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Tridel

Tridel est une usine d'incinération et de traitement et de valorisation thermique des déchets, située à Lausanne, en Suisse.

Tridel
Installations
Type d'usine
Fonctionnement
Date d'ouverture
Localisation
Situation
Coordonnées
46° 32′ 02″ N, 6° 38′ 43″ E
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Société

Le logo de la société.

La société Tridel SA, société anonyme reconnue d'utilité publique, dont le siège est à Lausanne, est créée le par trois sociétés de gestion de déchets vaudoises : Gedrel (gérant les déchets de la ville de Lausanne et de l'est et le nord de la région lausannoise), Valorsa (gérant ceux de l'ouest de la région lausannoise, du Gros-de-Vaud et de l'ouest du canton, de Morges à la Vallée de Joux) et Strid (gérant ceux du Nord du canton). La société est rejointe le par Sadec (gérant les déchets de la région de la Côte)[1].

Site

L'usine est située à l'ouest de la place de la Sallaz, dans le quartier de Sauvabelin, à km au sud, par la route de Berne, de la sortie Vennes de l'autoroute A9.

Historique

Étude

En , la municipalité de Lausanne adopte un crédit destiné à l'étude de sites pour la construction d'une nouvelle usine d'incinération des déchets visant à remplacer celle du Vallon, datant de 1958. Le projet d'une usine non pas communale mais cantonale s'impose et, après avoir étudié 25 sites, le Conseil d'État vaudois donne son aval en 1993 à la construction de Tridel. Après des oppositions au projet, le peuple vaudois accepte par votation une subvention de 90 millions de francs et confirme la construction de l'usine[2].

Construction

Les travaux dĂ©butent en 2002. Une excavation de 200 000 m3 est nĂ©cessaire afin d'enterrer deux tiers de l'usine pour mieux l'intĂ©grer au paysage. En dĂ©bute la construction d'une galerie technique de 900 m reliant Tridel Ă  l'usine de chauffage Ă  distance de Pierre-de-Plan ; l'Ă©lectricitĂ© produite par l'incinĂ©rateur est ainsi raccordĂ©e au rĂ©seau Ă©lectrique de la ville, la chaleur rĂ©siduelle Ă©tant amenĂ©e au rĂ©seau de chauffage Ă  distance sous forme d'eau surchauffĂ©e. La construction du bâtiment commence en 2004 ; son enveloppe est intĂ©gralement fabriquĂ©e en bĂ©ton afin de limiter la propagation du bruit. La cheminĂ©e, haute de 80 m, est posĂ©e le . Les premiers tests de fonctionnement sont rĂ©alisĂ©s en et les installations sont mises en service le avec l'allumage du premier four. Le second four est allumĂ© 6 jours plus tard[2].

Un tunnel ferroviaire à voie unique est creusé entre la gare de Sébeillon et l'usine Tridel. Le premier train de déchets arrive à l'usine le [2].

Inauguration

L’inauguration officielle de l’usine Tridel a lieu le en présence de plusieurs personnalités du monde politique et économique vaudois, dont le syndic de Lausanne Daniel Brélaz, Olivier Français (Député au Grand-Conseil vaudois) et Jean-Yves Pidoux (Directeur des Services industriels de Lausanne)[2].

Coûts de construction

Le coĂ»t total de la construction de Tridel s'Ă©lève Ă  358,7 millions de francs suisses, dont 273,8 millions pour l'usine, 74,6 millions pour le tunnel ferroviaire et 10,3 millions pour la galerie technique[2].

Transport des déchets

L'entrée du tunnel à la gare de Sébeillon.
Des bennes ACTS sur un train à la gare Le Sentier-L'Orient, à la vallée de Joux.

Pour limiter le trafic des poids lourds Ă  Lausanne et dans les environs de l'incinĂ©rateur, un tunnel ferroviaire Ă  voie unique est creusĂ© entre la gare de SĂ©beillon et l'usine Tridel, Ă  une profondeur moyenne de 50 m. Il mesure 3,8 km et accuse une pente rĂ©gulière de %. Tridel conclut le un contrat de prestations avec la sociĂ©tĂ© ACTS SA (Abroll-Container-Transport-Service SA), qui met en outre Ă  disposition de Tridel des bennes Ă  ordures et du matĂ©riel ferroviaire roulant. Mise en service le , cette liaison ferroviaire a permis d'acheminer 57 % des dĂ©chets Ă  l'usine par voie souterraine en 2018[2] - [3] - [4].

Les camions équipés d'une benne ACTS, après avoir ramassé les ordures dans les communes, se rendent dans une des gares de transfert. Les bennes sont alors déposées sur un wagon qui emprunte le réseau ferroviaire des CFF jusqu'à la gare de Sébeillon, puis le tunnel menant à Tridel. Les camions non équipés de benne ACTS acheminent les ordures vers des centres de compactage, où les déchets sont compactés dans des bennes ACTS qui suivent ensuite le même chemin[4].

Centres de transfert

Les centres de transfert se situent à Yverdon-les-Bains et Onnens pour la société Strid, à Penthalaz et Renens pour la société Valorsa, à Gland pour la société Sadec, à Orbe (Strid et Valorsa), à Sébeillon (Valorsa et Gedrel) et à Saint-Prex (Sadec et Valorsa)[4].

Centres de compactage

Les centres de compactage se situent Ă  Penthaz (Valorsa) et Ă  SĂ©beillon (Gedrel)[4].

Fonctionnement de l'usine

Tridel emploie une cinquantaine de collaborateurs. L'usine est composĂ©e de quatre zones principales : la rĂ©ception et le stockage des dĂ©chets, les fours, la zone d'Ă©puration des fumĂ©es et des eaux et la zone de production d'Ă©nergie. Les dĂ©chets, une fois pesĂ©s, sont dĂ©versĂ©s dans une fosse d'une capacitĂ© de 10 000 m3 ; un grappin les dĂ©verse ensuite dans les fours, dont la tempĂ©rature, dans la chambre de combustion, atteint 1 000 °C, notamment grâce Ă  un apport d'air pulsĂ© sous la grille de combustion. Les mouvements de celle-ci amènent les dĂ©chets jusqu'au bas du four. La combustion des dĂ©chets produit des scories, qui sont mis en dĂ©charge, ainsi que des cendres volantes et des fumĂ©es qui sont Ă©purĂ©es sĂ©parĂ©ment. Ă€ cet effet, premièrement, un prĂ©cipitateur Ă©lectrostatique attire les plus grosses poussières, qui sont ainsi rĂ©cupĂ©rĂ©es et traitĂ©es. Lors de l'Ă©tape suivante, les fumĂ©es, qui contiennent encore 20 % de poussières (Ă©lĂ©ments-traces mĂ©talliques), des acides chlorhydrique et fluorhydrique et des oxydes d'azote, traversent un rideau de gouttelettes projetĂ©es (provenant en partie de la rĂ©cupĂ©ration de l'eau de pluie) qui fixe les particules les plus fines ; cette eau est ensuite traitĂ©e avant d'ĂŞtre Ă©vacuĂ©e par les Ă©gouts. Les fumĂ©es atteignent ensuite les tours de lavage pour une vaporisation d'eau et la captation des poussières ; elles sont ensuite neutralisĂ©es par un mĂ©lange d'eau et d'hydroxyde de sodium, puis sont rĂ©chauffĂ©es Ă  250 °C avant de traverser un catalyseur qui absorbe et neutralise les oxydes d'azote. Les fumĂ©es sont ensuite aspirĂ©es par un ventilateur de tirage et libĂ©rĂ©es dans l'atmosphère par la cheminĂ©e, Ă  une tempĂ©rature de 140 °C. Les Ă©missions sont ainsi infĂ©rieures de 90 % aux exigences de l’ordonnance sur la protection de l’air (OPair)[5]. Les eaux acides des tours de lavage servent en outre Ă  laver les cendres qui sont ensuite dĂ©shydratĂ©es avant d'ĂŞtre mises en dĂ©charge[6] - [7].

Traitement des résidus

Les cendres et les poussières extraites par le précipitateur électrostatique subissent un lavage acide par l'eau récupérée du laveur de fumée. Une fois débarrassées des éléments-traces métalliques dans le système de lavage des cendres volantes où elles sont filtrées par un filtre à bande, elles sont mélangées aux mâchefers. Ces derniers sont transportés vers des décharges bioactives à Saint-Triphon et à Valeyres-sous-Montagny. Ces décharges seront saturées vers 2024 et un troisième site est à l'enquête, le lieu-dit de La Vernette, entre les villages d’Oulens-sous-Echallens, de Bettens et de Daillens, dans le Gros-de-Vaud. Le projet rencontre malgré tout plusieurs oppositions, notamment de la part des communes voisines[8] - [9] - [10].

Les eaux chargées provenant du filtre à bande subissent à leur tour un lavage dans l’installation de traitement des résidus liquides. Une fois neutralisées et homogénéisées, elles sont filtrées par un filtre-presse. Les résidus obtenus (galettes de filtre-presse ou boues d’hydroxydes) sont stockés dans de gros sacs de transport. Ces boues d’hydroxydes contiennent des éléments-traces métalliques tels que du zinc et du plomb, captés par le lavage des fumées ; elles sont acheminées à l'étranger où ces métaux sont extraits pour être réutilisés par l’industrie[11].

Valorisation de l'Ă©nergie thermique

La chaleur de l'incinĂ©rateur est rĂ©cupĂ©rĂ©e dans une chaudière oĂą elle chauffe de l'eau. En Ă©tĂ©, cette eau est transformĂ©e en vapeur sous pression (400 °C et 50 bars) qui alimente une turbine Ă  condensation et sous-tirage couplĂ©e Ă  un gĂ©nĂ©rateur ; une partie de l'Ă©nergie produite permet Ă  l'usine de s'auto-alimenter, le surplus Ă©tant injectĂ© dans le rĂ©seau Ă©lectrique urbain par une ligne enterrĂ©e dans la galerie technique qui relie Tridel Ă  l’usine de Pierre-de-Plan. Ainsi, Tridel peut alimenter en Ă©lectricitĂ© 23 000 habitants de Lausanne. En hiver, la vapeur rĂ©cupĂ©rĂ©e Ă  la sortie de la turbine est envoyĂ©e dans des Ă©changeurs. Ils produisent de l’eau surchauffĂ©e Ă  175 °C qui est acheminĂ©e Ă  l’usine de Pierre-de-Plan par une conduite isolĂ©e amĂ©nagĂ©e dans la galerie technique. De lĂ , elle est distribuĂ©e Ă  plus de 1 300 points d'utilisation, les alimentant ainsi en chauffage et en eau chaude. Après avoir transmis une partie de sa chaleur, l’eau surchauffĂ©e, refroidie Ă  80 °C, retourne Ă  Tridel oĂą elle recommence son circuit. En 2018, Tridel a ainsi produit 290 945 MWh thermiques et 85 325 MWh Ă©lectriques[6] - [12]. Depuis, en , un système de rĂ©cupĂ©ration de chaleur a en outre Ă©tĂ© installĂ© Ă  l'entrĂ©e de la cheminĂ©e[13].

Données d'exploitation

En 2018, 179 004,56 tonnes de dĂ©chets ont Ă©tĂ© traitĂ©es par l'usine, dont 45,7 % de dĂ©chets mĂ©nagers, 34,4 % de dĂ©chets industriels banals, 11,2 % de dĂ©chets de bois et 6,2 % de dĂ©chets mĂ©nagers encombrants, le reste Ă©tant constituĂ© de dĂ©chets industriels, de dĂ©chets confidentiels, de dĂ©chets d'hĂ´pitaux et infectieux et de dĂ©chets de STEP. En 2017, l'usine a traitĂ© 180 640,15 tonnes de dĂ©chets[3].

L'usine Tridel traite les dĂ©chets d'environ 500 000 habitants, donc de plus de la moitiĂ© du canton de Vaud[1] - [6].

Usine du Vallon (1958-2005)

Jusqu'au début du XXe siècle, les ordures ménagères étaient épandues dans les champs ou simplement mises en dépôt, des ruclons comme on les appelait à l'époque. À Lausanne, ces ordures ont aussi été utilisées pour assainir les marais de Vidy (actuel parc Bourget) ou combler la vallée du Flon. L'usine du Vallon, qui se trouvait 500 mètres plus bas que Tridel, est mise en service en 1958 et fermée en 2005. Elle avait coûté 15 millions de francs. En 1967, il y a eu l'installation d'électrofiltres, car des bruchons, petits résidus déchets consumés, s'échappaient de la cheminée et noircissaient le linge suspendu aux balcons alentour. En 1999, la presse rapporte le mécontentement des riverains au sujet de récurrentes émanation d'odeur, et quelques mois plus tôt, un rapport du chef de service de l'assainissement de la ville révélait que l'usine ne respectait de loin pas les limites de concentration de poussières émises fixées par l'ordonnance sur la protection de l'air (OPair), en vigueur depuis 1992[14].

Pollution des sols provenant de l'ancienne usine du Vallon

Au mois de mai 2021, la ville de Lausanne révèle que des teneurs en dioxines et furanes ont été décelées dans des échantillons de sols prélevés dans le secteur de l’avenue Victor Ruffy et qu'elle pourrait être liée à l'exploitation de l'ancienne usine d'incinération du Vallon[15]. Au mois d'octobre 2021, avec la collaboration du canton de Vaud, après des investigations plus poussées dans d'autres secteurs de la ville et les communes limitrophes, un rapport confirme que les fumées de l’ancienne usine d’incinération du Vallon seraient à l’origine de cette pollution. Il indique qu'après analyse de 126 sites, cela a permis d’établir un périmètre indicatif de la pollution des sols, principalement en surface (0-10 cm des sols non remaniés). Son contour s’étend sur une grande partie du territoire communal de Lausanne (principalement autour et au nord du Vallon) mais également sur le sud des communes du Mont-sur-Lausanne et d’Epalinges. Les villes de Pully et Prilly sont également marginalement concernées. Concernant les recommandations sanitaires et restrictions d’usage, l’alimentation constituant la principale source d’exposition aux dioxines provenant des terrains pollués. Elles ciblent en particulier les produits d’origine animale, provenant d'animaux qui se sont nourris d’herbage/fourrage contaminés : mouton, porc laineux, œufs (poulaillers privés), ainsi que les cucurbitacées (courges, courgettes, cornichons, concombres, pâtissons etc), et légumes non épluchés qui accumulent les dioxines. Les enfants en bas âge (0-3 ans), qui porteraient à leur bouche la terre des sols, seraient aussi exposés. Ces dioxines étant peu solubles dans l’eau, mais se concentrent dans les graisses (lipophiles), l'eau de la ville n'étant pas touchée par cette pollution. Ce rapport du mois d'octobre, bien qu'il prévoie l'assainissement des sols, laisse en suspens les procédures d'assainissement et la clé des répartitions de la prise en charge des coûts qui seront communiqués ultérieurement[16] - [17].

Bibliographie

  • P. Guillemin et J.-N. GoĂ«l, F. Buxtorf, M. Gafsou, ARC Sieber, J.-M. Zellwege (photos), « RĂ©alisations Immobilières : Tridel Lausanne-VD : Ouvrage no 1593 », Architectures et constructions, Renens, CRP SĂ rl,‎ après 2006 (lire en ligne, consultĂ© le ) — Illustrations

Références

  1. « Descriptif », sur www.tridel.ch (consulté le )
  2. « Historique », sur www.tridel.ch (consulté le )
  3. « Données d'exploitation », sur www.tridel.ch (consulté le )
  4. « Logistique des transports », sur www.tridel.ch (consulté le )
  5. « Ordonnance sur la protection de l’air (OPair) », sur www.admin.ch, (consulté le )
  6. « Fonctionnement de l'usine », sur www.tridel.ch (consulté le )
  7. « Protection de l'air », sur www.tridel.ch (consulté le )
  8. Sylvain Muller, « De quoi stocker trente ans de cendres de Tridel », 24 Heures,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Robin Baudraz, « Pas dangereuse, la décharge de « La Vernette » est nécessaire », LFM,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « L'Etat de Vaud est à la peine face à la question du stockage des déchets », sur www.rts.ch, (consulté le )
  11. « Traitement des résidus », sur www.tridel.ch (consulté le )
  12. « Production d'énergie », sur www.tridel.ch (consulté le )
  13. Alain Détraz, « Davantage de fumée à Tridel pour moins de pollution », 24 Heures,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. La vieille usine du Vallon était pourtant une amélioration, 24 heures (Suisse), 19 mai 2021]
  15. Découverte d’une pollution des sols, Communiqué de la ville de Lausanne, 19 mai 2021
  16. Le Canton précise le périmètre de la pollution et arrête des recommandations sanitaires, Communiqué du canton de Vaud, 11 octobre 2021
  17. Pollution des sols aux dioxines: État des lieux et recommandations sanitaires, Conférence de presse, lundi 11 octobre 2021

Liens externes

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