il y a eu un débat considérable avec la relation entre le TTA et le trouble développemental du langage (TDL).

Le TDL peut ĂȘtre diagnostiquĂ© lorsqu’un enfant Ă©prouve des difficultĂ©s importantes dans le dĂ©veloppement, l’apprentissage et la maĂźtrise du langage, les difficultĂ©s pouvant affecter tant la comprĂ©hension que l’expression. Les enfants avec TDL peuvent avoir des atteintes dans une ou plusieurs des sphĂšres du langage (phonologie/production des sons, morphosyntaxe, sĂ©mantique/vocabulaire et pragmatique/discours). Ce trouble neurodĂ©veloppemental est prĂ©sent dĂšs la naissance et ne peut ĂȘtre associĂ© Ă  une cause biomĂ©dicale comme une surditĂ©[85]. Cependant, lorsqu’un enfant a Ă  la fois des problĂšmes auditifs et linguistiques, il peut ĂȘtre difficile de dĂ©terminer la causalitĂ© en jeu[86].

Du cĂŽtĂ© de la dyslexie, les chercheurs continuent d'explorer l'hypothĂšse selon laquelle les problĂšmes de lecture apparaissent comme une consĂ©quence des difficultĂ©s de traitement auditif. Encore une fois, la cause et l'effet peuvent ĂȘtre difficiles Ă  dĂ©mĂȘler. C'est l'une des raisons pour lesquelles certains experts ont recommandĂ© d'utiliser des tests auditifs non verbaux pour diagnostiquer le TTA[72].

Le TTA peut ĂȘtre Ă©valuĂ© en utilisant des tests qui impliquent l’identification, la rĂ©pĂ©tition et la discrimination de la parole[77]. Ainsi, un enfant ayant un trouble du langage plutĂŽt qu’un TTA pourrait obtenir de moins bonnes performances. Une Ă©tude comparant des enfants avec un diagnostic de dyslexie et d’autres ayant un diagnostic de TTA a trouvĂ© que les deux groupes ne pouvaient pas ĂȘtre distinguĂ©s[87] - [88] - [89]. D’autres rĂ©sultats analogues ont Ă©tĂ© observĂ©s dans des Ă©tudes comparant des enfants ayant un TTA ou un trouble de langage, les deux groupes prĂ©sentant des caractĂ©ristiques diagnostiques similaires[90] - [91]. Ainsi, le diagnostic qu’un enfant reçoit pourrait dĂ©pendre du spĂ©cialiste consultĂ© : un mĂȘme enfant qui pourrait ĂȘtre diagnostiquĂ© avec un TTA par un audiologiste pourrait plutĂŽt recevoir un diagnostic de TDL ou de dyslexie par un orthophoniste[72]. C’est pourquoi certaines prĂ©cautions sont prises lors d’un diagnostic de TTA notamment quant aux types de tests utilisĂ©s.

Prise en charge

Les options de traitement s’offrant aux patients diagnostiquĂ©s du trouble de traitement auditif sont prĂ©sentement limitĂ©es Ă  la gestion des symptĂŽmes connexes pouvant avoir un impact sur le traitement auditif . Il est toutefois possible de limiter l'impact nĂ©gatif du TTA au moyen d'une intervention rapide et individualisĂ©e[92]. Voici quelques exemples des options de traitement:

  • Microphone dĂ©portĂ© portĂ© au cou (SystĂšme personnel de communication Ă  transmission du signal sonore sans fil)
    Appareils auditifs : Les appareils auditifs sont une des options de traitement pour le TTA. Ils peuvent aider Ă  amĂ©liorer la comprĂ©hension de la parole en amplifiant les sons et en les dirigeant directement dans l'oreille. De plus, il est possible d'utiliser l'appareil auditif avec ou sans amplification en combinaison avec un systĂšme personnel de communication Ă  transmission du signal sonore sans fil qui transfert la parole directement Ă  l'oreille afin d’amĂ©liorer la comprĂ©hension de la parole dans des environnements plus difficiles[93]. L'appareillage auditif peut ĂȘtre adaptĂ© aux besoins individuels de chaque patient, en fonction de la gravitĂ© de leur TTA, de la prĂ©sence ou non d'une surditĂ© et de leur style de vie. L'utilisation d'un appareil auditif peut significativement amĂ©liorer la qualitĂ© de vie des personnes souffrant de TTA en permettant entre autres de mieux entendre les conversations, la tĂ©lĂ©vision et la musique, ce qui peut contribuer Ă  maintenir les relations sociales et Ă  prĂ©venir la solitude. De plus, l'utilisation d'un appareil auditif peut aider les personnes souffrant de TTA Ă  mieux suivre les instructions et Ă  amĂ©liorer leur sĂ©curitĂ© dans les environnements bruyants en augmentant le ratio signal/bruit. Plus particuliĂšrement pour les enfants d’ñge scolaire,  une Ă©tude de S. Purdy & W. Keith (2014)[94] rapportait des amĂ©liorations dans la comprĂ©hension de l'enseignant, l'attention, le comportement, le suivi des instructions, la participation aux discussions en classe, la contribution aux travaux en groupe, l’attention au multimĂ©dia, la volontĂ© de rĂ©pondre aux questions, la rĂ©ponse aux questions de maniĂšre appropriĂ©e et pertinente, les dictĂ©es, le rythme d'apprentissage et les rĂ©sultats scolaires. Il est important de noter que l'utilisation d'un appareil auditif n'est pas une solution permanente pour le TTA. Les appareils auditifs peuvent aider Ă  amĂ©liorer l'audition, mais ils ne peuvent pas guĂ©rir le TTA. Il est important de consulter un professionnel de la santĂ© pour Ă©valuer les besoins en matiĂšre d'appareillage auditif et de planifier un suivi rĂ©gulier pour s'assurer de la qualitĂ© de l'audition.
  • ThĂ©rapie de rĂ©adaptation auditive: La thĂ©rapie de rĂ©adaptation auditive peut aider Ă  renforcer les capacitĂ©s auditives restantes d'une personne atteinte de TTA. Elle peut inclure des exercices d'Ă©coute, des techniques de mĂ©morisation et d'autres stratĂ©gies pour aider Ă  mieux comprendre la parole dans des environnements bruyants ou complexes. À titre d'exemple, le programme Chasse & PĂȘche[95] aide la clientĂšle pĂ©diatrique Ă  devenir plus autonome dans la communication. Wright & Zhang (2009)[96] font d’ailleurs Ă©tat de l’importance des thĂ©rapies sur plusieurs sessions, permettant un entraĂźnement plus spĂ©cifique. Durant une thĂ©rapie de rĂ©adaptation auditive, il est attendu qu'il y ait un transfert direct entre les compĂ©tences travaillĂ©es et les performances auditives dans des tĂąches connexes. Chez les enfants, ces thĂ©rapies sont souvent prĂ©sentĂ©es sous forme de jeux, au moyen desquels on cherche Ă  amĂ©liorer les performances d'Ă©coute dans le bruit[97]. Finalement, l'attention auditive demeure un Ă©lĂ©ment clĂ© Ă  travailler durant ces interventions.
  • Stimulation cĂ©rĂ©brale non invasive: La stimulation cĂ©rĂ©brale non invasive, comme la stimulation magnĂ©tique transcrĂąnienne (TMS) ou la stimulation Ă©lectrique transcrĂąnienne (TES), pourrait possiblement aider Ă  amĂ©liorer la comprĂ©hension de la parole chez les personnes atteintes de TTA en stimulant les rĂ©gions du cerveau impliquĂ©es dans la perception auditive (Andrea L. et al., 2011)[98]. Plusieurs Ă©tudes et essais cliniques sont actuellement en cours et pourraient donner accĂšs Ă  ces soins dans les prochaines annĂ©es (Heimrath K. 2016)[99].
  • MĂ©dicaments: Certains mĂ©dicaments peuvent aider Ă  traiter les symptĂŽmes du TTA en rĂ©duisant les effets additifs de certaines comorbiditĂ©s. Il est toutefois important de consulter un mĂ©decin avant de prendre tout mĂ©dicament pour le TTA. Les mĂ©dicaments peuvent causer des effets secondaires et peuvent interagir avec d'autres mĂ©dicaments. Le mĂ©decin peut Ă©valuer les besoins individuels et recommander un traitement adaptĂ©.
  • ThĂ©rapie cognitive et comportementale : La thĂ©rapie cognitive et comportementale peut aider les personnes atteintes de TTA Ă  gĂ©rer le stress et l'anxiĂ©tĂ© liĂ©s Ă  leur condition, ce qui peut en retour amĂ©liorer leur capacitĂ© Ă  comprendre la parole[100].

Outre ces interventions, il demeure primordial d'agir sur l'environnement de travail dans le but de limiter le bruit ambiant. À titre d'exemple, il est possible de limiter la rĂ©verbĂ©ration des locaux utilisĂ©s, insonoriser les piĂšces ainsi qu'agir directement Ă  la source du bruit. Ces interventions augmenteront entre autres l'efficacitĂ© de l'utilisation du systĂšme personnel de communication Ă  transmission du signal sonore sans fil. Au besoin, des ergothĂ©rapeutes devraient ĂȘtre consultĂ©s afin d'adapter l'environnement des personnes ayant un TTA.

Il est important de noter que le trouble de traitement auditif peut ĂȘtre un problĂšme complexe et qu'il peut ĂȘtre nĂ©cessaire de combiner plusieurs de ces traitements pour obtenir les meilleurs rĂ©sultats. De plus, les traitements peuvent varier en fonction de la cause sous-jacente du TTA et de la gravitĂ© des symptĂŽmes.

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