Trionyx de Chine
Pelodiscus sinensis
- Trionyx sinensis Wiegmann, 1835
- Trionyx stellatus japonica Temminck & Schlegel, 1834
- Trionyx tuberculatus Cantor, 1842
- Tyrse perocellata Gray, 1844
- Trionyx schlegelii Brandt, 1857
- Landemania irrorata Gray, 1869
- Psilognathus laevis Heude, 1880
- Temnognathus mordax Heude, 1880
- Gomphopelta officinae Heude, 1880
- Coelognathus novemcostatus Heude, 1880
- Tortisternum novemcostatum Heude, 1880
- Ceramopelta latirostris Heude, 1880
- Coptopelta septemcostata heude, 1880
- Cinctisternum bicinctum Heude, 1880
- Trionyx cartilagineus newtoni Ferreira, 1897
- Amyda schlegelii haseri Pavlov, 1932
- Amyda schlegelii licenti Pavlov, 1932
- Amyda schlegelii laoshanica Pavlov, 1933
VU A1d+2d : Vulnérable
Pelodiscus sinensis, la Trionyx de Chine ou Tortue Ă carapace molle de Chine est une espĂšce de tortues de la famille des Trionychidae[1]. Câest une tortue dâeau douce qui a une vaste rĂ©partition allant des bassins de lâOussouri et de lâAmour en Russie, les deux CorĂ©e, la Chine, le Japon jusquâau Vietnam. Mais câest aussi une espĂšce menacĂ©e Ă lâĂ©tat sauvage car elle a Ă©tĂ© abondement prĂ©levĂ©e dans la nature pour ĂȘtre consommĂ©e par les hommes et ĂȘtre employĂ©e dans la pharmacopĂ©e traditionnelle chinoise. Depuis la fin du XXe siĂšcle, de gros investissements ont Ă©tĂ© faits dans de grandes stations dâĂ©levage capables de mettre sur le marchĂ© des centaines de millions de trionyx dâĂ©levage.
Nomenclature et Ă©tymologie
LâespĂšce a reçu sa premiĂšre description zoologique en 1834 par le zoologiste allemand Wiegmann[2] sous le nom de Trionyx sinensis. Le genre Trionyx avait Ă©tĂ© Ă©tabli par le naturaliste Ătienne Geoffroy Saint-Hilaire en 1809. En 1836, le zoologiste autrichien Fitzinger divise le genre Trionyx en cinq sections 1. Trionyx s. str. 2. Aspidonectes 3. Platypeltis 4. Pelodiscus 5. Amyda. Les caractĂšres de Trionix s. str. sont « Ossicula marginalia distincts », ceux de Pelodiscus sont « ossicula marginalia nulla ». Ce nouveau genre, Pelodiscus, crĂ©Ă© par Fitzinger, contient T. sinensis Wiegm[3] qui devient par consĂ©quent Pelodiscus sinensis (Wiegm. 1835)[n 1]. De nouvelles espĂšces de tortue Ă carapace molle ont depuis Ă©tĂ© dĂ©crites : 1) Pelodiscus sinensis 2) P. maacki 3) P. axenaria 4) P. parviformis 5) P. variegatus. Pendant longtemps, les scientifiques ont cru quâil ne sâagissait que dâune seule et mĂȘme espĂšce : la tortue Ă carapace molle de Chine, Pelodiscus sinensis[4].
L'épithÚte spécifique sinensis qui est composé de sin[o], « Chine », et du suffixe latin -ensis, « qui vit dans, qui habite », lui a été donné en référence au lieu de sa découverte.
Description
Pelodiscus sinensis fait partie des tortues dites « molles » car leur carapace supĂ©rieure est souple sur les bords et sans Ă©caille rigide kĂ©ratinisĂ©e. La partie centrale de la dossiĂšre comporte un os comme pour les autres tortues (voir photo ci-dessous). Le corps mesure environ 26-30 cm, un peu plus pour la femelle et un peu moins pour le mĂąle. La carapace est ovale, plate, avec un bord soulignĂ© par un lĂ©ger bourrelet au-dessus du cou et des pattes. Elle est couverte dâune peau douce, de couleur vert olivĂątre ou brun jaunĂątre et peut avoir des taches sombres bordĂ©es de jaune chez les individus plus jeunes. Les mĂąles ont un cou et une queue plus longs que ceux des femelles. Le plastron est blanc grisĂątre[5].
La tĂȘte est assez Ă©paisse, avec deux yeux ronds, prolongĂ©e par un nez, conique Ă la base et tubulaire Ă lâextrĂ©mitĂ©[6] qui leur permet de respirer discrĂštement en surface de lâeau. La gueule nâa pas de dent mais elle est pourvue de mĂąchoires tranchantes. Le cou est long et peut rapidement sâĂ©tirer pour attraper une proie. Les pattes se terminent par cinq doigts palmĂ©s dont les trois intĂ©rieurs sont dotĂ©s de griffes acĂ©rĂ©es[n 2]. La tĂȘte et les membres peuvent ĂȘtre rĂ©tractĂ©s Ă lâintĂ©rieur de la carapace. Comme tous les reptiles, sa tempĂ©rature interne varie et sâaccorde Ă la tempĂ©rature ambiante. Son mĂ©tabolisme dĂ©cline fortement quand la tempĂ©rature de lâeau descend en-dessous de 20 °C[7]. Elle cesse de se nourrir Ă une tempĂ©rature infĂ©rieure Ă 15 °C et entre en hibernation en sâenfouissant dans la boue quand la tempĂ©rature est infĂ©rieure Ă 10 °C. En plus des poumons pour respirer lâair, elle utilise un organe pharyngĂ© avec des branchies semblables Ă des villositĂ©s pour obtenir l'oxygĂšne de l'eau ambiante. Ce qui lui permet dâhiberner sous lâeau pendant de longs mois.
C'est une tortue trÚs vive, bonne nageuse, vorace, dotée d'un assez mauvais caractÚre et qui cherche à mordre lorsqu'elle est manipulée. Certaines populations sont plus agressives que d'autres, comme celle du fleuve Rouge au Vietnam[6].
Les journĂ©es ensoleillĂ©es dâĂ©tĂ©, elles montent sur la berge pour sâexposer au soleil durant 2 Ă 3 heures par jour. Elles se dĂ©barrassent ainsi des pathogĂšnes de surface (bactĂ©ries et champignons) et la lumiĂšre stimule le mĂ©tabolisme du calcium et du phosphore nĂ©cessaire Ă leur carapace osseuse[7].
Alimentation
La tortue Ă carapace molle est principalement carnivore : elle se nourrit de poissons, crevettes, Ă©crevisses, mollusques, insectes vivants ou morts, de charognes, mais aussi de plantes aquatiques et de graines.
Les tortues Ă carapace molles sont voraces et si elles manquent de nourriture, elles peuvent s'entre-dĂ©vorer[5]. Durant le jour, elles se cachent dans lâeau ou sâenfouissent dans le limon, et sortent la nuit pour chercher leur nourriture. Elles ont une disposition agressive comme certains carnivores mais plongent se cacher sous lâeau lorsquâun bruit ou une ombre dâhomme se produisent[8].
Reproduction
Les tortues Ă carapace molle atteignent leur maturitĂ© sexuelle entre 4 et 6 ans. Elles sâaccouplent aussi bien Ă la surface que sous lâeau. La saison de reproduction va du dĂ©but du printemps jusquâĂ la fin de lâautomne. Câest Ă cette Ă©poque quâelles peuvent bĂ©nĂ©ficier de la plage de tempĂ©ratures la plus appropriĂ©e pour la reproduction de 25 Ă 32 °C[8].
Pour sâaccoupler, le mĂąle sâagrippe sur la femelle, tout en lui mordant violemment le cou et les membres. La femelle peut conserver dans ses oviductes des spermatozoĂŻdes viables pendant environ six mois. Elle pondra entre 2 et 5 fois par an dans un trou sur la rive, quâelle creusera et rebouchera. Les nids se composent de 8 Ă 30 Ćufs sphĂ©riques, blancs, dâenviron 20-24 mm mm de diamĂštre.
La durĂ©e dâincubation varie entre 55 et 60 jours. Les nouveau-nĂ©s ont une dossiĂšre presque ronde, olivĂątre, portant des ocelles noirs cerclĂ©s de jaune clair et plusieurs lignes longitudinales de petits tubercules. Les jeunes peuvent grandir trĂšs vite, sans doute pour Ă©chapper aux prĂ©dateurs, et dans les Ă©levages, les juvĂ©niles de 5 g atteignent 1 000 g aprĂšs une seule annĂ©e d'engraissement[6].
Chez les tortues la tempĂ©rature peut « forcer » la dĂ©termination du sexe. Une Ă©tude scientifique chinoise de 2019 laisse penser que l'embryons de P. sinensis dispose, durant un certain temps, d'un certain pouvoir de « choix » de sa destinĂ©e sexuelle, pouvoir qu'il exerce en se dĂ©plaçant vers une zone un peu plus chaude ou fraĂźche dans l'Ćuf. Chez cette espĂšce si tous les embryon peuvent se positionner dans un endroit de l'Ćuf oĂč la tempĂ©rature nâest ni trop chaude ni trop froide (29 °C) pour eux, alors le sex-ratio sera Ă la naissance Ă peu prĂšs parfait[9].
Si cette hypothĂšse est confirmĂ©e chez d'autres espĂšces de tortues, ce comportement pourrait contribuer Ă sauver certaines espĂšces face au rĂ©chauffement climatique, au moins si la tempĂ©rature ne monte pas trop, faute de quoi, il finirait par ne rester que des femelles qui ne seraient plus fĂ©condĂ©es, ce qui condamnerait l'espĂšce[9]. Bien que minuscules, l'embryon se montre dĂ©jĂ capables de dĂ©tecter de petites diffĂ©rences de tempĂ©rature et de sâinstaller dans la partie de l'Ćuf lui donnant la meilleure chance de survie»[9].
Miction orale
Des chercheurs de l'Université de Singapour ont montré que cette tortue excrÚte l'urée seulement à 6 % par le cloaque et à 94 % par la gueule en effectuant des mictions orales dans de l'eau, via sa cavité buccale. Cette particularité est permise par la présence d'un transporteur d'urée débouchant dans la muqueuse buccale alors qu'il est habituellement exprimé dans les reins[10].
La miction via la vessie et le cloaque est consommatrice d'eau. Cette faculté d'uriner par la bouche économise donc de l'eau, ce qui permet à la Trionyx de Chine de vivre dans des eaux de mauvaise qualité car elle a moins besoin d'en ingurgiter, ce qui limite l'exposition de son systÚme digestif au manque d'eau et à la pollution. Elle peut aussi évoluer dans de l'eau salée sans compromettre son équilibre osmotique.
Croissance
La croissance de la tortue Ă carapace molle est relativement lente dans la nature. Par exemple, dans le bassin du Yangzi Jiang, la pĂ©riode dâhibernation peut durer six mois, parce que la tempĂ©rature de lâeau est infĂ©rieure Ă 25 °C. Il lui faudra 4-5 ans pour atteindre une taille commercialisable.
Mais dans des stations dâĂ©levage oĂč la tempĂ©rature de lâeau est maintenue aux environs de 30 °C, avec de lâeau et de la nourriture de bonne qualitĂ©, la croissance est rapide et lâanimal peut atteindre la taille de 400 g, commercialisable, en 8 Ă 12 mois[7].
Habitats
Les tortues molles de Chine vivent en eaux douces Ă faible courant : riviĂšres, lacs, Ă©tangs, toute piĂšce dâeau oĂč poissons et crevettes sont disponibles. Elles sont de trĂšs bonnes nageuses. Elles peuvent monter sur la terre ferme pour se mettre au soleil ou pour pondre.
RĂ©partition
La trionyx de Chine a une large aire de rĂ©partition[1], sâĂ©tendant du nord au sud de lâAsie orientale
- en Russie du sud-est (bassin de l'Oussouri et du fleuve Amour)
- dans les deux Corées
- en Chine dans les provinces du Anhui, du Fujian, du Gansu, du Guangdong, du Guangxi, du Guizhou, de Hainan, du Hebei, du Henan, Ă Hong Kong, du Hubei, du Hunan, du Jiangsu, du Jiangxi, du Shaanxi, du Shandong, du Shanxi, du Sichuan, du Yunnan et du Zhejiang ;
- Ă Taiwan ;
- au Japon dans les ßles Honshƫ, Kyƫshƫ et Shikoku.
- au ViĂȘt Nam.
Elles ont été introduites et se sont naturalisées au Japon dans les ßles Bonin et Nansei, en Thaïlande, en Malaisie, à Singapour, en Indonésie, au Timor oriental, aux Philippines, aux ßles Mariannes du Nord, à Guam, à Hawaï et en Espagne (au Sud, dans les marais du Guadalquivir)[11].
En France, les individus présents dans le milieu naturel sont des animaux échappés de captivité ou relùchés volontairement. Cependant, contrairement à la Tortue de Floride, sa présence en milieu naturel est anecdotique et ne semble pas présenter de risque de naturalisation[12].
Statut de conservation UICN
Dans la Liste rouge des espÚces menacées de l'IUCN, Pelodiscus sinensis est classée « espÚce vulnérable »[13]. On assiste à un déclin continu des populations sauvages.
Selon les chercheurs Shi haitao et al.[14] (2008), l'une des principales menaces à la survie des tortues asiatiques est la demande en Chine de tortues à des fins de consommation alimentaire et médicinale.
La nouvelle prospĂ©ritĂ© chinoise a rĂ©activĂ© les anciennes routes commerciales vers lâAsie comme les doigts dâune main, pour ramener vers le marchĂ© chinois une multitude dâespĂšces sauvages de tortues. On peut voir sur les marchĂ©s de produits frais, ces animaux vivants horriblement maltraitĂ©s, attendant dâĂȘtre vendus pour lâalimentation des hommes ou pour servir de remĂšdes Ă la mĂ©decine chinoise traditionnelle (James E. Barzyck[15]).
Ălevage
La tortue molle Pelodiscus sinensis est lâespĂšce de tortue Ă ĂȘtre la plus communĂ©ment Ă©levĂ©e en Chine, au Japon et en Asie du Sud-Est[8]. Plus de 1500 mĂ©ga-fermes dâĂ©levage existent dans le sud de la Chine[14]. Des fermes dâĂ©levage de tortues molles existent aussi dans la Russie extrĂȘme-orientale, la CorĂ©e, Timor (IndonĂ©sie), Japon, et ThaĂŻlande.
Les aliments pour tortues sont faits de poissons de faible valeur marchande, de crevettes, vers, escargots, de granulĂ©s ou de composition maison (mĂ©lange de son de riz, patate douce, tourteaux de soja et dâenzymes digestives).
Utilisations
Alimentaire
La tortue molle Pelodiscus sinensis est trĂšs apprĂ©ciĂ©e pour sa chair dĂ©licate dans tous les pays dâAsie orientale. Selon la description de China Daily « Les tortues Ă carapace molle sont connues pour leur goĂ»t merveilleux, leur grande valeur tonique et mĂȘme leur « effet magique » pour amĂ©liorer la virilitĂ©. Elles figurent sur la liste des prescriptions de certains mĂ©decins traditionnels pour les patients souffrant de faiblesse physique, en particulier pour les femmes aprĂšs la grossesse »[16].
Les recettes chinoises de soupe de tortue Ă carapace molle consistent toutes essentiellement Ă blanchir la tortue dans de lâeau Ă 80 °C, puis Ă couper lâanimal en morceaux et Ă faire frire avec des morceaux de poulet, de lâoignon, du gingembre, de la biĂšre (ou du vin de cĂ©rĂ©ale), des baies de goji, du sel, du poivre, du sucre, etc. (voir recette en ligne[17], ou recette traditionnelle « cruelle »[18]). En CorĂ©e, une soupe de carpe et de tortue Ă carapace molle, nommĂ©e Yongbongtang, est une spĂ©cialitĂ© qui fait la rĂ©putation de la ville de Yeoju.
Dans un rapport de 1930, Soame Jenyns indique que les restaurants de Canton les avaient importĂ©es du Guangxi en grand nombre, et quâelles « Ă©taient mangĂ©es avec des amandes, rĂŽties Ă la sauce chili ou frits avec des pousses de bambous, elles Ă©taient considĂ©rĂ©es comme de grandes dĂ©licatesses »[19].
En raison de la demande croissante et de la chasse excessive, le prix de Pelodiscus sinensis en Chine a grimpĂ© en flĂšche au milieu des annĂ©es 1990. Pour ramener les prix Ă un niveau plus abordable, les autoritĂ©s chinoises ont investi dans de grandes stations dâĂ©levage de tortues et dâinonder le marchĂ© de centaines de millions dâanimaux dâĂ©levage.
LâenquĂȘte de terrain de Shi Taito et al.[14], menĂ©e auprĂšs des 1 500 mĂ©ga-fermes dâĂ©levage de tortues, a conduit Ă estimer en 2008 que plus de 300 millions de tortues sont vendues par an, pour une valeur de 750 millions USD. Bien que la majeure partie de ces tortues soient des tortues Ă carapace molle commune Pelodiscus sinensis, de nombreuses autres espĂšces sont Ă©galement Ă©levĂ©es, y compris des espĂšces en danger critique d'extinction. Mais ces donnĂ©es ont Ă©tĂ© Ă©tablies Ă partir des 46 % des fermes qui ont rĂ©pondu aux enquĂȘteurs. En tenant compte des 54 % de celles qui nâont pas rĂ©pondu, les chercheurs estiment le commerce des tortues captives est probablement « une industrie de plusieurs milliards de dollars ». En raison de la compĂ©tition entre gros producteurs, les techniques dâĂ©levage sont tenues secrĂštes.
MĂ©dicinales
Parmi les 64 substances animales de la premiĂšre pharmacopĂ©e chinoise, le Shennong bencao jing, figure la carapace de tortue molle (éłçČ BiÄ jiÇ). Elle est rĂ©putĂ©e « Traiter les concrĂ©tions, conglomĂ©rations, les duretĂ©s, accumulations dans le cĆur et l'abdomen, le froid et le chaud, glomus pi, polypes, Ă©rosion gĂ©nitale, hĂ©morroĂŻdes, et la chair maligne »[n 3] - [20].
Le mĂ©decin et pharmacologue Li Shizhen Ă la fin du XVIe siĂšcle, a consacrĂ© une longue notice aux tortues Ă carapace molle (æ°ŽéŸ shuigui) qui continue Ă faire autoritĂ© (Bencao gangmu[21]). La carapace de trionyx de Chine éŸçČ guijia est bonne pour la carence en yin et la faiblesse du sang (éŽèèĄćŒ±) ; elle est classĂ©e parmi les drogues « toxique » (youdu ææŻ) câest-Ă -dire ayant une valeur thĂ©rapeutique puissante. Par contre la chair rou è est classĂ©e non toxique (wudu æ æŻ) câest-Ă -dire un produit Ă consommer dans un rĂ©gime diĂ©tĂ©tique, visant Ă rĂ©tablir lâĂ©quilibre du corps et la circulation de lâĂ©nergie. Diverses recettes de cuisine sont donnĂ©es. Tout comme le mĂ©decin hippocratique, le mĂ©decin et pharmacologue chinois, disposait en plus du premier registre de soins qui relĂšve dâune thĂ©rapeutique dâintervention, dâun second registre pour sâopposer Ă la maladie : le rĂ©gime du malade.
La carapace de la trionyx de Chine est récupérée, nettoyée, séchée au soleil. Elle est employée crue ou cuite, au four dans du sable, puis préparée au vinaigre.
Selon lâouvrage de PharmacopĂ©e chinoise publiĂ©e par You-wa Chen[22] en 2008, le remĂšde éłçČ BiÄ jiÇ, de carapace de trionyx a pour :
- Fonctions
- Nourrir le yin et supprimer le yang hyperactif
- Assouplir et disperser les nodules ou tumeurs
- Indications
- FiÚvre vespérale chronique, sueur nocturne
- Hépatomégalie, splénomégalie
Le sang de tortue éŸèĄ gui xue est aussi un remĂšde traditionnel pouvant se prĂ©valoir des meilleurs ouvrages anciens (Yaoxinglun èŻæ§èźș et Bencao gangmu, æŹèçșČçź)[23] - [n 4].
MĂ©decine populaire
Une croyance rĂ©pandue en Asie orientale veut que le sang de tortue ou de serpent peut « nourrir les reins » et stimuler le tonus sexuel de lâhomme. La bile et le sang frais dâanimaux sauvages, agressifs et dangereux, sont des produits dâune extraordinaire puissance symbolique. Les jeunes occidentaux qui parcourent le Vietnam, Taiwan, le Japon ou la CorĂ©e, adorent raconter sur leur blog, comment ils ont bu du sang frais de tortue ou de serpent, comment ils ont vaincu courageusement leurs rĂ©pulsions naturelles et les frissons de plaisir que ces transgressions leur ont fourni[24] - [25].
Philippe Pons dans Le Monde du , indique que dâaprĂšs le directeur dâune entreprise de pharmacopĂ©e traditionnelle de Tokyo, « Les potions Ă base de sang de trionyx, tortue Ă carapace molle recherchĂ©e pour la dĂ©licatesse de sa chair, reprĂ©sentent 85 % des ventes. Leur consommation activerait la circulation du sang et les Ă©missions sĂ©minales ».
Pour justifier les performances époustouflantes de ses sportifs, au début des années 1990, l'entraßneur chinois Ma Junren déclarait que ses athlÚtes prenaient des décoctions à base de sang de tortue ou des soupes de chenilles (S. Mandard, Le Monde, ).
En Chine populaire, le vieux fond de croyance populaire nâa pas disparu. Il est comme la pharmacopĂ©e traditionnelle de lâAntiquitĂ© trĂšs liĂ© au « milieu d'alchimistes et de possesseurs de recettes et mĂ©thodes plus ou moins magiques, de guĂ©risseurs que l'on a l'habitude de rapprocher des pratiques et des reprĂ©sentations taoĂŻsantes »[26]. Dans les annĂ©es 1950, les efforts du rĂ©gime communiste pour faire rentrer la Chine dans la modernitĂ© se sont faits en prĂ©servant malgrĂ© tout la mĂ©decine traditionnelle chinoise et le vieux fond culturel de l'antiquitĂ©. Car accepter entiĂšrement la mĂ©decine scientifique moderne, qu'ils appellent « mĂ©decine occidentale », c'Ă©tait reconnaĂźtre la supĂ©rioritĂ© de l'impĂ©rialisme occidental. En Occident aussi, les mĂ©decines douces alternatives connaissent un grand succĂšs dans la population mais elles nâont jamais eu le statut officiel, dâune mĂ©decine savante et acadĂ©mique, financĂ©e par la puissance publique.
Liens externes
- (en) Référence Animal Diversity Web : Pelodiscus sinensis
- (en) Référence Catalogue of Life : Pelodiscus sinensis (Wiegmann, 1835) (consulté le )
- (fr) RĂ©fĂ©rence CITES : taxon Pelodiscus sinensis (sur le site du ministĂšre français de l'Ăcologie) (consultĂ© le )
- (fr+en) Référence ITIS : Pelodiscus sinensis (Wiegmann, 1834)
- (en) Référence NCBI : Pelodiscus sinensis (taxons inclus)
- (en) Référence Reptarium Reptile Database : Pelodiscus sinensis (Wiegmann, 1835)
- (en) Référence TFTSG : [PDF]
- (en) Référence Turtles of the World : Pelodiscus sinensis
- (en) Référence UICN : espÚce Pelodiscus sinensis (Wiegmann, 1835) (consulté le )
Notes
- lorsque le nom de genre a Ă©tĂ© changĂ©, le nom du premier descripteur doit ĂȘtre mis entre-parenthĂšses
- les « trois griffes » ont donnĂ© leur nom de genre Trionyx , du grec ÏÏÎč tri « trois » et ÎżÎœÏ ÎŸ onyx « ongle »
- äž»ćżè čççć积ïŒćŻçïŒć»çæŻèïŒéŽèïŒçæ¶è
- Pour ce dernierăçșČçźăïŒ"æČ»æææ䌀ïŒćé é„źäčăä»æŁçéŸèæ¶äčă
Références
- TFTSG, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
- A.F.A. Wiegmann, Nova acta physico-medica, vol 17, NorimbergĂŠ: Wolfgangi Schwarzkopfii, , 189-195 p. (lire en ligne)
- G. Baur, Notes on the Classification and Taxonomy of the Testudinata, Proceedings of the American Philosophical Society, , cf. p. 213-215 (lire en ligne)
- Jennifer Matas Especes-menacees.fr Le portail sur les espĂšces menacĂ©es et les animaux en voie de disparition, « DĂ©couverte dâune nouvelle espĂšce de tortue Ă carapace molle en Asie » (consultĂ© le )
- Baidu Baike, « äžćéł (Zhonghua xie) » (consultĂ© le )
- Mels, « Forum tortues. Fiche dâĂ©levage et description : Pelodiscus sinensis » (consultĂ© le )
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