AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Thalamus

Le thalamus (du grec ÎžÎŹÎ»Î±ÎŒÎżÏ‚, chambre Ă  coucher) est une structure anatomique paire de substance grise cĂ©rĂ©brale diencĂ©phalique. Les deux thalamus sont situĂ©s de part et d'autre du IIIe ventricule dont ils constituent les parois latĂ©rales. SituĂ© en position intermĂ©diaire entre cortex et tronc cĂ©rĂ©bral, le thalamus a principalement une fonction de relais et d'intĂ©gration des affĂ©rences sensitives et sensorielles et des effĂ©rences motrices, ainsi que de rĂ©gulation de la conscience, de la vigilance et du sommeil.

Vue tridimensionnelle du thalamus (en rouge).
Vue tridimensionnelle du thalamus humain (en rouge).
Thalamus (vue antérolatérale).
Thalamus (vue supérieure).

On doit la dénomination du thalamus à Galien qui lui donna le nom de couche optique (thalamus nervorum opticorum, le mot thalamos signifiant littéralement dans ce contexte chambre nuptiale ou plus exactement couche nuptiale[note 1]), car aux yeux des premiers anatomistes qui disséquaient le cerveau en partant de sa face inférieure, les voies optiques semblaient étendues sur cette couche[1].

Anatomie

Morphologie

Les deux noyaux thalamiques se présentent comme deux masses ovoïdes de substance grise, obliques en avant et en dedans selon un axe d'environ 60°, à grosse extrémité postérieure (pulvinar) et essentiellement en rapport avec :

  1. En dedans, le troisiÚme ventricule et les ventricules latéraux ;
  2. Au-dessus, la tĂȘte et le corps du noyau caudĂ© dont ils sont sĂ©parĂ©s par le sillon thalamo-striĂ© ;
  3. En bas, la rĂ©gion sous-thalamique incluant la zona incerta, le noyau sous-thalamique et la substantia nigra (plus prĂ©cisĂ©ment, en avant : le champ de Forel H1 ou champ pĂ©rizonal[note 2] - [2], oĂč se situe le faisceau thalamique, et, en arriĂšre : le tegmentum mĂ©sencĂ©phalique avec le neorubrum) ;
  4. En dehors, la capsule interne.

La face mĂ©diale des thalamus est limitĂ©e en haut par le pĂ©doncule antĂ©rieur de l'Ă©piphyse, ou habenula, et, en bas, par le sillon hypothalamique (de Monro). Les deux thalamus peuvent ĂȘtre rĂ©unis par une commissure grise interthalamique situĂ©e dans le IIIe ventricule.

Au sein et autour des deux thalamus se rencontrent des cloisons fibreuses formĂ©es de fibres myĂ©linisĂ©es, appelĂ©es « lames mĂ©dullaires Â». À l'intĂ©rieur de deux thalamus, se trouve la lame mĂ©dullaire interne qui bifurque en avant et en arriĂšre, laissant apparaĂźtre des compartiments extramĂ©dullaires (antĂ©rieur, latĂ©ral, postĂ©rieur et dorso-mĂ©dian) et intramĂ©dullaires oĂč se logeront des subdivisions nuclĂ©aires thalamiques. La rĂ©gion latĂ©rale des thalamus est recouverte de la lame mĂ©dullaire externe laquelle est sĂ©parĂ©e de la capsule interne par le noyau rĂ©ticulaire du thalamus, tandis que la rĂ©gion dorso-mĂ©diale est recouverte par le stratum zonale, incluant le pulvinar.

Chacun des noyaux thalamiques est subdivisé en différents sous-noyaux en fonction de leur localisation et de leurs afférences/efférences notamment corticales, striatales et cérébelleuses :

  1. Noyau antérieur (antérodorsal, antéroventral, antéromédial) ;
  2. Noyau ventral antérieur ;
  3. Noyau ventral latéral (antérieur, postérieur, médian) ;
  4. Noyau ventral postérieur (médial, latéral, inférieur) ;
  5. Noyau latéral dorsal ;
  6. Noyau latéral postérieur ;
  7. Noyau dorsomédian (magnocellulaire, parvocellulaire, paralaminaire) ;
  8. Pulvinar (postérieur, latéral, médian, inférieur) ;
  9. Noyaux intralaminaires (rostraux : paracentral, central latéral, centro-médian, et caudaux : parafasciculaire, centro-médian) ;
  10. Noyaux médians (paratenial, paraventriculaire, reuniens) ;
  11. Noyaux postérieurs (supragéniculé, limitans, posterieur) ;
  12. Corps genouillés médian et latéral ;
  13. Noyau réticulaire.

Les efférences issues du thalamus forment les pédoncules thalamiques antérieur, latéral, supérieur, postérieur et ventral.

Afférences et efférences

  1. Noyau antérieur : des corps mammillaires, prétectum/ vers les cortex cingulaire, rétrosplénial et subiculaire ;
  2. Noyau ventral antérieur : du pallidum, de la substance noire/ vers les cortex préfrontal et cingulaire ;
  3. Noyau ventral latéral : du pallidum, de la substance noire, des noyaux cérébelleux profonds/ vers les cortex prémoteur et moteur ;
  4. Noyau ventral postérieur : du lemniscus médian et trigéminal, faisceau néospinothalamique, faisceau trigéminothalamique, du pédoncule cérébelleux, des faisceaux vestibulothalamique et solitariothalamique/ vers le cortex sensoriel primaire S1 (BA 3/1/2) et secondaire S2, l'insula, le cortex vestibulaire ;
  5. Noyau latéral dorsal : connexions réciproques avec les cortex cingulaire, rétrosplénial et subiculaire ;
  6. Noyau latéral postérieur : colliculus supérieur, prétectum, lobules pariétaux supérieur et inférieur, lobe occipital (BA 17/18/19) ;
  7. Noyau dorsomédian :
    1. Pour la pars parvocellularis (latérale) : colliculus supérieur, noyau vestibulaire, substance noire/ vers le cortex préfrontal et frontal (BA 8),
    2. Pour la pars magnocellularis (médiale) : amygdale latérale, pallidum ventral/ vers les cortex orbitofrontal, préfrontal médial (connexions réciproques), et temporal médial et polaire ;
  8. Pulvinar : cortex associatifs pariétal, occipital et temporal, lobule pariétal supérieur, pÎle temporal, sillon temporal supérieur, cortex inférotemporal, colliculus supérieur et prétectum ;
  9. Noyaux intralaminaires : des faisceaux spinothalamique et trigéminothalamique, pallidum, cervelet, formation réticulée du tronc cérébral surtout ponto-mésencéphalique, connexions réciproques avec les cortex préfrontal, cingulaire et sensorimoteur/ vers le putamen et le noyau caudé ;
  10. Corps genouillé médian : du lemniscus latéral / vers le cortex auditif primaire (gyrus de Heschl : BA 41) et secondaire (BA 42) au niveau de la premiÚre circonvolution temporale ;
  11. Corps genouillé latéral : de la rétine (15 %) par le nerf optique, du cortex occipital (BA 17/18)/ vers le cortex visuel primaire (BA 17) ;
  12. Noyau réticulaire : de collatérales des noyaux thalamiques dorsaux, et du cortex cérébral / vers les noyaux thalamiques dorsaux.

Histologie

Le thalamus renferme :

  1. Des neurones relais activateurs glutaminergiques ;
  2. Des neurones relais inhibiteurs GABAergiques au sein du noyau réticulaire ;
  3. Des interneurones inhibiteurs GABAergiques (environ 25 % chez le primates) avec ou sans axones.

Les neurones et interneurones GABAergiques possĂšdent des extrĂ©mitĂ©s dendritiques « axoniformes Â» d'aspect variqueux, contenant des vĂ©sicules et rĂ©alisant des synapses « en passant Â» avec d'autres neurones. Les dendrites des neurones rĂ©ticulaires peuvent aussi se connecter entre eux par des jonctions communicantes.

Les afférences sensorielles font synapses au sein de glomérules avec les neurones relais et les interneurones. Ces glomérules sont recouverts par une enveloppe gliale (astrocytaire). Cette glie participe activement au fonctionnement de la synapse : par exemple, elle dispose de récepteurs postsynaptique au Glutamate lesquels, activés, peuvent provoquer une libération gliale de D-sérine qui se fixe, à son tour, sur les sites glycinergiques des récepteurs neuronaux NMDA.

Neurophysiologie

Le thalamus renferme des neurones de projections et des interneurones GABAergiques lesquels exercent un effet inhibiteur postsynaptique via des rĂ©cepteurs postsynaptiques ionotropes GABA-A ou mĂ©tabotropes GABA-B. Le noyau rĂ©ticulaire se compose Ă©galement de neurones inhibiteurs GABAergiques qui reçoivent des affĂ©rences de collatĂ©rales des neurones thalamo-corticaux ainsi que des cellules pyramidales du cortex cĂ©rĂ©bral de la couche 6, et se projettent, Ă  leur tour, sur les neurones thalamiques relais. Le post-potentiel inhibiteur qu'ils gĂ©nĂšrent au sein des neurones thalamocorticaux peut ĂȘtre suivi par une bouffĂ©e de potentiels d'action (activitĂ© de rebond), parfois de maniĂšre oscillatoire par la mise en jeu de conductances calciques de bas seuil. Le noyau rĂ©ticulaire est particuliĂšrement impliquĂ© dans la genĂšse des fuseaux du sommeil (spindles) lors du sommeil lent.

Les neurones cortico-thalamiques provoquent chez leurs cibles une activation des récepteurs NMDA et surtout AMPA des neurones relais ainsi que leur inhibition di-synaptique et GABAergique par activation des interneurones locaux et des neurones réticulaires.

Les neurones thalamo-corticaux peuvent gĂ©nĂ©rer deux types diffĂ©rents de dĂ©charges : toniques et phasiques (burst). Lors d'une dĂ©charge tonique, une stimulation efficace > −65 mV entraĂźne l'Ă©mission de potentiels d'action Na+-dĂ©pendants (spike). La rĂ©ponse du neurone est alors linĂ©aire et « reflĂšte Â» l'activation affĂ©rente. Lors d'une dĂ©charge phasique, une hyperpolarisation aux alentours de −55 mV, par exemple aprĂšs inhibition ou rĂ©duction des activations, peut entraĂźner l'activation de conductances somato-dendritiques, Ca2+-dĂ©pendantes de bas seuil (iT) suivie d'une pĂ©riode rĂ©fractaire. La rĂ©ponse alors observĂ©e est non linĂ©aire et dĂ©pend de l'Ă©tat passĂ© du neurone. La transition inactivation → activation de iT dure environ 100 ms.

Il peut aussi en rĂ©sulter une activitĂ© oscillatoire par l’interaction entre la conductance iT et une conductance cationique (ih) activĂ©e (plus prĂ©cisĂ©ment dĂ©sinactivĂ©e) par une hyperpolarisation aux alentours de −60 mV. Il en rĂ©sulte l'enchaĂźnement suivant des recrutements des conductances membranaires : hyperpolarisation → activation/dĂ©sinactivation de ih ⇒ dĂ©polarisation infraliminaire membranaire → activation de iT ⇒ dĂ©polarisation membranaire supraliminaire → bouffĂ©e de potentiel d'action Na+/K+-dĂ©pendants + inactivation ih et iT → hyperpolarisation ⇒ activation/dĂ©inactivation de ih, et ainsi de suite. Cette activation oscillatoire est Ă  la base du rythme delta observĂ© au cours du sommeil lent et est caractĂ©ristique de cet Ă©tat de conscience.

Le type d'activité des neurones thalamiques, tonique, phasique et oscillatoire, dépend donc de la valeur de la polarisation membranaire, donc des caractéristiques de leurs afférences (activatrices, inhibitrices, fréquence et durée de stimulation...). Les afférences comprennent aussi des entrées modulatrices noradrénergiques (locus coeruleus{'), histaminergique (noyau tubéromammillaire), acétyl-choline (noyaux pédunculopontique et tegmental latérodorsal) et sérotoninergique (raphé) qui peuvent modifier la polarité membranaire. Il peut s'agir selon la nature du récepteur postsynaptique soit d'une dépolarisation membranaire par réduction de courants de fuite au potassium (iKL) favorisant ainsi des décharges toniques, soit un accroissement de l'activation de la conductance ih favorisant le mode phasique.

Fonction

Le thalamus serait impliqué :

  1. À l'Ă©tat de veille, dans le transfert et filtrage des informations sensorielles pĂ©riphĂ©riques spĂ©cifiques vers le cortex ou des signaux transitant par des boucles cortico-thalamo-corticales (systĂšme striatal et cĂ©rĂ©belleux), et dans l'activation non spĂ©cifique du cortex cĂ©rĂ©bral (vigilance) via les projections corticopĂštes diffuses des noyaux intralaminaires ;
  2. Lors du sommeil lent, dans la déconnexion du cortex d'avec les stimulations sensorielles, et dans des processus de consolidation mnésique en stimulant des processus Ca2+-dépendants au sein du cortex cérébral.

La formation réticulée activatrice (notamment par les projections acétyl-cholinergiques) contrÎle le mode de fonctionnement du thalamus (tonique versus phasique = veille/REM versus sommeil lent), et donc la transition veille/sommeil.

Il a été également suggéré que l'activité phasique et non linéaire des neurones thalamiques durant l'état de veille pouvait servir comme indicateur de stimulus saillant/nouveau pour une réallocation attentionnelle, alors que l'activité tonique et linéaire participerait à l'analyse fine des signaux sensoriels. L'émission d'une bouffée de potentiel d'action jouerait le rÎle de commutateur pour passer en mode tonique.

En effet, la bouffée de potentiel générée à la suite d'un tel stimulus est transmise aux neurones corticaux de la couche 4, mais également via une collatérale aux neurones cortico-thalamiques de la couche 6, lesquels dépolarisent, en retour, les premiers neurones thalamo-corticaux qui passent en mode tonique.

Pathologie

Le syndrome thalamique désigne un ensemble de troubles dont la nature et l'ampleur dépendent de la localisation et de l'étendue de la lésion causale. Parmi les déficits observables, on compte :

  • des troubles sensitifs et douleurs thalamiques ;
  • des troubles moteurs (dĂ©ficit musculaire, syncinĂ©sies, contractures, hĂ©michorĂ©e, astĂ©rixis, myoclonies d'intention et d'action, astasie/abasie, nĂ©gligence motrice) ;
  • extinctions sensorielles ;
  • nĂ©gligence spatiale lors de lĂ©sions prĂ©fĂ©rentielles latĂ©ralisĂ©es Ă  droite ;
  • aphasie lors de lĂ©sions latĂ©ralisĂ©es Ă  gauche (rĂ©duction de la fluence verbale, paraphasies, persĂ©vĂ©rations, agrammatismes).

Notes et références

Notes

  1. C'est à François Chaussier (1746-1828), professeur à la maternité de Paris, que l'on doit l'utilisation de cette acception.
  2. DĂ©signĂ© par la lettre H de l’allemand Haubenfelder « surface dĂ©limitĂ©e sur une sphĂšre Â». Comprend les champs H, H1 et H2, contenant les noyaux homonymes : voir Pierre Kamina (209). Anatomie clinique Tome 5.

Références

  1. P Gailloud, A Carota, J Bogousslavsky et J Fasel, « Histoire de l’anatomie du thalamus de l’antiquitĂ© Ă  la fin du XIXe siĂšcle », Schweiz Arch Neurol Psychiatrl, vol. 154,‎ , p. 49-58. (lire en ligne).
    • [PDF] Pierre Kamina (2009). Anatomie clinique, Maloine Ă©d., (ISBN 978-2-2240-3183-1), Tome 5 page 292 : lire en ligne

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Nieuwenhuys, Voogd, van Huijzen (2008) The human central nervous system. Fourth edition. Springer.
  • (en) Sherman SM, Guillery RW (2006) Exploring the thalamus and its role in cortical function. Second edition. MIT Press.
  • (en) Steriade M, McCormick DA, Sejnowski TJ, « Thalamocortical oscillations in the sleeping and aroused brain Â» Science 1993;262:679-85.
  • (en) McCormick DA, Bal T, « Sleep and arousal: thalamocortical mechanisms Â» Annu. Rev Neurosci. 1997;20:185-215.

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.