Tian Shan
Le Tian Shan (chinois : 怩汱 ; pinyin : ; litt. « montagnes célestes » ; parfois orthographié Tien Shan), aussi appelé Tangri Tagh (en langues turciques tangri, « ciel (Dieu) » et tagh, « montagne »), est une chaßne de hautes montagnes d'Asie centrale située au nord-ouest du bassin du Tarim (occupé en grande partie par le désert du Taklamakan).
| ||||||||||||||||||||||
| ||||||||||||||||||||||
|
GĂ©ographie
Situation, topographie
La chaßne s'étend d'est en ouest à partir du territoire de la province chinoise du Xinjiang. Longeant la frontiÚre sud du Kazakhstan avec le Kirghizistan, elle se termine à l'ouest en rejoignant le cÎté nord des montagnes du Pamir. D'est en ouest, leur longueur totale est de 2 500 km pour une largeur nord-sud de 100 à 400 km. La longueur de la section sur le territoire chinois est de 1 700 km, soit les deux tiers de la surface totale[1]. Au Kirghizistan, les monts Tian sont situés au sud-est de la mer intérieure que forme le lac salé d'Yssyk Koul.
Les plus hauts sommets des monts Tian sont le Jengish Chokusu (7 439 m), anciennement pic Pobedy, et le pic Khan Tengri (7 010 m). L'altitude moyenne est de 4 000 m[1].
Hydrographie
Il y a 15 953 glaciers dans le massif, d'une surface totale de 15 416,41 km2, représentant un volume de glace de 1 048,247 km3. 9 081 de ces glaciers (57 % des glaciers du massif) sont sur le territoire chinois, soit une surface de 9 235,96 km2 (59,9 % de la surface de glaciers dans le massif) et un volume de glace de 1 011,748 km3, (96,5 % du volume de glace du massif entier)[1].
Le lac Yssyk Koul (6 236 km2), Ă 1 606 m d'altitude, est le deuxiĂšme plus grand lac de montagne du monde aprĂšs le lac Titicaca.
GĂ©ologie
Depuis le Précambrien (600 millions d'années), les monts Tian sont passés de l'état d'ancien continent à celui d'ancienne mer, s'élevant en montagnes érodées en pénéplaine puis relevés de nouveau en hautes montagnes. les mouvements tectoniques récents ont joué un rÎle décisif dans la configuration actuelle de cette montagne, formant d'énormes chaßnes et des bassins avec failles et terrasses. Des couches de sédiments trÚs épaisses se sont accumulées dans les bassins, érodées par la suite en canyons et en falaises formant les grands paysages de canyons rouges du Tertiaire[1].
Climat
Les montagnes du Tianshan sont une division naturelle entre les zones mi-tempérées et tempérées chaudes du Xinjiang[1]. Les flancs sud et nord du pic Tomur présentent respectivement de trÚs nettes différences de précipitations, sol et végétation. Le climat du flanc nord est de type montagnard semi-humide, celui du flanc sud est de type semi-aride[2].
Faune
L'est du Tian Shan abrite plus de 400 espÚces animales, dont des représentants d'espÚces en danger à des degrés divers tels que l'once (Uncia uncia ou léopard des neiges ; IUCN 2009 ; CITES 2007), le cygne chanteur (Cygnus cygnus ; IUCN 2009 ; CITES 2007), le cerf élaphe (Cervus elaphus ; IUCN 2009), le podoce de Biddulph (Podoces biddulphi ; IUCN 2009), l'argali (Ovis ammon ; IUCN 2009), l'ibex de Sibérie (Capra sibirica ; IUCN 2009), etc.[1].
La population totale des léopards des neiges, localisée en Asie du Centre et du Sud-Est, est d'environ 2 500 individus dont plus de 1 650 dans le Xinjiang. Sur les flancs du pic Tomur (Jengish Chokusu) on en trouve plus de 600, servis par de bonnes populations d'espÚces proies notamment d'argalis et de yanghirs[1].
Flore
L'est du Tian Shan possĂšde l'Ă©ventail de distribution botanique le plus complet dans le Tian Shan : dĂ©sert, steppes dĂ©sertiques, arbustes, forĂȘts de vallĂ©es, forĂȘts de fruitiers sauvages (pommiers, abricotiers, noyers, pruniers, etc.), forĂȘts mixtes d'Ă©picĂ©a et d'arbres Ă feuilles caduques, populations de Picea schrenkiana, cyprĂšs et buissons, prairies alpines, et des glaciers et sommets enneigĂ©s. Elle inclut les principales formations Ă©cologiques du Tian Shan, telles que Picea schrenkiana, Malus sieversii, Armenica vulgaris[3], Betula tianschanica, Populus tremula, Juniperus sabina, Juniperus pseudosabina[4], Tamarix ramosissima, Haloxylon ammodendron, Bothriochloa ischaemum, Thylacospermum caespitosum, etc. Elle contient plus de 1 800 espĂšces de plantes, dont des plantes en danger de disparition (l'orchidĂ©e Goodyera repens par exemple ; CITES 2007) et des plantes endĂ©miques (Saussurea involucrata, Tulipa sinkiangensi, etc.)[1]
Picea schrenkiana, fossile vivant pour l'évolution biologique, est une espÚce ancienne d'arbre remontant au Tertiaire et sa distribution est limitée au Tian Shan. La réserve naturelle de Gongnaisi (Xinjiang) est riche en arbres de 70 mÚtres de hauteur, de 1,7 mÚtre de diamÚtre et représentant 50 m3 de volume de bois[1].
Les forĂȘts de fruitiers sauvages, notamment pour le pommier sauvage Malus sieversii, reprĂ©sentent une richesse gĂ©nĂ©tique exceptionnelle et essentielle dans la lutte contre les maladies de tous les cultivars des espĂšces concernĂ©es. En effet, ces espĂšces sauvages cohabitant dans le Tian Shan (Kazakhstan et Chine principalement) montrent une rĂ©sistance inhabituelle aux maladies[5], notamment la tavelure du pommier[6]. Cette rĂ©ponse face aux maladies est en elle-mĂȘme une indication sĂ»re de la richesse de leur gĂ©nome par rapport Ă celui de leurs descendants domestiques[5].
Histoire
Les villes-oasis de la route de la soie, dont une branche contournait par le nord le dĂ©sert du Taklamakan du bassin du Tarim, sont situĂ©es en contrebas de la face sud des Tian Shan[7]. Ă Kashgar, situĂ© en Chine, Ă l'extrĂȘme pointe occidentale du bassin du Tarim, cette route coupait Ă travers les montagnes du Tian Shan en bifurquant vers le nord et vers Bishkek dans la province d'Almaty au sud du Kazakhstan[8]. Un systĂšme dâirrigation datant des IIIe et IVe siĂšcles a Ă©tĂ© retrouvĂ© dans la rĂ©gion par des archĂ©ologues, sur environ 200 ha divisĂ©s pour la culture du millet, de lâorge, du blĂ© et du raisin[9].
Les monts Tian font partie des monts sacrés du tengrisme.
Deux cents kilomĂštres Ă l'est de Bishkek, les monts Tian autour d'Almaty sont le berceau de Malus sieversii, rĂ©cemment confirmĂ© comme l'ancĂȘtre commun Ă tous les cultivars de pommiers (le nom d'Almaty ou Alma-Ata en kazakh signifie « grand-pĂšre des pommes »).
- Gottfried Merzbacher, explorateur et photographe allemand de cette région au début du XXe siÚcle.
- Malus sieversii ùgé de 300 ans au Kazakhstan.
Activités
Protection environnementale
La partie orientale des monts Tian, présentée candidate au Patrimoine mondial de l'UNESCO en 2010[5] par la Chine, inclut six réserves naturelles nationales de Chine : la réserve naturelle nationale de Tomur (N 41°50, E 80°20), la réserve naturelle nationale de Kuerdening (N 43°10, E 83°00), le parc national de Tianshan Tianchi (N 43°50, E 88°13), la réserve naturelle nationale de Bayinbuluke (N 44°40, E 88°50), le parc national de Sayram (N 42°50, E 84°15) et le parc national de Nalaty (N 43°15, E 84°00)[1].
La réserve naturelle nationale du Pic Tomur est la seule réserve naturelle parmi les vingt-cinq présentes dans le Xinjiang[10], à protéger des écosystÚmes de montagnes[2]. Située à six kilomÚtres au sud du tripoint des frontiÚres de la Chine, du Kazakhstan et du Kyrgyzstan, elle comprend 23,76 millions d'hectares situés dans le district administratif du Wensu faisant partie de la région autonome du Xinjiang. Elle couvre une grande partie des monts Tian en territoire chinois[1].
Références
- Xinjiang Tianshan sur le site de l'UNESCO.
- Tomur Peak National Nature Reserve sur le site de Tianshannet, source d'informations sur le Xinjiang autorisée par le gouvernement chinois.
- (en) Armenica vulgaris sur le site Plants for the planet.
- (en) Juniperus pseudosabina dans Conifers, banque de données sur les gymnospermes.
- « Sauvons les pommes », Science et Vie, no 1130, novembre 2011, p. 90-97.
- Evaluation of Malus sieversii seedlings from Kazakhstan for disease resistance and time of leafing, sur le site de la Société internationale pour la science de l'horticulture (International Society for Horticultural Science).
- Glossaire de la Route de la soie
- Carte de la route de la soie
- Julie Lacaze, Un systĂšme dâirrigation millĂ©naire dĂ©couvert sur la route de la Soie, National Geographic, 12 mars 2018
- Liste des réserves naturelles du Xinjiang sur le site de Tianshannet, source d'informations sur le Xinjiang autorisée par le gouvernement chinois.