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Trionyx de Chine

Pelodiscus sinensis

Pelodiscus sinensis
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Trionyx de Chine

EspĂšce

Pelodiscus sinensis
(Wiegmann, 1835)

Synonymes

  • Trionyx sinensis Wiegmann, 1835
  • Trionyx stellatus japonica Temminck & Schlegel, 1834
  • Trionyx tuberculatus Cantor, 1842
  • Tyrse perocellata Gray, 1844
  • Trionyx schlegelii Brandt, 1857
  • Landemania irrorata Gray, 1869
  • Psilognathus laevis Heude, 1880
  • Temnognathus mordax Heude, 1880
  • Gomphopelta officinae Heude, 1880
  • Coelognathus novemcostatus Heude, 1880
  • Tortisternum novemcostatum Heude, 1880
  • Ceramopelta latirostris Heude, 1880
  • Coptopelta septemcostata heude, 1880
  • Cinctisternum bicinctum Heude, 1880
  • Trionyx cartilagineus newtoni Ferreira, 1897
  • Amyda schlegelii haseri Pavlov, 1932
  • Amyda schlegelii licenti Pavlov, 1932
  • Amyda schlegelii laoshanica Pavlov, 1933

Statut de conservation UICN

( VU )
VU A1d+2d : Vulnérable

Pelodiscus sinensis, la Trionyx de Chine ou Tortue Ă  carapace molle de Chine est une espĂšce de tortues de la famille des Trionychidae[1]. C’est une tortue d’eau douce qui a une vaste rĂ©partition allant des bassins de l’Oussouri et de l’Amour en Russie, les deux CorĂ©e, la Chine, le Japon jusqu’au Vietnam. Mais c’est aussi une espĂšce menacĂ©e Ă  l’état sauvage car elle a Ă©tĂ© abondement prĂ©levĂ©e dans la nature pour ĂȘtre consommĂ©e par les hommes et ĂȘtre employĂ©e dans la pharmacopĂ©e traditionnelle chinoise. Depuis la fin du XXe siĂšcle, de gros investissements ont Ă©tĂ© faits dans de grandes stations d’élevage capables de mettre sur le marchĂ© des centaines de millions de trionyx d’élevage.

Nomenclature et Ă©tymologie

L’espĂšce a reçu sa premiĂšre description zoologique en 1834 par le zoologiste allemand Wiegmann[2] sous le nom de Trionyx sinensis. Le genre Trionyx avait Ă©tĂ© Ă©tabli par le naturaliste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire en 1809. En 1836, le zoologiste autrichien Fitzinger divise le genre Trionyx en cinq sections 1. Trionyx s. str. 2. Aspidonectes 3. Platypeltis 4. Pelodiscus 5. Amyda. Les caractĂšres de Trionix s. str. sont « Ossicula marginalia distincts », ceux de Pelodiscus sont « ossicula marginalia nulla ». Ce nouveau genre, Pelodiscus, crĂ©Ă© par Fitzinger, contient T. sinensis Wiegm[3] qui devient par consĂ©quent Pelodiscus sinensis (Wiegm. 1835)[n 1]. De nouvelles espĂšces de tortue Ă  carapace molle ont depuis Ă©tĂ© dĂ©crites : 1) Pelodiscus sinensis 2) P. maacki 3) P. axenaria 4) P. parviformis 5) P. variegatus. Pendant longtemps, les scientifiques ont cru qu’il ne s’agissait que d’une seule et mĂȘme espĂšce : la tortue Ă  carapace molle de Chine, Pelodiscus sinensis[4].

L'épithÚte spécifique sinensis qui est composé de sin[o], « Chine », et du suffixe latin -ensis, « qui vit dans, qui habite », lui a été donné en référence au lieu de sa découverte.

Description

Pelodiscus sinensis
TĂȘte de Pelodiscus sinensis, nez cylindrique, grosses lĂšvres

Pelodiscus sinensis fait partie des tortues dites « molles » car leur carapace supĂ©rieure est souple sur les bords et sans Ă©caille rigide kĂ©ratinisĂ©e. La partie centrale de la dossiĂšre comporte un os comme pour les autres tortues (voir photo ci-dessous). Le corps mesure environ 26-30 cm, un peu plus pour la femelle et un peu moins pour le mĂąle. La carapace est ovale, plate, avec un bord soulignĂ© par un lĂ©ger bourrelet au-dessus du cou et des pattes. Elle est couverte d’une peau douce, de couleur vert olivĂątre ou brun jaunĂątre et peut avoir des taches sombres bordĂ©es de jaune chez les individus plus jeunes. Les mĂąles ont un cou et une queue plus longs que ceux des femelles. Le plastron est blanc grisĂątre[5].

La tĂȘte est assez Ă©paisse, avec deux yeux ronds, prolongĂ©e par un nez, conique Ă  la base et tubulaire Ă  l’extrĂ©mitĂ©[6] qui leur permet de respirer discrĂštement en surface de l’eau. La gueule n’a pas de dent mais elle est pourvue de mĂąchoires tranchantes. Le cou est long et peut rapidement s’étirer pour attraper une proie. Les pattes se terminent par cinq doigts palmĂ©s dont les trois intĂ©rieurs sont dotĂ©s de griffes acĂ©rĂ©es[n 2]. La tĂȘte et les membres peuvent ĂȘtre rĂ©tractĂ©s Ă  l’intĂ©rieur de la carapace. Comme tous les reptiles, sa tempĂ©rature interne varie et s’accorde Ă  la tempĂ©rature ambiante. Son mĂ©tabolisme dĂ©cline fortement quand la tempĂ©rature de l’eau descend en-dessous de 20 °C[7]. Elle cesse de se nourrir Ă  une tempĂ©rature infĂ©rieure Ă  15 °C et entre en hibernation en s’enfouissant dans la boue quand la tempĂ©rature est infĂ©rieure Ă  10 °C. En plus des poumons pour respirer l’air, elle utilise un organe pharyngĂ© avec des branchies semblables Ă  des villositĂ©s pour obtenir l'oxygĂšne de l'eau ambiante. Ce qui lui permet d’hiberner sous l’eau pendant de longs mois.

C'est une tortue trÚs vive, bonne nageuse, vorace, dotée d'un assez mauvais caractÚre et qui cherche à mordre lorsqu'elle est manipulée. Certaines populations sont plus agressives que d'autres, comme celle du fleuve Rouge au Vietnam[6].

Les journĂ©es ensoleillĂ©es d’étĂ©, elles montent sur la berge pour s’exposer au soleil durant 2 Ă  3 heures par jour. Elles se dĂ©barrassent ainsi des pathogĂšnes de surface (bactĂ©ries et champignons) et la lumiĂšre stimule le mĂ©tabolisme du calcium et du phosphore nĂ©cessaire Ă  leur carapace osseuse[7].

Alimentation

La tortue Ă  carapace molle est principalement carnivore : elle se nourrit de poissons, crevettes, Ă©crevisses, mollusques, insectes vivants ou morts, de charognes, mais aussi de plantes aquatiques et de graines.

Les tortues Ă  carapace molles sont voraces et si elles manquent de nourriture, elles peuvent s'entre-dĂ©vorer[5]. Durant le jour, elles se cachent dans l’eau ou s’enfouissent dans le limon, et sortent la nuit pour chercher leur nourriture. Elles ont une disposition agressive comme certains carnivores mais plongent se cacher sous l’eau lorsqu’un bruit ou une ombre d’homme se produisent[8].

Reproduction

Accouplement
Jeune albinos

Les tortues Ă  carapace molle atteignent leur maturitĂ© sexuelle entre 4 et 6 ans. Elles s’accouplent aussi bien Ă  la surface que sous l’eau. La saison de reproduction va du dĂ©but du printemps jusqu’à la fin de l’automne. C’est Ă  cette Ă©poque qu’elles peuvent bĂ©nĂ©ficier de la plage de tempĂ©ratures la plus appropriĂ©e pour la reproduction de 25 Ă  32 °C[8].

Pour s’accoupler, le mĂąle s’agrippe sur la femelle, tout en lui mordant violemment le cou et les membres. La femelle peut conserver dans ses oviductes des spermatozoĂŻdes viables pendant environ six mois. Elle pondra entre 2 et 5 fois par an dans un trou sur la rive, qu’elle creusera et rebouchera. Les nids se composent de 8 Ă  30 Ɠufs sphĂ©riques, blancs, d’environ 20-24 mm mm de diamĂštre.

La durĂ©e d’incubation varie entre 55 et 60 jours. Les nouveau-nĂ©s ont une dossiĂšre presque ronde, olivĂątre, portant des ocelles noirs cerclĂ©s de jaune clair et plusieurs lignes longitudinales de petits tubercules. Les jeunes peuvent grandir trĂšs vite, sans doute pour Ă©chapper aux prĂ©dateurs, et dans les Ă©levages, les juvĂ©niles de g atteignent 1 000 g aprĂšs une seule annĂ©e d'engraissement[6].

Chez les tortues la tempĂ©rature peut « forcer » la dĂ©termination du sexe. Une Ă©tude scientifique chinoise de 2019 laisse penser que l'embryons de P. sinensis dispose, durant un certain temps, d'un certain pouvoir de « choix » de sa destinĂ©e sexuelle, pouvoir qu'il exerce en se dĂ©plaçant vers une zone un peu plus chaude ou fraĂźche dans l'Ɠuf. Chez cette espĂšce si tous les embryon peuvent se positionner dans un endroit de l'Ɠuf oĂč la tempĂ©rature n’est ni trop chaude ni trop froide (29 °C) pour eux, alors le sex-ratio sera Ă  la naissance Ă  peu prĂšs parfait[9].
Si cette hypothĂšse est confirmĂ©e chez d'autres espĂšces de tortues, ce comportement pourrait contribuer Ă  sauver certaines espĂšces face au rĂ©chauffement climatique, au moins si la tempĂ©rature ne monte pas trop, faute de quoi, il finirait par ne rester que des femelles qui ne seraient plus fĂ©condĂ©es, ce qui condamnerait l'espĂšce[9]. Bien que minuscules, l'embryon se montre dĂ©jĂ  capables de dĂ©tecter de petites diffĂ©rences de tempĂ©rature et de s’installer dans la partie de l'Ɠuf lui donnant la meilleure chance de survie»[9].

Miction orale

Des chercheurs de l'Université de Singapour ont montré que cette tortue excrÚte l'urée seulement à 6 % par le cloaque et à 94 % par la gueule en effectuant des mictions orales dans de l'eau, via sa cavité buccale. Cette particularité est permise par la présence d'un transporteur d'urée débouchant dans la muqueuse buccale alors qu'il est habituellement exprimé dans les reins[10].
La miction via la vessie et le cloaque est consommatrice d'eau. Cette faculté d'uriner par la bouche économise donc de l'eau, ce qui permet à la Trionyx de Chine de vivre dans des eaux de mauvaise qualité car elle a moins besoin d'en ingurgiter, ce qui limite l'exposition de son systÚme digestif au manque d'eau et à la pollution. Elle peut aussi évoluer dans de l'eau salée sans compromettre son équilibre osmotique.

Croissance

La croissance de la tortue Ă  carapace molle est relativement lente dans la nature. Par exemple, dans le bassin du Yangzi Jiang, la pĂ©riode d’hibernation peut durer six mois, parce que la tempĂ©rature de l’eau est infĂ©rieure Ă  25 °C. Il lui faudra 4-5 ans pour atteindre une taille commercialisable.

Mais dans des stations d’élevage oĂč la tempĂ©rature de l’eau est maintenue aux environs de 30 °C, avec de l’eau et de la nourriture de bonne qualitĂ©, la croissance est rapide et l’animal peut atteindre la taille de 400 g, commercialisable, en 8 Ă  12 mois[7].

Habitats

Les tortues molles de Chine vivent en eaux douces Ă  faible courant : riviĂšres, lacs, Ă©tangs, toute piĂšce d’eau oĂč poissons et crevettes sont disponibles. Elles sont de trĂšs bonnes nageuses. Elles peuvent monter sur la terre ferme pour se mettre au soleil ou pour pondre.

RĂ©partition

La trionyx de Chine a une large aire de rĂ©partition[1], s’étendant du nord au sud de l’Asie orientale

Elles ont été introduites et se sont naturalisées au Japon dans les ßles Bonin et Nansei, en Thaïlande, en Malaisie, à Singapour, en Indonésie, au Timor oriental, aux Philippines, aux ßles Mariannes du Nord, à Guam, à Hawaï et en Espagne (au Sud, dans les marais du Guadalquivir)[11].

En France, les individus présents dans le milieu naturel sont des animaux échappés de captivité ou relùchés volontairement. Cependant, contrairement à la Tortue de Floride, sa présence en milieu naturel est anecdotique et ne semble pas présenter de risque de naturalisation[12].

Statut de conservation UICN

Dans la Liste rouge des espÚces menacées de l'IUCN, Pelodiscus sinensis est classée « espÚce vulnérable »[13]. On assiste à un déclin continu des populations sauvages.

Selon les chercheurs Shi haitao et al.[14] (2008), l'une des principales menaces à la survie des tortues asiatiques est la demande en Chine de tortues à des fins de consommation alimentaire et médicinale.

La nouvelle prospĂ©ritĂ© chinoise a rĂ©activĂ© les anciennes routes commerciales vers l’Asie comme les doigts d’une main, pour ramener vers le marchĂ© chinois une multitude d’espĂšces sauvages de tortues. On peut voir sur les marchĂ©s de produits frais, ces animaux vivants horriblement maltraitĂ©s, attendant d’ĂȘtre vendus pour l’alimentation des hommes ou pour servir de remĂšdes Ă  la mĂ©decine chinoise traditionnelle (James E. Barzyck[15]).

Élevage

La tortue molle Pelodiscus sinensis est l’espĂšce de tortue Ă  ĂȘtre la plus communĂ©ment Ă©levĂ©e en Chine, au Japon et en Asie du Sud-Est[8]. Plus de 1500 mĂ©ga-fermes d’élevage existent dans le sud de la Chine[14]. Des fermes d’élevage de tortues molles existent aussi dans la Russie extrĂȘme-orientale, la CorĂ©e, Timor (IndonĂ©sie), Japon, et ThaĂŻlande.

Les aliments pour tortues sont faits de poissons de faible valeur marchande, de crevettes, vers, escargots, de granulĂ©s ou de composition maison (mĂ©lange de son de riz, patate douce, tourteaux de soja et d’enzymes digestives).

Utilisations

Alimentaire

Tortues molles vendues vivantes dans un magasin de ginseng de Seoul (marché de Namdaemun).
Suppon-nabe japonais, Ă  base de tortue molle (Kyoto).

La tortue molle Pelodiscus sinensis est trĂšs apprĂ©ciĂ©e pour sa chair dĂ©licate dans tous les pays d’Asie orientale. Selon la description de China Daily « Les tortues Ă  carapace molle sont connues pour leur goĂ»t merveilleux, leur grande valeur tonique et mĂȘme leur « effet magique » pour amĂ©liorer la virilitĂ©. Elles figurent sur la liste des prescriptions de certains mĂ©decins traditionnels pour les patients souffrant de faiblesse physique, en particulier pour les femmes aprĂšs la grossesse »[16].

Les recettes chinoises de soupe de tortue Ă  carapace molle consistent toutes essentiellement Ă  blanchir la tortue dans de l’eau Ă  80 °C, puis Ă  couper l’animal en morceaux et Ă  faire frire avec des morceaux de poulet, de l’oignon, du gingembre, de la biĂšre (ou du vin de cĂ©rĂ©ale), des baies de goji, du sel, du poivre, du sucre, etc. (voir recette en ligne[17], ou recette traditionnelle « cruelle »[18]). En CorĂ©e, une soupe de carpe et de tortue Ă  carapace molle, nommĂ©e Yongbongtang, est une spĂ©cialitĂ© qui fait la rĂ©putation de la ville de Yeoju.

Dans un rapport de 1930, Soame Jenyns indique que les restaurants de Canton les avaient importĂ©es du Guangxi en grand nombre, et qu’elles « Ă©taient mangĂ©es avec des amandes, rĂŽties Ă  la sauce chili ou frits avec des pousses de bambous, elles Ă©taient considĂ©rĂ©es comme de grandes dĂ©licatesses »[19].

En raison de la demande croissante et de la chasse excessive, le prix de Pelodiscus sinensis en Chine a grimpĂ© en flĂšche au milieu des annĂ©es 1990. Pour ramener les prix Ă  un niveau plus abordable, les autoritĂ©s chinoises ont investi dans de grandes stations d’élevage de tortues et d’inonder le marchĂ© de centaines de millions d’animaux d’élevage.

L’enquĂȘte de terrain de Shi Taito et al.[14], menĂ©e auprĂšs des 1 500 mĂ©ga-fermes d’élevage de tortues, a conduit Ă  estimer en 2008 que plus de 300 millions de tortues sont vendues par an, pour une valeur de 750 millions USD. Bien que la majeure partie de ces tortues soient des tortues Ă  carapace molle commune Pelodiscus sinensis, de nombreuses autres espĂšces sont Ă©galement Ă©levĂ©es, y compris des espĂšces en danger critique d'extinction. Mais ces donnĂ©es ont Ă©tĂ© Ă©tablies Ă  partir des 46 % des fermes qui ont rĂ©pondu aux enquĂȘteurs. En tenant compte des 54 % de celles qui n’ont pas rĂ©pondu, les chercheurs estiment le commerce des tortues captives est probablement « une industrie de plusieurs milliards de dollars ». En raison de la compĂ©tition entre gros producteurs, les techniques d’élevage sont tenues secrĂštes.

MĂ©dicinales

Carapaces de trionyx de Chine 鳖ç”Č biejia

Parmi les 64 substances animales de la premiĂšre pharmacopĂ©e chinoise, le Shennong bencao jing, figure la carapace de tortue molle (鳖ç”Č Biē jiǎ). Elle est rĂ©putĂ©e « Traiter les concrĂ©tions, conglomĂ©rations, les duretĂ©s, accumulations dans le cƓur et l'abdomen, le froid et le chaud, glomus pi, polypes, Ă©rosion gĂ©nitale, hĂ©morroĂŻdes, et la chair maligne »[n 3] - [20].

Le mĂ©decin et pharmacologue Li Shizhen Ă  la fin du XVIe siĂšcle, a consacrĂ© une longue notice aux tortues Ă  carapace molle (氎韟 shuigui) qui continue Ă  faire autoritĂ© (Bencao gangmu[21]). La carapace de trionyx de Chine 韟ç”Č guijia est bonne pour la carence en yin et la faiblesse du sang (é˜Žè™šèĄ€ćŒ±) ; elle est classĂ©e parmi les drogues « toxique » (youdu æœ‰æŻ’) c’est-Ă -dire ayant une valeur thĂ©rapeutique puissante. Par contre la chair rou 肉 est classĂ©e non toxique (wudu æ— æŻ’) c’est-Ă -dire un produit Ă  consommer dans un rĂ©gime diĂ©tĂ©tique, visant Ă  rĂ©tablir l’équilibre du corps et la circulation de l’énergie. Diverses recettes de cuisine sont donnĂ©es. Tout comme le mĂ©decin hippocratique, le mĂ©decin et pharmacologue chinois, disposait en plus du premier registre de soins qui relĂšve d’une thĂ©rapeutique d’intervention, d’un second registre pour s’opposer Ă  la maladie : le rĂ©gime du malade.

La carapace de la trionyx de Chine est récupérée, nettoyée, séchée au soleil. Elle est employée crue ou cuite, au four dans du sable, puis préparée au vinaigre.

Selon l’ouvrage de PharmacopĂ©e chinoise publiĂ©e par You-wa Chen[22] en 2008, le remĂšde 鳖ç”Č Biē jiǎ, de carapace de trionyx a pour :

  • Fonctions

- Nourrir le yin et supprimer le yang hyperactif

- Assouplir et disperser les nodules ou tumeurs

  • Indications

- FiÚvre vespérale chronique, sueur nocturne

- Hépatomégalie, splénomégalie

Le sang de tortue éŸŸèĄ€ gui xue est aussi un remĂšde traditionnel pouvant se prĂ©valoir des meilleurs ouvrages anciens (Yaoxinglun èŻæ€§èźș et Bencao gangmu, æœŹè‰çșČ盼)[23] - [n 4].

MĂ©decine populaire

« Tonifiant » fait de sang de tortue (suppon) et de sake

Une croyance rĂ©pandue en Asie orientale veut que le sang de tortue ou de serpent peut « nourrir les reins » et stimuler le tonus sexuel de l’homme. La bile et le sang frais d’animaux sauvages, agressifs et dangereux, sont des produits d’une extraordinaire puissance symbolique. Les jeunes occidentaux qui parcourent le Vietnam, Taiwan, le Japon ou la CorĂ©e, adorent raconter sur leur blog, comment ils ont bu du sang frais de tortue ou de serpent, comment ils ont vaincu courageusement leurs rĂ©pulsions naturelles et les frissons de plaisir que ces transgressions leur ont fourni[24] - [25].

Philippe Pons dans Le Monde du , indique que d’aprĂšs le directeur d’une entreprise de pharmacopĂ©e traditionnelle de Tokyo, « Les potions Ă  base de sang de trionyx, tortue Ă  carapace molle recherchĂ©e pour la dĂ©licatesse de sa chair, reprĂ©sentent 85 % des ventes. Leur consommation activerait la circulation du sang et les Ă©missions sĂ©minales ».

Pour justifier les performances époustouflantes de ses sportifs, au début des années 1990, l'entraßneur chinois Ma Junren déclarait que ses athlÚtes prenaient des décoctions à base de sang de tortue ou des soupes de chenilles (S. Mandard, Le Monde, ).

En Chine populaire, le vieux fond de croyance populaire n’a pas disparu. Il est comme la pharmacopĂ©e traditionnelle de l’AntiquitĂ© trĂšs liĂ© au « milieu d'alchimistes et de possesseurs de recettes et mĂ©thodes plus ou moins magiques, de guĂ©risseurs que l'on a l'habitude de rapprocher des pratiques et des reprĂ©sentations taoĂŻsantes »[26]. Dans les annĂ©es 1950, les efforts du rĂ©gime communiste pour faire rentrer la Chine dans la modernitĂ© se sont faits en prĂ©servant malgrĂ© tout la mĂ©decine traditionnelle chinoise et le vieux fond culturel de l'antiquitĂ©. Car accepter entiĂšrement la mĂ©decine scientifique moderne, qu'ils appellent « mĂ©decine occidentale », c'Ă©tait reconnaĂźtre la supĂ©rioritĂ© de l'impĂ©rialisme occidental. En Occident aussi, les mĂ©decines douces alternatives connaissent un grand succĂšs dans la population mais elles n’ont jamais eu le statut officiel, d’une mĂ©decine savante et acadĂ©mique, financĂ©e par la puissance publique.

Liens externes

Notes

  1. lorsque le nom de genre a Ă©tĂ© changĂ©, le nom du premier descripteur doit ĂȘtre mis entre-parenthĂšses
  2. les « trois griffes » ont donnĂ© leur nom de genre Trionyx , du grec τρÎč tri « trois » et ÎżÎœÏ…ÎŸ onyx « ongle »
  3. 䞻濃è…čç—‡ç˜•ćšç§ŻïŒŒćŻ’çƒ­ïŒŒćŽ»ç—žæŻè‚‰ïŒŒé˜Žèš€ïŒŒç—”æ¶è‚‰
  4. Pour ce dernier《çșČç›źă€‹ïŒš"æČ»æ‰“æ‰‘æŸäŒ€ïŒŒć’Œé…’é„źäč‹ă€‚ä»æŁç”ŸéŸŸè‚‰æ¶‚äč‹ă€‚


Références

  1. TFTSG, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  2. A.F.A. Wiegmann, Nova acta physico-medica, vol 17, NorimbergĂŠ: Wolfgangi Schwarzkopfii, , 189-195 p. (lire en ligne)
  3. G. Baur, Notes on the Classification and Taxonomy of the Testudinata, Proceedings of the American Philosophical Society, , cf. p. 213-215 (lire en ligne)
  4. Jennifer Matas Especes-menacees.fr Le portail sur les espĂšces menacĂ©es et les animaux en voie de disparition, « DĂ©couverte d’une nouvelle espĂšce de tortue Ă  carapace molle en Asie » (consultĂ© le )
  5. Baidu Baike, « 侭捎鳖 (Zhonghua xie) » (consultĂ© le )
  6. Mels, « Forum tortues. Fiche d’élevage et description : Pelodiscus sinensis » (consultĂ© le )
  7. John S. Lucas , Paul C. Southgate , Craig S. Tucker, Aquaculture : Élevage d'animaux et de plantes aquatiques, John Wiley & Sons,
  8. FAO, Food and Agriculture Organisation, « Trionyx sinensis (Weigmann, 1834) » (consulté le )
  9. Katie Camero (2019) Turtle embryos may determine their own sex—by seeking the perfect temperature Science News ; 1er aout 2019
  10. DOI 10.1242/jeb.068916
  11. Christopher Lever, Naturalized Reptiles and Amphibians of the World, Oxford University Press, , 318 p.
  12. Rapport SPN – 41 Jessica ThĂ©venot, « Liste de rĂ©fĂ©rence des espĂšces de vertĂ©brĂ©s introduits en France mĂ©tropolitaine Ă©laborĂ©e dans le cadre de la mĂ©thodologie de hiĂ©rarchisation des espĂšces invasives » (consultĂ© le )
  13. UICN Red List, « Tortue molle chinoise » (consulté le )
  14. Shi Haitao, James F. Parham, Fan Zhiyong, Hong Meiling and Yin Feng, « Evidence for the massive scale of turtle farming in China », Oryx, vol. 42, no 1,‎ (lire en ligne)
  15. James E. Barzyk, Tortuise trust, « Turtles in Crisis: The Asian Food Markets » (consulté le )
  16. (en) Zhao Huanxin, "Low price hurts turtle breeding". China Daily 1999-06-30 (scroll to the end of the file to find that article)
  17. My Chinese Recipes, « Nourishing Softshell Turtles Hot Pot Recipe » (consulté le )
  18. Shiu Wong Chan, The Chinese Cook Book, Turtle soup (p. 99), Frederick A. Stokes Company, (lire en ligne)
  19. Soame Jenyns, « The tortoise and the turtle in Kwongtung », The Hong Kong Naturalist, vol. 1,‎ , p. 161-163
  20. (transl.) Sabine Wilms, The Divine Farmer’s Classic of Materia Medica, Happy Goat Productions, , 550 p.
  21. 李时珍 Quanxue, « 氎韟, ă€ŠæœŹè‰çșČç›źă€‹ä»‹éƒš(01) » (consultĂ© le )
  22. UniversitĂ©s de MĂ©decine Traditionnelle Chinoise de Nanjing et Shanghai, La pharmacopĂ©e chinoise. Les herbes mĂ©dicinales usuelles. äž­èŻć­Š, Éditions You Feng,‎ (ISBN 978-2-84279-361-6)
    Traduit et augmenté par Dr You-wa Chen
  23. äž­èŻæé€š, « éŸŸèĄ€, äž­èŻæ » (consultĂ© le )
  24. Jud à Hiroshima, « Sang de tortue et poudre de serpent » (consulté le )
  25. Anemi Wick South China Morning Post, 1 ept. 2018, « Le célÚbre aphrodisiaque alcoolique du Vietnam peut stimuler votre libido - mais avez-vous une idée de ce qu'il contient? » (consulté le )
  26. FrĂ©dĂ©ric Obringer, L’aconit et l’orpiment, Fayard,
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